Complainte d’un épouvantail
Toile de Val Stokes
Jamais rien ne m’a dit
L’épouvantail muet ;
Nul n’écrivit sur lui
Sonnet
Ou ballade ou
Chanson de fou.
— Tu ne vas nulle part, homme au ventre de paille !
— Où voudrais-tu que j’aille ?
Jamais rien il ne dit ;
Bien faible est son esprit.
Un potiron pour crâne,
Un nez fait de chandelle,
Des boutons pour prunelles ;
Pour mitre, un bonnet d’âne.
— Tu es bien impassible, homme au ventre de paille !
— Mortes sont mes entrailles.
L’épouvantail des longues plaines
Avec sa drôle de dégaine
Et ses cheveux mouvants
En hiver, se nourrit de vent,
Au printemps, d’un bruit d’ailes.
Gardien de la plaine éternelle,
Même s’il dort, il est debout ;
Quand du temps nous serons au bout,
Quand descendra des cieux le fils du charpentier,
Savons-nous s’il aura de ce pantin pitié,
Que des hommes peu sages
Ont fait à son image ?
Voir
http://www.paradis-des-albatros.fr/?poeme=verhaeren/chanson-de-fou–celui-qui-n-a-rien-dit
ainsi que
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/12/21/la-fontaine-voit-un-epouvantail/
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