Paul voit une forêt

Shan shui

Peinture chinoise

Si tu veux composer un sonnet visionnaire,
Fais le sans réfléchir, fais-le décontracté,
Sans y mettre, surtout, nul effet littéraire ;
Fais-le comme un refrain négligemment chanté.

L’esprit, se souvenant d’une ancienne caresse,
Compose un petit air au soleil de midi ;
Et le public reprend ces quelques mots qu’il tresse
Et que jusqu’ici nul rhapsode n’avait dits.

Quant au sens qu’un quatrain ou qu’un tercet délivre,
Il n’en aura pas plus que l’uniforme azur,
Pas plus qu’un graffiti sur la tranche d’un livre.

Car ce n’est qu’un reflet léger qui tremble sur
La pelouse qu’avril s’occupe à rendre verte,
Que la rumeur des voix par la porte entrouverte.