Néfertiti

"La belle est venue"

 

Buste de la reine Néfertiti, modèle d'atelier.

Calcaire et plâtre, haut 48 cm; Amarna; vers 1340 av. J.-C.

Musée égyptien de Berlin

 

 

Corps de femme, très certainement Néfertiti.

Quartzite rouge - Musée du Louvre.

Tête inachevée d'une reine, probablement Néfertiti.

Musée égyptien du Caire.

Épouse du pharaon Aménophis IV qui prit ensuite le nom d'Akhenaton, Néfertiti est célèbre surtout pour sa beauté, immortalisée par les splendides bustes conservés aux musées du Caire et de Berlin.

Ses origines

La parenté de la reine Néfertiti a été l'objet de nombreuses spéculations. En tant qu'épouse principale d'Akhenaton, elle a dû être l'"héritière", dignité qu'elle est déclarée détenir partout où sa titulature complète est étalée :

L'héritière, grande de faveur, dame de beauté, digne d'amour, dame de Haute et de Basse-Égypte, grande épouse du roi, qu'il aime, dame du Double-Pays, Néfernéferouaton-Néfertiti, puisse-t-elle vivre pour toujours et à jamais !

Néfertiti ne revendique nulle part le titre de fille de roi, privilège détenu par Satamon, la fille d'Aménophis III et de Tiy. Néfertiti était probablement une fille d'une branche parallèle, une nièce de Tiy, donc la cousine de son époux Akhenaton. Son père putatif était en effet Ay (qui succédera plus tard à  Toutankhamon) dont la femme se nommait également Tiy ou Tiyi; mais celle-ci portait le titre de "nourrice et gouvernante de l'épouse principale du roi". Il se pourrait en conséquence que la mère de Néfertiti soit morte peu de temps après avoir donné naissance à sa fille qui aurait été élevée par la nouvelle épouse de Ay. Une autre hypothèse est que, vu l'importance du rôle de Néfertiti dans le culte du dieu Aton en tant qu'épouse et fille du dieu-soleil, aucune mortelle ne pouvait probablement se présenter comme sa mère.

Son règne aux côtés d'Akhenaton

En l'an 6 de son règne, Akhenaton et Néfertiti s'installèrent dans leur nouvelle capitale au milieu du désert baptisée Akhetaton "l'Horizon d'Aton", aujourd'hui Tell el-Amarna) avec leur gouvernement placé sous la direction du vizir (djati) Ramose puis de son successeur  Nakht.

Comme Akhenaton, Néfertiti, la grande épouse royale, modifie son nom en ajoutant Néfernéferouaton "Belle est la beauté d'Aton".

Leur règne fut novateur dans de nombreux domaines. Une nouvelle tradition artistique, pleine de sensualité et répondant à un nouveau code esthétique, a vu le jour durant cette période.

Akhenaton et Néfertiti formaient un couple encore plus étroitement lié politiquement que celui d'Aménophis III et Tiy. Comme eux, ils sont associés dans les cérémonies, mais, chose nouvelle, l'art officiel les présente dès le début dans des scènes familiales jugées jusque-là trop intimes pour être montrées. Leur rôle n'est toutefois pas équivalent : dans le grand hymne à Aton, par exemple, le roi est le seul à connaître le dieu.

Aux côtés d'Akhenaton, Néfertiti a joué un rôle très important, inhabituel pour une femme de pharaon. Sous leur règne s'opère un profond bouleversement religieux. Alors que la 18ème dynastie s'est placée sous la protection du dieu Amon, Akhenaton impose le culte du dieu Aton, le Soleil, créant une religion quasi monothéiste. Néfertiti participe largement à l'installation de cette religion "amarnienne" et s'attribue les insignes du pouvoir.

Akhenaton et Néfertiti.

Relief en calcaire en provenance d'Amarna.

Akhenaton et sa famille sacrifiant à Aton.

Musée égyptien du Caire

 

Néfertiti a été très présente auprès de son mari et a joué un rôle majeur dans son gouvernement.

Enfin, le couple reste un exemple pour les valeurs familiales qu'il n'a cessé de célébrer et de valoriser. Néfertiti et Akhenaton eurent six filles et se sont faits représenter en famille dans de nombreux bas-reliefs, dans des scènes pleines de tendresse, d'un style tout à fait nouveau. 

Famille royale, Akhenaton, Néfertiti et leurs filles.

Calcaire haut. 32,5 cm - Musée de Berlin.

Une princesse de la famille d'Akhenaton.

Calcaire peint - Musée du Louvre

 

Sa fin mystérieuse

On a peu d'informations sur Néfertiti durant les dernières années du règne de son époux. Elle disparut de la scène publique vers l'an 12, après la célébration de la mort de leur deuxième fille Maketaton. Elle se serait même séparée se son mari, si l'on en juge par le fait que sa fille aînée, Meritaton, la remplace dans les cérémonies auprès du roi et prend le titre de "maîtresse de sa maison". On s'est interrogé sur la raison de cette apparente séparation, dont les motifs étaient peut-être politiques. Néfertiti ne quitte pas la ville, dans la nécropole de laquelle on prévoit pour elle un caveau, mais se retire à l'écart et meurt sans doute en l'an 14.

Mais aucune trace de la belle Néfertiti dans la tombe construite pour le pharaon à Amarna, aucune inscription dans la vallée de Thèbes où les momies auraient pu être rapatriées...le mystère reste entier, d'autant qu'après la disparition d'Akhenaton, leurs représentations seront systématiquement détruites.

A propos du célèbre buste de Néfertiti

C'est une équipe berlinoise sous le direction de la Deutsche Orient Gesellschaft qui, entre 1911 et 1914, a mis au jour la ville dont Akhenaton avait conçu les plans et qu'il  avait fait surgir de sables du désert vers 1345 av. J.-C, en un lieu jusqu'alors inhabité de la Moyenne-Égypte, Akhetaton, "L'Horizon du Disque", aujourd'hui Amarna. Évitant le centre de la cité, avec ses temples et ses palais qui, peu après la mort d'Akhenaton, avaient servi de carrière de pierres et avaient peu à peu été rasés jusqu'aux fondations, le chef de l'expédition, Ludwig Borchardt, concentra les travaux sur la ville proprement dite, c'est-à-dire là où travaillaient et vivaient les citoyens d'Akhetaton, les prêtres et les fonctionnaires, les artisans et les artistes.

Lorsqu'après la mort d'Akhenaton, la ville fut délaissée, au début du règne de Toutankhamon, tous les habitants abandonnèrent une partie de leurs biens dans les maisons. Tout ce qui avait rapport avec l'époque du réformateur religieux ne tarda pas à être mis à l'index et de nombreux objets rappelant ce temps ne furent pas jugés dignes d'être emportés à Thèbes ou à Memphis. Aubaine inouïe pour l'archéologie : dans une cité neuve, abandonnée en toute hâte et qui ne devait jamais être repeuplée, des trésors s'offraient à lui, intacts dans leur site authentique.

Le plus excitant fut la découverte en 1912 de l'atelier du sculpteur Thoutmosis, identifié comme "le favori du roi et chef des travaux", qui contenait encore un grand nombre de statues et de têtes inachevées. La pièce la plus étonnante était un buste polychrome, en calcaire et en plâtre stuqué, de la reine Néfertiti (Nofretete en allemand). L'objet était tombé d'une étagère qui s'était écroulée, rongée par les termites. Il avait atterri à l'envers au milieu des débris, sur le sol du magasin. La pièce fut par la suite nettoyée et elle s'avéra être une étude magistrale due au chef des sculpteurs de la reine Néfertiti, destinée à être copiée par des sculpteurs de moindre talent (expliquant ainsi l'absence de l'oeil gauche).

Sa découverte ne fut pas annoncée avant 1925 et l'apparition de l'objet à Berlin dans le Neues Museum créa la plus vive des sensations, à cause de la manière quasi intemporelle avec laquelle la grâce royale avait été interprétée dans cette oeuvre.

Ce portrait montre une maîtrise et une sensibilité totalement dégagées des outrances du début du règne et qui resteront dans les oeuvres postérieures : l'art de la charnière entre la XVIIIe dynastie et la XIXe dynastie conserve la sensualité du volume et la finesse du trait, que l'on retrouve tout particulièrement dans la production du règne de Séthi Ier.

Bague sceau en or de Néfertiti

Metropolitan Museum of Art

Haut