La Cloche fêlée
II est amer et doux, pendant les nuits d’hiver,
D’écouter, près du feu qui palpite et qui fume,
Les souvenirs lointains lentement s’élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.
Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
Jette fidèlement son cri religieux,
Ainsi qu’un vieux soldat qui veille sous la tente!
Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits,
II arrive souvent que sa voix affaiblie
Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie
Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts
Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts.
Charles Baudelaire
Les poèmes des élèves:
L’image n’est que le reflet flouté de mes pensées
Moi, mon âme est fêlée
Percutée par l’imagination
Elle ne veut pas devenir un pion
Manipulé par le coeur de l’arbre
Le temps ne fait que creuser mon esprit
Et de ma peur se rit
Au rythme des saisons
Jade , 5ème
Je suis sonneur de cloches
Et fracturée est ma caboche
A cause du ding-dong fracassant
Qui me cisaille perpétuellement le tympan
Je suis réputé voyou
Car je sonne tôt le matin
Je suis réputé zazou
Et l’on me surnomme le sonneur fou
Je suis une bête mature rejetée
Je suis une sorte de loup-garou
Moi, ma cloche est fêlée…
Achille , 5ème
Moi, jolie cloche fêlée
En hiver blanc-cassé
Sous le ciel radieux
C’est là que je me porte le mieux
Mais l’hiver ma voix est brisée
Mon âme à l’intérieur glacée
Semble indiscutablement figée
Dans une nuit agitée
Je mourrai avant l’été
Jade , 4ème
Le son retentit dans toutes les mémoires
Personne ne peut oublier son histoire
Ecoutez bien le bruit de ces carillons
Qui résonnent dans le silence de la nuit
La légende de la cloche fêlée renaît de ses cendres
La brume s’intensifie et l’air se refroidit
C’est seulement lorsque douze coups ont sonné
qu’on peut voir se dessiner sur une blanche neige
Une flaque d’un rouge aussi éclatant que le soleil couchant
Sarah , 4ème
Moi, mon âme est fêléé
Je ne peux pas vous le cacher
J’ai entendu le clairon
C’est la fin de ma chanson
Je vais vous dire au revoir
Et m’évader dans ce long couloir
Qui me guide jusqu’aux anges
De vous je n’attends aucune louange
Aucune médaille du mérite
De ma vie aucune histoire aucun mythe
Mon heure a sonné et cloche sans clocher
Le moment est venu de vous quitter
Capucine , 3ème
Mon âme s’étourdit
Dans d’immenses efforts inaboutis
De problèmes sans solution
Et la logique n’est qu’illusions
Les blessures intérieures
Dont on ne voit pas la fin
N’en soupçonner que la profondeur
Et les dommages incertains
Moi, mon âme est fêlée
Impossible à soigner
Gwenaelle , 3ème
Moi mon âme est fêlée
Elle est obstinée
Elle ne parle que de toi
Elle te crie sur tous les toits
Elle sonne et résonne
Et déclame à tout va
Quelques souvenirs lointains
Qui lentement s’élèvent
Sonores et incertains
Dans la brume du petit matin
Marie , 5ème
Ma voix a perdu son timbre
Ecoute-moi
tu n’as rien à craindre
Mon âme est félée
Par tous ces coups portés
Quelle sera ma vie
Ressemblera t-elle à l’enfer
Ou au paradis?
Moi mon âme est félée
Par le poids des années
Celui des insomnies
Et l’insatiable bourdon de mes nuites
Lou-Anne , 5ème
Piscisromulus et Remuspiscis
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L’eau de cet affluent est bien froide en hiver,
Il n’est pas réchauffé par le volcan qui fume ;
On entend résonner des cris d’oiseaux pervers
Mais on ne peut les voir, ils volent dans la brume.
Le dieu des eaux, pourtant, riposte d’un son clair ;
De ces poissons jumeaux la bonne humeur s’allume.
Allez chanter plus loin, oiseaux de Lucifer !
Ce cours d’eau n’aime point votre sombre amertume.
La rivière, emportant les vivants et les morts,
Porte tous ces fardeaux sans peine et sans effort,
Et son flot est plus froid que l’air froid de décembre.
Pouvez-vous, dieux-poissons, éprouver de l’ennui ?
Cela se pourrait bien, car longues sont vos nuits,
Et dans ce vaste flot, vous n’avez pas de chambre.
https://paysdepoesie.wordpress.com/2018/01/31/piscisromulus-et-remuspiscis/
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