Cyril Huvé à Châteaumeillant : magnifique

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Une centaine de personnes, entre mélomanes avertis et amateurs en attente de découvertes, s’étaient retrouvés, ce 11 novembre au soir, au pôle de l’étang Merlin pour le concert tant attendu de Cyril Huvé.

Cyril Huvé, on ne le présente plus, pianiste de classe internationale, récompensé par une victoire de la musique, il est venu s’installé dans notre Boischaut sud, à Chassignolles où il a créé la « Grange aux pianos », salle de concert dans laquelle sont organisés divers festivals chaque année (Nous donnons en annexe toute l’histoire de la Grange aux Pianos racontée par Gérard Guillaume pour le magazine « La Bouinotte ».*

Il nous fait remarquer qu’à son arrivée dans notre région, l’un des premiers concerts qu’il a donné était à Châteaumeillant, c’est donc avec une émotion particulière qu’il se retrouve parmi nous !

Cyril Huvé à Châteaumeillant : magnifique

Aujourd’hui, il nous offre un récital de musique romantique du début du 19ème siècle. Cette musique a donc 200 ans aujourd’hui mais on y retrouve  les valeurs qui ont traversées le temps ; cette musique est toujours vivante et provoque autant d’émotions.

Nous sommes en 1802, Cyril Huvé commence par Beethoven.

Pour Beethoven, l’inspiration se situe à la transition entre classicisme, avec ses références au théâtre grec, et romantisme avec la découverte de Shakespeare, mais la musique, elle, est clairement romantique.

La « Sonate au clair de lune » évoque Hadès et le passage aux enfers sur la barque de Charon tandis que la sonate « La Tempête » fait référence à la pièce éponyme de Shakespeare.

Cyril Huvé à Châteaumeillant : magnifiqueCyril Huvé à Châteaumeillant : magnifique

Après la musique contrastée du visionnaire que fut Beethoven, Cyril Huvé passe à deux Impromptus de Schubert. Impromptus, ils ont l’air spontané bien que très travaillés. Néanmoins, par rapport aux sonates précédentes de Beethoven,  ils sont bien plus légers: une respiration.

Contemporain de Beethoven, dont il est un fervent admirateur, et vivant dans la même ville que lui (Vienne), Schubert, de caractère timide et secret,  n’a jamais osé adresser la parole au Maître. Musicalement, ils sont néanmoins du même niveau.

Avançant dans le 19ème siècle, Cyril Huvé nous fait passer à Liszt (découvreur de Schumann et Schubert) avec deux œuvres également peu jouées. Un sonnet de Pétrarque issu du recueil de ses années de pèlerinage, Pétrarque dont il a découvert la poésie lors de son voyage en Italie Là, c’est toute la virtuosité du pianiste qui est mis avant.

Cyril Huvé à Châteaumeillant : magnifiqueCyril Huvé à Châteaumeillant : magnifique

Les « Funérailles » écrites par Liszt en 1849, ne font pas référence, malgré la concordance des dates, à  celles de son grand ami Chopin mais sont dédiées aux victimes du soulèvement hongrois de 1848 écrasé par les Habsbourg.  Ce morceau dégage une énergie et une puissance incroyable, avec ce fond grave d’où s’échappe quelques accords clairs ;  la révolution est là, la répression s’abat ; puis un  apaisement final : émouvant.

Cyril Huvé à Châteaumeillant : magnifiqueCyril Huvé à Châteaumeillant : magnifique

Après ces airs moins connus qui pour un auditeur profane demandent une écoute plus soutenue, nous entrons avec Chopin dans une ambiance plus familière, proximité de Nohant oblige ! Cyril Huvé nous interprète le 2ème scherzo de Chopin, tout en légèreté, ainsi que des nocturnes de Chopin ; agréables moments de détente !

On reconnait là le professionnalisme de l’organisateur de concert avec cette excellente composition du récital, organisé pour un public qui n’est pas exclusivement constitué de mélomanes avertis : des œuvres peu connues au début, qui demandent une attention plus soutenue et des morceaux de Chopin souvent écoutés qui permettent une écoute plus légère.

Le concert a duré près de deux heures, nous n’avons pas vu le temps passé, le public était sous le charme, merci Mr Huvé ! Public et interprète semblent avoir partagé le même plaisir.

Cyril Huvé à Châteaumeillant : magnifique

*« Nichée en pleine campagne, la bâtisse est imposante. C’était à l’origine un édifice à porteau («portiau » en berrichon) ou auvent, bâtiment typique du Boischaut. Ce lieu a belle allure, avec un espace très vaste et un plafond élevé, ce qui, avec la présence de bois et l’ajout de matériaux adaptés, favorise une acoustique parfaite. C’est le port d’ancrage de Cyril Huvé, le phare vers lequel ce navigateur de la gamme revient sans cesse. « Je l’ai imaginé au départ pour stocker et mettre en valeur mes pianos qui avaient besoin de place. Un pianiste a toujours de gros problèmes de rangement…et de voisinage. Ici ce n’est pas un problème ! ». Sa bibliothèque recèle des trésors – livres anciens sur les compositeurs, encyclopédie, partitions… Sa collection comprend cinq pianos et pianoforte. Une fois installé, Cyril Huvé a voulu, dans un deuxième temps, ouvrir ici une résidence d’artistes, « une sorte de maison de musiciens, comme il y a des maisons de peintres ou d’écrivains. Avec comme programme essentiel la convivialité ». L’endroit a aussi pour vocation de devenir un centre de ressources spécialisé sur le thème de l’interprétation, ouvert aux chercheurs, un lieu pour approfondir un travail. Pendant les festivals (comme celui de Pentecôte), le public peut prendre ses repas avec les musiciens. Pendant les concerts, la proximité prime « entre le public et les artistes, qu’ils appartiennent à l’élite internationale des solistes ou qu’il s’agisse de jeunes interprètes pleins d’avenir ». Dehors, les chants des grenouilles et les gloussements des animaux domestiques sont autant de preuves que la musique est reçue par tous les êtres vivants. »
Gérard Guillaume – La Bouinotte

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