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Sean Connery, les diamants sont éternels

C'est en pleine clôture de ce magazine que nous avons eu la tristesse d'apprendre la disparition de Sir Sean Connery, cet acteur au charisme indiscutable, indissociablement lié à l’emblématique James Bond, personnage né sous la plume de Ian Fleming. Et c’est tout naturellement que nous souhaitions rendre hommage à cet homme à l’incroyable stature.

Son nom était Connery. Sean Connery. Ce natif écossais a donné vie au célèbre espion britannique James Bond, l’interprétant impeccablement grâce à son charisme irrésistible. Aventurier né, ayant traversé le monde depuis ses humbles débuts, Sir Connery – puisqu’il a été anobli par la reine Elizabeth II en 2000 – s’est imposé comme un homme fascinant, que ce soit sur grand écran ou en dehors.
Le 25 août 1930 à Édimbourg (Écosse), Thomas Sean Connery est venu au monde au sein d’une famille modeste, avec une mère femme de ménage et un père ouvrier et chauffeur de camion. Au vu de ses origines, rien ne laissait présager une telle carrière en tant qu’acteur, et c’est dans cet esprit que Sean a rejoint la Royal Navy à 16 ans, toutefois renvoyé pour raisons médicales, un ulcère, trois ans après s’être engagé. À son retour à la vie civile, il enchaîne les petits boulots : il fut maître-nageur, chauffeur de camion, maçon, livreur de charbon ou encore polisseur de cercueils. Connery a même joué au football et s’est vu offrir un contrat d’une valeur de 880 $/semaine, qu’il a refusé. À cette longue liste, on peut rajouter le culturisme qui lui a permis de terminer troisième au concours de Mister Univers 1950.
À peine jeune adulte, Sean Connery savait déjà comment gérer les problèmes… Et c’est ce qui contribue à son mythe et à cette gouaille si perceptible à l’écran. Lorsqu’il était à Édimbourg, travaillant dans les coulisses d’un théâtre, il a été approché par six membres du gang Valdor qui ont essayé de lui voler sa veste, mais il a vite fini par les chasser. Plus tard dans la nuit, ces mêmes six hommes ont suivi Connery dans l’intention de le massacrer ; il a pris la tête de deux des gars qu’il a fait claquer l’une contre l’autre, et à partir de là, le gang l’a respecté et ne lui a plus posé de problèmes.
Selon l’histoire, Connery était à deux doigts de louper le rôle de James Bond. Il aurait semble-t-il raté son audition notamment pour son côté rustre qui dénotait totalement avec la classe du personnage (l’un des dirigeants aurait même fulminé : « Je ne vais pas présenter un film avec un docker dans le rôle principal ! »). Et ce n’est que lorsque quelqu’un de la production l’a vu marcher jusqu’à sa voiture qu’ils l’ont rappelé : ils trouvaient qu’il marchait “ comme une panthère ”. Il avait un charisme fou, malgré quelques ‘imperfections’ ; Sean Connery a commencé à se dégarnir au début de la vingtaine et portait un postiche dès la première fois qu’il s’est glissé dans la peau de James Bond. Il était d’accord avec ça cependant. De la façon dont il voyait les choses, le vieillissement était inévitable, et il valait mieux avoir un postiche que ‘quelques poils sur le caillou’. Ce séduisant brun campera ce rôle iconique à sept reprises : James Bond 007 contre Dr. No (1962), Bons Baisers de Russie (1963), Goldfinger (1964), Opération Tonnerre (1965), On ne vit que deux fois (1967), Les Diamants sont éternels (1971)… et le non officiel « Jamais plus jamais » (1983). Certains maintiennent qu’il est le premier au cinéma, certes, mais aussi le meilleur interprète de Bond, car il incarnera l’espion avec charme et virilité. Même Roger Moore, autre James Bond en titre reconnu, l’avait confessé avant de disparaître en 2017.
L’écossais a décidé de rompre avec ce personnage iconique car il considérait qu’il l’emprisonnait dans un seul rôle. Réduisant la cadence des tournages à partir du milieu des années 80, on le voit multiplier les rôles de composition, notamment dans le film Le Nom de la Rose, dirigé par Jean-Jacques Annaud, où il entra dans la peau du moine Guillaume de Baskerville. Pour le reste, on se rappellera de ses personnages secondaires qui pourtant renforceront indiscutablement l’histoire de ces films : lorsqu’il est le mentor de Christophe Lambert dans Highlander ; le partenaire de Kevin Costner dans Les Incorruptibles de Brian De Palma, interprétation pour laquelle il obtint l’Oscar du Meilleur Second Rôle Masculin ; ou encore lorsqu’il interprète le Père d’Indiana Jones dans le troisième opus de la célèbre saga de Steven Spielberg.
Quelques grands rôles lui sont aussi passés sous le nez, comme celui de l’emblématique Gandalf de la célèbre trilogie du Seigneur des Anneaux. Le personnage lui était destiné avant d’aller à Ian McKellen. Les producteurs lui ont même proposé jusqu’à 15% des bénéfices du box-office, mais il a refusé le film. « Je n’ai jamais compris l’histoire », a-t-il dit…
La vérité c’est que Sean Connery a conservé sa fantastique renommée tout au long de sa vie et a pu prouver l’ampleur de son jeu au travers de certains films majeurs du septième art. Bien qu’à la retraite de nombreuses années avant sa disparition, il restait l’objet de fascination, de respect. Depuis son départ, les hommages se multiplient et se succèdent, de toutes parts, du cinéma aux admirateurs nombreux ; quatre interprètes de James Bond, George Lazenby, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig, ont salué la mémoire de Connery, sans oublier certains réalisateurs qui l’ont dirigé, comme l’émouvant témoignage de Michael Bay qui avait tourné avec lui Rock. “C’était une légende. Nous avons tous des professeurs dans notre carrière. Ceux qui impriment quelque chose de spécial dans votre tête. Des professeurs que vous n’avez pas vus depuis vingt ans, mais dont vous vous souvenez encore de leur sagesse comme si c’était hier. Sean Connery était un de ceux-là pour moi. J’étais jeune et stupide, en train de faire mon deuxième film, Rock. J’avais entendu dire que Sean Connery était dur avec les réalisateurs. J’étais terrifié quand je l’ai rencontré pour la première fois. Mais lorsque je lui demandais quelque chose il me répondait « Bien sûr mon garçon ». Boy est devenu le surnom qu’il m’a donné. Il y a une scène de poursuite en voiture. Sean conduit et je suis seul à le filmer. Il freine brusquement et je me heurte la tête contre la vitre. Il me demande si ça va. Et je réponds, un peu sous pression : « Non, les gens de Disney sont là pour me botter le cul pour avoir dépassé de deux jours le calendrier ». Sean me regarde avec son regard sournois et me dit : « Tu veux que je t’aide ? ». Par la suite je suis allé déjeuner avec les cadres de chez Disney dans une classe de cours, assis sur de minuscules chaises. Nous avions l’air de géants. Puis, j’annonce que M. Connery aimerait dire bonjour. Sean entre, et s’assoit en face des cadres bouche bée. Il m’a défendu et leur a dit : « Ce garçon fait du bon travail, et vous vivez dans votre Disney, dans votre putain de tour d’ivoire. Nous avons besoin de plus d’argent. » Sans marquer de pause ils ont demandé combien on voulait. Il a fait ça parce qu’il aimait les films, il aimait faire de son mieux, il aimait l’excellence. Son éthique et son travail étaient sans pareil.”

Un james bond au quotidien
Nous l’avons bien compris, il était taillé pour l’aventure. Un jour, lors du tournage de Thunderball, l’acteur a dû prendre ses jambes à son cou ! Pendant la scène du requin, un squale s’est détaché de son enceinte en plexiglas et a chargé Connery. Il a raté de peu d’être dévoré.
Il a insisté pour être correctement formé pour le travail de cascades d’arts martiaux pendant Never Say Never Again, et a travaillé avec Steven Seagal pour ce faire. Connery est devenu un peu arrogant, ce qui a poussé Seagal à devenir un peu plus brutal avec lui et à lui casser accidentellement le poignet. Mais Connery ne l’a remarqué que des années plus tard.

Connery avait accumulé une telle réputation légendaire que le simple fait d’être dans une pièce avec lui pouvait être intimidant. Une fois, il a fait pleurer Richard Gere simplement en lui demandant où il était après que Gere se soit présenté en retard sur le plateau de Lancelot, le premier chevalier… Sean Connery était d’une ponctualité irréprochable et ne supportait pas les retards.

Un jour, de retour à Édimbourg pour un festival de cinéma, Connery a impressionné son chauffeur de taxi en connaissant tous les noms de rues. Le chauffeur n’a pas reconnu Connery et lui a demandé ce qu’il faisait dans la vie – il a juste dit à l’homme qu’il avait livré du lait dans ces coins auparavant.

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