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Habache enterré en Jordanie dont il fut l'ennemi juré

Georges Habache, ancien leader du mouvement radical palestinien associé aux détournements d'avions et attentats des années 1970, a été enterré lundi en Jordanie après avoir fini ses jours dans le royaume dont il avait été l'ennemi juré.

Habache enterré en Jordanie dont il fut l'ennemi juré
Les Palestiniens du FPLP assistent à un enterrement symbolique de George Habash, dans la ville cisjordanienne Ramallah. (Photos : AFP)
Près de 500 personnes ont participé à Amman aux obsèques du fondateur du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), le mouvement auteur des premiers détournements d'avions dans le monde.

Les obsèques du dirigeant décédé samedi à Amman à l'âge de 82 ans ont été marquées par une bousculade à l'intérieur de l'église grecque orthodoxe du quartier de Sweifieh, une trentaine de personnes ayant tenté de monter jusqu'à l'autel en arborant des drapeaux palestiniens et du FPLP ainsi que des portraits géants de Habache.

Le prêtre est intervenu pour appeler au calme dans l'église.

Dix membres des forces de Badr, des forces palestiniennes de l'OLP basées en Jordanie, en uniforme mais sans armes, montaient la garde autour du cerceuil exposé au centre de l'église et recouvert du drapeau palestinien, rouge, blanc, noir et vert.

Le Président palestinien Mahmoud Abbas s'est fait représenter aux obsèques par le président du Conseil national palestinien (CNP) Sélim Zaanoun.

Habache a ensuite été enterré au cimetière chrétien de Sahab, un quartier sud-est d'Amman.

L'ironie du sort a fait que c'est en Jordanie, pays d'origine de son épouse mais qui fut sa bête noire, que Habache a fini ses jours.

En 2003, George Habache avait décidé de vivre dans le royaume après avoir quitté la direction du FPLP en 2000.

Pourtant sa relation avec la Jordanie a été marquée par ses appels répétés à la chute du régime hachémite et envenimée par les détournements, le 12 septembre 1970, de trois avions par des pirates de l'air de son groupe, qu'ils font sauter à l'aéroport de Zarka, au nord-est d'Amman, après en avoir libéré les passagers.

Ces détournements ont précipité la confrontation entre l'armée jordanienne et les combattants palestiniens quelques jours plus tard, faisant 3.OOO morts parmi les fedayine palestiniens, soldats et civils jordaniens, selon Amman, des dizaines de milliers, selon l'Organisation de libération de la Palestine.

Après cette défaite, le chef de l'OLP Yasser Arafat s'est réfugié au Liban, et l'épisode jordanien sera connu sous le nom de "Septembre noir".

Quant à Habache, il a continué sa guerre ouverte avec la Jordanie et a appelé à transformer sa capitale Amman en une Hanoï du Proche-Orient, en référence à la guerre du Vietnam, d'où les fedayine palestiniens lanceraient des attaques contre Israël.

Le FPLP anima l'aile dure marxiste-léniniste des combattants palestiniens, très politisée et portée vers les actions spectaculaires violentes, ce que lui reproche le Fatah de Yasser Arafat: attentats contre des avions de la compagnie israélienne El Al, sabotages d'oléoducs, attaques d'ambassades israéliennes...

Habache est demeuré intransigeant dans son refus d'Israël, se trouvant ainsi peu à peu marginalisé.

Il était opposé au processus de compromis avec l'Etat hébreu engagé par Arafat et considérait que l'Etat palestinien qui s'annonçait ne pourrait être qu'une "caricature" parce que l'Autorité palestinienne avait accepté de faire à Israël concession sur concession.

Avocat intransigeant du nationalisme palestinien, tribun révolutionnaire enflammant ses auditoires par son charisme, Georges Habache avait fondé le FPLP, basé à Damas, en 1967, se faisant ensuite constamment réélire secrétaire général du mouvement qui, dès sa naissance, devint une des composantes essentielles de la résistance palestinienne.

Né à Lydda (aujourd'hui Lod, en Israël) en 1925, pédiatre diplômé de l'Université américaine de Beyrouth en 1951, Habache avait animé en 1974 le "Front du refus" face aux pays arabes enclins à un compromis avec Israël et dénoncé comme "capitularde" l'attitude adoptée par la délégation palestinienne à la conférence sur le Proche-Orient de Madrid (1991).
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