Le barde meurt de soif

idol

Sculpture de Rodin

Le barde meurt de soif auprès de la fontaine,
Puis il se désaltère aux rayons du soleil ;
De l’eau, de la lumière, il trouve tout pareil,
D’un plaisir inconnu son âme est soudain pleine.

Entre lui et le monde il ne perçoit qu’à peine
Une séparation; entre son sang vermeil
Et ce qu’il vient de boire, entre veille et sommeil,
Entre son propre chant et ceux de la sirène.

De fines gouttes d’eau sur le pot de vin blanc
Forment quelques ruisseaux qui en ornent les flancs,
Transformant en joyau cette humble terre cuite…

Un vent glacial se lève et nous chasse de là.
Ce printemps dans l’automne a perdu son éclat,
Cette étrange douceur a soudain pris la fuite.