Campanie guide général

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Assessorato al Turismo e ai Beni Culturali



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sommaire 4 Pourquoi la Campanie? 6 Naples, une ville aux mille visages Le centre historique: de Spaccanapoli à piazza Mercato De Castel Nuovo à Foria et à la Sanità La route de la mer: de Chiaia au Pausilippe Les collines: du Vomero à Capodimonte 40 Les Champs Phlégréens Agnano Pouzzoles La Solfatara Les lacs de Lucrino et d’Averno Baïes, Bacoli et Misène Cumes 58 Le Vésuve Herculanum et ses trésors Pompéi, la cité ensevelie Le Palais Royal de Portici et les villas du Mille d’Or Nola et les basiliques de Cimitile 72 Les îles du Golfe de Naples Procida Ischia Capri 84 La Péninsule de Sorrente De Castellammare di Stabia à Sant’Agata sui Due Golfi

92 La Côte Amalfitaine De Positano à Amalfi De Ravello à Vietri 106 Salerne et le Cilento Salerne La plaine du Sele Paestum Le Cilento Le Vallo di Diano 122 Caserte et le Matese Les Sites Royaux des Bourbons: Caserte, San Leucio et Carditello Le bourg de Casertavecchia Terra di Lavoro La Côte Domitienne: de Licola à Baia Domizia Le Matese 138 Bénévent et le Sannio Bénévent La Vallée Caudina La Vallée Telesina et la Vallée du Fortore 148 Avellino et l’Irpinia Avellino, Mercogliano et le Sanctuaire de Montevergine Le cœur vert de la Campanie Du Sabato à l’Ufita La Haute-Irpinia


Pourquoi la Campanie? 4

Naples et le Vésuve

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La Campanie est si plaisante, si belle et si agréable qu’elle semble un véritable miracle de la nature. Le bon air, la clémence perpétuelle du ciel, la campagne fertile, les collines baignées de soleil, les forêts sûres, les montagnes perdues dans les nuages, l’abondance des vignes et des oliviers… mais aussi tous ces lacs, ces sources, ces eaux, et puis, ces mers, ces ports…! Une terre ouverte aux commerces et qui, comme pour encourager les humains, étend ses bras dans la mer. Pline l’Ancien, Ier siècle ap. J-C.


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Une nature de toute beauté, l’exceptionnelle douceur du climat, des vestiges archéologiques, des richesses historiques et artistiques, un patrimoine viticole et gastronomique unique, de grandes manifestations d’art contemporain, musique, spectacles: au cœur de l’Europe et de la Méditerranée, la Campanie n’en finit pas d’enchanter ses hôtes, à commencer par Parthénopé, la sirène légendaire qui est à l’origine du mythe de fondation de la ville de Naples. «Terre des plus fécondes» l’appelaient les anciens, Campania felix dans les carnets des voyageurs du Grand Tour. Mais ce qui rend cette région unique, c’est l’incroyable richesse de son histoire millénaire, la beauté de ses paysages ponctués de monuments comptant parmi les plus célèbres et les plus fréquentés au monde: le Vésuve, avec à ses pieds Pompéi et Herculanum; la magnifique baie de Naples, fermée par la Péninsule de Sorrente et la Côte Amalfitaine, Capri et le tuf phlégréen, avec Ischia et Procida; le magnifique Palais Royal de Caserte…

Capitale du Sud de l’Italie pendant plus de 600 ans, Naples reste naturellement un formidable pôle d’attraction pour tous ceux qui aiment voyager les yeux et l’esprit ouverts. Mais le reste de la région réserve bien d’autres émotions – toutes aussi fortes – au visiteur qui profitera de la tranquillité de destinations souvent moins connues et moins touristiques: Salerne, avec son bourg médiéval, sa promenade de bord de mer, les projets ambitieux de réaménagement urbain, dans le contexte d’une grande province, où la vaste plaine du Sele cède la place à l’oasis naturelle du Cilento; Bénévent et le Sannio, environnement préservé, civilisations antiques et traditions viticoles et gastronomiques en renouvellement constant; Avellino, dans l’Irpinia montagneuse, coeur vert de la Campanie, gardienne jalouse de ses traditions, des fêtes populaires et du folklore authentique; la Terra di Lavoro, avec le grandiose Palais Royal des Bourbons et son Parc, sans oublier des perles rares telles que le bourg de Casertavecchia et la Capoue antique. Et, au moment où l’on s’y attend le moins, voici que l’on voit surgir grottes, châteaux, sanctuaires et sites religieux de toute beauté, tels que Montevergine et Pietrelcina… Et pour ne pas négliger les soins du corps et les parcours de bien-être, toutes ces merveilles s’accompagnent d’un kaléidoscope de «plaisirs»: stations thermales modernes situées dans de magnifiques cadres, mer de cristal, établissements balnéaires suréquipés, zones protégées, fermes auberges, vins, citrons, tomates, mozzarella, pâtisseries, grands chefs et restaurants typiques pour des saveurs variées et originales… En toute saison, il y en a pour toutes les bourses: des voyageurs les plus exigeants et à la recherche de tranquillité et de standards internationaux, aux familles qui visent, à juste titre, un bon rapport qualité/prix.


Naples, une ville aux mille visages 6

Vue sur le Golfe de Naples

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«Il n’y a presque personne qui n’ait souhaité de voir Naples». Paul Edme de Musset, 1885


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A l’ombre du Vésuve, le tourisme a des racines profondes: sur les traces des colons grecs, de raffinés aristocrates et des empereurs romains construisirent de somptueuses villas et des oasis de paix tout le long du Golfe. La magie toute particulière de cette civilisation millénaire continue à générer, aujourd’hui encore, au troisième millénaire, l’émerveillement: récupération de monuments et de traditions – folklore, gastronomie, cultures traditionnelles – que l’on craignait perdus pour toujours; manifestations et spectacles dignes des grands circuits internationaux, une nouvelle source de recherche artistique et scientifique. A Naples, les trésors artistiques à visiter ne se comptent plus: le centre-ville historique, patrimoine mondial de l’UNESCO; les palais, les églises, les catacombes et les parcours souterrains, le Musée Archéologique; les lieux du pouvoir médiéval et Renaissance concentrés autour de Castel Nuovo et du Palazzo Reale; la promenade sur le bord de mer, de Castel dell’Ovo au Pausilippe. La colline du Vomero propose, dans les espaces restaurés et réaménagés du Palais Royal de Capodimonte et de la Chartreuse de San Martino, des collections de musée parmi les plus importantes au monde.

Un parcours dans la ville du XXème siècle conduit en revanche jusqu’aux architectures rationalistes du parc des expositions “Mostra d’Oltremare”, avec son jardin et ses installations sportives et ses halls d’exposition. L’exploration des nouveaux espaces consacrés à l’art contemporain s’avère, quant à elle, insolite et surprenante: des édifices tels que le PAN (Palazzo delle Arti Napoli) ou le MADRE (Museo d’Arte Contemporanea Donnaregina), mais aussi les stations d’art du métro, admirées dans le monde entier, illustrent bien les objectifs originaux d’une politique culturelle clairvoyante. En définitive et malgré les difficultés et les contradictions propres à toutes les grandes métropoles, Naples reste une réalité hors du commun, à vivre, à admirer et à goûter avec les 5 sens: pour l’art et la civilisation qui ont marqué de façon aussi indélébile son histoire; pour la douceur de son climat qui accompagne, jour et nuit, spectacles, festivals de théâtre et de musique, expositions, salons, manifestations religieuses; pour les occasions «gourmandes», à la découverte d’une tradition gastronomique multiséculaire, des saveurs de la mer et de produits «typiques» uniques (la mozzarella de bufflonne, la pizza, les vins Docg, la pâtisserie raffinée), dans les nombreux restaurants traditionnels ou dans les boutiques d’artisanat les plus insolites.

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Campania > Artecard: pass de 3, 7 ou 365 jours permettant d’accéder, sans faire la queue, aux principaux musées et sites archéologiques de la région et d’utiliser le réseau de transports publics du circuit UnicoCampania et de navettes spéciales. www.campaniartecard.it City Sightseeing: parcours de 50 minutes à 2 heures, avec possibilité de monter et descendre à tout moment pendant le parcours et la période de validité du billet. tél. 081 5517279 www.napoli.city-sightseeing.it Ente Provinciale per il Turismo di Napoli piazza dei Martiri 58 tél. 081 4107211 www.eptnapoli.info Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Napoli Palazzo Reale tel. 081 402394 www.inaples.it Museo Archeologico Nazionale piazza Museo 19 tel. 081 4422149 Museo di Palazzo Reale piazza Plebiscito tel. 081 400547 Museo Nazionale di Capodimonte via Miano 1 tel. 081 7499111

Pulcinella

Ce personnage typique du carnaval napolitain aurait été inventé en 1656 par Andrea Calcese, dit Ciuccio,

un tailleur originaire d’Acerra, un petit village de la province de Naples. Déjà cité dans les Atellanes, le nom dériverait du latin Pullicenus (poussin). Pulcinella est le porte-parole du «pauvre», du «maltraité», et il est caractérisé par une faim insatiable. Apparemment ingénu, inexpérimenté, voire

même un peu «sot», il est en réalité plein de ressources. Son tempérament sympathique lui permet toujours de s’en sortir, même dans les situations les plus difficiles. Le philosophe Benedetto Croce le définit comme le «portrait, la caricature ou l’idéal du napolitain».

Museo Nazionale di San Martino largo San Martino 8 tel. 8081 5781769 MADRE via Settembrini 79 tel. 081 19313016 Museo PAN via dei Mille 60 tel. 081 7958604


à ne pas manquer Piazza del Plebiscito Castel Nuovo ‘Spaccanapoli’ et le centre historique Castel dell’Ovo Musée Archéologique National Musée de Capodimonte Musée de San Martino MADRE

naples en 1 jour Palais Royal et piazza del Plebiscito Castel Nuovo Musée Archéologique National ‘Spaccanapoli’ et le centre historique Castel dell’Ovo et le bord de mer

naples en 3 jours Palais Royal et piazza del Plebiscito Castel Nuovo Chartreuse et Musée de San Martino Musée Archéologique National ‘Spaccanapoli’ et le centre historique

Musée de Capodimonte Castel dell’Ovo et Borgo Marinari Le bord de mer et Mergellina Pausilippe MADRE Museo d’Arte Contemporanea Donna Regina

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Les origines de la ville se perdent dans la nuit des temps et restent entourées de fascinantes légendes. Selon l’hypothèse la plus digne de foi, sa naissance remonterait au IXème siècle av. J-C., lorsque les Grecs colonisèrent le Golfe pour se diriger vers les gisements miniers de la mer Tyrrhénienne. En 326 après J-C., elle fut déclarée colonie romaine. Après la chute de l’Empire romain, Naples devient la capitale d’un important duché qui réussit à résister à l’invasion des Lombards. En 1137, le duché passe aux mains des Normands qui favorisent l’intégration des différentes populations. Le port de Naples devient alors le plus important de la Méditerranée. Après la mort de Frédéric II de Souabe, Charles d’Anjou fait, en 1266, son entrée triomphale à Naples. Le pouvoir passe à Alphonse d’Aragon en 1442, après une longue guerre qui affaiblit considérablement le royaume. Mais en peu de temps, la situation change radicalement. D’importants travaux sont réalisés tels que la construction d’égouts et de routes, et l’édification de l’Arc de Triomphe à Castel Nuovo. D’autres ouvrages (l’ouverture de la via Toledo, les Quartieri Spagnoli, la restauration de la Riviera di Chiaia, etc.) sont en revanche exécutés au cours des deux siècles que dure la domination espagnole (1503-1707), jusqu’à l’arrivée des Bourbons (1734), qui gouvernent le Royaume de Naples jusqu’en 1860, l’année de l’unification de l’Etat italien. Notre parcours à la découverte de la ville commence par le cœur historique, qui a conservé un plan grécoromain. Il continue ensuite par Castel Nuovo et Palazzo Reale (Palais Royal), lieux où s’exerçait le pouvoir au Moyen Age et pendant la Renaissance. Puis nous parcourrons le bord de mer, de Castel dell’Ovo au Pausilippe, pour arriver enfin aux collines de Capodimonte et du Vomero.

art et archéologie Castel Sant’Elmo Castel Nuovo La vieille ville et le «Naples souterrain» Chartreuse et Musée de San Martino Musée Archéologique National Musée de Capodimonte Musée Duca di Martina Palais Royal

Pompéi et Herculanum Palais royal de Portici Villas vésuviennes du «Mille d’Or»

nature et parcs Cloître de Santa Chiara Cloître de San Gregorio Armeno Jardins du Palais Royal Jardin Botanique Parc de Capodimonte Parc Virgiliano Villa Comunale Villa Floridiana Parc National du Vésuve

pour les jeunes Plage de sable de Bagnoli (en été) Borgo Marinari Piazza Bellini et la vieille ville Piazza dei Martiri et alentours Piazza Vanvitelli et alentours


shopping Crèches et santons de San Gregorio Armeno Coraux et camaïeux Porcelaines de Capodimonte Marché d’Antignano (Vomero)

Marché alimentaire de la Pignasecca (Montesanto) Objets en pierre volcanique, cuivre, fer forgé, osier

en vacances avec les enfants Aquarium de la Station Zoologique ‘Anton Dohrn’ Castel dell’Ovo Musée Archéologique (parcours didactique pour enfants)

Pompéi Parc National du Vésuve

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Cloître de l’église de San Gregorio Armeno

saveurs et arômes Babas Café Mozzarella de bufflonne Dop Pizza margherita Dop Saucisson Napoli Sfogliatelle Spaghetti aux coques Abricots et tomates cerises du Vésuve Vins du Vésuve

thermes et bien-être Centres de beauté des grands hôtels


Le centre historique: de Spaccanapoli à piazza Mercato 10

Le «ventre» de Naples est le centre historique gréco-romain: un réseau de rues perpendiculaires partagé en trois axes, les «decumani», coupés à angle droit par des rues dites «cardini». C’est là que l’on sent battre le cœur de la ville: les ruelles, les boutiques des artisans, les innombrables merveilles artistiques qui surprennent le visiteur à tout moment, la voix des napolitains… C’est ici que se trouve aussi le cœur «culturel» de Naples, avec l’Université, située via Mezzocannone, les cafés littéraires de la piazza Bellini, les librairies de Port’Alba, l’Istituto Italiano di Studi Storici, via Benedetto Croce. La piazza del Gesù Nuovo est la porte d’entrée dans le cœur de la vieille ville. La flèche de l’Immaculée (1747) et l’église du Gesù Nuovo, dont la façade conserve encore les bossages du XVème siècle du Palazzo Sanseverino (avant de devenir une église, le bâtiment appartenait à la famille Sanseverino qui en avait fait sa résidence), introduisent le visiteur dans la religiosité baroque de la ville. A l’intérieur tout est marbre, stucs, fresques, avec notamment des œuvres de Francesco Solimena, Luca Giordano et Massimo Stanzione. Un peu plus loin, l’église Santa Chiara apparaît dans toute son austérité. Construite en 1310 sur l’ordre de Robert d’Anjou, en style gothique provençal, elle fut «baroquisée» au XVIIIème siècle. Endommagée par les bombardements de 1943, elle a été restaurée dans les lignes pures de ses origines.

sfogliatelle et autres gourmandises La sfogliatella est une pâtisserie napolitaine typique, inventée au XVIIIème siècle par Pintauro, comme

ils disent. Fourrée de ricotta parfumée à la vanille ou à la cannelle et de fruits confits, elle existe en deux variétés: frolla, lorsque la pâte est brisée, et riccia, lorsque la pâte est feuilletée et frite. Vous pourrez déguster la sfogliatella classique, donc sucrée, chez Pintauro, situé via Toledo.

La célèbre pâtisserie Scaturchio, sur la piazza San Domenico, la prépare aussi bien sucrée que salée. Les autres gourmandises typiques sont le baba au rhum et la pastiera, un gâteau de Pâques d’origine angevine, aujourd’hui produit tout au long de l’année et réalisé à partir de


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pâte sablée, de ricotta, de grains de blé et de fruits confits. A Noël, ne manquez pas les struffoli, ces petites boules de pâte à beignets, frits dans l’huile et enrobés de miel. Un must également, le café napolitain, servi très chaud, sucré et très serré.


Le Christ voilé de la Chapelle Sansevero Portail de l’église du Gesù Nuovo

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On trouve à l’intérieur de l’église du même nom les tombes de la famille royale d’Anjou, réalisées au XIVème siècle par des sculpteurs de l’École toscane. Œuvre de Domenico Antonio Vaccaro, le célèbre cloître des Clarisses mérite que l’on s’y arrête. Ici, Naples devient soudain silencieuse, envahie par les parfums des glycines et des narcisses; l’œil est captivé par les couleurs vives (jaune, vert et bleu) des majoliques qui recouvrent les colonnes octogonales et les bancs sur lesquels les artistes napolitains Donato et Giuseppe Massa ont peint des scènes champêtres et mythologiques.

Pratiquement cachée dans une ruelle latérale du vico San Domenico, la petite chapelle Sansevero vaut le détour. Ce spectaculaire édifice baroque abrite toute une série d’œuvres d’art dont la sculpture du Christ Voilé par Giuseppe Sanmartino: l’effet, le traitement virtuose du marbre et les jeux de lumière en font un véritable chef-d’œuvre. Et puis le visiteur ne pourra s’empêcher de jeter un coup d’œil aux nombreuses inventions et aux «écorchés» qui ont rendu si célèbre le prince de Sansevero et alimenté sa réputation de sorcier et de magicien.

Situé via Benedetto Croce, le Palazzo Filomarino della Rocca fut la résidence de Benedetto Croce. C’est aussi dans cet édifice du XIVème qu’il fonda l’Istituto Italiano per gli Studi Storici, qui reste encore aujourd’hui un centre de recherches très actif avec une très riche bibliothèque. La piazza San Domenico représente l’un des ouvrages urbanistiques les plus importants réalisés à l’époque aragonaise, où cohabitent plusieurs styles: l’église (XIIIème siècle), église «officielle» de la dynastie aragonaise, dont sont conservées les urnes funéraires; la flèche de San Domenico (XVIIème siècle) et les magnifiques façades du Palazzo Corigliano (XVIIIème siècle), aujourd’hui siège de l’Institut Universitaire Orientale, et le Palazzo Sansevero.

La via San Gregorio Armeno est une véritable fourmilière: c’est le cœur du Naples des artisans, caractérisé par le campanile de l’église du même nom. Durant les deux mois qui précèdent Noël, San Gregorio Armeno devient la rue la plus animée du centre historique et se remplit de stands vendant des santons et des décors pour la crèche. A côté des figurines traditionnelles de l’Enfant Jésus, de la Vierge et de Saint Joseph, les artisans rivalisent de créativité pour exposer des santons directement inspirés de l’actualité. L’ensemble conventuel de San Gregorio Armeno comprend l’église, caractérisée par une somptueuse nef baroque et un magnifique plafond à caissons, et un cloître composé de jardins, potagers et vergers. A ne pas manquer.

Piazzetta Nilo, on trouve une statue grecque représentant le fleuve Nil, retrouvée au Moyen Age et que les Napolitains appellent gentiment «le Corps de Naples». C’est sur cette place également que se trouve la petite église Sant’Angelo a Nilo. Construite en 1385 puis remaniée au XVIIIème siècle, elle abrite plusieurs œuvres d’art datant des XVème et XVIème siècles, mais aussi le magnifique tombeau Renaissance du cardinal Rinaldo Brancaccio, œuvre de Donatello, Michelozzo et Pagno di Lapo exécutée à Pise entre 1426 et 1428, puis envoyée à Naples par voie de mer. En flânant le long de la via San Biagio dei Librai (dite également Spaccanapoli), on pourra jeter un œil aux nombreuses boutiques d’antiquaires, magasins d’art sacré et bijouteries. Au numéro 114 se dresse un chef d’œuvre du maniérisme XVIIème, la Chapelle du Monte di Pietà, intégrée au Palazzo Carafa et décorée des fresques de Belisario Corenzio, avec l’intervention de Luigi Rodriguez et Battistello Caracciolo.

En continuant sur cette rue, on arrive au cœur de la ville gréco-romaine, là où se trouvaient le forum romain et avant lui l’agora grecque. La stratification des époques est ici particulièrement bien visible. Le centre en était l’actuelle piazza San Gaetano, où s’élèvent aujourd’hui l’église San Paolo Maggiore, construite entre le VIIIème et le IXème siècle, et celle de San Lorenzo Maggiore, dont le cloître abrite des fouilles gréco-romaines (une curiosité: c’est ici que Boccace rencontra sa chère Fiammetta, le Samedi Saint de l’an 1336).

l’hôpital des poupées Dans cet hôpital créé à la fin du XIXème siècle, on restaure depuis trois générations toutes sortes de

poupées. L’œuvre de son fondateur Luigi Grassi est aujourd’hui poursuivie par son petit-fils Luigi et sa fille Tiziana. Mieux vaut téléphoner pour réserver une «visite» dans le petit magasin historique de la via San Biagio dei Librai 81 (tél. 081 203067 www.ospedaledellebambole.it).

Cloître de Santa Chiara


Piazza San Domenico Maggiore Boutiques d’artisans à San Gregorio Armeno

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De la piazza Dante en passant par Port’Alba, on pourra aller jusqu’à la via dei Tribunali. Puis de Toledo, à hauteur du Palazzo Maddaloni, rejoindre la via San Biagio dei Librai et se mettre à la recherche de l’édifice portant une plaque avec l’inscription: “Dans ce palais naquit le plus illustre des citoyens de Naples, San Gennaro”. Si vous interrogez le portier, celui-ci se contentera de hausser modestement les épaules et de répondre: “C’est ce qu’on dit”. Giovanni Ansaldo, 1961

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Façade de la cathédrale Détail de la décoration de l’église Santa Maria del Purgatorio ad Arco

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Une promenade dans les souterrains de Naples s’avère une expérience très intéressante pour le touriste qui découvrira un grand nombre de secrets, d’anecdotes et de légendes au sujet de la ville. Personne ne connaît exactement les dimensions du sous-sol de Naples mais les spéléologues ont recensé au cours de ces dernières années près de 700 cavités pour un espace d’un million de mètres cubes. On pourra partir de la piazza San Gaetano, au cœur du centre antique, pour un parcours de deux heures à travers un dédale de galeries. Le théâtre gréco-romain peut se visiter à travers l’entrée très pittoresque d’un «basso», vico Cinquesanti. Du cloître de l’église San Lorenzo Maggiore, il suffit de parcourir quelques mètres pour revenir 2600 ans en arrière, entre les pierres des murailles grecques. Dans les Quartieri Spagnoli enfin, on descend à 40 mètres de profondeur pour arriver dans des citernes d’aqueducs antiques, utilisées comme refuges pendant les bombardements de la deuxième guerre mondiale.

Sur la gauche, dans la via Tribunali, la petite église Santa Maria del Purgatorio ad Arco est caractérisée par d’étranges décorations baroques: les têtes de mort sculptées dans le bronze symbolisent la dévotion du peuple napolitain pour les «âmes en peine», dites «pezzentelle» car mortes sans famille. Un peu plus loin, on arrive à l’église San Pietro a Majella. Depuis 1826, l’ancien couvent est le siège de l’un des plus illustres conservatoires de musique d’Italie. A voir, les magnifiques tableaux de Mattia Preti, chefs-d’œuvre de la peinture italienne du XVIIème siècle. Toute proche, la piazza Bellini est toujours très animée, le soir surtout, lorsque les cafés littéraires sont pleins. A l’opposé, au bout de la via Tribunali, se dresse l’église des Girolamini, d’où l’on accède à la pinacothèque du même nom (tableaux des XVIèmeXVIIIème siècles).

centrale reflète les interventions baroques du XVIIIème siècle. On accède à l’ancienne basilique paléochrétienne de Santa Restituta par une entrée située dans la nef gauche. Fondée au IVème siècle par l’empereur Constantin, elle se présente aujourd’hui dans un style baroque, fruit des travaux de restauration réalisés après le tremblement de terre de 1688. Au sol, les fragments de mosaïque semblent provenir d’une autre basilique paléochrétienne (la Stefania, VIème siècle). Possibilité de visiter les vestiges archéologiques d’époques grecque et romaine conservés sous la basilique Santa Restituta. A droite de l’abside en revanche, on accède au baptistère de San Giovanni in Fonte, construit entre le IVème et le Vème siècles. Il s’agit là du plus ancien édifice de ce type de l’Occident chrétien. La cathédrale est surmontée d’une coupole décorée de mosaïques. A côté des chapelles médiévales recouvertes de fresques et de décorations, il faut s’arrêter à la Chapelle du Trésor de San Gennaro, construite entre 1609 et 1637. Les superbes décorations picturales furent confiées aux artistes les plus renommés de l’époque (Fanzago, Domenichino, Ribera et Lanfranco). La magnificence de la chapelle est soulignée par les meubles précieux et les grands bustes reliquaires en argent. C’est là qu’est exposé pendant deux semaines, à l’occasion de la commémoration du miracle de San Gennaro, le reliquaire contenant le sang du Saint patron de Naples.

Au numéro 288 de la via Duomo, le Musée Civico Filangieri, donné en 1882 à la ville de Naples par Gaetano Filangieri, prince de Satriano, abrite une vaste collection très variée d’objets d’art: armes, porcelaines, tableaux, costumes, livres, meubles.

La via dei Tribunali coupe la via Duomo, la rue de la cathédrale gothique achevée par Robert d’Anjou en 1313. La façade, qui s’était écroulée en même temps que le campanile lors du tremblement de terre de 1349, a fait l’objet de plusieurs remaniements. Richement décoré, l’intérieur se présente en croix latine à trois nefs. La nef

le miracle de San Gennaro Espoirs, attente, tension et invocations se succèdent dans la foule des fidèles qui assistent à la liquéfaction du sang de San Gennaro

(Saint Janvier). Depuis 600 ans, chaque année, le premier dimanche de mai (date à laquelle on commémore la première translation du corps du saint) et le 19 septembre (jour de son martyre), c’est le même rituel qui se déroule, précédé d’une procession traversant les rues du centre historique.


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On notera la magnifique porte et les colonnes de granit africain et égyptien qui ornaient jadis le temple d’Apollon. La cathédrale abrite le sang, sacré et célèbre, de San Gennaro. Celui-ci est conservé à l’état solide dans deux ampoules enfermées dans une custode en argent. Trois fois par an, le sang se liquéfie miraculeusement, au grand bonheur des Napolitains. Charles Dickens, 1845

Miracle de Saint Janvier

Église San Lorenzo Maggiore

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Campanile et intérieur de la Basilique de Santa Maria del Carmine

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Plus haut, en prenant à droite, on arrive au Palazzo Donnaregina, siège du MADRE (Museo d’Arte Contemporanea Donnaregina), réalisé par le célèbre architecte portugais Alvaro Siza. C’est un grand musée de renommée internationale. La collection permanente est constituée d’œuvres signées par un grand nombre d’artistes ayant autrefois travaillé pour la municipalité. On pourra donc y admirer les créations qui ont été exposées sur la piazza Plebiscito et au Musée Archéologique, au cours de ces dernières années, ainsi que des œuvres imaginées, conçues, peintes et réalisées pour ce même musée. Parmi les artistes, on pourra citer, entre autres, Long, Bianchi, Clemente, Horn, Kapoor, Kounellis, Paolini, Sol Lewitt, et Serra. En revenant sur la via dei Tribunali et après avoir traversé la via Duomo, on verra sur la droite le complexe de Pio Monte della Misericordia, fondé en 1601, l’une des plus anciennes institutions caritatives de la ville. L’église octogonale abrite, au-dessus du grand autel, l’immense toile représentant les Œuvres de miséricorde, l’un des chefs-d’œuvre du Caravage. A voir également la Quadreria, une collection de tableaux qui s’est constituée au fil des siècles, grâce aux dons. Parmi les principaux bienfaiteurs de cette collection, citons le peintre Francesco De Mura qui en 1782 laissa en héritage 192 toiles (dont seules 42 subsistent encore aujourd’hui). Au bout de la via dei Tribunali, on tombe sur le Castel Capuano, le plus ancien des quatre châteaux napolitains. Construit sous le règne des Normands, il devint par la suite palais de justice (siège du Tribunal civil), jusqu’à il y a quelques

une pizza de reine La véritable pizza napolitaine diffère de toutes celles préparées dans le reste du monde par sa

«croûte», qui doit être large de 3-4 cm, cuite à point et présenter une consistance molle et élastique. Pour préparer la plus classique des pizzas, la Margherita (inventée en 1889 par le pizzaiolo Raffaele Esposito de la pizzeria «Brandi», à l’occasion de la visite à Naples de la reine

années. Par ailleurs, c’est à cet endroit que se trouve l’une des portes de Naples, la Porta Capuana. Erigée en 1484, elle constituait la principale entrée orientale de la ville. C’est ici qu’a lieu l’un des marchés les plus pittoresques de la ville, spécialisé dans les poissons, fruits et légumes. Un autre se tient non loin de là, Porta Nolana, près de la gare ferroviaire de la piazza Garibaldi. Quelques mètres plus loin se dresse l’église San Giovanni a Carbonara, construite entre 1343 et 1418, dont on pourra admirer les jolies chapelles Caracciolo del Sole (1427) et Caracciolo di Vico (1516), de même que le tombeau grandiose de Ladislao di Durazzo (1428), roi de Naples. La dernière étape de notre parcours est la piazza Mercato, l’un des hauts lieux de l’histoire napolitaine: en 1268, Corradino de Souabe y fut décapité; en 1647, Masaniello y rassembla la population pendant la révolte anti-espagnole dont il était le chef. La place est dominée par l’une des églises les plus populaires et les plus vénérées de Naples, la basilique de Santa Maria del Carmine, consacrée à Santa Maria la Bruna. C’est en son honneur qu’a lieu, en juillet, une fête avec des concours pyrotechniques qui se terminent par «l’incendie» du campanile le plus haut de la ville (75 mètres). Le port, enfin, s’ouvre sur la via Nuova Marina. Ses travaux débutèrent sous Charles II, avec la construction du Molo Angioino. Il fut par la suite régulièrement agrandi, jusqu’à atteindre, à la moitié du XXème siècle, les dimensions qu’on lui connaît aujourd’hui.

Marguerite de Savoie, comme ils disent), le pizzaiolo travaille la pâte entre la paume et les pouces, utilise des tomates de San Marzano, de la mozzarella, de l’huile d’olive, du Parmesan râpé et quelques feuilles de basilic frais.


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Et voici qu’il m’apparaît ni irrévérencieux, ni banal, à l’heure de l’extrême adieu, le son du proverbe qui dit «voir Naples et mourir!» Herman Melville, 1857

17 MADRE - Museo d’Arte Contemporanea Donnaregina

Castel Capuano Les Œuvres de Miséricorde du Caravage


De Castel Nuovo à Foria et à la Sanità

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La zone comprise entre le Castel Nuovo et le Musée Archéologique National, en passant par via Toledo, constitue le coeur de Naples, le quartier que les Napolitains considèrent comme le plus représentatif, où se trouvent plusieurs monuments symboles de la ville: le château normand Maschio Angioino, le Palais Royal, la piazza del Plebiscito, le Théâtre San Carlo, la Galerie Umberto Ier, le Musée Archéologique National. Le Castel Nuovo (ainsi nommé pour le distinguer des plus anciennes résidences royales, Castel dell’Ovo et Castel Capuano) est également connu sous le nom de Maschio Angioino. L’imposante forteresse, commencée en 1279 par Charles Ier d’Anjou et reconstruite par les Aragonais, présente un plan trapézoïdal. Elle est entourée de douves, où s’appuient les hauts soubassements des cinq tours cylindriques. Construit pour célébrer l’entrée triomphale d’Alphonse d’Aragon en 1443, l’Arc de Triomphe marque la porte d’accès au château et en constitue le principal ornement. Magnifiquement sculpté, il constitue le plus bel exemple de sculpture Renaissance du Sud de l’Italie. A l’intérieur du château, la chapelle Palatine est l’unique édifice à avoir conservé son aspect d’origine. A voir également, l’extraordinaire salle de Baroni. L’inauguration du Museo Civico (Musée de la Ville) remonte à 1992.

Le Castel Nuovo trône au centre de la piazza Municipio. En haut de la place se trouve le Palazzo San Giacomo, l’hôtel de ville, auquel est intégrée l’église San Giacomo degli Spagnoli, du XVIème siècle. Derrière le grand autel, se trouve le tombeau monumental du vice-roi Pedro de Toledo.

Castel Nuovo


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Mais que vois-je? Des murailles menaçantes, une forteresse en plein cœur de la ville? C’est bien cela. Je l’observe émerveillé. Herman Melville, 1857

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Palais Royal

les artisans de la rua Catalana Du côté de la via Medina, près de la piazza Municipio, l’étroite rua Catalana est connue pour ses nombreux

ateliers spécialisés dans le travail du fer, du cuivre et du fer blanc. Le quartier (vicolo Graziella, la via Basile, calata Ospitaletto) est devenu le cadre d’une exposition permanente de curieux lampions et sculptures en fer, signés par les maîtres ferronniers.


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Au premier moment, je me suis cru transporté dans le palais de quelque empereur d’Orient. Mes yeux sont éblouis, mon âme ravie. Il n’y a rien en Europe, je ne dirai pas d’approchant, mais qui puisse même de loin donner une idée de ceci. Stendhal, 1826

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La Galerie Umberto Ier (1887-1890) présente une splendide verrière d’une hauteur de 57 mètres et un magnifique sol en marqueterie de marbre. L’intérieur est occupé par des magasins, cafés et librairies. De l’église Santa Brigida, intégrée dans le complexe de la galerie, on admirera les fresques de la coupole. Réalisée par Luca Giordano, elles représentent Le Paradis. Inauguré le 4 novembre 1737 à l’occasion de la Saint Charles, le Théâtre San Carlo est le plus ancien théâtre lyrique du monde. Après l’incendie de 1816 qui le détruisit en partie, il fut restauré par Antonio Niccolini, auquel on doit également la façade. Pendant la première moitié du XIXème siècle, le Théâtre San Carlo connut une période de gloire mémorable, grâce à l’impresario Domenico Barbaja qui engagea des musiciens tels que Gioachino Rossini et Gaetano Donizetti.

Le Théâtre donne sur une place très animée, la piazza Trieste e Trento (anciennement piazza San Ferdinando). C’est là que se trouve le célèbre café historique Gambrinus, fondé en 1860 et autrefois fréquenté par des poètes et des intellectuels. L’église baroque de San Ferdinando donne sur la même place. Tous les vendredis saints, elle est le théâtre d’une grande tradition: le Stabat Mater de Pergolèse. En traversant la piazza Trieste e Trento, on arrive sur la célèbre piazza del Plebiscito, la plus grande de toute la ville, qui sert de cadre spectaculaire à certains concerts et autres manifestations culturelles. Le caractère monumental de la place est souligné par l’église San Francesco de Paola et ses colonnes néo-classiques, et dont l’intérieur s’inspire du Panthéon de Rome. Au centre de la place, les deux statues équestres de Charles de Bourbon (œuvre d’Antonio Canova) et de Ferdinand Ier sont tournées vers le majestueux Palais Royal. Sa construction commença au début du XVIIème siècle, sur un projet de Domenico Fontana. Joachim Murat et Caroline Bonaparte y ajoutèrent des décors et du mobilier néoclassique, dont certaines pièces provenaient des Tuileries. Le palais fut endommagé par un incendie en 1837 et restauré par Gaetano Genovese. Pour visiter les appartements prestigieux, on entre d’abord dans la grande cour d’honneur, puis dans le Musée (composé de 30 salles, disposées sur un seul étage), qui a conservé les décors et les meubles d’origine. L’escalier monumental en marbre polychrome et le Teatrino di Corte, une salle des fêtes transformée en 1768 par Ferdinando Fuga qui en fit un délicieux cadre rococo. La Bibliothèque Nationale, qui se trouve dans une autre aile du palais, contient une collection de plus d’un million et demi de volumes, dont de précieux codes médiévaux, et les célèbres papyrus d’Herculanum.

la fête du premier de l’an, piazza del Plebiscito Depuis 1994, l’année où la place est devenue piétonne, devenant ainsi le symbole de la renaissance de la ville,

les Napolitains fêtent piazza del Plebiscito l’entrée dans la nouvelle année, autour d’un grand concert durant lequel s’alternent chanteurs et personnalités du spectacle. Pendant la période de Noël, des artistes de renommée internationale exposent sur la place leurs créations d’art contemporain.


Galerie Umberto Ier Théâtre de San Carlo

Piazza del Plebiscito et l’église San Francesco di Paola

Istituto Italiano degli Studi Filosofici De la piazza del Plebiscito, en remontant le long de la via Gennaro Serra, on arrive via Monte di Dio, dans le

quartier de Pizzofalcone, premier centre grec de Parthénopé. C’est là que se trouve l’Istituto Italiano degli Studi Filosofici (Institut Italien d’Études Philosophiques), dans le monumental Palazzo Serra di Cassano, caractérisé par un splendide escalier. L’entrée principale fut murée

en 1799 par les ducs Serra di Cassano, après la pendaison de leur fils, Gennaro, martyr de la révolution de 1799. Selon le rapport rédigé par l’Unesco, l’Institut «a acquis une dimension sans précédent dans le monde et contribue à faire de Naples une véritable capitale culturelle».

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“Nous voulons voir Don Peppe!” La foule de napolitains sous le balcon de Palazzo Doria d’Angri, où logeait Giuseppe Garibaldi.

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Axe principal de l’expansion urbaine voulue en 1536 par le vice-roi Pedro de Toledo, la via Toledo démarre piazza del Plebiscito. Beaucoup de Napolitains l’appellent tout simplement «Toledo», d’autres via Roma, (elle avait été baptisée ainsi de 1870 aux années 1980). La via Toledo est une des principales rues de la ville avec un grand nombre d’églises et de vieux palais, tels que le Carafa di Maddaloni (1582) et le Doria D’Angri (1775) œuvre du génie de Luigi Vanvitelli. C’est de son balcon que Giuseppe Garibaldi proclama l’annexion du Royaume des Deux Siciles au Royaume d’Italie. La zone comprise entre la via Toledo et la colline de San Martino correspond au dédale des Quartieri Spagnoli (quartiers espagnols). Piazza Carità, il convient de faire un petit détour pour visiter deux joyaux de la Renaissance: l’église de Monteoliveto et celle de Santa Maria la Nova. Construite au XVème siècle, la première, dite également église Sant’Anna dei Lombardi, a conservé toute la simplicité et la rigueur de sa construction d’origine. L’autel Del Pezzo et l’autel Ligorio sont de véritables chefs-d’œuvre de la Renaissance. L’abside abrite quant à elle le magnifique Lamentation sur le Christ mort, un ensemble de statues en terre cuite grandeur nature. Selon la tradition, il représenterait les membres de la famille royale aragonaise. De style Renaissance également, l’église Santa Maria la Nova (et ses cloîtres majestueux), édifiée au XIIIème siècle, fut ensuite complètement reconstruite à partir de 1596. Les caissons de bois doré du plafond contiennent 46 toiles réalisées par les principaux artistes napolitains de la fin du XVIème siècle. La via Toledo débouche enfin sur la piazza Dante. Délimitée par l’hémicycle du Foro Carolino, construit par Luigi Vanvitelli, elle est ornée, en son centre, du

les Quartiers Espagnols Créés au XVIème siècle pour accueillir les troupes espagnoles et leurs familles, les Quartiers Espagnols se présentent comme un

véritable dédale de ruelles organisées selon un plan quadrillé en damier. Avec le temps, ils sont devenus une ville dans la ville et constituent aujourd’hui un quartier pittoresque et très animé. En arpentant ces ruelles (la prudence est de rigueur), on rencontrera des enfants jouant au ballon et des vendeurs de tout et n’importe quoi.

monument élevé à Dante (1872). A gauche de l’hémicycle, la Port’Alba (1625) marque le début de la rue du même nom, haut lieu des libraires et des bouquinistes, parmi les plus anciens de Naples. Non loin de la piazza Dante se trouve le Musée Archéologique National, le plus important musée d’archéologie antique qui soit au monde. C’est dans cet édifice (l’ancien «Palazzo degli Studi», c’est-àdire l’université) que Charles de Bourbon rassembla la plus grande collection d’art de toute l’Italie, à savoir la collection Farnèse qu’il avait héritée de sa mère Elisabeth. Ce riche patrimoine fut complété au fil des années par une énorme collection d’antiquités et par les vestiges des cités et des villas ensevelies par l’éruption du Vésuve en 79 après J-C. Les biens les plus précieux conservés par le Musée sont les mosaïques, les peintures, les bijoux et les objets récupérés dans les maisons vésuviennes, une collection sans égal au monde et qui attire naturellement des millions de visiteurs. Autre joyau, la merveilleuse collection de sculptures classiques, la plupart étant des copies romaines d’originaux grecs, parmi lesquelles les célèbres sculptures de la collection Farnèse (le Taureau, l’Hercule Farnèse et des dizaines d’autres encore). Il possède également une très riche collection de camées et de gemmes, dont la célèbre Tasse Farnèse. Plus de 2000 épigraphes rédigées dans pratiquement toutes les langues parlées autrefois en Campanie (grec, étrusque, latin, etc.). La collection égyptienne est la deuxième d’Italie, juste après celle de Turin. Une section est consacrée à la Villa des Papyrus, célèbre maison romaine d’Herculanum dont les fouilles ont restitué une grande quantité de matériel archéologique, dont les célèbres statues en bronze et en marbre. Curieux, le Cabinet Secret est une section du musée qui reconstruit la collection XIXème d’œuvres considérées à l’époque comme «obscènes» et réservées à un public autorisé. Il s’agit de sculptures, de fresques, de mosaïques, d’amulettes, de dessins érotiques retrouvés dans les fouilles entreprises autour du Vésuve.

Marché de la Pignasecca


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Je pars. Je n’oublierai ni la via Toledo, ni tous les autres quartiers de Naples; à mes yeux, elle est, sans comparaison, la plus belle ville de l’univers. Stendhal, 1817

23 Mosaïque d’Alexandre le Grand Musée Archéologique National

Metrò dell’Arte Tyrannicides Musée Archéologique National

Metrò dell’Arte «Le meilleur musée d’art contemporain d’Italie». C’est en ces termes que l’on a défini la ligne 1 du métro

napolitain. En effet, les arrêts compris sur le trajet Vanvitelli-Dante qui unit le centre historique au Vomero sont reconnus comme des «stations de l’art». Des architectes de renommée internationale ont remodelé l’espace environnant et les stations ont été transformées en petits musées avec des

œuvres d’art contemporain. La grande tête de cheval en bronze, appelée Cavallo Carafa (propriété du Musée Archéologique National) et la copie de l’Hercule Farnèse, exécutée par les élèves de l’Académie des Beaux Arts de Naples, sont exposées à la station Museo, signée Gae Aulenti.


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Du Musée, on se retrouve piazza Cavour, où commence la via Foria qui traverse les quartiers très populaires de la Sanità, Vergini et Sant’Antonio. A voir la jolie église XVIIème siècle de Santa Maria della Sanità, avec son somptueux escalier d’autel qui encadre la crypte. De l’église, il est possible d’accéder aux catacombes de San Gaudioso. En marchant dans le quartier, on passera devant les palais XVIIIème réalisés par Ferdinando Sanfelice: le Palazzo dello Spagnolo et le Palazzo Sanfelice dont l’architecture typique fut plusieurs fois copiée pour des décors de théâtre. Plus loin, la via Foria nous conduit jusqu’au Jardin Botanique. Créé en 1807 par Joseph Bonaparte, il fut à l’origine conçu principalement comme un moyen d’approfondir les connaissances des plantes utiles à l’agriculture et au commerce, ainsi que des plantes médicinales. Aujourd’hui, sur une surface de 12 hectares, près de 10 000 espèces sont présentes, pour un total de 25 000 exemplaires, une des collections les plus importantes d’Italie. La collection de plantes comestibles et savoureuses est particulièrement digne d’intérêt.

De retour au Musée Archéologique, on empruntera la via Santa Teresa degli Scalzi pour monter en direction de Capodimonte. Les catacombes de San Gennaro situées à côté de la grande église de l’Incoronata del Buon Consiglio sont parmi les plus anciennes et les plus impressionnantes de Campanie. Au sommet de la colline s’élève le grand Palais Royal de Capodimonte, siège du musée du même nom.

Totò et Eduardo, poètes de la Sanità «Je suis du quartier Sanità, le plus célèbre de Naples», aimait déclarer Totò, un des acteurs fétiches des Italiens qui vit le jour dans ce

quartier en 1898. Sa maison qui se trouvait via Santa Maria Antesaecula est devenue un lieu de culte consacré au roi du rire. Eduardo De Filippo avait fréquenté une école de ce même quartier auquel il a rendu hommage dans une de ses pièces de théâtre les plus célèbres, Le maire du quartier de la Sanità, 1960.

le cimetière des Fontanelle Il s’agit d’un ossuaire géant creusé dans le tuf où des milliers d’os et de crânes forment de drôles de

structures architecturales macabres. Les vivants adoptaient des défunt et ne les laissaient jamais sans un cierge allumé pour obtenir leur protection et des apparitions en rêve. L’accès se fait par la petite église de Maria Santissima del Carmine située via Fontanelle.

Le Real Albergo dei Poveri (Royal Hospice des Pauvres) Donnant sur la Piazza Carlo III, l’immense édifice (600x150) fut réalisé en 1751 par Ferdinando Fuga


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Trois jeunes gens, trois amis qui avaient fait ensemble le voyage d’Italie, visitaient l’année dernière le musée des Studii, à Naples, où l’on a réuni les différents objets antiques exhumés des fouilles de Pompéi et d’Herculanum... le plus jeune des trois, arrêté devant une vitrine, paraissait ne pas entendre les exclamations de ses camarades, absorbé qu’il était dans une contemplation profonde. Théophile Gautier, 1852 25 Les catacombes de San Gennaro

et conçu pour accueillir les indigents, selon la volonté du roi. Resté inachevé (le projet initial prévoyait un bâtiment plus grand), il abrite aujourd’hui des manifestations culturelles dans les parties restaurées. Jardin Botanique Le cimetière des Fontanelle


La route de la mer: de Chiaia au Pausilippe 26

Le bord de mer entre le Castel dell’Ovo et le Pausilippe, avec la vue sur toute la baie de Naples, le Vésuve et les îles, est l’image la plus célèbre de Naples. La côte est caractérisée par les murailles en tuf du Castel dell’Ovo, la plus vieille forteresse de la ville, construit sur l’îlot de “Megaride”, devant le célèbre quartier de Santa Lucia. Aujourd’hui relié à la terre ferme par un pont, cet îlot fut choisi par le patricien romain Licinius Lucullus pour y construire une villa, que des moines de San Basilio transformèrent en couvent (492 après J-C. environ). C’est au XIIème siècle, sous la domination normande, qu’elle devint une véritable forteresse. A voir: la Salle des colonnes, probablement l’ancien réfectoire des moines, construit avec les imposantes colonnes de la villa de Lucullus. Du haut de la Terrazza dei cannoni (Terrasse des canons), la vue sur la baie est imprenable. Sous les murailles de la forteresse, le Borgo Marinari, aujourd’hui siège de clubs nautiques, restaurants, bars et cafés à la mode, fut construit au XIXème siècle pour accueillir les familles des pêcheurs et leurs embarcations.

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S’il est un endroit sur la terre où l’on puisse être heureux, c’est le quai de Sainte-Lucie. Paul Edme de Musset, 1885


Via Caracciolo et Villa Comunale

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Castel dell’Ovo

Virgile le magicien Le nom de ce château, «Château de l’œuf» en français, dérive d’une légende associée au poète

Virgile, auquel les Napolitains attribuaient au Moyen Age des pouvoirs magiques. On disait que l’un des talismans du poète était caché dans le château: un œuf conservé dans une carafe, elle-même enfermée dans une cage en fer. Le château ne s’effondrerait pas tant que l’œuf resterait intact.


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Une promenade s’impose le long de la très célèbre via Caracciolo, d’où l’on pourra admirer l’un des plus beaux panoramas de Naples, du Vésuve à la colline du Pausilippe ponctuée de maisons noyées dans la verdure, le tout encadré par le bleu intense de la mer. La via Caracciolo longe d’un côté la Villa Comunale (autrefois Villa Reale), un parc municipal réalisé par Carlo Vanvitelli à la fin du XVIIIème siècle, de l’autre l’ancien bord de mer appelé Riviera di Chiaia. Dans la Villa Comunale, on pourra visiter la Station zoologique (fondée en 1872 par l’allemand Anton Dohm) le plus vieil aquarium d’Europe. Sur la Riviera di Chiaia, la Villa Pignatelli abrite aujourd’hui le Musée Principe Diego Aragona Pignatelli Cortes, où est conservée la riche collection de tableaux de la Banque de Naples. Les anciennes écuries accueilleront bientôt le Museo delle Carrozze (des voitures à cheval). La via Caracciolo se termine à Mergellina, à l’endroit où, selon la légende, vint s’échouer le corps sans vie de la sirène Parthénopé. Là encore, le panorama est à couper le souffle: la colline du Pausilippe, celle du Vomero et le Vésuve dans le lointain.

le PAN, Palazzo delle Arti Napoli Le centre culturel, inauguré dans le Palazzo Roccella (XVIIIème siècle), est aménagé pour la

Près de la piazza Sannazaro, la via di Piedigrotta est ainsi nommée parce qu’elle est située “au pied de la grotte”, une galerie creusée au Ier siècle av. JC. par les Romains pour faciliter le passage entre Naples et Pouzzoles; le quartier au-delà de cette grotte s’appelle en revanche “Fuorigrotta” et se termine en face de l’église Santa Maria di Piedigrotta. Situé entre l’église et la gare de Mergellina, le Parc Virgiliano était l’un des sites les plus fréquentés par les voyageurs du Grand Tour qui venaient notamment se recueillir devant la tombe de Virgile, un tombeau du Ier siècle ap. J-C., traditionnellement reconnu comme la sépulture du poète. En 1939, on y transféra également la tombe de Giacomo Leopardi, mort à Naples en 1837. En tournant le dos à la côte, on se dirigera vers le quartier de Fuorigrotta. À Piazzale Tecchio, la Mostra d’Oltremare est un vaste parc des expositions de grande valeur historique, architectural et environnemental, réalisé à la fin des années 30. La zone d’environ 700.000 m2 est occupée par des constructions, des jardins, des fontaines, une grande arène et un théâtre.

consultation, l’exposition et la promotion d’œuvres et de documents d’art contemporain: peinture, sculpture, architecture, photo, design, cinéma.

PAN, Palazzo delle Arti Napoli


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Je t’invoque tous les jours quand en ouvrant mon balcon je vois cette belle mer étincelante se dérouler sans bruit sous les orangers du Pausilippe, sillonnée par des barques sans nombre dont les deux petites voiles latines ressemblent aux ailes blanches des hirondelles de mer. A mes pieds les gazons de la Villa Reale, semés de roses, verdissant déjà comme dans nos plus beaux printemps. Alphonse de Lamartine, 1820 29 Détail du kiosque à musique de « Villa Comunale »

Villa Comunale, au fond l’Aquarium

shopping de luxe Le lèche-vitrine idéal commence via Toledo et continue dans les rues Chiaia, Calabritto,

Filangieri, dei Mille, considérées comme les plus chics de Naples. C’est là que l’on peut trouver les grands noms de la mode napolitaine. Autour de Chiaia, on pourra admirer les façades de plusieurs palais XVIIème et XVIIIème, de belles places, telle que la piazza dei

Martiri, depuis toujours considérée comme l’un des «beaux salons» de la ville; le quartier Amedeo propose, quant à lui, un joli répertoire d’édifices Art Nouveau.


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Nous profitâmes de la magnificence d’une nuit de pleine lune pour arpenter les rues et les places, à Chiaia, le long de la promenade infinie, puis au bord de la mer. La sensation d’espace infini nous envahit. Cela vaut la peine de rêver ainsi. Johann Wolfgang Goethe, 1787

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De Mergellina, la très panoramique via Posillipo remonte la colline, l’ancienne Pausilypon (en grec “qui apaise la douleur”). Vue sur le gigantesque Palazzo Donn’Anna et de nombreuses villas immergées dans la verdure. A l’extrémité du promontoire de Coroglio: la Villa du Pausilypon, vestige de la luxueuse demeure de Publius Vedius Pollion, l’un des fervents partisans d’Auguste. A sa mort, la villa revint à l’empereur. La majestueuse villa comprenait plusieurs bâtiments construits entre le Ier siècle av. J-C. et le IVème siècle ap. JC., sur une superficie d’environ neuf hectares. La partie résidentielle se trouvait au centre de l’ensemble architectural et tout autour s’élevaient différents monuments tels que le théâtre, l’odéon et les thermes. La villa était desservie par un petit port privé situé dans la Cala dei Lampi et par des voies de communication propres, telles que la galerie connue sous le nom de Grotte de Seiano (Séjan), creusée à travers l’éperon rocheux de Coroglio et par laquelle on accède aujourd’hui à la villa.

la fête de Piedigrotta et la chanson napolitaine La fête se déroule en septembre avec défilés et feux d'artifice spectaculaires. C'est

justement lors de cette fête, en 1835, que naquit la chanson napolitaine en tant que genre musical : "Te voglio bene assaje", mise en musique par Gaetano Donizetti, devint célèbre dans le monde entier. Les chansons napolitaines les plus célèbres virent le jour dans les vingt dernières

années du XIXème siècle, mais la tradition s'est perpétuée au XXème avec des auteurs interprètes très populaires et avec la "Nuova Compagnia di Canto Popolare (Nouvelle Compagnie de Chant Populaire) qui connut une célébrité mondiale avec La Gatta Cenerentola de

Roberto De Simone ; et elle est encore très vivante grâce à l'activité de chanteurs compositeurs, groupes de rock, musiciens de jazz.


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Nous avons admiré la tombe d’or du savant Maron (Virgile) et la voie, longue d’un mille, qu’il coupa en une seule nuit dans la roche vive. Christopher Marlowe, 1588

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Naples Mergellina

Palazzo Donn’Anna Parmi les plus célèbres de la ville du fait de sa position spectaculaire sur la baie, tel un énorme rocher surgi de

la mer, le Palazzo Donn’Anna est un des symboles de Pausilippe. Construit en 1642 par Cosimo Fanzago pour Anna Carafa, épouse du vice-roi de Naples Filippo Ramiro Guzman, le palais est resté inachevé. Il se para rapidement du charme des ruines antiques et devint la

source de légendes ténébreuses: donn’Anna, abandonnée par son mari revenu d’Espagne, serait devenue folle de jalousie.


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Vue du Parc Virgiliano

C’est du haut du Parc Virgiliano que l’on bénéficie du meilleur panorama sur le Pausilippe. Entre les arbres, les jardins et les constructions sportives, le regard balaie toute la baie de Naples, les Champs Phlégréens et jusqu’à l’île de Nisida. Cette vue véritablement spectaculaire influença toute une génération de peintres du XIXème siècle, connus sous le nom d’«École du Pausilippe». Leurs représentations de ce paysage enchanteur contribuèrent à alimenter le mythe des beautés de Naples. Des falaises de Coroglio et de la cale Trentaremi, à l’extrémité occidentale de Pausillipe, Bagnoli fait l’objet d’un vaste projet de restructuration intéressant la marina, les plages et l’ancienne zone Italsider, usine sidérurgique fermée depuis des années.

les plages Pendant la saison estivale, les plages du Pausilippe sont littéralement prises d’assaut par les baigneurs. On trouve

de nombreux établissements balnéaires sous le Palazzo Donn’Anna. Au bout de la descente du même nom, le lido Marechiaro était autrefois un petit village de pêcheurs décrit avec nostalgie par le poète Salvatore Di Giacomo dans la chanson du même nom. La pointe de la Gaiola est particulièrement suggestive

avec la cale Trentaremi, sorte de grand amphithéâtre naturel aux parois de tuf. C’est ici que se trouve le Parc sous-marin de Gaiola, une zone marine protégée: on pourra y voir les vestiges de certaines constructions appartenant à la villa romaine de Publius Vedius Pollion, submergées par la mer sous l’effet du bradyséisme.


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Que l’on dise, que l’on raconte, que l’on peigne ce que l’on veut, mais ici, toute attente est dépassée. Ces rives, ces baies, ces criques… Que l’on pardonne à tous ceux qui perdent l’esprit à Naples! Johann Wolfgang Goethe, 1787

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Nisida avec, dans le fond, Capo Miseno, Procida et Ischia


Les collines: du Vomero à Capodimonte 34

Le quartier du Vomero est né au XIXème siècle, dans une zone verdoyante renommée pour son magnifique panorama sur la baie de Naples. Aujourd’hui, les villas de style Art Nouveau côtoient des immeubles modernes et le quartier est devenu l’un des plus animés de Naples, avec beaucoup de magasins. Le cœur du Vomero est la piazza Vanvitelli. De là, on accède facilement à la Villa Floridiana, cadeau que fit Ferdinand de Bourbon à son épouse morganatique Lucia Migliaccio, duchesse de Floridia. L’élégant édifice, réalisé par Antonio Niccolini, est entouré d’un grand parc romantique avec de fausses ruines, des allées sinueuses, des espaces verts et un belvédère. Il est aujourd’hui le siège du Musée de la Céramique Duca di Martina. Le noyau dur de la collection est constitué des objets donnés par les héritiers de Placido De Sangro, duc de Martina, collectionneur passionné de coraux, ivoires, tabatières et surtout porcelaines et majoliques. On notera en particulier les collections de porcelaines de Capodimonte et d’Extrême Orient.

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Une veuve de quarante ans me louait alors la moitié d’une maison de sa propriété… au pied de la montagne qui dominait, non loin de là, la villa de la princesse Florida, femme du vieux roi. C’est peut-être le seul quartier de Naples un peu tranquille. Stendhal, 1839


35 MusĂŠe de Capodimonte

La Villa Floridiana


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En bas, la grande ville et ses quatre cent mille âmes, ses tuiles rouges et les blocs irréguliers d’édifices en brique qui contrastaient avec les coupoles en or des magnifiques églises. A.J. O’Reilly 1884

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De la piazza Vanvitelli, on peut grimper jusqu’au sommet de la colline (à pied ou par les escalators), où se trouvent le Castel Sant’Elmo et la Chartreuse San Martino. Avec sa masse imposante, le Castel Sant’Elmo domine le panorama de la ville. Avec la Chartreuse, ils constituent un ensemble visible de nombreux points de Naples. Cette forteresse fut construite au XIVème siècle par Robert d’Anjou puis entièrement remaniée sous le règne de Pedro de Toledo (15371546). Édifiée sur un plan en forme d’étoile à six pointes, elle est en partie creusée dans le tuf et entourée de bastions et de douves. Du haut de la forteresse, on peut admirer une vue spectaculaire à 360° sur toute la ville de Naples. Le Château abrite le très récent musée in progress (c’est-à-dire en évolution permanente) « Naples Novecento », exposant des peintures, des sculptures, des dessins et des gravures qui illustrent la production artistique du XXème siècle à Naples Près du château s’élève l’ensemble monumental de la Chartreuse San Martino, elle aussi d’origine angevine. Construite en 1325 par Tino di Camaino, elle fut transformée entre la fin du XVIème et la moitié du XVIIème siècle par les plus grands architectes et artistes de l’époque (Dosio, Fanzago), devenant ainsi la parfaite expression du style baroque napolitain et l’un des monuments les plus grandioses de la ville.

la pedamentina de San Martino Du largo San Martino, on arrive, en gravissant les marches de l’interminable via Pedamentina, sur le

corso Vittorio Emanule, avant d’entrer via Toledo, au cœur de la ville basse. Avec ses 414 marches, il s’agit d’un des passages les plus anciens de Naples. Au bout de la première série de marches, une vieille grille mène jusque dans le ventre de la colline. C’est là qu’autrefois les gardes

L’intérieur de l’église est un triomphe de fresques, de sculptures, de peintures et de marbres polychromes. Certaines fresques sont signées Giovanni Lanfranco et Battistello Caracciolo. De même, le presbytère et la sacristie présentent des décors d’une grande richesse: tableaux de Ribera, Massimo Stanzione, Guido Reni; armoires et stalles marquetées. Sur la voûte de la chapelle du Trésor, le Triomphe de Judith, chef-d’œuvre de lumière signé Luca Giordano. Â côté, le Musée National de San Martino, comprend des sections consacrées à la sculpture, la peinture, les arts mineurs et le théâtre. Intéressante, la section consacrée aux vues de la ville, avec des œuvres remontant au XVème siècle, dont la célèbre Tavola Strozzi. Importante également, la section consacrée aux crèches de Noël, avec des œuvres réalisées par les artistes les plus célèbres du XVIIIème siècle et deux ensembles exceptionnels: les statues en bois de la crèche XIVème de San Giovanni a Carbonara et la Crèche XVIIIème Cuciniello (du nom de son donateur). A ne pas manquer, le logement restauré du père Prieur, sa vue panoramique, et le magnifique jardin du couvent.

royaux repoussaient quiconque avait l’intention d’attaquer le Castel Sant’Elmo.


Vue de Naples à la fin du XVème siècle. Tavola Strozzi. Musée de San Martino

Vue du Castel Sant’Elmo et de la Chartreuse San Martino de Castel Nuovo Crèche Cuciniello Musée de San Martino

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Le Syléne ivre de Ribera et la Crucifixion de Masaccio Musée de Capodimonte

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Le point culminant de la ville (457 mètres) est l’Eremo dei Camaldoli, construit en 1585. On y bénéficie d’une vue superbe sur la baie, les îles et les Champs Phlégréens. Dernier lieu du tissu urbain de la colline, il mérite une visite pour le Parc des Camaldoli. Des Camaldoli, on emprunte la viale Colle Aminei pour déboucher à Capodimonte. Ce nom dérive du latin tardif Caput de Monte, indiquant clairement la position du lieu: une colline située sur le point le plus haut de la ville historique. C’est là que s’élève, au milieu d’un grand parc, le Palais Royal de Capodimonte. A l’origine, Charles de Bourbon, passionné de chasse, voulait y faire construire un pavillon de chasse, mais il finit par faire agrandir le projet initial pour en faire un palais capable d’accueillir les précieuses collections Farnèse. La construction, conçue par Antonio Medrano, ne fut terminée qu’en 1839. Dans l’immense forêt attenante se trouvent le pavillon de Vittorio Emanuele II, le pavillon de chasse dit de la Reine, la Chapelle de San Gennaro, l’ancienne usine de porcelaine fondée par Charles de Bourbon en 1737, l’ermitage des Capucins et la Faisanderie pour l’élevage des faisans. Le Palais Royal est aujourd’hui le siège du Musée National de Capodimonte, l’un des plus importants au monde pour la peinture et les arts décoratifs.

les porcelaines de Capodimonte En 1738, Charles de Bourbon épousa MarieAmélie, fille d’Auguste le Fort de Saxe, fondateur de la

célèbre usine de porcelaine de Meissen. Le roi décida d’ouvrir une usine produisant des œuvres très précieuses, telles que le célèbre salon en porcelaine de la reine, ainsi qu’une multitude d’objets élégants et curieux: vases, tabatières, soupières et assiettes, petites statues etc. En 1759 Charles, devenu

Le musée conserve la collection Farnèse, commencée par le pape Paul III et transmise en héritage à Elisabeth Farnèse, mère de Charles de Bourbon. La pinacothèque comprend plus de 200 chefs-d’œuvre: Masaccio, Botticelli, Raphaël, Ribera, Titien, Mantegna, Corrège, Le Greco, Lorenzo Lotto, Le Parmesan, Carrache, Bruegel. Dans la même section, deux cartons préparatoires de Raphaël et de Michel-Ange, pour la Chambre de la Signature et la Chapelle Paolina du Vatican. Toute aussi exceptionnelle, la Galerie de la peinture napolitaine du XIIIème au XIXème siècles: le Saint Ludovic de Toulouse de Simone Martini, la bouleversante Flagellation du Caravage, et des chefsd’œuvre de Ribera, Luca Giordano et Francesco Solimena. La section consacrée au XIXème siècle présente de nombreuses toiles signées par des peintres de l’école du Pausilippe, d’Anton Smick Pitloo à Giacinto Gigante, et des maîtres du naturalisme tels que Palizzi. Le visiteur a ainsi l’occasion d’avoir une vue d’ensemble complète des artistes de la fin du XIXème et du début du XXème, de Domenico Morelli à Vincenzo Migliaro. Même la section contemporaine peut se vanter de noms remarquables: d’Alberto Burri à Andy Warhol, de Carlo Alfano à Mimmo Paladino. La visite réserve bien d’autres merveilles encore, tels que l’appartement historique, avec le petit salon en porcelaine de la reine Marie-Amélie. La collection d’arts décoratifs est une des plus riches d’Italie, avec des œuvres uniques telles que le précieux coffret Farnèse et les tapisseries d’Avalos; parmi les porcelaines de prestige, citons les modèles de Filippo Tagliolini.

roi d’Espagne, emporta avec lui la manufacture à Madrid. A Naples, la production continua dans la Real Fabbrica Ferdinandea. Aujourd’hui les artisans napolitains continuent l’ancienne tradition avec des produits s’inspirant des œuvres des maîtres d’autrefois ou des créations originales.

Groupe en porcelaine Musée de Capodimonte


voyageurs célèbres

Capodimonte qui se détache sur la montagne… c’est un vaste palais commencé par don Carlos, actuel roi d’Espagne. On y trouve toutes les richesses… du palais de Parme de la famille Farnèse et que Charles amena à Naples lorsqu’il passa de ce duché au trône des deux Siciles. L’exposition de ce palais est la meilleure du monde. Marquis de Sade, 1776 39

La Flagellation du Caravage Musée de Capodimonte

l’Observatoire Astronomique de Capodimonte Situé sur la colline de Miradois, dans un bel édifice néoclassique, l’Observatoire

Astronomique fut fondé en 1819 par l’astronome Giuseppe Piazzi. Il s’agit du premier observatoire moderne d’Europe. Le musée conserve une riche collection d’instruments scientifiques anciens. Vesuvius by Warhol Musée de Capodimonte


Les Champs Phlégréens 40

Vue des Champs Phlégréens

voyageurs célèbres

Une terre avec la seule respiration des pierres, déserte, avec des eaux en ébullition, avec les vestiges d’une histoire dessinée dans les volcans, la plus merveilleuse région du monde sous le ciel le plus pur et le terrain le plus perfide. Johann Wolfgang Goethe, 1787


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Les Champs Phlégréens conservent un charme antique et profond. Ici, l’histoire, la légende, le mythe et le mystère fusionnent avec une nature très changeante. Chargés d’art et d’histoire, les Champs Phlégréens offrent la possibilité de vivre également d’extraordinaires expériences naturalistes provoquées par les phénomènes volcaniques. Les mythes chantés par les poètes, d’Homère à Virgile, la culture grecque qui, à partir de ces lieux, se répandit dans toute la péninsule, les vestiges du temps où l’aristocratie romaine y faisait construire de somptueuses demeures: tout contribue à augmenter le charme d’un territoire où les beautés de la nature rivalisent avec les admirables œuvres de l’homme pour créer un cadre incomparable. Les passionnés d’archéologie y trouveront beaucoup de choses à voir – fouilles, parcs archéologiques, villes ensevelies – et pourront se restaurer de la délicieuse cuisine traditionnelle à base de poissons et de fruits de mer.

Les Champs Phlégréens (du grec flegraios, «ardent») correspondent à une énorme zone volcanique située à l’Ouest de la baie de Naples, de la colline du Pausilippe à Cumes, comprenant également les îles de Nisida, Procida, Vivara et Ischia. La nature volcanique de cette zone frappe au premier coup d’œil par la présence de tufs, de ponces, de fumerolles et de cratères formant des amphithéâtres naturels dont certains sont devenus les lacs d’Averno, Lucrinoo, Fusaro et Misène. Certains phénomènes liés à l’activité volcanique peuvent être observés comme à la célèbre Solfatara, avec son lac de lave et les sources d’Agnano Terme. Le Parc Régional des Champs Phlégréens a été créé en 1997 pour protéger le fragile équilibre de cet environnement.

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Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Pozzuoli largo Matteotti, 1/A tel. 081 5266639 www.infocampiflegrei.it Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e Pompei piazza Museo 19 - Napoli tel. 081 4422111 www.sbanap.campaniabeniculturali.it Ente Parco Regionale dei Campi Flegrei Via Lungolago, 74 - Bacoli tel. 081 5231736 Agnano Riserva Naturale WWF Astroni via Agnano Astroni 468 tel. 081 5883720 Bacoli Cento Camerelle via Cento Camerelle Piscina Mirabile tel. 081 5233690 Baia Parco Archeologico tel. 081 8687592 Museo Archeologico dei Campi Flegrei tel. 081 5233797 Parco Sommerso di Baia tel. 081 8688923 www.areamarinaprotettabaia.it Cuma Parco Archeologico via Licola tel. 081 8040430

le bradyséisme phlégréen La pression de la lave incandescente sous les Champs Phlégréens provoque depuis des

siècles des mouvements de soulèvement ou d’affaissement de terrain (bradyséisme). Ainsi, dans différentes localités de la baie de Pouzzoles, on peut observer les conséquences des variations du niveau de la mer, en particulier sur le Temple de Sérapis.

la Route du vin Champs Phlégréens De Naples, la route monte au Pausilippe avant de descendre sur Bagnoli puis Pouzzoles. Le climat et la

fertilité des sols ont permis la culture de variétés locales qui portent la dénomination d’origine contrôlée «Champs Phlégréens». Les vignobles Doc sont Piedirosso et Falanghina, cultivés depuis des siècles, Biancolella et Coda di volpe pour les blancs, Olivella et Sicascinoso pour les rouges.

Pozzuoli Solfatara via Solfatara 161 tel. 081 5262341 Rione Terra tel. 848 800288


à ne pas manquer Château de Baïes Museo Archeologico dei Campi Flegrei (Bacoli) Parc Archéologique de Cumes Rione Terra (Pouzzoles)

les champs phlégréens en 1 jour Pouzzoles Baïes Cumes

les champs phlégréens en 3 jours Pouzzoles La Solfatara Lacs d’Averno et de Lucrino Baïes Bacoli Cumes

art et archéologie Amphithéâtre de Pouzzoles Antre de la Sybille (Cumes) Pavillon Royal (lac Fusaro) Musée Archéologique des Champs Phlégréens (Bacoli) Parc Archéologique de Baïes Parc Archéologique de Cumes Rione Terra (Pouzzoles)

nature et parcs Zone marine protégée Parc sous-marin de Baïes Parc Naturel Régional des Champs Phlégréens Réserve Naturelle Cratère des Astroni

pour les jeunes Bacoli Plages de Pouzzoles Misène Stufe di Nerone

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shopping Objets en céramique et en terre cuite Vins

en vacances avec les enfants Amphithéâtre de Pouzzoles Antre de la Sybille (Cumes) Solfatara

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Baia - Sacello augustali

saveurs et arômes Moules de Misène Mozzarella de bufflonne Dop «Pesce azzurro» (sardines, anchois et maquereaux) vins Campi Flegrei Doc

thermes et bien-être Stufe di Nerone (Baïes) Thermes d’Agnano Thermes Puteolane (Pouzzoles)


Agnano

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Jadis célèbre pour son lac, apparu dans le plus ancien volcan des Champs Phlégréens, Agnano doit son nom au mot latin anauni, c’est-à-dire «serpents»: la légende raconte qu’ils descendaient nombreux jusqu’au lac pour boire. Le lac fut asséché en 1870 (à sa place, on trouve aujourd’hui l’hippodrome). L’assèchement fit apparaître les vestiges d’un grand complexe thermal romain: un sudatorium (qui utilisait la chaleur naturelle sortant du Monte Spina) et un établissement thermal. C’est dans le même bassin que se trouvent les Stufe (Bains) di San Germano, du nom d’un évêque de Capoue qui profita de ses bienfaits au VIème siècle. Ils sont utilisés par la population locale depuis le Moyen Age. Non loin de l’entrée de l’établissement thermal actuel, la Grotte du Chien (Grotta del Cane), une cavité creusée dans la colline et dont la particularité est de dégager de l’acide carbonique: ce gaz lourd reste à une faible distance du sol et tue les animaux qui le respirent. Le nom de cette grotte dérive d’un vieil usage barbare qui consistait à y introduire un chien qui présentait petit à petit des symptômes d’asphyxie. On trouve à Agnano la très verdoyante Réserve des Astroni (oasis du WWF pour la protection de la faune): un grand cratère éteint, recouvert de forêts, à l’intérieur duquel de petites collines se sont formées, ainsi que trois petits lacs. L’habitat est caractérisé par ce que les botanistes appellent «vegetational inversion»: le climat est plus frais dans le fond et à la fois plus chaud et plus aride sur les pentes du volcan. Dans le bas, on trouve donc des châtaigniers, des chênes et des ormes; en haut, le maquis méditerranéen. Les parcours guidés à l’intérieur du parc sont une excursion idéale pour les enfants qui ont tout le loisir d’observer les nombreuses espèces d’oiseaux, d’amphibies et de reptiles.

les thermes dans le cratère Installés au fond d’un ancien volcan éteint, les Thermes d’Agnano constituent un patrimoine

hydrologique de 72 sources. Les eaux, qui jaillissent à une température comprise entre 20° et 70°C, sont recommandées pour soigner les pathologies du système musculaire, les affections des voies respiratoires supérieures, les problèmes oto-rhinolaryngologiques et

gynécologiques. Les thermes sont en outre dotés de centres médicaux spécialisés ultra-modernes.


voyageurs célèbres

Je voulais voir cette grotte. Je décidai de me procurer un chien… Nous arrivâmes à la grotte à trois heures de l’après-midi et procédâmes tout de suite à l’expérience. Mais une difficulté importante se présenta. Après avoir enlevé ma veste, j’avais imprégné le mouchoir d’eau de Cologne, l’avais attaché sur le visage et tout était prêt, et j’étais excité au plus haut degré d’enthousiasme, lorsque je me rendis compte que nous n’avions pas de chien. Mark Twain, 1867

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Vue du Monte di Procida


Pouzzoles

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Pouzzoles est une des zones archéologiques les plus fascinantes du monde. Principal port de la région sous l’empire romain, la cité a révélé une incroyable “Pompéi souterraine”. Fondée en 520 ap. J-C. par des colons grecs qui lui donnèrent le nom de Dicearchia, c’est-à-dire “juste gouvernement”, elle fut rebaptisée Puteoli par les Romains (à cause des puits qui émettaient des vapeurs sulfurées malodorantes), et devint le plus grand port de la mer Tyrrhénienne. Le Temple de Sérapis (I-IIème siècles ap. J-C.), dont le nom dérive de la découverte en ces lieux d’une statue de la divinité égyptienne, témoigne de la vitalité des échanges commerciaux de Puteoli. En réalité la structure était un Macellum, un marché alimentaire. Les boutiques étaient alignées sur les côtés d’une cour tandis que la salle, avec son abside dans le fond, était destinée au culte impérial et à celui des dieux protecteurs du marché (dont Sérapis). Les colonnes de cette salle permettent de mesurer avec facilité le phénomène volcanique des Champs Phlégréens: les petits trous creusés par les mollusques marins indiquent la profondeur à laquelle le bâtiment s’est enfoncé sous les effets du bradyséisme. La partie la plus antique de la cité est le Rione Terra (abandonné dans les années 80 à cause du bradyséisme, il

est aujourd’hui en cours de restauration), sur le pic rocheux en tuf qui domine le port. Les fouilles sont en train de mettre au jour le fantastique tissu urbain de la cité romaine qui s’est conservé dans le sous-sol. Les rues courent entre maisons, fontaines, ateliers d’artisans et petites auberges. Cette zone correspond à l’ancienne Acropole réputée inexpugnable. Le monument le plus important est le Temple d’Auguste, découvert après l’incendie, en 1964, du Duomo baroque de San Procolo – qui en réutilisait les structures. Il s’agit en réalité du Capitolium, le temple destiné au culte de la triade capitoline, Jupiter, Junon et Minerve. L’Amphithéâtre est, de par ses dimensions, le troisième du monde. Son architecture fonctionnelle est un exemple de l’excellent niveau technique de l’époque: souterrains, escaliers, couloirs, mécanismes pour soulever les cages et même un dispositif pour représenter les batailles navales.

Mais Pouzzoles n’offre pas que des antiquités: cette petite ville bien animée présente aussi une forte identité liée à sa grande tradition marine (qui se reflète d’ailleurs dans son excellente cuisine). Avec son port (point de départ des navettes pour les îles de la baie), ses petites rues, ses places, son bord de mer et les nombreux bars et cafés, elle est un lieu idéal pour les adultes et les jeunes.

Rione Terra


voyageurs célèbres

Un tour en barque jusqu’à Pouzzoles, de petites excursions en calèche, d’agréables promenades à travers la campagne la plus merveilleuse du monde. Johann Wolfgang Goethe, 1787

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Amphithéâtre Flavien


La Solfatara

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A proximité de Pouzzoles, la Solfatara est un cratère de lave bouillonnante, avec ses vapeurs et ses boues fumantes. Ce volcan actif peut être visité et constitue même une des principales attractions des Champs Phlégréens. Les lieux sont emprunts d’une atmosphère inquiétante: la terre, tourmentée par le feu, crée des décors irréels aux couleurs incroyables. Apparue il y a 4000 ans au centre des Champs Phlégréens, l’activité de la Solfatara (du latin tardif Sulpha Terra, «terre de soufre»), se manifeste par des fumerolles, des émissions de gaz, des sources d’eau minérale, des jets de boue chaude et des secousses sismiques. La principale fumerolle est la Bocca Grande, une source naturelle de vapeur d’eau sous pression qui jaillit à 160° et contient différents gaz, donnant à l’air cette odeur caractéristique d’œuf pourri.

La Solfatara


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Il y a, entre Neapolis et les champs de Dicearchia, un lieu situé au fond d’un abysse, baigné par les eaux du Cocito; il en sort en effet des vapeurs impétueuses qui se répandent aux alentours, produisant une chaleur suffocante. Pétrone, Ier siècle ap. J-C.

49 Fumerolles de la Solfatara


Les lacs de Lucrino et d’Averno

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Après avoir enlevé les bœufs à Géryon, Hercule les fit passer sur une bande de terre qu’il avait lui même construite sur la mer, isolant ainsi les eaux du lac Lucrino. Le nom dériverait de lucrum, en référence aux gains fournis par l’élevage de poissons et de coquillages du lac. Près du lac, les Stufe (Bains) di Nerone sont des sudatorium (équivalent de nos saunas actuels) creusés dans le tuf pour utiliser les fumerolles émanant du sol volcanique; ils faisaient partie d’un grand établissement thermal qui s’étendait sur tout un flanc du mont. Les thermes sont encore actifs aujourd’hui. Le lac d’Averno est entouré de collines boisées. Le paysage austère et sa nappe sombre avaient fini par persuader les Anciens qu’il était l’entrée des Enfers (Enéide, Odyssée). Le nom lui-même, Avernus, dérivait du grec aornon qui signifie «sans oiseaux», lesquels fuyaient, tout effrayés, de la bouche des Enfers. Au Ier siècle ap. J-C., l’empereur Auguste décida de réaliser dans cette zone une base navale, le Portus Julius, pour relier les deux lacs avec la mer par le biais de canaux. Mais le nouveau port ne tarda pas à s’ensabler et tandis que la flotte était transférée à Misène, les rives des lacs se couvraient de villas et de thermes. Grâce aux excursions en bateau organisées dans la zone du Parc Sous-marin de Baïes, on peut voir encore les vestiges du Port Julius, du canal d’entrée et le tracé de la route côtière. Il ne reste rien en revanche des structures portuaires sur le lac d’Averno. Sur les bords du lac, on peut voir de magnifiques ruines connues sous le nom de Temple d’Apollon. Il s’agit en réalité d’une grande salle thermale ayant appartenu à une des villas aristocratiques. Un sentier courant sur la rive du lac mène à une grotte que l’on considérait, jusqu’en 1932, comme l’Antre de la Sybille. Il s’agit en réalité d’une galerie de 200 mètres de long reliant l’Averno au Lucrino.

Lac Lucrino

Le «Temple d’Apollon» sur le lac d’Averno

Monte Nuovo En arrière plan, le Monte Nuovo, cratère volcanique apparu en 1538, après une terrible éruption qui

ensevelit le village de Tripergole et ses environs: aujourd’hui recouverte d’un manteau de pins et de maquis méditerranéen, la colline s’est formée à partir de l’énorme quantité de ponces, pierres et autres rejets volcaniques. De son sommet facilement accessible, on peut admirer

le cratère du volcan, recouvert d’une épaisse végétation. L’Oasis Naturelle de Monte Nuovo a été créée récemment.


voyageurs célèbres

On ne peut rien imaginer de plus romantique que le petit paysage du lac d’Averno à l’entrée de l’antre, spécialement pour ceux qui ont la tête pleine de légendes… Il est probable que Virgile ait élaboré son récit en pensant à ces lieux. Johann Gottfried Seume, 1802 51

Baïes. Parc archéologique sousmarin Baïes, Bacoli et Misène


Baïes, Bacoli et Misène

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A Baïes, on arrive à la partie la plus intéressante, sur le plan archéologique, des Champs Phlégréens. Les ruines grandioses de l’époque romaine témoignent de l’antique splendeur de la cité, lorsqu’elle était le centre de villégiature le plus chic de l’Empire. La vie luxueuse et dissolue qu’on y menait provoqua les accusations de Sénèque et de Properce, tandis qu’Horace décrivait la baie comme “la plus enchanteresse du monde”. La plupart des fabuleux édifices de Baïes ont été engloutis par la mer. Ces ruines constituent le Parc Archéologique Sous-marin de Baïes. Des excursions en bateaux spécialement équipés permettent d’admirer les mosaïques, les murs, les colonnes et autres vestiges. Au centre de la zone, la villa de Lucius Pison, le beau-père de Jules César. Un nymphée de l’empereur Claude a été découvert près de la pointe Epitaffio. Les splendides statues qui décoraient la luxueuse salle immergée, sont exposées au Musée Archéologique des Champs Phlégréens dans le Château Aragonais. Tout le versant de la colline donnant sur le golfe de Baïes est occupé par des vestiges archéologiques disposés en terrasse et forment le Parc Archéologique de Baïes, un grand ensemble d’édifices probablement destinés à une résidence impériale. La zone est partagée en trois secteurs: le secteur de Vénus au sud, celui de Sosandre au centre et celui de Mercure à l’est. Les thermes de Vénus se trouvent au centre d’une grande salle thermale couverte par une demi coupole. La grande salle circulaire située en dehors du parc archéologique, et connue sous le nom de Temple de Vénus, appartenait autrefois à cet ensemble. Les thermes de Sosandre sont disposés en terrasses avec un portique inférieur, un théâtre-nymphée, des résidences, des allées et des jardins. Il ne reste plus qu’à imaginer le tout orné de mosaïques, statues, peintures… L’ensemble thermal de Mercure doit son nom à la grande salle caractérisée par une voûte sonore en coupole. Un peu plus au nord du parc, on apercevra, de la route, une grande construction octogonale, le Temple de Diane (IIIème siècle ap. J-C.), ainsi nommé pour sa série de bas-reliefs en marbre représentant des animaux.

Installé dans le magnifique Château Aragonais (construit au XVème siècle et restructuré à l’époque des vice-rois), le Musée Archéologique des Champs Phlégréens conserve des antiquités de Baïes, Misène et Pouzzoles. A ne pas manquer, la vue dont on jouit de la plate-forme de la forteresse. Parc Archéologique de Baïes


voyageurs célèbres

Les Bains de Néron, les ruines de Baïes, le Temple de Sérapis, Cumes, où la Sybille interprétait les oracles, le lac… avec sa cité antique submergée encore visible dans les profondeurs. Mark Twain, 1869

53 Le Ninfeo de Punta Epitaffio Musée archéologique des Champs Phlégréens


voyageurs célèbres

Et chaque fois que nous atteignons une hauteur, nous découvrons un large et superbe paysage. En face, la mer calme et bleue; là-bas, dans une brume légère, la côte d’Italie, la côte classique aux rochers corrects; le cap Misène la termine au loin, tout au loin. Guy de Maupassant, 1890 54

On trouve d’abord le Sacellum des Augustales (Sacello degli Augustali) de Misène, un petit temple construit sous le règne d’Auguste (Ier siècle ap. J-C.) dédié au culte impérial. De la construction, il ne reste que le fronton et les statues de Vespasien et de Titus, ainsi que la statue équestre en bronze de Domitien (lorsque Domitien fut assassiné, on remplaça le visage de sa statue par celui de son successeur, Nerva). A l’étage supérieur, l’extraordinaire complexe du Nymphée de Pointe Epitaffio (le cap qui clôt le golfe de Baïes à l’est) est aménagé de façon à recréer l’atmosphère d’origine des somptueux banquets. Englouti par la mer à la suite de l’affaissement du terrain (bradyséisme), il fut découvert lors de fouilles sous-marines au cours des années soixante-dix: un triclinium recouvert de marbres et décoré de statues représentant l’épisode de l’ivresse de Polyphème. Ulysse et son compagnon offrent du vin au cyclope (dont la statue a été perdue). Deux statues de Dionysos ainsi que différentes statues-portraits de membres de la famille impériale viennent compléter le groupe. Une autre précieuse section du musée conserve les statues et les ornements architecturaux provenant des fouilles de Rione Terra à Pouzzoles. Intéressante, la section des plâtres de Baïes avec des fragments de moulages utilisés pour la reproduction de statues célèbres, retrouvés dans ce qui devait être un atelier de sculpteurs de Baïes, spécialisé dans la décoration des somptueuses villas de la côte.

Entre Baïes et Misène, Bacoli est construite sur la cité romaine de Bauli. A voir, dans la partie haute de la petite ville, un gigantesque ensemble de citernes disposées sur deux étages, appelé Cento Camerelle (Ier siècle ap. J-C.). La citerne supérieure rectangulaire est partagée en quatre secteurs, dont un réseau complexe de galeries creusées dans le tuf. Une fine bande littorale sépare la mer d’une lagune marécageuse, le lac Fusaro, formant ainsi un écosystème exceptionnel pour l’élevage des poissons et des coquillages. Sur un îlot relié à la terre ferme par un pont, se trouve le pavillon royal XVIIIème siècle, un joli édifice rococo de Carlo Vanvitelli. Le cap Misène – son nom dérive du héraut d’Enée, dont le promontoire serait, selon la légende, l’immense sépulcre – fut choisi par les Romains sous le règne d’Auguste pour remplacer le Portus Julius ensablé de Baïes. C’est là qu’était ancrée la principale flotte militaire romaine. Misène est également une importante station balnéaire très appréciée par les enfants qui peuvent barboter en toute tranquillité sur le rivage peu profond. D’un côté du promontoire mythique, la baie; de l’autre, le lac Misero (dit aussi “Mer Morte” du fait de ses eaux peu profondes), une lagune reliée au port par une embouchure et à la mer par un canal qui traverse la grande plage de Miliscola. De l’antique cité, il ne reste que les ruines des Thermes publics et le Sacellum des Augustales, consacré au culte impérial (reconstruit dans le Musée Archéologique des Champs Phlégréens). Mais le monument le plus impressionnant de Misène est sans aucun doute la Piscina Mirabilis: un immense réservoir d’eau pour l’approvisionnement de la flotte. Creusé dans le tuf, avec ses voûtes soutenues par quatre rangées de piliers, l’espace grandiose, vide et silencieux, illuminé par une faible lumière, suscite une émotion extraordinaire chez le visiteur. A la sortie de Bacoli, la route gravit le Mont de Procida, une des localités les plus panoramiques de la région phlégréenne. La vue est magnifique de partout, qu’elle donne sur la baie de Pouzzoles, le Vésuve, le Mont Faito à l’horizon, ou sur les îles d’Ischia et Procida.


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Piscina Mirabilis Le pavillon Vanvitellien du Fusaro Miseno. Cala Moresca


Cumes

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De la zone du lac de Fusaro on accède à la partie la plus ancienne des Champs Phlégréens. Cumes, la première colonie grecque implantée sur la terre ferme en Italie et fondée en 730 ap. J-C., devint rapidement une florissante cité commerçante, étape importante des routes commerciales et centre d’échanges avec l’intérieur des terres, et finit par dominer tout le littoral. Ses habitants fondèrent à leur tour d’autres cités sur la côte, dont Neapolis (470 ap. J-C.). Le Parc Archéologique comprend l’Acropole et une partie de la ville basse, avec le Forum, l’Antre de la Sybille, l’Amphithéâtre. Sur l’Acropole, perchée sur un éperon rocheux surplombant la mer, on peut observer encore les traces des fortifications grecques. Héritage de l’époque hellénique, deux grands temples transformés en église pendant le Moyen Age. Le Temple d’Apollon, dont on ne retrouve aujourd’hui que très peu d’éléments de la structure d’origine, a conservé le podium et les traces d’un remaniement romain effectué sous le règne d’Auguste ainsi que les restes du baptistère octogonal de l’église paléochrétienne. Sur le Temple de Jupiter, les vestiges des temps plus anciens sont à peine visibles, les périodes romaine et paléochrétienne étant plus faciles à reconnaître. Pour les Romains, Cumes était considérée comme un lieu sacré, une ville sainte: selon le récit de Virgile, c’est là que la Sybille avait révélé à Enée son destin de fondateur de Rome. On comprend donc pourquoi le monument le plus célèbre de l’acropole est l’Antre de la Sybille: une longue galerie débouchant dans une chambre à trois niches que l’on attribuait à la Sybille. La partie basse de la ville constituait le Forum des époques samnite et romaine, une grande place rectangulaire bordée de portiques. Le monument le plus important est le grandiose Temple de Jupiter construit par les Grecs (IIIème siècle av. J-C.), et restauré à plusieurs reprises jusqu’au temps de l’Empire romain. On y trouve aussi un grand complexe thermal. A l’extérieur des murs d’enceinte, les vestiges de l’Amphithéâtre (IIème siècle av. J-C.), l’un des plus anciens du monde romain. A la sortie est de la ville, on passe sous l’Arc Felice (20 mètres de hauteur, 6 mètres de largeur), réalisé pour faire passer la via Domiziana à travers le Mont Grillo.

l’antre de la Sybille La Sybille de Cumes était une prophétesse sacrée du dieu Apollon: du fond de sa caverne, elle émettait des

sentences ambiguës sur l’avenir. La légende raconte que le dieu aurait exaucé son vœu d’immortalité. Mais ayant oublié de demander aussi la jeunesse éternelle, elle devint au bout de mille ans toute vieille et fripée. Dans son Satiricon, Pétrone la décrit comme minuscule, enfermée dans une bouteille

en train d’invoquer vainement la mort. La réputation de la Sybille et de son antre est liée à Virgile qui en parle dans le sixième livre de l’Enéide. Enée se rend à Cumes auprès de la Sybille qui lui révèle son avenir de fondateur de la glorieuse civilisation romaine.


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Je vis les lieux de Virgile… les lacs d’Averno et de Lucrino, et les eaux stagnantes de l’Achéron. Je vis la patrie et la maison de la Sybille et la caverne terrible d’où les idiots ne revinrent jamais et où les sages ne s’aventurent pas. Francesco Petrarca, 1343 57 Antre de la Sybille

Temple de Jupiter


Le Vésuve

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Le cratère du Vésuve

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De loin la montagne semble inoffensive, le profil bleuté du cône majestueux; mais quand le touriste aventureux veut s’approcher du cratère ardent, et qu’il se traîne sur les versants noirs et tourmentés, il verra dans les immenses gouffres et failles, autant de traces des puissantes convulsions. A.J. O’ Reilly, 1884


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Qui dit Vésuve, dit Campanie. «’A Muntagna» (la montagne) est le nom par lequel les Napolitains appellent le plus célèbre volcan du monde, le symbole de la ville qui referme si gracieusement la baie de Naples. Son cône majestueux baigne dans une atmosphère inquiétante et suggestive. Un paysage tourmenté à la beauté sauvage attend le visiteur. Du haut du volcan, il pourra jouir d’une vue imprenable, depuis la péninsule de Sorrente jusqu’au cap Pausillipe, et s’offrir ainsi des émotions inoubliables, en particulier à l’aube et au coucher du soleil. Le Vésuve est le seul volcan actif d’Europe continentale et l’un des plus dangereux car situé à proximité d’une zone densément peuplée. Certaines maisons arrivent jusqu’à 700 mètres d’altitude. Le sommet gauche est le Mont Somma (1133 mètres), le droit étant appelé le Cône Vésuvien (1281 mètres). Tous deux sont séparés par une vallée appelée Vallée du Géant, elle-même partagée en Atrium du Cheval (Atrio del Cavallo) à l’ouest et Vallée de l’Enfer à l’est. Les Anciens avaient oublié qu’il s’agissait d’un volcan: ils ne connaissaient le Mont que pour ses vins, excellents, et pour l’épaisse végétation qui recouvrait son sommet. Mais il devint soudain célèbre avec l’éruption de 79 ap. J-C., lorsque des cités entières, dont Pompéi, Herculanum et Stabia, furent complètement détruites. La dernière éruption, filmée par les troupes alliées, date de 1944. Depuis lors, le volcan “dort”.

Le Parc National du Vésuve a été créé en 1991 et déclaré «Réserve Mondiale de la Biosphère» par l’Unesco. Le parc comprend toute la zone du volcan, les sites archéologiques de Pompéi, Herculanum, Oplontis et le Miglio d’Oro avec ses splendides villas des XVIIIème et XIXème siècles. Pour ce qui est de la flore, les territoires du Vésuve et du Somma se différencient par certains aspects: le premier présente un sol plus aride, caractérisé par une végétation typiquement méditerranéenne, des pinèdes artificielles et des forêts de chênes verts; le deuxième est plus humide avec des forêts mixtes (châtaigniers, chênes, aulnes, érables…) présentant quelques exemplaires de bouleaux, une espèce rare en milieu méditerranéen. Signalons aussi le grand nombre d’orchidées (23 espèces) et les genêts rendus célèbres par les vers de Giacomo Leopardi. De même, la faune du Parc est particulièrement riche et intéressante.

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Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Pompei via Sacra 1 tel. 081 8508451 www.pompeiturismo.it Ufficio Turistico di Ercolano via IV Novembre tel. 081 7881243 Ente Parco Nazionale del Vesuvio via Palazzo del Principe Castello Mediceo Ottaviano (NA) tel. 081 8653911 www.epnv.it Fondazione Ente Ville Vesuviane Uff. Eventi - Villa Campolieto Corso Resina - Ercolano (NA) tel. 081 7322134 www.villevesuviane.net Cimitile Complesso delle Basiliche Paleocristiane - via Madonnelle tel. 081 19143141 Ercolano Scavi - Corso Resina tel. 081 7324311 Villa Campolieto - C.so Resina tel. 081 7322134 Museo Vulcanologico dell’Osservatorio Vesuviano via Osservatorio 14 tel. 081 6108483 www.ov.ingv.it

l’Observatoire du Vésuve Fondé en 1841, l’Observatoire du Vésuve est la plus ancienne des institutions scientifiques consacrées à

l’étude des volcans. Son siège d’origine, un élégant édifice de style néo-classique, se trouvait sur le Vésuve, entre Herculanum et Torre del Greco, à 608 mètres d’altitude. L’ancien édifice abrite une exposition permanente qui conduit le visiteur, à travers un fascinant parcours, dans le monde des volcans.

Oplontis Fouilles, via Sepolcri 12 Torre Annunziata (NA) tel. 081 8621755

la Route du vin et des produits typiques du Vésuve L’appellation Doc Vesuvio protège un vin historique et célèbre, le Lacryma Christi («les Larmes du Christ»).

Pompei Scavi - via Villa dei Misteri 2 tel. 081 8575347 www.pompeiisites.org Santuario della Madonna del Rosario tel. 081 8577111 www.santuario.it


à ne pas manquer Pompéi Herculanum Ascension du Vésuve Villa Campolieto

le vésuve en 1 jour Pompéi Parc National du Vésuve

le vésuve en 3 jours Pompéi et Herculanum Parc National du Vésuve Palais Royal de Portici Villas vésuviennes du «Mille d’Or» Sanctuaire de Pompéi

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Le Parc est parcouru par de nombreux itinéraires à la typologie différente. L’administration du Parc du Vésuve a réalisé 9 sentiers de randonnée marqués de quatre types de signalisation: agricole (sentier 7), panoramique (6), éducatif (9) et circulaire (du 1 au 5 et le 8). Mais la piste dite «historique» est la montée au cratère: le sentier est de difficulté moyenne et part d’Herculanum. Trois heures de marche environ sont nécessaires pour parcourir ses 4 km et arriver à une altitude de 1170 mètres. Du sommet, la vue donne sur toute la baie et le gouffre impressionnant du cratère: 600 mètres de diamètre et 200 mètres de profondeur. On ne compte plus les personnages célèbres qui ont, eux aussi, gravi la montagne: de Tchékhov, qui vécut cette expérience comme un véritable tourment («Quel martyre que de monter sur le Vésuve? Tu marches, tu marches, tu marches et le sommet est toujours loin») à Chateaubriand, le plus audacieux («Me voici au sommet du Vésuve. J’écris assis sur sa bouche et je suis prêt à descendre au fond du cratère»). Aujourd’hui, on peut y accéder en empruntant des bus ou sa voiture à partir d’Herculanum, Ottaviano et Somma Vesuviana. D’un point de vue paysager, la route qui part d’Herculanum est la plus intéressante. Après avoir traversé une zone de vignobles, on est obligé de descendre de voiture à 1017 mètres d’altitude et de continuer à pied, sur un sentier tracé sur des rejets volcaniques menant jusqu’au bord du cratère.

arte e archeologia Pompéi et Herculanum Oplontis Palais Royal de Portici Villas vésuviennes du «Mille d’Or»

nature et parcs Parc National du Vésuve

pour les jeunes Granatello de Portici


shopping Coraux et camaïeux Objets en pierre volcanique, cuivre, fer forgé, osier

en vacances avec les enfants Pompéi Parc National du Vésuve Observatoire du Vésuve Parc du Palais Royal de Portici Villa Bruno à San Giorgio a Cremano 61

Villa Campolieto

saveurs et arômes Abricots du Vésuve Tomates cerises du piennolo Cabillaud de Somma Vesuviana Vins du Vésuve

thermes et bien-être Thermes de Torre Annunziata


Herculanum et ses trésors

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Le 24 août 79 ap. J-C., le Vésuve se réveilla de son très long sommeil, prenant à l’improviste toute la population environnante. L’éruption fut apocalyptique: toute forme de vie au pied du volcan fut anéantie et le souvenir même des cités englouties finit par se perdre. 1700 ans plus tard, les cités vésuviennes refirent surface, offrant à l’humanité les deux sites archéologiques les plus importants au monde: Herculanum et Pompéi. Contrairement à Pompéi, qui fut ensevelie sous une couche de cendres et de lapilli, Herculanum fut engloutie par une coulée de boue et de lave (jusqu’à 25 mètres d’épaisseur par endroits) qui a préservé tous les matériaux: le bois, les tissus et les aliments ont subi une lente transformation, mais se sont conservés à l’intérieur de leur enveloppe comme pétrifiés. En 1709, le prince d’Elboeuf qui faisait creuser un puits dans une des ses villas, se heurta par hasard aux maçonneries du Théâtre. C’est en 1738 que le roi Charles de Bourbon décréta le début officiel des fouilles. La découverte la plus surprenante fut la majestueuse Villa des Papyrus, dont on dégagea toutes les sculptures en bronze et en marbre (aujourd’hui exposées au Musée Archéologique National de Naples) et la bibliothèque de papyrus (plus de 1800 textes traitant de philosophie, aujourd’hui conservés à la Bibliothèque Nationale de Naples). En 1927, on s’attaqua aux habitations et aux édifices publics: on découvrit au nord le Forum, centre de la vie économique, sociale et politique; à l’est, la Palestre; au sud, les Thermes suburbains.

Comme en témoignent les opulentes villas orientées vers la mer, Herculanum était un lieu de villégiature pour les riches Romains. Les routes pavées avec des pierres de lave ou de calcaire, forment un plan de ville classique en «insulae» (quartiers). Une des plus belles demeures de la ville est la maison de l’Atrium aux mosaïques (Casa dell’Atrio a mosaico), qui doit son nom à son magnifique sol noir et blanc. Dans le jardin de la luxueuse maison des Cerfs (Casa dei Cervi), on a retrouvé de superbes groupes sculptés de cerfs assaillis par des chiens, des statues du Satyre et de l’Hercule ivre. Les Thermes du Forum étaient les principaux bains publics de la ville. A l’intérieur de la maison, on a retrouvé des meubles carbonisés: un lit triclinaire et une petite table. La maison de Neptune et d’Amphitrite, avec au rez-de-chaussée une boutique (la mieux conservée), présente un grand atrium et les plus belles décorations en mosaïques de la ville. La maison d’Argus (Casa di Argo) est disposée sur deux étages. Elle est entourée d’un jardin bordé d’un portique à colonnes. De la partie publique on a ramené au jour le Forum, traversé par la rue principale (decumanus maximus) et le Sacellum des Augustales, décoré de magnifiques fresques. Le long du decumanus, des portiques évoquent un lieu public de réunion pour les citoyens, probablement la Basilique. La Palestre est remarquable. Il s’agit d’un édifice majestueux datant du règne d’Auguste avec une piscine découverte et, en son centre, une fontaine en bronze représentant une hydre. Hors des murs d’enceinte, on peut encore admirer les Thermes suburbains. La Villa des Papyrus, dont une partie seulement a fait l’objet de fouilles, peut se visiter, le Théâtre n’étant pas accessible au public. La visite du site archéologique d’Herculanum nécessite une demi-journée.

Maison de Neptune et Amphitrite

les produits typiques Grâce à son sol volcanique riche en minéraux, à l’excellent drainage des terres et à la douceur du

climat méditerranéen, l’agriculture vésuvienne présente une très grande variété de produits et se distingue par l’originalité de ses saveurs. Les produits typiques sont les abricots et les cerises, sans compter les célèbres tomates cerises. Sur les versants du volcan poussent le raisin Falanghina del Vesuvio, le Coda di

Volpe (appelé localement Caprettone) et le Piedirosso del Vesuvio, dont on tire le célèbre Lacryma Christi, un vin à l’agréable parfum et au goût sec et aromatique. L’excellent raisin de table catalanesca est cultivé sur les versants du Mont Somma, également caractérisé par une production importante de miel.


voyageurs célèbres

La découverte que l’on vient de faire près de Naples de l’ancienne ville d’Herculanum est un événement si singulier et si capable d’amuser un homme aussi amateur que vous l’êtes de la belle Antiquité… Charles de Brosses, 1739

63 Fouilles d’Herculanum


Pompéi, la cité ensevelie

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Pompéi, dont près des quatre cinquièmes du territoire urbain ont été fouillés, est le site archéologique le plus célèbre du monde. L’éruption du Vésuve de 79 ap. J-C. ensevelit la cité sous une couche de cendres et de lapilli de 6-7 mètres d’épaisseur. La plupart des habitants qui avaient fui leurs habitations, trouvèrent la mort sur le littoral. Les quelques personnes qui y restèrent, dans le fol espoir de s’abriter dans les sous-sols des habitations, moururent asphyxiées. Les moulages de leur corps à l’agonie, obtenus en faisant couler du plâtre liquide dans les cavités laissées par leurs cadavres réduits en cendres, constituent un témoignage poignant de la tragédie qui se joua à l’époque. Se promener dans les fouilles de Pompéi est une expérience unique. C’est comme si l’on avait remonté le temps: on respire l’atmosphère de la vie dans l’Antiquité, la vie publique, mais surtout privée. L’aspect le plus surprenant est le nombre incroyablement élevé de maisons, luxueuses ou modestes, qui ont été conservées avec les boutiques, les tavernes, les boulangeries… Plus impressionnant encore, le fait que la plupart des meubles soient restés intacts, nous permettant, à nous visiteurs modernes, de pénétrer les aspects les plus intimes de la vie de nos ancêtres. En été, des promenades de nuit parmi les fouilles archéologiques sont organisées. Les lieux les plus suggestifs de la Pompéi nocturne sont alors dévoilés, avec un accompagnement musical approprié. Un spectacle multimédia qui reconstruit également les dramatiques phases de l’éruption.

Le Forum était le centre animé de la ville: une grande place rectangulaire (38x142 mètres), pavée de blocs de travertin et bordée d’un portique sur trois de ses côtés. Différents édifices donnent sur la place: le capitole (le temple consacré à Jupiter), le Temple d’Apollon, construit aux alentours du IIIème siècle av. J-C. et formé d’un portique de 48 colonnes ioniques, la Basilique, le plus important édifice public, siège du tribunal et centre de la vie économique, le temple de Vespasien, consacré au culte impérial, les magasins à blé, et le macellum, le marché couvert consacré à la vente des produits frais tels que la viande et le poisson, avec à l’intérieur, une série de tabernae (boutiques). On trouve à côté, les Thermes du Forum, séparés en deux sections, hommes et femmes, mais avec un système de chauffage central commun. L’artère la plus importante était la via dell’Abbondanza (le nom est moderne, comme partout à Pompéi), où se trouvaient les ateliers d’artisans, les tavernes, les auberges, les teintureries. C’est sur cette rue que se trouvent les Thermes Stabiens, les plus anciens de Pompéi. Tout à côté, le célèbre lupanar, un édifice de deux étages dont la fonction est révélée par les scènes érotiques qu’on y a peintes.

Détail des Thermes Stabiens


65 Forum de PompĂŠi


voyageurs célèbres

Lorsque je me rendis le dimanche après-midi à Pompéi, je jouis, pour la première et unique fois dont je garde le souvenir, de la douce aventure d’être complètement seul pendant une ou deux heures, lorsque les ombres commencent à s’allonger. L’impression que je ressentis est inoubliable. Henry James, 1900

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Parmi les habitations, la maison du Faune (Casa del Fauno) est la plus élégante d’un point de vue architectural mais aussi du fait de ses célèbres décorations en mosaïques telles que La bataille d’Alexandre et Darius, un chef-d’oeuvre aujourd’hui conservé au Musée National de Naples. La maison des Vettii, admirée pour les magnifiques fresques qui ornent les murs, appartenait à deux marchands, Aulus Vettius Restitutus et Aulus Vettius Conviva. La maison de Ménandre, qui doit son nom à une peinture représentant le poète grec Ménandre, contenait quant à elle une richissime collection d’objets en argent d’une qualité exceptionnelle (aujourd’hui exposés au Musée Archéologique National de Naples). L’un des plus importants édifices de Pompéi reste cependant la Villa des Mystères (Villa dei Misteri), célèbre notamment pour ses peintures. La plus connue est la grande fresque qui donne son nom à la maison: vingtneuf personnages grandeur nature, peints dans des couleurs très vives sur fond rouge, peut-être une scène d’initiation au culte dionysiaque ou aux mystères orphiques. Dans le quartier des théâtres, on a retrouvé le Grand Théâtre, où sont organisés des spectacles en été, et le petit Odéon. A côté, le joli Temple d’Isis. Une inscription épigraphique a permis d’identifier l’Amphithéâtre comme le plus ancien connu à ce jour. Des jeux de gladiateurs et des combats avec des animaux y étaient organisés. A côté de l’Amphithéâtre, la grande palestre, construite sous le règne d’Auguste et utilisée pour les exercices de gymnastique. Elle consiste en une vaste esplanade carrée entourée de portiques avec, au centre, une piscine équipée notamment pour les plongeons. La visite de la via dei Sepolcri, la rue qui longe les monuments funèbres en direction d’Herculanum, est particulièrement émouvante au coucher du soleil. La visite du site archéologique de Pompéi nécessite au moins une journée.

la Villa de Poppée à Oplontis A Oplontis, un quartier suburbain de Pompéi datant de l’époque romaine et détruit lui aussi lors de

l’éruption de 79 ap. J-C. (aujourd’hui dépendant de Torre Annunziata), on a retrouvé une villa qui aurait appartenu à Poppée Sabine, la seconde femme de l’empereur Néron. Il s’agit d’un des exemplaires les plus grandioses et les mieux conservés. En partie abandonnée à l’époque de

l’éruption (la villa avait été endommagée par le tremblement de terre de 62 et devait alors être en cours de restauration), cette demeure n’avait rien à envier aux résidences impériales. Les décors sculptés et les fresques sont de véritables merveilles.


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le Sanctuaire de la Vierge de Pompéi Le Sanctuaire de la Vierge du Rosaire, érigé par volonté du béat Bartolo Longo, est l'un des principaux centre de

dévotion à la vierge d'Italie et du monde. Construit entre 1876 et 1891, il fut agrandi en 1933-39. L'intérieur de la Basilique Pontificale est riche de marbres, fresques et mosaïques ; on vénère sur le maître-autel l'icône de la Vierge de Pompéi, toile du XVème siècle de l'école de Luca Giordano, entourée des

Mystères du Rosaire, peinture sur cuivre de Vincenzo Paliotti. Le 8 mai et le premier dimanche d'octobre, interprétation dans le Sanctuaire de la "Supplica" (Imploration) écrite par le béat Longo. Le Sanctuaire, institué par le Pape Jean-Paul II comme "Centre international de la spiritualité

du Rosaire", est visité chaque année par près de 4 millions de pèlerins venant du monde entier. Tout au long des couloirs jouxtant la Basilique sont exposés de nombreux ex-voto et, dans le Musée, des objets précieux provenant de dons de souverains et de simples fidèles de tous les pays.

Fresques de la Villa des Mystères


Le Palais Royal de Portici et les villas du Mille d’Or 68

Le Miglio d’Oro (le Mille d’Or) correspond à une portion de route entre Portici et Torre Annunziata, bordée de villas plus magnifiques les unes que les autres. L’aristocratie napolitaine commença à les construire au XVIIIème siècle, pour imiter le roi Charles de Bourbon qui s’était fait édifier un superbe palais à Portici. A quiconque faisait remarquer la dangereuse présence du Vésuve, la reine MarieAmélie répondait: «C’est l’affaire de Dieu, de la Sainte Vierge et de Saint Janvier». C’est ainsi que vit le jour l’un des patrimoines historiques et architecturaux les plus importants de la région, le Mille d’Or des villas vésuviennes. Le Palais Royal de Portici, prévu pour devenir la résidence d’été du roi Charles de Bourbon, fut bientôt pourvu d’une double fonction: résidence royale et siège du Musée d’Herculanum (où étaient conservés les objets retrouvés lors des fouilles de la cité antique). Aujourd’hui, le palais royal est le siège de la Faculté d’Agriculture. Dans le corps principal du bâtiment, on pourra admirer dans certaines pièces du premier étage d’intéressantes fresques. Particulièrement beau, le Villa Ruggiero

coraux, camaïeux et pierres volcaniques Voici près de deux siècles que Torre del Greco est synonyme de corail. Les célèbres maîtres artisans

continuent aujourd’hui encore de créer de splendides ornements à partir de cette matière très précieuse. Une autre tradition est le travail de la pierre de lave du Vésuve: une pierre, dure et compacte, de couleur noire mais capable de prendre des nuances allant du gris à l’argenté.

parc est fréquenté par les habitants de Portici qui aiment venir s’y promener. Ferdinand IV se fit construire le fort (copie réduite de la «Forteresse de Capoue») pour rendre plus réels ses exercices militaires. Les Villas Vésuviennes (121 au total) furent construites de façon à être orientées vers la baie. Sous le règne des Bourbons, l’aristocratie y venait en villégiature mais l’Unité italienne sonna le glas de la splendeur du littoral et les villas commencèrent progressivement à décliner. Beaucoup ont récemment fait l’objet d’interventions de restauration. A Herculanum, la Villa Campolieto, la plus célèbre, réalisée par Luigi et Carlo Vanvitelli, mérite une visite. Renommée pour sa magnifique exèdre ouverte sur la baie, elle accueille en été une manifestation internationale de théâtre. Les spectacles ont lieu également dans d’autres villas du Miglio d’Oro: la Favorita par exemple, réalisée en 1768 par Ferdinando Fuga, avec son joli parc donnant sur la mer.


voyageurs célèbres

Tandis que je sortais du musée des peintures antiques à Portici, je rencontrai trois officiers anglais qui y entraient. Je suis parti vers Naples au galop mais, avant d’arriver au pont de la Maddalena, j’ai été rejoint par les trois Anglais qui, la veille, m’avaient dit que ces tableaux étaient parmi les choses les plus extraordinaires de l’univers. Stendhal, 1817 69

Villa Favorita Villa Campolieto Palais royal de Portici

voyageurs célèbres

La Villa Favorita se prêtait autrefois à de nombreux jeux et divertissements pendant la saison automnale. Son jardin, avec ses parterres de fleurs, ses orangers et son petit pavillon de repos, était un lieu enchanté. Errico Alvino, 1845


Nola et les basiliques de Cimitile

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Parmi les villes de la plaine fertile qui s’étend autour du Vésuve, Nola vaut la peine qu’on s’y arrête. A visiter, le Musée Historique Archéologique, dans les salles de l’ancien couvent des Canossiennes. Y sont exposés des vestiges de l’âge du bronze (il y a environ quatre mille ans), retrouvés dans un site enseveli par la grande éruption dite des “Ponces d’Avellino” en 1900 av. J-C. Dans l’atrium, le Cippus Abellanus, un bloc de pierre portant sur les deux faces un traité fédéral entre Nola et Avella, rédigé en langue osque. Dans le Musée Diocésain jouxtant la cathédrale sont exposés des bustes en bois datant du XVIIème siècle. Dans le centre historique, piazza Giordano Bruno, le Palazzo Orsini, construit entre 1460 et 1500, est aujourd’hui le siège du tribunal. Il peut être agréable de se promener sur les collines entourant la ville, où se trouvent le Séminaire de l’Evêché, le Couvent des frères Capucins, les ruines pittoresques de Castel Cicala avec son petit bourg et l’Ermitage des Camaldules.

A quelques kilomètres de Nola, la petite ville de Cimitile est célèbre pour son superbe ensemble de basiliques paléochrétiennes. Le nom dérive d’un cimetière utilisé dès le IIème siècle ap. J-C. Non loin de la nécropole païenne, les premiers chrétiens enterraient leurs morts et trouvaient refuge lors des persécutions. C’est là que se trouve la tombe de San Felice, autour de laquelle s’est développé un sanctuaire. En 394, le noble Paulin, devenu par la suite évêque de Nola puis canonisé, y fit construire une basilique. Autour de ces lieux sacrés, on construisit progressivement un ensemble d’au moins treize édifices, entre basiliques et églises richement décorées de fresques et de mosaïques: l’un des plus beaux exemplaires d’art paléochrétien en Italie.

Sanctuaire de Maria Santissima dell’Arco

les “fujenti” de la Madone dell’Arco Chaque année, le lundi de Pâques, c’est devant la Madonna dell’Arco que vient se terminer le

pèlerinage de fidèles qui parcourent, pieds nus, un itinéraire antique jusqu’au Sanctuaire de Maria Santissima dell’Arco (du nom du quartier de Sant’Anastasia, appelé “Arco” du fait de la présence d’un aqueduc romain). Les fidèles s’appellent «fujenti» (en

napolitain «ceux qui courent»). Ils portent une chemise et des pantalons blancs, une bande bleue (la couleur de la Vierge) en bandoulière et une bande rouge autour de la taille. On les appelle aussi les «battenti» parce qu’ils battent les pieds contre le sol selon un rythme

cadencé. Dans le sanctuaire, une quantité incalculable d’ex-voto accumulés au fil des siècles tapissent les parois.


voyageurs célèbres

J’étais à peine entré à Nola que je fus frappé par une chose étrange… Je vis une sorte de tour, haute et élancée, toute ornée de papier rouge, de dorures, de frises argentées, portée à bras le corps par des hommes… Le colosse oscillait et semblait devoir perdre l’équilibre à chaque instant; toutes les figures bougeaient, les drapeaux battaient au vent; c’était un coup d’œil fantastique. Ferdinand Gregorovius, 1853 71 Les Basiliques de Cimitile

la fête des lis de Nola La fête des lis célèbre le retour de l’évêque Paolino de sa prison africaine (410 ap. J-C.), accueilli par des

bouquets de lis et des cierges. Depuis la mort de l’évêque, les habitants de Nola, à l’occasion de la procession, portent des cierges de plus en plus hauts, jusqu’aux dimensions actuelles (25 mètres), recouverts de décorations. Ces cierges ou lis sont transportés par des

hommes qui dansent au rythme de la fanfare. Cette manifestation folklorique a lieu le premier dimanche après le 22 juin, fête de Saint Paolino.

La fête des lis de Nola


Les ÎIes du Golfe de Naples 72

Ischia. Château Aragonais

voyageurs célèbres

Les îles de notre archipel, au fond, sur la mer de Naples, sont toutes belles. Elsa Morante, 1957


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Différentes par leurs caractéristiques naturelles et leurs attractions, les trois îles de la baie de Naples sont une étape obligée pour le touriste à la recherche d’émotions: des paysages enchanteurs de Procida aux thermes d’Ischia en passant par la célèbre Capri, riche en vestiges romains perdus dans une nature magnifique. Des lieux de légende, chargés d’histoire, et dont le charme ne fait que s’accroître avec le temps. Les trois îles sont accessibles au départ de Naples ou de Pouzzoles. Procida et Ischia, dites les «îles phlégréennes» se trouvent au Nord de la baie, face à Pouzzoles; Capri, en face de la péninsule de Sorrente.

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Azienda di Cura Soggiorno e Turismo Ischia e Procida via A. Sogliuzzo 72 Ischia tel. 081 5074230 www.infoischiaprocida.it Azienda di Cura Soggiorno e Turismo Capri piazzetta Cerio 11 tel. 081 8370918 www.capritourism.com Capri Certosa di San Giacomo via Certosa di S. Giacomo tel. 081 8376218 Museo I. Cerio piazzetta Cerio 5 tel. 081 8376681 Villa Jovis via Tiberio tel. 081 8370634 Villa San Michele viale Axel Munthe Anacapri tel. 081 8371401 Grotta Azzurra Gruppo Motoscafisti via Provinciale Marina Grande ufficio tel. 081 8375646 pontile tel. 081 8377714 www.motoscafisticapri.com Ischia Museo di Pithecusae corso Angelo Rizzoli Lacco Ameno tel. 081 900356 www.pithecusae.it


à ne pas manquer Procida Terra Murata Marina di Corricella Ischia Lacco Ameno Forio d’Ischia Sant’Angelo Ischia Ponte

Capri Grotte d’Azur Piazza Umberto I (“la Piazzetta”) Punta Tragara et les Faraglioni Villa San Michele (Anacapri)

procida en 1 jour Marina Grande Terra Murata Marina di Corricella Marina di Chiaiolella

ischia en 1 jour Ischia Porto Lacco Ameno Forio d’Ischia Sant’Angelo Ischia Ponte

nature et parcs Procida Oasis naturaliste de Vivara

pour les jeunes Procida Marina di Chiaiolella

Ischia Mont Epomeo Jardin La Mortella (Forio)

Ischia ‘Rive Droite’ à Ischia Porto Sant’Angelo

Capri Mont Solaro (Anacapri) Oasis du Mont Barbarossa (Anacapri) Jardins d’Auguste

Capri Anacapri La ‘Piazzetta’ Via Camerelle

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art et archéologie Procida Terra Murata Ischia Château Aragonais (Ischia Ponte) Musée Archéologique de Pithecusae (Lacco Ameno) Fouilles de Santa Restituta (Lacco Ameno) Sanctuaire de la Madonna del Soccorso (Forio)

Capri Chartreuse San Giacomo Villa Jovis Villa Malaparte Villa San Michele (Anacapri) Bains de Tibère Casa Rossa (Anacapri) Église de Santo Stefano Musée Archéologique National “I. Cerio”

capri en 1 jour Grotte d’Azur Piazza Umberto I (“la Piazzetta”) Chartreuse de San Giacomo Via Krupp Marina Piccola Punta Tragara et les Faraglioni Marina Grande et Bains de Tibère


shopping Procida Limoncello Dentelles et broderies Ischia Céramiques d’art Produits cosmétiques naturels Vins

Capri Limoncello de Capri ‘Mode de Capri’ Parfums de Capri Sandales de Capri Vins

en vacances avec les enfants Procida Marina di Chiaiolella Terra Murata Ischia Château Aragonais (Ischia Ponte) Musée Paysan de l’île d’Ischia (Panza)

Musée de la Mer (Ischia Ponte) Sant’Angelo Capri Bains de Tibère Funiculaire du Mont Solaro Grotte d’Azur 75

Lacco Ameno. Panorama depuis Monte Corvino

saveurs et arômes Procida Citrons de Procida Ischia Lapin de fosse d’Ischia Vin Ischia Doc Capri Salade caprese Limoncello de Capri Ravioli de Capri Gâteau caprese Soupe de lentilles (gesses) d’Anacapri Vin Capri Doc

thermes et bien-être Ischia Établissements et parcs thermaux, centres de beauté dans les grands hôtels Capri Centres de beauté dans les grands hôtels


Procida

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Procida, la plus petite et la moins connue des îles de la baie de Naples, a conservé toute son identité méditerranéenne. Liée à une tradition marine, elle est la destination idéale, en toute saison, pour ceux qui désirent passer des vacances au calme, loin des flux du tourisme de masse. D’un point de vue géologique, elle appartient à la zone phlégréenne à l’ouest de Naples. Son sol de tuf et ses côtes accidentées confirment son origine volcanique. Comparée à Ischia et Capri, Procida se présente aujourd’hui encore comme une île «à découvrir», pleine de charme, et le visiteur pourra apprécier le silence qui règne dans ses rues, les couleurs vives de ses édifices anciens, les grappes de maisons accrochées aux rochers. La riche végétation, la mer limpide et scintillante, les rochers du littoral, tout contribue à faire de l’île un paysage fascinant.

La Marina di Sancio Cattolico, dite également Marina Grande, est le port d’arrivée de tous les bateaux et hydroglisseurs en provenance de Naples ou de Pouzzoles. Les maisons très colorées et alignées face à la mer accueillent le touriste à son arrivée. Ce petit village de pêcheurs est dominé par le château construit sur le pic rocheux surplombant la mer, à l’intérieur de la zone la plus élevée de l’île, Terra Murata, le cœur de l’île. Ce singulier quartier, avec ses petites maisons médiévales, ses cours et ses jardins, ses églises, ses palais et son château, est resté pratiquement intact depuis 300 ans. En s’aventurant dans les venelles de la citadelle, on est ravi par la magie d’une atmosphère hors du temps. Le point de vue du belvédère est exceptionnel. Très typique, le petit port de Marina di Corricella surprend par son architecture délicieuse et ses maisons enchevêtrées et entassées les unes sur les autres, avec des escaliers courant de porte en fenêtre, créant une sorte de décor de théâtre naturel. Le lieu préféré des baigneurs est la Marina di Chiaiolella, une belle plage semi-circulaire fermée par le promontoire de Santa Margherita Vecchia. Le bord de mer est la promenade touristique par excellence de l’île. Séparé de la Chiaiolella par une mince langue de mer, le lido de Procida est un établissement balnéaire assez fréquenté. Un long pont unit la Chiaiolella au petit îlot de Vivara, une oasis protégée par le WWF. Pour la visiter, il est nécessaire d’en demander l’autorisation auprès de la commune de Procida.

Procida. Marina della Corricella

Terra Murata

voyageurs célèbres

J’écrivais sur mon genou l’histoire de Graziella, ce triste et charmant pressentiment d’amour que j’avais rencontré autrefois dans ce même golfe, et je l’écrivais en face de l’île de Procida, en vue de la ruine de la petite maison dans les vignes et du jardin sur la côte, que son ombre semblait me montrer encore du doigt. Alphonse de Lamartine, 1844


voyageurs célèbres

Mon île a de petites rues solitaires enfermées entre des murs antiques, au-delà desquels s’étendent des vergers et des vignes qui semblent des jardins impériaux. Elle a des plages de sable délicat et clair, et des criques de galets et de coquillages, cachées entre les falaises. Elsa Morante, 1957

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Procida dans l’art Le premier à célébrer le charme de l’île fut Alphonse de Lamartine dans le roman Graziella (1852). L’écrivaine

italienne Elsa Morante a choisi Procida comme cadre de son roman L’île d’Arturo (1957), dont le personnage principal est un jeune habitant de l’île. Beaucoup de films ont été tournés ici, dont «Le facteur», avec Philippe Noiret et Massimo Troisi, inspiré du séjour en Italie de Pablo Neruda.

Vue sur Vivara


Ischia

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Il s’agit de l’île la plus grande de la baie de Naples, aujourd’hui destination très populaire, fréquentée toute l’année par le tourisme international, grâce notamment à un climat particulièrement doux. Son paysage extraordinaire lui a valu le surnom d’«Ile Verte»: la fertilité de ses sols, où naissent notamment de célèbres vins, produit des récoltes merveilleuses. Outre les grandes attractions naturelles et balnéaires, ce sont les thermes qui font d’Ischia un véritable must. Le patrimoine de l’île est immense: 29 bassins, des centaines de sources et de fumerolles. L’exploitation à des fins thérapeutiques de ses eaux thermo-minérales remonte à la nuit des temps et a contribué à la célébrité de l’île dans le monde entier, attirant l’attention des voyageurs, fascinés par l’idée de pouvoir se soigner de façon naturelle dans un paysage splendide et préservé. A côté des thermes, la nature constitue le principal intérêt de l’île: des paysages à couper le souffle, entre vallées, collines, falaises, plages, forêts et montagnes. La ville principale est Ischia, composée de deux centres: Porto, station balnéaire et thermale, et Ponte, petit bourg caractéristique dominé par le Château Aragonais, un ensemble de constructions d’époques différentes regroupées au sein d’une fortification. Enchanteurs, les petits villages de Casamicciola Terme, renommé pour ses sources thermales, et Lacco Ameno, lui aussi célèbre pour le pouvoir curatif de ses eaux. C’est là, dans la magnifique Villa Arbusto, siège du Musée Archéologique de Pithecusae (Pithécuses), que sont conservées de précieuses antiquités. Il faut savoir en effet qu’Ischia fut la première colonie grecque de la zone tyrrhénienne, fondée au VIIIème siècle av. J-C. et baptisée

délices de terre et de mer À ne pas manquer, la Route du Vin et des Saveurs de l’île d’Ischia: un itinéraire à travers les caves, les vignobles, les

restaurants typiques, les ateliers d’artisans, pour déguster les produits typiques et les excellents vins (www.sito.regione.campania.it /agricoltura/home.htm). Aujourd’hui encore, l’île produit des vins célèbres, blancs comme rouges, à partir de variétés de raisin locales.

Pithekousa (île des pithekoi, «singes», ou des pithoi, «vases d’argile»). Certains des vestiges les plus importants du musée remontent justement à cette période historique, comme par exemple la célèbre «Coupe de Nestor». De la crypte de l’église Santa Restituta, on accède aux fouilles de la basilique paléochrétienne et aux salles de musée qui racontent l’histoire de l’île, des grecs aux premiers chrétiens. Moins fréquenté par le tourisme de masse, Forìo conserve son caractère de village de pêcheurs. Ici, sur un éperon rocheux, le Sanctuaire de Santa Maria del Soccorso se détache dans toute sa blancheur. A l’heure du coucher de soleil, lorsque le rouge du soleil enflamme les murs blancs de l’église, l’endroit est un coin de paradis. Une expérience unique. Le centre habité est dominé par un donjon du XVème siècle reconverti en Musée. La plage de Citara est une des plus belles de l’île. Non loin de là, le jardin de la Mortella, la villa du musicien Sir William Walton, dont les plans furent dessinés par l’éminent architecte-paysager Russell Page. Sur le versant Sud de l’île, Sant’Angelo est une minuscule bourgade de pêcheurs devenue un centre touristique élégant. A visiter, les localités à l’intérieur des terres: Panza, bien située d’un point de vue panoramique, Serrara Fontana, d’où partent les excursions sur le Mont Epomeo, Barano d’Ischia, sur des collines descendant en escaliers vers la grande plage des Maronti, constellée de sources thermales et de fumerolles. Le Mont Epomeo (788 m) confère à l’île son profil caractéristique. Dominant la côte, il offre au visiteur une vue fantastique sur le baie de Naples. Au sommet, on peut visiter l’Ermitage de San Nicola (XVème siècle), entièrement creusé dans le tuf. Grâce à la douceur du climat, il est possible de fréquenter, pratiquement toute l’année, les magnifiques plages de sable. Et les passionnés pourront explorer tous les secrets d’une cuisine très traditionnelle et attentive à la recherche oenologique qui est ici une véritable vocation.

Parmi les blancs, citons le Biancolella et le Forastera; parmi les rouges, le Pere ’e palummo («pied de pigeon»), dit Piedirosso. Outre l’excellent poisson que l’on aura l’occasion de goûter dans les nombreux restaurants de l’île, Ischia est renommée pour sa cuisine traditionnelle de

terroir: le plat le plus fameux est à base de lapin et de tomates, également cultivées sur l’île.


voyageurs célèbres

Ischia peut être regardée comme un immense vignoble; ses fruits sont exquis, et ses figues ont été vantées par Horace. Audot, 1834

79 Forio. Vue depuis la plage de Chiaia

la Coupe de Nestor La célèbre «Coupe de Nestor» (750 av. J-C.) est conservée dans la Villa Arbusto, siège du Musée

Archéologique de Pithecusae. Elle présente une des plus anciennes inscriptions grecques, une allusion à la coupe du roi de Pylos citée dans l’Iliade d’Homère: «de Nestor voici la coupe où il fait bon boire; celui qui boira dans cette coupe sera vite pris de désir pour Aphrodite à la belle couronne».

Ischia depuis le sommet du mont Epomeo


Capri

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«L’un des points magnétiques de l’univers». C’est par ces mots que l’écrivain et peintre Alberto Savinio décrivit une des îles les plus célèbres au monde. Un miracle de la nature que ce gigantesque rocher remonté des abysses, où la terre, le ciel, la mer et la lumière s’unissent à la perfection. Les grottes marines, les faraglioni, ces récifs élancés aux formes extraordinaires, le vert de la végétation qui couvre les parois abruptes, les belvédères incomparables, un mélange de nature, d’art, de culture et de mondanité qui ont alimenté le mythe de Capri. Nombreux sont les écrivains, les poètes, les musiciens et les peintres à être tombés sous le charme de Capri. Nombreux sont les cinéastes qui l’ont choisie comme toile de fond pour leurs films, et nombreux sont les personnages célèbres à s’être assis aux terrasses des cafés de la célèbre piazzetta. L’empereur Tibère est considéré comme le premier grand amateur de l’île. C’est là qu’il passa les dernières années de son existence. Mais c’est à partir de la moitié du XIXème siècle, lorsque les visiteurs du monde entier y élirent domicile, formant ainsi une communauté cosmopolite, que s’est créé le véritable mythe de Capri et de la Grotta Azzurra. La ville principale de l’île est Capri. Du débarcadère de Marina Grande, on y accède en bus, taxi ou par le funiculaire.

soleil, mer et… shopping Capri est un cadre véritablement enchanteur pour se consacrer au shopping. Si vous êtes à la

recherche du dernier vêtement de marque, de bijoux précieux ou de délicats articles de broderie, les rues pittoresques de Capri (via Camerelle en particulier) et d’Anacapri sont les lieux idéaux pour trouver tout ce que vous désirez. De petites boutiques et de minuscules

Le cœur du village, avec ses maisons à terrasses et pergolas, est la très célèbre piazzetta, surnom de la minuscule piazza Umberto Ier, une sorte de salon à ciel ouvert et un pôle d’attraction de la vie touristique et mondaine. Elle est dominée par l’église baroque de Santo Stefano, caractérisée par ses coupoles d’inspiration arabe et un précieux sol romain provenant de la Villa Jovis. A droite, le Palazzo Arcucci (Fondation Cerio) datant de 1372. L’ensemble monumental de la Chartreuse de San Giacomo est une des plus remarquables réalisations de l’architecture insulaire. Donnant sur les Faraglioni, il fut construit au XIVème siècle, puis agrandi au XVIIème. Bien que plusieurs fois remaniée, la chartreuse a conservé ses lignes d’origine, en particulier dans sa partie médiévale caractérisée par les voûtes extradossées, typiques à Capri. Non loin de là, les jardins d’Auguste permettent de profiter au mieux de la vue magnifique sur les Faraglioni et Marina Piccola. Le parc, sillonné d’allées et d’escaliers, est une oasis verte avec un joli belvédère. Des jardins, on arrive à Marina Piccola en descendant la tortueuse via Krupp. Belle vue sur les fonds marins et les Faraglioni. La promenade la plus célèbre de Capri est celle qui mène au belvédère de Tragara, une petite place ombragée donnant sur les Faraglioni et Marina Piccola. Plus bas, la route descend vers les trois célèbres récifs devenus de véritables symboles de l’île. Le premier, Stella, tout proche de la côte, est haut de 109 mètres, le Faraglione au centre de 81 mètres et le troisième, appelé Scopolo, haut de 104 mètres, habité par le lézard bleu, une espèce rare. Le parcours au milieu d’une végétation luxuriante entre Capri et l’Arco Naturale, cette arche de roche spectaculaire suspendue au-dessus de la mer, est également caractérisé par des paysages à couper le souffle. Un escalier permet d’arriver à la Grotta di Matermania, une formidable excavation naturelle, peut-être consacrée, à l’époque romaine, au culte de Cybèle. Encastrée dans le paysage rocheux de la pointe Masullo, la Villa Malaparte, habitation de l’écrivain Curzio Malaparte, fut construite à la fin des années trente par l’architecte Adalberto Libera mais son projet excentrique lui vaut toujours une modernité extraordinaire.

ateliers d’artisans donnent au visiteur la possibilité d’admirer et d’acheter les produits locaux. Il est possible également de visiter les laboratoires où sont créés d’inoubliables parfums, à partir des fleurs de l’île, de même que les salles d’exposition du limoncello de Capri.

Les sandales de Capri sont connues dans le monde entier.


voyageurs célèbres

L’île de Capri est un miracle. Oui, un miracle!… Je suis allé trois fois à Capri, pour longtemps, et je te dis: l’impression m’accompagnera jusqu’à la mort. Ivan Sergueievich Tourgueniev, 1871

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Les Faraglioni de Capri


Piazzetta de Capri

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Au nord-est de l’île, la Villa Jovis, construite pour le compte de l’empereur Tibère, est le plus important témoignage de l’époque romaine sur l’île. Pour y arriver, un long chemin passant par la petite église San Michele, puis le long du très panoramique parc de la Villa Astarita. Une très belle promenade. Les ruines grandioses dominent un panorama merveilleux sur la Péninsule de Sorrente et donnent sur un précipice de 330 mètres, surnommé «le saut de Tibère», d’où l’empereur faisait jeter, dit-on, ses victimes. La villa se développe sur plusieurs niveaux et selon les différentes fonctions (vestibule, thermes, appartements pour les domestiques, appartements privés de l’empereur, salles officielles), autour d’un noyau central occupé par quatre énormes citernes. A Anacapri, on trouve les ruines d’une autre villa impériale, Damecuta.

Anacapri est une localité plus sobre et plus recueillie que Capri, avec de jolies petites rues, des maisons blanches perdues dans la végétation, des hôtels élégants et tranquilles. Le principal monument est l’église San Michele, construite au XVIIIème siècle sur des plans de Domenico Antonio Vaccaro. A noter, son magnifique pavement en majoliques. Toute proche, la Villa San Michele fut construite sur des vestiges romains par Axel Munthe, le médecin et écrivain suédois qui vécut pendant plus de cinquante ans sur l’île. Il l’a choisie d’ailleurs comme cadre de son roman “Le Livre de San Michele” qui contribua a alimenter le mythe de Capri dans le monde. Elégante et originale, la Villa conserve du mobilier XVIIIème, des oeuvres d’art et des antiquités romaines. Elle est entourée d’un jardin d’une beauté rare. D’Anacapri, des télésièges permettent d’accéder au sommet du Mont Solaro (589 mètres), le point culminant de l’île d’où l’on bénéficie d’une vue spectaculaire. Impossible de venir à Capri sans visiter la Grotte d’Azur, célèbre dans le monde entier. On y accède par la mer, au départ de Marina Grande, ou par voie de terre, d’Anacapri. Mais dans les deux cas, il faudra ensuite monter sur de petites embarcations pour pénétrer à l’intérieur de la grotte.

la Route du vin, des saveurs et des traditions sur l’île de Capri La vigne occupe encore les pentes ensoleillées de Capri. Différentes variétés de raisins sont produites,

Falanghina, Biancolella, di Greco, di Piedirosso. Une promenade sur les versants du Mont Solaro et à travers les jardins potagers de l’île sera une bonne occasion de goûter les délices de cette terre. A ne pas manquer, le célèbre gâteau Caprese.

Déjà connue des Romains, elle fut redécouverte au XIXème siècle. Elle doit son atmosphère fascinante à un phénomène géologique qui a provoqué son affaissement (d’une vingtaine de centimètres), portant son entrée minuscule pratiquement au niveau de la mer. La lumière arrive par réfraction sur l’eau et crée une exceptionnelle couleur d’un bleu intense aux reflets argentés qui caractérise tout l’intérieur. Pas très grande (54 mètres de longueur, 14 de largeur et 30 de hauteur), la grotte se prolonge par une galerie pleine de stalactites.

Avec ses criques enchanteresses et ses impressionnantes falaises, Capri est dotée d’établissements balnéaires installés sur les rochers ou sur les plages de sable fin. Sur la côte rocheuse, citons les Faraglioni (accessibles à pied de Tragara, par un joli chemin en descente à travers la pinède), la Grotte d’Azur et le Faro. Les amateurs de sable fin iront plutôt à Marina Grande, Marina Piccola et aux Bains de Tibère. La meilleure façon de profiter de la mer de Capri et de sa merveilleuse côte rocheuse est de faire une promenade en bateau.


voyageurs célèbres

Je me trouvai soudain dans une grotte extraordinaire et poussai involontairement un cri d’émerveillement. Devant, autour, en haut, derrière, je voyais des choses trop merveilleuses pour que je puisse les décrire. Imagine une caverne entièrement bleue, comme si Dieu s’était amusé à construire une tente avec des morceaux de firmament. Alexandre Dumas, 1835 83 La Grotta Azzurra


La Péninsule de Sorrente 84

Sorrente

voyageurs célèbres

Nous descendons à Sorrente par de petites rues escarpées, bordées de murs. En dessous, des citronniers, des orangers, croulant sous le poids des fruits, des rosiers, des camélias en fleur, des palmiers et des pins déployant les flèches vertes de leur feuillage. Louise Colet, 1863


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Le merveilleux décor naturel de la péninsule de Sorrente en fait l’un des sites touristiques les plus célèbres d’Italie. Cette avancée de terre dans la mer Tyrrhénienne, qui va jusqu’à toucher l’île de Capri, s’étend de Castellammare di Stabia à Punta Campanella qui sépare les golfes de Naples et de Salerne. Art et tradition caractérisent les différentes localités de la péninsule, dont la plus célèbre est bien entendu Sorrente: nichée sur une imposante falaise surplombant la mer, cette adorable petite ville conserve, à côté des architectures Renaissance et Baroque, d’importants vestiges des périodes classique et médiévale. Les possibilités de pratiquer un tourisme axé sur le bien-être ne manquent pas, comme à Vico Equense par exemple, l’un des centres thermaux les plus pittoresques de la Côte. Mais tout le charme de ce territoire réside dans les beautés naturelles de ses paysages: la route en corniche est une des merveilles du paysage italien. La route passe au milieu des vergers d’agrumes, des vignes et des oliveraies disposés en étages, suivant le profil tortueux de la côte. Ainsi, de virage en virage, on voit s’ouvrir devant soi une série de vues panoramiques sur la baie de Naples, le Vésuve et Capri. La côte est accidentée et rocheuse, caractérisée par des falaises de calcaire, des criques et des récifs.

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Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Sorrento e Sant’Agnello via L. De Maio 35 tél. 081 8074033 www.sorrentotourism.com Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Vico Equense via San Ciro 16 tél. 081 8015752 www.vicoturismo.it Castellammare di Stabia Scavi Archeologici di Stabia via Passeggiata Archeologica tél. 081 8714541 Sorrento Museo Correale di Terranova via Correale 50 tel. 081 8781846 Vico Equense Museo Mineralogico Campano via San Ciro 2 tél. 081 8015668 Pour les excursions le long des sentiers de la Péninsule, contacter l’association “Il Gheppio” à Vico Equense, tél. 081 8024771. Pour les excursions sousmarines dans la Réserve Marine de Punta Campanella, une autorisation doit être demandée à l’administration, viale Filangieri 40 Massa Lubrense tél. 081 8089877 www.puntacampanella.org

la péninsule gourmande Un voyage à travers les saveurs de la Péninsule de Sorrente doit débuter par les célèbres biscuits de

Castellammare di Stabia. Un peu plus loin, on goûtera les délicieuses pâtes de Gragnano, produites de façon artisanale avec les machines utilisées autrefois. Vico Equense est renommée pour sa pizza «au mètre», inventée dans les années cinquante:

il s’agit d’une pizza rectangulaire vendue selon la longueur désirée. On n’oubliera pas de goûter les célèbres noix et l’huile de la péninsule de Sorrente qui a obtenu le prestigieux label Dop. A ne pas manquer non plus la Route du Vin et des produits typiques de la Péninsule de Sorrente: un

itinéraire à travers les caves, les vignobles, les restaurants typiques, les ateliers d’artisans (www.sito.regione.campania.it /agricoltura/home.htm). La région est célèbre pour sa production de vins de tradition tels que le Gragnano et le Lettere.


à ne pas manquer Sorrente Massa Lubrense Baie de Ieranto

la péninsule de sorrente en 1 jour Sorrente Vico Equense Massa Lubrense Baie de Ieranto

la péninsule de sorrente en 3 jours Sorrente Castellammare di Stabia Vico Equense Massa Lubrense Nerano Baie de Ieranto Agerola

art et archéologie Antiquarium Stabiano (Castellammare di Stabia) Bains de la reine Jeanne (Sorrente) Musée Correale di Terranova (Sorrente) Museo della Tarsia lignea (marqueterie) (Sorrente) Villa d’Ariane (Castellammare di Stabia)

nature et parcs Parc Naturel Régional des Monts Lattari Réserve Naturelle Marine de la Pointe Campanella

pour les jeunes Nerano Sorrente Vico Equense

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shopping Fromages et produits laitiers Limoncello de Sorrente Meubles et objets marquetés Rossolis

en vacances avec les enfants Funiculaire du Mont Faito Musée Minéralogique de Campanie (Vico Equense) Plages de Vico Equense

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Vue de la Côte de Sorrente

saveurs et arômes Gâteaux secs de Castellammare Crevettes Produits laitiers d’Agerola Citrons de Sorrente Noix de Sorrente Pâtes de Gragnano Pizza «au mètre» Fromage Fiordilatte et Provolone del monaco Limoncello ‘Délice au citron’ Vin Penisola Sorrentina Doc Vins de Gragnano et de Lettere

thermes et bien-être Centres de beauté dans les grands hôtels Thermes de Stabia Vico Equense


De Castellammare di Stabia à Sant’Agata sui Due Golfi 88

Célèbre pour ses chantiers navals, Castellammare di Stabia est aussi une station thermale de renom. Son nom dérive d’un château médiéval (castrum ad mare), terme auquel on ajouta le toponyme de l’antique cité de Stabiae (Stabies), détruite par l’éruption du Vésuve en 79 ap. J-C., en même temps que Pompéi et Herculanum. Là aussi, des fouilles archéologiques ont permis de retrouver des vestiges antiques: la nécropole de Madonna delle Grazie et de nombreux édifices romains dont deux sont ouverts aux visites, la Villa San Marco et la Villa Arianna. Renommée pour ses stations thermales et sa pizza «au mètre», Vico Equense a conservé de nombreux témoignages de son passé: l’église de l’Annunziata, la seule église gothique de toute la péninsule de Sorrente, le Castello Giusso, fondé par les Angevins puis remanié entre les XVIIème et XVIIIème siècles, et l’intéressant Antiquarium où sont exposés différents objets provenant d’une nécropole (VIIème-Vème siècle av. J-C.). A partir de Vico Equense, la route nationale devient de plus en plus tortueuse, suivant les pentes sinueuses des Monts Lattari. La route descend ensuite jusqu’à Meta, une station balnéaire avec de belles plages, Marina di Meta et Alimuri. Dans le centre historique, on jettera un œil à la basilique de Santa Maria del Lauro. De Piano di Sorrento, une terrasse naturelle en tuf, il est possible d’admirer Sorrente et, derrière Punta del Capo, le profil de Capri. Sant’Agnello descend progressivement vers la mer et bénéficie d’une température plutôt fraîche en été. Juste après, la localité la plus célèbre de la côte, Sorrente.

citrons en premier plan La célébrité du limoncello n’a d’égale que celle des citrons de la péninsule qui servent à sa fabrication. Le meilleur, celui produit de

façon artisanale, se prépare selon une recette très simple: des écorces de citrons, de l’alcool, de l’eau et du sucre. Mais Sorrente est un pôle pour bien d’autres spécialités gastronomiques. Une promenade en ville ne serait pas complète sans un sorbet au limoncello, et le dessert le plus connu, le délice au citron.

La ville est nichée sur un imposant éperon en tuf, dont les falaises tombent à pic dans la mer. Les maisons sont entourées d’une végétation d’orangers, de citronniers et d’oliviers. En arrière-plan, les reliefs de la Péninsule de Sorrente. Sorrente est une localité tranquille, appréciée en toute saison pour la douceur de son climat, le parfum émanant de ses jardins et les terrasses panoramiques sur la mer. C’est au XIXème siècle que la petite ville devient une localité de villégiature à la mode, mais ses origines sont beaucoup plus anciennes: le nom de Surrentum est probablement lié à la légende des sirènes et la fondation de la cité serait, diton, l’œuvre des Phéniciens. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’époque romaine, elle était un lieu de villégiature très apprécié de l’aristocratie. La ville s’articule autour de la piazza Tasso, du nom du monument du même nom dédié à l’auteur de La Jérusalem Délivrée, né à Sorrente en 1544. Le Duomo est du XVème siècle mais il a subi différentes interventions au fil des années. Le chœur marqueté reflète une technique séculaire de la ville. Le Musée Correale dI Terranova, installé dans un palais XVIIIème, a été qualifié de «plus beau musée de province d’Italie» par Amedeo Maiuri. Intéressantes, la section d’archéologie, avec la célèbre Base d’Auguste, et la section médiévale, avec des ouvrages en marbre datant des Xème et XIème siècles. Grande collection de meubles, porcelaines et tableaux. De l’église San Francesco (XVIIIème siècle), on rejoint la Villa Comunale, un jardin public surplombant la mer et d’où l’on peut admirer le spectaculaire panorama sur le golfe de Naples. Ensuite, une petite rue pavée mène à la Marina Piccola, avec ses nombreux établissements balnéaires et son port d’où partent les bateaux et les hydroglisseurs pour Capri et Naples. La plus grande plage est Marina Grande, destination traditionnelle des promenades des habitants de la ville.

Citrons de Sorrente


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Cathédrale de Vico Equense

l’art de la marqueterie à Sorrente En Campanie, le travail du bois a des origines et des traditions antiques, mais la glorieuse technique

sorrentine de la marqueterie mérite un petit chapitre. Ce n’est pas seulement la maestria, le génie de l’artiste qui rend ces ouvrages si exceptionnels, c’est aussi la connaissance profonde de la matière première. Il est en effet très difficile de reconnaître et de choisir les différentes qualités de bois pour créer

un éventail chromatique permettant de réaliser de délicats dessins.


voyageurs célèbres

J’imagine que le paradis terrestre a plus ou moins l’aspect du Cap de Sorrente. Une mer d’émeraude s’étend devant ma fenêtre, des oliviers, des orangers et des citronniers grimpent presque jusqu’au pas de ma porte. Ce n’est que maintenant que je commence à retrouver mes esprits face à toute cette grâce divine. Isaak E. Babel, 1931 90

Après Punta del Capo, où se trouvent les ruines de la Villa de Pollion Felix (Ier siècle ap. J-C., connues sous le nom des Bains de la reine Jeanne), on arrive à Massa Lubrense, une jolie station balnéaire. Par rapport aux autres centres de la Péninsule, la localité est moins bien connue et par conséquent moins fréquentée par le flot des touristes. C’est à cela qu’elle doit d’avoir conservé son caractère plus réservé et une atmosphère et des saveurs au contraire disparues chez ses voisines, comme par exemple les vieilles fermes agricoles. Non loin de là, Marina della Lobra est un petit village de pêcheurs, dont les maisons sont construites juste derrière la plage et le petit port.

C’est à cet endroit que l’on découvre la partie la plus sauvage et enchantée de la côte. Un sentier permettant d’explorer cette nature merveilleuse mène à la jolie baie de Ieranto, au pied du Mont San Costanzo, aujourd’hui propriété du FAI (Fondo Ambiente Italiano) qui en préserve l’intégrité. De Massa Lubrense, il est possible de remonter jusqu’à la portion côtière de Sant’Agata sui Due Golfi, d’où on bénéficie d’un magnifique panorama sur les golfes de Naples et de Salerne, puis de continuer jusqu’à l’ancien Ermitage carmélite du XVIIème appelé Deserto.

On compte autour de Massa Lubrense un bon nombre de localités de charme: Termini, Nerano, avec ses maisons et ses pergolas qui descendent vers la mer, et la magnifique Marina del Cantone. De Massa, il est possible de longer la côte jusqu’à l’extrémité de la péninsule, en face de Capri. La Pointe Campanella: pendant l’Antiquité, ce site était un lieu saint; c’est là peut-être que se trouvait le temple grec dédié aux sirènes dont parlent les auteurs antiques. Plus tard, le temple fut consacré à Athèna. Les Romains construisirent par la suite la route qui permettait d’arriver de Sorrente. Dans la partie finale, près de la pointe, on peut encore observer quelques pavés en pierre. Le phare, érigé en 1335 et reconstruit en 1566, signalait l’arrivée des pirates au son d’une cloche, d’où le nom actuel de la pointe.

le sanctuaire des plongeurs C’est le rocher du Vervece, bien visible de Massa Lubrense. C’est ici qu’Enzo Maiorca battit le record

mondial de plongée en apnée (87 mètres). Chaque année, le deuxième dimanche de septembre, on célèbre la messe sur la petite île, puis les plongeurs viennent déposer des fleurs et plongent pour rendre hommage à la Vierge en bronze qui se trouve à une quinzaine de mètres de profondeur.

sur les sentiers de la Péninsule Une journée de marche sur les sentiers de la Péninsule est la meilleure façon de découvrir les merveilleux

paysages de ce balcon naturel qui s'ouvre sur les golfes de Naples et Salerne. Les Monts Lattari forment l'ossature de la péninsule, de topographie variée, avec de nombreux sommets, surplombs, péninsules et profondes criques. Les itinéraires naturels sont très variés au niveau de la durée

et du niveau de difficulté. En partant de Punta Campanelle, classée Réserve Naturelle Marine, les plus chevronnés pourront rejoindre la merveilleuse Baie de Ieranto.


voyageurs célèbres

Je me souviens bien du lieu et du moment où la voiture qui m’emmenait sur la route qui monte de Sorrente vers Sant’Agata chevaucha l’épine dorsale de la péninsule. D’un coup apparut l’autre mer, le golfe de Salerne et les petites îles Sirénuses, et tout le paysage autour de moi devint soudainement aride, nu et sauvage, sans un arbre, sans une maison, et devant moi il n’y avait qu’une série de virages suspendus au-dessus de la mer, et la route de corniche qui se faufilait hardiment entre les roches, d’abysse en abysse. Raffaele La Capria, 1992

Massa Lubrense

la Réserve Naturelle Marine de Punta Campanella Il s’agit d’une zone marine protégée (1539 hectares de fonds sous-marins) située entre la Péninsule de

Sorrente et Capri, caractérisée par de nombreuses grottes sousmarines, dont la plus spectaculaire est très certainement celle de la Cala di Mitigliano. La Réserve permet également d’effectuer des itinéraires sous-marins et des excursions.

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La Côte Amalfitaine 92

Villa Cimbrone à Ravello

voyageurs célèbres

Le jour du Jugement, pour les Amalfitains qui iront au paradis, sera un jour comme les autres. Renato Fucini, 1878


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La beauté incomparable de la Côte Amalfitaine a enchanté les voyageurs de toutes les parties du monde. Ses terrasses d’un vert luxuriant, suspendues au-dessus d’une mer scintillante, son patrimoine artistique et architectural, tout contribue à en faire l’un des sites mondiaux les plus célèbres. Sauvage et romantique, la Côte Amalfitaine est une étape obligatoire de tout voyage en Italie. D’un point de vue géographique, la «Côte des Sirènes» est le versant sud de la Péninsule de Sorrente qui ferme au nord le golfe de Salerne. Le paysage est caractérisé par d’imposantes falaises, des plages, des criques et de petits estuaires, comme la magnifique Grotta dello Smeraldo à Conca dei Marini et le Fjord de Furore. Entre les pentes vertigineuses, les surplombs et les rochers impétueux, on ne compte pas les lieux où la nature est restée complètement vierge, comme dans l’oasis de Vallone di Porto. Les villages qui ponctuent la corniche sont tous à visiter. On y profitera du bleu de la mer, des paysages merveilleux, des beautés artistiques et de la vitalité de la vie mondaine. On pourra également faire des achats dans les boutiques à la mode de Positano et dans les magasins de céramiques, ou s’arrêter dans un restaurant typique pour déguster la cuisine traditionnelle.

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Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Positano via del Saracino 4 tel. 089 875067 www.aziendaturismopositano.it Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Amalfi via delle Repubbl. Marinare tel. 089 871107 www.amalfitouristoffice.it Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Ravello via Roma 18 bis tel. 089 857096 www.ravellotime.it Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Maiori corso Reginna 73 tel. 089 877452 www.aziendaturismo-maiori.it Comunità Montana dei Monti Lattari-Penisola Sorrentina Via A. Coppola 1 - Agerola tel. 081 8025811 Amalfi Museo Civico Pal. Morelli - p.zza Municipio 1 tel. 089 8736211 Museo della Carta - Pal. Pagliata via delle Cartiere 23 tel. 089 8304561

le Parc Régional des Monts Lattari Le Parc Régional des Monts Lattari comprend la Péninsule de Sorrente et la Côte Amalfitaine. Il sépare

le golfe de Naples de celui de Salerne et s’étend sur un territoire très accidenté, aux fortes dénivellations (plus de 1000 mètres). Les amateurs d’excursions trouveront un réseau de 34 sentiers balisés, dont le “Sentier des Dieux”, probablement le plus suggestif.

La douceur du climat en toutes saisons et la nature préservée de l’environnement favorisent la faune terrestre et marine, ainsi qu’une flore spontanée luxuriante qui s’intègre parfaitement aux cultures (vignes, oliviers et agrumes disposés en terrasses).

Conca dei Marini On accède à la grotte dello Smeraldo (de l’Émeraude) de la route SS 163, par un ascenseur ou un escalier. De la mer, par un ponton artificiel. Excursions guidées en bateau au départ d’Amalfi (tél. 089 873190) Maiori Museo della Collegiata di S.Maria a Mare - largo Campo tel. 089 877090


à ne pas manquer Duomo d’Amalfi Positano Duomo de Ravello

la côte amalfitaine en 1 jour Amalfi Positano

la côte amalfitaine en 3 jours Amalfi Ravello Positano Fjord de Furore Vietri sul Mare Archipel Li Galli

art et archéologie Duomo d’Amalfi Duomo de Ravello San Giovanni del Toro (Ravello) Villa Rufolo (Ravello) Abbaye de Santa Maria de Olearia (Maiori)

nature et parcs Parc Naturel Régional des Monts Lattari Réserve Naturelle Marine de Punta Campanella Réserve Naturelle Nationale Valle delle Ferriere

pour les jeunes Amalfi Maiori Positano Praiano

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shopping Céramiques de Vietri sul Mare Limoncello d’Amalfi Mode de Positano Vins

en vacances avec les enfants Musée du papier à Amalfi Positano Réserve Naturelle Nationale Valle delle Ferriere Plages de Maiori

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Côte Amalfitaine

saveurs et arômes Colatura traditionnelle d’anchois (Cetara) Citrons d’Amalfi Pâtes de Minori Thon rouge de Cetara Vin Costa d’Amalfi Doc

thermes et bien-être Centres de beauté des grands hôtels


De Positano à Amalfi

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Encaissé dans la montagne, entouré d’une riche végétation méditerranéenne, Positano est un petit bourg si pittoresque que l’on se croirait dans un décor de théâtre. Vu de la mer, il apparaît comme une grande crèche, une cascade de petites maisons multicolores descendant vers la mer. Tout le village se développe verticalement. Les habitations, adossées les unes aux autres, caractérisées par de petits portiques orientés vers la mer, présentent des teintes pastel, donnant ainsi l’impression d’un ensemble de pierres précieuses aux mille facettes. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si Positano a été baptisée «le joyau de la côte divine». Ses ruelles étroites, bordées de nombreuses boutiques, descendent entre les maisons pour déboucher sur la plage de Marina Grande. D’en bas la vue sur la mer et sur le village qui gravit la montagne est magnifique. L’église paroissiale de Santa Maria Assunta s’élève sur la place principale de Positano depuis déjà plus de mille ans. Sa grande coupole couverte de majoliques colorées fait qu’elle reste visible de tout le village. Les petites criques de Positano, accessibles à pied en quelques minutes, sont magnifiques: Fornillo, Fiumicello, Arienzo.

shopping à Positano Positano est synonyme de mode estivale. Dans le dédale des ruelles, le miracle de la mode «made in Positano»

s’est réalisé: des dizaines de boutiques présentent des vêtements originaux, désormais célèbres dans le monde entier. Étoffes et couleurs font la loi dans le monde de la mode balnéaire: des paréos aux bikinis, des robes de plage aux robes de gala, et jusqu’aux robes de mariée. Les chaussures en

Positano est une destination appréciée pour des «vacances Vip»: autour de 1940, la Villa Sette Santi fut la résidence du peintre Irène Kowaliska qui s’inspira de Positano pour ses œuvres sur tissu; quant à la Villa Stella Romana, elle accueillit, entre autres, le Pape Jean-Paul II. Des personnalités illustres du monde des arts, de la mode et du spectacle aiment venir y passer quelques jours de détente. A quelques milles de distance de la côte, le minuscule archipel Li Galli (ou «Sirénuses») est composé de trois îlots: le Gallo Lungo, la Rotonda et le Castelluccio, considérés depuis toujours comme la demeure mythique des Sirènes enchanteresses. Mais Positano, ce n’est pas seulement la mer: c’est aussi les Monts Lattari avec Montepertuso, où la légende raconte que la Madone apparut dans un trou de la roche. Un escalier de 1700 marches permet d’arriver jusqu’à Nocelle. C’est là que part le fameux Sentier des Dieux qui réserve au randonneur de superbes panoramas sur toute la Côte. Il est possible aussi de rejoindre la côte de la belle Punta San Pietro, caractérisée par une petite église surplombant la mer.

cuir fait main peuvent se commander sur mesure. Parmi les souvenirs de Positano on pourra choisir, outre les céramiques multicolores, les tableaux d’artistes représentant des vues du golfe. Bien entendu, on n’oubliera pas de goûter toute la gamme des produits typiques.


voyageurs célèbres

Positano frappe profondément. C’est un lieu féérique qui vous semblera irréel tant que vous y serez mais dont vous sentirez avec nostalgie toute la profonde réalité dès que vous l’aurez quitté. Ses maisons accrochées sur une pente tellement raide qu’on dirait une falaise, si elles n’étaient creusées d’escaliers. … L’eau de la petite crique, d’un bleu - vert incroyable, vient doucement lécher une petite plage de galets. John Steinbeck, 1953

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Positano Li Galli

le mythe des Sirènes Face à Positano, l’archipel des Galli est composé de trois îlots solitaires et rocheux. Il était considéré

comme la résidence des Sirènes, personnages mythiques qui attiraient les marins par leur chant et les conduisaient au naufrage. Le mythe servait peut-être d’avertissement car les îles devaient être un point de repère pour les marins qui ne devaient pas s’en approcher de trop près sous

peine de fracasser leur bateau sur les récifs. En 1924, le danseur et chorégraphe russe Léonide Massine construisit sur l’île de Gallo Lungo une villa (réaménagée en 1927 par Le Corbusier), plus tard rachetée par Rudolf Nureyev.


Amalfi Vallée des Ferriere

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A mi-chemin de la Côte Amalfitaine, Praiano, située sur le promontoire de Capo Sottile, était la résidence d’été du doge d’Amalfi. La partie basse du village s’allonge vers Marina di Praia, une plage creusée entre deux hautes parois rocheuses. Comme on en trouve tout au long de la côte, une tour d’observation (tour génoise) se dresse devant le petit port.

Amalfi est le centre principal et l’âme historique de la côte. Vu du port, Amalfi semble véritablement enfermé dans le creux d’une main. En toile de fond, la montagne constellée de maisons. Dans le bas, un lacis pittoresque de ruelles et d’escaliers tortueux, la grande place et l’escalier en haut duquel se dresse le Duomo (cathédrale) dans toute sa majesté. Un paysage unique, où les témoignages historiques se mêlent à d’inoubliables beautés naturelles. Suspendues entre les versants des Monts Lattari et la mer, les ruelles pittoresques d’Amalfi accueillent aujourd’hui un grand nombre d’artistes; elles vécurent jadis les fastes de la puissante République maritime qui connut son apogée entre le Xème et le XIIème siècles, réussissant à résister aux Lombards et aux Sarrasins. Riche et peuplé, Amalfi entretenait d’importants trafics avec l’Orient. En souvenir de son ancienne puissance, Amalfi organise tous les quatre ans au mois de juin la “Régate historique des antiques Républiques maritimes”.

Conca dei Marini est une petite bourgade de pêcheurs nichée dans une anse littorale très pittoresque. Les deux extrémités de cette merveilleuse baie sont Capo di Conca, dominé par la Torre di Conca érigée au XVIème siècle lorsqu’il fallait se protéger des terribles attaques des pirates, et la Grotta dello Smeraldo. A l’intérieur de la grotte, la mer prend une couleur verte très intense, due à la réfraction de la lumière par l’eau. Les nombreuses stalactites et stalagmites s’unissent parfois pour former des colonnes de calcaire de plus de dix mètres de hauteur. De Conca, on peut remonter sur le plateau d’Agerola, à une altitude de 650 mètres, entre bois et campagne. La zone, connue pour ses herbages verdoyants depuis l’antiquité, est célèbre pour la production de produits laitiers et le caractère exceptionnel de son panorama sur la côte.

Le centre d’Amalfi est caractérisé par son célèbre Duomo (cathédrale, IXème siècle). Sa position très spectaculaire, au sommet d’un escalier abrupt, donne une note toute particulière au centre historique. On est frappé par l’imposante façade polychrome, illuminée par les carreaux vernissés, les mosaïques et le tympan doré. On retrouvera quelques vestiges du Moyen Age dans l’élégant Cloître du Paradis de style arabe. Du cloître, on accède à la Chapelle du Crucifix (Cappella del Crocifisso), où se trouve installé le Musée Diocésain. L’accès à la Crypte XIIIème se fait par la chapelle. L’ensemble est un des principaux exemples du style roman amalfitain. Une découverte d’Amalfi devra comprendre une visite du vieil arsenal, où étaient construites les fameuses galères de plus de cent rames, destinées à transporter les chargements de marchandises en provenance de l’Orient.

Furore se trouve sur un versant couvert de vigne et d’oliviers. Le nom antique de toute la zone était Terra Furoris, à cause du vacarme assourdissant que produisaient, pendant les nuits de tempête, la mer et le vent en battant les hautes parois du fjord qui descend pratiquement à pic du haut du plateau d’Agerola. Un escalier abrupt descend jusqu’à la mer. Le charme de cet endroit est irrésistible avec le fjord enfoncé au milieu des vignes, des rochers, des petites maisons et de la mer.

les niches votives de Praiano De nombreuses niches votives, sortes de petites chapelles miniature recouvertes de majoliques

ou de fresques, sont disséminées sur le territoire de Praiano et témoignent d’une dévotion populaire spontanée: elles étaient réalisées sur les murs des habitations ou sur les murets de séparation des propriétés pour invoquer la protection divine.


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le papier d’Amalfi On ne dispose pas, à l’heure actuelle, de documents sur les débuts de la production de papier, mais un témoignage

nous est parvenu, celui de Frédéric II: en 1220, il interdit aux notaires du Royaume, et principalement aux Amalfitains d’utiliser leur papier ouaté pour la rédaction de leurs actes car réputé moins résistant que le parchemin. Mais sa diffusion ne s’arrêta pas pour autant et l’art du papier se répandit sur

toute la côte, en particulier après le Concile de Trente qui décréta l’obligation pour les paroisses de transcrire les actes des sacrements, des morts et des événements religieux. Au XVème siècle, le papier d’Amalfi atteignit une telle réputation que beaucoup d’écrivains étrangers

publiaient leurs ouvrages à Naples pour utiliser cette précieuse matière. Aujourd’hui encore, les usines d’Amalfi, les plus vieilles d’Europe, continuent de produire, bien que de façon réduite, ce papier prestigieux fabriqué à la main et utilisé dans les arts ou pour les éditions de luxe.

Praiano


voyageurs célèbres

Le précipice aérien d’Amalfi est plongé dans les filets de couleurs pures qui ne répètent pas les contrastes paresseux et nauséabonds de certaines saisons tropicales célèbres dans les itinéraires des grands voyages. C’est ici que se trouve le jardin que nous continuons de chercher, en vain, après les lieux parfaits de notre enfance. Salvatore Quasimodo, 1966 100

Siège de l’Hôtel de Ville et du Musée municipal, le Palazzo Morelli conserve la “Tabula Amalphitana”, le premier code de navigation rédigé aux temps de la République et autrefois appliqué dans toute la Méditerranée. On peut également y admirer les célèbres cartons de Domenico Morelli, peintre célèbre du XIXème siècle, qui furent utilisés pour la réalisation des mosaïques du Duomo. Amalfi est célèbre aussi pour la fabrication du papier. Les premières usines furent construites dans la Valle dei Mulini, où se trouve actuellement le Musée du Papier. Cette vallée, traversée par le torrent Canneto, constitue, avec la magnifique Valle delle Ferriere voisine, la Réserve Naturelle Biogénétique. La montée vers Amalfi est laborieuse mais fascinante et vous fera découvrir les vestiges des moulins qui alimentaient en eau les vieilles usines à papier; une nature riante avec des ruisseaux et des cascades, des vues sur la mer encadrées par la végétation luxuriante du maquis méditerranéen.

Ses ruelles, ses arches, ses cours et ses escaliers typiques en font une sorte de crèche de Noël effleurée par la mer. La silhouette d’Atrani est caractérisée par l’église de la Maddalena (1274) dont le campanile et la coupole sont décorés de majoliques de couleurs vives. Sur la piazzetta Umberto Ier, l’église San Salvatore de’Bireto est de style néo-classique mais sa fondation remonte à 940. C’est dans cette église que se déroulaient les cérémonies d’élection et d’intronisation des doges de la République. On accède à la Grotte des Saints (Grotta dei Santi) par la route nationale. A cet endroit, on peut voir encore les ruines de l’ancien monastère bénédictin de Saint Quirico et Sainte Giulitta, fondé en 986. Quant à la petite grotte, elle est ornée de fresques de style byzantin du XIIème siècle.

Jouxtant Amalfi, Atrani conserve, dans son plan urbain tourmenté, son empreinte médiévale. Du temps de la République Amalfitaine, Atrani était habitée par les familles les plus nobles. C’est là que les doges étaient couronnés et enterrés.

les escaliers de la Côte Que serait la Côte amalfitaine sans ses escaliers? Ils sont partout? Caractéristiques de ses bourgades, ils sont le

moyen de communication pratique et indispensable pour faire face aux fortes dénivellations. Le visiteur s’habitue rapidement à cet effort de tous les instants et en apprécie l’aspect pittoresque et surtout “écologique”, efficace pour se désintoxiquer du stress et des bruits de la ville.

la Route du Vin de la Côte amalfitaine La Route serpente entre les terrasses surplombant la mer, les vallées et les éperons rocheux sur

lesquels sont accrochés les villages de la côte. C’est sur ces terres que sont produits les cépages traditionnels aux noms colorés: la Falanghina, devenue la Bianca Zita; la Biancolella, la Bianca Tenera; lo Sciascinoso, Olivella. Quant aux vins, ils sont regroupés sous la dénomination DOC

Costa d’Amalfi et Ravello DOC


101 Grotte dello Smeraldo (de l’Emeraude)

Duomo d’Amalfi


De Ravello à Vietri

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Un des joyaux de la Côte amalfitaine est Ravello (359 mètres d’altitude), où les jeux de lumière et les architectures magiques s’allient pour créer une vision d’une rare intensité. Son nom figurait déjà dans le Décaméron de Boccace. Célèbre pour son atmosphère tranquille et sereine, Ravello présente de petits bijoux d’architecture d’une rare élégance. Il suffit de jeter un œil au Duomo (cathédrale, XIème siècle) consacré à Saint Pantaleone, richement décoré. Parmi ses trésors artistiques, la porte centrale en bronze, ornée de 54 panneaux. A la droite du Duomo, une tour carrée marque l’entrée de la Villa Rufolo. Immergées dans un vaste parc à la flore méditerranéenne et exotique, les constructions d’origine remontent au XIIIème siècle. A noter que les influences siculo-arabes sont encore bien visibles aujourd’hui, comme dans le cloître, caractérisé par de splendides colonnes polychromes. Quant au jardin, c’est l’un des plus beaux de Campanie. La nature et l’œuvre de l’homme concourent à la création d’une atmosphère envoûtante: les allées bordées de tilleuls et de cyprès, des cascades de fleurs. Du belvédère la mer s’étend à l’infini. Tous les étés, les concerts du Festival de Ravello sont organisés dans le jardin de la Villa. C’est ici aussi que Wagner trouva l’inspiration pour le jardin de Klingsor de son Parsifal. Digne d’intérêt. le très récent Auditorium Oscar Niemeyer, qui vient accroître l’offre musicale de Ravello. La Villa Cimbrone n’était à l’origine qu’une simple propriété de campagne. Après son rachat en 1904 par Ernest William Beckett, elle fut transformée en une villa au charme exceptionnel. Elle accueillit plusieurs personnalités célèbres, de Winston Churchill à Greta Garbo. On respire une atmosphère toute particulière dans le cloître, qui présente lui aussi des éléments de style siculo-arabe. Le belvédère est une terrasse incomparable donnant sur l’infini.

artistes à Ravello Wagner, mais aussi bien d’autres musiciens, écrivains et artistes trouvèrent à Ravello un

“lieu de l’âme”. Ainsi, les inventions de Peer Gynt de Grieg doivent beaucoup aux bois de Ravello. Toscanini, Leonard Bernstein, Rostropovich, Bruno Walter y passèrent des jours sereins. Ravello accueillit entre autres, Mirò, Escher et, au début du XIXème, Turner, dont les

À visiter, l’église San Giovanni del Toro, construite au XIIème siècle, avec sa chaire décorée de riches mosaïques, et celle de Santa Maria a Gradillo, elle aussi du XIIème siècle. Intéressant, le Musée du Corail, où sont exposés des objets en corail, des camaïeux, des nacres sculptées et des coquillages, de l’époque romaine au siècle dernier. Tout à côté de Ravello, Scala est un des coins les plus pittoresques de la Côte. Son Duomo conserve une Déposition en bois datant du XIIIème siècle. Adorable petite localité balnéaire aux maisons roses dominant la plage, Minori offre au touriste un paysage merveilleux. Du fait de sa position avantageuse sur la côte, elle fut choisie par les Romains comme lieu consacré à «l’otium» (le loisir), comme le montre l’immense site archéologique de la Villa Romana (Ier siècle ap. JC.; 2 500 m2). On admirera en particulier le viridarium, le triclinium et les splendides mosaïques. Le Musée de l’Antiquarium conserve des vestiges remontant au Ier siècle av. J-C. Dans le centre, située non loin du port, la basilique de Santa Trofimena, patronne de la ville, protège ses habitants depuis le XIIème siècle. La ville compte encore de nombreuses petites églises et tours.

mémorables vues de la côte sont exposées à la Tate Gallery, mais aussi Ruskin, écrivain et critique d’art. Forster, l’auteur de Chambre avec vue, décrit quelques panoramas du village; David Herbert Lawrence y écrivit de nombreux chapitres de L’Amant de lady Chatterley et André

Gide le choisit comme cadre de son roman L’immoraliste. Mais bien d’autres vinrent tout simplement profiter de ses paysages à la beauté inouïe: Virginia Woolf, Paul Valéry, Graham Greene, Tennessee Williams, Rafael Alberti, Gore Vidal.


voyageurs célèbres

Il existe non loin de Salerne une côte au-dessus de la mer que les habitants appellent la côte d’Amalfi, pleine de petites villes, de jardins et de fontaines, et d’hommes riches et affairés. Parmi ces villes, il en est une appelée Ravello. Giovanni Boccaccio, 1351

103 Villa Rufolo

Villa Cimbrone Duomo de Ravello


Villa Romana de Minori

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Avec sa très longue plage et son magnifique bord de mer, Maiori peut se vanter de posséder le patrimoine touristique et hôtelier le plus remarquable de la région. Des ruines de châteaux et de tours témoignent de sa grandeur passée, alors qu’elle était entourée et défendue par des murs d’enceinte fortifiés. L’église Santa Maria a Mare domine les maisons. Le 15 août, on commémore un événement de 1204, lorsque des marins repêchèrent une statue de la Vierge qu’un bateau venant de Constantinople et réfugié à Maiori à cause d’une tempête, avait été contraint de jeter à la mer. Sur le grand autel, une sculpture en bois du XVème siècle représente la Vierge et l’Enfant; une collection d’œuvres d’art est conservée au Musée de la Sacristie et dans la crypte. Très populaire, le sanctuaire dédié à la Madonna delle Grazie est d’origine médiévale mais fut reconstruit au XVIIIème siècle. A voir, l’étrange ensemble rupestre de Santa Maria de Olearia, une abbaye bénédictine édifiée au XIème siècle. Dans les édifices accrochés à la roche, dans une des grottes naturelles, on découvre des chambres, des chapelles et de petits portiques recouverts de fresques. Une excursion en bateau permet de visiter la Grotte Sulfurea et la Grotte Pandora. La première est caractérisée par une eau sulfureuse, riche en magnésium et aux propriétés curatives; dans la seconde, tout se colore d’un vert émeraude et les stalactites créent une atmosphère incroyable. Les environs de Minori possèdent aussi de nombreux vestiges du passé.

donna son nom au lieu, aujourd’hui destination touristique, surtout pendant les mois d’été. Cette petite bourgade aux maisons blanches, aux délicieuses petites plages et à la mer cristalline est un lieu idéal pour les vacanciers qui veulent se détendre et rester au contact de la nature. Peu avant Vietri, Cetara a toujours été un village de pêcheurs comme le laisse deviner son nom qui dérive du latin cetaria, «thonaire». Ce petit village pittoresque, avec sa petite plage discrète, constitue l’un des joyaux de la Côte. Parmi les blanches constructions du pays, l’église San Pietro se détache avec sa coupole de majolique et son campanile du XIIIème siècle. Au départ de la Côte Amalfitaine, du côté de Salerne, Vietri sul Mare domine la petite Valle di Bonea. Avec ses petites églises aux coupoles recouvertes de majoliques et ses petites maisons aux toits en terre cuite, Vietri semble suspendue entre ciel et mer. Ancienne cité étrusque, elle subit successivement la domination des Samnites, des Lucans et pour finir des Romains. L’église San Giovanni Battista (XVIIème siècle), avec sa majestueuse coupole et son haut campanile, est située au point le plus élevé du centre historique. L’industrie de la céramique, qui a rendu Vietri célèbre dans le monde, était déjà florissante au Moyen Age. Au fil des siècles, artisans et artistes ont fabriqué des pièces prestigieuses, dont une partie est exposée au Musée de la Céramique de Vietri, situé dans la tour du belvédère de la Villa Guariglia, dans la commune de Raito.

A quelques kilomètres de Maiori, on trouve Erchie, avec sa tour campée sur un rocher séparant les deux petites plages. L’abbaye bénédictine de Santa Maria de Erchie, fondée en 980 et supprimée en 1451,

la céramique de Vietri La position avantageuse de la ville, l’abondance en eau, les collines riches en bois de chauffage, sont autant

d’éléments qui ont favorisé, au fil des ans, le développement des usines. Le jaune et le bleu, les couleurs de la nature et de la mer, les citrons et les grappes de raisin se retrouvent naturellement dans les décorations vives des céramiques de Vietri, de véritables petits chefs-

d’œuvre. Il est amusant de faire le tour des différents magasins, d’entrer dans les usines et de s’étourdir de toutes ces couleurs, jusqu’à ce que quelque chose nous frappe plus particulièrement. Le choix est vaste et chaque boutique se distingue par son style et sa palette des couleurs.

Céramiques de Vietri


voyageurs célèbres

Jamais je ne vis de lieux plus gracieux. Le premier que l’on rencontre est Maiori… Les routes et les chemins solitaires et tranquilles s’enfoncent dans les monts d’où jaillissent des eaux limpides et fraîches. Tant de solitude romantique recrée l’âme et fait naître le désir de vivre en tranquillité, ou tout au moins d’y passer un été. Ferdinand Gregorovius, 1861 105 Vue de Conca dei Marini

Vue de la Côte Amalfitaine

pâtes de Minori Grâce au torrent Farinola o Reginna Minor qui actionnait les moulins, Minori développa une

grande tradition dans la fabrication des pâtes alimentaires. Au début du XXème siècle, sa réputation dépassait même celle de Gragnano, dans la province de Naples. Les fusilli, à base de semoule de blé dur et d’eau, sont entortillés sur une fine tige de fer.

la «colatura» d’anchois de Cetara Cetara est connue des gourmets pour cet «extrait», obtenu par un procédé particulier de

salage des anchois pêchés dans le golfe de Salerne. La colatura serait la descendante du garum, une sauce de poisson utilisée par les Romains pour donner du goût à leurs plats. Le précieux liquide s’obtient en écrasant les anchois.


Salerne et le Cilento 106

Cala D’Arconte


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Salerne est la fascinante synthèse de tout ce que la Méditerranée peut offrir à ceux qui souhaitent la découvrir de plus près. La ville se présente de plus en plus comme une communauté accueillante aux touristes et visiteurs du monde entier. La province de Salerne est la plus étendue de Campanie et, avec la Côte amalfitaine, le site archéologique de Paestum et le Cilento, elle comprend la plaine traversée par le Sele et ses affluents, ainsi que le Vallo di Diano.

i

Ente Provinciale per il Turismo di Salerno via Velia 15 tel. 089 230411 www.eptsalerno.it informations touristiques piazza Vittorio Veneto, 1 tel. 089 231432 Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Salerno Lungomare Trieste 7/9 tel. 089 224916 www.aziendaturismo.sa.it Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Cava de’ Tirreni Corso Umberto I 208 tel. 089 341605 www.cavaturismo.sa.it Azienda Autonoma di Cura Soggiorno e Turismo di Paestum via Magna Grecia 887 tel. 0828 811016 www.infopaestum.it Ente Parco del Cilento e del Vallo di Diano piazza Santa Caterina, 8 Vallo della Lucania tel. 0974 719911 www.cilentoediano.it Comunità Montana Monti Picentini via Santa Maria a Vico Giffoni Valle Piana tel. 089 866160

l’École de Médecine de Salerne Les origines de l’Ecole de Salerne sont très anciennes et remontent probablement au VIème siècle ap. J-C., à

l’École de Médecine de Velia. Au XIIIème, l’École obtint de l’empereur Frédéric II le privilège d’être la seule faculté de Médecine du Royaume et connut sa période la plus faste d’un point de vue scientifique. Le déclin commença au XIVème siècle, lorsque d’importantes

universités furent fondées en Italie, telles que Padoue et Bologne. Elle continua de fonctionner jusqu’en 1812, date à laquelle elle fut supprimée par Joachim Murat.

Cava de’ Tirreni Complesso dell’Abbazia della SS Trinità - via Morcaldi 6 tel. 089 463922 Paestum Parco Archeologico Museo Arch. Nazionale via Magna Grecia 919 tel. 0828 811023


à ne pas manquer Centre historique de Salerne Paestum Punta Licosa Palinuro Marina di Camerota Chartreuse de Padula

salerne et le cilento en 1 jour Salerne Paestum

salerne et le cilento en 3 jours Salerne Paestum Punta Licosa Fouilles de Velia

art et archéologie Duomo de Salerne Paestum Sanctuaire de Hera Argiva Velia Chartreuse de Padula

nature et parcs Parc Naturel Régional et Oasis Diecimare Oasis de Persano Réserve Naturelle Foce Sele et Tanagro Grottes de Castelcivita et de Pertosa/Auletta Parc National du Cilento , Vallo di Diano et Alburni

pour les jeunes Bord de mer de Salerne Agropoli Marina di Camerota Palinuro

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Palinuro et Marina di Camerota Grottes de Castelcivita et de Pertosa/Auletta Chartreuse de Padula Teggiano


shopping Paniers en osier tressé Objets en cuivre et fer forgé Vins et produits typiques

en vacances avec les enfants Château d’Arechi Musée multimédia de Hera Argiva Parc National du Cilento , Vallo di Diano et Alburni

Promenades nocturnes parmi les temples de Paestum Plages de Palinuro à Marina di Camerota

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Grotta degli Infreschi

saveurs et arômes Tomates San Marzano Mozzarella de bufflonne Dop Anchois de Menaica Artichauts de Paestum Haricots de Controne Figues sèches du Cilento Vin Castel San Lorenzo Doc Vin Cilento Doc

thermes et bien-être Contursi Terme Montesano sulla Marcellana


Salerne

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Vue d’en haut, dans ce cadre éblouissant de la mer et du ciel, Salerne apparaît comme accrochée aux flancs de la montagne, bénéficiant d’un point de vue spectaculaire sur le golfe. Avec la conquête des Lombards au VIIIème siècle, et en particulier avec le duc Arechi II, la ville devint le centre le plus florissant du sud de l’Italie. Salerne connut ainsi une période faste, et devint même un important centre universitaire avec la célèbre École Médicale de Salerne, la plus ancienne institution médicale de l’Europe Occidentale. Après les Lombards, ce furent les Normands, puis les Souabes, qui favorisèrent le développement de la ville. La croissance ne s’enraya qu’au XVIème siècle, lorsque le pouvoir passa aux mains des Espagnols. En septembre 1943, Salerne fut le théâtre du débarquement allié. Aujourd’hui, Salerne connaît une sorte de renaissance, dans la mesure où elle est le théâtre d’une transformation en ville-laboratoire, modèle de réhabilitation urbaine au niveau international.

À ne pas manquer, le Musée Archéologique Provincial: situé dans l’ensemble monumental de San Benedetto, il est l’un des musées topographiques les plus intéressants de Campanie. Les quartiers construits au XIXème siècle à proximité du lungomare Trieste, l’un des plus longs d’Italie, sont le cœur de la vie commerçante. Le Théâtre Verdi, inauguré en 1872, avec ses décors foisonnants inspirés de motifs Renaissance et des modèles de l’antiquité classique, est un des pôles culturels de la ville. Le jardin public de la Villa Comunale est une véritable oasis verte. En levant les yeux vers les collines qui dominent la ville, on reconnaîtra le château d’Arechi, qui offre au visiteur, une vue magnifique sur le golfe.

Le cœur de la ville est le quartier médiéval et sa principale artère, la via dei Mercanti. Les ruelles étroites, aujourd’hui bordées de magasins, suivent le réseau urbain du Moyen Age. Elles ont conservé de splendides palais et un grande part de l’architecture religieuse. Le Duomo (XIème siècle), dédié à San Matteo, est le monument le plus important de la ville, chef-d’œuvre de l’architecture normande. Son atrium est magnifique avec, au-dessus des colonnes antiques, une élégante loggia richement décorée. L’atrium est dominé par l’imposant campanile roman. À l’intérieur, on pourra admirer deux magnifiques ambons richement décorés de mosaïques des XIIème et XIIIème siècles et de nombreux tableaux des XVIème et XVIIIème siècles. Revêtue de marbres polychromes, la crypte baroque date du XVIIème siècle. Parmi les nombreux monuments funéraires, citons celui de la reine Margherita di Durazzo, le plus important. Jouxtant la cathédrale, le Musée du Duomo propose de découvrir l’art local à travers les siècles.

l’abbaye de la SS. Trinità à Cava de’ Tirreni À quelques kilomètres de la petite ville de Cava de’ Tirreni, dont le centre est caractérisé par de

pittoresques portiques (d’où son surnom de “Bologne du Sud”), la célèbre abbaye de la SS. Trinità (XIème siècle) est une des fondations monastiques les plus importantes du Mezzogiorno. Elle s’élève dans une position pittoresque, encerclée par la montagne. L’église, d’un

baroque très élégant, et le monastère conservent d’importantes œuvres d’art du Moyen Age. Le Musée della Badia de la SS. Trinità de Cava fait partie du même ensemble et conserve, quant à lui, des témoignages du passé provenant du monastère.


voyageurs célèbres

Qu’il est beau de regarder, comme Ulysse, par une claire journée, le Golfe de Salerne vers le sud-est, avec dans le fond la côte abrupte embrumée et les montagnes cristallines. On abandonne les dieux d’aujourd’hui pour découvrir un nouveau soi perdu, méditerranéen, antérieur. David H. Lawrence, 1920

111 L’abbaye de la SS. Trinità à Cava de’ Tirreni

Salerne


La plaine du Sele

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Toute proche de Salerne, Pontecagnano est la première localité balnéaire de la côte salernitaine. C’est ici que se trouve le très intéressant Musée National de l’Agro Picentino, où sont conservés des vestiges de l’histoire de la région remontant à l’âge de Fer, et jusqu’au IVème siècle ap. J-C. Plus au Sud, c’est la vaste plaine du Sele qui s’ouvre devant nous. La région située tout autour de l’embouchure du Sele (en particulier à Battipaglia et Paestum), est célèbre pour la production d’un des produits typiques de la Campanie les plus appréciés dans le monde: la mozzarella de bufflonne Dop. Le long des routes tranquilles, on pourra voir, çà et là, les bufflonnes en train de brouter. C’est là que fut retrouvé l’Héraion du Sele, l’un des plus importants sanctuaires de l’Antiquité, un vaste ensemble consacré à la déesse Hera, très vénérée dans cette zone. Le sanctuaire, qui remonte au VIIème siècle ap. J-C., était constitué de nombreuses salles dont on peut voir encore les vestiges.

La plaine du Sele

Non loin de là, l’oasis de Persano, autrefois domaine de chasse des Bourbons, a conservé une nature intacte. Le Sele forme ici un environnement unique et précieux, dominé par d’épaisses forêts. Le symbole de l’oasis est la loutre qui trouve ici son principal refuge en Italie. Nous sommes dans la région de la Réserve Naturelle Sele-Tanagro, extrêmement intéressante pour ses aspects paysagers et naturalistes. C’est au milieu de ces terres verdoyantes que jaillissent les sources de Contursi Terme, connues pour les propriétés curatives de leurs eaux, et surtout de leurs boues blanches, utilisées dans des soins esthétiques et dermatologiques. Les établissements de cure sont très nombreux. À voir, l’église Santa Maria degli Angeli (IXème siècle) et l’église del Carmine, ainsi que les sites archéologiques: une villa romaine et une tombe néolithique à proximité de la rivière Tanagro.


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pour enfants.

Festival du Film de Giffoni A Giffoni, au pied des Monts Picentini, a lieu chaque année un festival international de cinéma

le Parc Naturel Régional des Monts Picentini Le Parc s’étend sur une superficie de plus de 80.000 hectares, entre les provinces d’Avellino et de Salerne.

Entre les hautes cimes montagneuses recouvertes de hêtraies épaisses, parfois même impénétrables, des vallées, des couloirs formés par des torrents et des cascades, autant de coins de nature restée intacte où viennent se réfugier des espèces d’oiseaux rares. C’est ici que naissent les rivières Calore, Sele, Sarno

et Ofanto. Dans le Parc, on trouve deux oasis protégées par le WWF et déclarées sites d’importance communautaire, l’Oasis du Monte Polveracchio et Valle della Caccia et l’Oasis del Monte Accellica.


Paestum

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En marge de la plaine du Sele, là où commence le Cilento, voici Paestum, l’un des sites archéologiques les plus précieux d’Italie, célèbre dans le monde entier, en particulier pour ses spectaculaires temples doriques. La légende en attribue le mérite aux Argonautes, mais ce furent en réalité les Grecs de Sybaris qui fondèrent la ville au VIIème siècle av. J-C. La cité, qui s’appelait au départ Poseidonia, devint rapidement l’un des centres les plus florissants de la Méditerranée. Sa décadence commença avec la chute de l’empire romain. Les bâtiments furent démolis pour permettre la construction d’églises et de palais, et les ruines furent oubliées jusqu’au XVIIIème siècle, lorsque des voyageurs commencèrent à pousser leurs pas jusque là. La grande merveille du Parc Archéologique est constituée par les trois temples doriques du Vème siècle av. J-C., parmi les mieux conservés de l’Antiquité, qui s’élèvent dans toute leur majesté sur l’esplanade face à la mer: Temple de Neptune, Basilique et Temple de Cérès. Les deux premiers étaient en réalité liés au culte de la déesse Héra. D’une longueur de 5 km, les murs d’enceinte constituent l’un des ensembles fortifiés les mieux conservés de toute la Magna Grecia. L’été, les Promenades nocturnes parmi les temples de Paestum permettent de visiter le site archéologique de nuit. Du côté de la cité romaine, après le Capitole, on trouve d’autres vestiges importants: le Forum, l’Amphithéâtre et les restes de nombreux édifices religieux. A l’ouest des temples, la via Sacra, la route des processions, dont le tracé remonte à l’époque grecque.

mozzarella de bufflonne La délicieuse mozzarella de bufflonne est produite exclusivement en Campanie, selon des méthodes artisanales restées

inchangées depuis des siècles. A côté de la région de Caserte, la plaine du Sele est l’autre pôle de cette production caractéristique. De nombreuses fromageries artisanales sont installées dans la zone du Sele: certaines ouvrent leurs portes aux visiteurs qui peuvent assister à la fabrication de la mozzarella et la déguster.

Non loin des fouilles, le Musée Archéologique de Paestum conserve certaines des œuvres les plus importantes de l’Italie méridionale. Les fresques de la tombe du plongeur (fin du Vème siècle avant J-C) constituent le clou du musée. Il s’agit d’une tombe peinte constituée de quatre panneaux latéraux décorés de scènes de banquet. Le couvercle représente un jeune homme en train de plonger: la scène symbolise probablement le passage vers le monde des morts. Importantes, les métopes sculptées, éléments décoratifs caractéristiques des temples de la région, et les fresques des tombes lucaniennes du IVème siècle, avec la scène typique du “retour du guerrier” en armes. Y sont conservés également les objets néolithiques de la nécropole de Gaudo, ainsi que des vestiges d’époque archaïque (la statue en terre cuite de Zeus), classique et helléniste (la statue en bronze du Sileno Marsia). La tombe d’Agropoli a été reconstruite. Dans cette tombe où étaient enterrés un homme et une femme, on a retrouvé un vase célèbre, l’hydrie de Assteas. D’autres objets provenant du sanctuaire voisin d’Hera Argiva, l’Héraion du Sele, y sont également conservés.

Les ruines de Capaccio Vecchio dominent la plaine de Paestum. La petite ville, florissante sous la domination normande, fut détruite en 1248 par Frédéric II pour avoir abrité des conspirateurs. À côté des ruines du château, on peut visiter le sanctuaire de la Madonna del Granato, construit au XIIème puis restauré au XVIIIème siècle. Il est aujourd’hui encore un lieu de pèlerinage très fréquenté.


115 Temples de Paestum Tombe du plongeur Musée Archéologique de Paestum


Le Cilento

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Une terre aux contrastes forts et à la beauté inouïe. Le Cilento fascine par ses falaises vertigineuses plongeant dans une mer de cristal, ses plages candides, ses petites bourgades médiévales perchées sur les collines, ses paysages lumineux et sa nature préservée. Une des plus belles côtes d’Italie: une centaine de kilomètres de plages, de falaises modelées par le vent et le soleil, de petites criques secrètes, et de grottes mystérieuses. La côte du Cilento commence à Paestum et se termine à Sapri, avec une offre balnéaire très variée: les amateurs de grandes plages tranquilles et d’une mer limpide, les habitués d’un tourisme balnéaire plus sportif, fait d’explorations dans les criques et les grottes, de plongées sous-marines, tout le monde y trouve son compte. Tout cela, dans un cadre de collines et de montagnes à pic, où se nichent de petits villages enchanteurs. On est loin du stress des métropoles: on vit ici au rythme de jadis, au rythme des saisons. Et puis tout le Cilento est célèbre pour sa délicieuse cuisine traditionnelle, à base de nombreux produits typiques préparés selon des recettes antiques, transmises de mère en fille. C’est ainsi qu’a été créée toute cette variété de plats que l’on pourra comparer dans les différents villages et dans les fermes auberges de la région. À Agropoli, on entre véritablement au cœur du Cilento maritime avec ses petits villages de pêcheurs. Dominée par le château construit sous la domination byzantine, Agropoli se présente comme une jolie petite bourgade médiévale donnant sur la côte sauvage. Castellabate présente encore des vestiges de son passé médiéval. Avec son nœud de ruelles, d’arches et d’escaliers aux marches raides, le village a énormément de charme et s’inscrit dans une végétation colorée et parfumée.

les tours du Cilento A partir du IXème siècle ap. J-C, des pirates sarrasins commencèrent à attaquer les villages de la côte

tyrrhénienne. Des tours d’observation et de défense furent alors construites tout au long du littoral et sont encore visibles aujourd’hui. Ces fortifications furent utilisées jusqu’au XVIIIème, lorsque la menace des pirates ne se fit plus sentir.

De la partie haute du village, on peut admirer les toits aux tuiles rouges de Santa Maria di Castellabate, centre de pêche et station balnéaire dotée de belles plages, située dans la petite baie formée par la Punta Tresino et la Punta Licosa. Splendide, la pinède de Punta Licosa est restée intacte. Ici, les cales et les criques cachées et abritées sont de petits paradis terrestres bordés par une mer des plus limpides. Ses eaux ont d’ailleurs été déclarées Parc Marin Sous-marin et constituent un véritable paradis pour les passionnés de plongée. La route côtière se fraye un chemin dans cette nature enchanteresse, offrant à celui qui la parcourt des paysages extraordinaires: de Montecorice, avec ses splendides roches rouges escarpées surplombant la mer, on arrive à Acciaroli, caractérisé par un joli centre antique et une merveilleuse plage. On raconte que Ernest Hemingway se serait inspiré d’un pêcheur local pour son roman Le vieil homme et la mer. En montant par une petite route tortueuse, on arrive à Pollica, une délicieuse oasis de silence où il semble que le temps s’est arrêté depuis longtemps. De cet endroit, la vue sur la côte est extraordinaire. Outre Paestum, le Cilento possède un autre joyau archéologique: les ruines de la cité grecque de Velia, dont la célébrité est liée aux grands philosophes, Parménide et Zénon, ainsi qu’à la célèbre École de médecine dont a hérité plus tard Salerne. Elea, l’ancien nom de Velia, fut fondée au VIème siècle av. J-C par les Phocéens, attirés par la beauté des lieux. Elle devint rapidement l’un des plus grands centres pour les trafics maritimes du Sud de la mer Tyrrhénienne. Le site archéologique s’étend sur un promontoire, à l’origine baigné par la mer, puis progressivement ensablé. Le principal monument est la Porta Rosa (porte rose), une magnifique structure incorporée dans les anciennes murailles.

l’olivier du Cilento Le splendide olivier, avec ses feuilles vertes et argentées, est une constante du paysage du Cilento

et beaucoup de collines sont entièrement plantées de ces arbres. L’huile produite, une des meilleures d’Italie, peut se vanter de la dénomination Huile d’Olive extravierge Cilento DOP.


voyageurs célèbres

Ces collines forment les dernières pentes des monts du Cilento, elles sont toutes recouvertes d’oliviers, de figuiers et de vignes. Cosimo De Giorgi, 1882

117 Ilot de Licosa

Marina di Camerota


voyageurs célèbres

C’est alors que nous apparut, alors que nous passions près de Pisciotta, enfoncé dans la mer, Palinuro, comme un requin géant, carié d’or. Eugenio Montale, 1932

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On peut admirer les ruines d’habitations disposées en terrasses et édifiées en blocs de grès. Des édifices publics et sacrés qui s’élevaient sur le promontoire, il reste aujourd’hui les vestiges d’un temple ionique et du théâtre du IIIème siècle av. J-C, d’un édifice rectangulaire et d’une route pavée. Le versant Sud était quant à lui occupé par l’agora des IVème-IIIème siècles. On peut également visiter les vestiges de monuments funéraires romains et d’un édifice thermal, du port, le puits sacré et plus haut, l’Amphithéâtre, l’église paléochrétienne, la Tour angevine; le sanctuaire de Poséidon Asphalios étant situé au-delà de la porte rose. Laissant derrière elle les fastes du monde grécoromain, la côte continue avec son enfilade de longues plages de sable fin, ses grappes de maisons et ses petits villages: Ascea, d’origine médiévale, avec sa magnifique marina, et Pisciotta, caractérisé par ses maisons encastrées dans la végétation. La corniche est une succession de paysages à la beauté magique, jusqu’au légendaire promontoire de Palinuro. Selon la légende, son nom dériverait du malheureux timonier d’Enée qui, comme le raconte Virgile dans l’Enéide, tomba à la mer et périt à cet endroit. Palinuro est un centre balnéaire internationalement connu et très fréquenté: très belles plages, remarquables structures d’accueil, campings, villages de vacances, etc. Le secret de Palinuro réside dans ses grottes marines à découvrir en bateau: la Grotta Azzurra, dont les eaux ont la transparence du saphir, la Grotta d’Argento et la Grotta di Sangue. Le jaune et le vert dominent en revanche dans la Cala Fetente (“la cale puante”), ainsi nommée à cause de la présence d’une source sulfureuse à l’odeur désagréable. Avec ses eaux cristallines, la baie du Buondormire a la plage la plus romantique de la côte. Chef-d’œuvre de la nature, l’Arc Naturel, avec sa longue plage et l’embouchure du Mingardo. Station balnéaire de renom, Marina di Camerota peut elle aussi se vanter de falaises impressionnantes, de criques accessibles uniquement par la mer et de grottes exceptionnelles. Une excursion en bateau à la Punta degli Infreschi permettra de découvrir de délicieuses petites criques baignées par des eaux cristallines. A faire également, une jolie promenade jusqu’à Camerota, à travers les oliviers.

La côte continue ensuite jusqu’à Policastro et Sapri, après avoir traversé de jolies stations balnéaires telles que Scario. Au centre de la baie, Policastro Bussentino a conservé d’intéressants vestiges du château médiéval et des murs d’enceinte. Résultat d’un intéressant phénomène géologique, la Grotte del Bussento vaut le détour. A l’extrémité sud de la Campanie, Sapri est une des localités les plus importantes du Cilento, avec son superbe bord de mer panoramique. Ici, le littoral présente de belles plages de sable fin et l’arrièrepays de douces collines boisées (Torre Orsaia). Le visiteur ne manquera pas d’être séduit par ses rivages, parmi les plus beaux d’Italie, il ne devra pas négliger cependant l’autre Cilento, celui de l’intérieur des terres qui réserve, lui aussi, de belles surprises. La nature préservée de cette zone, comme celle du littoral, est protégée par le Parc National du Cilento, Vallo di Diano et Alburni . Le Parc est sillonné par toute une série d’itinéraires et de sentiers à travers la nature sauvage faite de plateaux, rivières et forêts. D’un point de vue commercial et administratif, Vallo della Lucania est la localité la plus importante du Cilento, au carrefour des principales voies de communication routières et ferroviaires, et constitue une bonne base pour visiter le Parc. Les amateurs de randonnée pourront faire de longues promenades sur les Monts Alburni (dits “Dolomites du Sud” à cause de la couleur très claire de leurs parois calcaires), sur le Mont Cervati (le point culminant de Campanie, 1 900 mètres), ou sur le Mont Gelbison ou Monte Sacro (Mont Sacré), au sommet duquel se trouve le sanctuaire de la Madonna di Novi Velia. On ne pourra que succomber au charme de la nature environnante. Les phénomènes karstiques ont creusé dans la roche des gorges profondes et des grottes mystérieuses, favorisant ainsi la naissance de petits bassins. On pourra s’arrêter un moment aux Grottes de Castelcivita pour jeter un coup d’œil à cet impressionnant réseau souterrain de cavernes. L’intérieur du Cilento est caractérisé par la présence de petites bourgades, telles que Roscigno Vecchia, un vieux village abandonné à la suite d’une série de glissements de terrain.


voyageurs célèbres

Je m’enhardis, le pris par la main et lui demandai: – où vas-tu, beau capitaine? – Il me répondit en me considérant: – Ô ma sœur, je vais mourir pour ma belle patrie. Luigi Mercantini, 1857

119 Arc Naturel

«ils étaient trois cents, ils étaient jeunes et forts…» En 1857, un groupe de jeunes, guidés par Carlo Pisacane, débarqua sur la côte de Sapri pour soulever

la population contre les Bourbons. Mais les patriotes furent exterminés par les troupes. Le poème de Luigi Mercantini, La spigolatrice di Sapri, est dédié à cette expédition et chaque année au mois d’août, un spectacle en costumes d’époque est organisé à Sapri pour les commémorer.

Capo Palinuro


Le Vallo di Diano

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L’art et la nature sont une fois encore les protagonistes de l’haut plateau Vallo di Diano – partie intégrante du Parc National du Cilento, Vallo di Diano et Alburni - avec les merveilleuses grottes de Pertosa/Auletta, le bourg de Teggiano et la magnifique Chartreuse de Padula. Les Grottes de l’Angelo di Pertosa/Auletta sont encastrées dans la chaîne des Alburni, un superbe amphithéâtre naturel de verdure. Là, 2 500 mètres de galeries souterraines serpentent à travers d’immenses cavernes. Ces grottes, magnifiques pour la beauté des stalactites et des stalagmites, la majesté des chambres souterraines, sont uniques en Italie: pour les visiter, il faut traverser en bateau un petit lac formé par la rivière souterraine. Parmi les principaux centres historiques du Cilento, citons Teggiano, capitale du Vallo pendant l’Antiquité, sous le nom de Dianum: au sommet d’une colline arrondie, la ville domine la plaine qui était, du temps des Romains, dangereusement marécageuse. De beaux exemples d’architecture romane bien conservés, tels que la cathédrale et l’église Sant’Andrea, la plupart du temps construits sur les fondations d’édifices romains. Avec ses ruelles étroites et tortueuses, le centre-ville tourne autour du château fondé en 1285 et reconstruit au XIXème siècle.

la Route du vin Cilento, saveurs et histoire La Route parcourt toute la côte, de Salerne à Marina di Camerota, avec quelques brèves déviations. Elle

représente une agréable occasion de découvrir les produits typiques du terroir: caves, restaurants typiques, artisans. Entre villages pittoresques chargés d’histoire et vignobles tournés vers la mer, on profitera de l’accueil simple et chaleureux des nombreux centres de tourisme agricole

Le plus grand monastère du sud de l’Italie, la Chartreuse San Lorenzo, est située dans la petite ville de Padula. La majesté de ce que l’on peut définir comme une “citadelle conventuelle” et l’exubérance de ses décors rendent la visite obligatoire et la grandeur de l’ensemble ne manquera pas de vous surprendre. Fondée en 1306, la chartreuse respecte la règle de l’ordre qui prévoyait la séparation entre les logements des moines, disposés autour des cloîtres, et les espaces communs, situés près de l’église. L’église San Lorenzo est partagée en deux espaces par une paroi. La première partie, à l’entrée, était consacrée aux frères convers, l’autre, proche du presbytère, aux moines. Il y avait également deux chœurs. Intéressante, la cuisine, avec son immense cheminée, est reliée à la cave et au pressoir. Mais le véritable joyau du couvent est l’Appartement du prieur, composé de dix pièces donnant sur un magnifique jardin. La Bibliothèque présente un superbe sol en majoliques. Le grand Cloître, sur lequel donnent les cellules des moines, est impressionnant. Avec une superficie de 15 000 m2, il s’agit d’un des plus grands d’Europe. Les deux étages qui le composent sont reliés par un majestueux escalier à double rampe.

la cuisine du Cilento La gastronomie du Cilento montre un certain attachement à la culture paysanne: chaque plat

reflète les ingrédients, les méthodes et les coutumes qui ont accompagné l’histoire de ces populations. Les recettes traditionnelles transmises par voie orale sont à base de produits typiques de la région: du poisson aux légumes, de la viande de mouton aux pâtes maison.


121 Grottes dell’Angelo di Pertosa/Auletta

CloĂŽtre de la Chartreuse de Padula Cuisine de la Chartreuse de Padula


Caserte et le Matese 122

Palais Royal de Caserte

voyageurs célèbres

Le palais royal devient plus beau que Versailles… L’aqueduc est tellement magnifique que nulle part ailleurs je n’en ai vu de semblable. Jacob Jonas Björnstaehl, 1771


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C’est précisément cette zone que les Romains appelaient Campania felix, du fait de sa position avantageuse et de la fertilité de ses terres. Irriguée par le Volturne et favorisée par un climat doux, la province s’étend de la mer aux reliefs des Appenins, avec une nature luxuriante et des lieux de grand intérêt historique et culturel. La vaste plaine de Caserte, ouverte sur la mer, compte un des monuments les plus célèbres et les plus visités de Campanie: le magnifique Palais Royal de Caserte. Egalement dignes d’intérêt, les vestiges historiques et archéologiques de Santa Maria Capua Vetere, Capoue, Sessa Aurunca, concentrés dans la partie haute de la province, connue comme Terra di Lavoro. La Côte Domitienne est la bande littorale de la province, une zone riche en pinèdes, avec de grandes plages de sable, constellée de centres balnéaires. A l’intérieur des terres, le massif du Matese présente une merveilleuse nature préservée et des petits villages où l’art et les traditions populaires sont encore profondément ancrés: il s’agit d’ailleurs probablement de l’une des zones les moins contaminées d’Italie.

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Ente Provinciale per il Turismo di Caserta Palazzo Reale tél. 0823 321137 www.eptcaserta.it Ente Parco del Matese piazza della Vittoria, 31 San Potito Sannitico tel. 0823 786015 www.parcorergionaledelmatese.it Comunità Montana Monte Santa Croce via Roma 30 Roccamonfina tel. 0823 921276 www.comunitamontanasantacroce.it Calvi Vecchia Scavi archeologici di Cales strada statale Casilina tél. 0823 652533 Santa Maria Capua Vetere Museo Archeologico dell’antica Capua via Roberto d’Angiò 48 tel. 0823 844206 Caserta Reggia e Parco via Douhet 22 tél. 0823 277380/448084 Oasi di San Silvestro Centro Ambientale WWF tél. 0823 361300 Complesso Monumentale del Belvedere di San Leucio tél. 0823 301817 Giugliano Area archeologica di Liternum (località Lago Patria sulla Circumvallazione) Pro Loco Litorale Domitio tel. 081 0602760 San Tammaro Museo dell’Agricoltura Meridionale Real Sito di Carditello tel. 0823 277376


à ne pas manquer Palais Royal et Parc de Caserte Casertavecchia Santa Maria Capua Vetere Sant’Angelo in Formis Lac du Matese Vallée de l’Enfer

caserte en 1 jour Palais Royal et Parc de Caserte Casertavecchia

caserte en 3 jours Palais Royal et Parc de Caserte Bourg de San Leucio Casertavecchia Santa Maria Capua Vetere Piedimonte Matese Lac du Matese

art et archéologie Palais Royal et Parc de Caserte Bourg de San Leucio Casertavecchia Santa Maria Capua Vetere Sant’Angelo in Formis Ruines de Liternum Sessa Aurunca Château à Sant’Angelo d’Alife

nature et parcs Parc Régional du Matese Lac du Matese Réserve Naturelle Régionale Foce Volturno et Costa di Licola Parc Naturel Régional Roccamonfina-Foce del Garigliano

pour les jeunes Casertavecchia Baia Domizia Marina di Varcaturo Parc Naturel Régional du Matese (ski, canyoning, vol libre, free climbing)

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shopping Objets en bois, cuivre, fer forgé, osier Broderies et dentelles

en vacances avec les enfants Parc du Palais Royal de Caserte Amphithéâtre et Musée des Gladiateurs à Santa Maria Capua Vetere Oasis des Variconi Châteaux et lacs du Matese 125

Le Palais de Caserte, la fontaine de Diane

saveurs et arômes Viande de buffle Châtaignes de Roccamonfina Mozzarella de bufflonne Dop vins Falerno del Massico Doc

thermes et bien-être Thermes de Sinuessa


Les Sites Royaux des Bourbons: Caserte, San Leucio et Carditello 126

Le Palais Royal de Caserte est l’un des plus somptueux palais jamais construits par un souverain. En 1751, le roi Charles de Bourbon chargea l’architecte Luigi Vanvitelli de projeter un palais pouvant rivaliser avec les grandes résidences des souverains européens, et en particulier, Versailles. En quelques années, ce projet exceptionnel prit forme dans la vallée, de même que la ville de Caserte. L’immense demeure comprend quatre cours et un nombre infini de pièces, chapelles, musées et théâtres. Dans le Parc de 120 hectares, ont été aménagées des allées, des fontaines, la Grande Cascade et toute une série de constructions (un service de bus est disponible pour la visite du parc). Stupéfait par tant de somptuosités, George Lucas choisit le palais comme cadre de certains films de la série Star Wars. Le palais compte 1200 pièces, 34 escaliers et 1970 fenêtres. Dans l’atrium à l’entrée du palais, on peut admirer, du vestibule inférieur, l’enfilade des quatre cours avec vue sur le parc. L’escalier d’honneur mène au vestibule supérieur d’où l’on accède à la Chapelle Palatine, une salle rectangulaire avec une voûte en berceau ornée de caissons et de rosaces dorées, et une abside. À gauche de la Chapelle, on entre dans les appartements royaux, richement décorés de marbres et de tableaux, avec les meubles et les objets de l’époque. La Bibliothèque Palatine occupe trois grandes pièces: voulue par Marie-Caroline, elle compte plus de dix mille volumes. La Crèche bourbonienne a été reconstituée dans une grande pièce. La pinacothèque du Palais Royal de Caserte est partagée en différents secteurs. L’un d’eux abrite les portraits des têtes couronnées de la famille des Bourbons, de la branche italienne et de la branche française. Une aile abrite le Musée de l’Opéra ou Musée Vanvitelliano où sont conservés les dessins, les croquis, les plans des ouvrages de l’architecte et des maquettes en bois du palais royal. Dans la seconde cour, on trouve le Théâtre de Cour. Construit en forme de fer à cheval, c’est un chef-d’œuvre de l’architecture théâtrale du XVIIIème siècle.

ponts de la Valle di Maddaloni Les Ponts de la Valle di Maddaloni (XVIIIème) sont l’œuvre géniale de Luigi Vanvitelli qui les fit

construire pour y faire passer l’aqueduc devant alimenter les cascades du Parc du Palais Royal de Caserte. L’ouvrage est une réalisation imposante avec plusieurs rangées d’arcades qui rappelle les aqueducs romains.

Le Palais est riche de décors et ornements architecturaux. Le Parc, quant à lui, en reflète la solennité dans la majesté de ses fontaines, dans le raffinement des jeux d’eau, dans la verdure qui semble se perdre à l’infini. Ornée de fontaines, cascades et sculptures, l’allée centrale, longue d’environ 3 km, est particulièrement impressionnante. La succession des jeux d’eau culmine avec la spectaculaire Grande Cascade, dite aussi fontaine de Diane. Le Parc compte également un Jardin Anglais, voulu par Marie-Caroline d’Autriche, avec de nombreuses plantes exotiques et rares, des serres, des bosquets et des allées. On découvre encore un petit étang avec la statue du Bain de Vénus et, dans un esprit typiquement romantique, de fausses ruines ornées de statues.

Le «Site Royal» est complété par le bourg voisin de San Leucio (célèbre pour la production de soie de grande qualité) avec son élégant Pavillon Royal du Belvédère, où se déroulent d’importantes manifestations culturelles. San Leucio est une dépendance de Caserte où, au XVIIIème siècle, sur la volonté de Ferdinand IV, on implanta une usine de soie. Le bourg qui s’était développé autour de l’usine bénéficiait d’un statut à part et de réglements utopiques pour l’époque: les habitants, les ouvriers de la Real Fabbrica della Seta et leurs familles, jouissaient des mêmes droits, l’école était obligatoire et gratuite, et une partie des revenus alimentait un fonds de secours pour les malades et les vieillards. La production de soie de San Leucio s’imposa bientôt dans toute l’Europe. Elle est, aujourd’hui encore, très appréciée dans le monde entier. Tout comme San Leucio, qui représenta incontestablement un effort hardi en faveur d’un nouveau modèle de développement industriel, le Real Sito di Carditello constitua un projet exemplaire de politique agricole, lui aussi voulu par Ferdinand IV, avec des installations pour l’élevage des bufflonnes et une fromagerie pour la production de mozzarella. Pour accueillir le souverain, on construisit, au milieu du XVIIIème siècle, un petit palais, des dépendances agricoles et une église. La résidence royale est aujourd’hui le siège du Musée de l’Agriculture Méridionale.


voyageurs célèbres

Les jardins du parc sont superbes, en parfaite harmonie avec un lambeau de terre qui est tout un jardin. Johann Wolfgang Goethe, 1787

127 Intérieur du palais Royal de Caserte

Pavillon du Belvédère à San Leucio

voyageurs célèbres

On ne peut que reconnaître qu’il s’agit d’une demeure digne des antiques maîtres du monde. Henry Swinburne, 1777


Le bourg de Casertavecchia

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Casertavecchia est l’un des villages médiévaux les plus pittoresques et les mieux conservés d’Italie. Ici, entre les petites rues pavées, les nobles palais et les vieilles églises, on ressent très fortement la présence des traditions. Tous les étés, on y organise une festival de musique, théâtre et danse. Une promenade à travers les ruelles médiévales donne presque l’impression de remonter le temps. Au cœur du village, la piazza Vescovado est bordée par la cathédrale San Michele, superbe exemple d’architecture arabonormande, l’évêché et le séminaire. Parmi les palais les plus caractéristiques, citons la Casa delle bifore, un exemple de demeure aristocratique du XVème siècle. A voir également, les ruines du château construit au IXème siècle.

oasis Bosco di San Silvestro Protégée par le WWF, l’oasis comprend une magnifique forêt de chênes verts, érables et

châtaigniers située dans le prolongement du Parc du Palais Royal. Elle occupe la zone de la Reale Tenuta di San Silvestro, choisie par Ferdinand IV pour y exercer ses passions (la chasse et l’agriculture), sur le modèle des sites royaux européens. La forêt est peuplée de petits mammifères, de

quelques daims, de chevreuils et de plusieurs espèces d’oiseaux.


129 Cathédrale San Michele

Église de l’Annunziata La Vierge avec l’Enfant


Terra di Lavoro

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Ce vaste secteur de la province de Caserte présente plusieurs lieux d’intérêt historique et artistique: des ruines romaines de Santa Maria Capua Vetere, Calvi et Sessa Aurunca aux vestiges médiévaux d’Aversa, Capoue et Sant’Angelo in Formis. Fondée par les Normands, Aversa conserve une superbe cathédrale romane du XIème siècle abritant des œuvres d’une grande qualité artistique. Intéressant également, l’ensemble de l’Annunziata avec son église baroque. Altera Roma, la «seconde Rome»: c’est ainsi que Cicéron définit la Capoue antique, la cité des «délices» d’Hannibal, qui correspond aujourd’hui à Santa Maria Capua Vetere. Ses monuments évoquent bien les fastes de son histoire: l’Amphithéâtre grandiose, le sanctuaire de Mithra, la collégiale de Santa Maria. L’Amphithéâtre construit sous le règne d’Auguste (Ier siècle ap. J-C) est le deuxième, en taille, après le Colisée de Rome. De forme elliptique, il était constitué, dans sa partie externe, de quatre étages décorés de statues et pouvait accueillir jusqu’à quarante mille spectateurs. L’arène est assez bien conservée, alors qu’il ne reste que quelques-uns des piliers et un arc latéral de l’Arc d’Hadrien, sous lequel passait la via Appia. Le sanctuaire (IIème-IIIème siècles ap. J-C) est un des monuments consacrés au dieu perse Mithra les mieux conservés. Il s’agit d’une longue salle rectangulaire souterraine. Dans le fond, on peut encore voir la fresque du dieu en train de tuer le taureau (IIème siècle ap. J-C). Le Duomo ou Collégiale de Santa Maria remonte au Vème siècle. La façade de l’édifice présente trois portails. L’intérieur, composé de 5 nefs, est porté par 51 colonnes antiques de forme et de pierre différentes, presque toutes surmontées de chapiteaux corinthiens. L’église conserve d’importantes œuvres d’art. Le Musée Archéologique de l’antique Capoue possède différents objets provenant du territoire de la cité romaine. Unique en son genre, le Musée des Gladiateurs sera particulièrement apprécié des plus jeunes.

la Route des Vins en Terra di Lavoro Elle unit des régions aux traditions gastronomiques richissimes: Caserte, Aversa, Santa Maria Capua

Vetere et Sessa Aurunca, le volcan éteint de Roccamonfina et les reliefs calcaires de Massico. On y produit de nombreux vins célèbres depuis l’Antiquité, mais aussi bien d’autres produits protégés: la châtaigne de Roccamonfina, la pomme Annurca, la mozzarella de

Le Capoue actuel se trouve à quelques kilomètres de Santa Maria Capua Vetere. A l’époque romaine, Casilinum – comme on l’appelait alors – n’était qu’un petit point d’abordage sur une anse du Volturne, mais la ville présente aujourd’hui de magnifiques exemples d’art médiéval, de palais et d’églises, ainsi qu’un important musée. Enfermée à l’intérieur d’une longue enceinte fortifiée (XVIème siècle), Capoue conserve son empreinte médiévale, et en particulier dans son centre antique, l’area palaziale (terrain des palais), autour des trois églises de fondation lombarde: San Michele in Corte, San Giovanni in Corte et San Salvatore a Corte. Le Duomo (IXème siècle) présente un intérieur riche en peintures et sculptures de grande valeur. Mais le joyau de la ville est le Museo Campano, avec sa richissime documentation historique, artistique, archéologique et religieuse consacrée à la Campanie. Installé dans le palais Antignano (XVème), il est célèbre pour la collection des Matres Matutae, les Mères de Capoue, des statues en tuf représentant des femmes assises tenant des enfants dans leurs bras, dédiées à la déesse de la fertilité (entre le Vème et le Ier siècles av. J-C) Le Musée abrite en outre une collection d’épigraphes latines et du matériel archéologique provenant de la Capoue romaine, ainsi que des sculptures médiévales provenant de la Porte de Frédéric II de Souabe.

Non loin de Capoue, sur un plateau panoramique dominant la grande plaine de Caserte, s’élève l’un des plus grands monuments médiévaux d’Italie: la basilique Sant’Angelo in Formis. Fondée au Xème siècle sur les restes d’un temple dédié à Diane, elle fut reconstruite en 1072 sur la volonté de l’abbé de Montecassino. L’intérieur, composé de trois nefs et trois absides, est recouvert de fresques polychromes: un cycle de peintures unique dans le sud de l’Italie.

bufflonne Dop et la provola fumée.

la pomme Annurca La «reine des pommes» est produite uniquement en Campanie, et sa culture se concentre en particulier

dans la province de Caserte. Un des éléments typiques de l’Annurca est sa maturation à terre, sur la paille. En automne, une fête populaire est organisée à Valle di Maddaloni en l’honneur de ce fruit.


voyageurs célèbres

Il y avait à Capoue un magnifique amphithéâtre dont on peut encore admirer les ruines; car ce fut Capoue, la ville civilisée par excellence, qui inventa les combats de gladiateurs. Alexandre Dumas, 1857

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Basilique Sant’Angelo in Formis Les Mères de Capoue Museo Campano Amphithéâtre de Santa Maria Capua Vetere Détail de l’abside de la basilique de Sant’Angelo in Formis


Église de l’Annunziata à Aversa Théâtre romain de Teano

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On trouve, non loin de Calvi Risorta, les vestiges de Cales. Ancien carrefour de populations (Aurunci, Etrusques, Latins, Samnites), elle devint célèbre à l’époque moderne pour la fabrication d’outils agricoles. Outre la cathédrale romane de San Casto, on pourra visiter les vestiges romains, et en particulier les Thermes Centraux du Ier siècle av. J-C et le Théâtre du Ier siècle av. J-C. A la frontière entre la Campanie et le Latium, Sessa Aurunca est l’antique cité des Aurunci. Entre vergers et oliveraies, elle a conservé de précieux témoignages de son glorieux passé.

Du côté de Caserte, beaucoup d’autres localités de tradition culturelle très ancienne ont su valoriser le patrimoine historique de leur territoire: Maddaloni, avec le Musée Archéologique de l’Antica Calatia (dans le joli Pavillon des ducs Carafa); Teano, un territoire riche en témoignages architecturaux, avec le Musée Archéologique de Teanum Sidicinum (dans un magnifique édifice de style gothique tardif du centre historique); Succivo, avec le Musée Archéologique de l’Agro Atellano.

Le Duomo, de style roman, remonte au XIIème siècle. A l’intérieur, on pourra admirer de belles mosaïques et des colonnes d’origine romaine. Le château des doges, construit pendant la domination lombarde sur les ruines d’un édifice romain, puis agrandi par les Souabes, est aménagé en musée et conserve les vestiges des nécropoles, des temples et des villas romaines de l’antique Suessa. Aux limites du centre, on peut voir ce les ruines du Théâtre romain (Ier siècle av. J-C), entouré d’un cryptoportique du Ier siècle ap. J-C. A côté du Théâtre, des vestiges relativement importants de thermes. Agréable, la promenade au Pont degli Aurunci, sur la route qui unissait Sessa à la Via Appia près de la côte. Cet antique viaduc fut construit sur 21 arcades entre le Ier et le IIème siècles ap. J-C.

les rites de la Semaine Sainte à Sessa Aurunca Les rites de la Semaine Sainte de Sessa Aurunca sont des moments très intenses de religiosité

populaire, vécus par la communauté toute entière. Chacun a son rôle à jouer dans les processions des Mystères de la Passion ou dans les groupes de la Déposition du Christ et de la Vierge de douleur: les plus jeunes, avec les encensoirs, les petites filles habillées en anges, les

hommes encapuchonnés et les femmes «endeuillées».


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Le Duomo de Sessa Aurunca Cathédrale de San Paolo d’Aversa


La Côte Domitienne: de Licola à Baia Domizia

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Dans cette région, l’autre pôle du tourisme est la magnifique côte Domitienne (litorale domizio), célèbre pour ses kilomètres de plages de sable. Le paysage, fait de dunes et de pinèdes, se déroule le long de l’antique Via Domiziana, au nord-ouest de Naples. Toute la zone, à forte vocation touristique, est dotée d’hôtels, de pensions et de campings. Très fréquentée en été, en particulier par les familles avec enfants et par les jeunes, elle est également très agréable hors saison. Il s’agit d’une terre aux grands espaces et pleine de ressources: une mer calme, une nature préservée (la Réserve Naturelle Foce Volturno et Costa di Licola et le Parc Naturel Régional Roccamonfina-Foce del Garigliano). Au Nord de Naples, on rencontre, le long de la Via Domiziana, toute une série de localités intéressantes: Licola pour commencer, connue pour ses plages spacieuses et tranquilles. Face à la mer, la jolie pinède est équipée de logements et d’installations sportives. Marina di Varcaturo s’est développée à partir des années 50. Elle est aujourd’hui une des stations privilégiées des jeunes pendant la saison estivale. Les plages sont spacieuses et équipées: piscines et possibilité de pratiquer des activités sportives. Sur le lac Patria, le souvenir de l’antique petite cité de Liternum se perpétue à travers les vestiges du Forum, du Temple, de la Basilique et du Théâtre. Un peu plus loin, on arrive à la tour de Patria et au complexe balnéaire de Marina di Lago Patria.

La zone comprise entre Villagio Coppola (où se trouve un terrain de golf à 18 trous) et Mondragone attire chaque année des milliers de touristes pour la beauté de son littoral: près de l’embouchure du Volturne, se trouve Castel Volturno, centre renommé pour la production de mozzarella de bufflonne, puis Mondragone, une petite ville très animée. Pour des vacances consacrées à la détente, on choisira Bagni di Mondragone, avec ses thermes qui tirent leur nom de Sinuessa, la colonie romaine célèbre pour ses eaux chaudes. Au centre du golfe de Gaète, peu avant l’embouchure du Garigliano, se trouve enfin la Baia Domizia, une belle oasis touristique caractérisée par une jolie pinède et un sable fin. Tout au long de la Côte Domitienne, le visiteur peut compter sur de grandes plages de sable, idéales pour les enfants, dotées d’installations sportives pour la pratique du deltaplane, de la plongée, du golf, du ski de mer… Les établissement balnéaires sont très fréquentés et le soir, les bars et cafés deviennent un lieu de rencontre pour les jeunes. Caractéristique de la région domitienne, la production de mozzarella de bufflonne. On pourra ainsi visiter une des nombreuses fromageries situées entre Mondragone et Castel Volturno, pour assister à la fabrication de la mozzarella selon des méthodes artisanales.

Réserve du lac Falciano

le Parc Régional de Roccamonfina Le Parc Régional de Roccamonfina et Foce del Garigliano comprend la zone montagneuse du

volcan éteint de Roccamonfina et celle de l’embouchure du Garigliano qui marque la frontière entre la Campanie et le Latium. Le volcan, recouvert de forêts, présente un diamètre de plus de15 km. Les sentiers qui le gravissent sont particulièrement agréables et suggestifs.

Troupeau de bufflonnes sur la Côte Domitienne


voyageurs célèbres

La baie bleutée semble emprunter l’azur du ciel au fur et à mesure qu’elle s’étend vers l’horizon; les bateaux et les innombrables barques apportent de l’animation et de la variété à la scène. A.J. O’Reilly 1884

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L’embouchure du Volturno

au royaume de la Bufflonne La mozzarella produite à partir de lait entier de bufflonne est la plus célèbre et surtout la plus appréciée

des mozzarellas D’origine très ancienne, la mozzarella tire son nom du moment ou le caillé, après avoir été étiré, est coupé («mozzato» en italien). La plupart des élevages de bufflonnes se trouvent dans la province de Caserte, entre Aversa et Mondragone, et dans la

plaine du Sele. La mozzarella de bufflonne de Campanie se reconnaît à son label Dop, garantie de qualité pour le consommateur.


Le Matese

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Horizons de crêtes montagneuses, roches abruptes et gorges profondes, sommets majestueux qui avoisinent les deux mille mètres d’altitude: le Matese, synthèse de nature merveilleuse et préservée, d’art et de traditions profondément ancrées, un territoire immense entre vallées, lacs, rivières et montagnes où se succèdent les petits villages enchanteurs, perchés au sommet des collines boisées. Beaucoup d’itinéraires sont possibles pour découvrir le merveilleux Parc Régional du Matese. Certains empruntent d’anciens sentiers à travers des paysages magiques, des bourgades fortifiées, des châteaux médiévaux, permettant ainsi d’allier le plaisir de la marche à la visite des lieux les plus intéressants de la région; d’autres mènent dans les forêts de hêtres et de chênes, ou sur les vastes plateaux parsemés d’étangs, ou à travers les sommets majestueux, ou encore jusqu’aux sites naturels du lac du Matese, de la vallée de l’Enfer, de la rivière Lete, des Grottes de Canto, des gorges du Quirino (le plus grand canyon d’Italie). D’autres parcours sont conçus pour les touristes désirant un contact direct avec la nature: randonnées à pied ou à cheval, birdwatching, VTT, cross, enduro, spéléotourisme, free climbing, mais aussi deltaplane et parapente. Les centres principaux de la région sont situés en couronne autour du massif du Matese. Le plus grand est Piedimonte Matese, porte naturelle du Parc. Point de départ idéal pour d’intéressantes excursions vers les lacs de la zone, sur les sentiers de randonnée, il conserve également un vaste patrimoine d’art.

produits du Matese Les produits du terroir sont nombreux et de grande qualité: de l’huile de Piedimonte Matese aux

oignons d’Alife. Les vins locaux ne manquent pas non plus, par exemple le Pallagrello. Et puis les collines et les montagnes du Matese sont un terroir idéal pour les champignons et les truffes, aussi bien noires que blanches, les fruits des bois, le miel et les

À Castello del Matese, on peut admirer des tours médiévales très pittoresques et déguster des produits typiques de la cuisine locale, tout en contemplant le merveilleux panorama d’un éperon qui domine la Valle del Volturno. San Gregorio, au cœur du massif, est une station climatique renommée. Letino, avec son très joli château, à près de mille mètres d’altitude, donne sur le lac du même nom. Les autres localités du Matese ont aussi conservé quelques vestiges intéressants de leur passé: châteaux, couvents et bourgs médiévaux surprendront le visiteur à Prata Sannita, Gioia Sannitica, Sant’Agnelo d’Alife. Les passionnés de ski pourront profiter des pistes de décembre à avril, en particulier à Bocca della Selva. Nous signalons en outre un joli circuit de ski de fond à Monte Orso. Redescendus en plaine, on ne manquera pas de visiter Alife: au pied du massif dans la vallée du Volturno, la petite ville a maintenu sa structure urbaine enfermée à l’intérieur des épais murs d’enceinte de l’antique cité romaine. Mais le Matese n’est pas fait uniquement d’histoire et de nature… Le Matese est aussi une terre de traditions et de métiers anciens: céramique artisanale et céramique d’art, travail du bois, du cuivre et du fer forgé, musique populaire, chants, fables, outils de travail, costumes traditionnels… Un grand choix d’hôtels, de pensions et de chambres d’hôtes sont à la disposition des personnes désireuses de séjourner quelques jours dans le Parc. A goûter absolument, la délicieuse cuisine régionale aux saveurs simples et authentiques.

châtaignes. Très bonne production de fromages, comme le pecorino laticauda.


voyageurs célèbres

Rarement on trouvera ailleurs une pareille magie. Johann Gottfried Seume, 1802

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Le massif du Matese Lac du Matese Parc Régional du Taburno Camposauro


Bénévent et le Sannio 138

Vue du Sannio

voyageurs célèbres

Tout au long du voyage, j’ai tenté de persuader le conducteur de m’indiquer le lieu où pousse le noyer sous lequel se réunissaient les sorcières pour célébrer leur sabbat… Il finit par m’avouer qu’il savait que beaucoup de vieilles femmes des environs connaissaient parfaitement l’existence du noyer et que des amis à lui avaient même entendu voler les sorcières sur leur manche à balai. Henry Swinburne, 1783


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Terre d’histoire millénaire, de légendes et de traditions antiques, le Sannio allie un solide patrimoine artistique à une nature préservée et de magnifiques paysages: les âpres massifs des Apennins, les collines ponctuées de vignes et d’oliviers, les vallées verdoyantes. Bénévent n’est pas la seule ville digne d’intérêt: toutes les localités du Sannio, grandes et petites, méritent d’être visitées pour leur beauté artistique et naturelle. Cette région est par ailleurs fortement imprégnée du souvenir des anciennes populations: Grecs, Samnites, Romains et Lombards. Sa valeur historique et ses richesses naturelles rendent inoubliable toute visite dans la région. Inoubliable aussi, le goût de l’extraordinaire cuisine locale, révélée par des itinéraires œnogastronomiques. Le Sannio compte un grand nombre de fermes auberges et de restaurants de toutes catégories, où le visiteur pourra déguster toutes les spécialités de la gastronomie locale. Les fêtes populaires se succèdent tout au long de l’année, dans des villages comme Solopaca, qui donne son nom au célèbre vin Doc, San Marco dei Cavoti, patrie du nougat croquant, pour n’en citer que quelques-uns.

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Ente Provinciale per il Turismo di Benevento via Nicola Sala 31 tel. 0824 319911/319920 www.eptbenevento.it Ente Parco Regionale del Taburno-Camposauro piazza Vittorio Veneto, 1 Cautano tel. 0824 973061 www.parcotaburno.it Benevento Museo Provinciale del Sannio chiesa di S. Sofia piazza S. Sofia tel. 0824 21818 Museo Diocesano piazza Orsini tel. 0824 22752 Teatro Romano piazza P. Telesino tel. 0824 47213 Cerreto Sannita Museo Civico e della Ceramica - corso Umberto I tel. 0824 815211 Pietraroja Parc Géopaléontologique pour réserver les visites, tél. 0824 868253 ou la municipalité de Pietraroja tél. 0824 868000


à ne pas manquer Arc de Trajan, Bénévent Santa Sofia, Bénévent Sant’Agata dei Goti Cerreto Sannita Guardia Sanframondi Parc Géopaléontologique de Pietraroja

sannio en 1 jour Bénévent Sant’Agata dei Goti

sannio en 3 jours Bénévent Sant’Agata dei Goti Cerreto Sannita Montesarchio Solopaca Guardia Sanframondi San Lorenzello

art et archéologie Arc de Trajan (Bénévent) Église Santa Sofia (Bénévent) Musée du Sannio (Bénévent) Théâtre romain (Bénévent) Sant’Agata dei Goti Telesia

nature et parcs Parc Naturel Régional du Taburno-Camposauro Parc Naturel Régional du Partenio Parc Géopaléontologique de Pietraroja

pour les jeunes Bénévent Parc Géopaléontologique de Pietraroja

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shopping Nougat de Bénévent et de San Marco dei Cavoti Liqueurs Vins

en vacances avec les enfants Arc de Trajan (Bénévent) Château de Montesarchio Collection de papillons du château médiéval (Guardia Sanframondi) Musée des horloges de tour (San Marco dei Cavoti)

Parc Géopaléontologique de Pietraroja «Parc des Dinosaures» de San Lorenzello

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Sant’Agata dei Goti

saveurs et arômes Liqueur de noix “Nocino” Liqueur Strega («Sorcière») Huile d’olive extra-vierge Colline Beneventane Pecorino laticauda sannita Jambon de Pietraroja Nougat de Bénévent et de San Marco dei Cavoti

vins Guardiolo Doc Sannio Doc Solopaca Doc Taburno Doc

thermes et bien-être San Salvatore Telesino Telese Terme


Bénévent

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Les origines de Bénévent, la légendaire «cité aux sorcières», remontent à la nuit des temps. La cité samnite Maloentum fut rebaptisée Beneventum («bon vent») par les Romains, en souvenir de la victoire contre le roi d’Épire, Pyrrhus. Plus tard, elle subit les influences des Lombards, des Angevins et du pouvoir pontifical. Mais cette terre conserve fortement son caractère d’origine, qu’elle doit peut-être aux anciens guerriers samnites. Prise par les Goths en 450 ap. J-C, Bénévent tombe ensuite aux mains des Lombards (571) qui fondent alors le célèbre Duché de Bénévent. Après l’an Mil, la ville devient possession pontificale jusqu’à l’Unité italienne. Le symbole de la ville est le magnifique Arc de Trajan, édifié au début de la Via Traiana sur le trajet Bénévent-Brindisi. D’une hauteur de 15 mètres, il est resté intact, avec ses décors sculptés célébrant les hauts faits de l’empereur. Autre vestige de l’époque romaine, l’imposant Théâtre (IIème siècle ap. J-C) accueille en été une série de concerts et de spectacles. Fondé sous la domination lombarde (VIIème siècle) puis complètement reconstruit, le Duomo a conservé, de son aspect d’origine, la façade et le campanile. Le monument le plus fantastique reste l’église Santa Sofia, un véritable chef-d’œuvre du Moyen Age construit par les Lombards au VIIIème siècle. Bâtie sur un plan singulier, elle est portée par des piliers et des colonnes (d’origine romaine), et caractérisée par un ensemble enchevêtré de voûtes et d’arcs. Superbe, le cloître de la première moitié du XIIème siècle.

les sorcières de Bénévent La légende raconte qu’il poussait, dans les environs de Bénévent, un noyer séculaire, sous lequel les

sorcières venaient se réunir avant de s’envoler à cheval sur leurs manches à balai. La sorcière («janara» en dialecte local) est la dernière représentante d’une forme de paganisme agreste: la légende des sorcières rappelle peut-être aussi les persécutions tragiques des femmes «savantes».

Installé dans le monastère de Santa Sofia, le Musée Provincial du Sannio est l’un des plus remarquables de Campanie. La section archéologique contient du matériel préhistorique, des céramiques grecques et italiques, des sculptures égyptiennes provenant d’un temple consacré à Isis, des statues gréco-romaines; et une collection de pièces de monnaie allant de l’époque de la Grèce Antique à celle du Duché de Bénévent. La section médiévale, avec ses pièces d’orfèvrerie, ses armes, ses outils et ses sculptures, est très riche, de même que la section consacrée à l’Art, avec des œuvres allant de l’époque baroque au XXème siècle. Située dans la magnifique Rocca dei Rettori, un château construit en 1321, la section historique évoque le passé et les traditions du Sannio. En plein cœur de la ville, le musée Arcos «Arte Contemporanea Sannio» est installé dans les souterrains du palais de la préfecture; dans le jardin de l’ancien couvent de San Domenico, l’Hortus Conclusus, un ensemble d’œuvres sculptées de Mimmo Paladino, évoque un passé mythique. En été, la ville accueille un important festival qui rassemble des événements musicaux, de spectacles de prose et de danse, des expositions, des congrès, des ateliers, organisés dans différents lieux historiques du centre de la ville..

les produits typiques Le nougat de Bénévent est connu depuis le temps des Romains. Le nougat croquant recouvert de

chocolat est une spécialité de San Marco dei Cavoti. Les liqueurs de Bénévent sont renommées: la Strega (sorcière), liée à un célèbre prix littéraire et le Nocino, préparé à partir des noix de Bénévent cueillies le jour de la Saint Jean. La région possède deux huiles d’olive extravierges Dop: la

«Sannio Caudino Telesino» et la «Colline Beneventane». Parmi les fromages et la charcuterie, citons le Pecorino de brebis Laticauda et le jambon de Pietraroja.


voyageurs célèbres

Nous touchions à la voie Appienne, la plus belle des voies antiques... Arrivé ou nous nous trouvions, elle s’elançait vers Bénévent, et s’en allait mourir à Brindes: ce fut cette route qu’Horace suivit dans son poetique voyage. Alexandre Dumas 143

Arc de Trajan à Bénévent Hortus Conclusus de Mimmo Paladino à Bénévent Église Santa Sofia de Bénévent


La Vallée Caudina

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C’est dans la Vallée Caudina, à proximité d’Arpaia, qu’en 321 av. J-C, les Samnites infligèrent aux Romains une humiliante défaite. La localité la plus importante est Sant’Agata dei Goti. Accrochée à un éperon rocheux dominant un fantastique paysage, cette gentille bourgade a maintenu tout son charme d’origine. Bâti sur les vestiges de Saticula, cet ancien village samnite est devenu ensuite une colonie romaine, son nom actuel remonte au VIème siècle ap. J-C, lorsqu’une colonie de Goths vint s’y établir. Le temps semble véritablement s’être arrêté et l’atmosphère du centre historique, entre églises, couvents et palais aristocratiques, immuable depuis des siècles. A voir absolument, le château des Ducs, d’origine normande, et le magnifique Duomo (Xème siècle) qui conserve des vestiges de son ancien sol en mosaïques et des fresques dans la crypte. L’église San Menna (XIIIème siècle) présente l’aspect des premiers temples chrétiens et des restes de mosaïques. L’église de l’Annunziata, avec son riche portail XVIème et le panneau de l’Annonciation, œuvre catalane du XVème siècle.

le Parc Naturel Régional du TaburnoCamposauro Le Parc doit son nom au massif des monts Taburno (1 934 mètres) et Camposauro, dont le profil, associé à celui

du mont Pentime, rappelle celui d’une femme couchée, d’où le surnom évocateur de «la dormeuse du Sannio». La zone est truffée de petites vallées magnifiques: Caudina, Telesina, Vitulanense et la vallée de l’Isclero avec des bois de chênes, de châtaigniers et de hêtres.

Montesarchio, l’antique Caudium, est un célèbre centre samnite, avec un château du XVème siècle. Sous le règne des Bourbons, la citadelle devint une prison politique pour les partisans de l’Unité italienne. Vitulano est le point de départ d’excursions dans les bois du Parc Régional du Taburno-Camposauro. A voir, l’ermitage San Menna et le complexe de la SS. Trinità (milieu du XVIème siècle), avec un campanile de style vanvitellien. Un peu plus loin, c’est Solopaca, le centre viticole le plus important de la vallée de la rivière Calore Irpino. C’est là que l’on produit le vin Doc le plus ancien de la province de Bénévent. En septembre se tient la Fête du raisin, et le jour de la Saint Martin (11 novembre), la Foire du Vin Nouveau. Non loin du palais ducal, on peut encore voir les murs en opus reticulatum d’un petit temple romain, dit «Maison des Fées».


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Le vin Aglianico vient du Royaume de Naples, où l’on fait un bon Greco. Sante Lancerio (sommelier du Pape Paul III), 1559

145 Sant’Agata dei Goti

la Route des Vins et des produits typiques Terres des Samnites La province de Bénévent constitue une destination obligatoire pour le touriste passionné d’oenogastronomie.

La viticulture pratiquée sur ce territoire produit rien de moins que six Doc (l’équivalent italien des AOC), considérées comme appartenant aux meilleurs vins italiens: l’Aglianico del Taburno, le Taburno, le Guardiolo, le Sannio, le Sant’Agata dei Goti et le Solopaca.

La route des caves, vignobles et restaurants typiques se faufile entre les collines verdoyantes et plantées de vignes et d’oliviers, constellées d’églises, de petites bourgades et de châteaux médiévaux. Morcone


La Vallée Telesina et la Vallée du Fortore 146

La Vallée Telesina tire son nom de la petite ville de Telese, l’antique Telesia, connue pour ses établissements thermaux. Les eaux thérapeutiques et la végétation luxuriante en font le lieu idéal pour des vacances consacrées à la détente et au bien-être. Les vestiges de la cité romaine (fortifications, portes, rues pavées) peuvent se visiter au fil de belles promenades dans les environs. Autre joyau du Sannio, Guardia Sanframondi est une bourgade médiévale perchée sur une colline plantée de vignes, d’oliviers et d’arbres fruitiers. On pourra monter jusqu’au château bâti au VIème siècle et fortifié en 1100, pour admirer le magnifique panorama. Cerreto Sannita est une ravissante petite ville, célèbre dans le monde entier pour son antique tradition de céramiques, dont l’histoire est aujourd’hui retracée dans une Exposition permanente sur la céramique antique et moderne. Remarquables, la cathédrale et l’église paroissiale San Martino, toutes deux du XVIIIème siècle, de style rococo. Cerreto Sannita est également une porte vers le massif du Matese. Cusano Mutri est un petit village médiéval établi tout autour du château, avec ses maisons blanches à pic sur la vallée, célèbre pour ses excellents champignons, mis à l’honneur en automne par des fêtes populaires. Morcone apparaît comme un agréable village de montagne, une cascade de maisons le long du Mont Mucre. A proximité du centre de Pietraroja (dont on ne manquera pas de goûter le célèbre jambon), on peut visiter le Parc Géopaléontologique où ont été recueillis des restes de fossiles, animaux et végétaux, datant de 200 millions d’années. Tout le monde se souvient encore de l’année 1993, lorsque l’on retrouva le fossile d’un petit dinosaure surnommé Ciro. A San Lorenzello, un parc avec des dinosaures reconstitués grandeur nature enthousiasmera les plus petits.

La région qui s’étend au nord-est de Bénévent est une oasis de monts, de collines verdoyantes et de vallées sillonnées de rivières. C’est le lieu idéal pour ceux qui souhaitent passer quelques jours dans une atmosphère recueillie et spirituelle, dans des centres particulièrement appréciés par les pèlerins. Des milliers de fidèles se rendent ainsi chaque année en pèlerinage à Pietrelcina, village natal de Padre Pio. Il est possible de visiter l’humble maison du saint et l’orme de Piana Romana auprès duquel il aimait aller se recueillir. Pesco Sannita est un ancien fief féodal baigné par la rivière Tammaro. Le centre historique est caractérisé par les décorations en pierre sculptée, par les arcs des portails des escaliers. L’église XIXème San Salvatore conserve, dans un cercueil de bois et de cristal, le corps de sainte Réparate, martyre du IIIème siècle. A voir également, l’église XVIIème de la Madonna dell’Arco et la chapelle de San Giuseppe, avec son autel recouvert de majoliques. Sur une colline, dans le haut bassin du Tammaro, San Marco dei Cavoti est la patrie du délicieux nougat croquant recouvert de très fin chocolat, inventé ici en 1891. Le bourg typiquement médiéval est enfermé dans des murs d’enceinte percés de portes. Localité le plus importante du Fortore, San Bartolomeo in Galdo bénéficie d’une jolie position au milieu des bois. A voir, le Palazzo Martini de style Renaissance et l’église San Bartolomeo, avec deux intéressants portails et une rosace en style catalan.

Ciro, le dinosaure de Pietraroja

le dinosaure de Pietraroja Le petit Ciro (Scypionyx Sanniticus est son nom scientifique) est le premier dinosaure retrouvé en Italie

et l’un des mieux conservés au monde avec tous ses organes internes et les fibres de ses muscles parfaitement visibles. Né il y a 110 millions d’années, Ciro, qui mesure 60 cm, était un jeune dinosaure à peine sorti de l’œuf.

Pietrelcina


voyageurs célèbres

voyageurs célèbres

Bénévent révèle toute son histoire à qui sait la déchiffrer; restes de murs samnites, grands monuments romains, la citadelle médiévale, le pont sur le Calore dont parlait Dante…

Pietrelcina… je m’en souviens pierre par pierre – je la conserverai comme la pupille de mes yeux.

Guido Piovene, 1951

San Pio da Pietrelcina, 1918

147 Coupole de la cathédrale de Cerreto Sannita

les rites de Guardia Sanframondi A Guardi Sanframondi se déroulent, tous les 7 ans au mois d’août, les rites de pénitence à l’occasion de l’Assomption. Ils

s’accompagnent de processions où certains fidèles défilent la tête couronnée d’épines, d’autres, encapuchonnés se flagellent le corps, tandis que des jeunes gens revêtent des costumes inspirés de personnages de la bible. La manifestation attire une foule de touristes et de chercheurs. La prochaine manifestation se tiendra en 2010.

le frère de Pietrelcina Padre Pio (Francesco Forgione, 1887-1968) vit le jour à Pietrelcina. En 1916, il entra au couvent de San

Giovanni Rotondo (Foggia), et y resta jusqu’à sa mort. Il reçut le don de la transverbération et les stigmates ne le quittèrent pas pendant cinquante ans. Le phénomène attira une foule de fidèles. En 1940, le frère fit édifier une œuvre grandiose: la «Maison du Soulagement de la

Souffrance». En 2002, il fut canonisé par le Pape JeanPaul II.


Avellino et l’Irpinia

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Conza della Campania, le lac

voyageurs célèbres

En vérité, le vin Greco était tellement précieux que lors des banquets, il n’était servi qu’une seule fois. Pline le Vieux, Ier siècle ap. J-C


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Recouverte d’un manteau de forêts, la «verte Irpinia» est, d’un point de vue environnemental, l’une des plus belles et des plus riches terres d’Italie. Parcs et oasis naturelles, monts, plateaux, sources, grottes, lacs, rivières, cascades, forêts… La magie des couleurs et des parfums invite le visiteur à se promener dans cet environnement préservé, le long d’itinéraires fabuleux à travers les monts, les cours d’eaux et les vallées. Au fur et à mesure que l’on découvre l’Irpinia, un patrimoine culturel et artistique se révèle aussi parmi les merveilles du paysage. Etrusques, Grecs, Romains, Goths, Lombards… En plus de trois mille ans, beaucoup de peuples ont traversé ces terres et leur souvenir survit aujourd’hui dans les vestiges romains, les catacombes, les ruines lombardes et les monuments baroques. En Irpinia, chaque centre urbain a quelque chose à raconter. L’Irpinia est également célèbre dans le monde pour sa tradition viticole des plus glorieuses car c’est la terre des vins Docg (sorte de super AOC) Taurasi, Greco di Tufo et Fiano. L’Œnothèque régionale des vins d’Irpinia a été récèmment instaurée dans le Château de Taurasi et se propose comme un pôle promotion et de dévelopement du terroir et de ses vins, ainsi que comme point d’accueil et d’information pour els visiteurs. Ces vins exaltent au mieux les saveurs typiques de la gastronomie locale faite de produits de qualité et de recettes traditionnelles. Auberges, restaurants, dont certains très renommés, conjuguent la passion de la gastronomie avec l’expérience et l’innovation. L’offre hôtelière est vaste et variée: hôtels, pensions, chambres d’hôtes.

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Ente Provinciale per il Turismo di Avellino via Due Principati 32/A Avellino tel. 0825 747321 www.eptavellino.it Provincia di Avellino Assessorato al Turismo corso Vittorio Emanuele, 44 Avellino tel. 0825 790469 Ente Parco Regionale del Partenio via Borgonuovo 1 Summonte (AV) tel. 0825 691166 www.parcopartenio.it Atripalda Palazzo dell’ex Dogana dei Grani piazza Umberto I tel. 0825 626586 Avellino Museo Irpino corso Europa tel. 0825 790733 Museo Zoologico via F. Petronelli 8 tel. 0825 781249 Mirabella Eclano Site archéologique Antica Aeclanum via Nazionale delle Puglie (localité Passo di Mirabella) tel. 0825 449175

la Route des vins et des saveurs d’Irpinia Entourée de vignobles, la province d’Avellino offre des vins de réputation internationale tels que le

Taurasi, le roi des rouges, le Greco di Tufo et le Fiano, deux vins blancs au parfum incomparable. Il s’agit de trois productions de très grande qualité, les seules Docg du sud de l’Italie. L’itinéraire part d’Avellino et se déroule entre les vallées du Sabato et du Calore, le long de la Via Appia. Entre

les collines recouvertes de vignes, d’oliviers et d’arbres fruitiers, le territoire recèle de nombreux vestiges des civilisations qui se sont succédées au fil des siècles: fortifications lombardes, châteaux normands, architectures Renaissance.

Montevergine Museo Abbaziale di Montevergine e Mostra permanente dei presepi Santuario di Montevergine tel. 0825 72924/73424 www.montevergine.org Sant’Angelo dei Lombardi Museo dell’Abbazia del Goleto contrada S. Guglielmo tel. 0827 24432


à ne pas manquer Musée d’Irpinia, Avellino Sanctuaire de Montevergine Collégiale de Solofra Basilique de l’Annunziata, Prata di Principato Ultra Fouilles d’Aeclanum Abbaye de San Guglielmo al Goleto

irpinia en 1 jour Avellino Sanctuaire de Montevergine

irpinia en 3 jours Avellino Sanctuaire de Montevergine Sant’Angelo dei Lombardi Mirabella Eclano Parc Archéologique de Conza

art et archéologie Centres historiques d’Avellino, Sant’Angelo dei Lombardi, Mirabella Eclano Musée Provincial de l’Irpinia à Avellino Sanctuaire de Montevergine

nature et parcs Parc Régional du Partenio et Alta Irpinia Parc Natural Régional des Monts Picentini

pour les jeunes Lac Laceno Mont Terminio

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shopping Dentelles et broderies Objets en marbre Travaux de rempaillage Travaux de marqueterie Vins et produits typiques

en vacances avec les enfants Château de Gesualdo Château Lancellotti (Lauro) Lac Laceno Oasis du Mont Polveracchio et Valle della Caccia Oasis du Lac de Conza

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Le lac Laceno

saveurs et arômes Châtaignes, pommes, noisettes Champignons et truffes Pecorino et caciocavallo Vins Docg Fiano di Avellino, Greco di Tufo, Taurasi

thermes et bien-être Thermes antiques de San Teodoro, Villamaina


Avellino, Mercogliano et le Sanctuaire de Montevergine 152

Avellino, le chef-lieu, se trouve dans un splendide cadre naturel, entouré par les Monts Picentini. Le centre présente un aspect moderne mais on y trouve d’intéressants édifices historiques tels que le Duomo caractérisé par une belle façade néoclassique et à l’intérieur, des tableaux du XVIème et une splendide crypte romane. Majestueux, le campanile est construit à partir de matériaux antiques. Le symbole de la ville est la Tour de l’Horloge de style gothique (40 mètres), piazza Amendola. Parmi les autres monuments caractéristiques, citons la Fontaine de Bellerofonte (XVIIIème), dessinée par Cosimo Fanzago, et les ruines du château lombard.

Antonio Vaccaro (XVIIIème), riche en œuvres d’art et documents historiques, avec un cloître enchanteur (des concerts y sont organisés en été) et une bibliothèque contenant des parchemins, des bulles papales, etc. Non loin de Mercogliano, on pourra faire un petit détour pour découvrir le Bourg Médiéval de Capo Castello et les vestiges de son château normand.

Le Musée d’Irpinia rassemble les vestiges archéologiques de la province. Les différentes sections (archéologie, Renaissance, art moderne) contiennent de véritables chefsd’œuvre tels que les vestiges de l’antique Abellinum, dont une magnifique mosaïque; l’intéressante reconstruction de la riche tombe d’un chef de tribu de Mirabella Eclano, enterré avec son chien; les statues en bois du Sanctuaire de la Méphite dans la vallée de l’Ansanto; des céramiques, des porcelaines, des tableaux de l’Ecole Napolitaine des XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles, et une superbe crèche napolitaine XVIIIème.

Le sanctuaire fut fondé en 1124 sur les restes d’un temple consacré à la déesse Cybèle. Chaque année, deux millions de pèlerins montent pour rendre hommage à la Vierge noire représentée sur un tableau du XIIIème siècle. Le pèlerinage connaît ses instants les plus intenses aux mois de mai, août, septembre et à l’occasion des fêtes de la Pentecôte, du 15 août, et de la nativité de Marie. Importante également, la fête de San Guglielmo da Vercelli, le fondateur de l’église (25 juin). Les fidèles montent jusqu’au sanctuaire à pied ou sur des chars ornés de fleurs et de guirlandes, au son de musiques traditionnelles. Si le monastère et l’hôtellerie sont caractérisés par des lignes sobres, l’intérieur de la nouvelle basilique (19521961) est au contraire somptueusement décoré. Dans le presbytère se trouve le trône monumental sur lequel a été déposé le panneau représentant la Vierge noire de Montevergine (fin XIIIème). Au fond des nefs latérales, on accède à la «vieille église». Gothique à l’origine, elle fut refaite au XVIIème siècle et conserve un précieux patrimoine d’œuvres d’art. Dans le Musée annexe, on pourra observer des monuments funéraires et une exposition permanente de crèches, du XVIIIème siècle à nos jours.

Du haut du massif du Partenio (1270 mètres d’altitude), le Sanctuaire de Montevergine domine toute la ville d’Avellino. C’est le sanctuaire marial le plus célèbre et le plus visité du sud de l’Italie. Sur la route du sanctuaire, Mercogliano apparaît dans un cadre pittoresque de montagnes et de collines. Outre les beautés architecturales, on peut admirer le magnifique panorama qui va jusqu’au golfe de Naples. C’est là que se trouve l’Abbaye de Loreto, œuvre grandiose réalisée par Domenico

le tremblement de terre de 1980 En 1980, l’Irpinia fut dévastée par un terrible séisme: un grand nombre de personnes y perdirent la

vie et les destructions furent énormes sur tout le territoire. La population, tenace et travailleuse, a cependant réussi à faire resplendir à nouveau toutes les beautés de cette terre.

De Mercogliano, on parcourra la route panoramique, à moins de prendre le funiculaire, jusqu’au célèbre Sanctuaire de Montevergine, juste en dessous du sommet du Mont Partenio, situé dans un merveilleux paysage boisé.

hospitalité au couvent Le Sanctuaire de Montevergine offre l’hospitalité dans l’hôtellerie à des groupes ou à des

personnes seules. Les hôtes ont alors la possibilité de profiter du programme culturel organisé par les moines et de goûter l’excellent miel et les fameuses liqueurs à base d’herbes. Les femmes seront hébergées dans le couvent des Bénédictines, dans une villa du XVIIIème.

En Irpinia toujours, le couvent de San Francesco, à Montella, le monastère des sœurs de Santa Lucia di Serino, et l’abbaye du Goleto offrent également des possibilités d’hébergement.


voyageurs célèbres

… la Campanie, exceptionnelle pour la culture de la vigne. Pline le Vieux, Ier siècle ap. J-C

153 Sanctuaire de Montevergine

Avellino, Palazzo Testa Abbaye de Mercogliano

“à la montemaranese” Le Carnaval le plus animé est celui de Montemarano, à l’Est d’Avellino, au pied des Monts Picentini. Depuis des siècles,

les habitants se déguisent et se lancent dans une danse effrénée au rythme frénétique de la «tarantella Montemaranese», la plus originale et la plus complexe de toutes: plus de trois mille personnes font alors la fête, dans un crescendo de danses, musiques, cortèges et batailles de confetti.

produits typiques Dans ces montagnes et ces collines fertiles, les produits typiques ne manquent pas… Pour vous donner

une idée, citons les châtaignes de Montella et de Serino, les noisettes d’Avella connues dans le monde entier, le miel, les champignons, les truffes noires de Bagnoli Irpino, les tomates de Montoro, les fromages de Montella et Bagnoli, la charcuterie de Mirabella Eclano. En Irpinia,

les terres sont souvent la propriété de petits exploitants qui les cultivent selon les méthodes traditionnelles pour obtenir des produits d’agriculture biologique et de grande qualité. Beaucoup s’avèrent également d’accueillantes fermes auberges.


Le cœur vert de la Campanie

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L’Irpinia comprend le Parc du Partenio et celui des Monts Picentini, la grotte du Calieno, l’oasis Valle della Caccia à Senerchia, le lac de Conza, celui de Laceno… Au nord-ouest d’Avellino, le massif du Partenio constitue le Parc Naturel Régional du Partenio: des monts, des plateaux et des forêts où abondent les champignons, les fruits des bois et les plantes médicinales. Les structures d’accueil ne manquent pas non plus dans le Parc avec différents hôtels, pensions et autres chambres d’hôtes. Aux confins du Parc, en direction de Bénévent, à San Martino in Valle Caudina, se trouve un bel exemple du patrimoine culturel de l’Irpinia: le château de la Leonessa des Princes Pignatelli. Au sud-est, dans le grand Parc Régional des Monts Picentini (entre les provinces d’Avellino et de Salerne), on trouve de hautes cimes montagneuses recouvertes de hêtraies, des vallées, des couloirs rocheux d’où jaillissent sources et cascades (c’est ici que naissent les rivières Calore, Sele, Sarno et Ofanto), autant de coins de nature préservés, habités par des espèces d’oiseaux rares. Les possibilités de promenades sont nombreuses, le lac de Laceno par exemple, situé sur le plateau du même nom (station de ski l’hiver).

La partie occidentale de l’Irpinia est caractérisée par des étendues verdoyantes et de magnifiques paysages tels que le Campo di Summonte, la Grotte des Sportiglioni, le Torrent Acquafredda. Avella est intéressante pour les vestiges historiques et archéologiques qui se sont conservés au fil du temps. Le centre actuel coïncide en grande partie avec l’antique Abella, où fut rédigé le Cippus Abellanus (IIème av. J-C), important document en langue osque, aujourd’hui conservé au Musée archéologique de Nola. Parmi les principaux monuments, citons les vestiges, bien conservés, de l’Amphithéâtre romain et des monuments funéraires. La structure fortifiée du château médiéval, dont on ne peut voir aujourd’hui que les ruines, est l’une des plus grandes de l’Italie méridionale. Intéressante aussi, la Grotte de San Michele, décorée de fresques byzantines. Centre de traitement des noisettes locales, Lauro est célèbre pour son château Lancellotti, bâti au XIVème siècle sur un site très panoramique. Son aspect actuel, caractérisé par une grande variété de styles, est le résultat de reconstructions réalisées au XVIIème siècle.

Plateau du Laceno

un paradis vert L’Irpinia est un véritable paradis pour les amateurs de nature et de sport. Chaque saison offre au

visiteur son lot de possibilités de loisirs et de divertissements: promenades, excursions, randonnées, équitation; pour les passionnés de sports d’hiver, la possibilité de séjourner dans de jolies stations, Volturara Irpina, Bagnoli Irpino et Campolaspierto, toutes

équipées de remontées mécaniques modernes et de structures d’accueil.


voyageurs célèbres

Toutes les époques se sont succédées dans cette région: les antiques Cimmériens avec leurs cérémonies funèbres nocturnes; les Osques et les Etrusques, les Sybarites, avec leur douce humanité, et puis les Romains, les fantastiques Maures et les chevaleresques Normands. Victor Hehn, 1884

155 Montella Le pont de la Lavandaia

L’Amphithéâtre romain d’Avella


Du Sabato à l’Ufita

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Suivre le cours des nombreuses rivières d’Irpinia peut être une alternative amusante aux itinéraires touristiques classiques. La rivière Sabato prend sa source dans les Monts Picentini, au Sud d’Avellino. La première ville traversée est Serino d’où part le célèbre aqueduc qui alimente Naples et d’autres communes de Campanie. La ville est le point de départ pour les excursions aux Pianori del Monte Terminio (1300 mètres d’altitude), dans le Parc des Monts Picentini, dotés de structures d’accueil et de stations de ski. Un crochet s’impose pour visiter Solofra: cet écrin naturel conserve des trésors artistiques tels que la collégiale de San Michele, avec des tableaux des XVIème et XVII ème (dont les œuvres célèbres de Francesco Guarino) et le majestueux Palais des doges, aujourd’hui siège de l’hôtel de ville. La petite ville est considérée comme la capitale de la maroquinerie en Campanie. Sur les rives du Sabato, Atripalda est le site archéologique de l’antique Abellinum. On pourra visiter les fouilles à Civita, avec les vestiges des murs et des tours, ainsi qu’une maison romaine avec son jardin, sa piscine et de nombreuses pièces recouvertes de fresques. Le bâtiment de la Douane aux grains (Dogana dei grani) est un bel exemple d’archéologie industrielle, un musée où sont exposés des oeuvres provenant d’églises détruites ou fermées après le tremblement de terre de 1980. Située sur un éperon rocheux dominant le cours de la rivière, Prata di Principato Ultra possède l’un des monuments les plus anciens d’Irpinia: la basilique de l’Annunziata. A côté de l’édifice qui a conservé une partie de sa structure paléochrétienne du VIème siècle, les catacombes des IIIème-IVème siècles ap. J-C abritent des autels, des tombes et des fresques, dont une, particulièrement intéressante, représentant l’Annonciation.

le blé à l’honneur: la fête du char de paille La fête du char de paille se déroule chaque année le troisième samedi de septembre à Mirabella

Eclano. Une pyramide de paille de 25 mètres de hauteur et surmontée de la statue de la Vierge de douleur est transportée sur un char tiré par six bœufs jusqu’au centre du pays. L’obélisque est tenu en équilibre par des cordes serrées par les mains des paysans.

Montefusco est la Felsulae évoquée par Tite Live, le célèbre historien romain. Son château abrita la Grande Cour Criminelle des Bourbons et fut surnommée le «Spielberg d’Irpinia», car c’est dans ses souterrains que l’on enfermait les patriotes à l’époque de la lutte pour l’unification italienne. Mirabella Eclano se dresse sur les lieux où se trouvait autrefois une des cités samnites les plus importantes avant d’être conquise par les Romains. Au col de Mirabella, les fouilles d’Aeclanum ont mis au jour d’intéressants vestiges de la cité romaine, dont les thermes publics, la place du marché, des vestiges d’habitations et de boutiques. La plupart des objets retrouvés sont exposés au Musée d’Irpinia à Avellino. Dans le centre historique de Mirabella, l’église Santa Maria Maggiore (fin XIXème) conserve un précieux crucifix en bois du IIIème siècle qui compte parmi les plus beaux exemples de sculpture romane d’Italie du Sud. Au Nord, la vaste vallée de l’Ufita est un lieu chargé d’histoire et de traditions où les collines verdoyantes et les petites bourgades se succèdent à l’infini. À Ariano Irpino, on pourra observer les restes du château d’époque normande et une belle cathédrale. On en profitera pour admirer la vue qui s’étend sur les vallées de l’Ufita et du Mescano et sur la Alta Irpinia: on apercevra à l’horizon le Taburno, le Partenio et le Matese. Toute la région regorge de châteaux: les plus célèbres et les mieux conservés sont le château de Gesualdo, où le célèbre prince musicien Carlo Gesualdo composa, au XVIème siècle, une bonne partie de ses oeuvres; le château de Zungoli aussi, encerclé par un adorable bourg antique. Pour des vacances de détente, les anciens thermes de San Teodoro, non loin de Villamaina (plus précisément sur la commune de Bagni di San Teodoro), sont un passage obligé.

Gesualdo da Venosa, prince des madrigalistes Le plus grand madrigaliste italien a également fait parler de lui pour d’autres raisons: en 1590, il massacra

sa très belle épouse Maria d’Avalos qu’il avait surprise avec son amant dans son palais napolitain. Pour échapper à la vengeance des parents des défunts, il se réfugia dans son château de Gesualdo, où, vers la fin de sa vie, il se consacra entièrement à la musique sacrée. A Gesualdo, dans le

couvent des Capucins, une toile de Giovanni Balducci (1609) représente le prince à genoux accompagné de son oncle Carlo Borromeo (plus tard canonisé), en train de demander pardon au Christ pour ce double assassinat. En face du prince, sa deuxième femme Eleonora d’Este.


voyageurs célèbres

Maria d’Avalos avait une chevelure qui était digne d’or et de couronne, une cascade de boucles qui justifiait le tué d’avoir perdu la vie pour elle. Le Chroniqueur Corona, 1590

157 Mirabella Eclano Site archéologique

Basilique de l’Annunziata à Prata di Principato Ultra


La Haute Irpinia

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Située à l’Est de la province d’Avellino, la Haute Irpinia est une zone de collines et de monts escarpés, parcourue par d’innombrables rivières. La zone fut sévèrement touchée par le tremblement de terre de 1980 mais les villages concernés, sont parvenus à récupérer leur précieux patrimoine historique et naturel. Célèbre pour la production de noix et châtaignes, Montella est le point de départ d’excursions dans les montagnes avoisinantes, à la découverte du monastère de Santa Maria della Neve, du sanctuaire du Salvatore et de la grotte du Caprone, où l’on raconte que se déroulaient dans l’antiquité des cérémonies consacrées au culte de Bacchus. Non loin de là, l’ensemble monumental de San Francesco a Folloni qui aurait été fondé, dit-on, par Saint François d’Assise. Bagnoli Irpino, sur les versants nord des Monts Picentini, est dominée par les ruines du château du XVème siècle. Parmi les merveilles de la nature, on pourra visiter la Grotte du Caliendo, un parcours de 300 mètres où l’eau qui s’écoule de la roche donne naissance à de petites cascades. Piano Laceno est un lieu de tourisme estival et hivernal, dotée de bons hôtels et de restaurants, de très bonnes pistes de ski et des remontées mécaniques efficientes. A l’Ouest, le lac de Laceno est aménagé pour les pique-niques. À Sant’Angelo dei Lombardi, dont le nom tire son origine du culte de l’Archange Saint Michel auquel les Lombards se sentaient très liés, on pourra visiter le Duomo en style roman et le château d’époque lombarde. A quelques kilomètres, la splendide abbaye de San Guglielmo al Goleto est un chefd’œuvre d’art roman et l’un des plus fascinants monuments du Sud de l’Italie. Dominant toute la vallée de l’Ofanto, l’ensemble, entouré par de

grandes murailles, comprend un monastère et deux églises. Intéressant, le centre historique de Bisaccia: son château ducal (VIIème siècle) abrite un café littéraire et des boutiques d’artisans. Calitri, à la frontière avec la province de Salerne, possède un joli bourg antique dominé par un château et d’agréables espaces verts à proximité de la rivière Ofanto. Conza della Campania donne sur le lac de Conza. Ce grand bassin artificiel présente un écosystème à la faune d’un grand intérêt et bénéficie à ce titre de la protection du WWF. Dans le Parc archéologique de l’antique Compsa, des fouilles ont permis de découvrir d’importants vestiges et une partie du forum de la cité romaine.

Lac Laceno

un sanctuaire sur un lac de soufre: la Méphite de Rocca San Felice Dans la Vallée d’Ansanto, la «Mofeta» était un lieu très célèbre dans l’Antiquité. Ce petit lac de boue

sulfureuse est un volcan d’où s’échappent des gaz et des vapeurs de soufre. Au VIeme siècle av J-C, on y avait construit un sanctuaire samnite très vénéré consacré à Méphite, déesse protectrice de la santé, patronne des eaux et des champs. Le nom de la déesse est aujourd’hui

encore évoqué dans l’adjectif «méphitique» qui qualifie l’odeur intolérable des exhalaisons de soufre; la sacralité du lieu a été conservée par le sanctuaire de Santa Felicita, construit non loin de là.


voyageurs célèbres

Il est un lieu au centre de l’Italie, sous de hauts monts, noble et célèbre, la vallée d’Ansanto; un bois sombre l’encadre des deux côtés et en son milieu, un torrent gonflé gronde entre ses roches. Énéide (VII, 563-567)

159 Abbazia di San Guglielmo al Goleto


Imprimé en Italie © copyright 2010 by Regione Campania Tous droits réservés

Note Le guide a été clôturé en rédaction le 31 décembre 2009. Une attention maximale a été apportée dans la vérification des informations contenues dans les textes. Nous déclinons toute responsabilité pour d'éventuelles modifications d'horaires, adresses, sites internet, etc…qui auraient pu intervenir après la date indiquée.

IIIème édition révisée et mise à jour par Mindshare Photographies Alfonso Grotta Vittorio Guida Oreste Lanzetta Mario Milo Enzo Rando Imprimé par Gruppo Associati Pubblitaf, Naples


en couverture Naples, le Palais Donn’Anna



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