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    Antoon Van Dyck et atelier

    Portrait d’Isabelle Claire Eugénie (1566-1633), archiduchesse des Pays-Bas, en habit du tiers ordre des Clarisses

    Notes sur l’état de l’œuvre

    cat11_p01977 : dossier d’imagerie scientifique (photographie de fluorescence d’ultraviolet : « fut verni dans un cadre épais dont il reste trace à dextre et à senestre sur environ 5 cm de chaque côté »), allègement du vernis ; 1993 : décrassage et revernissage ; 2005 : traitement du support et fixation des clés. Tableau rentoilé en état satisfaisant1.

    Historique

    cat11_p1Ancienne collection des archiducs Albert et Isabelle ? (hypothèse de Vittet, 2004 Jean Vittet, « Découvertes sur la provenance de plusieurs tableaux célèbres des collections de Louis XIV », La Revue du Louvre et des musées de France, nº 2, Paris, 2004, p. 55-61. , reprise dans Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. ) ; acheté au marchand et peintre anversois Jan Karel De Witte (paiement, chapitre de l’argenterie, second semestre 1669) ; collection de Louis XIV (inventaire Le Brun, 1683:353 ; « Un autre du mesme [Van Dyck] représentant le portrait de l’Infante Isabelle de pareille grandeur, plus de demie-figure habillée en religieuse, peint sur toille » ; inventaire Bailly, 1709, nº 145 du livret) ; signalé dans le cabinet des tableaux de Versailles, 1709.

    Bibliographie

    cat11_p2Descamps, 1753-1764 Jean-Baptiste Descamps, La Vie des peintres flamands, allemands et hollandois, avec des portraits gravés en taille-douce, une indication de leurs principaux ouvrages, et des réflexions sur leurs différentes manières, Paris, 1753-1764, 4 tomes. , tome II, p. 22 ; Dezallier d’Argenville, 1762 Antoine Joseph Dezallier d’Argenville, Abrégé de la vie des plus fameux peintres avec leurs portraits gravés en taille-douce, les indications de leurs principaux ouvrages, quelques réflexions sur leur caractère et la manière de connoître les desseins des grands maîtres, Paris, 1762 (2e édition), 4 vol. (1re édition 1745-1752, 3 vol.). , vol. III, p. 355 ; Durameau, 1784 Louis Jacques Durameau, Inventaire des tableaux du cabinet du roi, placés à la surintendance des Batimens de Sa Majesté à Versailles, fait en l’année 1784 par l’ordre de Monsieur le comte d’Angiviller (1730-1809), manuscrit, 1784, 2 vol. , 5e pièce, p. 17 ; Filhol et Lavallée, 1804-1815 Galerie du musée Napoléon, publiée par Filhol, graveur, et rédigée par Lavallée (Joseph)…, Paris, 1804-1815, 12 vol. , vol. 10, nº 683 (galerie du musée Napoléon) ; Smith, 1829-1842 John Smith, A Catalogue Raisonné of the Works of the Most Eminent Dutch, Flemish and French Painters…, Londres, 1829-1842, 9 vol. dont un supplément. , vol. 3, nº 146, p. 41 ; Villot, 1852 Frédéric Villot, Notice des tableaux exposés dans les galeries du Musée national du Louvre. 2e partie. Écoles allemande, flamande et hollandaise, Paris, 1852. , p. 145 ; Viardot, 1860 Louis Viardot, Les Musées de France. Paris. Guide et mémento de l’artiste et du voyageur, Paris, 1860 (1re édition 1855). , p. 144 ; Guiffrey, 1882 Jules Guiffrey, Antoine Van Dyck. Sa vie et son œuvre, Paris, 1882. , nº 624, p. 268 ; Michiels, 1882 Alfred Michiels, Van Dyck et ses élèves, Paris, 1882 (1re édition 1881). , p. 231 ; Eastlake, 1883 Charles L. Eastlake, Notes on the Principal Pictures in the Louvre Gallery at Paris, and in the Brera Gallery at Milan, Boston, 1883. , nº 145, p. 66 ; Castan, 1884 Auguste Castan, Les Origines et la date du « Saint-Ildefonse » de Rubens, Besançon, 1884.  ; Engerand, 1899 Fernand Engerand, Inventaire des tableaux du roy rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly, publié pour la première fois avec des additions et des notes par Fernand Engerand, Paris, 1899. , p. 254 ; Cust, 1900 Lionel Cust, Anthony Van Dyck. An Historical Study of His Life and Works, Londres, 1900. , série IV, nº 55, p. 255-256 ; Catalogue Paris, 1903 Catalogue sommaire des peintures exposées dans les galeries du Musée national du Louvre (tableaux et peintures décoratives), Paris, 1903 (1re édition 1889). , nº 1 970, p. 168 ; Stokes, 1904 Hugh Stokes, Sir Anthony Van Dyck, Londres, 1904. , p. xxviii ; Schaeffer, 1909 Emil Schaeffer, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 537 Abbildungen, Leipzig et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1909. , p. 292 ; Roblot-Delondre, 1913 Louise Roblot-Delondre, Portraits d’infantes. xvie siècle, Paris, 1913. , p. 180 ; Glück, 1931 Gustav Glück, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 571 Abbildungen, Berlin et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1931. , p. 552 ; De Maeyer, 1955 Marcel De Maeyer, Albrecht en Isabella en de schilderkunst. Bijdrage tot de geschiedenis van de xviie- eeuwse schilderkunst in de Zuidelijke Nederlanden, Bruxelles, 1955. , p. 193 et suiv. ; Landwehr, 1971 John Landwehr, Splendid Ceremonies. State Entries and Royal Funerals in the Low Countries 1515-1791. A Bibliography, Nieuwkoop et Leyde, 1971. , nº 69 (ouvrage commémoratif des funérailles d’Albert) et nº 83 (description de l’entrée d’Isabelle à Bréda) ; Brejon de Lavergnée, Foucart et Reynaud, 1979 Arnauld Brejon de Lavergnée, Jacques Foucart et Nicole Reynaud, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre. I. Écoles flamande et hollandaise, Paris, 1979. , p. 58 ; Pauwels, 1984 Henri Pauwels, Catalogue inventaire de la peinture ancienne. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, département d’Art ancien, Bruxelles, 1984. , p. 99 (pour la version de Bruxelles) ; Brejon de Lavergnée, 1987 Arnauld Brejon de Lavergnée, L’Inventaire Le Brun de 1683. La collection des tableaux de Louis XIV, Paris, coll. « Notes et documents de France, 17 », 1987. , nº 353, p. 358 ; Vlieghe, 1987 Hans Vlieghe, « Portraits of Identified Sitters Painted in Antwerp », Corpus Rubenianum Ludwig Burchard, vol. XIX (2), Londres et New York, 1987. , nº 109-112 (figure en pied, Rubens) ; Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. II, A-87/5 (réplique d’atelier), p. 438 ; Vandamme et Morel-Deckers, 1988 Erik Vandamme et Yolande Morel-Deckers, Catalogus schilderkunst oude meesters (Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen), Anvers, 1988. , p. 120 (copie du musée d’Anvers) ; Muller, 1989 Jeffrey M. Muller, Rubens. The Artist as Collector, Princeton, 1989. , p. 121 (« Spécification… ») ; Duerloo et Thomas, 1998 Luc Duerloo et Werner Thomas (dir.), Albert & Isabelle 1598-1621 (catalogue d’exposition, Bruxelles, Musées royaux d’art et d’histoire, 1998), Turnhout, 1998, 2 vol. , vol. II, nº 388 (pour le vêtement) ; Welzel, 1999 Barbara Welzel, « Princeps Vidua, Mater Castrorum. The iconography of archduchess Isabella as governor of the Netherlands », Jaarboek Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Anvers, 1999, p. 158-175.  ; De Kesel, 2001 Lieve De Kesel, « Almost Restored. The Hours of Archduchess Isabella Clara Eugenia. Berlin, Kupferstichkabinett, 78 B 15 », Jahrbuch der Berliner Museen, vol. 43, Berlin, 2001, p. 109-131.  ; Bentley-Cranch, 2002 Dana Bentley-Cranch, « Catherine de Medici and her Two Spanish Granddaughters. Iconographical Additions from a French Sixteenth-Century Book of Hours », Gazette des Beaux-Arts, 144e année, Paris, décembre 2002, p. 307-318.  ; García García, 2003 Bernardo J. García García, « El legado de arte y objetos suntuarios de las testamentarías de Isabel Clara Eugenia y el Cardenal Infante (1634-1645) », in José Luis Colomer (dir.), Arte y diplomacia de la Monarquía Hispánica en el siglo XVII, Madrid, 2003, p. 135-160.  ; Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , III. 90 (mention à propos du portrait en pied de Turin) ; Vittet, 2004 Jean Vittet, « Découvertes sur la provenance de plusieurs tableaux célèbres des collections de Louis XIV », La Revue du Louvre et des musées de France, nº 2, Paris, 2004, p. 55-61. , p. 58 ; Babina et Gritsay, 2008 Natalya Babina et Natalya Gritsay, State Hermitage Museum Catalogue. Seventeenth- and Eighteenth-Century Flemish Painting, New Haven et Saint-Pétersbourg, 2008. , nº 124, p. 93-94 ; Tátrai et Lengyel, 2008 Júlia Tátrai et László Lengyel, « Archduke Albert († 1621) on the Catafalque. A Picture of Old-New Acquisition », Bulletin du Musée hongrois des Beaux-Arts, nº 108-109, Budapest, 2008, p. 79-106.  ; Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. , p. 130 ; Van Wyhe, 2011 Cordula Van Wyhe (dir.), Isabel Clara Eugenia. Female Sovereignty in the Courts of Madrid and Brussels, Londres, 2011. , p. 253, 258, 268, 271 et 274 ; Vlieghe, 2011 Hans Vlieghe, « Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre. By Jacques Foucart », The Burlington Magazine, vol. CLIII, nº 1 295, Londres, février 2011, p. 109-110. , p. 109 ; Díaz Padrón, Diéguez Rodríguez et Sanzsalazar, 2012 Matías Díaz Padrón, Ana Diéguez Rodríguez et Jahel Sanzsalazar, Van Dyck en España, Barcelone, 2012, 2 vol. , vol. II, A.119, note 242 (réplique d’atelier), B.73 (ancienne collection Altamira) et C.141 (localisation inconnue) ; Duerloo, 2012 Luc Duerloo, Dynasty and Piety. Archduke Albert (1598-1621) and Habsburg Political Culture in an Age of Religious Wars, Farnham, 2012. , p. 36 et suiv. ; Ducos, 2013 Blaise Ducos (dir.), L’Europe de Rubens (catalogue d’exposition, Lens, musée du Louvre-Lens, 2013), Paris, 2013. , cat. 18, p. 41 et 298 ; Schraven, 2014 Minou Schraven, Festive Funerals in Early Modern Italy. The Art and Culture of Conspicuous Commemoration, Farnham, 2014. , p. 234 ; Vergara et Woollett, 2014 Alejandro Vergara et Anne T. Woollett, Spectacular Rubens. The Triumph of the Eucharist (catalogue d’exposition, Madrid, Museo Nacional del Prado, 2014 ; Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, 2014-2015 ; Boston, Museum of Fine Arts, 2015), Los Angeles, 2014. , p. 18 (le tableau de Pasadena) ; Huidobro Salas, 2015 Concha Huidobro Salas (dir.), Rubens, Van Dyck y la Edad de Oro del grabado flamenco (catalogue d’exposition, Madrid, Biblioteca Nacional de España, 2015-2016), Madrid, 2015. , nº 23, p. 70-71 ; Tátrai et Varga, 2019 Júlia Tátrai et Ágota Varga (dir.), Rubens, Van Dyck and the Splendour of Flemish Painting (catalogue d’exposition, Budapest, Szépművészeti Múzeum, 2019-2020), Budapest, 2019. , nº 9, p. 132.

    1cat11_p3L’une des plus importantes princesses du premier xviie siècle, la fille aînée de Philippe II d’Espagne et d’Isabelle de Valois, ici à la fin de sa vie. Un tableau, par-delà la référence rubénienne, qui convoque souvenirs dynastiques (Habsbourg, mais aussi Médicis) et prolonge la pompe funèbre de son époux Albert, dit « le Pieux ».

    Photographie montrant une robe de nonne en laine grise.
    Fig. 11-1 L’habit de nonne porté par Isabelle Claire Eugénie, archiduchesse des Pays-Bas, Bruxelles, Carmel. Photo © Carmel de Bruxelles
    Cet habit de religieuse est d’une grande sobriété. Il se compose d’une longue robe de laine de couleur grise, aux manches longues et amples. Un long tablier de la même couleur et de la même étoffe protège le devant du corps et tombe presque jusqu’au bas de la robe.
    Peinture de Frans Pourbus montrant l'infante Isabelle Claire Eugénie, jeune, dans une somptueuse robe ornée d'or et de perles.
    Fig. 11-2 Frans Pourbus le Jeune, Portrait d’Isabelle Claire Eugénie avec sa naine, 1599-1600, huile sur toile, 220 × 132 cm, Madrid, Monasterio de las Descalzas Reales, nº 0061225. Photo © Monasterio de las Descalzas Reales, Madrid, Patrimonio Nacional
    Sur un fond sombre se détache le portrait en pied d’une jeune femme brune, encadré par de riches draperies. Elle porte une grande robe, recouverte d’un manteau de la même étoffe brodée des mêmes motifs disposés en chevrons et rehaussée de broderies d’or. La robe est très resserrée au niveau de la taille, puis s’évase largement pour former une jupe de grande ampleur. Elle est agrémentée d’une large fraise, assorties aux grandes manchettes de dentelles blanches. La jeune femme porte aussi un long collier de perles et a ses cheveux bruns relevés en un haut chignon rehaussé de perles. Elle tient de la main droite un long mouchoir de dentelles blanches et désigne de la main gauche sa servante. Cette toute petite jeune femme blonde porte une robe noire rehaussée de broderies d’argent et une grande fraise blanche. Elle se tient de face, un peu en retrait l’infante, et regarde droit devant elle. À l’arrière-plan, un fauteuil rouge occupe l’espace à droite de l’infante.

    2cat11_p4L’habit de nonne porté, sur ce portrait, par l’archiduchesse Isabelle Claire Eugénie nous est parvenu après quatre siècles (fig. 11-1). Il est conservé au Carmel de Bruxelles (fondé par Isabelle elle-même), la capitale des Pays-Bas espagnols où régna la souveraine, depuis le palais du Coudenberg2. La distance séparant cette grossière étoffe de laine et les admirables habits de cour dont fut parée, sa vie durant, l’infante Isabelle, est immense (fig. 11-2). Il ne faut pas confondre l’histoire inaccoutumée de cette vêture avec la tradition attribuant à Isabelle la Catholique (morte en 1504) le refus de changer de chemise tant que les Maures n’auraient pas été boutés hors d’Espagne. Ce précédent invite néanmoins à ne pas négliger la portée politique de cet habit monastique revêtu par Isabelle Claire Eugénie, lequel excède la simple notion d’ascétisme.

    3cat11_p5L’une des personnalités les plus remarquables du monde habsbourgeois du premier xviie siècle, l’archiduchesse Isabelle Claire Eugénie figure, aux côtés d’Élisabeth Ire d’Angleterre, d’Anne de Danemark et de Marie de Médicis, parmi les princesses ayant eu un rôle politique, à l’échelle européenne, hors du commun. Son surnom d’« Isabel de la Paz », qu’elle devait aux conditions du mariage de ses parents, devait illustrer la contribution de cette princesse à l’un des moments heureux de l’histoire des Pays-Bas méridionaux, la paix entre l’Espagne et les Provinces-Unies3. En 1621, la mort de son époux Albert, dit le Pieux, donna à Madrid l’occasion de mettre un terme à l’autonomie (relative) qu’avaient favorisée les archiducs pour les Pays-Bas espagnols, aidés en cela par la trêve de Douze Ans (1609-1621). Endeuillée, la régente entra alors dans le tiers ordre des Clarisses – les « pauvres dames ». Elle revêtit l’habit le 4 octobre 1621 (le jour de la saint François, puisque Claire d’Assise est une disciple de saint François4) ; elle prononça ses vœux en 1622, se faisant appeler « sœur Isabelle5 ». Cette évolution dut se faire en accord avec son confesseur, Andrés de Soto, lui-même frère mineur de l’observance : le thème de la proximité avec le confesseur, pour une princesse Habsbourg, est un topos attestant la docile piété de cette dernière6.

    Gravure de frontistpice de livre montrant Isabelle Claire Eugénie, en habit de nonne, accueillie par plusieurs personnages dont une femme qui l'embrasse.
    Fig. 11-3 Isabelle Claire Eugénie accueillie à Bruxelles, frontispice gravé de l’ouvrage de Jean Puget de La Serre Histoire curieuse de tout ce qui s’est passé à l’entrée de la Reyne, mère du Roy très chrestien, dans les villes des Pays Bas, in-folio publié à Anvers, 1632, Paris, Bibliothèque nationale de France, Arsenal, FOL-H-1632 (3). Photo © Bibliothèque nationale de France
    Au centre de la gravure, deux femmes s’enlacent. L’une porte un riche habit de cour, tandis que l’autre est vêtue en religieuse. À gauche, trois figures allégoriques dont la Justice représentée par une jeune femme qui tient à la main une balance, tendent trois couronnes. À droite, un ange désigne les deux femmes d’une main tandis qu’il montre de l’autre le ciel d’où une main tenant une couronne de lauriers surgit d’entre les nuages. La vive lueur qui apparaît entre les nuées éclaire les têtes des deux femmes. Dans la partie supérieure, deux anges volent et soufflent dans des trompettes tout en tenant une banderole dans laquelle est inscrit le titre de l’ouvrage.

    4cat11_p6Isabelle n’en demeura pas moins présente sur la scène politique : dans les années 1630, Bruxelles accueillit de nombreux Français opposés au cardinal de Richelieu (par exemple, Matthieu de Morgues, abbé de Saint-Germain, aumônier de Marie de Médicis, ou encore Charles, marquis de La Vieuville, ancien surintendant des finances de Louis XIII, disgracié), et l’exilée Marie de Médicis elle-même avec Gaston d’Orléans, durant l’été 1631, ce qui donna lieu à une « joyeuse entrée ». Avec son austère tenue, Isabelle Claire Eugénie se reconnaît aisément sur les gravures de l’événement, illustré dans l’Histoire curieuse… de Puget de La Serre l’année suivante (fig. 11-3). Ce travail de l’image souveraine s’observait quelques années plus tôt, chez Peter Snayers : son Isabelle Claire Eugénie au siège de Bréda (vers 1628, Madrid, musée du Prado) montre la veuve d’Albert, au premier plan, bien reconnaissable à son habit religieux7. Extraordinaire vision d’une princesse Habsbourg sur un champ de bataille.

    5cat11_p7Le tableau du Louvre fait partie d’un large groupe d’effigies vandyckiennes montrant la petite-fille de Charles Quint : la portée dynastique de cet ensemble, comme son importance dans l’entreprise de rattachement symbolique aux Habsbourg du xvie siècle, mais aussi à la première régence Médicis en France, doivent être à présent relevées8.

    6cat11_p8Isabelle Claire Eugénie est vêtue de son habit de l’ordre des Clarisses, la branche féminine de l’ordre franciscain. C’est le tiers ordre de saint François dont il s’agit : celui-ci avait été institué au xiiie siècle en vue de permettre à des personnes dont les fonctions empêchaient leur entrée dans les ordres de vivre, malgré cela, en accord avec les principes de la spiritualité franciscaine. Le vêtement d’Isabelle est de couleur grise, le grand voile de soie – ou mantille – porté par-dessus la tête est noir. Ce point mérite d’être relevé : les nuances de gris ou de brun, habituelles dans les habits franciscains, s’expliquent par le fait que ces derniers sont constitués de laine non teinte, en accord avec l’idéal de pauvreté christique ; ici, l’archiduchesse porte des textiles visiblement teints. Le noir, dans son cas, symbolise le deuil de son époux Albert d’Autriche. Les plis du tissu blanc, sur sa gorge, sont une variante notable, par rapport à la tradition d’un textile rendu lisse. Ce détail atteste la recherche d’un costume qu’un coup d’œil rapide jugerait sans apprêt. Sa silhouette se détache sur un mur brun avec, à dextre, un grand et somptueux rideau où se distingue un travail au fil d’or. Sur le tableau de Vaduz (collection Liechtenstein), ou bien sur l’exemplaire (d’atelier) en pied conservé à Saint-Sébastien (Museo San Telmo), l’infante se tient debout sur un riche tapis et l’on distingue derrière elle un haut pilastre – l’ambiance palatiale est renforcée. Ces observations invitent à peser le mélange, très politique, ici fait entre solennité, faste et austérité catholiques : c’est la pietas austriaca des Habsbourg, cette vertu de la maison d’Autriche, ardente alliée de l’Église romaine.

    7cat11_p9Avec cette effigie, la souveraine Habsbourg – son père Philippe II avait pris soin, dès son enfance, de la familiariser avec les affaires de l’État – a plusieurs visées. Elle prolonge la Pompa funebris optimi potentissimiq. Principis Alberti Pii, pour reprendre le titre de l’ouvrage de l’historiographe Eryce Puteanus, paru en 1623 chez Jan Mommaert, commémorant la cérémonie en l’honneur d’Albert (tenue le 12 mars 1622 en l’église Sainte-Gudule de Bruxelles). Cet événement fut considérable : six cent soixante-quinze personnes sont décrites dans les planches du livre9. La chapelle ardente érigée dans la nef de l’église, véritable architecture éphémère, était décorée de trophées d’armes comme de représentations de la vie d’Albert. L’ensemble était de tonalité romaine : Rome, tant à la Renaissance qu’au xviie siècle, fut par excellence le lieu des pompes funèbres princières et papales10. On ne saurait surestimer l’impact de telles cérémonies de cour sur leurs contemporains. Celle en l’honneur d’Albert rappelait la pompe funèbre célébrée, à Bruxelles encore, le 11 mars 1612, en l’honneur de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg. Cette cérémonie évoquait elle-même – par-delà les obsèques de Philippe II en 1598, celles de l’archiduc Ernest en 1596, comme celles d’Alexandre Farnèse en 1592 – les funérailles de Charles Quint, conduites en la chapelle royale du Coudenberg le 29 décembre 1558. Plaçant la souveraine au cœur de la dynastie, soulignant par là sa légitimité à régner seule, le portrait d’Isabelle Claire Eugénie est un précipité d’imagerie habsbourgeoise ayant pour objectif de tenir à distance ceux qui, à Madrid, auraient souhaité écarter cette veuve. Dernier point de continuité entre le défunt et sa veuve : la mozetta (habit couvrant le haut du buste et les bras jusqu’aux coudes) dont fut revêtu Albert mort – caractéristique du costume des frères franciscains de l’observance – était reflétée par les habits d’Isabelle, entrée elle aussi dans le tiers ordre.

    Peinture de Van Dyck montrant Isabelle Claire Eugénie, debout et en pied, vêtue d'un habit de nonne.
    Fig. 11-4 Antoon Van Dyck, Portrait d’Isabelle Claire Eugénie, 1628, huile sur toile, 183 × 121 cm, Turin, Galleria Sabauda, 279. Photo CC BY-NC-SA-4.0 © MiC – Musei Reali, Galleria Sabauda
    L’infante Isabelle est vêtue de la robe grise des religieuses, surmontée sur la gorge d’un grand col blanc qui tombe du cou jusque sous la poitrine, et nouée à la taille par une cordelière. Elle porte aussi un ample voile noir qui fait ressortie la blancheur de sa carnation et l’intensité de ses yeux sombres. Ses deux mains jointes devant sa ceinture retiennent un pan de ce grand voile qui couvre le dos de la robe à la manière d’une cape. Ses deux mains jointes devant sa ceinture tiennent un pan de tissu. Le riche tapis aux multiples couleurs, la somptueuse tenture en brocart d’or qui se déploie à l’arrière-plan à gauche et la colonne à droite contrastent avec l’humilité recherché du vêtement religieux.

    8cat11_p101628 est habituellement signalée comme l’année de réalisation du portrait en pied à Turin (fig. 11-4), vu comme la source des autres représentations, par Van Dyck, d’Isabelle11 : l’infante offrit une chaîne d’or à l’artiste en décembre 1628 (il est difficile de croire qu’elle ne lui passa pas commande du portrait, comme le pense Marcel De Maeyer), d’une valeur de sept cent cinquante florins12. C’est précisément cette année-là qu’Isabelle fit de Van Dyck son peintre de cour13 : suivant De Maeyer, il profitait là de l’absence de Rubens, en mission diplomatique d’août 1628 à avril 163014.

    9cat11_p11L’année 1628 atteste l’implication d’Isabelle dans la politique européenne. Rappelons que l’ouvrage célébrant son entrée dans la ville hollandaise de Bréda, reprise par les troupes espagnoles en 1625, parut en 1628 à Anvers, chez Plantin, en langue espagnole15. L’usage de l’espagnol contraste avec les nombreuses descriptions – ou beschryvinghen – publiées en français, néerlandais et, bien sûr, latin, de ces rituels politiques. L’entrée à Bréda, avec le généralissime Ambrogio Spinola, avait constitué un moment décisif pour la régente, et la publication de cet in-quarto de quarante pages (format luxueux), avec gravures de Jacques Callot, dans la langue des vainqueurs, servait la réputation politique d’Isabelle. De plus, Spinola venait de quitter les Pays-Bas pour Madrid (3 janvier 1628) : c’était le moment de prendre la main. Enfin, le début de la guerre de succession mantouane en 1628, laquelle vit les Habsbourg tenter de s’emparer du duché italien, offrait toutes les raisons à Isabelle de se présenter en souveraine habsbourgeoise d’envergure (elle avait connu Vincent Gonzague, le prince le plus important de cette dynastie vassale). Le portrait du Louvre peut et doit être vu suivant cette logique politique ; sa date d’exécution, si l’on songe au besoin de diffusion rapide de l’image, pourrait être très proche de l’exemplaire de Turin (fig. 11-4), soit 1628-1629.

    10cat11_p12Si l’original de Turin est datable de 1628, et la répétition autographe de la collection Liechtenstein de 1632, on notera l’existence, entre ces deux chefs-d’œuvre, de dérivations sorties peut-être de l’atelier de Van Dyck. Un petit panneau passé sur le marché16 porte ainsi l’inscription « AET. SUAE / LXIII ». Isabelle Claire Eugénie eut soixante-trois ans en 1629. L’existence d’une telle réplique réduite atteste la faveur de Van Dyck (identifié comme peintre de l’infante en mai 1630). Une telle œuvre avait une fonction mémorielle.

    Image représentant une double page d'un manuscrit, la page de gauche porte une inscrpition et celle de droite un portrait de Catherine de Médicis en habit de nonne.
    Fig. 11-5 Horae ad usum Romanum, dites Heures de Catherine de Médicis, France (Paris et Lorraine ?), xvie-xviie siècle (vers 1530-1531 ; compléments vers 1572, à la fin du xvie – début du xviie siècle et la fin du xviie siècle), manuscrit enluminé, Paris, Bibliothèque nationale de France, NAL 82, folios 19 verso – 20 recto. Photo © Bibliothèque nationale de France
    Double page d'un manuscrit ancien. Sur la page de gauche, une simple inscription : « La regne Caterine de Medicis qui avoit esté régente de France, habillée en sainte Claire ». Sur la page de droite, la reine Catherine de Médicis est représentée en femme âgée vêtue de la robe grise des religieuses surmontée sur la gorge d’un grand col blanc qui enveloppe le cou et retombe jusqu’à la poitrine. La robe est nouée à la taille par une cordelière d’où pend un chapelet. La femme porte aussi une chemise blanche dont on aperçoit l’extrémité des manches. Sa tête est couverte d’une grande cornette noire dont la doublure intérieure est blanche. Elle tient de la main gauche un pan de la cape grise qui lui enveloppe les épaules et de la main droite un ciboire, vase sacré contenant l’hostie.
    Image d'un détail de manuscrit, représentant un blason, en losange, surmonté d'une couronne.
    Fig. 11-6 Armes d’Isabelle Claire Eugénie, détail d’une page collée au revers du plat de reliure du Livre d’heures d’Isabelle Claire Eugénie, 1622, manuscrit enluminé, 14 × 9 cm, Berlin, Staatliche Museen zu Berlin, Kupferstichkabinett, 78 B 15. Photo © BPK, Berlin, dist. RMN-Grand Palais / Dietmar Katz
    Les armes de l’infante Isabelle Claire Eugénie sont surmontées d’une couronne. Le blason en losange contient des nombreuses armes des familles royales européennes et témoignent de son ascendance prestigieuse.

    11cat11_p13Il y a plus. Dana Bentley-Cranch a pu souligner le parallèle entre Isabelle et sa grand-mère, Catherine de Médicis17. Celle-ci s’était fait représenter dans son livre d’heures, au lendemain de la mort de son roi, Henri II, en clarisse (fig. 11-5). La proximité des deux images, grande toile et miniature d’un manuscrit à peinture, surprend. Isabelle n’eut pas accès au livre d’heures de Catherine de Médicis, conservé en France – bien qu’elle-même affectionnât de tels ouvrages (elle reçut, en 1622, le don d’un livre d’heures qui porte aujourd’hui son nom18, fig. 11-6). Quoi qu’il en soit, Isabelle ne pouvait se soustraire à l’extraordinaire aura de la reine mère de France : sa régence dramatique (guerres de religion, morts de ses fils, après celle de son époux) était vive dans la mémoire des cours d’Europe ; Catherine de Médicis avait d’ailleurs attentivement suivi le destin d’Isabelle et de sa sœur Catalina Micaela à la cour d’Espagne, proposant l’un de ses fils pour épouser l’une des filles de Philippe II. Ces tractations, mais surtout le deuil emportant l’adoption (temporaire dans le cas de Catherine de Médicis) de l’habit des nonnes, le haut intérêt dynastique comme la conscience du précédent politique que constituait la régence Médicis, rendent plus que plausible l’allusion, dans le tableau de Van Dyck, à cette illustre parente, première reine Médicis de France.

    12cat11_p14Avec le recul, il est frappant de voir Marie de Médicis et Isabelle Claire Eugénie tâcher toutes deux de tirer parti de leur filiation médicéenne, plus concrètement de la figure de la reine mère Catherine, pour asseoir leur autorité. Ce rapprochement avec Catherine de Médicis devait avoir au moins autant de poids, du point de vue stratégique pour l’avenir politique d’Isabelle, que l’association traditionnelle avec l’archiduchesse Marguerite, devenue sœur Marguerite de la Croix, un modèle de piété féminine à la cour de Madrid.

    13cat11_p15Sur le tableau, Isabelle Claire Eugénie a les mains rapprochées, posées sur la cordelière tenant lieu de ceinture à son habit religieux. Cette corde, qui dit le dénuement de l’ordre des Clarisses, évoque aussi, dans un jeu familier à la culture de cour, le blason du modèle. En effet, ouvrons l’Alphabet et figures de tous les termes du blason de Duhoux d’Argicourt :

    14cat11_p16« Cordelière. Les veuves, et aussi quelquefois les filles, portent autour de leur écu un cordon de soie noire et blanche entrelacée, noué en lacs d’amour et terminé par une houppe à chaque extrémité19. »

    15cat11_p17La corde se retrouve bien sur le blason d’Isabelle, par exemple dans le livre d’heures de Berlin (fig. 11-6).

    Peinture de Rubens et de son atelier représentant un portrait d'Isabelle Claire Eugénie habillée en nonne.
    Fig. 11-7 Pierre Paul Rubens et atelier, Portrait d’Isabelle Claire Eugénie, 1625, huile sur toile, 115,6 × 88,6 cm, Pasadena, Norton Simon Museum, Norton Simon Art Foundation, don de Norton Simon, M.1966.10.10.P. Photo © Norton Simon Art Foundation
    Sur un fond en frottis, l’infante Isabelle est représentée vêtue de la robe grise des religieuses, surmontée sur la gorge d’un grand col blanc qui tombe du cou jusque sous la poitrine, et nouée à la taille par une cordelière. Elle porte aussi un ample voile noir qui retombe comme une cape le long de la robe. Ses deux mains réunies à la hauteur de sa ceinture retiennent un pan de ce grand voile. Ses yeux sont tournés vers la droite.
    Gravure d'après Rubens du même tableau figurant Isabelle Claire Eugénie mais inversé, et entouré d'un cadre.
    Fig. 11-8 Paul Pontius d’après Pierre Paul Rubens, Portrait d’Isabelle Claire Eugénie, après 1625, burin, 59,4 × 43,5 cm, Washington, National Gallery of Art, 2008.91.6. Photo Courtesy National Gallery of Art, Washington
    Cette estampe représente l’infante Isabelle en habit de religieuse. Elle est vêtue d’une ample robe sombre, surmontée sur la gorge d’un grand col blanc qui tombe du cou jusque sous la poitrine, et nouée à la taille par une cordelière. Elle porte aussi un ample voile noir qui retombe comme une cape le long de la robe. Ses deux mains réunies à la hauteur de sa ceinture retiennent un pan de ce voile. Un halo entoure sa tête et contraste avec le fond sombre de l’estampe. Ce portrait est entouré d’un cadre recouvert d’une draperie au sommet de laquelle se trouvent deux anges.

    16cat11_p18Ce type d’allusion, certainement goûté par Isabelle, ne doit pas faire oublier que le costume, dans les œuvres vandyckiennes, omet le rosaire accroché à la ceinture, ainsi que le détail des pans du voile noir noués à cette même ceinture. Ces éléments apparaissent sur le tableau du Norton Simon Museum, donné à Rubens et son atelier20 (fig. 11-7), dans celui de la galerie palatine de Florence (1890, nº 4263), comme dans le burin (inversé par rapport à ces deux dernières compositions, comme il se doit) de Paul Pontius d’après Rubens21 (fig. 11-8). C’est bien une simplification (une incompréhension ?) de la disposition et du port de l’habit à laquelle on assiste sur les tableaux vandyckiens. Le costume, peint par Rubens, paraît plus probant22. Cela n’est pas illogique, si l’on rappelle que le tableau de Van Dyck ne découle pas d’une séance de pose, mais d’une adaptation d’après une peinture de son ancien maître.

    Peinture de Rubens représentant Isabelle Claire Eugénie, en buste, en habit de nonne.
    Fig. 11-9 Pierre Paul Rubens, Portrait d’Isabelle Claire Eugénie en habit de clarisse, 1625, huile sur panneau, 56,8 × 44 cm, Anvers, Rubenshuis, prêt d’une collection privée suisse. Photo © Bart Huysmans et Michel Wuyts
    Le portrait en buste de l’infante Isabelle se détache sur un fond à peine esquissé. Elle est représentée en religieuse, avec un grand col blanc. Ses cheveux sont entièrement recouverts d’un grand voile noir. Les traits du visage sont rendus avec attention. Ses yeux sont tournés vers la droite.

    17cat11_p19Le tableau du musée (« d’excellente qualité23 ») ne se comprend pas, en effet, sans référence à une toile de Rubens, l’editio princeps dit Hans Vlieghe, montrant la fille de Philippe II et d’Isabelle de Valois24. Cette dernière toile fut peinte par Rubens au lendemain de la reddition de la ville de Bréda, en 1625. La version qui servit à Van Dyck se trouvait certainement dans l’atelier de Rubens25 (fig. 11-9).

    18cat11_p20Il serait logique qu’un petit format de Rubens, une esquisse prise sur le vif, forme le point de départ des autres représentations de l’infante, rubéniennes comme vandyckiennes. Notons néanmoins que la Spécification des peintures trouvées à la maison mortuaire du feu messire Pierre Paul Rubens… (1640) ne permet pas d’identification précise des « pourtraits des Archiducqs » (nos 151 et 152) qui se trouvaient encore sur place, à la mort de Rubens26. Les circonstances précises du travail de Van Dyck, à partir d’une première œuvre de son maître, restent donc hypothétiques.

    19cat11_p21Van Dyck, qui produisit des versions en pied de l’effigie d’Isabelle (Turin, Galleria Sabauda, fig. 11-427, ou collection Liechtenstein28), comme en buste (Parme, Galleria Nazionale29) se serait ainsi appuyé, ab initio, sur une peinture montrant la princesse suivant un cadrage au-dessus des genoux. Marcel De Maeyer souligne qu’il ne s’agit donc pas, dans le cas vandyckien, d’un portrait d’après le modèle, mais d’une composition dérivée30. Outre les considérations sur le costume, le fait est que les œuvres vandyckiennes se détachent du modèle rubénien, en particulier dans la représentation de l’âge d’Isabelle31. Il est malaisé d’aller plus avant ; on soulignera simplement la qualité de l’œuvre du Louvre, malgré des avis parfois circonspects à son encontre32.

    20cat11_p22L’image d’Isabelle en clarisse a été diffusée. Jan Van den Hoecke (mort en 1651), par exemple, livra ainsi un buste peint en médaillon, dont le caractère un peu lâche atteste surtout la célébrité de la fille de Philippe II33. Paul Pontius grava le portrait de l’archiduchesse (fig. 11-8), accentuant, dans cette représentation en noir et blanc, la retenue associée au modèle (et plaçant l’image dans un cadre surmonté de l’œil de la Providence ; le cuivre se trouve à la chalcographie de la Bibliothèque royale de Bruxelles). Cette dernière estampe est d’après Rubens, comme le dit la lettre, mais Pontius grava aussi l’image de Van Dyck. Dans la tenture de l’Eucharistie, tissée à la fin des années 1620 et au début des années 1630 à Bruxelles et offerte au monastère des Descalzas Reales de Madrid, sainte Claire apparaît sous les traits de l’archiduchesse34 ; Lucas Vorsterman reprit l’œuvre de Van Dyck pour l’Iconographie35. Notons l’existence d’esquisses en brunaille, à Bayonne (Erik Larsen les date de 1628-162936), et dans la collection du duc de Buccleuch. Enfin, c’est la version aux genoux du musée de Vienne que l’on aperçoit chez Téniers lorsque ce dernier montre la collection de Léopold Guillaume37.

    Gravure d'après Van Dyck représentant Isabelle Claire Eugénie en habit de nonne, en buste, entouré d'une guirlande en médaillon.
    Fig. 11-10 Jan Brouwer d’après Antoon Van Dyck, Portrait d’Isabelle Claire Eugénie, burin, 46,5 × 33,1 cm, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum, JBrouwer AB 2.20. Photo © BPK, Berlin, dist. RMN-Grand Palais / image BPK
    Cette estampe représente le portrait en buste de l’infante Isabelle en religieuse sur un fond gris. Ses cheveux sont entièrement recouverts d’un grand voile noir. Son cou et sa gorge sont couverts par un grand col blanc qui monte jusqu’à son visage. Les traits du visage sont rendus avec attention. Ses yeux sont tournés vers la droite. Une guirlande végétale où s’amusent des petits anges entoure le portrait. Quatre tiges de fleurs de variétés différentes occupent les quatre angles de la composition.

    21cat11_p23Moins connue, l’épitaphe de 1634 d’après Antoon Sallaert, tirée du Mausolée érigé à la mémoire immortelle de très haute, très puissante et très auguste princesse Isabelle Claire Eugénie d’Autriche, infante d’Espagne par Jean Puget de La Serre, montre certaines vertus catholiques sous les espèces de l’archiduchesse défunte, à travers un jeu sur les mots38 : Infans Pietas (vertu théologale), Eugenia Fortitudo (cardinale), Isabella Charitas (théologale), Clara Iustitia (cardinale). L’année même de la mort de l’infante, 1633, Willem Hondius avait livré une image d’une grande présence, « ad Anthonij Dijckij prototijpum39 ». Enfin, on n’omettra pas, ici, la saisissante effigie due à Jan Brouwer40 (fig. 11-10). Ces images sont empreintes de l’esprit du temps, lequel se perd dans la plupart des gravures de reproduction étrangères ou ultérieures (Pieter Van Sompel, Wallerant Vaillant, Richard Gaywood41), comme, d’ailleurs, dans certaines copies peintes (Dublin, National Gallery of Ireland42).

    22cat11_p24Les effigies d’une princesse qui fut aussi appréciée que l’infante sont d’autant plus précieuses que les lieux de mémoire qui lui étaient attachés ont, pour beaucoup, disparu : le château de Valsaín a brûlé sous Charles II, et du Coudenberg ne restent que quelques pierres, réchappées à l’incendie de 1731 comme à l’aménagement de la place royale, au xviiie siècle, sur la colline sommant Bruxelles. En vérité, c’est le monastère des Franciscaines déchaussées de Madrid qui demeure le lieu éminent associé à cette princesse qui finit son existence en clarisse43.

    1. Dossier C2RMF : F5661 ; dossier de restauration : P3317.

    2. Duerloo et Thomas, 1998 Luc Duerloo et Werner Thomas (dir.), Albert & Isabelle 1598-1621 (catalogue d’exposition, Bruxelles, Musées royaux d’art et d’histoire, 1998), Turnhout, 1998, 2 vol. , vol. II, nº 388.

    3. Duerloo, 2012 Luc Duerloo, Dynasty and Piety. Archduke Albert (1598-1621) and Habsburg Political Culture in an Age of Religious Wars, Farnham, 2012. , p. 36 et suiv.

    4. L’archiduchesse rentre chez les Clarisses, qui tirent leur nom de sainte Claire, laquelle était disciple de saint François d’Assise. Isabelle Claire Eugénie rend ainsi hommage à saint François, la figure in fine la plus importante pour l’ordre dont elle dépend désormais.

    5. De Kesel, 2001 Lieve De Kesel, « Almost Restored. The Hours of Archduchess Isabella Clara Eugenia. Berlin, Kupferstichkabinett, 78 B 15 », Jahrbuch der Berliner Museen, vol. 43, Berlin, 2001, p. 109-131. .

    6. Les lignes qui suivent, notamment en ce qui concerne le vêtement d’Isabelle Claire Eugénie, s’appuient sur Van Wyhe, 2011 Cordula Van Wyhe (dir.), Isabel Clara Eugenia. Female Sovereignty in the Courts of Madrid and Brussels, Londres, 2011. , p. 253, 258, 268, 271 et 274. Antoine de Sérent, « André de Soto », Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, Paris, 1914, vol. 2, col. 1710-1711, donne la date du 4 octobre 1621, parlant de « l’habit du tiers ordre » dont le religieux revêtit sa pénitente. Díaz Padrón, Diéguez Rodríguez et Sanzsalazar, 2012 Matías Díaz Padrón, Ana Diéguez Rodríguez et Jahel Sanzsalazar, Van Dyck en España, Barcelone, 2012, 2 vol. , vol. II, p. 736, note 226, évoque le 22 octobre 1621.

    7. 200 × 265 cm, P001747. Isabelle est visible dans un carrosse, à senestre, tout près du généralissime Ambrogio Spinola.

    8. Van Dyck s’était essayé, précédemment, à représenter une femme en habit de nonne : un dessin au Museum of Fine Arts, Boston, montre une figure, presque émaciée, vue en pied sur fond d’architecture et de jardin (plume et encre brune sur papier blanc, 157 × 108 mm, nº 20.814 ; Vey, 1962 Horst Vey, Die Zeichnungen Anton van Dycks (Monographien des « Nationaal Centrum voor de Plastische Kunsten van xvide en xviide Eeuw »), Bruxelles, 1962, 2 vol. (le premier consacré aux textes et notices, le second aux illustrations). , nº 170, planche 214 ; Brown, 1991 Christopher Brown (dir.), The Drawings of Anthony Van Dyck (catalogue d’exposition, New York, Pierpont Morgan Library, 1991 ; Fort Worth, Kimbell Art Museum, 1991), New York, 1991. , nº 47). Ce dessin, habituellement placé à la fin du séjour italien de l’artiste (vers 1627), ne saurait représenter Isabelle Claire Eugénie – Horst Vey soulignait déjà l’impossibilité de l’identification avec la fille de Philippe II. Surtout, le personnage de Boston présente des proportions typiques du canon génois de Van Dyck (tête menue, corps élancé – loin de ce qui s’observe chez Isabelle Claire Eugénie), impression génoise encore renforcée par la distribution entre paysage (à dextre du dessin) et palais (à senestre). La feuille de Boston, si éloignée par l’esprit des effigies d’Isabelle Claire Eugénie, ne paraît pas pouvoir se rattacher à celles-ci, notamment celle du Louvre.

    9. Landwehr, 1971 John Landwehr, Splendid Ceremonies. State Entries and Royal Funerals in the Low Countries 1515-1791. A Bibliography, Nieuwkoop et Leyde, 1971. . Sur la cour bruxelloise du vivant d’Albert, voir par exemple Duerloo, 2012 Luc Duerloo, Dynasty and Piety. Archduke Albert (1598-1621) and Habsburg Political Culture in an Age of Religious Wars, Farnham, 2012. , p. 90 et suiv.

    10. Schraven, 2014 Minou Schraven, Festive Funerals in Early Modern Italy. The Art and Culture of Conspicuous Commemoration, Farnham, 2014. , p. 234.

    11. Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , III. 90. Voir Bellori, 1672 Giovanni Pietro Bellori, Le vite de’ pittori, scultori et architetti moderni, Rome, 1672. , p. 263 : « Ritrasse l’Infanta in piedi… »

    12. De Maeyer, 1955 Marcel De Maeyer, Albrecht en Isabella en de schilderkunst. Bijdrage tot de geschiedenis van de xviie- eeuwse schilderkunst in de Zuidelijke Nederlanden, Bruxelles, 1955. , doc. 224.

    13. Duerloo et Thomas, 1998 Luc Duerloo et Werner Thomas (dir.), Albert & Isabelle 1598-1621 (catalogue d’exposition, Bruxelles, Musées royaux d’art et d’histoire, 1998), Turnhout, 1998, 2 vol. , vol. I, p. 14.

    14. De Maeyer, 1955 Marcel De Maeyer, Albrecht en Isabella en de schilderkunst. Bijdrage tot de geschiedenis van de xviie- eeuwse schilderkunst in de Zuidelijke Nederlanden, Bruxelles, 1955. , p. 193. « Dyck, Sir Anthony [formerly Antoon] Van », Oxford Dictionary of National Biography (https://doi.org/10.1093/ref:odnb/28081, consulté le 7 août 2019), ajoute que c’est en 1630 que Van Dyck reçut un salaire de 250 florins en tant que peintre de la cour bruxelloise.

    15. Landwehr, 1971 John Landwehr, Splendid Ceremonies. State Entries and Royal Funerals in the Low Countries 1515-1791. A Bibliography, Nieuwkoop et Leyde, 1971. .

    16. Londres, Bonhams Knightsbridge, 25 octobre 2017, lot 194 (panneau, 22,8 × 17,5 cm, ravalé).

    17. Bentley-Cranch, 2002 Dana Bentley-Cranch, « Catherine de Medici and her Two Spanish Granddaughters. Iconographical Additions from a French Sixteenth-Century Book of Hours », Gazette des Beaux-Arts, 144e année, Paris, décembre 2002, p. 307-318. .

    18. De Kesel, 2001 Lieve De Kesel, « Almost Restored. The Hours of Archduchess Isabella Clara Eugenia. Berlin, Kupferstichkabinett, 78 B 15 », Jahrbuch der Berliner Museen, vol. 43, Berlin, 2001, p. 109-131. .

    19. Duhoux d’Argicourt, 1899 L.-A. Duhoux d’Argicourt, Alphabet et figures de tous les termes du blason, Paris, 1899. , p. 30.

    20. À l’Alte Pinakothek de Munich se trouve une copie (toile, 112 × 87 cm, 6865) d’après le tableau de Pasadena. Le musée munichois présente son tableau comme une « copie d’après Van Dyck » (« Anthonis van Dyck (Kopie nach) »). Il semble toutefois que ce soit au schéma rubénien que soit liée la toile de l’Alte Pinakothek, sur laquelle figure bien le rosaire à la ceinture du modèle.

    21. Le burin de Paul Pontius est daté 1625-1626 par Huidobro Salas, 2015 Concha Huidobro Salas (dir.), Rubens, Van Dyck y la Edad de Oro del grabado flamenco (catalogue d’exposition, Madrid, Biblioteca Nacional de España, 2015-2016), Madrid, 2015. , nº 23, p. 70. On peut aussi pencher pour la date de 1633 (la mort de l’archiduchesse), étant donné les pavots qui se mêlent, dans les cornes d’abondance bordant le cadre feint chez Pontius, avec les épis de blé.

    22. Van Dyck était évidemment familier de la dévotion au rosaire, comme l’atteste son admirable Madone du rosaire (Palerme, oratoire du Rosaire, San Domenico), pour laquelle un contrat d’août 1625 est conservé (Salomon, 2012 Xavier Salomon (dir.), Van Dyck in Sicily. 1624-1625. Painting and the Plague (catalogue d’exposition, Londres, Dulwich Picture Gallery, 2012), Milan, 2012. , p. 43). Qu’il n’ait pas reproduit le pieux accessoire est d’autant plus frappant. Rappelons également que Van Dyck avait peint un Christ portant la Croix, à Saint-Paul d’Anvers, dès 1617, pour un cycle de quinze tableaux consacré aux mystères du rosaire.

    23. Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , III. 90.

    24. Vlieghe, 2011 Hans Vlieghe, « Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre. By Jacques Foucart », The Burlington Magazine, vol. CLIII, nº 1 295, Londres, février 2011, p. 109-110. , p. 109.

    25. Voir Vlieghe, 2011 Hans Vlieghe, « Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre. By Jacques Foucart », The Burlington Magazine, vol. CLIII, nº 1 295, Londres, février 2011, p. 109-110. suivant lequel il s’agit du tableau, montrant tête et épaules, aujourd’hui à la Rubenshuis, à Anvers. Babina et Gritsay, 2008 Natalya Babina et Natalya Gritsay, State Hermitage Museum Catalogue. Seventeenth- and Eighteenth-Century Flemish Painting, New Haven et Saint-Pétersbourg, 2008. suppose que c’est celui au musée Norton Simon, Pasadena, reprenant le point de vue de Jaffé, 1989 Michael Jaffé, Rubens. Catalogo completo, Milan, 1989.  ; on a vu que ce type était rubénien, Vlieghe, 1987 Hans Vlieghe, « Portraits of Identified Sitters Painted in Antwerp », Corpus Rubenianum Ludwig Burchard, vol. XIX (2), Londres et New York, 1987. , nº 111. Le tableau du palais Pitti (4263) est évoqué par Bentley-Cranch, 2002 Dana Bentley-Cranch, « Catherine de Medici and her Two Spanish Granddaughters. Iconographical Additions from a French Sixteenth-Century Book of Hours », Gazette des Beaux-Arts, 144e année, Paris, décembre 2002, p. 307-318. , ainsi qu’une version à Lugano, collection Thyssen-Bornemisza. Erik Larsen note la présence, chez Jan Bapt. Borrekens, en 1668, d’une version retouchée par Rubens (Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. II, p. 277).

    26. Muller, 1989 Jeffrey M. Muller, Rubens. The Artist as Collector, Princeton, 1989. , p. 121.

    27. Considérée comme l’original par Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. II, A-87, et par Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , III. 90.

    28. Nº GE98.

    29. Toile, 55 × 46 cm, GN 356.

    30. De Maeyer, 1955 Marcel De Maeyer, Albrecht en Isabella en de schilderkunst. Bijdrage tot de geschiedenis van de xviie- eeuwse schilderkunst in de Zuidelijke Nederlanden, Bruxelles, 1955.  ; idée reprise par Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , III. 90.

    31. Karen Hearn relève de son côté, au sujet de l’exemplaire de Vienne (Gemäldegalerie, 496), ces modifications du prototype rubénien par Van Dyck, une manière d’actualisation (Tátrai et Varga, 2019 Júlia Tátrai et Ágota Varga (dir.), Rubens, Van Dyck and the Splendour of Flemish Painting (catalogue d’exposition, Budapest, Szépművészeti Múzeum, 2019-2020), Budapest, 2019. , nº 9, p. 132).

    32. Díaz Padrón, Diéguez Rodríguez et Sanzsalazar, 2012 Matías Díaz Padrón, Ana Diéguez Rodríguez et Jahel Sanzsalazar, Van Dyck en España, Barcelone, 2012, 2 vol. rappelle l’existence, connue, d’autres versions, localisées ou pas : Liverpool, Prado à Madrid, etc.

    33. Vente Christie’s, New York, 27 janvier 2009, lot 35, 67,3 × 55,2 cm (« The Scholars Eye. Property from the Julius Held Collection. Part I »). Held, l’un des meilleurs historiens de Rubens, ne put s’empêcher d’acquérir une telle effigie.

    34. Vergara et Woollett, 2014 Alejandro Vergara et Anne T. Woollett, Spectacular Rubens. The Triumph of the Eucharist (catalogue d’exposition, Madrid, Museo Nacional del Prado, 2014 ; Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, 2014-2015 ; Boston, Museum of Fine Arts, 2015), Los Angeles, 2014. .

    35. Hollstein, 1949- Friedrich Wilhelm Hollstein et al., Dutch and Flemish Etchings and Engravings and Woodcuts, ca. 1450-1700, 72 vol., Amsterdam, 1949-1987 ; Roosendaal, 1988-1993 ; Rotterdam, 1995-2004 ; Ouderkerk aan den IJssel, 2005-2010. , XLIII, nos 168-164. Vorsterman rend ici Isabelle Claire Eugénie avec un visage sans expression.

    36. Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. II, nº 492.

    37. Díaz Padrón, Diéguez Rodríguez et Sanzsalazar, 2012 Matías Díaz Padrón, Ana Diéguez Rodríguez et Jahel Sanzsalazar, Van Dyck en España, Barcelone, 2012, 2 vol. , fig. 5, p. 24.

    38. García García, 2003 Bernardo J. García García, « El legado de arte y objetos suntuarios de las testamentarías de Isabel Clara Eugenia y el Cardenal Infante (1634-1645) », in José Luis Colomer (dir.), Arte y diplomacia de la Monarquía Hispánica en el siglo XVII, Madrid, 2003, p. 135-160. , p. 135-159.

    39. New Hollstein, Van Dyck, 2002 The New Hollstein Dutch & Flemish Etchings, Engravings and Woodcuts, 1450-1700. Anthony Van Dyck, vol. I à VIII, avec un guide du catalogue, compilation par Simon Turner et édition par Carl Depauw, Rotterdam, 2002. , VI, nº 445/I. L’estampe est datée 1633 et se réfère explicitement au prototype vandyckien : « Hanc ipsius Effigiem ad Anthony Dÿckÿ prototÿpum [nous soulignons] aeri incisam Guihelmus Hondius sculptor. »

    40. Titre donné par la lettre de la planche : Isabella, Clara, Eugenia, Archidux Austriae, Infans Hispaniaum etc. Voir Hollstein, 1949- Friedrich Wilhelm Hollstein et al., Dutch and Flemish Etchings and Engravings and Woodcuts, ca. 1450-1700, 72 vol., Amsterdam, 1949-1987 ; Roosendaal, 1988-1993 ; Rotterdam, 1995-2004 ; Ouderkerk aan den IJssel, 2005-2010. , III, nº 250.22.

    41. Pieter Van Sompel, Hollstein, 1949- Friedrich Wilhelm Hollstein et al., Dutch and Flemish Etchings and Engravings and Woodcuts, ca. 1450-1700, 72 vol., Amsterdam, 1949-1987 ; Roosendaal, 1988-1993 ; Rotterdam, 1995-2004 ; Ouderkerk aan den IJssel, 2005-2010. , V, nº 265, Wallerant Vaillant, Hollstein, 1949- Friedrich Wilhelm Hollstein et al., Dutch and Flemish Etchings and Engravings and Woodcuts, ca. 1450-1700, 72 vol., Amsterdam, 1949-1987 ; Roosendaal, 1988-1993 ; Rotterdam, 1995-2004 ; Ouderkerk aan den IJssel, 2005-2010. , VI, nº 446, Richard Gaywood, Hollstein, 1949- Friedrich Wilhelm Hollstein et al., Dutch and Flemish Etchings and Engravings and Woodcuts, ca. 1450-1700, 72 vol., Amsterdam, 1949-1987 ; Roosendaal, 1988-1993 ; Rotterdam, 1995-2004 ; Ouderkerk aan den IJssel, 2005-2010. , V, nº 212. Pour l’estampe en manière noire de Vaillant, il n’est pas certain qu’elle se réfère directement au tableau de Van Dyck, dans la mesure où le graveur livre plutôt une interprétation libre, notamment dans le rendu des traits de l’archiduchesse.

    42. Huile sur toile, 115,5 × 88,7 cm, NGI.1937.

    43. Vlieghe, 1987 Hans Vlieghe, « Portraits of Identified Sitters Painted in Antwerp », Corpus Rubenianum Ludwig Burchard, vol. XIX (2), Londres et New York, 1987. , p. 120. Signalons, au musée d’Anvers, une copie de notre portrait, toile, 121 × 90 cm, 620 (https://balat.kikirpa.be/object/95425, consulté le 6 mars 2018) ; au Groeningemuseum de Bruges, autre copie anonyme – un peu grossière mais forte –, l’archiduchesse en buste, toile, 55,7 × 45,7 cm ; aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, autre copie anonyme aux genoux, toile, 95 × 53 cm ; au château de Sales, en Auvergne-Rhône-Alpes, copie du tableau du Louvre, toile, 124 × 90 cm.