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Albert Camus et Jean-Paul Sartre en 1957
Albert Camus et Jean-Paul Sartre en 1957PHOTO : Getty Images / AFP
Publié le 18 mars 2017

L'amitié entre les auteurs Jean-Paul Sartre et Albert Camus a tourné au vinaigre en raison de leurs différentes conceptions de la révolte. Le point de rupture est survenu à la suite de la publication de L'homme révolté par Camus, en 1951. Pour lui, cette dispute a été une blessure profonde qu'il a portée jusqu'à sa mort. Le professeur de philosophie Jocelyn Maclure raconte les hauts et les bas de la relation entre les deux écrivains.

La naissance d’une amitié
Sartre et Camus se connaissent d’abord par leurs œuvres avant de se rencontrer à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1943, Camus s’installe dans la capitale française au moment où il connaît un grand succès avec son roman L’étranger. Il se présente à l’auteur de La nausée lors de la première de la pièce de théâtre Les mouches. Dès le départ, une amitié se développe entre les deux hommes, qui passent de nombreuses soirées dans les cafés de Saint-Germain-des-Prés.

Pour Albert Camus, dont la notoriété est toute récente, c’est une forme de reconnaissance que d’être accepté dans le cercle d’amis du couple formé par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Celle-ci éprouve à la fois méfiance et enthousiasme envers Camus. D’un point de vue idéologique, elle sent chez cet auteur une liberté par rapport à l’orthodoxie existentialiste de Jean-Paul Sartre.

Première divergence
Une première mésentente entre Sartre et Camus apparaît vers 1947 quant à l’attitude à adopter envers le régime bolchevik. Camus croit qu’on doit condamner les goulags comme ont été dénoncés les camps nazis. De son côté, Sartre prend plutôt le parti de l’Union soviétique, afin de ne pas nuire à la gauche française.

L’opposition philosophique à l’origine de la rupture
Une critique portant sur l’idéalisme de L’homme révolté, écrite par Francis Jeanson dans Les temps modernes, la revue de Jean-Paul Sartre, pousse Albert Camus à écrire à son ami. Dans une lettre de 20 pages, il dit, entre autres, qu’il est las de se faire donner des leçons d’efficacité par des censeurs. L’auteur n’a pas envie de se faire dire quoi écrire par des intellectuels qui défendent certaines idées révolutionnaires tout en vivant dans le velours. Selon lui, lorsqu’il y a des injustices, il faut se révolter, même si on le fait dans l’incertitude.

Sartre donne une réponse assassine à la lettre de Camus, où il critique le fait que les objections au sujet de L’homme révolté sont interprétées comme un sacrilège. En plus de mettre en doute ses compétences de philosophe, Sartre lui dit qu’il refuse de faire la distinction entre les oppresseurs et les opprimés, qu’il brime la possibilité de penser la révolution qui permettra la libération des peuples.

Tout l’échange épistolaire entre les deux grandes figures est publié dans Les temps modernes. À court terme, Sartre gagne cette bataille d’idées. Plusieurs Français soupçonnent Camus d’être naïf et de s’être rapproché de la droite. Avec le recul, on réalise toutefois le dogmatisme et l’aveuglement de Sartre et de ses disciples par rapport aux horreurs du stalinisme.

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