L’œuvre de Louis Boulanger, peintre du romantisme, présentée à la Maison de Victor Hugo

Réunissant près de 180 œuvres, l’exposition Louis Boulanger, peintre rêveur est à découvrir jusqu’au 5 mars au premier étage de l’institution de la place des Vosges.

Les vies du peintre et du grand écrivain, devenus amis dans leurs jeunes années, font en de nombreux points écho l’une à l’autre. Nés à l’aube du XIXe siècle, avec seulement quatre ans d’intervalle, ils rencontrent tous deux le succès à partir de 1827 : Victor Hugo avec sa pièce Cromwell, et Louis Boulanger avec son Supplice de Mazeppa, monumentale huile sur toile de cinq mètres de hauteur acclamée à l’occasion d’un Salon qui marque alors le triomphe du romantisme dans les Beaux-arts.

Figure du Cénacle romantique constitué par Hugo, Louis Boulanger illustrera de nombreuses œuvres du romancier, à commencer par son recueil de poèmes Les Orientales. « Son idéal trouve dans son amitié avec Victor Hugo l’expression la plus parfaite du désir de croiser les arts. Le peintre donne corps aux textes du poète en les transposant dans ses œuvres, tandis que l’auteur révèle la poésie profonde des toiles de son ami », indiquent les commissaires de l’exposition, Gérard Audinet, directeur des Maisons de Victor Hugo Paris – Guernesey, et Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans et spécialiste du peintre.

Une ambition de peintre d’histoire mise au service de la littérature

Lors du Salon de 1833, Boulanger présente ainsi une série d’aquarelles illustrant des scènes de Notre-Dame de Paris, roman couronné de succès après sa parution deux ans plus tôt. Le peintre fait le choix de les aborder « avec une exactitude d’historien », en atteste la réunion de cette série dans le cadre de l’exposition. L’influence de la peinture historique est d’ailleurs indéniable chez cet esprit romantique « qui rêve d’abattre les barrières entre les arts » : des scènes issues de poésies, de romans, et plus largement de la littérature ou de la mythologie bénéficient ainsi sous ses pinceaux d’une approche encore largement réservée aux récits de batailles ou de couronnements qui ont marqué l’histoire.

La pratique de Boulanger est marquée par plusieurs périodes, fortes d’une créativité qui s’affranchit très tôt des cloisonnements traditionnels. Portraitiste de talent, il devient l’un des premiers artistes à dépeindre et ainsi participer à la création de costumes de théâtre – y compris, bien entendu, pour des pièces signées par Victor Hugo. « Boulanger accorde une grande importance à l’exactitude des vêtements, des accessoires et des couleurs en se référant aux documents d’époque. Ce souci du détail en fait un allié précieux du baron Taylor, nommé en 1825 commissaire du gouvernement près du Théâtre-Français avec le souhait de réformer le costume, jusqu’alors confié aux comédiens, pour donner à la scène une plus grande véracité historique », expliquent les commissaires de l’exposition.

Un peintre majeur du romantisme noir

Les œuvres les plus marquantes de Boulanger restent cependant ses peintures et aquarelles empreintes d’un romantisme noir, où fantômes, démons, et autres apparitions déploient leurs silhouettes éthérées sous des lueurs lunaires. On citera notamment la toile de grand format Le feu du ciel, inspiré par un poème des Orientales, et surtout La Ronde du Sabbat, composition exaltée évoquant les messes noires qui fascinèrent bien des représentants du mouvement romantique, cette fois-ci basée sur un texte de l’une des premières œuvres de Hugo, le recueil de vers de jeunesse Odes et Ballades. Dans son imaginaire prolifique comme dans le traitement de ses sujets, on ne peut qu’être frappé par la force intemporelle des créations fantasmagoriques de Boulanger.

Après des expérimentations moins fertiles car plus conventionnelles, du paysage aux allégories mythologiques, celui que l’écrivain appelait « mon peintre » fut nommé en 1860 directeur de l’École des Beaux-arts de Dijon et du musée des Beaux-arts de la même ville. S’il ne rencontrera jamais un succès équivalent à celui de ses jeunes années, il restera jusqu’à sa disparition en 1867 l’un des artistes les plus proches de Victor Hugo – mais aussi d’autres grands noms de la littérature, tels Alexandre Dumas ou Honoré de Balzac. L’auteur des Misérables fera l’acquisition de bon nombre de ses œuvres : une grande partie des lithographies, huiles, aquarelles et dessins rassemblés dans le cadre de l’exposition Louis Boulanger, peintre rêveur font ainsi partie des collections de la Maison de Victor Hugo. Présentée jusqu’au 5 mars prochain, cette rétrospective consacrée au « plus vaillant soldat du romantisme » s’est vue renforcée par des prêts d’une trentaine d’autres institutions.

 

Louis Boulanger, peintre rêveur
Jusqu’au 5 mars
Mardi à dimanche : 10h-18h
9€/7€/0€

 

 

Maison de Victor Hugo
6 place des Vosges, 75004 Paris
www.maisonsvictorhugo.paris.fr

 

 

– Notre guide des expositions à découvrir en février 2023 dans l’est parisien –

 

 

Illustrations (recadrées) :
La Ronde du Sabbat, huile sur toile, 1861 / Les Fantômes, aquarelle, 1829
© Louis Boulanger – Maisons de Victor Hugo Paris – Guernesey – Paris Musées

 

 

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