Le Lao-tseu et les Entretiens de Confucius rassemblés dans un coffret unique, en édition critique et bilingue

Les deux pôles opposés de la pensée chinoise, chefs-d’œuvre du confucianisme et du taoïsme, rassemblés pour la première fois.

Le Livre de Lao-tseu et les Entretiens de Confucius ont été abondamment traduits dans toutes les langues occidentales, toutefois il n’en existe aucune édition conjointe. Il nous a semblé intéressant de les apparier, non parce qu’ils remonteraient à une source commune ou que, poursuivant une visée distincte, ils pourraient finir par converger ; mais parce que, au contraire, tout en constituant les deux piliers de la culture chinoise ancienne, ils en forment les deux pôles opposés.

En dépit de toutes les tentatives de conciliation – ou de réconciliation – proposées à ce jour, ces deux courants contradictoires de la pensée et de la sensibilité chinoises ne sauraient fusionner sans se détruire ou disparaître, à la façon de ces deux arbres de la vie dont parle Musil, la Science et la Poésie, qui donnent sens à la vie précisément du fait qu’ils sont irrémédiablement disjoints. C’est cet antagonisme fondamental, rebelle à toutes les tentatives syncrétistes de fusion ou d’amalgame, qui a donné à la pensée chinoise sa profondeur et sa richesse.

Indépendamment de cet enjeu qui commandait de publier conjointement deux ouvrages appartenant à des tendances opposées, il en est d’autres, propres à chacune des traductions. Celles-ci, accompagnées d’une présentation substantielle et de notes détaillées s’emploient en effet à souligner l’ambiguïté des textes et la multiplicité des interprétations possibles. Le traducteur, Jean Levi, a surtout cherché à rendre en français les spécificités du style des deux ouvrages, tout en tenant compte des nouvelles interprétations ouvertes par les récentes découvertes de versions manuscrites remontant, pour le Lao-tseu, au IVe siècle avant notre ère.

Édition et traduction de Jean Lévi. 2 volumes sous coffret.
Bilingue chinois-français.

Composition du coffret
coffret vertical

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Préface générale

Le Livre de Lao-tseu
Introduction
Lao-tseu et sa légende
Le Lao-tseu
La forme du Lao-tseu et ses variations
Les principales versions et commentaires du Lao-tseu
La traduction
Repères chronologiques
Cartes

Livre Premier. Le Livre de la Voie
Livre Second. Le Livre de la Vertu

Bibliographie

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Introduction
Le monde de Confucius
La vie de Confucius
Les Entretiens de Confucius
L’École de Confucius
Les éditions du Lunyu – La traduction
Repères chronologiques
Cartes

Les Entretiens de Confucius

Annexe : L’authenticité des Entretiens de Confucius
Critique d’une déconstruction
Contre-enquête : le Lunyu au miroir des sources anciennes
Bibliographie
Glossaire

coffret 5

Extrait : parallélismes en trompe-l’œil

[…]

Le Lao-tseu comme les Entretiens, dont la transmission s’étend sur plus de deux millénaires, sont parmi les ouvrages les plus lus et les plus commentés de la planète. Ce sont aussi parmi les plus traduits. Ils ont tous deux donné naissance à une littérature exégétique pléthorique. L’un comme l’autre ont été hissés au rang de livre canonique, même si la fortune des Entretiens est infiniment plus tardive. Mieux, il y a quelque chose de « taoïste » chez Confucius, ne serait-ce que dans sa place marginale dans la société de son temps ; cette position de déplacé expliquerait en partie son orientation doctrinale paradoxale : traditionaliste et conservateur, il marque cependant une rupture totale avec la tradition et donne une inflexion nouvelle à la pensée. Certes, il s’inscrit dans la lignée des Zichan, des Yan Ying, Premiers ministres respectifs des royaumes de Zheng et de Qi, des Shuxiang, Grand précepteur du prince de Jin, des Zhan Qin, dignitaire du Lu, tous doctes exerçant de hautes fonctions à la cour, versés dans la science des précédents, habiles à déchiffrer les présages, virtuoses dans le maniement de formules sentencieuses et solennelles, et emprunte à leur programme politique ; il s’en distingue néanmoins de façon radicale. Tout d’abord il invente cette chose inouïe, totalement étrangère à ce type d’hommes, qu’est la relation pédagogique. La vertu suprême du confucianisme, le ren, la bonté ou sens de l’humain est une qualité toute personnelle, indépendante du rôle politique et social. Elle suppose, sinon une quête individuelle, tout au moins un travail de perfectionnement du moi. Et ce recentrage sur le moi, pour conditionné qu’il soit par le rapport à l’autre, le rapproche des taoïstes. En second lieu, sa position dans la hiérarchie est à l’opposé ; Confucius n’appartient pas à l’establishment ; il y ferait même figure d’intrus, et, à la suite de son exil, ballotté de principautés en principautés, sans trouver un seul prince qui veuille lui donner un emploi, il est rejeté, à son corps défendant, dans le camp des proscrits. Aussi n’est-il pas étonnant que certains chapitres des Entretiens font état de rencontres du Maître avec des anachorètes qui tentent de le gagner à leur cause, croyant reconnaître en lui un des leurs qui se serait fourvoyé en politique. Il n’est pas sûr qu’il faille voir dans ces notations, comme le font certains savants, des fables taoïstes anti-confucéennes retournées contre elles-mêmes par l’hagiographie lettrée. Il est fort probable qu’il existait du temps de Confucius des cercles érémitiques, dont le taoïsme est l’expression. Mais le taoïsme lui-même n’aurait jamais pu voir le jour, ou tout au moins connaître les développements qui furent les siens, sans l’invention confucéenne de la pédagogie et les pratiques éthiques et rituelles dont elle était porteuse. Ne serait-ce qu’en réaction à ces dernières – comme aussi le mohisme avec lequel il partage bien des traits en commun. La théorie de la connaissance véhiculée par les stances cryptiques du Livre de la Voie et de la Vertu doit se lire à la lumière de la conception confucéenne de l’étude qui est la pierre angulaire de son système ; ainsi en est-il de ces injonctions : « Abandonne l’étude pour être sans souci » ; « Qui s’adonne à l’étude s’accroît jour après jour, qui s’instruit du Tao décroît jour après jour. Il décroît, décroît, jusqu’à ne plus rien faire. Qui ne fait rien peut tout. »

Le mystère entourant la composition de leurs écrits fondateurs et les incertitudes concernant leurs auteurs semble, là encore, encourager le rapprochement entre les deux doctrines. Nul ne sait qui est Lao-tseu, l’auteur supposé du Livre de la Voie et de la Vertu, ni même s’il a réellement existé, pas plus qu’on ne connaît avec exactitude la date de la composition ni les modalités de la genèse du livre dont on lui attribue la paternité ; œuvre d’un auteur unique ou bien fruit de la conscience collective résultant d’une accrétion séculaire ? Tout au plus peut-on dire, grâce à des découvertes archéologiques récentes, qu’il en circulait déjà des versions à la fin du IVe siècle avant notre ère, sans qu’il soit possible de déterminer si ces versions ainsi mises au jour trahissent l’état du texte originel ou ne sont pas plutôt une sélection de morceaux choisis. La situation n’est pas meilleure en ce qui concerne l’apparition du courant adverse. Elle serait même pire d’une certaine façon. En premier lieu parce que si tout le monde s’accorde à reconnaître dans le Lao-tseu le livre fondateur du taoïsme, sa bible en quelque sorte, il n’en va pas de même pour les Entretiens. À vrai dire on serait bien en peine d’assigner au confucianisme ancien un texte canonique qui en serait l’expression paradigmatique. Confucius ne nous a laissé aucun écrit de sa main ; si pour la tradition il est l’auteur ou, à tout le moins, le compilateur de la totalité des Classiques, pour beaucoup il n’a eu aucune part dans leur rédaction ni même n’aurait procédé à leur remaniement. Tout ce que l’on peut dire c’est que le Livre des Odes, le Livre des Documents, le Livre des Mutations, les Printemps et les Automnes (titre donné à la chronique de la principauté de Lu) qui forment, avec le Livre des Rites et le Livre de la Musique, les Six Classiques, existaient sous une forme ou sous une autre antérieurement à Confucius ; il n’est cependant nullement exclu qu’il ait procédé à des sélections, des arrangements et des remaniements de ces textes anciens pour en faire coller le contenu avec ce qu’il pensait être la pure tradition de la dynastie des Zhou de l’Ouest (1050-771), de manière à ce qu’ils servent de support à son enseignement. Le seul ouvrage qui porterait un tant soit peu la marque personnelle du père de la doctrine confucéenne serait le Lunyu, Les Entretiens de Confucius et de ses disciples selon la traduction initiée par Séraphin Couvreur, qui fournirait la retranscription des propos du Maître, des échanges de celui-ci avec ses disciples et certains de ses contemporains, ainsi que des conversations et des réflexions de quelques grands disciples. Dans le meilleur des cas, à supposer même que cette vision traditionnelle des Entretiens soit exacte, le message confucéen se ferait déjà à travers un filtre, celui de la réception d’auditeurs retranscrivant la parole du Maître. Et l’on sait combien toute transmission est sujette à distorsion. Mais surtout, sans même faire entrer en ligne de compte les questions d’authenticité posées par le texte, et les débats dont il est aujourd’hui l’objet ou plus exactement l’enjeu, à se cantonner dans la perspective de la tradition, les Entretiens n’ont été admis dans la liste des canons confucéens que tardivement, n’ayant été promus matière à enseignement académique que sous le règne de l’empereur Wu des Han (r. 141-87), et ils n’ont joui d’un statut réellement privilégié qu’après l’intervention de Zhu Xi, au XIIe siècle, quand celui- ci l’intégrera dans la liste des quatre ouvrages essentiels du confucianisme, les Sishu ou « Quatre Livres ». Si l’assignation d’un livre fondateur au confucianisme s’avère problématique, la figure de celui qui en est le père, en dépit de sa célébrité – à moins que ce ne soit à cause d’elle –, s’entoure elle aussi de mystère. Certes, Confucius, à la différence de Lao-tseu, a une existence historique assurée, et il faut toute la mauvaise foi de l’école de sinologie négationniste américaine pour lui dénier toute réalité et en faire une fantasmagorie d’historiens de la dynastie des Han, mais la légende a fini par occulter la réalité, si bien que, dans l’état actuel de la documentation, il est presque impossible de retrouver l’homme réel derrière la figure du Saint, comme le voudraient certains chercheurs chinois contemporains.

Les parallélismes sont donc en trompe-l’œil. Les deux ouvrages qui forment le socle des deux traditions sont de nature très différente. L’un est une véritable œuvre littéraire ; l’autre est un compte rendu de discours rédigé par des tiers. Alors qu’il y a adéquation entre le verbe de Lao-tseu et l’écrit qui le porte, dont il est l’expression consubstantielle, les Entretiens se donnent d’emblée pour le produit d’une médiation entre le verbe du Maître et le lecteur, opérée par des transcripteurs anonymes. C’est ce qui explique au demeurant que les questions qui se posent aujourd’hui pour les deux ouvrages, à la suite des nouvelles découvertes archéologiques, ne soient pas du même ordre. Dans un cas, le débat porte sur la nature des manuscrits du Lao-tseu sur lamelles de bambou de la fin du IVe siècle : Urtext ou florilège ? Dans l’autre, c’est l’authenticité même du Lunyu qui est en cause puisque les premiers manuscrits anciens ne remontent guère au-delà du Ier siècle avant notre ère. […]

Pages XXVI- XXXI de la préface générale, volume I.

Extrait : Quatre stances du Lao-tseu

À feuilleter ci-dessous au format, avec introductions et texte chinois :

interieur lao tseu

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Coffret Lao Tseu 3D

  • Les Deux arbres de la Voie. Le Livre de Lao-Tseu / Les Entretiens de Confucius, traduits et présentés par Jean Levi. Inédit, 2018.
  • CCXIII + 761 pages. 2 cartes, bibliographie
  • 2 livres brochés, couvertures à rabats – 12 x 19 cm
  • Bilingue Français, Chinois
  • Bibliothèque chinoise N° 27
  • Parution : 17/05/2018
  • EAN13 : 9782251447872
  • 55 € en librairie ou sur notre site internet

La Chine classique aux Belles Lettres

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