Un militaire américain serait détenu en Corée du Nord après avoir franchi la frontière
Un soldat monte la garde à la frontière avec la Corée du Nord, près du village sud-coréen de Panmunjeom. (Photo d'archives)
Photo : Associated Press / Ahn Young-joon
Un soldat américain est probablement détenu en Corée du Nord après avoir franchi la frontière à l'occasion d'une visite dans la zone démilitarisée (DMZ) séparant ce pays de son voisin du Sud, un incident qui risque d'envenimer davantage les relations entre Washington et Pyongyang.
Quelques heures après l'incident, la Corée du Nord a tiré deux missiles balistiques dans la mer de l'Est, également appelée mer du Japon, selon l'armée sud-coréenne.
Un militaire américain, pendant une visite, a volontairement et sans autorisation
traversé la ligne de démarcation, a déclaré le colonel Isaac Taylor, le porte-parole des forces américaines en Corée du Sud.
Un autre responsable américain avait auparavant dit à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, que ce soldat était présumé être détenu en Corée du Nord.
L'armée américaine a révélé qu'il s'appelait Travis King.
Selon les informations de la chaîne de télévision CBS citant des officiels américains, il s'agit d'un individu qui devait être ramené aux États-Unis pour des raisons disciplinaires, mais qui est parvenu à quitter l'aéroport et à se joindre à un groupe de visiteurs de la DMZ.
Des Sud-Coréens lorgnent du côté de la Corée du Nord pendant une visite de la zone démilitarisée. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / Kim Hong-Ji
Il se trouvait alors dans la zone de sécurité commune
, avait quelques heures auparavant souligné le commandement des Nations unies, qui avait seulement mentionné un citoyen américain
sans fournir sa qualité de militaire.
Nous pensons qu'il est actuellement détenu en RPDC et travaillons avec nos homologues de l'Armée populaire nord-coréenne pour régler cet incident
, avait-il souligné.
Nous surveillons de près la situation et enquêtons
, a pour sa part dit aux journalistes le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.
Contacté par l'AFP, le ministère sud-coréen de la Défense s'est refusé à tout commentaire.
Cet homme a émis un fort "Ha! Ha! Ha!" et couru entre des bâtiments
après la visite, par le groupe dont il faisait partie, d'un des bâtiments du site, a raconté à CBS News un témoin de la scène.
Panmunjeom, seul point de fuite
Au début, je pensais que c'était une mauvaise blague, mais il n'est pas revenu, et j'ai alors compris que ce n'était pas une blague. Tout le monde a réagi et ç'a été la folie
, a ajouté ce témoin.
Panmunjeom est le site que cet Américain a le plus probablement choisi pour traverser en Corée du Nord, car c'est le seul endroit de fuite possible au cours de la visite de la zone de sécurité commune.
Des soldats sud-coréens montent la garde à Panmunjeom, le 3 mars 2023.
Photo : Getty Images / AFP / Jeon Heon-Kyun
La Corée du Nord a fermé ses frontières au début de la pandémie de COVID-19 en 2020 et ne les a pas encore rouvertes. Sa présence de son côté de la frontière jusqu'à la zone de sécurité commune
a également été considérablement réduite.
Lorsque l'AFP s'est rendue dans la zone de sécurité commune
plus tôt cette année, aucun garde nord-coréen n'y était visible.
Mais même dans cette configuration, en vertu des protocoles d'armistice, aucun membre du personnel sud-coréen ou américain ne peut traverser la frontière pour récupérer le ressortissant américain.
Moment mal choisi
Steve Tharp, un lieutenant-colonel à la retraite de l'armée américaine qui travaillait dans cette zone, a reconnu auprès du site web spécialisé basé à Séoul NK News qu'il n'avait aucune idée de la façon dont les Nord-Coréens réagiraient à cet incident : il y a si peu de données disponibles
sur des événements comme celui-ci, a-t-il souligné.
C'est le premier contact depuis la COVID [...]. Nous ne savons pas ce qu'ils pensent
, a-t-il déclaré à NK News.
L'affaire survient au moment où les relations entre les deux Corées sont à un de leurs points les plus bas, la diplomatie étant au point mort et Kim Jong-un appelant à davantage développer les armements dans son pays, notamment des armes nucléaires tactiques.
La Corée du Sud et les États-Unis ont accru leur coopération militaire en réponse aux tests de missiles nord-coréens, avec en particulier des manœuvres communes faisant intervenir des avions de chasse de dernière génération et des forces stratégiques.
Le leader de la Corée du Nord, Kim Jong-un, participe à un test de missile intercontinental le 13 juillet 2023.
Photo : via reuters / L'Agence de presse nord-coréenne KCNA
Les deux pays ont organisé mardi la première réunion du Groupe consultatif sur le nucléaire à Séoul et ont annoncé qu'un sous-marin nucléaire américain faisait escale à Busan, dans la partie méridionale de la Corée du Sud, pour la première fois depuis 1981.
En 1976, deux soldats américains avaient été tués dans la zone de sécurité commune
(JSA) par des Nord-Coréens armés de haches au cours d'une dispute à propos d'un arbre.
La dernière fois qu'il y a eu une défection dans la JSA, c'était en 2017, lorsqu'un militaire nord-coréen a conduit une jeep militaire et a ensuite traversé à pied la ligne de démarcation à Panmunjeom.
Des centaines de touristes se rendent chaque jour, dans le cadre de voyages organisés, à l'intérieur de la zone de sécurité commune
, située au sein de la DMZ qui sépare les deux Corées depuis près de 70 ans.
La guerre de Corée (1950-1953) s'étant terminée par un armistice et non par un accord de paix, les deux voisins sont encore, en théorie, en état de guerre.
L'ancien président américain Donald Trump avait rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en 2019 dans le village frontalier de Panmunjeom et avait même foulé le sol nord-coréen en traversant la ligne de démarcation.