Une branche noble retrouvée grâce aux actes notariés

La majorité de mes ancêtres sont bretons, mais pourtant une de mes branches paternelles se situe en Aveyron. Lorsque j’ai appris que les Archives départementales de l’Aveyron avaient mis en ligne certaines minutes notariales de l’Ancien Régime, je me suis donc empressé de farfouiller dans tous ces registres.

Je me suis concentré particulièrement sur une étude, celle de Me Prat, notaire au Nayrac, commune où la majorité de mes ancêtres vivaient, et j’ai trouvé quelques actes très intéressants.

Gimalac – plan cadastral du Nayrac – AD12

Dans cet article, je vais évoquer la famille d’un laboureur : Joseph BEZ dit Corneilhan (ca 1706-1786), mon ancêtre à la dixième génération (sosa 530) à travers les actes notariés.

Grâce aux registres paroissiaux mis en ligne par les AD12, je savais que Joseph était un paysan du village de Gimalac, sur la paroisse du Nayrac où il est décédé à environ 80 ans, en mars 1786.

Grâce au contrat de mariage de Joseph avec mon ancêtre, Marianne COUDERC passé le 28 janvier 1750, au village de Cazals à Florentin (12) devant Me Rouquette, notaire à Entraygues (12), je découvre sa filiation et sa signature. En effet, il est dit être « fils légitime et naturel à feu Antoine Bex et a Marianne Cornillan vivant maries du village del Garriguet paroisse du Nayrac ». De plus, Joseph signe en bas de l’acte, donc cela me permet de découvrir la signature de cet ancêtre du XVIIIe siècle !

Signature de Joseph BEZ – 1750 – 3E10656 – AD12

Ces informations me permettent également d’aller un peu plus loin puisque cela me permet de confirmer un mariage précédent de Joseph BEZ avec Suzanne GIMALAC. En effet, on retrouve la même signature en bas de leur contrat de mariage établi par Me Prat, au village de Gimalac au Nayrac, le 26 janvier 1736.

Signature de Joseph BEZ – 1736 – 3E7450 – AD12

Dans son premier contrat de mariage, il y a plus d’informations sur ses parents, Antoine BEZ et Marianne CORNEILHAN, tous les deux présents. En effet, l’acte notarié est passé au village de Gimalac dans la « maison des héritiers du Sr Jacques Corneilhan » et Marianne, la mère de Joseph donne à son fils « un domaine et métairie qu’elle possède au village de Gimalac paroisse dudit Nayrac […] en qualité d’héritière de feu Jacques Corneilhan, son père ». Joseph doit, par suite à cette donation payer « les droits légitimaires de Joseph Corneilhan fils audit feu Jacques Corneillan et d’Anne Cazal« 

Arbre généalogique de la famille CORNEILHAN-BEZ

Grâce à ces deux contrats de mariages, j’ai donc pu établir l’arbre ci-dessus, me permettant donc de connaître le nom des parents de Joseph, ainsi que le nom de son grand-père maternel.

La prochaine étape aurait été de retrouver le contrat de mariage d’Antoine Bez et Marianne Corneilhan, les parents de Joseph, mais malheureusement, je n’ai pas pu retrouver de traces de leur mariage.

Cependant, concernant le couple Bez / Corneilhan, j’ai retrouvé

  • le contrat de mariage de leur fils aîné, Joachim avec Anne Carrié établi à Estaing le 31 janvier 1731
  • le contrat de mariage de leur fille, Marie avec Géraud Liaubet établi le 9 janvier 1734
  • le contrat de mariage de leur fille, Françoise avec Antoine Viargues établi au Gariguet le 4 février 1740
  • le contrat de mariage de leur fille, Marianne avec Pierre Couderc établi au Gariguet le 26 juillet 1742
  • le testament d’Antoine Bez, établi en sa maison au village del Gariguet le 22 mars 1738
  • le testament de Marianne Corneilhan établi au village del Gariguet chez son fils aîné Joachim le 14 janvier 1760

Le couple aurait donc eu cinq enfants dont deux garçons et si j’en crois l’estimation faite à partir des âges mentionnés à leurs décès, ils sont nés entre 1701 et 1720.

Tout ça, c’est déjà super mais dans mon titre je parle quand même d’une ascendance noble retrouvée grâce aux actes notariés, et pour l’instant, pas de traces de seigneurs. Même si je n’ai pas retrouvé le contrat de mariage d’Antoine Bez et Marianne Corneilhan, c’est un autre contrat de mariage qui m’a beaucoup intrigué !

Ce fameux contrat de mariage intriguant est daté du 7 novembre 1716 et est fait devant Me Dufar, notaire à Estaing. Il s’agit des pactes de mariage fait entre « le sieur Jean Jacques de Corneilhan habitant du village de Gimalac (…) et Anne Cazal« . Aucun doute n’est possible : il s’agit bien du contrat de mariage des parents de Joseph Corneilhan, mentionné dans le contrat de mariage de son neveu, Joseph Bez, mon ancêtre. En effet, malgré l’apparition du prénom Jean et de la particule avant le nom Corneilhan, tout coïncide.

Je ne connaissait pas, avant cet acte, la signature de mon ancêtre à la douzième génération, Jean Jacques mais cet acte me la fait découvrir.

Signature de Jean Jacques de CORNEILLAN – 1716 – 3E7347 – AD12

Vous commencez à comprendre pourquoi je parle de noblesse puisque non seulement sur cet acte, Jean Jacques se voit attribuer une particule, mais il signe aussi d’une particule.

La clef se situe dans la filiation deux époux mentionnée dans le contrat de mariage, si la fiancée, est dite « Anne Cazal fille légitime et naturel de feu Jean Cazal », le fiancé est lui mentionné comme « fils naturel de feu Messire Jean Charles de Corneilhan vicomte d’Orlhonac et de Catherine Loubetis« . Je comprends nettement mieux la présence de cette particule, s’il était le fils illégitime d’un vicomte !

Blason de la famille de Corneillan
Georges d’Armagnac – Gallica

Quelques recherches dans le cabinet des titres, me permet facilement de retrouvé « Jean de Corneillan, vicomte d’Orlhonac ». Ce dernier est dit partout selon d’Hozier « mort sans jamais avoir été marié », et c’est son frère, Antoine Arnaud de Corneillan, qui hérite donc des titres de « vicomte de Corneillan et d’Orlhonac ». La famille de Vénèrde de Corneillan, dont j’ai retrouvé le blason « d’or à trois corneilles de sable posées deux et un et à une croix tréflée d’or » ci-contre est une famille noble du Rouergue qui a donné trois évêques de Rodez au XVIe et XVIIe siècle : Jacques de Corneillan (évêque de 1560 à 1582), son neveu, François (évêque de 1582 à 1614) et son petit-neveu, Bernardin (évêque de 1614 à 1645). La religion était importante dans cette famille noble puisque Jean de Vernède de Corneillan a épousé en 1514, Jeanne d’Armagnac, la soeur de Georges d’Armagnac (1500-1585) précepteur du dauphin, ambassadeur à Venise et Rome et cardinal.

Quant au titre de vicomte d’Orlhonac, il est tout récent à l’époque du père de Jean Jacques de Corneillan dans la famille puisque c’était la propriété de famille de la grand-mère maternelle du père de Jean Jacques, Judith de Gozon dame d’Orlhonac qui a épousé Georges de Corneillan, sieur de Montalègre en 1585. Orlhonac est une ancienne paroisse aujourd’hui à La Rouquette (12), situé à 60km au sud-ouest du Nayrac, située autour du château d’Orlhonac.

Le Château d’Orlhonac vers 1900

De plus, grâce à l’arbre d’Eric Leydon sur Geneanet, j’apprend qu’il existe un acte notarié en ligne dans lequel Jean-Jacques de Corneillan est mentionné avant son mariage. Il s’agit d’un contrat de mariage, fait devant Me Prat au Nayrac en janvier 1668. En effet, parmi les témoins on retrouve : « noble Antoine de Frayssinet sieur de Montagut fils dudit seigneur [de Frayssinet et] Jean Jacques de Corneillan habitant aussy audit Frayssinet ».

AD de l’Aveyron – Minutes de Me Prat (Le Nayrac) – 1668 – CM BATEDOU/FOUGASSIERE

Ainsi, j’apprend que Jean Jacques vivait en 1668 dans la demeure de sa tante, Jeanne de Corneillan qui avait épousé Jean Claude d’Yzarn de Freissinet avec sa famille paternelle, dont son cousin Antoine.

En bref, les archives notariales sont une mine d’or pour en apprendre plus sur les biens de nos ancêtres mais ils permettent aussi de découvrir des pans de son ascendance encore méconnus. Dans mon cas, il faudrait encore que j’essaye de remonter la branche Bez, ainsi que retrouver la mère de Marianne Corneilhan, en espérant qu’il existe des documents filiatifs. Concernant la grand-mère de Marianne, Catherine Loubetis, je pense qu’il sera nettement plus compliqué de la retrouver en sachant qu’elle n’a pas été mariée au vicomte.

Le château de Fraissinet (Le Nayrac) – pierfit – Wikipedia (CCBY4.0)
Henri de Toulouse-Lautrec – photographié par Paul Sescau

Petit plus, selon Geneastar, je cousine avec Toulouse-Lautrec, le célèbre artiste de la fin du XIXe siècle qui a notamment fréquenté le Moulin Rouge, puisqu’il descendrait lui aussi d’Hector-François et de Jeanne de CORNEILLAN, par les propriétaires du château du Fraissinet.

6 réponses à “Une branche noble retrouvée grâce aux actes notariés”

  1. Quelle histoire ! De belles découvertes et un enfant illégitime d’un vicomte, que demander de plus !
    Bravo pour cet article

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  2. Merci pour cet article,
    mais c’est moi qui ai retrouvé le (3ème) contrat de mariage de Jean Jacques de Corneillan, qui permet de prouver cette filiation.
    En complément, Pour votre information, la particule dépend essentiellement du rédacteur de l’acte, et les notaires d’Estaing l’ont toujours mentionnée…
    Vous pourrez donc à votre guise citer les références […] (ou pas) de votre article, mais ça ne change rien quant au fond…
    Je suis bien le successeur de Jean Charles de Corneillan (c’est encore moi qui ai retrouvé son prénom !!!) – PS avez-vous vu sa signature ?).
    Cordialement,
    EYLC

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  3. Bonjour Monsieur Leydon, cher cousin,
    Je vous remercie pour votre commentaire. J’ai déjà mentionné votre arbre dans l’article du fait de votre travail sur cette famille et je vois mal quoi rajouter parmi les références. Concernant le contrat de mariage Corneillan/Cazals, il me semble l’avoir trouvé par moi-même après avoir découvert dans l’existence du mariage dans les relevés du Cercle Généalogique du Rouergue et la découverte de l’existence d’Anne CAZALS par le biais du contrat de mariage de Joseph BEZ et Susanne GIMALAC, découvert dans les minutes du Nayrac. Vous aviez peut-être fait des recherches semblables avant. Par contre, concernant l’acte de janvier 1668, c’est bien votre arbre – comme cité dans l’article – qui m’a aidé. Quoiqu’il arrive, il n’est pas nécessaire d’essayer de revendiquer la paternité d’une découverte généalogique puisque les actes sont en ligne et libres d’accès. Cependant, je n’ai trouvé pour le moment aucun document concernant Jean Charles de Corneillan, le vicomte d’Orlhonnac mentionné dans le contrat de mariage Corneillan/Cazals et donc, je n’ai pas retrouvé sa signature, mais je n’ai pas épluché tous les actes notariés de la région d’Estaing.
    Au plaisir d’échanger sur nos aïeux communs, lointains cousins de Toulouse-Lautrec et de d’Artagnan !

    PS : J’essaye de sourcer au mieux mon arbre Heredis à partir des AD et de le publier sur Geneanet (https://gw.geneanet.org/beali2005_w?lang=fr&pz=romain+julien+nicolas&nz=vassal&p=jean+jacques&n=de+corneilhan&type=fiche) mais je dois avouer que ce n’est pas toujours clair et correct.

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  4. Bonjour,

    Merci pour votre réponse,

    Mea culpa ! excusez-moi si je n’ai pas trouvé les références dans votre article ! je vais le relire plus attentivement… oui, les références du 3ème mariage de Jean Jacques de Corneillan (le seul comportant sa filiation) ont été publiées par mes soins (il y a maintenant quelques années) et sont en libre accès sur Geneanet.

    Vous avez raison, les archives notariales concernées sont en consultation sur le site des archives départementales de l’Aveyron. Comme 12.000 autres registres.

    Cordialement,

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