Mouche charbonneuse ou stomoxe, une mouche piquante !

Se gorgeant du sang de ses hôtes, la mouche charbonneuse ou stomoxe représente un véritable fléau en raison des piqûres et du harcèlement qu’elle inflige au bétail. Zoom sur le cauchemar des éleveurs.

Qui est la mouche charbonneuse ?

La mouche charbonneuse (stomoxys calcitrans) est aussi appelée stomoxe ou mouche des étables. Elle est la seule à présenter une répartition cosmopolite parmi les 18 espèces du genre stomoxys, les autres ayant une distribution tropicale, africaine ou asiatique. L’insecte diptère appartient à la famille des muscidés et à la tribu des stomoxyini. Son nom scientifique émane du grec stoma (bouche) et oxys (perçant). Son appellation vernaculaire provient de son rôle dans la transmission de la fièvre charbonneuse, une maladie infectieuse causée par la bactérie bacillus antracis. La mouche piquante mesure de 6 à 8 millimètres de long.

À quoi ressemble la mouche charbonneuse ?

Comme la mouche domestique (musca domestica), le stomoxe est pourvu de deux grands yeux de couleur rouge et brun et de pattes noires. Son corps gris revêt des bandes longitudinales sombres sur le thorax et des taches foncées sur l'abdomen. Les deux mouches se distinguent par une nervation alaire différente et leur position au repos : tête en bas pour la charbonneuse et tête en haut pour la domestique. Pour les différencier, on peut aussi regarder leur trompe (proboscis) : pointée vers le bas, celle de la musca domestica se termine par deux coussinets tandis que l’appendice du stomoxe se courbe à la base puis se dirige vers l’avant.

Mouche charbonneuse : avec quoi pique-t-elle ?

Robuste et bien visible, la trompe du stomoxe est dite vulnérante car capable de provoquer des blessures. Elle se compose de 3 pièces buccales adaptées à la piqûre :

• Le labium ou la lèvre inférieure ;
• Le labre ou la lèvre supérieure ;
• L’hypopharynx.

Ces 3 éléments forment ensemble 2 tubes. La mouche des étables injecte sa salive dans le derme de son hôte par le tube le plus fin (hypopharynx) puis aspire le sang par le tube plus large.

Dans quel milieu vit la mouche charbonneuse ?

Stomoxys calcitrans se rencontre dans les campagnes du monde entier. Dans nos contrées tempérées, on l’observe d’avril à octobre dans les zones d’élevage d’équidés, d’ovins et de bovins. Le stomoxe peut aussi fréquenter les habitations qui se situent près d’une exploitation agricole. Qu’elle soit mâle ou femelle, la mouche charbonneuse est inféodée à la présence de bétail pour 2 raisons :

• Elle est une espèce hématophage, c'est-à-dire qui se nourrit du sang d'animaux vivants ;
• Ses larves coprophages ont besoin de fumiers ou de crottins pour se développer.

Après avoir piqué ses victimes, le stomoxe aime prendre le soleil. Il vient alors s’installer dans des zones bien exposées comme les troncs d’arbres, les murs ou les vitres d’une maison. À noter que le diptère s’alimente aussi de nectar et de pollen dont les sucres lui procurent l’énergie nécessaire au vol.

La mouche charbonneuse peut-elle piquer l’homme ?

Parmi les victimes préférées du stomoxe figurentles ânes, les chevaux, les vaches, les moutons et les chèvres. Dans des régions plus chaudes, buffles et chameaux font partie de ses cibles. Chez les bovins et équidés, l’insecte pique souvent la partie inférieure des membres où le pelage plus fin fait apparaître les vaisseaux sanguins. Il faut savoir que la mouche charbonneuse a une activité diurne et un comportement agressif. Elle attaque sans distinction le bétail, les hommes et les chiens qui se trouvent sur son chemin. Et comme chez les animaux de ferme, elle vise de préférence les jambes. En plus d’être douloureuse, sa piqûre provoque des boutons qui démangent pendant environ une semaine.

La piqûre du stomoxe est-elle dangereuse ?

La réponse est oui. La mouche piquante est dangereuse à de multiples égards car elle transmet des maladies bactériennes et virales dues à des protozoaires (trypanosomes) et à des helminthes (des vers parasites). Parmi ces infections on peut citer la fièvre charbonneuse (ou charbon), la fièvre aphteuse, la peste porcine africaine, la fièvre de la Vallée du Rift, l’anémie infectieuse, des rickettsioses (anaplasmose bovine, fièvre Q…). Le stomoxe est également un hôte intermédiaire du nématode parasite Habronema microstoma (provoquant l’habronémose équine) ou encore du protozoaire Besnoitia besnoiti causant la besnoitiose bovine.

Stomoxe : quels impacts sur les élevages ?

En plus de son rôle dans la transmission de certains agents infectieux, la mouche charbonneuse génère des pertes économiques importantes dans les élevages par leur effet pathogène direct. Évoluant en groupes, les stomoxes infligent un harcèlement perpétuel et des piqûres douloureuses qui nuisent fortement au quotidien du bétail en altérant par le stress ses moments de nourrissage et de repos. Dans une exploitation de l’île de La Réunion, des études avaient estimé la quantité de sang prélevé à 1 litre par jour et par bovin, entraînant un taux de mortalité anormal au sein du troupeau.

Mouche charbonneuse : quelle durée de vie ?

Comme pour n’importe quelle espèce de mouches, le cycle de développement du stomoxe se réalise en 6 étapes : œufs, 3 stades à l’état de larve, nymphe et mouche adulte. Après avoir été fécondée, la femelle aspire du sang pour les œufs qu’elle délivre 4 à 5 jours après l’accouplement. La mouche charbonneuse dépose sa ponte sous forme de grappes de 25 à 50 œufs dans de la matière organique souillée par des excréments d’animaux (fumier, crottin). Ses larves coprophages vont alors se développer en se nourrissant des déjections. Le cycle de vie de la mouche charbonneuse dure 60 jours à une température d’environ 15°C et se réduit à 12 jours si la température monte à 30°C.