image de Pierrette
AUBADE PRIMITIVE
À l’Aube du monde
Je me suis éveillée.
Cavalier de la Nuit,
Tu étais déjà là .
Heureux, tu m’attendais.
Nous étions lueurs d’Âme ,
Émergeant de son antre.
Nous étions deux fleurs vives,
Deux flammes parmi cent ;
Toutes du même clan.
Au premier chant du monde
Je fis mes premiers pas .
Et toi seul enlaça
Mes gestes orchestrés ;
Faisant chœur de toute éternité.
« Pêcheur d’ Ombres fécondes » ;
Ainsi tu te nommais.
Tu versais sur la terre
Tes œuvres de beauté .
Et moi , berceau de lumière,
Je voulais éclairer
Jusqu’aux grottes profondes
Ton ouvrage parfait.
Pluie de poussière,
Je voulais habiter
Le moindre de tes gestes ;
Habiller d’ or tes pensées.
Voilà des millénaires
Que nous faisions la course
À travers les nuées ;
L’un se cachant de l’autre
Pour mieux se retrouver.
Nos joutes amoureuses
Ont fait naître la lune ;
La douce Séléné .
Et son art de brodeuse
Nous offrit les étoiles.
Nous étendions nos voiles;
Sillonnant à l’envolée
L’Univers tout entier,
Pour raviver l’éclat
Des astres les plus fades.
De ces jeux formidables
D’amants originels
Nous étions fatigués…
Nous nous sommes lassés
De ces danses éternelles.
« Vois, mon âme gémelle,
Je ne veux plus jouer.
Je veux me reposer
Sur ton flanc apaisé. »
Nous nous sommes endormis
À l’ombre de volcans,
Sur les rives d’une Terre
Nouvellement éclose.
À présent rassasiée
D’un sommeil abyssal,
J’hésite à t’éveiller
Pour te révéler un étrange secret…
Vois mon fervent jumeau ;
Du Cosmos au Chaos !
Innocente à nos pieds,
De nos songes tressés,
Est née l’Humanité.
Avons-nous bien rêvé ?
Avons-nous bien œuvré
À répandre sur elle
Nos dons les plus précieux ;
Amour, Amour, Amour …