Assemblage de Cochonfucius
Quand j’avais vingt-deux ans, je lisais Roland Barthes
En répétant souvent : « Ce n’est pas de la tarte » ;
Je surlignais le texte, aussi, en maint endroit,
Et j’en ornais les murs de mon logis étroit.
Tout ce labeur était exercice d’école ;
Rétrospectivement, je le trouve frivole,
Projet un peu subtil, inutile à la fois,
De l’Université c’est, peut-être, une loi.
(Victor, pardonne-moi, je saute quelques lignes :
Ma plume craint un peu l’abondance des signes).
Conclusion du jury : « Ce n’est pas trop mauvais,
Nous vous accorderons pour cette oeuvre un brevet ;
Vous avez d’un chercheur le talent et la flamme,
Et la patience, aussi, du galérien qui rame ».
C’était un mandarin au jugement très sûr
Qui parlait, m’observant de son regard d’azur.
Quarante ans de carrière à présent je contemple
Dans mon bureau vétuste, orné comme un vieux temple.
Le long de mes trajets, me saluent quelques fleurs ;
Je chante le plaisir, plutôt que le malheur ;
Les copains vont disant : « Tu en as, de la veine,
De pratiquer ainsi l’alexandrin sans peine ! ».
Cochonfucius