James V, le roi d’Écosse aux trois épouses françaises

Jacques V (1512 - 1542), vers 1579. © SNPG, Edimbourg
Peintre anonyme, Portrait de James V, vers 1579. Photo © NGS, Édimbourg, inv. PG 686.

Automne, l’an 1536. Le roi d’Écosse âgé de 24 ans débarque en Normandie, accompagné de ses nobles et hommes d’église afin de réclamer son épouse et reine consort d’Écosse. L’heureuse élue est la princesse Marie de Bourbon, fille aînée du duc de Vendôme. Cependant, après une visite éphémère à la cour de ce proche cousin du roi de France, James V abandonne son épouse sans trop d’égards pour changer de cible et se concentrer sur une autre princesse française. Après tout, pourquoi se contenter de la fille d’un duc si on peut avoir la fille du roi de France ? La prochaine étape de son projet dynastique est donc de conquérir la délicate Madeleine, seize ans, la fille aînée de François Ier et Claude sa première reine.

François Clouet, Marie de Bourbon, vers 1535. © H.Bréjat/RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly)
François Clouet, Portrait de Marie de Bourbon-Vendôme, v. 1535. Photo © RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / H. Bréjat
Corneille de la Haye dit Corneille de Lyon, Portrait de Madeleine de France, v. 1536. Blois, musée des Beaux-Arts. Photo © RMN-Grand Palais / R. G. Ojeda

Le roi d’Écosse s’avère être un prétendant doué et persuasif. En un peu plus de trois mois, il parvient à convaincre François Ier à lui confier la précieuse princesse. Le premier janvier 1537, Madeleine épouse James V à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il est probable que le duc et la duchesse de Longueville, à savoir Marie de Lorraine et Louis d’OrléansLongueville, qui se sont mariés en août 1534, assistent à ce grand événement.

Au mois de mai 1537, les roi et reine d’Écosse quittent le royaume de France pour le nord des îles britanniques. Or, en juin et juillet de cette année meurent tour à tour l’époux de la duchesse de Longueville à Rouen et la reine Madeleine à Édimbourg, quelques semaines seulement après son arrivée en Écosse. Sans trop attendre, James V entame des nouvelles négociations en France afin d’obtenir une troisième princesse. À la suite du refus du roi de France de lui accorder Marguerite, son unique fille survivante, et malgré les efforts de son oncle Henry VIII d’Angleterre, fermement décidé à lui ravir la jeune Marie, duchesse douairière de Longueville que James a réussi à négocier auprès de François Ier, le jeune veuf emporte un troisième succès diplomatique auprès de ce dernier, qui semble ne rien pouvoir lui refuser. En mai 1538, Robert Lord Maxwell, l’un des représentants du roi d’Écosse en France, épouse pour le roi la duchesse douairière de Longueville au château de Châteaudun, haut-lieu des comtes de Dunois et ducs de Longueville. James V est alors à sa troisième épouse, tout comme son oncle d’Angleterre d’ailleurs. Après avoir écarté la reine Catherine, et après avoir fait décapiter le 19 mai 1536 Anne Boleyn sa deuxième épouse, Henry VIII a perdu sa troisième femme, Jane Seymour, morte le 24 octobre 1537 des suites de son accouchement. James V ne reviendra pas en France pour aller chercher sa troisième reine. Marie embarque début juin au Havre de Grace, accompagnée de Lord Maxwell, de William Cunningham et d’une cour nombreuse, et arrive à la mi-juin 1538 sur la côte écossaise près de la ville de Saint-Andrews.

Même si James V a maintenant une nouvelle épouse française avec lui, il lui reste à égaler son puissant voisin et oncle anglais qui a depuis un an un héritier, le prince Edward né le 12 octobre 1537. Le 12 févier 1540, le roi d’Écosse fait couronner sa reine enceinte dans l’église Sainte-Croix, située à côté du palais royal de Holyrood près d’Édimbourg, et le 22 mai suivant, James V annonce avec fierté à Henry VIII la naissance de l’héritier du trône, le prince d’Écosse James. Qu’à cela ne tienne, le roi d’Angleterre se marie en juillet 1540 pour la cinquième fois, cette fois avec la jeune Catherine Howard. Pendant près d’un an, les deux monarques britanniques jouissent d’une succession masculine et de la satisfaction d’avoir assuré la pérennité de leurs dynasties respectives, les familles royales des Tudor et Stewart. Les années 1541-1542 vont tout changer mais cela est une autre histoire.

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