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Des projets pilotes pour que les résidents « se réapproprient » leurs ruelles

Une ruelles avec des panneaux encourageant les automobilistes à ralentir.

La question de la propriété des ruelles fait débat dans le quartier Limoilou.

Photo : Radio-Canada / Magalie Masson

Fini le statu quo : la Ville de Québec va lancer prochainement des projets pilotes pour expérimenter différents modes de propriétés pour les centaines de ruelles des quartiers centraux. La Ville veut que les citoyens « se réapproprient » ces espaces pour en faire des espaces de jeux actifs ou des îlots de fraîcheur, mais certains riverains des ruelles ne veulent pas pour autant en devenir propriétaires.

Sur le fond, notre priorité et notre vision sont les mêmes que les citoyens, assure Mélissa Coulombe-Leduc, la conseillère municipale responsable des dossiers de l’urbanisme et du patrimoine au comité exécutif de la Ville de Québec.

La Ville de Québec compte environ 300 ruelles sur son territoire, toutes gérées par des modes de propriétés variés. Certaines sont détenues par des groupes citoyens, comme c’est notamment le cas dans le quartier Montcalm, tandis que d'autres sont sous la gestion de Revenu Québec, comme la majorité de celles du quartier Limoilou. La Ville en possède également quelques-unes.

Une femme sourit dans une rue du Vieux-Québec, l'hiver.

Mélissa Coulombe-Leduc croit que « les ruelles peuvent devenir un incontournable », qu’il y ait du verdissement, un espace collectif, un espace de jeu ou un espace de rencontres, selon les exemples qu’elle a évoqués en entrevue avec Radio-Canada.

Photo : Radio-Canada

Revenu Québec est devenue propriétaire de ruelles après la faillite d’une entreprise qui les possédaient. L'agence gouvernementale souhaite s’en débarrasser et est même prête à les céder pour des sommes symboliques d’un dollar.

Les ruelles se retrouvent à une croisée des chemins. Les ruelles, c'est un grand potentiel. Les Limoulois ont envie de les utiliser et de se les approprier toujours plus. La Ville a mis en place des programmes de verdissement, mais ce n'est plus possible de pousser les aménagements passé un certain stade, remarque Raymond Poirier, le président du conseil de quartier du Vieux-Limoilou.

Il y a un grand potentiel et on estime qu'à cause de l'enjeu de gouvernance actuel, ça limite énormément ce qu'on peut faire avec ce trésor-là dans notre quartier, poursuit le président du conseil de quartier.

L'administration Marchand veut justement aller de l’avant avec des projets pilotes principalement parce que des projets de verdissement ne parviennent pas à voir le jour, notamment dans Limoilou.

Dimanche, lors de l'entrevue avec Radio-Canada, M. Poirier ignorait que la Ville avait de telles intentions pour le quartier.

Une ruelle verte.

L'entrée de la ruelle verte du Grand peuplier dans le quartier Montcalm, à Québec. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Maxime Denis

L'échéancier des projets pilotes demeure à préciser, mais ils seront assurément mis en branle cette année : On va tester dans les prochaines semaines et dans les prochains mois, on va mettre de l'avant des projets pilotes qui testent différents modes de propriétés, mentionne Mélissa Coulombe-Leduc. On va regarder ce qui marche et ce qui ne marche pas et apprendre de ça.

Après la première phase de test, la Ville espère tirer des apprentissages de ces projets pilotes d’ici la fin de l’année 2024 ou au début de 2025.

Tout sauf la municipalisation

Sans en dévoiler spécifiquement la teneur, la conseillère souligne que la Ville considère maintenant plusieurs possibilités pour les ruelles, dont une de celles proposées par le Conseil de quartier du Vieux-Limoilou concernant la mise en place de fiducies propriétaires.

On ne regarde pas nécessairement que les gens deviennent 100 % propriétaires, mais est-ce que des OBNL peuvent se créer? Est-ce qu’il y a des fiducies qui peuvent se mettre en place? Le but ultime reste toujours qu’il y ait une réappropriation de ces endroits-là, plaide Mélissa Coulombe-Leduc.

Une fresque illustrant un chat sur le dos d'un batiment.

Une ruelle dotée d'une fresque murale dans le quartier Limoilou à Québec. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Nicolas Perron-Drolet

La Ville ne cherche pas non plus une uniformité autant dans le mode de propriété que dans la fonctionnalité de la ruelle. Après une analyse, la municipalisation des ces espaces est écartée en raison des coûts potentiellement élevés.

Mélissa Coulombe-Leduc fait entre autres valoir l’enjeu du déneigement en hiver, mais aussi de l’entretien en été.

Si les citoyens deviennent propriétaires, la question de la taxation est très minime, [ce qui serait] l'inverse si la Ville [achetait] les ruelles, croit la conseillère municipale.

Sans encore en connaître la teneur, le Conseil de quartier du Vieux-Limoilou se méfie tout de même de l'initiative de la Ville qui semble privilégier des approches par ruelle plutôt qu'une approche plus collective.

C'est pourquoi l'option de la municipalisation demeure la plus porteuse, aux yeux du Conseil de quartier, comme le prône d'ailleurs le parti Transition Québec. On estime que des biens collectifs doivent être gérés par le collectif, martèle le président Raymond Poirier.

Se rejoindre à mi-chemin

Au départ, la Ville suggérait que les résidents riverains des ruelles en deviennent propriétaires. Certains n’ont toutefois pas envie d’écoper de ce genre de responsabilité. C’est ce qui a poussé le Conseil de quartier du Vieux-Limoilou à amener la Ville plus loin dans ses réflexions.

On s’est rendu compte que toutes les options n’avaient pas nécessairement été bien évaluées et que tous les cadres réglementaires imposés aux ruelles n’avaient pas été suffisamment creusés et que des modes de propriété alternatifs comme des fiducies sociales n’avaient pas été considérées, relève Raymond Poirier.

Raymond Poirier dans une ruelle en hiver.

Raymond Poirier, le président du conseil de quartier du Vieux-Limoilou.

Photo : Radio-Canada / Magalie Masson

Le président du Conseil de quartier est toutefois conscient que la solution n'arrivera pas en criant "ciseau".

Il aimerait tout de même voir l’expertise citoyenne prendre une plus grande place au sein des démarches de l’administration municipale.

On aimerait [que la Ville] s'implique avec nous plutôt que de s'impliquer de son côté et de nous arriver avec des propositions. Il y aurait un gain d'acceptabilité sociale et un gain d'efficacité à travers la collaboration, plaide-t-il, en terminant.

Avec des informations de Louis-Simon Lapointe et de Magalie Masson.

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