Catalogue 2019 Festival de Lasalle / DOC-Cévennes

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Bienvenue à Lasalle pour la 18e édition du Festival ! Notre thème, en 2018, dont le visuel se faisait l’écho, posait une question sur le choix de société qui serait le nôtre dans un avenir très proche : « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? ». En 2019, nous n’avons plus de choix. C’est l’urgence qui prime, quelle que soit la question : sociale, écologique, politique ou économique. Le thème 2019 reflète cette urgence : « C’est chaud ! ». « C’est chaud ! » parce que partout dans le monde nous assistons à la montée des populismes – groupés sous la bannière de la « tradition » -, à l’érosion des libertés individuelles et collectives - au nom de la « sécurité ». « C’est chaud ! » parce que nos gouvernements tardent ou refusent de revoir leurs politiques environnementales, et que la question écologique est devenue un passe-partout politique. Pendant ce tempslà, le climat planétaire se dérègle sous nos yeux, annonçant de grandes catastrophes, et les marches mondiales citoyennes s’organisent comme un cri de détresse. « C’est chaud ! » parce que nos sociétés occidentales se referment sur elles-mêmes, oubliant leur héritage humaniste : solidarité, partage, échange, ou simplement empathie, tendent, hélas, à devenir des concepts obsolètes. Le thème reflète les inquiétudes de nos contemporains, et plus gravement celles des jeunes générations. « C’est chaud ! » parce que l’avenir est incertain mais nous ne devons pas baisser les bras : l’engagement individuel et collectif est plus que jamais nécessaire et nous ne sommes pas seuls. À Champ-Contrechamp, nous souhaitons démontrer combien la solidarité est importante, et contribue sans relâche à prendre le pouls de la planète, en affirmant à travers nos programmations, celle du Festival de Lasalle et celle du Réseau DOC-Cévennes, notre soutien aux luttes des peuples et des individus contre toutes les injustices. Autour du film documentaire, nous engageons une réflexion globale : justice sociale, écologie, finance, médias, culture, éducation, droits de l’homme… Tous les ans depuis 18 ans, le village de Lasalle se mobilise et, depuis 2015, le réseau DOC-Cévennes s’est étendu à 20 villes ou villages appartenant aux « Cévennes » et au-delà. Nos valeurs sont immuables parce qu’elles forment le socle de la société des hommes, et notre mode opératoire reste le même : s’appuyer sur un enracinement géographique et humain, inviter à la découverte du documentaire de création, inciter le jeune public à aimer le documentaire, encourager la créativité des jeunes cinéastes, partager des moments forts entre publics et réalisateurs, à Lasalle et en Cévennes. Notre appartenance depuis 2018 à la Cinémathèque du Documentaire, d’envergure nationale, nous permet d’être au cœur de la diffusion en France de films documentaires du monde entier. Ce « privilège » alimente notre Festival et notre réseau, nous permettant de nous positionner comme acteur de premier plan sur notre territoire. Ni le Festival ni le Réseau n’existeraient sans l’enthousiasme, les compétences, l’engagement et la fidélité de l’équipe de Champ-Contrechamp, administrateurs, bénévoles et ami-es, de ses adhérents, des habitants de Lasalle et de son public. Notre devise, empruntée à Patricio Guzman : « Un pays sans documentaire, c’est comme une famille sans photo » est plus que jamais d’actualité. Champ-Contrechamp, en Cévennes, contribue à créer cet « album de famille » indispensable pour nous, pour les générations futures, pour ceux et celles qui agissent en luttant contre tous les incendies. Marion Blanchaud, Présidente

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10 I 68 RAISONS DE PENSER AUJOURD’HUI Valérie Cibot

11 I A WOMAN CAPTURED Bernadett Tuza-Ritter

12 I ANGKAR

Neary Adeline Hay

13 I APPENNINO Emiliano Dante

42 I AU NOM DU PÈRE, DE TOUS, DU CIEL Marie-Violaine Brincard

14 I AVOIR 20 ANS À LUNEL Laure Pradal

53 I L’ARCHE D’ANOTE Matthieu Rytz

21 I L’ENVERS D’UNE HISTOIRE Mila Turajlic

47 I L’OBSERVATEUR Rita Andreetti

20 I LA COMMEDIA DELL’ARTISTE Gérard Galès & Felix Amit Bellicha

22 I LA GRAND-MESSE

Valéry Rosier & Méryl Fortunat-Rossi

62 I LA LUTTE

Michel Brault, Claude Fournier, Claude Jutra & Marcel Carrière

58 I BIIDAABAN

23 I LA MORT EN FACE

65 I CHRONIqUE D’UN éTé

54 I LAILA AT THE BRIDGE

15 I DE CENDRES ET DE BRAISES

24 I LE ROND-POINT DE LA COLÈRE

Amanda Strong

Jean Rouch & Edgar Morin

Manon Ott

16 I EN FACE

Collectif Cinemakhia

William Karel & Nellu Cohn

Elizabeth Mirzaei & Gulistan Mirzaei

Raconté par les téléphones des Gilets Jaunes d’Aimargues mis en récit par Pierre Carles, Olivier Guérin, Bérénice Meinsohn, Clara Menais, Laure Pradal & Ludovic Raynaud

43 I ENTRE NOS MAINS

67 I LE TEMPS PERDU

17 I ETIqUETA NO RIGUROSA

44 I LES ARRIVANTS

52 I ExARCHEIA, LE CHANT DES OISEAUx

67 I LES ENFANTS DU SILENCE

18 I JE VOIS ROUGE

66 I LES INCONNUS DE LA TERRE

19 I KOLWEZI ON AIR

45 I LES INVISIBLES

Mariana Otero

Cristina Herrera Bórquez

Nadine Gomez

Bojina Panayotova Idriss Gabel

Michel Brault

Claudine Bories & Patrice Chagnard

Michel Brault

Mario Ruspoli

Sébastien Lifshitz


63 I LES RAqUETTEURS

58 I SHE FALLS FOR AGES

48 I LETTER FROM MASANJIA

56 I SOLEILS NOIRS

55 I NEW MEMORIES

33 I SOñANDO UN LUGAR

58 I NOWHERE LAND

34 I SOUS LA DOUCHE, LE CIEL

Michel Brault, Gilles Groulx

Leon Lee

Michka Saäl

Bonnie Ammaaq

58 I NUTAG-HOMELAND Alisi Telengut

26 I O PROCESSO

Maria Augusta Ramos

27 I ON THE INSIDE OF A MILITARy DICTATORSHIP Karen Stokkendal Poulsen

25 I POISSON D’OR POISSON AFRICAIN Thomas Grand & Moussa Diop

Skawennati Tricia Fragnito

Julien Elie

Alfonso Kint

Effi & Amir

35 I STILL RECORDING

Saeed Al Batal & Ghiath Ayoub

37 I THE POETESS

Stefanie Brockhaus & Andreas Wolff

58 I TROIS MILLE

Asinnajaq (Isabella Weetaluktuk)

39 I THE WAy BACK

Dimitri Petrovic & Maxime Jennes

29 I PUTIN’S WITNESSES

09 I UN CHAT SUR L’éPAULE

62 I qUéBEC-U.S.A. OU L’INVASION PACIFIqUE

49 I UNE FAMILLE AU GOUFFRE

Vitaly Mansky

Michel Brault & Claude Jutra

30 I SACRéE MUSIqUE Olivier Bourbeillon

31 I SANGHARSH, LE TEMPS DE LA LUTTE Nicolas Jaoul

64 I SARTRE ET DE BEAUVOIR Max Cacopardo

32 I SéANCE-RENCONTRE autour des films « Passeurs d’images » animée par Jean-François Naud

63 I SEUL OU AVEC D’AUTRES

Denys Arcand, Denis Héroux & Stéphane Venne

Julie Conte

yao Zubiao

38 I WHEN THE WAR COMES Jan Gebert

57 I xALKO

Sami Mermer & Hind Benchekroun

59 I ZIVA POSTEC : la monteuse derrière le film Shoah Catherine Hébert

ANNéE APRÈS ANNéE FILMER EN POINTILLéS LA VIE À LASALLE

28 I SéANCE LASALLOISE Les calottes sont cuites

Les élèves des classes de GS, CP et CE1 Cécile Benissad, Marie Gagnier, Loetitia, Bertrand Molozay & Lionel Marchand

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LES EVENEMENTS soiRées MusiCaLes / 22h - 1h

sous les Halles du village

MERCREDI 29 MAI

terra poetica

5 musiciens pour un voyage, des Cévennes aux pays des Balkans. A dos de contrebasse, suivez guitare et bouzouki, sautez au rythme de la batterie, et laissez-vous enlacer par le violoncelle, la voix et les mots qui vous chantent mystères, amour et espoir. Mazurka, valse à 5 temps, chappeloise, rondeau, scottish-valse, polka, gavotte... c’est l’heure de la danse !

JEUDI 30 MAI

Muddy Bourbon

Des passionnés de musique, des curieux du blues... Sébastien, Mr. wash board qui s’entraine dans la garrigue avec ses chèvres, a réuni 8 musiciens pros et amateurs pour jouer les tous premiers enregistrements de blues. Il nous a déniché des morceaux de Bo Carter, Memphis Jug band, Mississipi John Hurt, Blind Blake, Mississipi Sheiks, Dallas String Band, Ma Rainey... Le concept du groupe : un peu de répétitions et en avant toute on va jouer pour le plaisir !

VENDREDI 31 MAI

(Yé) Mysticrik !

Un orchestre créole de huit musiciens. Piano, violon, saxophone soprano, saxophone alto, trombone, guitare, contrebasse et percussions, s’entremêlent pour faire revivre ces sonorités caraïbes dansantes et entraînantes longtemps oubliées, ces chansons créoles langoureuses et envoûtantes, pour vous transporter, dans les ruelles festives et épicées des soirées de Saint-Pierre de la Martinique !

SAMEDI 1er juin

Les Fanfarons de Lasalle

D’humeur joyeuse et sans chichis, ils font résonner leurs cuivres, les rythmes de la contrebasse, du banjo ou des percussions, soutenus par l’harmonie de l’accordéon et la légèreté poétique du violon. Un répertoire musical biodiversifié aux propriétés euphorisantes et stimulantes… Ils envoient la cadence et font virevolter les danseurs sur des rythmes des 4 coins du monde !

i n s ta n t s p o é t i q u e s poésie à voix haute /

textes de Marthe omé

Un RDV quotidien / Porche du Temple entre 13h30 & 14h


FoCus quéBeC

France-Québec CNC-SODEC et le Festival de Lasalle poursuivent leur collaboration pour la 2e année. Une programmation en quatre volets nous ouvrira une fois encore à la découverte de la riche cinématographie documentaire quebéquoise.

Une sélection de 7 longs-métrages récents, en présence d’invités québécois et animée par Richard Brouillette, réalisateur et producteur. (page : 50)

Hommage à

Jean-pierre Beauviala

Jean-Pierre Beauviala, ami du festival de Lasalle, invité à plusieurs reprises, est mort le 8 avril 2019. Nous lui rendons hommage avec une séance spéciale qui retrace son parcours dans le film « Un chat sur l’épaule » de Julie Conte (page : 9), produit par Pages & Images.

Atelier-Rencontre L-R Cinéma

Fondateur de l’entreprise Aaton – fleuron français de notoriété internationale –, Jean-Pierre Beauviala a été un génial inventeur d’appareils de cinéma révolutionnaires. Aaton est devenu la matrice de nouvelles écritures cinématographiques avec des appareils son et image conçus comme des alter-ego en esthétique, en curiosité en humanité. Les inventions de Jean-Pierre restent à jamais dans l’histoire du cinéma. Il a défendu la pellicule pour la mémoire et la défense du patrimoine. La légèreté et la maniabilité des caméras s’est imposées comme un impératif catégorique. La synchronisation du son et de l’image par le temps est aujourd’hui devenue universelle. Il avait une petite entreprise française à Grenoble en centre-ville, et une immense imagination en centreterre.

animée par Nathalie Degouzon, chargée de programmation, Languedoc-Roussillon Cinéma. (page : 36)

Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux

Une rétrospective sur Michel Brault un des maîtres du cinéma direct pendant la décennie (19581968) et chef opérateur de génie. (page : 60 )

Une carte blanche à Asinnajaq jeune cinéaste d’origine Inuit, elle accompagne un programme de 5 courts-métrages autochtones qui témoignent de la vitalité de la jeune création. (page : 58)

Une rencontre professionnelle « la production documentaire au Québec & les modalités de coproduction franco-québécoises ». En présence de professionnels invités (producteurs français et québécois), animée par Valérie Fouques, chargée de mission - soutien au documentaire (CNC). (page : 50)

Mini-séries documentaires web-tv FoCus CHine

Trois visages de la Chine dans ce Focus Chine 2019 qui présente des points de vue différents de cet immense pays. Trois réalisateurs indépendants pour traduire des réalités qui interrogent. (page : 46)

Le manteau d’arlequin

Prix du Jury Libres Courts 2019 / Festival Paul va au Cinéma

de Simon Cattiaux & Cécile Montanès (10mn43’) - France/québec 2018 Diffusé en première partie de la séance du 29 mai / 21h / Temple

Au théâtre, le Manteau d’Arlequin désigne l’espace situé entre la scène et les coulisses. Entre anecdotes de jeu et témoignages intimes autour de leur passion, les comédiens nous dévoilent les bons comme les mauvais moments de cet art qui met tant à l’épreuve l’esprit et le corps. Réalisé par deux étudiants poursuivants une licence en Audiovisuel et médias numériques à l’université de Valenciennes, ils ont tourné leur film au Canada avec des comédiens Québécois dans le cadre d’un échange avec l’UQAT (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue). Prix du Jury Libres Courts 2019, ce court-métrage a été choisi à l’unanimité par un jury composé de professionnels du cinéma et plus particulièrement du documentaire.

Carte blanche à l’I.R.I.S

Les sCienCes HuMaines HoRs Les MuRs

Troisième rendez-vous cette année de DOC-Cévennes avec un laboratoire de recherches fondamentales. Le public est invité à entrer dans ses coulisses grâce à quatre chercheurs et une médiatrice, invités à parler de leurs travaux à travers un film qu’ils ont choisi et dont ils ne sont pas les auteurs. (page : 40)

taBLe RonDe menée par Chowra Makaremi « L’intime et le politique » (page : 40) En écho à ces rencontres

aCCessiBiLite souRDs et MaLentenDants

Le samedi 1er juin

des bénévoles signant en LSF seront présent à l’accueil et à la billetterie. Des interprètes LSF seront présents dans certaines séances signalées pour traduire les débats.

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Amir / réalisateur

Marguerite Chadi / réalisatrice, collectif Cinemakhia

Pauline Antipot / réalisatrice

Valérie Cibot / réalisatrice

séance : SOUS LA DOUCHE LE CIEL

séance : EN FACE

séance : Rencontre Professionnelle

Mini-séries documentaires web-tv

Asinnajaq (Isabella Weetaluktuk) / cinéaste séance : TROIS MILLE

SéANCE COURTS-MéTRAGES AUTOCHTONES

Philippe Aussel / producteur

séance : RENCONTRE PROFESSIONNELLE :

« La production documentaire au québec & les modalités de coproduction franco-québécoises »

séance : 68 RAISONS DE PENSER AUJOURD’HUI

Michel Coqblin/ producteur

séance : 68 RAISONS DE PENSER AUJOURD’HUI

Natalie Degouzon / Languedoc-Rousillon Cinéma séance : Rencontre Professionnelle

Mini-séries documentaires web-tv

Effi /réalisateur

séance : SOUS LA DOUCHE LE CIEL

Felix Amit Bellicha / réalisateur

Julien Elie / réalisateur

Hind Benchekroun / réalisatrice

Ina Fichman / productrice

séance : SOLEILS NOIRS

séance : LA COMMEDIA DELL’ARTISTE

séances : LAILA AT THE BRIDGE

séance : xALKO

Marc Bessin / sociologue - IRIS séance : LES ARRIVANTS

table ronde : « L’INTIME ET LE POLITIqUE »

Ana Bettschen / co-fondatrice du projet « Pueblos en Arte » séance : SOñANDO UN LUGAR

Lucia Bley / réalisatrice, collectif Cinemakhia séance : EN FACE

Mark Foss / producteur atelier : NEW MEMORIES

« La production documentaire au québec & les modalités de coproduction franco-québécoises »

Hélène Bretin / sociologue - IRIS séance : ENTRE NOS MAINS

table ronde : « L’INTIME ET LE POLITIqUE »

Stefanie Brockhaus / réalisatrice séance : THE POETESS

Richard Brouillette / réalisateur, producteur

qUéBEC

Pierre Carles / réalisateur

séance : LE ROND-POINT DE LA COLÈRE

Marcel Carrière / ingénieur du son, réalisateur séances : RéTROSPECTIVE MICHEL BRAULT

ET LE CINEMA DIRECT

séance : LA GRAND-MESSE

séance : RENCONTRE PROFESSIONNELLE :

séance : ETIqUETA NO RIGUROSA

animateur et coprogrammateur de la

Méryl Fortunat-Rossi / réalisateur

Valérie Fouques / chargée de mission CNC séance

David Bravon / distributeur

animateur et co-programmateur du FOCUS

RENCONTRE PROFESSIONNELLE : « La production documentaire au québec & les modalités de coproduction franco-québécoises »

Idriss Gabel / réalisateur séance : KOLWEZI ON AIR

Matthijs Gardenier / producteur séance : Rencontre Professionnelle

Mini-séries documentaires web-tv

Jan Gebert / réalisateur

séance : WHEN THE WAR COMES

Michel Giroux / producteur, monteur atelier : NEW MEMORIES

Nadine Gomez / réalisatrice

séance : ExARCHEIA, LE CHANT DES OISEAUx


Thomas Grand / réalisateur

Manon Ott / réalisatrice

Adeline Hay Neary / réalisatrice

Bojina Panayotova / réalisatrice

Catherine Hébert / réalisatrice

Dimitri Petrovic / cinéaste

séance : POISSON D’OR POISSON AFRICAIN

séance : ANGKAR

séance : ZIVA POSTEC : la monteuse derrière le film Shoah

Cristina Herrera Bórquez / réalisatrice (Skype) séance : ETIqUETA NO RIGUROSA

Nicolas Jaoul / réalisateur, anthropologue

séance : SANGHARSH, LE TEMPS DE LA LUTTE

Maxime Jennes / réalisateur séance : THE WAy BACK

William Karel / réalisateur séance : LA MORT EN FACE

Alfonso Kint / réalisateur

séance : SOñANDO UN LUGAR

Annouche Kunth / historienne - IRIS

séance : AU NOM DU PÈRE, DE TOUS, DU CIEL table ronde : « L’INTIME ET LE POLITIqUE »

Chowra Makaremi / anthropologue - IRIS séances : IRIS

table ronde : « L’INTIME ET LE POLITIqUE »

Vitaly Mansky / réalisateur séance : PUTIN’S WITNESSES

séance : DE CENDRES ET DE BRAISES

séance : JE VOIS ROUGE

séance : THE WAy BACK

Laure Pradal / réalisatrice

séances : AVOIR 20 ANS À LUNEL

LE ROND-POINT DE LA COLÈRE

Maria Augusta Ramos / réalisatrice (Skype) séance : O PROCESSO

Valéry Rosier / réalisateur séance : LA GRAND-MESSE

Matthieu Rytz / réalisateur (Skype) séance : L’ARCHE D’ANOTE

Régis Schlagdenhauffen / sociologue - IRIS séance : LES INVISIBLES

table ronde : « L’INTIME ET LE POLITIqUE »

Eden Shavit / réalisatrice, collectif Cinemakhia séance : EN FACE

Karen Stokkendal Poulsen / réalisatrice séance : BIRMANIE,

LES COULISSES D’UNE DICTATURE MILITAIRE

Lionel Marchand / cinéaste

Bernadett Tuza-Ritter / réalisatrice

Jean-François Naud / cinéaste

Jiann-yuh Wang / programmateur

séance : SéANCE LASALLOISE

séance rencontre autour des films

« ATELIERS PASSEURS D’IMAGES »

séance : A WOMAN CAPTURED

séances : L’OBSERVATEUR

UNE FAMILLE AU GOUFFRE

À l’heure où nous imprimons ce catalogue, nos invitations à accompagner les films n’ont pas toutes été validées par les intervenants. Aussi, nous vous invitons à consulter la grille des horaires, mise régulièrement à jour. Merci de votre compréhension… et bon Festival !

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Photo : ©elianedelatour

« Beauviala : un homme, une entreprise, une idée, un symbole » Jean-Michel Frodon

De la révolution cinématographique des années 1960 à l’avènement du numérique, Jean-Pierre met l’esthétique et l’éthique au cœur de ses brevets techniques. Le point de vue de l’opérateur devance toujours la technique, et non l’inverse. Dans les années 1960, le son et l’image enchainés l’un à l’autre sont en outre dépendants des studios. Tout est lourd. Il révolutionne la technique pour synchroniser enregistreur son et caméra, leur rendant ainsi leur liberté réciproque. Des réalisateurs de part et d’autre de l’Atlantique « bricolent » leurs appareils pour sortir du carcan technique. Celui que Jean-Pierre a toujours considéré comme le vrai précurseur de la vague qui allait suivre est Michel Brault avec son film « Les Raquetteurs » (1958). En 1971, naît la société Aaton. La caméra est allégée avec une forme dite « Chat sur l’épaule ». Jean-Pierre cherche la simplification, la maniabilité pour que tout le monde s’empare de ses inventions, et pas seulement les « professionnels de la profession » ! Soutenir ceux qu’il appellent « les gens de terrain » projet chevillé au corps, souvent sans argent. Même, si plus tard – pour faire vivre son entreprise –, il est obligé de fabriquer des outils d’une grande sophistication pour le cinéma commercial. Mais il reste fidèle à lui-même sur les principes de légèreté et de mobilité. La caméra 35mm a la taille de la caméra 16mm ! Steven Spielberg, Ridley Scott... et beaucoup d’autres très grands auteurs américains s’emparent de cette Aaton 35 précisément parce qu’elle permet une grande liberté de mouvements. Aaton devient une cause, la matrice de nouvelles écritures cinématographiques, un nouveau rapport au monde. L’ingénieur grenoblois, charismatique, acquiert immédiatement un rayonnement international. Les chefs op— devenus des aatoniens – ouvrent des agences partout dans le monde pour vendre Aaton ! L’entreprise, fleuron industriel français – seule dans l’hexagone à fabriquer des caméras professionnelles –, fait plus de la moitié de son chiffre d’affaire à l’exportation. Jean-Pierre Beauviala avait une petite société à Grenoble en centreville, et une immense imagination en centre terre.

Jean-Pierre est mort le 8 avril 2019. Il parlait de « cinéma-fiction travaillé à partir du réel », des films qui reposent sur l’attention profonde au monde qui nous entoure avec un biais critique, des oiseaux à défendre contre les chats de son jardin, des abeilles tuées par les géants de la chimio, « des villes invivables faites sur des tables à dessin, parangons de l’horreur », des « voitures à hydrogène, seule façon de sauver Venise de la montée des eaux »... Tant que nous le pouvons, les aatoniens de toujours comme moi, et tous les autres qu’il a croisés sur son chemin, nous avons envie de rester encore avec lui dans la « proximité » du monde, selon son expression pour définir le but de son travail. Eliane de Latour


Un chat sUr l’épaUle

Julie Conte

| 2013 | 52mn | France | Pages & Images / VO : Français

Une histoire de cinéma. Depuis 40 ans, dans ses ateliers grenoblois, Jean-Pierre Beauviala invente des caméras qui ont permis « un cinéma léger, dans la nature ». Une révolution qui a un impact essentiel sur les écritures cinématographiques. Des réalisateurs se souviennent de la découverte de cette liberté. L’avènement du numérique ne l’arrête pas mais il n’aime pas « la fixité des images sur pixel » qui plastifie les matières. Il invente celle qu’il a appelé : « la Pénélope Delta numérique » en rendant le grain aléatoire comme dans un film tourné sur pellicule. Cela permet de retrouver du mouvement dans l’image, dit-il, de capter la fragilité de la vie. » Mais l’entreprise canadienne Dalsa qui a vendu le capteur – acheté des années auparavant au début de l’étude – ne peut plus les fournir. Il n’y a aucune autre solution. Aaton est liquidée en 2013. Mais Jean-Pierre a qui a voué sa vie aux petits outils, revient sans cesse aux caméras peu chères pour « les petits, les obscurs, les sans-grades… » qui ont envie d’en découdre avec l’injustice et tombent en extase devant la voûte d’une chapelle romane.

Julie Conte est issue de l’INSAS de Bruxelles (section Image). Elle mène de front un parcours de chef-opératrice et de réalisatrice. Elle a été première assistante caméra sur Entre les murs de Laurent Cantet (Palme d’or 2008), La Cerisaie de Romain Gavras, Mammuth et Louise Michel de Benoit Delépine et Gustave Kerven ou encore Des Filles en noir de Jean-Paul Civeyrac. Elle a tenu la caméra sur plusieurs documentaires, 1968, Journal d’une inconnue de Laure Pradal et Jour de Parloir de Chantal Marchon, entre autres.

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68 raIsOns De penser aUJOUrD’hUI Valérie Cibot

| 2018 | 55mn | France | Mille et une productions

Adèle, Camille, Héloïse, Roxane et Zoé, lycéennes, au fil d’un questionnement sur Mai 68, posent les questions de l’esprit contestataire, de la liberté de penser, de l’engagement citoyen. Elles filment, discutent, disputent, au gré des rencontres avec deux grands témoins, le Professeur de sciences politiques Michel Miaille et la Docteure Françoise Navratil , de leurs réunions à elles et de leurs tête-à-tête avec la caméra de Valérie Cibot, quand ce n’est pas leur propre caméra.

Lycéenne, j’ai manifesté en 1986, j’étais au lycée à Saint-Denis. En 86, nous pensions évidemment à 68, en criant « DEVAQUET, si tu savais... » à propos du projet de réforme de l’université. Puis, j’ai fait une partie de mes études à Paris VIII, la fac de Vincennes qui a migré à Saint-Denis suite à mai 68. Et en discutant avec des lycéens qui participaient aux « Nuit debout », je me suis demandée s’ils suivaient « le » mouvement où s’ils agissaient avec discernement.

Devenue mère de deux enfants, je me suis questionnée sur leur avenir. Je visualise mes enfants bien plus grands, je les imagine se mobiliser pour des causes nobles, cheveux au vent, bien décidés à faire changer le monde... Mais leur liberté de conscience, leur libre-arbitre, leur capacité à penser par eux-mêmes, à s’investir, à choisir, à s’engager, vont-ils l’acquérir ou non ? Pourront-ils développer un savoir-vivre, inventer des solutions aux problèmes de société, s’adapter, réfléchir ?

Au départ, il y a une introspection dans l’histoire de Mai 68 : les jeunes filles enquêtent pour comprendre le mouvement, ses conséquences, sa dimension et l’image positive ou négative qu’il en reste. Ensuite, elles interpellent la société d’aujourd’hui, génératrice d’incertitudes, et établissent un parallèle entre les deux époques. Comment remettre en question le monde actuel ? Vers quel modèle d’engagement citoyen se sentent-elles attirées ? Entre hésitation et clairvoyance, la pertinence de leurs réflexions les conduit pas à pas vers une libre pensée et une capacité à choisir, à s’engager, à proposer des solutions. Les questions posées par les étudiants pendant Mai 68 entrent en résonance étonnante avec les leurs, et les transformations qui ont eu lieu pour les premiers - en quelques mois - comme pour elles (pendant le tournage) révèlent la similitude des aspirations de la jeunesse : comment et pourquoi porter la contestation ? L’intérêt des lycéennes pour Mai 68 date d’avant le tournage : mouvements ouvriers, contraception, espoirs et déceptions, évolution des mœurs et, pour le groupe, une attirance pour l’esprit de Mai 68, face auquel l’« ancien monde » n’avait pas de réponse. Le dispositif voulu par Valérie Cibot reflète complètement la liberté dont il est question : loin de s’en tenir à des interviews, la réalisatrice a demandé à ses jeunes protagonistes de filmer et de se filmer, d’utiliser la caméra comme si elles faisaient partie des groupes d’étudiants de l’époque, discutant et revendiquant au fil des jours. Il en résulte des situations drôles parfois, émouvantes et souvent étonnantes, mais surtout porteuses d’espoir. Marion Blanchaud

Aujourd’hui Adèle, Camille, Héloïse, Roxane et Zoé me donnent de l’espoir. Sinéad O’Shea - The Valérie Cibot

Valérie CIBOT, auteure-réalisatrice, vit et travaille à Montpellier. Elle a étudié le cinéma et l’ethnologie à Paris VIII et Paris I Panthéon-Sorbonne et obtenu des soutiens comme Brouillon d’un rêve, Bourse Villa Médicis Hors les murs et a travaillé sur des films pour Arte, France Télévisions et des chaines thématiques. Ses deux prochains films, l’un en cours de développement, Chez soi, l’autre en post-production, La Chimie verte selon Claude Grison, en coréalisation avec Michel Coqblin sont produits par Mille et une productions. 2016 - Prud’homie de Pêcheurs (coréalisé avec Michel Coqblin) 2010 - Ma mère en Goldorak / 2008 - En marge de L’Estuaire

68 Raisons De penseR auJouRD’Hui


a WOMan captUreD Bernadett Tuza-Ritter

| 2017 | 1h39mn | Hongrie, Allemagne | Eclipse Film, CorsoFilms Production - Distribution Syndicado Film sales

Nous sommes à la place du pauvre, celle de Marisha domestique-esclave corvéable à merci sous les ordres de Eta – la propriétaire – qui, elle, reste hors champ à sa propre demande. Malgré les cadrages tronqués et le son off, on « voit » tout ! L’intérieur médiocre, le peignoir élimé, les ongles rouges cassés de coquette sale, sa voix esquintante. Marisha se plie entièrement à ce despotisme domestique abject. Au détour d’un trajet, elle raconte à la réalisatrice avoir une fille de 16 ans, placée dans un institut, parce qu’elle a fui la maltraitance d’Eta : interdictions d’aller à l’école, de jouer, d’avoir des amis... « Tu ne lui diras pas que je t’ai parlé de tout ça ! » Ses confidences arrivent par effraction. Nous sommes là, témoins inquiets du danger couru par ses paroles qui peuvent s’envoler sur Internet.

★Ce film, sélectionné dans de nombreux Festivals internationaux, a obtenu

plusieurs récompenses, dont : Meilleur documentaire, 31e Cérémonie des prix du cinéma européen (Séville-Espagne) / Mention spéciale, ZagrebDox 2018 /

Mention spéciale, Festival international du documentaire de Sheffield 2018 (Grande-Bretagne) / Prix du meilleur documentaire, Festival international du film d’Athènes 2018 (Grèce) /  Prix Dox des droits de l’Homme, Dokufest 2018 – festival international de documentaires et de courts métrages (Kosovo)

Marisha a pris un crédit auprès de cette famille, elle doit le rembourser par son travail : son salaire gagné à l’usine, et les heures de ménage. Elle est libre d’aller et venir mais elle reste « attachée ». Bernadett, la réalisatrice ignorait la condition d’esclave de Marisha. Elle la découvre en même temps que nous, le film déjà bien avancé. Elle tente d’agir en gardant la caméra en route. En vain. Eta finit par demander de l’argent à la production, qui le lui donne, sans rien donner à Marisha. « Tu m’en veux d’avoir donné de l’argent à Eta ? » demande Bernadett. « Non. » « Tu m’en veux que je te photographie alors que tu es maltraitée ? » « Non. » Le malaise se creuse, quand soudain la situation se renverse de l’intérieur même du film. Magnifique !

Le film ressemble à un thriller avec des moments d’humour et une profonde tendresse. Bianca-Olivia Nita - Modern Times Review / Décembre 2017

La puissance du film est indéniable et les questions qu’il soulève des deux côtés de la caméra sont importantes […] : d’une part, le phénomène de l’esclavage moderne […] et, de l’autre, la question des relations entre un documentariste et un protagoniste, et de l’influence directe du cinéaste sur le sujet traité. Vladan Petkovic - Cineuropa / Novembre 2017

Tuza-Ritter atteint une intensité semblable à celle d’un conte de fées de Grimm, avec Eta, la sorcière maléfique.

On sautille de fin en fin. Sans doute la réalisatrice ne pouvait se séparer de Marisha, héroïne active de cette tragédie ? Eliane de Latour

Je me suis sentie mal à l’aise pendant tout le tournage en raison des circonstances, mais je pense avoir pris les bonnes décisions. […] En tant que cinéaste, je me suis également sentie responsable de faire savoir aux gens que l’esclavage moderne existait […] J’étais honorée qu’une personne en détresse me fasse confiance pour présenter son combat pour la dignité.

Bernadett Tuza-Ritter Extrait d’un entretien réalisé par Lauren Wissot pour Filmmaker Magazine / Janvier 2018

Filmuforia / Octobre 2018

P R E M I E R L O N G - M É T R A G E D O C U M E N TA I R E

Bernadett Tuza-Ritter, cinéaste et monteuse indépendante hongroise, a étudié la réalisation et le montage à l’Université d’art dramatique et cinématographique à Budapest. En 2013, elle a coréalisé le film choral Cinetrain - Russian Winter qui a remporté le prix du public au festival documentaire Visions du Réel.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Hongrois

a WoMan CaptuReD

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angkar

Neary Adeline Hay

| 2018 | 1h10mn | France | Production, distributionThe cup of tea, To Be Continued (TBC Prod)

Prix du jury lycéen, Festival Les Ecrans Documentaires 2018 (France) Prix «Emerging International Filmmaker Award», Open City Documentary Festival 2018 (Londres)

Neary Adeline Hay fait partie de cette nouvelle génération de descendants de victimes, comme l’artiste montréalais FONKI qui, sur les traces de Rithy Panh, s’empare de l’Art pour se réapproprier l’Histoire. TËNK - Blog Mediapart / Avril 2018

La douceur des travellings latéraux ou des vues en plongée et le travail sonore tranchent avec la violence de ce passé [...] Ils invitent à l’observation et l’écoute attentives. Nicolas Bardot - Film de Culte

Neary Adeline Hay a dû faire preuve de beaucoup de ténacité pour accomplir avec son père, réfugié cambodgien installé en France, un travail de mémoire, pour elle, essentiel. Le convaincre, dans un premier temps, de rompre le silence qui recouvrait son histoire. Puis, des années plus tard, le décider à accomplir ce voyage vers les lieux d’autrefois, afin de donner corps aux images qu’elle s’est forgées. La voilà donc, filmant Khonsaly, de retour pour la première fois à Ta Saeng, le village où il a été déporté en 1975 et qu’il a fui, lors de la chute du régime communiste, trois ans huit mois et vingt jours plus tard. Pharmacien à Phnom Penh, ce citadin s’est retrouvé, en avril 1975, comme la majorité de ses semblables, dépossédé de tout, contraint à l’exode vers la campagne. Là, il a été forcé d’ exécuter, la faim au ventre, des travaux agricoles ou de construction, harassants, sous la surveillance de délateurs et autres commanditaires de l’Angkar. L’Angkar – terme khmer signifiant « l’organisation » – un pouvoir sans visage mais avec « des yeux partout » n’avait-il pas projeté de transformer le pays, quels que soient les sacrifices humains ? Khonsaly déambule dans le village et, des rizières, de la forêt, émerge le souvenir des exactions. Il va à la rencontre de ses anciens bourreaux, un soldat, un espion, un égorgeur … les questionne, les pousse à reconnaître leurs actes. Sans pour autant manifester d’esprit de vengeance à leur égard, ce qui semble témoigner d’un long parcours de résilience, vraisemblablement soutenu par sa pratique bouddhiste. Dans quelle mesure, cependant, les tortionnaires ne cherchent-ils pas de fauxfuyants ? Quelles résonances leurs paroles ont-elles sur la réalisatrice, sur son père, conscient que ces témoignages sont précieux ? Et sur le peuple khmer, notamment sur les jeunes, qui, dans leur majorité, ignorent tout, du génocide, de ce qu’ont vécu leurs parents, qu’ils aient appartenu à un camp ou à l’autre ? Un film nécessaire, qui rend compte d’un passé violent mais avec un regard, une écoute sensibles… Marianne Ginsbourger

Mon film ne se concentre pas sur l’horreur des exactions. Le plus intéressant pour moi était de montrer le silence, les mensonges, la négation comme postulat principal quand on veut parler du rapport du Cambodge à son histoire.

Neary Adeline Hay - Extrait d’un entretien réalisé par Leïla Pelletier pour Lepetitjournal.com Cambodge / Juin 2018

P R E M I E R L O N G - M É T R A G E D O C U M E N TA I R E

Neary Adeline Hay, née au Cambodge, trouve asile en France avec sa famille et grandit en banlieue parisienne. Après des études en arts plastiques puis en école normale supérieure d’arts appliqués, elle réalise des films expérimentaux avant de parcourir le monde avec sa caméra. Elle est actuellement en écriture de son prochain long- métrage de fiction, Ducks.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Cambodgien

angkaR


pReMiÈRe FRanÇaise

appennInO Emiliano Dante

| 2017 | 1h16mn | Italie | Autoproduction - Dansacro distribution

De retour dans les décombres de son pays après les tremblements de terre qui ont détruit la région d’Aquila en Italie, le réalisateur – Dante – choisit de poser sa caméra sur une première destruction, puis plus loin sur une autre encore, et encore une autre... Sa maison, son vieux chien sont encore là, branlants. Quand il ne « reste » rien, il « reste » peut-être le geste cinématographique qui accueille survivants et survivances. Un journal inventé par des habitants dépossédés. Une romance entre un homme et une secouriste. Des pensées surgies de ce moment d’hébètement : finalement pourquoi travailler en sacrifiant sa vie? Finalement pourquoi avoir tant de possessions ? Pourquoi ce sentiment d’appartenance à une terre ? Pourquoi, si tout peut s’effacer dans un grondement tectonique.

Prix spécial du Jury, Festival de Cinéma Méditerranéen de Tatouant 2018 (Maroc)

L’un des auteurs les plus intéressants et les plus prometteurs de la scène internationale.

Le film accueille les autres, par un dessin animé avec leurs questionnements spontanés, par un plan serré sur leurs pensées, par un travelling sur des architectures fracassées, ou par des cartons réflexifs pour arrêter le flux interrompu. Dante avance inquiet sur les pas du Diable, comme dans l’Enfer de son illustre homonyme qui descend de cercle en cercle vers le pire. Sauf que le film remontera vers la lumière d’une métaphysique personnelle sur le temps : Le cinéma peut-il « guérir d’une histoire » et « tuer le temps » ? Donner une « éternité illusoire » aux personnes et aux lieux ? La réponse se loge dans ce film qui articule pensée et cinéma dans une esthétique contemporaine. Eliane de Latour

Sandro Francesco Allegrini - Perugia today / Février 2019

Il [ le réalisateur ] a réussi à nous rappeler que le cinéma a parfois une dimension salvatrice. Alessandro Aniballi - Quinlan / Novembre 2017

Le film se transforme rapidement en une réflexion sur le temps qui passe et sa nature circulaire : que vois-je du passé, du présent ou du futur ? Roberto Rosa - Sentieri salvaggi / Janvier 2018

Pour les journalistes, le séisme est l’événement sismique en lui-même, [...]. Pour moi ... le séisme est avant tout ce qui se passe après, c’est la durée de ses effets. Cela ne concerne pas les morts et les bâtiments, mais la psychologie et l’anthropologie. Tous mes films sur le tremblement de terre essaient de raconter la survie dans la catastrophe.

Emiliano Dante - Extrait d’un entretien réalisé par Valeria Consorte pour Centralmente Janvier 2018

Emiliano Dante, né à L’Aquila en Italie, est un artiste éclectique. Il a d’abord étudié la photographie – expositions en Europe et en Amérique latine – et est entré au cinéma après un parcours artistique multiple embrassant la peinture, l’écriture, le théâtre et la musique. Il a fait ses débuts en tant que réalisateur avec une série de courts-métrages, dont notamment The Home Sequence Series (2003-2005) qui explore les lieux physiques et symboliques de sa maison. En 2012, il réalise Limen, un long-métrage de fiction. Avec Appennino il clôt la trilogie sur le tremblement de terre développée dans ses films précédents Into the Blue (2009) et Habitat - Notes personnelles (2014). Emiliano Dante réalise toutes les composantes artistiques de ses œuvres : écriture, photographie, montage, musique, production et, le cas échéant, animations.

SéANCE ACCESSIBLE

appennino

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Soutenu par

La Région Languedoc-Roussillon en partenariat avec le CNC

aVOIr 20 ans À lUnel Laure Pradal

| 2018 | 52mn | France | Les Films d’Ici Méditérranée production, distribution

Longtemps sous les feux des projecteurs, en particulier ceux de certains médias, Lunel est encore stigmatisée par le départ en Syrie d’une vingtaine de ses jeunes. Pourtant, la petite ville présente d’autres visages, en particulier celui d’une volonté commune de tolérance et de reconnaissance de la part des populations, quelles que soient leurs origines. Or cette parole devient un combat à Lunel parce qu’il y existe, de fait, une réalité non conforme à ce que souhaite la municipalité : une partie de la jeunesse peine à exister. Le film de Laure Pradal fait entendre cette parole qui rend compte des choix et des aspirations des citoyens, en dépit d’une forme de relégation. Souvent confrontés au chômage, à la précarité, aux discriminations, victimes de territoires paupérisés et privés d’espaces dédiés, les jeunes s’inscrivent difficilement dans le destin commun de leur ville, malgré leur désir et leurs ambitions. Alors, « avoir 20 ans à Lunel » relève d’un défi, face aux préjugés, aux silences et au discours officiel. Il suffit en effet d’écouter et de parler pour comprendre que des citoyens se mobilisent avec les jeunes pour les accompagner et les aider. En particulier l’association Arts et Cultures d’Orient, pilotée par l’infatigable Tahar Akermi, qui se bat au quotidien pour proposer des solutions. Son outil fondamental ? Le partage de la parole et des savoirs : l’association met en place – entre autres – des rencontres avec les « anciens », luttant ainsi contre le sentiment d’exclusion et de rejet, et permettant à chacun de mieux se comprendre. Il ne s’agit pas de nier les événements qui se sont déroulés à Lunel, mais bien de permettre aux jeunes, souvent désemparés, d’abandonner le sentiment d’échec qui leur colle à la peau. Inlassablement, l’association tisse des liens, propose à la municipalité des actions, souvent en vain, défend le droit à l’existence et à la parole de ces jeunes citoyens. Par son approche à la fois discrète et empathique, Laure Pradal donne à voir une version différente de l’histoire de Lunel telle qu’elle est encore présente dans les imaginaires de nombreux non Lunellois. Marion Blanchaud

Laure Pradal réalise des documentaires depuis 1997. Elle donne la parole à ceux qui ne l’ont pas souvent, ceux que l’on ne voit pas, pour témoigner de leurs combats. Laure Pradal vit à Montpellier. Filmographie partielle : 2017 - Mimi à fond la vie ! 2016 - Hors le murs / 2015 - La vie sur l’eau 2014 - En quête de justice (diffusé à Lasalle en 2015) 2013 - Coupez moteur – coréalisé avec Dominique Guerrero & Clotilde Verriès / 2012 - Ames vagabondes 2011 - Parasols et crustacés (diffusé à Lasalle en 2012) 2011 - 1968 - Journal d’une inconnue (diffusé à Lasalle en 2011) 2009 - Le village vertical 2008 - A ton tour Mireille (diffusé à Lasalle en 2009) 2007 - Je serai danseur / 2007 - Graine d’espoir 2006 - Le Miroir (3 x 90mn) / 2006 - Grandir 2003 - Amélie Galup, une femme photographe 2003 - Roms, la mémoire retrouvée 2004 - Chemins de femmes 2000/2004 - Emissions Strip-Tease 2000 - Deux saisons pour grandir (Docu-Fiction) 2000 - L’hôpital de la plage 1998 - Jean Carrière ou l’aube retrouvée

Je voulais montrer un travail de l’ombre, donner la parole à ceux qui ne sont ni médiatisés, ni subventionnés […] et surtout montrer la jeunesse, qui est l’avenir de Lunel.

Laure Pradal - Propos recueillis par Wendy Noel - Midi Libre / Février 2019

aVoiR 20 ans À LuneL


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De cenDres et De BraIses Manon Ott

| 2018 | 1h13mn | France | TS Productions, Docks 66 production, distribution

De cendres et de braises est construit sur un jour et une nuit. La levée du soleil accompagne la levée des habitants qui se préparent au travail ; la nuit s’étend sur ceux qui rêvent debout : la deuxième génération née en France. Elle occupe le centre narratif du film ; un peu plus loin, les Vieux – retraités –, grillent du maïs en évoquant leur passé de forçats à Flins. Le monde s’est entre- temps renversé : plus la même langue, plus le même regard, plus la même crise. Les parcours s’esquissent autour du tertiaire. Indéniablement individualistes. Les collectifs ouvriers ont laissé place aux groupes d’affinité et à la possibilité d’un partage sensible : une chanson ou un poème de Césaire. L’inquiétude sur l’avenir reste néanmoins présente. « On est dans la crise depuis qu’on est né ! » dit l’un.

Prix du jury – sélection Premiers Films – Festival Les Ecrans Documentaires 2018 (France)

De cendres et de braises est une sorte de défi, précieux, à une question urgente : comment décrire ceux qui sont devant soi, pris dans un espace urbain et intellectuel qui les rend insaisissables ? Comment lire entre les lignes ce qui advient là, dans ce lieu, à ceux-là, au présent ?

Une jeune amoureuse danse dans sa cuisine en amenant la nuit. Dans le halo d’un réverbère, des courses à pied ou en moto. Des enfants envoient leur flamme vers les étoiles en laissant s’envoler leurs montgolfières bricolées. Leurs yeux pétillants sous leurs ballons chauffés, qu’on ne voit pas encore, s’adressent fictivement, mais forcément, à leur grand frère rappeur perché sur une butte. Du doigt, il montre les scintillements urbains et lointains. « On dirait que la sortie est là-bas, mais dans le noir il y a des grosses barrières qu’il faut franchir avant. » Cette brousse abrite aussi un ancien braqueur qui allume un feu. En prison, il découvre les larmes de sa mère et Rimbaud. Il se dit Résistant économique, rangé. « Le feu, dit-il, c’est mystique, dangereux, simple. » Je pourrais reprendre ces qualifications pour la bande son du film, exceptionnelle, étirée entre Sound design et Free jazz. Le volcan crache ses petites braises, ses perles sur l’horizon, comme la possibilité de lumières qui traversent les « barrières noires » pour s’adresser directement à la lune. Eliane de Latour

Laure Vermeersch - Vacarme / Novembre 2018

Un portrait à la fois politique et poétique.

Vincent Wulleman - Blog Mediapart / Novembre 2018

Ce qui m’intéressait d’abord c’est que le noir et blanc participe d’une distanciation qui l’éloigne d’emblée d’autres images de ces espaces, et notamment des images d’actualité sur les cités. Cela me semblait important,[...] d’opter pour des parti-pris formels et artistiques forts.

Manon Ott - Extrait d’un entretien réalisé par Les Ecrans Documentaires Blog Mediapart / Novembre 2018

P R E M I E R L O N G - M É T R A G E D O C U M E N TA I R E

Manon Ott est cinéaste et chercheuse. Issue d’une double formation, en réalisation de films documentaire (Master Image et Société à l’Université d’Evry-Paris Saclay) et en sciences sociales (Master à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales / étude des mouvements sociaux), elle enseigne à l’Université et anime des ateliers de cinéma et de photographie dans diverses structures de la région parisienne, en parallèle de ses recherches en cinéma et en sciences sociales. En 2008, elle réalise Yu, un court-métrage documentaire sélectionné dans de nombreux festivals. Elle est l’auteure d’un livre de photographies et de récits de vie (Birmanie, rêves sous surveillance, aux éditions Autrement) co-écrit avec Grégory Cohen avec qui elle a aussi réalisé deux films : Narmada (2012) et La Cour des Murmures (2017).

De CenDRes et De BRaises

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aVant pReMiÈRe MonDiaLe

en face

Collectif Cinemakhia

| 2019 | 1h | France | Les Batelières production

Au début il y a un homme. Près d’un phare. Un gilet de sauvetage rouge au bout des bras. Qu’il agite. Au loin une embarcation de fortune pleine de réfugiés. Le pneumatique tangue sur la houle, impossible à diriger. En fond sonore, le bruit des vagues. Arrive un autre homme. Pas un mot. Pas un cri. Sur une île c’est la mer qui commande. Toujours. C’est tout ce que nous verrons de ces hommes et de ces femmes, de ces enfants qui ont traversé ce bras de la mer Egée. Tout au plus les discerne-t-on au loin lorsque les sauveteurs tentent de guider leur arrivée sur l’île, ou pendant un match de foot. Les réalisateurs ont préféré faire parler les habitants, témoins de ce lieu d’un éternel chassé croisé d’hommes et de femmes entre les deux rives grecque et turque. Dont des leurs, migrants parmi les migrants. Comme les Syriens, les Afghans aujourd’hui.

Le film se structure en deux mouvements : Le premier se déroule au plus fort de « la crise des migrants », et se focalise sur la transformation du lieu et de ses habitants, de leurs discours et de leurs habitudes. Pour donner à voir cette transformation, nous faisons donc le choix de ne montrer que les traces laissées par les migrants. Absents à l’image, les exilés peuplent pourtant les discours et les paysages : les plages recouvertes de gilets de sauvetages, les bateaux arrivant à l’horizon, puis récupérés par les villageois, les objets abandonnés sur les routes, les mots enfin, habités par cette présence étrangère et familière à la fois.

345.000 arrivées en 3 à 4 ans, ce n’est pas rien. C’est un bouleversement. Les réfugiés sont partout. On ne parle que d’eux. On les plaint ou les déteste. Leur arrivée a créé un schisme dans les villages. C’est plus que ne peuvent en supporter certains, habités par la peur, la haine, le ressentiment, dépassés par les événements. Et puis il y a les autres qui plongent et replongent pour sauver des vies. Ceux encore qui ouvrent leur table, distribuent des vêtements, tricotent de petits bonnets rouges pour les enfants, s’inquiètent pour ceux pris au piège de cette île devenue « prison d’âmes ». Plus pernicieuses, les traces de leur présence. Avec ces milliers de gilets de sauvetage, ces canots pneumatiques abandonnés sur les berges, ces moteurs sortis des fonds. Et l’ampleur de la catastrophe écologique que les habitants armés de bulldozers vont tenter d’enrayer le temps des accords avec la Turquie (6 tonnes 1/2 de déchets dans un seul des villages). Une fois l’accord dénoncé les traversées reprennent de plus belle, comme les tours de garde au phare : « Tel un guetteur vigilant, je regarde en face » dit l’homme du début. Catherine Leenhardt

Collectif Cinemakhia

Cinemakhia est un collectif de réalisation composé de huit Grecs et Francais souhaitant proposer une autre perspective sur la question des exilés et mener ce travail de façon collective. Le terme Cinemakhia, composé des mots grecs « cinéma » et « symakhia » (alliance), résume l’objectif que nous nous sommes fixé : montrer qu’il est possible de réaliser un film à plusieurs, de manière horizontale, en mettant en commun nos envies et nos compétences. Chaque membre de Cinemakhia participe à l’écriture, la réalisation, la prise de vue, la prise de son, le montage... Issus de disciplines aussi variées que la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, l’histoire ou encore l’économie, les membres de Cinemakhia n’appartiennent pas tous au monde du cinéma documentaire. Cette démarche prend le contre-pied de la logique contemporaine du temps court, de la spécialisation et de la hiérarchie. Cette énergie collective et cette pluralité des approches représentent pour nous la force de ce projet, et la preuve que d’autres manières de collaborer existent.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Grec

en FaCe


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etIqUeta nO rIgUrOsa Cristina Herrera Bórquez

| 2017 | 1h32mn | Mexique | La Cleta Films

En mai 2016, le Mexique légalise le mariage homosexuel, tout juste trois ans après la France. Víctor et Fernando n’attendaient que ça ! Ce couple de stylistes qui vit dans le nord-ouest du pays, à Mexicali, capitale de l’État de Basse-Californie, commence alors ses démarches administratives. Mais la loi nationale a bien du mal à passer à Mexicali… Même si le lieu de l’action peut sembler exotique, le sujet ne nous est pas étranger : un couple d’homosexuels qui se bat pour célébrer son mariage, malgré les blocages administratifs et politiques… Rappelons qu’en France, l’adoption du « Mariage pour tous » ne s’était pas faite sans rencontrer des résistances : le débat parlementaire fut houleux, entrainant un bras de fer sans précédent entre la Garde des Sceaux, Christine Taubira, et les opposants au texte. Un débat qui s’était déplacé dans la rue avec des manifestations hostiles durant des mois.

The John Schlesinger Prix, Festival international du film de Palm Springs 2017 (Californie) / Meilleur documentaire, KASHISH 2017, Festival du film queer de Mumbai (Bombay - Inde)

C’est un conte merveilleux et joyeux, magnifiquement raconté [...] Ce film est totalement incontournable.

Au Mexique les choses prennent une tournure différente. Si l’adoption de la loi a peut-être moins secoué le pays, en revanche, pour qui veut faire valoir ses droits, commence le parcours du combattant. Car l’imagination de l’administration locale est vaste, pour trouver un moyen d’entraver l’application de cette loi. La réalisatrice a donc décidé de suivre ce couple pour qui la vie va basculer. Dans la haute société mexicaine, les gens autour d’eux, trouvaient qu’ils étaient un couple charmant jusqu’à ce qu’ils décident de se marier. Ils deviennent un symbole : le premier couple gay de leur État à lutter pour leurs droits dans un territoire rongé par l’homophobie et les inégalités. Souvent filmés en caméra légère, on les voit faire face à des situations toutes plus improbables les unes que les autres, visant à jouer avec leurs nerfs et à mettre leur moral à l’épreuve. Mais patience est reine de vertus. Ce film montre que, confrontés à toute une vague de critiques et de tentatives d’intimidation, ils ont réussi, par leur lutte, à réveiller la population de Basse-Californie. Guilhem Brouillet

Roger Walker-Dack - EDGE Media Network / septembre 2017

Etiqueta no Rigurosa tire indéniablement avantage du charisme dégagé par ses personnages principaux, qui affichent un sens de l’humour fort tout au long de leur parcours. Frank Scheck - The hollywood Reporter / Juin 2017

Je connais Victor et Fernando depuis des années et j’ai toujours su qu’ils voulaient se marier. J’ai été approché par un ami commun qui pensait qu’il était important de documenter leur bataille juridique sans savoir vraiment où cela aboutirait. Cristina Herrera Bórquez. Extrait d’un entretien de Joseph Allen pour Xomen and Hollywood / Juin 2017

P R E M I E R L O N G - M É T R A G E D O C U M E N TA I R E

Cristina Herrera Bórquez est une réalisatrice mexicaine, vivant actuellement en Californie. Diplômée en communication et médias de l’Universidad Autonoma de Baja California et en réalisation cinématographique du Centro de Capacitacion Cinematografica (CCC) au Mexique, elle est aussi diplômée d’un Master en « Integrated Media Arts » au Hunter College à New York. Son court-métrage de fiction It will rain, and I won’t be yours (2009)a été sélectionné dans plusieurs festivals et son premier court-métrage documentaire The Minutemen Project (2006) a été primé. En 2013, elle fonde sa société de production « La Cleta Films » avec Sabrina Almandoz Gerbolini.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Espagnol

etiqueta no RiguRosa

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Je VOIs rOUge Bojina Panayotova

| 2018 | 1h24mn | France | Stank, Andolfi & JHR Films distribution

Bojina Panayotova, la réalisatrice, nait à Sofia. Elle a huit ans en 1989 lorsque les communistes, Jivkov en tête, sont chassés du pouvoir. Ses parents fuient vers la France où elle vivra vingt ans avant de revenir en Bulgarie, caméra au poing. Là, l’histoire se répète. Les rues s’emplissent de manifestants qui scandent les mêmes mots d’ordre que leurs parents autrefois, les communistes détenant toujours les rouages du pouvoir : « Nettoyons un tiers du pays, cherchons leurs enfants, leurs pères, leurs sœurs ». Ils ont son âge. Elle se mêle à la foule. Elle aussi veut savoir… Alors va commencer cette longue enquête mi-familiale mi-policière qui mêle suspens et tension dramatique, la peur de la police secrète apparaissant toujours en filigrane. Les archives de cette dernière sont dorénavant ouvertes et Boji veut convaincre ses parents d’en consulter les dossiers, en particulier ceux de ses grands-pères souvent à l’étranger pour leur travail. Le film prend l’allure d’une longue traque. Ce film, sélectionné dans de nombreux festivals internationaux a reçu les prix suivants : Prix Monde en Regards, Festival International Jean Rouch (Paris) / Grand Prix du Jury et Prix Étudiants, Festival 2 Cinéma de Valenciennes (France)

Le film se transforme progressivement en une sorte de thriller d’espionnage […] Je vois rouge s’avère une belle surprise, une quête personnelle que le Cinéma érige en une œuvre féconde. Christophe Brange - Abus de Cinéma

Remarquablement captivant […] une certaine humanité et un certain humour, qui sont essentiels pour traiter un sujet aux répercussions aussi intimes. Zoe Aiano - East European Film Bulletin / Février 2018

Lorsque son père, artiste peintre, lui raconte, flatté, avoir été sollicité par des membres du pouvoir pour leur vendre des tableaux, lorsqu’il lui vante les jouets coûteux que son père rapportait de ses voyages, elle lui reproche d’avoir joui de privilèges, d’avoir fait partie de la nomenklatura. Le ton monte : il l’accuse de paranoïa post-communiste, de trahison. La famille est au bord de l’explosion. Si les dossiers de ses grands-pères ont été brûlés, celui de sa mère en revanche laisse apparaître un recrutement à son insu par un agent du pouvoir alors qu’elle travaillait comme traductrice à l’université. Toutes deux décident de rencontrer cet homme, reclassé pour ses états de service, dans la mafia. Il conseille à Boji de ne pas chercher à en savoir plus sur sa mère qui pourrait en souffrir, cette dernière, finissant par dénier à sa fille le droit de faire état de « sa vérité » devant ses futurs spectateurs… Catherine Leenhardt

J’ai travaillé avec un compositeur d’électro-acoustique, Emilian Gatsov, [...] On a cherché une sonorité qui renvoie aux années 80 et qui joue le suspense de l’enquête. [...] On s’était formulé une phrase pour résumer l’ambiance : une trentenaire parisienne part chercher son foulard communiste et tombe nez à nez avec la police secrète… Oups !

Extrait d’un entretien réalisé par Serge Kaganski, critique rock et critique de cinéma / Février 2019

Bojina Panayotova, née en Bulgarie, arrive en France à l’âge de 8 ans, peu de temps après la chute du rideau de fer. Diplômée de l’École normale supérieure en philosophie et de la FÉMIS en réalisation, elle réalise plusieurs courtsmétrages dont Derrière le silence (2006), Gospel bulgare (2011) – documentaire radio coréalisé avec Pierre Bariaud – et Cosmonautes (2013). En 2014, elle rencontre le collectif de réalisateurs-producteurs STANK avec qui elle développe depuis ses projets. Elle collabore également avec le réalisateur Boris Lojkine, en tant que scénariste et scripte. Son dernier film, L’immeuble des braves (23mn), a obtenu le prix des détenus de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Bulgare & Français

Je Vois Rouge


kOlWeZI On aIr Idriss Gabel

| 2016 | 1h13mn | Belgique | CBADOC production/distribution

Kolwezi est une ville minière du Haut-Katanga au sud-est de la république démocratique du Congo. A 2.000 kilomètres de la capitale Kinshasa, pas de presse écrite mais une éclosion de petites radios dont la RTM@ à l’influence grandissante. Reconnue, copiée, elle joue un rôle de justicier, les habitants dénonçant sur ses ondes les problèmes sociaux et sanitaires dont ils sont victimes, seul moyen de faire réagir les officiels de l’État. En effet si grâce à la mine (cobalt, cuivre, uranium, radium) certains s’enrichissent, d’autres succombent à son contact, même indirect, comme ces nouveaux nés qui naissent avec des malformations congénitales dues à la radioactivité. Ou comme ces prématurés privés de couveuse du fait des nombreuses coupures d’électricité imposées par la Société nationale d’électricité dont les subventions se confondent avec les poches de l’État. Mention spéciale, Vues d’Afrique 2016 - Festival international de cinéma de Montréal – (Canada)

Dans son décor majestueux de Far West africain […] c’est une parabole du pays tout entier qui nous est livrée. Karin Tshidimba - La Libre Afrique / Novembre 2017

Interrogeant des témoins à l’occasion d’une noyade, accompagnant un accidenté à l’hôpital où les infirmières s’éclairent avec leur portable, relayant les propos du maire sur le marché, les journalistes font un travail de terrain. Pendant ce temps, Gaston Mushid Muntund, le directeur général, tiré à quatre épingles, sollicite les annonceurs et interroge les autorités sans complaisance. Aujourd’hui c’est un député qui vient plaider sa cause à la télévision, interrogé sur ses promesses non tenues et son salaire cent fois supérieur à ceux des travailleurs de la voie ferrée aux 67 mois d’arriérés impayés. Le panel des émissions est large : musique avec les Ultra2cibels, religion avec la Chapelle de la foi triomphante, visite de la mine avec des creuseurs, tables rondes sur le plateau, avec un magicien, un pasteur et un médecin pour celle sur le SIDA. Pour survivre et se développer la radio doit éviter les pressions des politiques, ne pas pratiquer la langue de bois... La liberté de la presse est à ce prix : elle marche de pair avec la démocratie. Catherine Leenhardt

Des scènes dont la vérité dépasse souvent la fiction s’enchaînent avec intelligence, et l’on passe du rire à l’effroi face à la crudité des situations. Out.be / Novembre 2017

[Cette télévision] est l’arbre à Palabres des temps modernes.

Idriss Gabel, extrait d’un entretien pour droitlibre.tv / Décembre 2016

Idriss Gabel est un monteur de films et réalisateur belge d’origine française. Cinéphile depuis son plus jeune âge, il profite d’études peu contraignantes pour étudier le cinéma. Autodidacte, il est remarqué par le réalisateur belge Thierry Michel qu’il accompagne sur des tournages au Congo et participe à une dizaine de ses films en tant que chef monteur. Le travail d’Idriss Gabel est inspiré par l’histoire de sa famille, parsemée de migrations et de voyages, et de son frère trisomique. Ainsi, ses deux premiers courts-métrages, Handicap toi-même ! (2014) et Snoezelen, un monde en quête de sens (2015) suivent des enfants handicapés. Son deuxième long-métrage documentaire, Je n’aime plus la mer (2018), nous parle de l’exil du point de vue des enfants.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Congolais & Français

koLWeZi on aiR

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la cOMMeDIa Dell’artIste Gérard Galès & Felix Amit Bellicha

| 2018 | 52mn | France | « Ce travail a été mené en auto-production afin de garantir notre indépendance de parole et la liberté de choix des artistes suivis.» Gérard Galès & Felix Amit Bellicha

Peut-on aujourd’hui être un artiste indépendant, proposer une création alternative et vivre de son métier ? Clowns, musiciens, danseurs… autant d’artistes engagés qui se battent au quotidien pour maintenir la culture localement en direction des publics populaires. Leur constat est amer : artistes et petites structures, qui reposent souvent sur les épaules d’une seule personne, ne peuvent plus travailler, malgré leurs succès, la reconnaissance et la demande des publics, malgré le lien social qu’ils contribuent à faire exister. Face à des situations de plus en plus précaires, à la concentration culturelle, aux obstacles dressés envers la création indépendante, nombre d’entre eux abandonnent ou s’épuisent à conjuguer tâches administratives et pratique artistique. Le tournage s’est heurté à une auto-censure étonnante des personnes sollicitées (de nombreux témoignages sont absents du montage ce qui en dit long sur la pression que les institutions exercent alors même qu’elles réduisent leurs financements) : un directeur de compagnie accepte de témoigner à condition d’être masqué, plusieurs administrateurs de compagnie, après avoir livré des témoignages qui interrogent sévèrement les politiques publiques, demandent à ne pas faire partie du montage final, plusieurs artistes demandent à ce que leur témoignage soit édulcoré des critiques les plus véhémentes. Gérard Galès & Felix Amit Bellicha

À travers les rencontres qui jalonnent le film, de Colognac à Montpellier et à Sète, rythmé par les images des spectacles, les réalisateurs posent la question de la place de la culture dans notre société et celle du statut d’intermittent. Comment sont répartis les crédits et les subventions, de quel accès à la culture parle-t-on, quel rapport entretiennent les artistes indépendants avec les institutions ? Autant d’éclairages nécessaires pour comprendre les dysfonctionnements et donner la parole aux petites compagnies – et à une mairie – qui remettent en question la concentration culturelle et l’absence de reconnaissance dont elles pâtissent. La démarche, essentiellement sensible, montre le travail de la création et de la diffusion artistique, sa réception par le public et le désarroi des artistes. Elle donne généreusement la parole à ceux-ci, qui souvent s’autocensurent, et met en lumière la dichotomie de leur existence : continuer à pratiquer son métier d’artiste indépendant en dépit du choix politique de les réduire à néant. Le film est aussi le porte-parole de ce malaise propre à l’ensemble du territoire, comparable à un bain culturel nécessaire pour combattre les idées reçues et interpeller les politiques publiques. « La culture est morte ? Non, mais elle ne tient qu’à un fil. Vive la culture. » Marion Blanchaud

P R E M I E R L O N G - M É T R A G E D O C U M E N TA I R E

Amit Bellicha est professeur agrégé de mathématiques et de cinéma audiovisuel dans une section artistique du Lycée LouisFeuillade à Lunel. Il a antérieurement été chargé de mission cinéma et audiovisuel à la Délégation académique à l’éducation artistique et culturelle (DAAC) du rectorat de Montpellier. De plus, il est engagé dans la vie associative en tant que membre de « Pêcheurs d’Images » à Lunel, qui organise le festival de cinéma « Traversées », des projections, des stages pour les scolaires (Rencontres Ciné-jeunes) et des ateliers vidéo. Il a également été bénévole au ciné-club Jean Vigo à Montpellier, animateur de ciné-club à Sarcelles et a participé à la revue « Jeune Cinéma ». Gérard Galès, vivant à Montpellier, titulaire d’une maîtrise d’Etudes Cinématographiques, créateur dans sa jeunesse d’une librairie, a réalisé des films institutionnels et de commande, et des courts-métrages de fiction autoproduits. Formateur en audiovisuel, il intervient régulièrement en milieu scolaire. Il est également cadreur, journaliste spécialisé en tant que rédacteur et photographe de presse, participant par exemple au magazine « Caméra Vidéo & Multimédia ». De plus, ce passionné de l’écriture et de l’image est écrivain (romans, technique vidéo) et artiste photographe.

La CoMMeDia DeLL’aRtiste


l’enVers D’Une hIstOIre Mila Turajlić

| 2017 | 2h04mn | Serbie, France, Qatar | Production : Dribbling Pictures,HBO Europe, Survivance distribution

Mila, la réalisatrice, reproche ses absences à sa mère, Srbijanka. Lorsqu’elle était petite, elle devait la partager avec la Révolution du 5 octobre en Serbie, mouvement démocratique qui dès 1993 s’opposa à Milosevic et son terrorisme nationaliste.

Ce film, qui a fait le tour du monde, a obtenu plus de 22 prix internationaux dont : Mention spéciale du Jury, Fifdh – Festival du film et forum international sur les droits humains – 2018 (Genève - Suisse) / Prix du jury FIPRESCI, Meilleur film, compétition régionale et Prix HT Audience – Zagrebdox 2018, Festival international du film documentaire ( Zagreb,Croatie)/ Objectif d’or, Festival international du film documentaire Millenium 2018 (Bruxelles) / Mention spéciale du Jury, meilleure Photographie – SEEfest 2018 (Los Angeles - États-Unis) / Meilleur réalisateur de la compétition documentaire – River Run Film Festival 2018, (Winston-Salem - ÉtatsUnis)/ Meilleur documentaire – Festival international du film d’Uruguay 2018, Uruguay (Amérique du Sud)

Une fusion subtile de l’intime et de l’Histoire.

Emmanuelle Skyvington - Télérama / Octobre 2018

Dense et complexe, d’une lecture simple et passionnante [...] Un bijou de documentaire. Isabelle Danel - Bande à Part / Octobre 2018

La réalisatrice dresse avec brio l’histoire d’une famille, d’un pays et d’un peuple dans la tourmente. Maxime Duchâteau - Les Fiches du Cinéma

Héritière d’une famille cultivée, Srbijanka, ancienne professeure de mathématiques, vit retraitée dans un appartement cossu. Mila remonte le temps familial avec sa caméra, un temps arrimé à la vie politique des Balkans. Le communisme de l’après-guerre coupe l’appartement en deux : au nom des réquisitions socialistes. Le nationalisme des années 1990 coupe le pays en deux : au nom d’idéaux identitaires. Aujourd’hui, les manifestations pour les droits de l’homme ne cessent de passer sous les fenêtres de l’ancienne égérie. À l’intérieur, au calme, le petit théâtre de la transmission filiale poursuit son cheminement sensible. Les grands-parents passifs devant le régime communiste qu’ils détestaient. Les parents debout contre le despotisme pour leurs enfants. En 1999, la mère est renvoyée de l’université. Les Alliés bombardent Belgrade. Fin du « boucher des Balkans. » Archives de la Révolution du 5 octobre 2000. Srbijanka, devenue ministre de l’Éducation, prend place au Parlement. Elle se souvient : « On ne savait pas comment fonctionnait l’appareil d’État… Ce fut une révolution ratée. Si j’avais été meilleure en histoire, j’aurais su que les révolutions foutent tout en l’air, et c’est plus difficile pour la suivante ! » 15 ans après. Victoire des Nationalistes avec un ancien ministre de Milosevic. La mère coupe la télévision. « Quels sont tes projets de voyage, Mila ? » « Je veux quitter ce pays ! » Soudain on apprend que Srbijanka est sur la liste noire d’un groupe nazi. La mère se tourne vers sa fille : « Tu es libre d’aller et venir mais n’attends jamais qu’on fasse les choses à ta place. » Eliane de Latour

Si je suis vraiment une combattante de la liberté, la liberté que j’ai gagnée est le pire échec de ma vie. Srbijanka Turajlić

Mila Turajlić, née à Belgrade, en Serbie, est titulaire d’un doctorat en cinéma à l’Université de Westminster. Diplômée également en sciences politiques et relations internationales à Londres, elle étudie la production cinématographique à Belgrade et la réalisation documentaire à La Fémis à Paris. Son premier long-métrage documentaire, Cinema Komunisto (2011), se voit décerner seize prix à travers le monde. Elle contribue au lancement du « Magnificent 7 Festival » à Belgrade et est l’une des fondatrices de l’association des documentaristes de Serbie, DOKSerbia.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Serbe

L’enVeRs D’une HistoiRe

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aVant pReMiÈRe FRanÇaise

la granD-Messe

Valéry Rosier & Méryl Fortunat-Rossi

| 2018 | 1h10mn | France, Belgique | Wrong Men North & Supermouche Productions, Dock 66 & Be for Films distribution

C’est un documentaire sur le Tour de France, dans lequel vous ne verrez pas d’exploits sportifs, ni sueur, ni larmes. Rien à voir avec Antoine Blondin. On ne va pas non plus vous parler de l’organisation, des 120 camions constituant la caravane, des 60 kms de câbles électriques déroulés à chaque étape, des 29000 policiers, gendarmes et pompiers déployés sur l’ensemble du parcours, etc. Oubliez ces chaudes après-midi de torpeur où vous vous êtes endormi devant votre poste de télévision en suivant l’étape du jour. Car, dans la veine de l’émission belge Strip-tease, les réalisateurs ont détourné la caméra de la route, et l’ont portée sur les bas-côtés. Prix du public, BRIFF 2018 – Festival international du film de Bruxelles – (Belgique)

Derrière les apparences folkloriques, La Grand-Messe est un beau geste de cinéma poétique et humaniste sur notre besoin d’intensité à partager avec les autres. Un film sur cette vie que l’on croque à pleines dents, avec insouciance. Cinergie.be / Avril 2019

Valéry Rosier, né à Ixelles – commune de Bruxelles – est réalisateur et scénariste. Après une licence d’ingénieur de gestion à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve, il décide de se lancer dans la réalisation. Il se forme à l’I.A.D. (École supérieure des arts) en Belgique. En 2008, il réalise le court-métrage , Bonne Nuit, qui sera primé dans des dizaines de festivals. Il travaille comme assistant sur de nombreux longs-métrages et participe à des projets d’arts vidéo avec l’artiste belge Pierre de Mûelenaere. En 2011, il produit et réalise un nouveau court, Dimanches, qui remporte de très nombreux prix dont le Prix Découverte Kodak à la 50e Semaine de la Critique à Cannes. En 2013, il termine son premier documentaire, Silence Radio, qui a reçu de nombreux prix dont le Fipa d’Or 2013 à Biarritz et le prix Mitrani 2013. Il réalise ensuite en 2014, Babel Express, une série documentaire. En 2015, il termine Parasol, une comédie dramatique sélectionnée et primée dans de nombreux festivals.

Ce sont dix à douze millions de spectateurs qui se pressent tous les ans le long des routes pour voir passer la « Grande Boucle ». Le Tour est leur religion. Comme tous les vrais croyants, rien ne peut les détourner de leur passion. Si vous n’êtes pas fan de sport, de vacances au bord de la route, l’ironie pourrait être facile. Pourtant la réussite du film est de nous enchanter avec plein de ces petits riens, de ces moments simples qui constituent le bonheur. La vision est fugitive, les coureurs passent à 40 km/heure de moyenne. Aussi, l’endroit où se placer est primordial. Pour être assuré de bénéficier de ce précieux emplacement, Jacques et Annick, Dédé et Jojo, Marie et Jackie se rendent dix jours avant l’étape à quelques centaines de mètres du mythique col de l’Izoard. En martyrisant les embrayages, ils garent leur camping-car dans les microespaces des bords de route de montagne. Et puis ... c’est l’attente. Les deux co-réalisateurs nous font partager ces deux semaines avec des portraits drôles et attendrissants. Le Tour de France 2019 se déroulera du 7 au 29 juillet. Alors ... préparez l’apéro ! Christophe Chaunac

Il y a deux sortes de musique, l’une un peu religieuse, qui nous permet, en autres, de dresser un parallèle avec les pèlerinages, d’où le Gloria de Vivaldi qu’on adore. Quant au Boléro de Ravel, non seulement il est déjà lié au vélo en Belgique, mais en plus c’est une musique très évolutive, qui permet de faire monter la tension, tout en étant un peu comique, ou presque.

Valéry Rosier, Extrait d’un entretien pour Cinevox / Juillet 2018

Méryl Fortunat-Rossi est originaire du sud de la France. De 2001 à 2005, il étudie la réalisation en Belgique à l’Institut des arts de diffusion (IAD). Après de nombreuses « piges » pour le petit écran (RTBF), il se consacre au cinéma. Auteur de plusieurs courts-métrages documentaires, il signe notamment Aparicion (2012), sélectionné dans de nombreux festivals, prix du public à Lago (Italie) . Côté fiction, il explore en compagnie de Xavier Seron, un cinéma d’humour noir et décomplexé. Ensemble, ils co-réalisent notamment : Mauvaise-Lune (2011) un faux documentaire éthylique nominé au Magritte et primé à dix reprises et L’ours noir (2014), une potacherie forestière, couronné du Magritte du meilleur court-métrage en 2016. Leur dernier film, Le Plombier (2016), une comédie romantique érotico-acoustique a été aussi largement couronné. En 2013, il crée le « Festival du cinéma belge en Garrigue ». Des vignes à la Garrigue, de Nîmes à Uzès, ce festival, itinérant et gratuit, se déroulera cette année du 20 au 26 juillet.

La gRanD-Messe


la MOrt en face

William Karel & Nellu Cohn | 2019 | 52mn | France | Cinétévé Production, ZED distribution

« A Iasi, en Roumanie, en huit jours du 28 juin au 6 juillet 1941, près de 15000 juifs furent assassinés lors d’un pogrom. Les ordres venaient d’en haut, et ils ont été appliqué avec enthousiasme par l’armée, la police et la population. Au moment des faits, l’extermination programmée des juifs d’Europe n’avaient pas encore été décidée. Du pogrom de Iasi, ils ne restent que de rares survivants et une centaine de photographies. La plupart furent prises par des soldats allemands qui les envoyèrent à leur famille en guise de souvenirs. Ces documents montrent un tel degré de sauvagerie, que l’interdiction de prendre des photos pendant les exactions devint la règle dans l’armée Allemande jusqu’à la fin de la guerre. » William Karel et Nellu Cohu.

On pouvait penser que Shoah de Claude Lanzmann constituait le monument indépassable du documentaire consacré à l’Holocauste. Le film de William Karel et Nellu Cohu vient nous détromper. Les témoignages des survivants, les lectures d’extraits de Kapput de Curzio Malaparte, et les images d’archives nous font vivre, heure par heure, l’abominable calvaire de ces hommes, femmes et enfants. Glaçant, effrayant, douloureux... les qualificatifs se bousculent, comment nommer l’indicible ? C’est un film qui continue à nous « parler » bien après la fin de la projection. William Karel, maître du documentaire historique et politique, avait déjà une splendide filmographie. Avec La mort en face, il signe une œuvre majeure.

Aucun pays, l’Allemagne exceptée, ne participa aussi activement au massacre des juifs que la Roumanie.

Christophe Chaunac

Raoul Hilberg, « La destruction des juifs d’Europe ».

William Karel, auteur d’une cinquantaine de documentaires, a essentiellement consacré sa carrière de réalisateur (il a eu d’autres vies – ouvrier chez Renault, travailleur dans un kibboutz – où il rencontre sa femme, Blanche Finger – , reporterphotographe…) à interroger l’histoire du XXe siècle à travers des sujets d’actualité brûlants. Son approche du réel fait de lui un maître du documentaire historique et politique.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Polonais

La MoRt en FaCe

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le rOnD-pOInt De la cOlÈre Raconté par les téléphones des Gilets Jaunes d’Aimargues mis en récit par : Pierre Carles, Olivier Guérin, Bérénice Meinsohn, Clara Menais, Laure Pradal & Ludovic Raynaud

| Environ 1h | France | Production, distribution CP Production

Nous sommes six professionnels, réalisateurs et monteurs à fabriquer ce film. Nous nous sommes lancés ensemble dans cette aventure à partir d’une interrogation commune : comment rendre compte du mouvement des gilets jaunes qui se déroule à nos portes, au rond-point d’à côté, comment être au plus près de leur parole et de leurs actes ?

Pour contrebalancer toute la désinformation sur ce mouvement par les flux d’images du pouvoir de BFM ou LCI, pour s’éloigner des multiples paroles d’experts des plateaux et des portraits caricaturaux de GJ, il nous a paru évident qu’il fallait tout simplement partir d’une matière qui leur appartenait, qui leur était propre.

Un film qui ne se contente pas d’une parole à travers des interviews mais qui, en s’appuyant sur leurs propres vidéos, dévoile à la fois leur vécu et leur propre regard sur les événements, leur témoignage en direct et leur expérience d’amateur reporter qu’ils transmettent à leurs proches, leurs amis ou à des inconnus sur Facebook.

Il était une fois le petit peuple des Gilets Jaunes entre Camargue et métropole de Montpellier. Au commencement de ce peuple, il y a une colère, un cri, du désespoir. Au commencement de cette mobilisation, un décor : des rondspoints en zone le plus souvent périurbaine. Le rond-point, symbole du fantasme capitaliste du fluide qui ne s’interrompt jamais et se régule lui-même. Ce petit peuple de Gilets Jaunes s’attaque à cette fluidité en trompe-l’œil, cette mobilité sociale mensongère, cette cruelle injonction à être « en marche ». Leur vie tourne en rond entre travail pénible, précaire et fins de mois difficiles. Une vie qui n’a plus de sens, où entre centres commerciaux et espaces pavillonnaires, on passe d’un rond-point à un autre en perdant peu à peu tout but. Le rond-point d’Aimargues est un de ces premiers lieux emblématiques de la mobilisation, symbole d’une France périphérique, un no man’s land entre voie ferrée et autoroute, petites entreprises, centres commerciaux et vignes où se croisent chômeurs, petits artisans, ouvriers agricoles, saisonniers, retraités... Un rond- point, pas seulement filtrant mais bloquant dès novembre 2018, siège de tensions régulières avec les forces de l’ordre, d’incendies, des airs de mini Zad. Une micro-société qui se constitue avec plusieurs groupes correspondants aux 3 sorties : Lunel, Vendargues, Aimargues. De ce lieu de passage anonyme et froid, ils en feront au fil des semaines un lieu de rencontres et d’échanges. L’histoire de cette mobilisation est racontée à partir du prisme des Gilets Jaunes, à partir uniquement de leurs images réalisées depuis leur téléphone portable. Les gilets jaunes vus par les gilets jaunes, pas en surplomb mais à hauteur de rond-point, avec des sangliers rôtis sur place, des constructions de cabanes et des cuisines collectives, des formes de solidarités de toutes sortes. Une centaine de vidéos de particuliers récupérées, le plus souvent des images en « live » filmées par des GJ qui s’improvisent journalistes reporters, des vidéos avec les outils d’aujourd’hui, leur téléphone, objet personnel polyvalent qui permet de filmer, poster, partager, communiquer en direct les événements sur les réseaux sociaux. Devant nous se jouent de véritables micro-dramaturgies, avec de l’émotion, des propos spontanés mêlés à des réflexions philosophiques, de la colère, des doutes, des peurs, des espoirs... CP Production

Le RonD-point De La CoLÈRe


pOIssOn D’Or pOIssOn afrIcaIn Thomas Grand & Moussa Diop

| 2017 | 52mn | Sénégal | production, distribution Zideoprod

La région de Casamance, au sud du Sénégal, est une des dernières zones refuges en Afrique de l’Ouest pour un nombre croissant de pêcheurs artisans, de transformateurs et de travailleurs migrants. À Kafountine, le poisson fait vivre non seulement des populations entières, mais contribue à la sécurité alimentaire de nombreux pays africains. Dans quelles conditions ? Pour combien de temps encore ? Mention spéciale du Jury Professionnels et du Jury Jeunes & Prix du Public, Festival Pêcheurs du Monde 2018 (Lorient - France) / Prix TV5MONDE, Festival Écrans Noirs 2018 (Cameroun)

Documentaire dantesque.

Black Movie / Janvier 2019

Un kaléidoscope de sons, de couleurs et de mouvements […] Poisson d’or, poisson africain nous plonge au cœur des enjeux à la fois économiques et environnementaux. Mame Woury Thioubou - Le Quotidien / Novembre 2018

Les premières séquences montrent la pêche en pirogue, les filets remplis, au rythme des chants. Images – presque – conventionnelles, rapidement contredites par celles de la « débarque », réalisée par des porteurs immigrés, venus du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Mali, de Guinée… Déjà, le clivage social se fait sentir. Ensuite les auteurs nous entraînent vers les ateliers de filetage, de séchage, de fumaison, là où l’on fend le bois, où l’on charge les camions de sacs de poisson séché en route vers les pays voisins. Travail difficile, réparti entre femmes et hommes, mais qui rapporte, comme en atteste le nombre croissant des étrangers, l’augmentation des pirogues et des fours ; car la Casamance est une des rares zones côtières où le poisson afflue. « Nous ne vivons que de la mer », résume une vendeuse, au sein de cet immense village de pêcheurs et de transformateurs. Mais les signes d’une disparition prochaine se multiplient : venus de l’extérieur d’abord, sous forme d’investissements chinois ; mais aussi intérieurs, liés à la surexploitation des ressources, au danger de déforestation liée à l’usage du bois comme combustible, et aux risques sanitaires pour les ouvriers. Un projet d’usine avec des équipements modernes, réclamée par les autorités, permettrait d’éviter le désastre écologique qui menace la forêt, dont vivent d’autres populations, et supprimerait les fours artisanaux, cause de maladies des yeux et des poumons. Le problème est qu’une telle usine, financée par des capitaux étrangers, ne profiterait pas aux Africains. Alors les travailleurs de Casamance résistent face à la concurrence déloyale. Le film témoigne de l’appel angoissé de milliers de pauvres gens. Marion Blanchaud

Moussa Diop et Thomas Grand sont membres fondateurs de la société de production audiovisuelle ZideoProd – OuakamDakar, Sénégal – Moussa Diop, Ingénieur du son sur toutes les productions audiovisuelles réalisées par ZideoProd, a été formé aux techniques du son à l’Orchestre National des Arts du Sénégal, et au Centre culturel Blaise Senghor. Il est également coréalisateur (avec Thomas Grand) du film Diogué, une île de pêche menacée, réalisé au Sénégal en 2016 Thomas Grand est né à Paris, où il a obtenu son diplôme de l’Esra (Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle). Il est installé au Sénégal depuis 20 ans. Il est réalisateur, cadreur et monteur de toutes les productions audiovisuelles réalisées par ZideoProd.

poisson D’oR poisson aFRiCain

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O prOcessO

Maria Augusta Ramos

| 2018 | 2h19mn | Brésil, Allemagne, Pays-Bas | Nofoco Filmes, Autentika Films, Conijn Film / Nofoco Filmes dist

Emporté dans un long travelling on survole la foule de « supporters » portant les couleurs des partis qui s’affrontent dans l’imposant palais du Congrès national de Brasilia. Le 17 avril 2016 les députés votent la destitution de Dilma Rousseff, réélue 2 ans auparavant. Dilma Rousseff, première femme à être élue présidente du Brésil, emprisonnée et torturée sous la dictature militaire entre 1970 et 1972, doit alors affronter ce qu’elle dénonce comme un coup d’État. L’ancien allié de la présidente, Eduardo Cunha, accusé de fraude dans l’affaire de la société pétrolière Petrobras, est l’initiateur du processus de destitution.

Ce film, présenté dans de multiples festivals internationaux, est récipiendaire de nombreux prix dont : Grand Prix, Festival Filmer le travail 2019 - Poitiers (France) / Meilleur long-métrage de la compétition internationale – Visions du Réel, festival international du film de Nyon (Suisse) / Meilleur documentaire – compétition internationale –, festival international du documentaire de Buenos Aires 2018 / Prix Silvestre & prix du public, IndieLisboa 2018 – Festival international du cinéma indépendant de Lisbonne (Portugal) – / Meilleur documentaire, festival international du film documentaire de Madrid 2018 (Espagne)

Une tempête d’émotions […] Un spectacle cinématographique de haute envergure. […] Un travail de montage qui est peut-être l’un des plus précis jamais réalisé par un film brésilien. Rodrigo Fonseca - Estadáo / Février 2018

O Processo n’est pas seulement remarquable pour avoir raconté la vérité de cette histoire mais parce qu’il a la qualité attendue des grands documentaires. Carlos Alberto Mattos - Autres Brésils / Mai 2018

Les spectateurs […] feraient bien de rester assis jusqu’au bout, car si la première moitié peut être difficile […] la dernière partie donne à voir le spectacle captivant de la justice sacrifiée sur l’autel de Mammon. Jay Weissberg - Variety / Mars 2018

O processo nous projette dans les coulisses de ce moment historique. La réalisatrice capte ces événements de manière brute sans les altérer, sans aucune intervention visible. Elle parvient à nous emmener au coeur des réunions stratégiques entre avocats et dirigeants politiques qui organisent la défense de Dilma Rousseff. Le film mêle des moments révélateurs provenant aussi bien de la sphère publique, dont certains sont extraits directement de chaînes télévisées, comme de la sphère privée. Maria Ramos, remettait déjà en question dans ses précédents films le système judiciaire brésilien. Elle apporte ici une compréhension de l’affaire différente de celle proposée par certains médias, notamment étrangers, plutôt portés sur les supposées incompétences de Dilma Rousseff dans son rôle de présidente ou encore sur les Jeux Olympiques qui allaient se dérouler au Brésil en août 2016. Ce film nous éclaire sur l’état du Brésil aujourd’hui, l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, que l’on voit se prononcer favorable à la destitution de Dilma Rousseff, et plus largement sur la montée d’une forme de politique conservatrice et populiste dans le monde entier. O Processo permet de prendre conscience des conséquences de la destitution de Dilma Rousseff sur le plan politique, social et économique, mais aussi de ce que cela peut représenter symboliquement : l’effondrement de la démocratie et de ses institutions. Margaux Bigotte

Nous abordons la post-vérité, l’intolérance, la radicalisation qui sont des sujets d’actualité mondiale.

Maria Augusta Ramos - Propos recueillis par Alberto Mattos - Carta Maior / Mai 2018

Maria Augusta Ramos, d’origine brasilo-néerlandaise, est née à Brasilia, au Brésil. Diplômée de la Netherlands Film Academy à Amsterdam, elle est révélée au début des années 2000 par Desi, Lauréat du prix IDFA, portrait touchant d’une jeune fille de 11 ans. Son film suivant, Justiça (2004) le premier d’une trilogie – Juízo (2007) et Morro Dos Prazeres (2013) – sur la justice brésilienne, est couronné par le Grand Prix à Visions du Réel. En 2015, elle réalise Futuro Junho et Seca. Maria Augusta Ramos est l’une des observatrices les plus brillantes de la société brésilienne contemporaine et de son système judiciaire en particulier. Filmographie sélective 2018 - O processo / 2015 - Futuro Junho / Seca 2013 - Morro Dos Prazeres / 2007 - Juízo / 2004 - Justiça 2000 - Desi / - 2002 Rio, a day in august 1998 - Butterflies in your stomach (série doc - 6 épisodes) 1996 - Two times home / 1994 - Boy and aleid. 1993 - I think what I want to say is…

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Brésilien

o pRoCesso


pReMiÈRe FRanÇaise

On the InsIDe Of a MIlItary DIctatOrshIp (Birmanie, les coulisses d’une dictature militaire)

Karen Stokkendal Poulsen

| 2018 | 1h37mn | France, Danemark | Prodution : Bullitt Film - Distribution : Little Big Story

Prix de la compétition CPH:DOX 2019 – Festival international du film documentaire de Copenhague – (Danemark)

Chercher à démocratiser les régimes autoritaires est un projet occidental récurrent. C’est pourquoi nous devons mieux comprendre comment les régimes sont mis en place avant de les condamner. Nous devons entrer dans la boîte noire si nous voulons aider à les démanteler.

Karen Stokkendal Poulsen - Extrait d’un entretien de Sara Prahl Larsen pour l’Institut danois du film / Mars 2019

Une tragédie aux dimensions Shakespearienne. Demetrios Matheou - Little White Lies

Un thriller politique qui se déroule comme un jeu d’échecs. Allan Hunter - Screen Daily / Mars 2019

On the inside of a military dictatorship raconte la difficile transition en Birmanie (ou Myanmar) d’une dictature militaire en place depuis 1962 à un régime démocratique autour des années 2010. L’histoire commence par le soulèvement populaire durement réprimé du 8/08/1988 (une date tout en huit). L’économie est alors en stagnation, le coût de la vie augmente et la pauvreté s’accentue, conséquence des sanctions internationales. La réalisatrice, de manière très didactique, s’applique à interroger les différents acteurs : Aung San Suu Kyi ou son porte-parole, les ex-généraux de la dictature convertis à la fragile démocratie, dont Thein Sein, le premier des présidents élu en 2010. Aung San Suu Kyi, la fille de Aung San, le héros de l’indépendance birmane en 1948 sous tutelle britannique, est la fondatrice en 1988 de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), le parti d’opposition. En 1991, elle est lauréate du prix Nobel de la Paix. Ensuite, avec l’élection du général Thein Sein à la présidence d’un gouvernement composé essentiellement de militaires, le régime amorce une timide démocratisation. Aung San Suu Kyi doit s’imposer face à ces anciens généraux qui l’ont maintenue en assignation à résidence pendant près de 20 ans et mis en place une Constitution qui l’interdit spécialement de devenir présidente (la clause 59 F). Il faut attendre le 9 novembre 2015 pour que le LND remporte enfin les élections législatives permettant à Aung San Suu Kyi de mettre véritablement en œuvre la transition démocratique. Néanmoins, et il s’agit du fil rouge du documentaire, le gouvernement auquel elle participe doit composer avec les militaires toujours très puissants. Aussi, à partir de 2016, la lauréate du prix Nobel de la Paix fait l’objet de critiques à travers le monde en raison de son attitude durant le « génocide » (selon l’ONU) commis par l’armée birmane envers les Rohingya, groupe ethnique de confession musulmane. Le film, d’une grande qualité filmique, alternant voix off et interviews, est construit comme une partie d’échecs. Il suit la chronologie des faits toujours avec efficacité instaurant une tension, un « suspens », des « chemises vertes » de la junte militaire aux « chemises blanches » du gouvernement civil pour aboutir à la « tragédie » (le nom du dernier chapitre) des Rohingya. Matelda Ferrini

Karen Stokkendal Poulsen, née au Danemark, réalisatrice de documentaires, est diplomée en Cinéma documentaire du Goldsmiths College de Londres. Elle possède aussi une expérience des relations internationales grâce à une maîtrise en Sciences politiques de l’Université de Copenhague et des missions auprès du ministère des Affaires étrangères du Danemark. Son premier film, The Agreement (2014), portrait de l’homme politique de gauche danois Villy Søvndal a été nominé pour un certain nombre de prix dans des festivals internationaux. elle continue son exploration des tactiques politiques et des jeux de pouvoirs avec ce deuxième long-métrage.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Anglais & Birman

BiRManie, Les CouLisses D’une DiCtatuRe MiLitaiRe

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SEANCE - LASALLOISE Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

ANNéE APRÈS ANNéE FILMER EN POINTILLéS LA VIE COMME À LASALLE

Les élèves des classes de GS, CP et CE1, Cécile Benissad, Marie Gagnier, Loetitia, Bertrand Molozay & Lionel Marchand

les calOttes sOnt cUItes présentent

2019 | 35mn | CINEFACTO – CHAMP-CONTRECHAMP

En Cévennes, cette année, l’hiver n’a pas été froid… Mais a-t-il été chaud ? Le « réchauffement climatique », le « climat social » tulmutueux... de nombreux sujets météorologiques ont submergés l’actualité au cours de ces derniers mois. C’est avec une classe de l’école primaire de Lasalle singulière et innovante que l’aventure commence : une classe à 3 niveaux (GS-CP-CE1) répartis sur 2 salles de classe qui s’ouvrent l’une sur l’autre ce qui permet aux enfants de passer librement de l’une à l’autre ; des élèves qui découvrent l’autonomie dès l’âge de 5 ans ; pas de place attitrée, on se met où on veut, pas de casier sous les tables – d’ailleurs, les tables à casier ont été entreposées au grenier, à côté de la cloche (!) – Quand on a entre 5 et 8 ans, quelles sensations éprouve-t-on à cet énoncé : « C’est chaud ! » ? Quelles visions ont ces « bouts de chou (bio !) » sur les problèmes d’aujourd’hui… et sur ceux de demain ? Cultiverons-nous bientôt des bananes en Cévennes ? Expédierons-nous nos vieux frigos sur la banquise pour faire de la glace ? Avec les interviews des habitants de Lasalle et des environs sur le marché du lundi, avec des résidents de la maison de retraite « Les Glycines », mais aussi avec des chansons, des débats philos et quelques expériences spectaculaires, cette aventure, nous a doucement réchauffé le cœur… et avoir chaud au cœur ne produit pas de gaz à effet de serre !

« Traitez la terre, la nature et les animaux comme il se doit ; elle ne vous a pas été donné par vos parents, elle vous a été prêté par vos enfants. »

Selon un vieux proverbe indien Selon une transmission orale d’un sage africain Selon une citation d’Antoine de Saint-Exupéry…

Un proverbe qui a résonné dans tous les pays du monde, depuis fort longtemps. Et aujourd’hui ? séanCe LasaLLoise


pUtIn’s WItnesses Vitaly Mansky

| 2018 | 1h42mn | Suisse, Lettonie, République Tchèque | Studio Vertov, Hypermarket Film, Golden Egg Production, ZDF/ARTE, RTS Suisse - Deckert Distribution GmbH

Qu’est-ce qui entoure l’émergence de Poutine en homme d’État ? Quel point de vue porter sur son accession à la présidence ? Comment faire le lien avec l’exercice du pouvoir tel que Poutine le conçoit aujourd’hui ? Qui était à ses côtés le 31 décembre 1999 et dans la première année de son mandat ? Vitaly Mansky, aujourd’hui en exil, fut un témoin privilégié de cette période. Il réalisait alors le film « officiel » sur Vladimir Poutine, le suivant pas à pas, jusqu’à apparaître comme son interlocuteur essentiel, voire son confident. Le film, basé sur des images tournées il y a presque 20 ans, raconte la passation du pouvoir entre Eeltsine et Poutine, et l’élection de ce dernier en mars 2000. Les scènes du quotidien montrent un homme au service de l’intérêt général, qui passe selon lui et coûte que coûte par la modernisation de la Russie.

★Grand prix Documentaire international, FIPADOC 2019 – Festival In-

ternational Documentaire – (Biarritz - France) / Grand Prix, Karlovy Vary International Film Festival 2018 - Prague (République tchèque)

Le documentaire a été censuré [...] On ne le trouve dans aucun cinéma et il n’a jamais été présenté dans un festival russe. Je n’ai même pas pu le programmer au « Artdocfest », le festival international russophone du film documentaire dont je suis le directeur. Cependant, il a tout de même pu être visionné par des millions de Russes et avoir un impact dans le pays grâce à sa diffusion sur les réseaux pirates. Normalement je condamne le téléchargement illégal, mais cette fois-ci cela s’est avéré très utile ! (rires). Depuis la diffusion de ce documentaire ma vie est menacée dans mon propre pays où je suis considéré par les autorités comme un ennemi du peuple. Ces risques m’ont obligé à m’exiler à Riga en Lettonie, où je vis actuellement. Vitaly Mansky - Propos recueillis par Alexisczaja pour le blog du fipadoc / Janvier 2019

Ce qui est plus troublant, c’est la réflexion menée aujourd’hui par Vitaly Mansky qui a le sentiment d’être devenu complice, pour « avoir eu la naïveté de penser » qu’il était « un simple témoin ». L’interférence entre les images de sa propre famille, filmée fin 1999 – contre son gré – dans son intimité, et celles de l’Histoire de son pays souligne le malaise qu’il ressent, et la raison pour laquelle il a réalisé ce film. Il y est présent, à travers son commentaire, analysant les conséquences des choix et des comportements de Poutine, que révèlent les images d’époque. Etre documentariste implique-t-il de manipuler autant que d’être manipulé ? Les dialogues quasi philosophiques entre les deux hommes sur l’exercice du pouvoir sont-ils sincères de part et d’autre ? Poutine s’y révèle stoïcien, Mansky reste critique et dubitatif. La Russie a largement plébiscité Poutine au début du millénaire, et pourtant des signes de son autoritarisme, que le réalisateur souligne, apparaissaient déjà, en particulier la mise à l’écart de Eeltsine. Le montage du film révèle en réalité la véritable intention de Mansky, celle d’une prise de conscience politique et, en ce qui le concerne, d’une rupture : le « prix à payer » selon ses propres termes. Marion Blanchaud

« Notre but principal est de faire croire aux gens à tout ce qu’on dit et fait. Et cela au service de la nation. » Vladimir Poutine / Extrait du film

Vitaly Mansky, né à Lvov en Ukraine, diplômé en 1989 du VGIK (Institut national de la cinématographie) à Moscou, est considéré comme l’un des plus éminents réalisateur et producteur de documentaires russes contemporain. Il a réalisé plus de trente films qui ont fait le tour du monde, et reçus plus de 100 récompenses en Russie et à l’étranger. En tant que producteur, ses films ont également reçu de nombreux prix. À partir de 1995, il travaille à la télévision et fait connaître des documentaires du monde entier, diffusés pour la première fois, il devient directeur du département documentaire de la chaîne nationale russe. Par ailleurs, il a créé en 2000 la récompense nationale de la « Feuille de Laurier » pour le meilleur film documentaire russe. Fondateur et président de Artdocfest (Festival international de films documentaires de création russophone), il le décrit comme « un défi pour faire place au documentaire qui est un art, celui qui est dans la lignée de D.Vertov [ Le prix décerné s’appelle « Le regard de Vertov » ] et de E.Choub, car s’il devient un produit, il s’abîmera et disparaîtra.»

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Russe

putin’s Witnesses

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sacrée MUsIqUe

sssssssssss en partenariat avec

Olivier Bourbeillon

| 2018 | 54mn | France | Production : Paris Brest Production,TS Productions - Distribution Paris Brest production

« Musique sacrée ou sacrée musique » s’était exclamé Rossini en 1864, à propos de sa Petite messe solennelle ! La formule d’un compositeur qui aurait voulu l’accordéon pour accompagner sa messe, instrument jugé trop populaire, est évoqué avec justesse dans le titre d’un film concernant Jean-Christophe Spinosi, ce chef passionné et parfois facétieux, qui fait sauter les idées reçues quant à la manière de diriger un orchestre ! Il est suivi au jour le jour, sautant d’un avion pour une répétition, d’un taxi pour un concert. S’il a implanté à Brest son Ensemble Matheus, il est régulièrement invité par de prestigieux orchestres dans le monde entier. Il dirige à Moscou Le Messie de Haendel, évoquant le swing et le gospel ; pour les musiciens de l’Orchestre Philharmonique d’Osaka, il évoque sa vision de l’œuvre de Chostakovitch en leur parlant de Dresde en ruine et de la résonance avec les tragédies nucléaires qui touchent au plus près les Japonais… La caméra le cadre au plus près, révélant la manière dont il aide les musiciens à trouver l’émotion juste. Spinosi réincarne toujours la musique qu’il dirige car pour lui, elle est inséparable de la vie. Lorsqu’on lui parle de baguette, il nous parle de guider avec les yeux, avec le corps. : « diriger, ça ne marche pas… c’est de l’amour !... je veux prendre la musique et tout le monde dans mes bras… » Comme il est aussi violoniste, il n’hésite pas à intervenir auprès des jeunes publics pour leur ouvrir l’accès à ce langage.

Un tourbillon ! À voir absolument.

Frédérique Guiziou - Ouest France / Avril 2018

La grande force du film réside dans le va-et-vient incessant, le décryptage, entre les notes de musique et le ressenti du chef. Forcément subjectif, mais tellement convaincant. Ouest France / Juin 2018

Avec une désinvolture qui frise parfois l’irrespect, Spinosi renverse les codes conventionnels d’un monde musical quand il se drape dans sa supériorité culturelle. Qu’elle soit ancienne ou actuelle, la musique appartient à tous, ce dont voudrait nous convaincre un musicien pour qui vivre et faire de la musique ne font qu’un. Françoise Schmid Granier

Quand je prépare une partition, j’essaie de comprendre une histoire. Je vis une série d’émotions comme si je regardais un film […]. Par empathie, les musiciens vont éprouver les mêmes. C’est ça, le secret de la direction. Le son, la musique comme supra conducteurs des émotions. Le gars qui dirige avec une maîtrise telle qu’il contrôle la respiration de cent personnes à la fois. C’est un pouvoir mécanique très puissant, mais il ne faut pas tomber dans le côté obscur de la force.

Jean-Christophe Spinosi, Chef d’orchestre et violoniste

Olivier Bourbeillon, né à Dinan en Bretagne, est un réalisateur et producteur majeur de cette région. Il crée en 1987 avec Gilbert Le Traon l’association « Côte Ouest », organisatrice du Festival européen du film court de Brest, qu’il va présider jusqu’en 1991. En 1999, il fonde Paris-Brest Productions, avec Marie Hélia, sa compagne, dans la volonté de développer le cinéma à partir de la Bretagne. Il est l’auteur de plusieurs courts-métrages, dont La fiancée (1983), mais aussi de documentaires, par exemple, Le manteau de papier (1988), La dernière journée (2005), Grand manège (2005) (sur Claude Chabrol), Une vie en forme d’arête : Boris Vian (2013), ainsi que de plusieurs longs-métrages de fiction comme Rêve de Siam (1992).

saCRée Musique


sangharsh, le teMps De la lUtte Nicolas Jaoul

| 2018 | 1h44mn | France | Sister Production, distribution

« Intouchables. » Dès le mot prononcé, les images surgissent, accablantes, inéluctables. C’est comme ça en Inde depuis la nuit des temps ! Nicolas Jaoul offre un nouveau regard loin de la victimisation et bat en brèche la perception sur les traditions immuables. Les « intouchables » deviennent les dalits, les opprimés, acteurs de l’histoire politique de ce pays. D’une part, avec un mouvement à la croisée du marxisme et du néo-bouddhisme : les Dalit Panthers. D’autre part, à travers un parti, le BSP, majoritairement dalit qui gagne la région de l’Uttar Pradesh. Moment historique [années 1990] pendant lequel Nicolas mène ses enquêtes. Les images tournées il y a 20 ans, montées aujourd’hui, tentent de redonner vie à cette époque charnière. Sa caméra suit trois militants des Panthers. Dahniram dirige le groupe. Akash mobilise des villageois. Dev Kumar tente de chasser l’extrême droite hindoue des quartiers de balayeurs. Ils défendent un projet de société fraternelle, sans caste ni classe. Mais leur critique de l’hindouisme ne freine pas les ardeurs des proscrits aux fêtes populaires hindoues, comme le Holi.

Aucune voix hors champ, aucune tentation de protagonisme de la part de l’auteur, aucune tentative de traduire ce que l’on voit – la caméra se limite à enregistrer, à l’intérieur et à l’extérieur des bidonvilles, ou campagnes à proximité – selon la leçon de « Cinéma vérité » initié par Jean Rouch dont Nicolas Jaoul était l’étudiant à l’Université de Nanterre.

Tous adhèrent à l’illustre Ambedkar [1891-1956], leader historique de l’émancipation des dalits dont il était. Ce visionnaire, brillant avocat, appelé Babasaheb, [ Sieur-grand père ], rédigea la nouvelle Constitution de l’Inde en 1947. Il savait que la question coloniale ne se réglerait pas sans l’émancipation des dalits. Contrairement à Gandhi, conservateur, qui souhaitait l’Indépendance avec un système de castes à peine modifié. Le résultat est là. Depuis plus de 70 ans les dalits ont des droits et des représentants. Depuis plus de 70 ans, ils continuent à être méprisés et exploités. Sangharsh, le temps de la lutte, démarre par un plan séquence à l’arrière d’une pétrolette, secousses moto-sismiques, horizons en bascule, lumières poussiéreuses… Le ton du film est donné, dans l’urgence d’une lutte laborieuse, fragile, nécessaire. À l’arrache ! Eliane de Latour

Daniela Bezzi - Centro Studi Sereno Regis / Mars 2019

P R E M I E R L O N G - M É T R A G E D O C U M E N TA I R E

Nicolas Jaoul est anthropologue au CNRS, spécialisé dans la politique des défavorisés en Inde et en particulier sur le mouvement ambedkariste des dalits contre la société de castes. Il a suivi les enseignements de Jean Rouch à Nanterre et anime à l’EHESS un séminaire « images du politique », consacré aux liens entre cinéma et mouvements politiques. Filmé durant son enquête de thèse à la fin des années 1990, et monté en 2017

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

sangHaRsH, Le teMps De La Lutte

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SEANCE- RENCONTRE autour des films

« at e L i e R s pa s s e u R s D ’ i M a g e s » Durée de la séance : 2h00

«…bancs publics, bancs publics : l’expression rejaillit d’elle-même, joyeuse. C’est un lieu où des amis, des amants se donnent des rendez-vous, non point dans un café mais sur un banc... En signe d’une existence aux moyens modestes, mais aussi parce que la rue leur est accueillante et qu’il suffit de si peu pour être heureux... » Pierre Sansot, « Jardins Publics »

14h00 : Présentation de « Passeurs d’Images » et du dispositif documentaire qui est proposée dans les ateliers où les films ont été réalisés par les jeunes.

lOU aDOlescentes 14h30 les films :

Anduze / durée 6 mn / An.ca - L’Oktopus

De rUe en rUe...fIgUerOlles

Montpellier / durée 16 mn / La Boutique d’Ecriture & Co – Brand à part

Le dispositif « Passeurs d’Images » consiste à la mise en place, hors temps scolaire, de projets d’action culturelle cinématographique et audiovisuelle en direction des publics jeunes, qui, pour des raisons sociales, géographiques ou culturelles, sont éloignés d’un environnement, de pratiques et d’une offre cinématographiques et audiovisuels, quartiers en contrats de ville ou zone de revitalisation rurale. Il s’agit de rester connecté à une réalité de terrain et de monter des projets réalisables et à la portée de tous. Prendre du plaisir à s’exprimer et développer sensibilité et créativité artistiques, tout en s’engageant dans l’apprentissage d’un savoir.

En région Occitanie, l’association la Trame de Toulouse coordonne le dispositif en partenariat avec Cinémaginaire d’Argeles sur Mer.

la prOMenaDe Des châtaIgnIers Le Vigan / durée 14 mn / L’Espace Pour Tous – Circum Image

leUrs VIes / ce film est présenté par le cesDa 34, film réalisé par des élèves sourds.

Montpellier / durée 18 mn / CESDA 34

FILM ACCESSIBLE

Utiliser les outils numériques du quotidien, smartphones, caméscope, proposer une écriture documentaire et partir à la découverte de la ville : « Flâner… prendre son temps, se laisser guider par nos pas, par un paysage… et se mettre à la disposition d’une autre parole à laquelle nous accordons crédit » P. Sansot - Du bon usage de la lenteur

C’est dans une approche de vulgarisation des outils numériques que s’inscrit la pédagogie des ateliers « Passeurs d’Images » qui sont présentés dans cette séance. Et c’est dans une démarche d’éducation populaire que ces ateliers permettent à des publics jeunes de questionner la pratique cinématographique, réaliser collectivement un premier film, puis le montrer devant un public. La thématique des films présentés dans cette séance interroge l’espace public. Les jeunes filment leur quotidien et questionnent leur environnement urbain. Chaque film est suivi d’une discussion avec les participants. UNE CONFÉRENCE présentera le dispositif « Passeurs d’Images » et l’approche documentaire qui est proposée dans les ateliers où les films ont été réalisés par les jeunes.

SÉANCE - RENCONTRE animée par Jean-François Naud / Cinéaste séance-rencontre passeuRs D’iMages


aVant pReMiÈRe FRanÇaise

sOñanDO Un lUgar Alfonso Kint

Meilleur documentaire – thématique sociale–, Académie du cinéma aragonais 2019 (Saragosse - Espagne)

| 2019 | 1h10mn | Espagne | Kint Pictures

« Elle serait comment l’histoire ? » Alfonso Kint rêve d’un « lieu où l’on peut toujours jouir de la paix et de la liberté, un lieu où un mode de vie plus sain est possible, un lieu en harmonie avec ce que nous sommes ». Il commence donc à filmer sa vie avec ce rêve en tête sans savoir où cela va le mener. L’histoire est celle d’Alfonso et Lucia, citadins et artistes aux multiples facettes qui, après la naissance de leur fille Greta, décident de quitter la ville de Madrid pour un village déserté d’Aragon. Torralba de Ribota compte une centaine d’habitants, la plupart d’entre eux âgés de plus de 70 ans. Le nombre de villageois diminue au fil du temps : la majorité des maisons est fermée et n’ouvre que l’été. Seul, le cimetière s’agrandit. Alors que faire dans un village qui meurt ? Que faire dans cet endroit quand on est citadin, artiste, incapable de cultiver la terre ? Alfonso Kint raconte avec beaucoup d’humour et d’autodérision leur installation, la découverte de la situation du village, les expériences de leur fille qui grandit, et un peu comme elle, leur nouveau départ, la réinvention de leur vie. L’histoire évolue. En faisant de l’art un outil de régénération, leur projet personnel devient un projet pour le village, leur rêve individuel se transforme en expérience collective. Les habitants eux-mêmes se prennent à rêver d’un avenir pour Torralba, ils s’autorisent à imaginer des rues animées par les rires des enfants, la réouverture de l’école, un village qui accueille le monde.

Ce documentaire montre que les humains n’ont pas d’ailes, mais que nous sommes des hirondelles qui rêvons d’un endroit où nicher.

Gustavo Duch, coordinateur de la revue Soberanía Alimentaria, Biodiversidad y Culturas

Cela nous rappelle que l’inspiration réside dans le quotidien et que partager nous rend plus forts.

Par son récit, son ton et la poésie de ses images, Alfonso Kimt semble peindre un tableau idyllique de la vie à la campagne. Mais il ne faut pas s’y tromper, le film soulève des questions graves comme l’exode et ses conséquences, le déracinement subi en ville, la nécessité de repenser nos vies face aux crises, l’autosuffisance alimentaire, le rôle et l’accès à la culture en milieu rural. Il interroge sur des choix de vie qui s’opposent et donne l’espoir d’une renaissance des territoires ruraux grâce au développement d’expériences artistiques, moteur du repeuplement Laurence Barrau

Natalia Ibáñez - Cadena SER

Un film passionnant qui traite du désir de construire une vie à l’abri des « petites choses. Anton Castro, écrivain, dramaturge et journaliste espagnol - Heraldo de Aragón. / Décembre 2018

Alfonso Kint, né à Madrid, se passionne pour l’art à travers plusieurs médiums dès sa jeunesse et entre à la Faculté des beaux-arts. Ses premières créations touchent à l’illustration, la peinture et la musique. Il participe à plusieurs longs et courtsmétrages, publicités et vidéo-clips en tant que directeur artistique, story-boarder, décorateur ou accessoiriste. Il a aussi enregistré avec le groupe de rock El Retrato une chanson de la musique du film Beneath Still waters (2006) de Brian Yuzna. C’est en 2008 qu’Alfonso Kint commence sa carrière de réalisateur et de producteur audiovisuel, avec le court-métrage documentaire Hilda, Etoile d’argent du Concours international Imagenera en 2008.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Espagnol

soñanDo un LugaR

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sOUs la DOUche, le cIel Effi & Amir

| 2018 | 1h25mn | Belgique | Production, distribution : Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles

Se laver ? Un droit ? Un luxe ? Quand il s’agit de SDF, une anomalie ? Un sacrilège ? Pas pour Laurent d’Ursel, personnage truculent qui pendant 5 ans va se démener pour faire accepter son projet de douches communes pour sans-abri, jonglant à la fois avec les financements et les services publics. Le rythme du film, entrecoupé de séances menées par les sans-abri eux-mêmes – souvent postés dans des douches – prend des allures de suspens lorsque d’Ursel passe d’une commission à l’autre, mimant, clownesque, l’absence de résultats… Infatigable optimiste, il se soigne par l’humour : « C’est une journée un peu spéciale – relève-t-il à l’occasion –. Parce que quoi qu’il arrive on est dans la merde »… Un peu plus tard, il parle de ses insomnies et qualifie la situation d’ « un peu dramatique, mais pas désespérée ». Pour la ville de Bruxelles, pas question d’accepter « Doucheflux », d’attribuer à des SDF, un lieu pour retrouver de la dignité, se regarder dans une glace, soigner son corps, se détendre ! Ceux de la rue, ces gens qu’ils ne veulent pas voir ? Et quoi encore ? Un montage éblouissant souligné par une bande sonore exceptionnelle, et le rythme percutant donné à l’enchaînement de ses péripéties quichottesques. […] Effi et Amir créent ainsi un langage qui leur est propre, le mettent au service de notre conscience qui sort, alertée, grandie, émue de cette projection de 85 mn d’un film hors-norme Jean Jauniaux, Chroniqueur multi-curiosités / Février 2018

À mille lieux de toute bonne conscience, ce thriller politique apporte une pensée et donne envie d’agir. Il nous permet d’entrevoir des solutions face à un horizon politique bouché et cela fait du bien. Eva Tourrent, responsable artistique de Tënk

Car le projet dérange. Il dérange les services de l’Urbanisme qui étalent leurs contradictions au grand jour à quelques temps des élections… Et lorsqu’ils opposent au projet une « abstention collective », on rit de cette expression inédite qui traduit bien leur absence de reconnaissance pour ces êtres sans réalité sociale ! Il dérange aussi certains financeurs qui « savent » ce qu’il faut à ces sans-abri et trouvent les douches trop luxueuses pour eux… Et lorsque finalement le projet est accepté, c’est avec des conditions : Le bâtiment devra être vitré, transparent… Parce que ceux qui sont dans la misère ne sont pas libres ? Pourquoi ? Parce qu’ils font peur bien sûr, parce qu’ils échappent à la compréhension. Et sans doute aussi que chacun peut y plonger très vite, du jour au lendemain. Catherine Leenhardt

C’est sûr qu’il y a eu un travail de scénarisation même si en même temps, nous étions obligés de suivre une certaine réalité. Heureusement qu’il y avait cette course dramatique de la réalité que nous pouvions accentuer et sur laquelle nous pouvions ajouter de petites histoires d’autres personnages. De même, le montage a permis aussi de mettre en avant cette dynamique.

Effi, Extrait d’un entretien de Bertrand Gevart et Fred Arends pour energie.be / Mai 2018

Effi Weiss & Amir Borenstein, nés en Israël et installés à Bruxelles depuis environ 15 ans, sont un duo d’artistes qui travaillent ensemble depuis 1999. Artistes visuels, leur travail conjugue différentes disciplines comme la vidéo, les installations et des projets participatifs… Leurs œuvres sont diffusées dans des musées, des centres d’art contemporain et festivals. En dehors de leurs projets communs, ils collaborent aussi avec d’autres artistes en tant que monteurs, preneurs d’images et créateurs d’effets visuels. Enfin, ils animent de par le monde des ateliers et workshops avec des publics de toutes origines. Leur premier film, Deux fois le même fleuve (2013) – lauréat du Prix des auteurs de la SCAM – nous conduit sur les rives du Jourdain, à la rencontre de touristes israéliens et pose la question de l’appartenance à une terre. Sous la douche, le ciel est leur second long-métrage documentaire.

sous La DouCHe, Le CieL


stIll recOrDIng

Saeed Al Batal & Ghiath Ayoub

| 2018 | 2h08mn | Liban, France, Allemagne | Production : Films de Force Majeure, Blinker Filmproduktion Arizona Distribution

Voici un document exceptionnel, un témoignage brut, résultat du montage de 450 heures de rushes tournés dans la Ghouta orientale entre 2011 et 2015. Saeed et Milad sont étudiants à Damas, l’un suit des études d’ingénieur, l’autre est aux Beaux-Arts. Quand la révolution syrienne commence, ils décident de quitter le confort de la capitale sous contrôle du régime, pour rejoindre Douma, la banlieue proche libérée par les rebelles. C’est l’enthousiasme du début de la révolution. Ils veulent y participer en créant un réseau de filmeurs, rapportant des images qu’ils publient sur le Net.

Ce film, présenté dans de nombreux festivals internationaux, est récipiendaire de 5 prix au Festival international de Venise 2019, dont le Prix du public, le Prix FIPRESCI (Fédération Internationale de la Critique Cinématographique) et le Prix de la meilleure réalisation technique, décerné par des membres du Syndicat de la critique de film Italienne. « Still Recording » a aussi reçu, en autres, les prix suivants : Prix du meilleur film, Festival Internacional de Cine Valdivia (Chili) / Mention Spéciale, JIHLAVA 2018 – Festival international du documentaire de Jihlava (République Tchèque) / Meilleur Film Festival international du film de Valdivia 2018 (Chili).

Still Recording est traversé par la conviction folle mais magnifique que l’art peut recréer les liens que la guerre fait voler en éclats Marie-Pierre Brêtas - Cinéaste

Film de tous les extrêmes, de tous les antagonismes, non pas réconciliés, mais réunis par séquences, tenus miraculeusement ensemble. Jacques Mandelbaum - Le Monde / Mars 2019

Le film commence par une leçon de cinéma donnée par Saeed à un groupe de volontaires : « Trouvez le moment-clé pour commencer à filmer. Sachez pourquoi vous avez une caméra entre les mains. Une fois que vous savez pourquoi, le reste ira tout seul. » Les deux amis vont suivre les combats mais aussi le retour à leur vie normale et festive d’étudiants. Le contraste est saisissant. En quatre ans, ils assistent à l’exaltation des premières victoires puis au début de la désillusion et à la colère contre l’incompétence des commandants et la désorganisation de l’armée révolutionnaire. « Pourquoi tu filmes ? » demande un jeune soldat au cameraman. Par ses images mais aussi par toutes les interrogations qu’il soulève, le film entier apporte une réponse à cette question. Filmer pour lutter contre l’oubli du monde entier. Filmer pour montrer la destruction totale d’une ville par l’armée de son gouvernement, le siège interminable et la survie dans les caves et les tunnels. Filmer pour témoigner des combats et du courage des habitants qui se débrouillent sans électricité, sans nourriture, sans maison. Filmer pour continuer à vivre et à faire ce que l’on sait faire, comme cet athlète qui défie les bombes et s’entraîne dans les rues dévastées. Mais aussi filmer pour être là où on doit être. Pour ne pas sombrer face à la tragédie. Pour résister à la souffrance, à l’horreur et à l’absurdité de la guerre. Filmer pour conjurer la mort. Et continuer à rire, malgré tout, vivre sa jeunesse avec l’art comme rempart à la folie destructrice. Laurence Barrau

L’image est la dernière ligne de défense contre le temps.

Saeed Al Batal, né à Tartous en Syrie, est un jeune journaliste, photographe et cinéaste. Il anime de nombreux stages de photographie et de reportage. Reporter radio sur le conflit syrien pour des agences et institutions à travers le monde, Il est l’un des fondateurs de la galerie en ligne Sam Lenses et du projet Humans of Syria. Il a travaillé comme journaliste pour des radios telles que NPR et Denmark Radio (DR). Auteur de plusieurs publications sur la politique de Syrie et sur le cinéma, il est également réalisateur de courts-métrages et des clips vidéo.

Saeed Al Batal

Ghiath Ayoub, né à Yabrod en Syrie, étudiant à la faculté des Beaux-Arts de Damas (2013), est cinéaste, graphiste, vidéaste, monteur son, scénographe au théâtre. Il a enseigné l’éducation à l’image et l’art-thérapie aux enfants réfugiés dans les ONGs du Liban. Fondateur de AlMashghal 51, un atelier ouvert pour les artistes à Beyrouth. Il a participé à Humans of Syria, en tant que graphiste et en réalisant des courts-métrages, présentés en ligne et dans des lieux d’expositions à travers le monde.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Arabe

stiLL ReCoRDing

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Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

sssssssssss en partenariat avec

ATELIER- RENCONTRE Séance organisée avec le soutien de la Cinémathèque du Documentaire

Mini-séries documentaires web-tv Avec le développement d’internet, de nouveau usages apparaissent et donc de nouvelles offres audiovisuelles. Du « phénomène » Netflix au défi de « Tënk », le documentaire trouve, lui aussi, sa place sur les nouveaux médias. Parallèlement, les chaînes de télévision traditionnelles se sont adaptées en développant une véritable offre alternative au flux de diffusion en temps réel pour ceux qui préfèrent le Replay aux horaires imposés, les écrans mobiles à la petite lucarne. Cet espace web est un terrain d’expérimentation pour de nouveaux formats qui n’auraient pas trouvé leur place sur les antennes. A l’ère de la télévision 2.0, une offre de mini-séries documentaires, entièrement destinées à la diffusion web, est maintenant disponible et trouve son public sur différentes plateformes dédiées. La région Occitanie soutient la création de ces programmes. Deux projets, l’un réalisé (Les petites gouttes de Pauline Antipot) et l’autre en cours (Amateurs d’ordres, sur une initiative de Matthijs Gardenier) sont présentés dans cette rencontre professionnelle.

amateurs d’ordres

Les petites gouttes

est encore en cours de développement. Sur une initiative de Matthijs Gardenier, cette série interroge un phénomène que les sociologues appellent le « vigilantisme » : quand de simples citoyens décident d’assurer la « sécurité » à la place des pouvoirs publics. L’initiative avait bénéficié d’un financement participatif en 2016 dans le cadre de ce festival. Ce projet a, depuis, obtenu le soutien au développement de la Région Occitanie et du CNC. Après un retour en écriture et la réalisation d’un épisode « pilote » sur des Voisins Vigilants à Valras, il est actuellement en commission afin d’obtenir le soutien d’un diffuseur. Matthijs Gardenier présentera le pilote et expliquera le cheminement de ce projet depuis sa présentation à Lasalle en 2016.

écrite et réalisée par Pauline Antipot, est en 7 épisodes de 6 à 11 minutes. Cette série s’intéresse à ces trentenaires qui décident, comme elle, de tout plaquer pour vivre le travail autrement. Nous présenterons dans cet atelier trois épisodes que la réalisatrice commentera. Elle expliquera comment son projet est né, comment il est devenu réalité et quel succès il rencontre en ligne sur la plate-forme de France Télévisions.

Nathalie Degouzon

Séance animée par

chargée de programmation, Languedoc-Roussillon Cinéma

Acronyme Films est une société de production fondée en 2014 par quatre jeunes professionnels. Elle a comme ambition d’utiliser les outils du cinéma pour révéler ce qui est invisibilisé. En effet, de nos jours beaucoup de phénomènes, de catégories sociales sont occultés ou représentés de manière totalement déformée par notre société. Notre démarche de production est d’aller au plus près, sur le terrain et de montrer ces réalités ensevelies, que ce soit en utilisant le documentaire ou la fiction. Par ailleurs, nous mettons un point d’honneur à avoir une démarche exigeante, en termes d’image, de montage, mais aussi de gestion de projet.

Pauline Antipote / Des nouvelles écritures aux serious game en passant par la réalisation de documentaire ou d’émissions de télévision diffusées en direct sur internet, Pauline place l’humain au centre de ses réflexions et utilise le numérique pour expérimenter, raconter le monde qui nous entoure, éveiller les curiosités et créer du lien.

RenContRe pRoFessionneLLe / LangueDoC-RoussiLLon CinéMa


the pOetess

Stefanie Brockhaus & Andreas Wolff

| 2017 | 1h28mn | Allemagne | Production : Brockhaus/Wolff GbR - Cat & Docs distribution

Hissa décide de braver des millions d’hommes rassemblés derrière leurs écrans pour « Poète d’un million », le grand show télévisé du meilleur poète de tous les pays arabes ; jusque-là, masculin.

Prix Fondation Norbert Daldrop, SWR Doku Festival 2018 (Stuttgart Allemagne)

J’ai vu le diable dans les yeux des fatwas radicales, en ces temps où se confond ce qui est autorisé et ce qui est interdit. Lorsque je révèle la vérité, surgit de là où il était caché, un monstre aux pensées et aux actions barbares, aveugle et plein de colère, qui arbore la mort comme vêtement ceint d’une écharpe. Il discourt tout puissant, au sommet d’une estrade officielle, il terrorise le peuple et persécute quiconque recherche la justice ; les voix courageuses s’enfuient et la vérité est écartée et soumise au silence, lorsque l’intérêt de chacun l’empêche de la nommer. Extrait «The Chaos of Fatwas», Hissa Hilal

Andreas Wolff, réalisateur, est né en Allemagne. Professionnel de la planche à voile à l’âge de 17 ans, il s’est classé parmi les meilleurs compétiteurs lors de diverses coupes du monde. Dans ce cadre, il a produit des articles de magazine et de nombreux reportages. Dix ans plus tard, il a travaillé comme assistant sur des plateaux de tournage en Allemagne et en France et étudié à l’Université de Californie du Sud à Los Angeles et au College of television and film de Munich où il obtient son diplôme en réalisation documentaire. Son premier long-métrage On the other side of life (2010), coréalisé avec Stefanie Brockhaus, a été récompensé de plusieurs prix ainsi que son deuxième long-métrage, coréalisé avec Andy Wolff, The Captain and his Pirate (2013). Stefanie Brockhaus,réalisatrice et productrice, est née à Munich, en Allemagne. En 2002, elle obtient un BA en réalisation de film de la University of the Arts de Londres. Son premier court-métrage Jam (2003) a été projeté au MOMA de New York. Plus tard, elle a étudié au College of television and film de Munich, où elle s’est spécialisée dans la réalisation de documentaires. Son premier longmétrage On the other side of life (2010), coréalisé avec Stefanie Brockhaus, a été suivi de Some Things Are Hard To Talk About (2017). Son prochain fim documentaire, The Child in Me, est en cours de production.

D’origine bédouine, la candidate, dont on ne voit que les yeux délicatement soulignés au khôl, tente sa chance malgré les interdits qui enferment les femmes en Arabie saoudite, son pays. Elle se souvient de sa mère dont elle a appris les poèmes nabati qui pose dans le désert, la tête au vent sauf quand le soleil brûle. Mais c’est avant l’attaque de La Mecque en 1979 par des fondamentalistes critiques de l’influence occidentale sur les mœurs. La monarchie Al Saoud prend peur et, pour calmer les religieux, elle leur laisse l’éducation, les médias, la culture. Peu à peu, les femmes – même très jeunes – sont retirées de l’espace public. La grille théologique autorise le contrôle de la vie quotidienne par la terreur. L’homme de la rue devient une abstraction comptable mesurée au nombre de fois où il se rend à la mosquée, au nombre de prières accomplies, à ce qu’il porte, au cloisonnement de la mixité chez lui... Hissa décide de dénoncer ces problèmes-là. Arrivée à la demi-finale, elle se lance devant toutes les caméras contre la fatwa d’un religieux célèbre qui prône la haine. La charge de la poétesse passe presque inaperçue jusqu’à ce qu’un journaliste la relate dans un papier. C’est l’explosion. Les médias arabes conspuent une femme qui ose affronter sa société par le verbe. Cette onde de choc arrive aux TV internationales qui font leur Une sur l’héroïne couverte de son voile intégral noir, debout en terre masculine ! The show must go on. La rebelle en noir reste en lice pour la finale, avec quatre « chevaliers » en blanc brillant. Elle sait que si elle gagne, elle apportera la scoumoune aux perdants qui devront s’effacer devant une femme ! Ils seront la risée de tous. Que va-t-elle être en mesure de renverser ? Eliane de Latour

L’obtention du visa a pris un an [...]. Le film est resté en jachère pendant près de quatre ans car nous ne pouvions pas entrer dans le pays, et il a fallu une éternité pour obtenir l’autorisation de filmer là-bas.

Stefanie Brockhaus & Andreas Wolff - Extrait d’un entretien réalisé par Philipp Jedicke Deutsche Welle / Mai 2018

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Arabe

tHe poetess

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When the War cOMes Jan Gebert

| 2018 | 1h16mn | République Tchèque, Croatie | Pink production - Cat & Docs distribution

Le groupe paramilitaire les « Slovenski Branci » s’impose peu à peu dans le paysage politique slovaque par la volonté de Peter Svreck, jeune chef ambitieux au pouvoir personnel affirmé. Persuadé qu’il est le leader charismatique qu’il faut à la jeunesse de son pays, il forme ses troupes au respect de la hiérarchie dans la perspective d’exercer un jour le pouvoir.

Meilleur Film documentaire - LET’S CEE Film Festival 2018 (Autriche) /Meilleur Documentaire du concours d’Europe centrale et orientale, Astra Film Festival 2018 (Roumanie)

S’il est un thème récurrent dans le documentaire européen ces derniers temps, et il risque de le rester encore plusieurs années, c’est la montée de l’Extrême droite et de l’idéologie nazie, ni plus ni moins, au cœur du Vieux Continent. Le sujet est inévitablement lié à de nombreux films qui n’évoquent pas directement ce phénomène, comme les documentaires sur la crise des réfugiés, ou n’importe quel documentaire qui a une approche un tant soit peu politique, mais le premier long-métrage de Jan Gebert, When the War Comes, l’aborde de la manière la plus directe et concrète qui soit. Vladan Petkovic - Cineuropa / Février 2018

Moyenne d’âge des recrues : 20 à 23 ans. Activité principale : maniement des armes (armes de poings, mitraillettes, etc. désactivées mais bien réelles, parachutages, camouflages, techniques de survie) dans la profondeur des forêts slovaques. Activités secondaires : tentative d’endoctrinement des enfants d’une école, manifestations dites culturelles, avec à la clef un appel aux valeurs nationalistes, identitaires, centrées sur la haine des réfugiés – musulmans en particulier – accusés de menacer la sécurité des habitants sous l’œil bienveillant des autorités. Farouchement opposé au libéralisme européen, soutenu par Poutine dont les Cosaques lui offrent une formation militaire, nostalgique de l’État slovaque clérical de Josef Tiso inféodé à Hitler, Peter Svreck veut imposer l’image de ses recrues défilant au pas dans les rues, hissant les couleurs, prêtant main forte à des groupes folkloriques comme de bons petits scouts, Il s’adresse volontiers aux mères de familles qu’il cherche à convaincre de leur caractère non belliciste, même si la conquête de nouveaux territoires fait partie de son programme. Habitué des medias cet étudiant en archéologie de 20 ans se fait remarquer par son élégance vestimentaire, son calme, son amabilité. Caractère particulier : il apprécie les situation difficiles desquelles il se sort toujours, aussi glissant qu’une anguille. Sa tactique : se maintenir dans la légalité pour ne pas se faire barrer la route par les autorités qui, bien qu’elles soient conscientes du danger que ce groupe représente, ne dispose pas de l’arsenal législatif pour le contrer. Catherine Leenhardt

Ce qu’ils font n’est pas illégal. De plus, cette milice n’est officiellement enregistrée nulle part, elle n’existe donc pas de facto. La police la surveille et lui envoie parfois un avertissement. C’est une des raisons pour lesquelles elle ne cesse de se renforcer et de s’immiscer dans la société.

Jan Gebert

Jan Gebert, né à Prague, est journaliste et cinéaste. Il est diplômé en histoire et en études latino-américaines de l’Université Charles de Prague. Il a également étudié en Espagne, aux États-Unis et au Mexique. En 2007, il a reçu le prix du Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés et en 2008, le prix de l’Union européenne « Journaliste pour la diversité, contre la discrimination ». Son premier film, Stone Games (2012), a été présenté au Jihlava IDFF et a reçu un prix spécial du jury.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Slovaque

WHen tHe WaR CoMes


the Way Back

Dimitri Petrovic & Maxime Jennes | 2019 | 1h06mn | Belgique | Les Meutes production / distribution

En 2015, Hussein a connu le voyage chaotique des milliers de migrants parti d’Irak. Un an après son arrivée à Bruxelles, Hussein a reconstruit sa vie. Musicien professionnel, il donne des concerts, enregistre des albums, a monté son groupe musical, les « Nawaris ». Il obtient enfin un titre de séjour. Il décide de repartir avec sa compagne dans le sens inverse de la route de sa migration. Juliette est enceinte, le documentaire devient un journal à destination de la petite fille qui va naitre. Prix SCAM du Meilleur scénario, Millenium Documentary Film Festival (Bruxelles - Belgique)

Pour nous, à travers les étapes de ce road movie autobiographique, c’est toute la complexité de la migration en Europe qui se dévoile. Si à l’aller parcourir les milliers de kilomètres a été périlleux, le voyage de retour n’est pas simple pour Hussein. La législation, différente au sein de l’Union Européenne, ne lui permet pas de se déplacer comme le ferait un touriste belge. En route vers Athènes, Juliette et Hussein donnent la parole à des migrants, des policiers, des habitants ... des passeurs. Chaque rencontre est l’occasion de grands moments d’humanité. Ce n’est plus seulement l’histoire d’Hussein qui est raconté, mais un visage, des paroles, des sentiments qui sont donnés aux migrants. Ceux-ci confient leurs espoirs, leurs désirs ... mais aussi leurs désillusions et leur détresse. Même si les situations sont souvent douloureuses, désespérées, absurdes, Hussein et Juliette réagissent avec humour et avec l’aide de la musique.

Un hymne à la vie bien plus forte que l’exil forcé. Lucien Halflants - Cinerge.be / Mars 2019

Le documentaire est ainsi ponctué de magnifiques moments poétique, quand le duo de musiciens, lui au oud (un luth oriental), elle à la contrebasse, se mettent a jouer. C’est alors l’espoir et l’optimisme qui éclaire les murailles de la forteresse européenne. Chistophe Chaunac

L’Europe n’a-t-elle vraiment pas les moyens de gérer l’afflux de migrants ? Assistons-nous réellement à une crise migratoire ou plus simplement à une crise de l’Europe ? Dimitri Petrovic & Maxime Jennes

Dimitri Petrovic, Belge d’origine serbe, a grandi à Bruxelles, où il intègre une École de cinéma. Réalisateur et vidéaste, il réalise en 2013 son premier long-métrage Gesù Squat, qui retrace l’aventure menée par une communauté qui a investi illégalement l’ancien couvent du Gesù à Bruxelles, considéré alors comme le squat le plus important d’Europe. En 2014, il réalise Exil, court-métrage de fiction. Avec The Way back, Dimitri Petrovic poursuit une réflexion sensible sur l’exil.

P R E M I E R L O N G - M É T R A G E D O C U M E N TA I R E

Maxime Jennes, après des études à Bruxelles en Technique de l’image, et en communication et des médias, travaille comme chef opérateur et technicien sur de nombreux clips vidéo, courts et longs-métrages documentaires et de fiction.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Arabe, Français

tHe WaY BaCk

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Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

TABLE RONDE

Carte blanche à l’I.R.I.S / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux

« l’IntIMe et le pOlItIqUe »

Cette table ronde est dédiée à la question du pouvoir politique, mais à partir de son retentissement dans nos vies singulières. La sphère de l’intériorité porte lumière et témoignage sur notre époque, notre société, sur les mécanismes de la domination comme ceux de la liberté individuelle. Émotions et sentiments, souvent occultés dans les sciences humaines, ont un rôle central dans les manières de sans cesse redéfinir nos conditions d’existence à partir de choix personnels et à partir des injonctions qui nous impliquent de fait. Comment s’articulent sphères publiques et sphères privées ? Comment évoluent les registres qui justifient leurs séparations et les zones de silence ? Comment l’intime devient-il un point d’application du pouvoir et un lieu de résistance ? Sociologues, anthropologues et historiens aborderont ensemble ces questions autour d’une table ronde où chacun est convié. Chowra Makaremi

En présence de t

Marc Bessin /Sociologue t

Hélène Bretin /Sociologue t

Anouche Kuntz /Historienne t

Chowra Makaremi /Anthropologue t

Régis Schlagdenhauffen /Sociologue

taBLe RonDe


carte blanche Sur une proposition originale d’Eliane de Latour

Pour la troisième fois cette année, DOC-Cévennes ouvre une fenêtre sur la recherche en sciences humaines, et invite le public à entrer dans les coulisses d’un laboratoire et de ses questionnements. L’IRIS réunit une soixantaine de chercheurs et plus de cent doctorants. Leurs travaux explorent les enjeux sociaux, politiques et moraux des sociétés contemporaines.

Quatre chercheurs du CNRS sont invités à parler de leurs travaux à travers un film de leur choix dont ils ne sont pas les auteurs et qui entre en résonnance avec leurs recherches. Le public est invité à discuter avec eux sur des questions aussi variées que : Anouche Kunth - Questionner les génocides et les violences étatiques à travers leurs retentissements sur les vies individuelles et familiales. Hélène Bretin - L’articulation de la santé, du travail et de l’emploi, comment les effets de la soustraitance, de la formation initiale, des conditions de travail, conduisent à des processus d’exclusion professionnelle ? Marc Bessin - Quels sont les enjeux des politiques du « care » : pratiques d’accompagnement et de soins envisagées dans leurs dimensions à la fois morales et pratiques ? Régis Schlagdenhauffen - Des victimes homosexuelles du nazisme aux enjeux contemporains de genre : comment la fabrique des identités sexuelles prennent corps dans la judiciarisation du monde social ? Les séances sont modérées par Chowra Makaremi, chargée de recherche au CNRS.

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aU nOM DU pÈre, De tOUs, DU cIel Marie-Violaine Brincard

| 2010 | 52mn | France | Les Films du Sud production/distribution

Ce film est présenté par Annouche Kunth historienne à l’IRIS, chargée de recherche au CNRS

Prix des Longs-métrages, Chroma 2010 (Le Mans - France) / Mention spéciale du jury Signis, Festival Lumières d’Afrique 2010 (Besançon France) / Mention spéciale,QUINTESSENCE – Festival International du Film de Ouidah 2011 – (Benin)

Un film qui est avant tout une façon d’opposer un projet de vie au projet d’anéantissement des génocidaires.

Plus d’un siècle après sa perpétration en 1915-1916, l’étude du génocide des Arméniens ottomans s’accomplit désormais en l’absence de tout témoin direct. Mon travail d’historienne sur cet événement se construit en dialogue avec des chercheurs traitant de crimes de même nature, ce qui me conduit notamment à effectuer des séjours d’étude au Rwanda. Sur place, la réalité du génocide des Tutsi, commis d’avril à juillet 1994, se dévoile au cœur de la vie quotidienne : au cours de rencontres avec des rescapés, dans les villages où des ruines sont encore visibles, à flanc de colline où des charniers sont régulièrement exhumés, au détour d’une route où se dresse un mémorial. Réalisé en 2010, Au nom du Père, de tous, du Ciel aborde le génocide des Tutsi du Rwanda depuis les failles du processus meurtrier. Ces failles, ce sont ici les actes de bravoure que des hommes et des femmes hutu ont mis en œuvre, au péril de leur propre vie, pour sauver des Tutsi en fuite. Rencontrés dans les provinces reculées de l’est du pays, ils exposent sans forfanterie leurs gestes secourables, les cachettes trouvées, les ruses déployées au fil des jours. Ils racontent aussi la peur de mourir avec leurs protégés, sous les coups des miliciens ou des voisins changés en tueurs. Leurs portraits donnent à méditer la valeur d’un humanisme entré en résistance face aux transgressions inouies de la mort de masse. Documenter un génocide par ses fragiles mises en échec ne revient pas à en émousser la charge de violence. L’observation des infimes interstices de la survie permet, au contraire, de mieux comprendre l’implacabilité des logiques et mécanismes destructeurs.

Boubacar Boris Diop - Romancier et essayiste

Anouche Kunth

Chacun des témoignages est entrecoupé de longs plans larges sur le fleuve, les paysages de campagne. La vie paisible après l’horreur. Même si rien ne sera plus jamais pareil. Véronique Cauhapé - le Monde / Mars 2010

Marie-Violaine Brincard est agrégée de lettres modernes et diplômée d’un master II de réalisation audiovisuelle. Ses projets s’inscrivent dans une démarche politique et esthétique analogue : proposer un espace de visibilité à ceux qui n’en ont pas. Après son premier long-métrage documentaire, Au nom du Père, de tous, du ciel, elle coréalise avec Olivier Dury (réalisateur, entre autres de Mirages, diffusé à Lasalle en 2010) Si j’existe, je ne suis pas un autre (2013), puis L’homme qui penche (2017)

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Rwandais - Anglais

au noM Du pÈRe, De tous, Du CieL


entre nOs MaIns Mariana Otero

| 2010 | 1h27mn | France | Production : Archipel 33 - Diaphane distribution

Ce film est présenté par Hélène Bretin sociologue à l’IRIS, maîtresse de conférences à l’Université Paris 13 Entre nos mains raconte un projet qui prend corps dans une entreprise de lingerie féminine en liquidation. L’idée d’un destin moins funeste a émergé : la reprise en coopérative par les salarié.e.s. Mariana Otero suit pas à pas les aventures du collectif qui se découvre grâce et avec le projet qu’il porte. Elle filme au plus près des salarié.e.s qui, au gré du travail, partagent leurs réflexions, dévoilent aussi leur for intérieur. Elle filme ce que l’on ne voit jamais : l’intime d’une émancipation possible, vécue au cœur de l’entreprise. Elle saisit la construction d’abord fragile d’une conviction : convaincre et se convaincre que l’on peut prendre en main le destin de l’entreprise, son destin. C’est un modèle démocratique d’entreprise exigeant et enthousiasmant pour celles et ceux qui se lancent dans le projet et la « révolution » qu’il annonce : chaque salarié qui participe au capital comptera pour une voix, tous à égalité dans les décisions stratégiques. Dans un élan où l’émotion et l’humour ont droit de cité […] la réalisatrice nous livre un revigorant film choral. Y-T - Positif / Octobre 2010

Entre les mains de Mariana Otero, le Cinéma se porte superbement, fruit mûr d’un rapport sensible au monde et de sa mise en forme. Serge Kaganski - Les Inrockuptibles / Octobre 2010

Ce qui aurait pu n’être qu’une simple plongée documentaire devient, au-delà de la fable humaine, un polar social. Isabelle Danel - Première / Octobre 2010

En quoi et jusqu’à quel point cela peut-il transformer les rapports sociaux au travail et en dehors du travail ? Pour m’être intéressée au travail d’un point de vue sociologique, ce qui me frappe ici c’est combien le film révèle la résistance des formes concrètes du rapport salarial que le projet de scop vise à transformer (sinon subvertir). Division sociale et sexuelle du travail, division des espaces de production, administration surplombant les ateliers de fabrication et le conditionnement, pouvoir du patron … le projet de scop, c’est aussi la rencontre inédite du monde d’en haut et du monde d’en bas, avec ce que cela implique et que pointent les ouvrières : inégalité des savoirs et des compétences, nécessité d’une confiance réciproque, besoin de partage des informations. Filmer le projet ne répond pas à la question posée plus haut mais montre des pistes en pointant formidablement ce qui est en jeu : l’engagement et le sens du travail au quotidien. Hélène Bretin

Mariana Otero, après des études de cinéma à l’IDHEC, réalise plusieurs films pour Arte dont La loi du collège qui deviendra le premier feuilleton documentaire de la chaîne. Après avoir vécu au Portugal pendant 5 ans, où elle réalise Cette télévision est la vôtre qui dévoile le fonctionnement de la plus grande télévision commerciale du pays, la SIC, et qui créera une énorme polémique. Elle revient en France en 2000 et réalise alors plusieurs documentaires pour le cinéma. Par ailleurs, elle enseigne aux Ateliers Varan dont elle est membre depuis 2000, à la Fémis, à l’Université de Paris Jussieu, au Créadoc (Université de Poitiers/ Angoulême) où elle a été responsable du Master 2 Documentaire de Création pendant six ans (2006-2012), à l’ECAL (Lausanne)… Elle est membre de l’Acid dont elle a été co-présidente de 2010 à 2012. Filmographie sélective 2013 - A ciel ouvert / 2010 - Entre nos mains 2001 - Nous voulons un autre monde 2003 - Histoire d’un secret (diffusé à Lasalle en 2008) 1997 - Cette télévision est la vôtre (diffusé à Lasalle en 2005) 1994 - La loi du collège (feuilleton documentaire en 6 épisodes de 28’ ) (diffusé à Lasalle en 2002) / 1991- Non-Lieux

entRe nos Mains

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les arrIVants

Claudine Bories & Patrice Chagnard

| 2010 | 1h53mn | France | Production/distribution : Les Films d’ici, AMIP

Ce film est présenté par Marc Bessin, sociologue à l’IIRIS, directeur de recherche au CNRS, HDR Juchés sur un camion dans la nuit, des Sri lankais ou Bangladeshis entourent précautionneusement le majestueux éléphant qu’ils vont célébrer pour leur apporter dignité et pouvoir. Ils arrivent dans la ville. Point d’invasion, la fête qu’ils préparent suscitera la curiosité des Parisiens avides de folklore. Et pourtant, dès lors qu’ils débarquent en France, les étrangers ne cessent de devoir justifier leur présence en France. Grand Prix, Dok Fest 2010 – Festival international de films documentaires (Munich - Allemagne) - Colombe d’Or Prix Ver.di des syndicats de la presse et des médias / Prix du jury œcuménique DOK Leipzig 2009 – Festival international du film documentaire et du film d’animation de Leipzig – (Allemagne) / Meilleur film, Watch Docs. Human Rights in Film 2009 – Festival international de Films - Varsovie - Pologne)

Ce documentaire d’une force inouïe […] plonge le spectateur au cœur d’une réalité bien souvent fantasmée et méconnue. Arnaud Schwartz - La Croix / Avril 2010

C’est un film politique, social, humanitaire, du point de vue des affamés et de leurs hôtes potentiels. Un film humain. Jean-Luc Douin - Le Monde / Avril 2010

En descendant dans l’arène, le film nous conduit au seuil de nos propres réflexes de peur et de rejet mais, en donnant épaisseur aux expériences souvent hors du commun des migrants, il rend force et sens à la notion exigeante d’hospitalité.

Les arrivants porte sur une structure d’accueil de familles demandeuses d’asile. Le film montre le quotidien du travail social de Caroline et Colette, chargées d’accompagner des étrangers qui ne comprennent pas le français et qui devront livrer un récit crédible à l’administration pour obtenir leur statut de réfugiés. Elles n’ont pas de pouvoir, très peu de moyens, et beaucoup de bonne volonté. S’épuisant à trouver un interprète ou des tickets d’alimentation, on les voit s’affairer et s’épuiser, parfois au point de craquer, reportant la colère que leur inspire leur impuissance sur les pauvres familles hagardes. Ces mères qui allaitent les bébés, ces pères qui rassemblent les papiers, ces enfants qui patientent sagement, resplendissent de dignité, alors qu’elles attendent, reviennent, traversent Paris pour trouver à manger, sont envoyées d’un hôtel miteux à un autre… On s’attache vite à ces familles venues du Sri Lanka, de Mongolie, d’Érythrée et d’ailleurs, qui viennent sans cesse déstabiliser les assistantes sociales chargées d’endiguer le flot de détresses et de répondre aux besoins les plus urgents. Faisant écho à mes recherches sur le care et les pratiques de soins, ce film sur l’accompagnement social devant les détresses et les espoirs de ces familles nous livre un face à face touchant et humain. Marc Bessin

Didier Péron - Libération / Avril 2010

Claudine Bories, réalisatrice française, a d’abord été comédienne et a participé à l’aventure du théâtre populaire initiée par Jean Vilar. C’est après son deuxième film, Juliette du côté des hommes (1981) sélectionné au festival de Cannes, qu’elle se consacre à la réalisation de nombreux films documentaires dont : Monsieur contre Madame (1999) ; Les femmes des douze frontières (2003) ainsi qu’un long métrage de fiction La fille du magicien (1990). Entre 1990 et 2002, elle dirige « Périphérie », un centre de création dédié au documentaire et y crée les « Rencontres du cinéma documentaire ». Patrice Chagnard, réalisateur français, après des études de philosophie, part pendant quatre ans en Orient, une expérience qui marquera profondément son œuvre. Ses premiers films, dont Quelque chose de l’Arbre, du Fleuve et du Cri du Peuple, (1980) se rapportent aux luttes paysannes. Puis, c’est vers la pensée orientale qu’il se tourne, avec Zen, le souffle nu (1985) et Swamiji, un voyage intérieur (1984). Claudine Bories & Patrice Chagnard se rencontrent en 1994 à l’Association des cinéastes documentaristes (Addoc). Cela marque une étape importante dans leur travail, et dès 1995, ils collaborent aux films l’un de l’autre. Pour eux, « Filmer, pour nous c’est d’abord prendre parti. Et prendre parti, c’est toujours et encore choisir. »

Les aRRiVants


les InVIsIBles Sébastien Lifshitz

| 2012 | 1h30mn | France | Zadig Films production - Advitam distribution

Ce film est présenté par Régis Schlagdenhauffen maître de conférence en socio-histoire à l’EHESS-IRIS

★César 2013 du Meilleur film documentaire

Etoile d’or 2013 du meilleur film documentaire, prix décerné par l’ensemble de la presse / Étoile de la Scam 2015

[Un] documentaire dense, intelligent et drôle.

Damien Aubel - Transfuge / Décembre 2012

Un documentaire beau et bouleversant […]. Bien que porté par un propos militant, Les Invisibles est avant tout un magnifique film sur l’amour. Iris Brey - Les Fiches du Cinéma

Le cinéaste croise avec délicatesse des témoignages émouvants et rieurs. Guillemette Odicino - Télérama / Novembre 2012

Sébastien Lifshitz, cinéaste et scénariste français, né à Paris, travaille dès 1990, après des études d’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre, dans le milieu de l’art contemporain, En 1994, il réalise son premier court-métrage, Il faut que je l’aime. Suivront plusieurs films, parmi lesquels Claire Denis, la vagabonde (1995), Les Corps ouverts (1998), moyen-métrage de fiction qui renouvelle le récit d’initiation sentimentale, Prix Jean Vigo et Prix Kodak ; Presque rien (2000), long-métrage de fiction qui, par-delà l’homosexualité, interroge l’amour ; La Traversée (2001), road movie documentaire dans lequel le réalisateur accompagne son co-scénariste et ami Stéphane Bouquet dans sa recherche d’un père américain, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs ; Wild Side (2004), fiction qui met délicatement en scène une utopie amoureuse, Teddy Award au festival de Berlin ; Les Invisibles (2012) ; Bambi (2013), portrait intimiste de l’une des premières transsexuelles françaises, Teddy Award du meilleur film documentaire au Festival de Berlin. En 2016, il filme les derniers jours de la militante Thérèse Clerc dans Les Vies De Thérèse, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes 2016 et Queer Palm du 69e Festival de Cannes. Sébastien Lifshitz, photographe avant de devenir cinéaste, a constitué un fonds de clichés consacré aux “invisibles”, amorcé dans les années 1980. Cette collection a fait l’objet de plusieurs expositions notamment aux Rencontres de la photographie d’Arles (2016). À travers ses films, Sébastien Lifshitz observe avec justesse et délicatesse la complexité de la France contemporaine, et nous questionne plus largement sur la notion de liberté.

Peut-on être vieux ou vieille et homosexuel(le) ? Telle pourrait être la question centrale de ce documentaire de Sébastien Lifshitz. Le réalisateur s’est employé pendant plus deux ans à recueillir à travers villes et campagnes la parole d’hommes et de femmes prêts à nous faire partager l’expérience de leur vie face à la caméra. Hormis ce point commun qu’est leur orientation sexuelle, toutes et tous ont vécu des trajectoires différentes marquées par l’acceptation et le rejet, le célibat et les histoires passagères ou le partage d’une vie de famille. À travers ces témoignages et ces portraits exceptionnels, c’est l’histoire de l’évolution des mentalités et de l’acceptation sociale de l’homosexualité, tant masculine que féminine, qui est restituée. Ce film émouvant questionne l’acceptation de soi et la reconnaissance sociale de la différence, exacerbée par l’avancée en âge. Les 10 portraits de ce documentaire sont pleins d’émotion, d’humour et de tendresse. Ils nous confirment que l’amour n’a pas d’âge mais aussi que pour aimer et être aimé, il faut parfois en payer le prix, quitte à tout laisser tomber, quitte à se battre contre ses proches voire contre la société. En arrière-plan c’est donc une histoire, celle de la lente et longue acceptation des homosexuels en France qui nous est restituée à travers des trajectoires uniques mais néanmoins toutes marquées par une commune passion de la vie. Au final, par la force du témoignage, ce documentaire pose une question essentielle, celle de la place qu’accorde notre société aux personnes âgées homosexuelles. Régis Schlagdenhauffen

Je voulais raconter l’évolution de la société française, depuis l’après-guerre jusqu’à aujourd’hui, en me basant sur la vie d’homosexuels. Les minorités sont des groupes extrêmement intéressants pour raconter les valeurs d’une époque. Leur rejet comme leur acceptation nous révèle la morale et le degré de tolérance de la population dans son ensemble. Sébastien Lifshitz, Extrait d’un entretien de Louise ad-vitam pour L’Obs / Octobre 2012

Les inVisiBLes

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Focus CHINE Trois visages de la Chine dans ce Focus Chine 2019 qui présente des points de vue différents de cet immense pays. Trois réalisateurs indépendants pour traduire des réalités qui interrogent.

En partenariat avec « Les Ecrans de Chine », le film de Rita Andreetti, L’Observateur, nous emmène aux côtés de HU Jie, réalisateur autodidacte aujourd’hui reconnu et pionnier de l’anthropologie audiovisuelle chinoise. Avec lui, et sous le regard bienveillant de la réalisatrice, nous accédons à des archives sur la vie de Chinois aux prises avec les événements de la seconde moitié de XXe siècle. Le film peint également le portrait d’un homme discret, engagé et « persévérant » dans son travail de création au quotidien, et soulève la question des limites de la liberté. La démarche de Rita Andreetti révèle un profond intérêt et une empathie envers l’identité chinoise qu’elle tente de cerner et de comprendre. La liberté est au centre du documentaire de Léon Lee, Letter for Mansanjia. Celle de M. Sun Yi, détenu à Mansanjia pour dissidence, parce qu’il pratique le Falun Gong. L’histoire est incroyable : Sun Yi, condamné aux travaux forcés, glisse un appel à l’aide sous forme de lettre manuscrite dans une boîte de décorations d’Halloween fabriquées sur place et exportées partout dans le monde. Julie Keith, une habitante d’Oregon, trouve la lettre. Rapidement, grâce à Keith et aux réseaux sociaux, l’histoire conduit à une exposition médiatique mondiale du protagoniste et déclenche une réaction en chaîne. Sun Yi, au péril de sa vie, dénonce la crise des droits de l’homme en Chine ; le film montre la détermination d’un homme que rien ne peut briser, ni les menaces, ni la torture. Il est aussi question de relégation dans Une famille au gouffre, de Yao Zubiao – diffusé en partenariat avec « Les Ecrans de Chine » – mais dans une tout autre perspective : avec comme décor un site remarquable, le plus grand gouffre naturel de la province chinoise de Yunnan, l’histoire est celle d’une mère et de son fils, en opposition quant à l’avenir de leur village ; l’un souhaite un développement commercial rapide, grâce au tourisme, l’autre préfère garder son ancien mode de vie. Leur village n’a jamais été atteint par le miracle chinois, ses habitants se sont débrouillés seuls pendant des décennies, abandonnés des pouvoirs publics. De là naît un conflit qui dépasse celui des générations, posant la question du développement, de la course à la compétitivité et celle de la consommation.


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l’OBserVateUr Rita Andreetti

| 2017 | 1h19mn | Italie | Cronos Films, Dugong Films - ICTV distribution

Quand, en 1994, un ami lui offre une caméra, Hu Jie se dit : « S’il y a une caméra vidéo qui peut enregistrer les choses que je vois, d’autres personnes pourront voir la vérité. » A une époque où seul le film de propagande existe en Chine, il s’intéresse à la vie des gens du peuple, mineurs, travailleurs migrants, paysans, pêcheurs d’algues... Un jour, il apprend l’histoire de Lin Zhao, étudiante emprisonnée puis exécutée pour ne pas avoir renoncé à sa liberté d’expression. Le jeune documentariste découvre tout un pan de l’histoire de la Chine, passé sous silence par les autorités et ignoré par les jeunes générations au nom de la modernité et du développement économique. Il décide alors de donner la parole aux oubliés des trois périodes les plus effroyables de la Chine maoiste – la campagne « anti-droitiers » en 1957-58, le « Grand Bond en avant » de 1958 à 1962 et la Révolution culturelle entre 1966 et 1968 – qui ont fait des millions de victimes dont le décompte final est toujours l’objet de controverse en Chine.

★Mention spéciale du Jury, Festival Ecrans de Chine 2018 (Paris )

Que faire lorsque l’État occulte volontairement des pans entiers de la mémoire d’une Nation ? Que faire lorsqu’une jeune génération, avide de développement et nourrie au nationalisme, refuse d’écouter les témoignages de ses aînés, eux qui ont payé parfois de leur vie leur désir de justice et leur rêve d’une Chine meilleure ?

Critique de cinéma et documentariste italienne, Rita Andreeti vit à Nankin. Elle fait ici le portrait d’un homme discret. Hu Jie lui ouvre les portes de son domicile et de son atelier, revenant, à 60 ans, sur sa vie de documentariste autodidacte et d’artiste peintre. A la manière de Hu Jie, Rita Andreeti alterne entretiens illustrés par des photos de famille et des archives, images de la Chine contemporaine et extraits de films. Elle recueille la parole de cet homme seul, figure reconnue du cinéma indépendant mais placé sur liste noire par les autorités, dont les films réalisés dans une grande économie de moyens, sont projetés en privé et distribués par ses soins. Les quelques festivals de cinéma indépendant qui se risquent à le programmer sont frappés d’interdiction. Mais à l’instar du mari d’une victime de la révolution culturelle, déclarant dans un de ses films : « Si je ne m’assure pas que ces vérités soient révélées au monde, alors je n’aurai pas accompli mon devoir », Hue Jie ne renonce pas. Observateur libre, sa seule peur est de ne pas arriver au bout de sa mission. Laurence Barraud

Anne Kerlan - Extrait de « Le cinéma documentaire de Hu Jie : pour une contre-histoire de la Chine maoïste » . La Revue Documentaires, 2016, Filmer seul-e, p 1.

P R E M I E R L O N G - M É T R A G E D O C U M E N TA I R E

Rita Andreetti est une critique cinématographique et documentariste indépendante italienne. Elle est née à Ferrare en 1982. Elle habite entre l’Italie et la Chine, à Nanjing, et s’intéresse à l’identité chinoise. Elle est l’une des fondatrices de la société de production Cronos Film. Elle a travaillé en tant que critique pour Mask9.com, Taxidrivers.it, FareFilm.it et tient un blog « Cineserie » pour Vanity Fair dans lequel elle parle de son expérience en Chine.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Chinois

L’oBseRVateuR

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letter frOM MasanJIa Leon Lee

| 2018 | 1h16mn | Canada | Production Flying Cloud production - Cat & Docs distribution

Quiconque a été pris dans les rets de la perversité narcissique comprendra intimement le Parti Communiste chinois dans sa paranoïa avant les jeux olympiques de 2008, lié à la crainte de ne pas tout contrôler, même face au Falun Gong. Il s’agit d’une philosophie centrée sur la compassion et la tolérance soutenue par une gymnastique collective : gestes lents et bien-être spirituel. Le gouvernement qui a soutenu ce mouvement s’est ensuite transformé en machine destructive dès que les adeptes se sont comptés en millions. Leur dangerosité, inventée à partir d’aveux extirpés sous la torture, entraîne une répression sans égal. Mais ce n’est jamais assez quand l’image fantasmée de soi est en jeu. Le pouvoir ne sait pas s’arrêter seul. L’impunité est sa pire « alliée ».

Ce film, sélectionné dans de multiples festivals internationaux, notamment aux États-Unis, a été couronné, en 2018, de nombreux prix, dont : Top 20 Favoris du public, Hot Docs – Festival international canadien du documentaire (Toronto - Canada) / Prix du public, Festival du film de Cambridge (Royaume-Uni) / Grand Prix du Jury du Documentaire International, (Santiago de Querétaro - Mexique) / Prix du jury, docsMX – Festival International de Cinéma Documentaire (Mexico- Mexique) / Prix du public, Portland Film Festival – Festival de film indépendant (Oregon - États-Unis) / Meilleur long métrage documentaire, Festival International du Film de Saint-Louis (Missouri - États-Unis) / Prix du public, Festival du film documentaire de Newburyport (Massachusetts - États-Unis) / Prix du jury, Festival du film documentaire de Chagrin Falls / documentaire international (Ohio - ÉtatsUnis) / Meilleur Film d’animation, Festival du film d’animation de Tallgrass (Kansas - États-Unis) / Prix du public, Asian American International Film Festival (New York - États-Unis)

Sun Yi, le héros du film subit des tortures répétées parce qu’il ne veut pas abjurer ses croyances dans le Falun Gong devant ce régime abject. Sans doute, ces foules silencieuses, concentrées sur une liturgie corporelle très ancienne, font-elles peur par leur seule force intérieure ? Un jour, dans un atelier où il fabriquait des jouets, Sun Yi – au péril de sa vie – y glisse un appel au secours. Le jouet arrive dans l’Oregon où une petite fille découvre la missive que sa mère montre au NY Times déclenchant un torrent médiatique. Leon Lee, le réalisateur se saisit de cet événement pour retrouver Sun Yi par Skype en Chine. Stupéfait et fier des retours provoqués par sa bouteille à la mer, il a envie d’aller plus loin avec un film. Il tourne clandestinement ; la postproduction se fait ailleurs. L’image fragile et la candeur du héros nous captivent. Il aurait dû être crédité comme coréalisateur. Chaque fois qu’il nous parle et nous regarde, nous sommes pris d’empathie par la vérité qui s’empare de l’écran : nous avons envie de l’aider ou de pleurer. Eliane de Latour

La lettre commence ainsi : « Monsieur, S’il arrive que vous achetiez ce produit, merci de faire suivre cette lettre à l’Organisation mondiale des droits de l’homme. Les milliers de personnes qui subissent les persécutions du gouvernement du Parti communiste chinois vous remercieront et se souviendront de vous pour toujours. »

Sun Yi a écrit 20 lettres. Une seule a été publiée – par Julie Keith. Qu’est-il arrivé aux 19 autres lettres pour lesquelles il a risqué sa vie ?

Leon Lee - Extrait d’un entretien réalisé par Sophia Yan - Supchina / Juin 2018

Leon Lee, cinéaste et producteur canadien, explore des sujets liés à la Chine moderne qui ne pourraient être racontés à l’intérieur de ses frontières. Son précédent documentaire Human Harvest (2014), sur le commerce illégal d’organes en Chine, a été diffusé dans plus de 25 pays et a reçu le 74e Annual Peabody Award for Documentary. Son récent film de fiction, The Bleeding Edge (2016), a été récipiendaire du Gabriel Award et du Leo Award 2016. Sa société de production, « Flying Cloud », s’attache à mettre en lumière les problèmes de violation des droits de l’Homme.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Anglais - Chinois

LetteR FRoM MasanJia


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Une faMIlle aU gOUffre Yao Zubiao

| 2017 | 1h11mn | Chine | Chen Liang production - ICTV distribution

Le décor : un site remarquable, le plus grand gouffre naturel de la province chinoise de Yunnan ; un village isolé, Daguoquan. Les protagonistes : une grand-mère têtue, un fils indigne, Xiuxiang, une poignée d’habitants, des enfants. Les seconds rôles : un cochon, des touristes, les représentants des autorités locales.

Grand Prix China Screen d’Or, Festival Ecrans des Mondes 2018 (Paris) Asian Perspective Award, DMZ Docs 2018 – Festival international de documentaires – (Corée du Sud)

Le titre du film reflète le tragique cocasse développé au fur et à mesure des péripéties qui vont voir s’affronter une mère et son fils : le « gouffre », c’est autant un enracinement ancestral qu’une source de conflits. Car cette curiosité naturelle voit croître d’année en année le nombre de touristes. Immense cirque entouré de parois de 120m de hauteur, longtemps lieu d’exil pour les lépreux, il est à présent l’objet de convoitises commerciales. Mais le village niché au fond n’a jamais bénéficié du développement économique dont la Chine fait son fer de lance. C’est comme si le temps ne pouvait s’en échapper, comme les sons, répercutés à l’infini et perdant leur caractère éphémère : meuglements de vaches, appels des villageois, musiques et flonflons… Pour quitter le « gouffre », il faut monter à pied une pente abrupte, comme les enfants qui se rendent à leur école au bord du précipice, celle du village étant fermée. Pour descendre, pas de route et, de toute façon, il n’y a pas d’électricité. Alors le conflit naît entre une génération de jeunes adultes, pour lesquels l’avenir du village réside dans le développement du tourisme, et qui comptent bien en profiter, et les anciens, dont la mère de Xiuxiang, qui résistent, considérant que leur parole est tout aussi audible que celle de leurs enfants.

On notera cette remarque du fils, à bout d’argument : « Le président Xi Jinping arrive à bien s’entendre avec ses voisins et toi tu n’es même pas capable de t’entendre avec ta famille. »

Le désaccord familial sert de fil conducteur au film, qui suit les protagonistes dans leur entêtement, juxtaposant les désaccords, les actions contradictoires, les modes de vie. Métaphore pour illustrer les controverses qui éclatent dans la Chine rurale par rapport au développement économique et social à l’heure du miracle chinois, le film met en lumière une question plus profonde : celle de l’antagonisme opposant ceux qui refusent une société basée uniquement sur le profit aux tenants d’une société régie par l’argent.

Extrait du film

Marion Blanchaud

A travers cette plongée au cœur de la Chine profonde, le réalisateur offre une métaphore sur le conflit qui oppose les Anciens et les Modernes. Frédéric Lemaître - Le Monde / Octobre 2018

P R E M I E R L O N G - M É T R A G E D O C U M E N TA I R E

Zubiao Yao, né à Huaihua, dans la province du Hunan, est diplômé du département de réalisation de la Beijing Film Academy depuis 2017

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Chinois

une FaMiLLe au gouFFRe

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Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

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RENCONTRE PROFESSIONNELLE La production documentaire au québec & les modalités de coproduction franco-québécoises. La France et le Canada ont historiquement construit des relations denses et de qualité au sein desquelles le Québec reste le partenaire privilégié. Mais plus largement, le secteur audiovisuel canadien est extrêmement dynamique et connaît une croissance régulière. Il a pour spécificité première une grande proximité et une grande perméabilité avec le géant américain mais aussi son autre spécificité naît de sa dualité entre un marché francophone (principalement au Québec) et anglophone, soit autant d’opportunités en production et en programmation audiovisuelle. Ce partenariat privilégié entre la France et le Québec ne doit pas éluder le fait qu’il existe deux secteurs audiovisuels distincts avec leurs cultures et leurs pratiques propres, de part et d’autre de l’Atlantique. L’enjeu sera donc, d’abord, de comprendre les différences qui existent entre le secteur audiovisuel français et québécois. La réflexion s’orientera sur les possibilités de coproduction audiovisuelle entre France et Québec. En particulier, sur l’entente récente entre la SODEC et le CNC qui permet de favoriser l’émergence d’accords de coproduction entre les deux territoires. La diversité cinématographique peut donc sortir renforcée par ces partenariats, à une époque où les secteurs audiovisuels nationaux sont mis à mal par l’offensive des offres VOD proposées par les GAFAM.

Rencontre animée par Valérie Fouques, chargée de mission - soutien au documentaire (CNC) en présence de

Richard Brouillette / producteur, Les Films du Passeur, Montréal (Québec) Ina Fichman / productrice, Intuitive Pictures inc. , Saint Paulin (Québec)

Valérie Fouques / chargée de mission – soutien au documentaire (CNC) Philippe Aussel / producteur, Le Lokal, Toulouse (Occitanie)

RenContRe pRoFessionneLLe


Focus QUEBEC Pour la 5e année consécutive, et pour la 2e en collaboration avec France-Québec CNC-SODEC, le Festival de Lasalle accueille le Québec en son sein avec, cette fois encore, un vaste choix de films récents, souvent en première diffusion française.

De chaque côté de l’Atlantique, les Cévennes et le Québec émergent d’histoires qui ont de nombreuses convergences. Le Québec, sous l’occupation britannique, développe une résistance durant deux siècles (1759-1959) avec des tragédies comme la Rébellion des Patriotes de 1837-38. Ils défendent la culture des opprimés jusqu’à la « révolution tranquille » des années 1960-70. Le lien avec les Cévennes est évident dès que l’on évoque les luttes sanglantes de la Réforme, Ces régions « sœurs » ont aussi un passé manufacturier commun, aujourd’hui déchu. Grâce à l’accueil de nouveaux arrivants plein d’énergie et d’inventivité, ces deux territoires s’enrichissent aujourd’hui de nouvelles activités plutôt orientées vers le tertiaire. Par exemple, les Basses-Cévennes comptent le plus grand nombre d’artistes et de techniciens du spectacle rapporté à la population totale ; un aspect que l’on retrouve au Québec. Tout nous réunit pour partager un temps fort avec le Québec grâce à trois coprogrammateurs/trices qui nous honorent de leur présence : Marcel Carrière pour la rétrospective « Michel Brault et le cinéma direct : une décennie (1958-1968) ». Richard Brouillette pour la projection de sept longs-métrages récents en présence d’invités québécois. Asinnajaq, une jeune réalisatrice d’origine inuit pour la découverte de courts-métrages autochtones. Dix invités en provenance de la Belle Province formeront la délégation de ce Focus Québec 2019, qui représentera un total de 25 séances, à Lasalle et sur le territoire Cévenol. Ce focus, est complété par une rencontre professionnelle (Cf.: page ci-contre) sur « la production documentaire au Québec & les modalités de coproduction franco-québécoises », en présence de professionnels (producteurs français et québécois), animée par Valérie Fouques, chargée de mission - soutien au documentaire (CNC).

DOC-Cévennes / Festival de Lasalle bénéficie du label « FRANCE-QUÉBEC CNC-SODEC » qui reconnaît « les festivals de cinéma qui mettent en valeur des œuvres issues de la France et du Québec en plus de valoriser la programmation franco-québécoise ».

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pReMiÈRe FRanÇaise

exarcheIa, le chant Des OIseaUx Nadine Gomez

| 2018 | 1h13mn | Québec | Nadine Gomez

Véritable bastillon anarchiste autogéré, le quartier athénien d’Exarcheia est aujourd’hui un lieu de vie mythique qui s’est rendu célèbre dans la résistance à la dictature des Colonels dans les années 1970, puis plus récemment en 2008 avec les émeutes qui ont ébranlés la Grèce. Ses murs abritent une grande partie de la contre-culture grecque et sont devenus, avec le temps et grâce aux graffitis, un support d’expression important pour la jeunesse. Mais dans un contexte très dur de crise économique, Exarcheia, sorte de « paradis perdu », s’est surtout muée en refuge, tant pour les Athéniens que pour les migrants. Armée d’une caméra et d’un micro, et le temps d’une seule nuit, Nadine Gomez se faufile à l’intérieur même du quartier et part à la rencontre de ses habitants. Vagabondant ainsi, entre coïncidences et effets de mise en scène, la jeune réalisatrice affiche d’entrée son intérêt pour la parole et dresse un portrait poétique d’Exarcheia. Elle semble alors insuffler au réel un aspect dramatique très fort et replace par la même occasion toute la grandeur du théâtre au cœur d’Athènes. « D’Exarcheia, les dieux se sont échappés » nous dit l’un des habitants. Peu importe pour la réalisatrice qui semble trouver la beauté ailleurs. À la question « qui sommes-nous ? » que chacun se pose, le film répond simplement « des êtres humains ». Kevin Bordus

Les conversations nous guident et nous retiennent. Chargées d’idéaux, de rêves et d’aspirations, les voix s’enflamment ou étouffent, mais ne se taisent jamais. Les Films du 3 mars

Mon film Exarcheia, le chant des oiseaux, débute avec ceci : « Nous humanisons ce qui se passe dans le monde et en nous uniquement en en parlant, et, dans ce parler, nous apprenons à être humains ». Hannah Arendt.

J’hésitais aussi avec celle-là : « Le monde n’est pas humain pour avoir été fait par des êtres humains, il ne devient pas humain parce que la voix humaine y résonne, mais seulement lorsqu’il est devenu objet de dialogue ».

J’aurais voulu mélanger les deux : dialoguer pour apprendre à être humain, dialoguer pour que « le monde devant soi » nous soit commun, dialoguer pour mieux penser. Nadine Gomez

Nadine Gomez, diplômée de l’UQÀM, a complété une maîtrise en communication à l’École des médias. Les questions urbaines la passionnent depuis et lui servent de filtre pour penser le monde. Lancé en 2012, Le Horse Palace est son premier longmétrage documentaire et questionne les transformations dans l’espace urbain. En 2015, elle est récipiendaire de la première bourse « Regards sur Montréal » (CAM, ONF, SODEC) avec laquelle elle réalise Métro, un court essai documentaire qui pose un regard renouvelé sur le réseau souterrain montréalais et son architecture unique et imposante. Exarcheia, le chant des oiseaux, est son deuxième long-métrage.

exaRCHeia, Le CHant Des oiseaux


l’arche D’anOte Matthieu Rytz

| 2018 | 1h20mn | Canada | EyeSteelFilm

L’archipel des Kiribati ? Cocotiers, plage de sable blanc, eau turquoise… Situées sur l’équateur, ces îles paradisiaques étaient jusqu’ici à l’abri des cyclones et des typhons. Aujourd’hui, elles font face au dérèglement climatique et à la montée des eaux. A chaque nouvel ouragan, la vie des insulaires, habituellement calme et profondément liée à la nature, prend des allures de débâcle. De protecteur, l’océan est devenu dévastateur. Fulminant, éructant, débordant les lagons, il envahit les maisons, mettant en péril les habitants, rognant peu à peu les terres.

Ce film, diffusé dans de nombreux Festivals internationaux , a été couronnés entre autres, des prix suivants : Prix du meilleur long-métrage, Festival du film sur l’Environment de Philadelphie 2018 (Pennsylvanie États-Unis) / Mention spéciale, Festival du film Asian Pacific de Los Angeles 2018 (États-Unis) / Sustainability Award at Thin Line, Texas – 2018 / Prix Aquablier d’Argent, Festival Maplanet(e) 2018 ( Metz -France)

Avec humanité, farouche détermination et force tranquille, le peuple de Kiribati est devenu l’ambassadeur du changement climatique, nous implorant de réfléchir à la crise des nations brutalement submergées et aux conséquences qui en résultent pour l’identité culturelle.

Matthieu Rytz suit pendant plus d’un an, deux protagonistes aux destins intimement liés. Sermary vit sur une des îles avec sa famille. Quand elle obtient l’un des permis de travail accordé par la Nouvelle Zélande, elle part, comme nombre de ses compatriotes, pour construire un nouveau foyer. Elle vit douloureusement ce déracinement. Son histoire fait écho à celle de tous les migrants du monde. Anote Tong, Président de cette minuscule République au milieu de l’Océan Pacifique, parcourt le monde, de conférences en rencontres avec des chefs d’état, pour alerter la communauté internationale : « Malgré notre isolement, nous voilà soumis au phénomène mondial du changement climatique. (…) C’est un problème de survie. Aujourd’hui, cela concerne seulement les pays comme le mien, mais à l’avenir ça touchera la planète entière.» Tel Noé, il veut sauver son peuple qui, d’après lui, ne prend pas pleinement la mesure du drame qui se prépare. Mais comment accepter la disparition totale de son monde ? Il fait face à l’indifférence générale – aucun pays ne propose d’accueillir les 100 000 habitants des îles – et conscient qu’il est impossible de renverser l’évolution du climat, il cherche à acquérir de nouvelles terres, dans l’espoir de voir le peuple des Kiribati y trouver refuge sans perdre sa dignité et sa culture. Ce film poignant démontre brillamment la vanité des discours, plein de bonnes intentions mais non suivis de faits, face à l’urgence : l’état de la planète commence à entraîner la disparition de l’humanité. Laurence Barraud

ACMI - Musée national australien du film, de la télévision, des jeux vidéo, de la culture numérique et des arts (Melbourne).

Matthieu Ritz, originaire de Suisse, basé à Montréal est photographe, cinéaste, producteur et commissaire d’exposition. Anthropologue visuel de formation, sa passion pour la photographie et l’ethnologie l’ont amené, au cours des dix dernières années, à photographier à travers le monde la diversité des cultures humaines. Ses photographies et installations ont été exposées à Montréal et aux Pays-Bas. Il travaille actuellement sur des projets multidisciplinaires et de réalité virtuelle. Parallèlement il est le fondateur d’ARKAR, l’entreprise qui produit le Word Press Photo à Montréal depuis 2011. Il a également fondé AnthropoGraphia, une structure engagée à promouvoir les droits de la personne à travers le monde grâce à la narration visuelle. Depuis 2012, il a fait de la problématique des défis environnementaux l’un des thèmes centraux de ses recherches.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

/ VO : Anglais

L’aRCHe D’anote

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laIla at the BrIDge

Elizabeth Mirzaei & Gulistan Mirzaei | 2018 | 1h37mn | Canada, Afghanistan | Intuitive Picture, Mirzaei Films

L’Afghanistan produit 90% de l’opium vendu dans le Monde, un chiffre qui a considérablement augmenté depuis l’invasion américaine et de ses alliés en 2002. En outre, l’Afghanistan compte le plus haut taux d’addiction du monde, conséquence directe de la guerre et de cette omniprésence de la drogue dans le pays. Ce film raconte le combat d’une femme partie, seule, en croisade pour sauver les personnes de l’addiction à la drogue, dans un pays, très instable et corrompu où l’accès à ce type de soins est inexistant.

FACT Award, CPH:DOX 2018 – Festival international du film documentaire de Copenhague – (Danemark)

Laila at the Bridge raconte une histoire essentielle. JK - New orleans Film society / Octobre 2018

C’est un film parfois incroyablement poignant, mais qui révèle la lumière dans ce monde si sombre. Andrew Young - Muse / Juin 2018

Il s’agit d’un film brut, sans compromis.

Derrick Jacobs - Cinéma Axis / Mai 2018

Laila Haidari, réfugiée en Iran et mariée à 12 ans à un homme beaucoup plus âgé qu’elle, a décidé de retourner vivre à Kaboul après son divorce à 21 ans. Elle ouvre avec son frère Hakim, ancien héroïnomane, un centre de désintoxication sans bénéficier de l’aide du gouvernement. Pour financer ce centre, elle tient en parallèle un restaurant, où travaillent d’ancien toxicomanes. Allant jusqu’à mettre sa vie en péril, Laila n’hésite pas à dénoncer la corruption du gouvernement et sa complicité avec la mafia de la drogue. Si le film porte ce titre, c’est parce que tous les jours, elle va chercher des dépendants sous un « pont », celui de Pul-i-Sokhta, dans l’ouest de Kaboul, là où se réunissent des centaines d’héroïnomanes que viennent observer les badauds depuis son tablier. Les réalisateurs mettent en lumière le rôle de cette femme héroïque en tant que « mère » des dépendants et « passeuse » afin de les aider à traverser le « pont » du rétablissement. À l’image d’un homme qu’elle observe arrosant son jardin, elle souhaite offrir à chacun la possibilité de retrouver le chemin de la « vraie vie ». À l’exception de quelques extraits où Laila s’adresse directement à la caméra, le film est tourné en cinéma direct pour mettre en avant son combat quotidien. La double identité américano-afghane des réalisateurs, qui filment en Afghanistan depuis de nombreuses années, permet un regard à la fois distancié et introspectif sur la situation tragique de l’Afghanistan. À travers le parcours personnel de Laila, ce film interroge aussi, en creux, sur le rôle de la communauté internationale : aucun pays n’est une île et la crise de la drogue en Afghanistan a des répercussions directes sur le reste du monde. Matelda Ferrini

J’aimerais que les spectateurs se sentent un peu à la place de Laila et comprennent mieux la beauté, la tragédie et la complexité de l’Afghanistan, un pays dont une grande partie du monde dépend de sa destinée.

Elizabeth Mirzaei - Extrait d’un entretien réalisé par Laura Berger Women and Hollywood / Avril 2018

Elizabeth Mirzaei est réalisatrice et chef opérateur. Elle a vécu de nombreuses années en Afghanistan où elle a réalisé des films pour Al Jazeera English, la BBC, Discovery et de nombreuses organisations à but non lucratif.

Gulistan Mirzaei est né en Afghanistan et a passé une grande partie de sa vie en tant que réfugié en Iran. Après la chute des talibans en 2001, Gulistan est retourné à Kaboul pour travailler comme assistant du rédacteur en chef du seul journal indépendant du pays, Kabul Weekly. Il a été encadré par le réalisateur afghan primé Siddiq Barmak (Osama) et a été producteur exécutif pour Voice of America. Gulistan a co-dirigé les documentaires du programme Al Jazeera Witness et a collaboré avec le projet Tiziano pour enseigner la réalisation de films à des étudiants dans un lycée de Kaboul.

Elizabeth & Gulistan Mirzaei dirigent ensemble, à Los Angelès, leur société de production, « Mirzaei Films » .

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

LaiLa at tHe BRiDge


aVant pReMiÈRe FRanÇaise

neW MeMOrIes Michka Saäl

| 2018 | 1h19mn | Québec | Producteurs délégués : Mark Foss & Michel Giroux / Produit aavec l’appui du Conseil des arts du Canada et de l’ACIC (Aide au cinéma indépendant - ONF)

L’année dernière, notre Festival a rendu hommage à Michka Saäl, réalisatrice avec laquelle une relation singulière s’est établie au fil des ans. A cette occasion, rendez-vous a été pris avec le public pour présenter, en 2019, ce film posthume sur lequel elle a travaillé, jusqu’à ses dernières forces, soutenue par ses proches. Pour expliquer l’importance de ce film aux yeux de la réalisatrice, une anecdote s’impose. La dernière fois que j’ai vu Michka, c’était chez elle, à Montréal, un après-midi de novembre 2016. Elle tenait à me montrer les premières images de ce film, en cours de réalisation, sur une photographe « émergente » de Toronto assez marginale. D’entrée de jeu, elle m’a dit : « Anne a vraiment un sale caractère ! Pourtant, je ne peux m’empêcher de faire un film sur elle. » Alors pourquoi Anne J. Gibson ?

Dans un sens, New Memories, ne serait-il pas une œuvre testamentaire qui nous pousse à croire que dans son for intérieur, la cinéaste a toujours senti l’impuissance de l’éloignement, une forme de solitude. Ces films en témoignent mélancoliquement. Élie Castiel - Séquences La revue du Cinéma / Novembre 2018

Notes de Michka sur New Memories Lors de notre premier échange sur la prise de photo, Anne me répond, « Tu as écrit que si j’avais la distance juste, c’est parce que je suis l’une d’entre eux. Non, je suis tous et chacun d’eux. Pour moi, l’Art aide à supporter la vie. J’ai vite compris que l’on ne pose pas de questions directes à Anne, que les réponses seront sans doute à la fois simples et complexes et qu’il me faudra partir à leur recherche, en mettant mes images dans les siennes, comme on met ses pas dans ceux d’une inconnue. Contre toute attente, tout de suite, elle m’a raconté le plus clair et le plus difficile de son existence passée. Et j’ai compris un peu ce qui engendre son comportement souvent déstabilisant, et presque toujours paradoxal; et plus fondamental encore, d’où lui vient son spectaculaire talent de voleuse d’âmes, et son vrai don pour voir et capter le fameux moment, dont parlait Henri Cartier Bresson.

Déjà parce que cette femme a fui très jeune sa famille, trouvant refuge dans Kensington Market, quartier cosmopolite, où se retrouvent tous les « déracinés » qui atterrissent à Toronto. C’est un lieu fourmillant où se croisent les cultures et où naissent les contre-cultures. Et c’est sur ce terreau fertile, qu’après de nombreuses années passées à sombrer dans la drogue, Anne a trouvé sa vocation de photographe. Ce caractère déraciné, préexistant à l’artiste est un premier point commun entre les deux femmes. Ensuite parce que la photographe est toujours à l’affût, prompte à saisir des moments de vie, que ce soit pour les sublimer ou souligner leur caractère insolite. Elle dresse une galerie de portraits allant de « personnages » du quartier à de simples promeneurs. Cette capacité à déceler la poésie chez les autres pour ré-enchanter le monde est le second point commun entre les deux artistes qui exorcisent ainsi leurs propres démons à travers leur art. En définitive, Michka Saäl a trouvé en Anne J. Gibson, une sorte de miroir d’elle-même. Et ce film, pour qui s’intéresse à la réalisatrice, nous la dévoile un peu plus. Guilhem Brouillet

SéANCE ACCESSIBLE

neW MeMoRies

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aVant pReMiÈRe FRanÇaise

sOleIls nOIrs Julien Elie

Mention spéciale du jury «Œil du Puma» 2019, pour la qualité de son travail journalistique au FICUNAM (Mexique) / F:ACT Award, CPH:DOX 2019 – Festival international du film documentaire de Copenhague – (Danemark) / Grand Prix de la Compétition nationale longs-métrages, RIDM 2018 – Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal – (Montréal Québec)

Soleils noirs est une épopée.

Liam Quinn - Vox Magazine / 1er mars 2019

Produire du documentaire, c’est tenter de fabriquer du sens par le témoignage. Soleils noirs de Julien Elie correspond exactement à cette définition.

| 2018 | 2h32mn | Québec | Cinéma Belmopan

Ce film propose en six chapitres, comme autant de « soleils », de faire la lumière sur la grande noirceur qui s’abat sur le Mexique depuis une vingtaine d’années. Ces six chapitres dévastateurs explorent ce pays géographiquement et temporellement. Partant de la tristement célèbre Ciudad Juarez où, depuis les années 1990, de jeunes femmes ont « disparu » par milliers, victimes de prédateurs misogynes, ce film-enquête remonte jusqu’ à la capitale, Mexico, qui n’a pas été épargnée, des centaines de disparitions ayant été signalées au cours de ces dernières années. Ailleurs, des paysans, des étudiants comme de simples voyageurs ou des migrants disparaissent sur les routes alors que plusieurs journalistes tombent sous les balles. Dans aucun de ces crimes, les autorités n’ont pu ou n’ont voulu mener les investigations nécessaires pour retrouver les disparus, poursuivre en justice et faire condamner les coupables. En six tragédies emblématiques, Julien Elie, dresse un portrait saisissant du climat d’impunité qui règne au Mexique. Car ces tragédies ne sont que quelques exemples parmi des milliers de cas passés sous silence ou oubliés. La terreur gagne le pays tout entier, livré aux mains de groupes criminels qui enlèvent, torturent, tuent, ou font disparaître des gens, simplement parce que possibilité leur est donnée de le faire. Du point de vue de la forme, le choix du noir et blanc n’est pas une « vanité » esthétique, bien au contraire : le réalisateur explique vouloir éviter que la beauté naturelle des paysages du Mexique ne supplante la puissance des récits collectés. Pour autant, Julien Elie ne cède à aucune facilité : son ambitieux travail journalistique est servi par un univers esthétique inspiré de la tradition des films noirs, plongeant le spectateur au cœur d’un véritable thriller. Impossible, donc, pour le spectateur de rester indifférent devant ces deux heures et demie d’enquête au cœur de la terreur. Le film se déploie, révélant que des voix s’élèvent pour dénoncer les crimes et l’impunité qui les entoure, que des bras s’arment de pelles pour que la terre rende les corps des disparus... À force de persévérance, la vérité émerge peu à peu et la terreur cède la place à la révolte. Guilhem Brouillet

Jean-Baptiste Hervé - Voir / Novembre 2018

Julien Élie – Celui qui savait (2001) et Le dernier repas (2002), n’avait pas réalisé de film depuis plus de quinze ans. Profondément bouleversé par des assassinats de femmes mexicaines perpétrés il y a vingt ans, le réalisateur a toujours gardé derrière la tête cette idée de film qui s’était emparée de lui après avoir lu un article sur le sujet. Au fil du temps, il a développé un lien très intime avec le Mexique, ce qui lui a permis de se libérer d’un sentiment d’imposteur face au fait de vouloir aborder cet enjeu de taille. Frédéric Bouchard - Lien Multimédia / Novembre 2018

SéANCE ACCESSIBLE

soLeiLs noiRs


aVant pReMiÈRe FRanÇaise

xalkO

Sami Mermer & Hind Benchekroun

| 2018 | 1h40mn | Québec | Les Films de la tortue

Sami Mermer et Hind Benchekroun avaient invité à découvrir le quotidien de migrants en transit avec Callshop Istanbul (présenté à Lasalle en 2017). A l’instar de ce précédent film, les réalisateurs repartent sur les routes migratoires jusqu’en Turquie, cette fois pour donner le point de vue de ceux qui sont restés au pays. Sami, lui même émigré au Canada, retourne dans son village natal, au cœur de l’Anatolie. Située au sud d’Ankara, Xalko est une enclave kurde qui se dépeuple car beaucoup de ses habitants ont tenté leur chance en Europe. Sans surprise, les réalisateurs retrouvent un village marqué par l’exode, avec des enclos délabrés, des maisons aux entrées condamnées… Mais ce qui est plus étonnant est de découvrir un village désormais peuplé essentiellement de femmes, élevant souvent seules leurs enfants avec l’espoir du retour d’un mari ou d’un père le plus souvent absent. Le temps semble suspendu à Xalko qui ne doit son salut qu’au courage de ces femmes qui ont appris à mener leur vie sans les hommes. Ensemble, elles font le pain, traient les brebis, pétrissent le fromage et se témoignent et compatissent ensemble à leur solitude et au manque de soutien financier de leurs époux. L’émotion est à fleur de peau, elles passent facilement du rire aux larmes. Point d’orgue du film, l’arrivée de l’été voit le village s’animer, avec le retour éphémère de certains exilés. Le film prend alors une allure tragi-comique, les hommes tentant de se prouver qu’ils ont toujours la main sur les affaires du village, tandis que les femmes les renvoient à la culpabilité de les avoir abandonnées. Cette capacité à saisir l’intensité de ces moments intimes fait de Xalko un film remarquable. Guilhem Brouillet

Hind Benchekroun, & Sami Mermer ont coréalisé et coproduit Les Tortues ne meurent pas de vieillesse, long-métrage documentaire récipiendaire d’une nomination aux Jutra 2012 et d’une mention spéciale aux Rendez-vous du cinéma québécois. En 2016, ils réalisent Callshop Istanbul, diffusé l’année suivante à Lasalle.

Hind Benchekroun, née au Maroc, est réalisatrice et productrice de documentaires au Québec. Elle travaille dans le milieu de la production audiovisuelle depuis 1999, cumulant différents postes, autant de création que de production, au sein des Films de l’Isle, de l’Office national du film du Canada et des Productions Multi-Monde. En 2004, elle réalise son premier court-métrage au Maroc, La petite fille d’avant, sur les questions identitaires liées à l’émigration.

Sami Mermer, kurde né en Turquie est cinéaste et directeur de la photographie. Il travaille dans le milieu du cinéma depuis plus de dix ans. Il a réalisé des courts-métrages de fiction dont Sortie (2005) et un long-métrage documentaire, La Boîte de Lanzo (2006), sur les sans-abri aux États-Unis qui a été présenté dans plusieurs festivals.

SOUS-TITRAGE FRANçAIS

xaLko

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cOUrts-Métrages aUtOchtOnes « carte blanche » à asinnajaq Asinnajaq est originaire de Inukjuak dans le Nunavik, région la plus nordique du Québec, et vit à Montréal. Pendant deux jours, en amont du festival (27 28 mai) elle intervient dans quatre établissements secondaires pour présenter son film « Trois Mille » et échanger avec les élèves sur des sujets concernant les Peuples autochtones au Québec et au Canada. Accompagnant son film, elle nous présente une sélection de courts-métrages, réalisés par des cinéastes autochtones, qui témoignent du dynamisme de la jeune création, notamment dans le domaine des arts visuels et de l’animation. Première mondiale, Hot Docs 2016 -, Sheffield Doc / Fest (Angleterre) / Prix de la meilleure réalisation, Festival international du film documentaire, CRONOGRAF (Moldavie)

trOIs MIlle Asinnajaq (Isabella Weetaluktuk) | 2017 | 14mn | ONF « Mon père a vu le jour dans un igloo du printemps fait de neige et de peaux. Je suis venue au monde à l’hôpital. J’avais une jaunisse et deux dents. » L’artiste inuite Asinnajaq nous plonge dans un sublime univers imaginaire. À partir des vastes archives de l’ONF, elle examine l’histoire complexe de la représentation du peuple inuit au cinéma, en glanant demi-vérités et événements fortuits dans diverses sources : actualités filmées, films de propagande, documentaires ethnographiques et œuvres de cinéastes autochtones. Intégrant ces images historiques à une animation originale, elle revisite le passé et le présent du peuple inuit, pour imaginer son avenir sous un angle nouveau et saisissant.

she falls fOr ages Skawennati Tricia Fragnito

| 2017 | 14mn | Obx Labs

Skawennati réinvente le récit de la création des Haudenosaunee (des Iroquois) en un « Monde du Ciel », futuriste et utopique, construit par une Sky Woman, (déesse mère iroquoise) intrépide astronaute. Ce film est réalisé en Machinima (à partir de séquences de jeux vidéos) développé dans « Second Life ».

nUtag-hOMelanD Alisi Telengut | 2016 | 06mn | Alisi Telengut

Nutag-Homeland est un poème visuel et un requiem surréaliste dédié au peuple Kalmouk qui fut déporté en masse par l’URSS entre 1943-1957. L’animation constituée d’images peintes à la main rappelle cet épisode de l’histoire pour exemplifier le thème éternel de la diaspora et de la perte de la terre natale.

nOWhere lanD Bonnie Ammaaq | 2015 | 15mn59’ | ONF

Lorsque Bonnie Ammaaq était petite, ses parents ont quitté Igloolik* pour l’emmener, elle et son frère, vivre dans la toundra, comme tant de générations d’Inuits avant eux. Pendant onze ans, ce territoire spectaculaire fut leur maison. Élégie silencieuse à un mode de vie qui n’existe plus que dans les souvenirs de ceux qui l’ont vécu. * Igloulik, est une petite communauté inuite du Nunavut, territoire nordique du Canada. Le village est situé

BIIDaaBan Amanda Strong sur une petite île du bassin Foxe.

| 2018 | 19mn23’ | Spotted Fawn Production

Depuis des temps immémoriaux, les Peuples indigènes récoltent la sève des arbres pour produire du sirop. Mais, plus original, les deux personnages principaux de ce film d’animation, Biidaban et Sabe, perpétuent cette tradition en milieu urbain. Biidaaban possède également le pouvoir de voir les Ancêtres et les animaux fantômes. SOUS-TITRAGE FRANçAIS

CouRts-MétRages autoCHtones


aVant pReMiÈRe FRanÇaise

ZIVa pOstec : la monteuse derrière le film shoah Catherine Hébert

| 2018 | 1h32mn | Québec | Les Films Camera Oscura

« Au bout de 3 ans de montage, Lanzmann m’a demandé : dis-moi Ziva, sur quoi on fait le film ? Spontanément, je n’ai pas réfléchi, j’ai dit : sur la mort ». Catherine Hébert, avec ce film, met en lumière Ziva Postec et son métier de monteuse. Ziva s’initie au montage à 19 ans. Très tôt, elle quitte Israël pour Paris où elle travaillera avec Jacques Tati, Alain Resnais, Jean-Pierre Melville et Orson Welles. Elle collabore pour la première fois en 1973 avec Claude Lanzmann, sur son premier documentaire en tant que réalisateur, Pourquoi Israël. Homme de caractère, Claude Lanzmann vient d’abord du journalisme. En 1979, Ziva commence le montage de Shoah, qui durera, presque six ans, c’est le sommet de sa carrière. Pourtant Ziva Postec reste méconnue et Claude Lanzmann ne rendra pas hommage à tout le travail qu’elle a accompli. Shoah, réalisé près de 40 ans après l’holocauste, est le premier film qui donne la parole aux vivants, plutôt que de laisser parler les archives. Cette œuvre majeure, va aussi déterminer la manière de nommer l’extermination des Juifs pendant la guerre. On dit souvent que le montage d’un film est la troisième écriture, après le scénario et le tournage. Fascinante mise en abyme, ce documentaire, reflet du sens comme de l’essence du cinéma, en est le meilleur témoin. André Duchesne - La presse.ca / Mars 2019

Le film de Catherine Hébert pose une question fondamentale, et dont la réponse apparaît toujours aussi complexe, quasi inextricable. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour créer une grande œuvre ? André Lavoie - Le Devoir / Mars 2019

Shoah, de part sa monumentalité et complexité, se déclare ainsi comme un grand film de montage, dont la stylistique et la force tiennent en grande mesure à Postec. Carlos Solano - Revue 24 images / Avril 2019

On découvre dans le film de Catherine Hébert, des rushes de l’entretien avec Simon Srebnik – qui témoigne à plusieurs reprises durant le premier volet de Shoah, consacré à Chelmno – mais également la manière dont Lanzmann aborde ces personnes, comme le fermier dans le volet sur Treblinka. Si la durée finale de Shoah est de 9h26, Ziva Postec a opéré le montage à partir de 350 heures de pellicules. Avec du recul, Ziva se confie à la caméra, et explique ce qui l’a poussée à continuer jusqu’au bout, pour aboutir à la création de ce film et comment ce travail a profondément marqué sa vie. Catherine Hébert trace le portrait d’une personne forte, pleine d’énergie, une des rares femmes cheffes monteuses, particulièrement à son époque. Le film, enrichi par des archives, entremêle finement la vie passée de Ziva, son quotidien en Israël et son métier de monteuse. Il soulève l’importance du montage, surtout dans le documentaire. Cette étape décisive dans l’écriture d’un film, est un travail créatif considérable. Pourtant, l’apport du monteur ou de la monteuse dans la création de l’œuvre reste souvent dans l’ombre du réalisateur, dès lors que le film est sorti. Margaux Bigotte

Catherine Hébert, après des études en journalisme international, réalise de nombreux reportages et films documentaires politiques et sociaux, qui la conduisent de l’Ouganda (Des mangues pour Charlotte, 2004) à la République démocratique du Congo (La longue route de Julienne, 2008), en passant par le Bangladesh (Le visage que j’avais, 2006) et le Burkina Faso (Hier à Nyassan, 2016). Les thématiques abordées sont les conséquences de la guerre, les droits des personnes, la violence faite aux femmes, mais également des quêtes plus intimes qui tissent le quotidien. Ses films, notamment De l’autre côté du pays (2008) et Carnets d’un grand détour (2012) ont récolté des critiques élogieuses, ont été sélectionnés et primés dans de nombreux festivals. En 2013, elle coréalise une série de quatre films intégrés à l’exposition Fleuve (Grande bibliothèque de Montréal), qui retrace les 50 ans de carrière de René Derouin, artiste multidisciplinaire québécois.

ZiVa posteC : La Monteuse DeRRiÈRe Le FiLM sHoaH

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Photo : ©Alfredo Brant

Michel Brault et le Cinéma direct : une décennie (1958 -1968) Rétrospective coprogrammée et animée par Marcel Carrière qui a été successivement ingénieur du son, réalisateur, directeur du Comité du programme français, et directeur des Services techniques et artistiques de l’O.N.F entre 1956 et 1994. Marcel Carrière est considéré comme un des inventeurs du son synchrone.

Il faut le dire, tout ce que nous avons fait en France dans le domaine du cinéma-vérité vient de l’ONF (Canada). C’est Brault qui a apporté une technique nouvelle de tournage que nous ne connaissions pas et que nous copions tous depuis. D’ailleurs, vraiment, on a la « brauchite », ça, c’est sûr ; même les gens qui considèrent que Brault est un emmerdeur ou qui étaient jaloux sont forcés de le reconnaître.» Jean Rouch - Cahiers du Cinéma N° 144 / Juin 1963.


L’an dernier, nous soulignions que le lien entre les Cévennes et le Québec passait, notamment, par le cinéma direct donc par Michel Brault, chef opérateur de génie et réalisateur à l’Office National du Film. L’ONF des années 1950, formidable vivier, est fondé en 1938, au moment où le Canada souhaite se doter d’un organisme* pour faciliter la création de films documentaires. L’objectif est de favoriser la circulation de la connaissance à l’intérieur de l’Empire colonial britannique qui s’étendait alors sur le monde… avec l’espoir d’aplanir des conflits à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Après guerre, le gouvernement canadien décide de développer cet outil par la construction d’immenses studios à Montréal sur le modèle hollywoodien. La jeune agence attire tous les talents du Canada ; même au-delà. Elle devient un lieu d’émulation unique qui permet l’émergence de créateurs, d’expérimentations du cinéma, de nouvelles techniques, cinéma iMaX, techniques d’animation par pixilation, etc. Par-là même, le documentaire se trouve favorisé à l’échelle internationale. * C’est John Grierson, fondateur au Royaume-Uni du G.P.O Film Unit, qui est missionné pour le créer (Cf.: Humphrey Jennings et le G.P.O Film Unit - Festival de Lasalle 2014).

Pour raconter cette aventure humaine et technique de la décennie 1958-1968, nous choisissons cette année de rendre hommage à Michel Brault et de faire appel à son compagnon de route, Marcel Carrière, ingénieur du son durant cette prodigieuse période. Avec les équipes de l’ONF, ils sont les pionniers du son synchrone et le perfectionne par essais et approximations. Cela inspire le jeune Beauviala [Cf. : p.9] qui regarde fasciné « Les Raquetteurs » (1958) de Michel Brault, le premier à se défaire du trépied pour utiliser sa caméra à l’épaule avec un micro en main. Ce film marque le début d’un cinéma plus proche des gens et plus spontané. Cette volonté de liberté se propage en France, avec « Les inconnus de la terre » (1961) de Ruspoli tourné en Lozère, puis « Chronique d’un été » (1961) de Morin et Rouch. C’est l’occasion à chaque fois d’improviser et de perfectionner un peu plus la technique, de penser collectivement un nouveau cinéma. La révolution technique et esthétique qui suit arrive avec Jean-Pierre Beauviala [hommage : p.8] qui industrialise le synchronisme avec l’invention du quatrz dans les moteurs qui portent son nom et, en fondant Aaton, qui lui permet de lancer sur le marché international des caméras maniables et légères dont Michel Brault et les membres de l’ONF sont de grands utilisateurs. Ainsi une dynamique créative, née de part et d’autre de l’Atlantique, déferle ensuite sur le monde.

sÉANCE 1 LES RAQUETTEURS / Michel Brault & Gilles Groulx LA LUTTE / Michel Brault, Claude Fournier, Claude Jutra & Marcel Carrière QUÉBEC-U.S.A. OU L’INVASION PACIFIQUE Michel Brault & Claude Jutra sÉANCE 2 SEUL OU AVEC D’AUTRES / Denys Arcand, Denis Héroux & Stéphane Venne

sÉANCE 3 SARTRE ET DE BEAUVOIR / Film inédit en France réalisation / Max Cacopardo - images / Michel Brault scénarisation / Madeleine Gobeil & Claude Lanzmann

sÉANCE 4 CHRONIQUE D’UN ÉTÉ Jean Rouch & Edgar Morin sÉANCE 5 / en accessibilité LSF LES INCONNUS DE LA TERRE / Mario Ruspoli images : Michel Brault, Roger Morillère, & Quinto Albicocco LES ENFANTS DU SILENCE / Michel Brault LE TEMPS PERDU / Michel Brault

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les raqUetteUrs Michel Brault & Gilles Groulx

| 1958 | 17mn | Québec | ONF

Montage : Gilles Groulx. Images : Michel Brault. Son : Marcel Carrière. Montage sonore : Stuart Baker. Montage musical : Norman Bigras.

« L’itinéraire de Groulx est celui d’un rebelle aux multiples causes, lesquelles ont pour dénominateur commun la quête de la dignité humaine et la dénonciation de la médiocrité socio-politique ». Jean-Marc Piotte, en préface du livre de Paul Beaucage : Gilles Groulx, le cinéaste résistant.

Gilles Groux coréalise son premier documentaire avec Michel Brault, Les raquetteurs, qui marque également les véritables débuts de l’équipe francophone de l’ONF. Après Normétal (1959, c-m.) ; La France sur un caillou (1960, c-m.), coréalisation Claude Fournier et Golden Gloves (1961, c-m.), Gilles Groulx réalise, avec un texte de Paul-Marie Lapointe, une fable poétique sur le monde moderne, Voir Miami... (1963, c- m.). Un jeu si simple (c-m.) obtient le Grand Prix du Festival de Tours en 1964. Suivront Le chat dans le sac (1964) ; Québec...? (1967, c-m-), coréalisation Gérald Godin ; Où êtes-vous donc [bande de câlisses] ? (1968) ; Entre tu et vous (1969) ; Place de l’équation (1973, c-m) ; 24 heures ou plus... (1976), en collaboration avec Jean-Marc Piotte et Primera pregunta sobre la felicidad / Première question sur le bonheur. La carrière de Gilles Groulx est interrompue par un très grave accident survenu en 1980, à la fin du tournage de Au pays de Zom (1982). En 1985, il obtient le prix Albert-Tessier. Richard Brouillette lui consacre un film, Trop c’est assez (1995). Gilles Groulx, qui compte parmi les plus grands cinéastes canadiens, est mort à Longueuil en 1994.

[Ce documentaire qui relate les rites entourant un congrès annuel de raquetteurs à Sherbrooke, à la fin des années 1950 est considéré] comme le précurseur de ce que l’on viendra à nommer le « cinéma direct ». La caméra se mêle aux protagonistes du film, elle les suit et les observe. L’ingénieur de son, Marcel Carrière, tente une première prise de son synchrone en direct. Ce film, qui a failli aboutir dans les poubelles car il a été jugé de piètre qualité par la haute direction de l’ONF, marque un tournant incontestable dans l’histoire du documentaire. Il révolutionne à jamais les techniques de tournage et il démontre que l’on n’a pas besoin de pauses musicales ou de narration ampoulée pour raconter une histoire ou montrer un fait vécu. Ce film remporte d’ailleurs à Florence, en 1960, la Médaille d’argent décernée par la Radio italienne au Festival dei Populi (festival international de documentation sociale). Martin Delisle, consultant, contenu et programmation de films - Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française

la lUtte

| 1961 | 28mn | Québec | ONF

Michel Brault, Claude Fournier, Claude Jutra & Marcel Carrière

Images : Michel Brault, Claude Fournier, Claude Jutra. Montage : Claude Jutra, Michel Brault, Claude Fournier. Son: Marcel Carrière.

« La Lutte » est un des films phare du courant cinéma vérité issus de l’unité francophone de l’ONF. […] La voix du cinéaste est ressentie partout. Le film est rempli d’humour, de réflexivité (l’interjection d’intertitres rappelant le cinéma muet), et d’ironie. S’inspirant de l’étude des mythes de Roland Barthes, La lutte est un examen engagé d’une forme de divertissement de la classe ouvrière, imprégné de catharsis émotionnelle et de violence ritualiste. À travers une série de gros plans remarquables, nous sommes témoins d’un public fièrement impliqué dans une bataille manichéenne entre le héros et le méchant, leurs émotions gouvernées par le rythme du match de lutte. La musique stylisée (orgue, clavecin) assimile l’aréna de lutte à un sanctuaire. « La Lutte » démontre comment le sport, avec ses aspects ritualistes, en est venu à signifier la nouvelle religion séculaire d’un Québec moderne et urbain. Donato Totaro, Professeur à l’université Concordia de Montréal Extrait de « Guide to the Cinema(s) of Canada », Peter Harry Rist éditeur

qUéBec-U.s.a. OU l’InVasIOn pacIfIqUe 1962 | 27mn | Canada | ONF

Michel Brault & Claude Jutra

Montage: Claude Jutra assisté de Anne-Claire Poirier. Images : Michel Brault, Bernard Gosselin. Son: Marcel Carrière. Musique : Maurice Blackburn.

Ce film capte avec beaucoup d’humour le regard des gens de la ville de Québec sur ces touristes américains qui viennent les voir. Office National du Film du Canada

Claude Jutra et Michel Brault visitent la ville de Québec « à l’américaine », proposant du même coup une petite étude sur les mœurs des Américains et des Québécois. « Presque deux cents ans après avoir été vaincus devant Québec, les Américains y reviennent cette fois comme touristes et réussissent leur « invasion pacifique ». On les voit d’abord passer les douanes à la frontière ou débarquer d’un gros navire de guerre. On participe ensuite aux cours de langue suivis par des groupes fort bigarrés. Puis on suit un jeune couple noir en automobile décapotable, avec un jeune guide local au volant, dans divers quartiers. La relève de la garde à la Citadelle donne lieu à de longues séances de photographies. Finalement, sur la terrasse Dufferin, les belles filles déambulent, des jeunes marins flirtent, des couples se forment et se déforment. » Yves Lever - Cinémathèque Québécoise

RétRospeCtiVe MiCHeL BRauLt

séanCe 1 : Les RaquetteuRs / La Lutte / quéBeC-u.s.a ou L’inVasion paCiFique


seUl OU aVec D’aUtres

Denys Arcand, Denis Héroux & Stéphane Venne

1962 | 1h04mn | France | Association générale des étudiants de l’Université de Montréal (Québec)

À la fin de l’année universitaire 1961, trois jeunes étudiants, Denys Arcand, Denis Héroux et Stéphane Venne, décident de réaliser un film de long métrage relié aux petits à-côtés de la vie universitaire. Le film mélange fiction et documentaire, dans le plus pur style du cinéma direct. Seul ou avec d’autres est considéré par beaucoup comme le premier film québécois indépendant. À noter que la productice Marie-José Raymond et la cinéaste Mireille Dansereau font partie de la distribution. Charles-Henri Ramond - Films du Québec / Janvier 2009

★ Le film fut programmé au Festival de Cannes, dans le cadre de la semaine de la critique. Un « honneur » auquel les trois étudiants, ironiquement, n’assisteront pas. « Il n’y avait que deux billets d’avion dans l’invitation, raconte Stéphane Venne. Nous avons tiré à la courte paille et c’est Denys [Arcand] qui a perdu. Quant à Denis [Héroux] et moi, on a manqué la projection à cause d’une fille rencontrée à Paris ! » Jean-Christophe Laurence - lapresse.ca / Janvier 2008

Denis Arcand, cinéaste québécois iconoclaste, auteur d’une œuvre foisonnante – dont la trilogie : « Le Déclin de l’empire américain » (1986), « Les Invasions barbares » (2003), « La Chute de l’empire américain » (2018) – a coréalisé « Seul ou avec d’autres » avec ses camarades de classe Denis Héroux (futur cinéaste-producteur) et Stéphane Venne (futur parolier) grâce au financement accordé par le président de l’Association générale des étudiants de l’UDEM de l’époque, Bernard Landry (futur premier ministre du Québec). Ils font appel à des techniciens de l’ONF, Michel Brault à la caméra, Bernard Gosselin et Gilles Groulx au montage, qui sont alors les pionniers du cinéma direct. Ce projet parascolaire visait tout simplement à remplacer le traditionnel spectacle de fin d’année de l’Université de Montréal… C’était le premier pas vers une grande carrière…

Au Festival de Cannes de 1963, deux films représentent le Canada : Pour la suite du monde (Pierre Perrault, Michel Brault) et Seul ou avec d’autres. Suite à sa projection cannoise, le film avait reçu un accueil favorable de la part de la critique européenne, sans toutefois obtenir autant d’éloges de ce côté-ci de l’Atlantique. D’un style proche de la Nouvelle Vague, intégrant les avancées esthétiques du cinéma direct et du candid eye qui bouillonnent à l’Office national du film (avec l’équipe de choc que forment Brault, Carrière et Groulx), tourné avec de modestes moyens (24 000 $), rampe de lancement de personnes qui vont laisser leur marque dans la musique et le cinéma québécois, Seul ou avec d’autres est une sorte d’essai d’anthropologie culturelle sur les mœurs estudiantines. On découvre avec bonheur qu’il s’est bonifié avec le temps : il évoque davantage l’atmosphère insolente d’une époque qu’il en documente les mouvements réels ; on en retient moins les imperfections que la jeunesse du ton et l’ironie de la mise en situation. Que dire des séquences documentaires, de l’atmosphère de libération sexuelle qu’autorise l’université dans un Québec encore engoncé sous une chape répressive qui se fissure de partout, de certains aphorismes du commentaire off dit par Arcand et qui annonce déjà ses opinions, de la beauté du travail de Michel Brault et de la vivacité du montage de Gilles Groulx ? Pierre Véronneau, Conservateur cinéma québécois et canadien (Cinémathèque québécoise)

RétRospeCtiVe MiCHeL BRauLt

séanCe 2 : seuL ou aVeC D’autRes

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InéDIt Fin des années 50, une adolescente de 15 ans d’Ottawa étouffée par la chape de plomb puritaine qui recouvre l’époque, éperdue de littérature, dévore tout ce qui lui tombe sous la main. Elle envoie une lettre racontant ses états d’âme à Simone de Beauvoir. Qui, à sa surprise, lui répond. Une correspondance régulière s’amorce. Trois ans plus tard, la jeune fille fait, à l’occasion d’un voyage à Bruxelles, un détour par Paris. Rencontre Beauvoir, qui la prend sous son aile et lui présente Sartre. Une amitié de près de 30 ans est née.

Par la suite professeure à l’université Carleton, Madeleine Gobeil élargit ses horizons en réalisant des entrevues à la pige pour Radio-Canada. En 1966, elle – qui a déjà publié une interview de Sartre dans... Playboy! – parvient à convaincre le couple mythique de la France d’après-guerre de se prêter au jeu. «Ils n’étaient pas très intéressés par la télévision, et Sartre s’en méfiait même», rappelait-elle jeudi dans un entretien avec Le Devoir. «Question d’aliénation, je pense, et de contrôle des ondes par l’État. Il faut dire qu’on ne se pressait pas pour les avoir. Mais ils se disaient surtout qu’un écrivain, ça ne fait pas de la télé, ça écrit.»

Beauvoir est sans doute plus actuelle, et rétrospectivement plus importante, que Sartre. Par-delà la philosophie de l’engagement qui tient la route, le flirt marxiste de l’homme paraît résolument suranné alors que la situation des femmes de par le monde montre que le cri de sa compagne était, et reste, essentiel.

Madeleine Gobeil - Extrait d’un entretien réalisé par Jean Dion pour Le Devoir / Mars 2005

réalisation Max

L’entrevue, faite par Madeleine Gobeil et Claude Lanzmann (ami, collaborateur aux Temps modernes et futur réalisateur du monumental film Shoah), se déroule sur plusieurs jours. Une partie des conversations est diffusée à Radio-Canada le 28 mars 1967 dans le cadre de l’émission Dossiers. Le document devait aussi être présenté en France, mais au dernier moment, Sartre retira son accord afin de protester contre la décision du général de Gaulle, alors président de la République, d’interdire au tribunal Russell sur les agissements des États-Unis au Vietnam – dont Sartre était membre – de siéger à Paris (il le fera finalement à Stockholm).

Bien qu’il s’agisse de la seule entrevue filmée qu’aient accordée Beauvoir et Sartre avant que ce dernier ne soit diminué par un accident cérébral en 1973, le document est ensuite allé se réfugier dans l’oubli sur quelque tablette et est demeuré inédit partout sauf au Canada.

Jean Dion - Le Devoir / Mars 2005

sartre et De BeaUVOIr

Cacopardo / images Michel Brault / scénarisation Madeleine Gobeil & Claude Lanzmann 1967 | 58mn | Canada | CBC / Radio Canada

Jean-Paul Sartre (1905-1980) et Simone de Beauvoir (1908-1986), sont présentés dans ce document unique diffusé en 1967 et photographiés par l’un des plus digne représentant de la cinématographie canadienne : Michel Brault. Sartre aborde diverses questions : son intervention et son engagement dans la guerre du Viêtnam, l’objet et le mandat du tribunal Bertrand Russell sur les crimes de guerre, qu’il préside, ses réactions aux nombreuses critiques et son refus du prix Nobel de littérature. Simone de Beauvoir répond aux questions avec franchise. La condition féminine la préoccupe toujours. Elle évoque la régression du mouvement de l’émancipation des femmes, notamment en France. Sa vision de la vie est optimiste, mais son sens du réalisme devant le désespoir est d’une lucidité désarmante. Sans pudeur, sans trop de résistance, ils acceptent pour la première fois que l’on pénètre dans l’intimité de leur univers en nous présentant les lieux où ils ont habités, leurs habitudes de travail, leurs réflexions, la nature (quoi que très discrètement) de leur relation. Simone de Beauvoir confie modestement qu’ils ont accepté d’être filmés pour ceux et celles qui ont aimé leurs œuvres et pour les autres qui les liront plus tard. Radio Canada

RétRospeCtiVe MiCHeL BRauLt

séanCe 3 : saRtRe et De BeauVoiR


chrOnIqUe D’Un été Jean Rouch & Edgar Morin

1961 | 1h26mn | France | Argos Films

Images : Michel Brault, Raoul Coutard, Roger Morillère, Jean-Jacques Tarbès assistés de Claude Beausoleil, Louis Boucher. Son: Guy Rophe, Michel Fano, Barthélémy. Montage: Néna Baratier, Jean Ravel, Françoise Colin. Interprétation: M arceline Loridan, Marilu Parolini, M odeste Landry, Jean-Pierre Angelo, Jacques Gabillon et sa femme, Régis Debray, Nadine Ballot, etc.

« Comment vis-tu ? Es-tu heureux ? »

★ Prix de la Critique au Festival de Cannes 1961

Tout en restant extraordinairement actuel, Chronique d’un été fait percevoir aussi, de manière étonnamment aigüe et prenante, l’atmosphère de la France en vacance de l’été 1960. Une atmosphère plombée bien sûr par la Guerre d’Algérie [...] mais qui fait pressentir aussi, notamment dans les discussions entre jeunes intellectuels et ouvriers, les germes encore timides de mai 68. Cinquante ans après sa réalisation, l’expérience cinématographique à la fois aboutie et totalement ouverte de Rouch et Morin est aussi stimulante qu’au premier jour. Claude Rieffel - avoir-alire.com / Mars 2012

Deux questions et une caméra libre et légère se baladent dans le Paris des années 1960. Cette caméra tisse peu à peu le portrait improvisé des gens qui habitent la capitale, des personnes ordinaires, témoins de leur époque. Marceline et son enfance dans les camps de concentration, la pénible arrivée en France de Landry, leur travail, leurs convictions, leur quotidien, tout y passe. Seules ou en groupe, chez eux ou sur une terrasse, une dizaine de personnes se prêtent au jeu du cinéma-vérité d’Edgar Morin et Jean Rouch. A l’époque, Chronique d’un été apparaît comme une prouesse sociologique mais aussi technologique. La parole peut librement être donnée aux passants grâce à un allègement considérable du dispositif technique. Une caméra légère et un Nagra permettent une prise de vue synchrone avec la prise de son, ce qui nécessitait jusque-là un lourd dispositif difficile à déployer pour le style documentaire. La légèreté du matériel permet d’être au plus près des interlocuteurs, favorisant des témoignages sans détour. T.K - Festival de Cannes 2011

Ce qui fait la complexité et la richesse de Chroniqued’un été , c’est l’imbrication de la vie et du cinéma à tous les niveaux du film. Pas de fausse transparence : ce qui captive les auteurs c’est l’action du cinéma sur le réel, la manière dont les personnes devenues personnages livrent quelque chose de leurs préoccupations profondes, sous le regard de la caméra. Le film s’expose comme un work in progress soumis aux aléas techniques et humains d’un tournage vécu comme une rencontre. « Ce film est hybride et c’est cette hybridité qui fait tantôt son infirmité, tantôt sa vertu interrogative » écrivait Edgar Morin dans son texte « post-chronique » en 1961. C’est cette hybridité, qui, aujourd’hui encore, frappe le spectateur tour à tour emporté et dérouté par ce qui s’invente à l’écran. Camille Bui - Le blog documentaire / Octobre 2011

Jean Rouch, ingénieur, explorateur et ethnologue avant de devenir cinéaste, incarne un cinéma qui se joue des frontières, naviguant entre documentaire et fiction, sérieux et facétie, mais toujours en marge et sous le signe d’un « ciné-plaisir » essentiel. Surnommé « le prêtre blanc » par les Songhaïs, dont il est le spécialiste incontesté, Rouch est son propre opérateur et son premier spectateur. Entouré d’une bande de copains devenus collaborateurs indéfectibles devant et derrière la caméra, Rouch a surtout tourné en Afrique de l’Ouest, et en particulier au Niger, sa terre d’élection, mais aussi aux quatre coins du monde. D’une extraordinaire élégance de pensée et d’une modernité inoxydable, sa production cinématographique compte plus de 170 films aux formes variées. Pionnier de l’anthropologie visuelle, il a profondément marqué l’histoire du septième art, ouvrant la voie à la Nouvelle Vague. Et c’est Godard qui le résume sans doute le mieux : « Chargé de recherche au Musée de l’Homme. Existe-t-il une plus belle définition du cinéaste ? »

Sa contribution [celle de Michel Brault] à « Chronique d’un été » est ni plus ni moins l’étincelle qui révélera, sur la scène mondiale, son incroyable sens de l’image. Alignement des astres nécessaire à l’évolution du cinéma documentaire.

50e anniversaire de la Cinémathèque québécoise - Laporte-Rainville, L. (2014). Histoire d’un géant : Michel Brault (1928-2013). Ciné-Bulles, p.36

La Cinémathèque française

Edgar Morin, né à Paris en 1921, est un des plus grands sociologues français contemporains. Également philosophe et anthropologue, il a publié plus de quarante ouvrages traduits dans le monde entier. Théoricien de la « pensée complexe » qu’il développe dans La Méthode, une œuvre majeure dont les six tomes ont été publiés entre 1977 et 2004, Edgar Morin est docteur honoris causa de nombreuses universités dans le monde. Comité du film ethnographique

RétRospeCtiVe MiCHeL BRauLt

séanCe 4 : CHRonique D’un été

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les IncOnnUs De la terre Mario Ruspoli

| 1961 | 40mn | France | ONF

Images: Michel Brault, Roger Morillère, Quinto Albicocco. Son : Roger Morillère, Danielle Tessier. Commentaire : Michel Zéraffa, dit par Gilles Quéant. Montage : Jean Ravel, Lucienne Barthélémy, Mario Ruspoli.

La chronique s’ouvre par une manifestation paysanne à Mende. «Les paysans n’ont-ils pas le droit de vivre ?» disent les pancartes brandies sur les tracteurs. Le curé juge ses ouailles inaptes au progrès. L’instituteur rural itinérant, plus optimiste, compte sur la jeunesse pour changer l’ancestral ordre des choses. Pénétrant chez le berger Contassin qui vit seul avec ses moutons sur le Causse, l’équipe de Mario Ruspoli constate que le temps s’y est arrêté il y a bien longtemps. Elle fait halte dans d’autres fermes ou dans les champs pour des moments de dialogue. Ici, trois frères, condamnés au célibat parce qu’aucune jeune femme ne veut partager leur vie sans confort. Là deux frères qui rassemblent le foin au râteau et à la fourche. Un couple de défricheurs s’attaque à un coteau pentu. «Les bêtes sont plus à plaindre que nous», commente la femme qui tire les bœufs tandis que son mari enfonce dans le sol pierreux le soc d’une charrue d’un autre âge. Eva segal - ImageSingulières, 9e Rendez-vous photographiques - 24 mai-11 juin / Sète

Mario Ruspoli a capté la voix des campagnes abandonnées, avec leurs mots à eux, avec leurs visages et leurs gestes silencieux, il a fait parler les paysans les plus déshérités de France et nous reconnaissons soudain notre prochain dans ces hommes oubliés du siècle. Simone de Beauvoir

Mario Ruspoli On vous parle ici d’un cinéaste rare, d’un pionnier du cinéma direct, d’un homme aux multiples et féconds talents, et qui pourtant reste un relatif inconnu dans l’histoire du cinéma. Incroyable ? Mais vrai. Son nom : Ruspoli. Son prénom : Mario. Ses titres de noblesse : nombreux, à commencer par sa généalogie. Né le 25 septembre 1925 à Rome, mort le 13 juin 1986 à Paris, Ruspoli descend par son père d’une lignée princière côté italien (les Ruspoli de Poggio Suasa) et de La Fayette par sa mère de ce côté-ci des Alpes. S’agissant du cinéma, cet homme d’extraction noble, à l’humanisme sensible et agissant, n’aura cessé de filmer des hommes qui en étaient dépourvus. Reconquérant par là leur dignité déchue, gagnant au passage la sienne propre. Par ailleurs, l’homme est un éclectique féroce. Musicien, écrivain, journaliste, pataphysicien, entomologiste, ethnologue, gastronome, on en oublie sûrement. Elevé en Italie, formé en France, il est de cette révolution du septième art survenue au début des années soixante avec la mise au point du son synchrone. Moment copernicien. La parole non feinte revient aux hommes, le son de la vraie vie gicle sur l’écran, la caméra palpite et s’enfièvre, les filmeurs deviennent apprentis sorciers. On connaît les principaux noms de cette congrégation : Rouch et Morin en France, Perrault et Brault au Québec, Maysles et Leacock aux Etats-Unis. Ruspoli les connaît tous, il est leur frère. Jacques Mandelbaum - Le Monde / septembre 2016

On est ici loin du regard idyllique et bucolique filmé quinze ans plus tôt par Georges Rouquier dans Farrebique. C’est une véritable démarche militante de la part de Mario Ruspoli et Michel Brault d’aller ainsi filmer en direct la réalité oubliée d’une partie de la population paysanne de l’époque au cœur de la France. [...] Le film se construit au fil des rencontres, la caméra trouvant sa place et ses mouvements en fonction desdites rencontres, se balançant parmi les herbes hautes du Causse ou accordant un temps long de témoignage. Au moment où Raymond Depardon quittait son monde paysan natal pour aller photographier la guerre à l’autre bout du monde, Les Inconnus de la terre fait figure de geste originel tout en permettant un riche dialogue avec la trilogie du Monde paysan de Depardon. Le film de Ruspoli est là aussi pour casser la fausse nostalgie qui laisserait entendre que l’histoire humaine suivrait une seule ligne droite évolutive indissociablement liée à la technologie. L’histoire humaine est bien plus complexe et avec sa caméra, Mario Ruspoli vient l’interroger, léguant en héritage aux générations contemporaines comme à venir le témoignage de l’expérience humaine. Cédric Lépine - Médiapart / Septembre 2016


les enfants DU sIlence Michel Brault

| 1962 | 23mn | Québec | ONF

Recherche et images: Michel Brault. Montage et com mentaire : Claude Jutra. Son : Marcel Carrière. Musique : Maurice Blackburn.

Le film témoigne d’une tendresse de regard que seul le cinéma direct pouvait atteindre. Cinémathèque Québécoise

Par Les enfants du silence [1962], Michel Brault tente de répondre à une inquiétude du corps médical alarmé par les parents qui ne détectent pas la surdité de leur enfant, soit par déni, soit par inattention. Sans doute le réalisateur canadien répond-il à une commande sur cette question grave ? Le film montre avec sensibilité le parcours thérapeutique de quelques enfants malentendants pris en charge par des médecins qui, dans un esprit pluridisciplinaire, essayent de trouver des réponses, variables selon la précocité du diagnostic ou la gravité des causes de la maladie. Par sa guérison finale, la petite Anouk incite le public à consulter un médecin le plus tôt possible pour briser la « prison étroite du silence. » Pour revenir à la question de la révolution technique du cinéma des années 1960, à laquelle le Festival rend hommage à travers Michel Brault et Jean-Pierre Beauviala, ce film illustre ce début des années 1960. Deux caméras et un enregistreur sont bricolés pour tourner ensemble. Un peu plus tard, Jean-Pierre Beauviala synthétisera la question du synchronisme en deux inventions qu’il protègera par des brevets qui internationationalisent cette nouvelle technologie. EdL

le teMps perDU Michel Brault

| 1964 | 27mn | Québec | ONF

Images : Michel Brault. Scénario et commentaires : Alex Pelletier. Son : Marcel Carrière. Montage : Werner Nold. Musique : Stéphane Venne chantée par Hélène C. Savard Cette dernière semaine des vacances d’été 1963 était celle de : Céline Bernier, Nicole Geoffroy, Louise Pelletier, Raymond Décarie, André Fortier, Dominique Boisvert, Jean Pelletier et leurs amis.

« Dans la vraie vie, ce n’est jamais comme dans les beaux films, pourquoi ? »

La caméra très mobile de Brault sait aller chercher l’expression révélatrice dans un regard, s’arrêter le temps d’une parole et bien fixer l’attention sur ses personnages ; elle sait s’éloigner aussi pour éviter l’indiscrétion.

Le site web d’Yves Lever - « Pour connaître quelques points de vue sur le cinéma québécois et sur l’enseignement du cinéma »

Ce film totalement hybride, ou sont anéanties, à la prise de vue et au montage, toutes les démarcations conventionnelles entre documentaire et fiction, relate les derniers jours de vacances d’un groupe d’adolescents réunis pour l’été au bord d’un lac des Laurentides [...]. Les protagonistes ne sont pas des acteurs, ils jouent leur propre rôle, et les conversations entre les jeunes filles (sur les garçons, la virginité, le mariage, etc.) sont filmés en son direct [...]. Michel Brault déclarait : « Dans ce film, j’employais dans leur épanouissement le plus total les techniques du cinéma direct, et je les complétais par une interprétation personnelle des choses, des gens et des lieux. Mais il a été décidé que ce film n’était pas assez commercial. La raison qu’on donnait est qu’il comportait trop de dialogues, et qu’il serait trop difficile de le soutitrer dans les différents pays. En plus, on lui reprochait de n’avoir pas d’histoire. On m’a donc demandé d’en faire un autre. » C’était pourtant une tentative, originale et captivante, d’étendre le cinéma direct hors des travées du documentaire et de briser toutes préventions à cet égard en faveur des nouvelles expériences. Caroline Zéau - L’Office national du film et le cinéma canadien (1939-2003): éloge de la frugalité Pages 362, 363 - Peter Lang éditeur

SéANCE ACCESSIBLE RétRospeCtiVe MiCHeL BRauLt

séanCe 5 : Les inConnus De La teRRe / Les enFants Du siLenCe / Le teMps peRDu

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LES INFOS PRATIQUES lasalle

se situe dans la vallée de la Salindrenque en Cévennes, terre protestante, puis terre de résistance, de refuge et de clandestinité, pays qui demeure celui de la liberté. C’est un village typique des vallées cévenoles, avec sa longue rue de 2 km, construit en bordure de la rivière Salindrenque. Tous les services, commerces et artisans sont à disposition durant toute l’année. La vie associative - culturelle, artistique et sportive - y est très développée. Spécialités gastronomiques : pélardon AOC (fromage de chèvre), miel, oignons doux AOC, châtaignes et produits dérivés....

les strUctUres D’accUeIl

projection Quatre salles de projection sont attribuées au Festival : le temple, la salle du foyer, la Filature du Pont-de-Fer et la chapelle.

restauration - En complément des structures existantes, l’équipe du Festival vous accueille, dans la cour du Foyer, et vous propose une restauration rapide, concoctée avec des produits locaux.

héBergeMent

Lasalle a une très ancienne tradition d’accueil et abrite plus de 1000 habitants et 2000 en période estivale.

gîtes / chambres d’hôtes / campings

Contacter l’Office du Tourisme de Lasalle : 04 66 85 27 27 Camping de la Salendrinque : 04 66 85 24 57 www.campinglasalendrinque.fr Camping de la Pommeraie : 04 66 85 20 52 / www.la-pommeraie.fr

accÈs / transpOrts

en voiture / Lasalle est située à une demi-heure d’Alès, et une heure de voiture de Nîmes et Montpellier. Ces deux villes, à environ trois heures de la capitale en TGV, sont connues pour leur dynamisme économique et culturel. - A7 Bollène direction Alès, puis Anduze, Lasalle. - A9 Nîmes-Ouest direction Le Vigan, puis St Hippolyte-du-Fort, Lasalle. - A9 Montpellier-Ouest direction Le Vigan-Ganges, puis St Hippolyte-du-Fort, Lasalle.

en bus / De Nîmes : gare routière <--> Saint Hippolyte-du-Fort (casernes) : ligne de bus Edgard D40 (4 bus par jour dans les deux sens). www.edgard-transport.fr

cOVOItUrage sud Cévennes

https://fr-fr.facebook.com/groups/316916001788001/ www.doc-cevennes.org (infos pratiques) www.facebook.com/DoC.Cevennes

LA BILLETTERIE

est ouverte dès le mercredi, à partir de 10h, puis les jours suivants, dès 9h30.

PARTICIPATION AUX FRAIs

6,5€ / la séance

5€ / Adhérents chaMp-cOntrechaMp

étudiants & bénéficiaires des minima sociaux sur présentation d’un justificatif

55€ / Forfait 10 séances (partageable)

PRÉvOyEz vOs AChATs dE bIllETs à l’AvANCE !

- les billets sont vendus à l’avance pendant le festival.

- la billetterie est fermée 15mn avant le début de chaque séance.

nous souhaitons commencer à l’heure chaque séance pour favoriser, après la projection, les échanges entre les intervenants et le public.

- aucune réservation de séance au guichet, par téléphone ou par Internet n’est possible. Merci de votre compréhension.

bon Festival !


ReMeRCieMents cinéco - cinéma itinérant en cévennes cinéplan (quissac) scube audiolight (saint-Jean-de-Védas) la cinémathèque du documentaire

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Un pays sans documentaire c’est comme une famille sans photo. Patricio Guzman, auteur.

Visuel : avec la très aimable participation d’Ange & de Pierrick / Conception-réalisation : Catie / Impression : Pure Impression (Mauguio)

festival de Lasalle en Cévennes réseau de diffusion en Cévennes pr oduction audiovisuelle


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