Étienne Dinet, peintre orientaliste et engagé

On peut voir cette rétrospective du peintre à l’institut du monde arabe, à cheval entre les années 2023 et 2024.

Fils de notable né à Paris en 1861, Dinet va effectuer un voyage d’étude en Algérie qui va le bouleverser, d’où il ne reviendra plus. Il vivra la moitié de sa vie dans le sud algérien, deviendra musulman et sera enterré dans ce village du Sahel en 1929.

Il était inspiré par les orientalistes, surtout Delacroix dont on reconnaît l’influence, mais il voulait être un peintre réaliste. Il critiquait le caractère exotique des orientalistes qui cherchaient à vendre du rêve avec des clichés.

Il a été très préoccupé par le sort des Algériens qui ont été enrollés par l’armée française dans la guerre de 1914-18. Il a été actif dans la défense de leurs droits, et a beaucoup participé à l’édification de la grande mosquée de Paris, dans les années 1920.

L’émotion que j’ai ressentie, devant les toiles de ce maître, est difficile à décrire. J’ai fait trois fois le tour de l’exposition, sans savoir ce qui me plaisait le plus.

Ce qui me déplut, je le sus immédiatement : c’est la salle des femmes nues et sexualisées que Dinet a portraiturées en se servant du commerce et de l’exploitation des êtres humains. Mais je préfère garder en mémoire l’artiste engagé, déstabilisé et profondément remué par les Algériens qui lui ont donné une deuxième famille.

2 commentaires sur “Étienne Dinet, peintre orientaliste et engagé

  1. Je ne comprends pas pourquoi la salle des femmes nues et sexualisées t’a déplu. Moi, je les trouve magnifiques ces portraits.

    Quand j’étais à Ndjamena, j’ai été frappé par le fait que jusqu’à une date assez récente (les années 1980 semble-t-il), les femmes sahélienne vivaient à peu près nues sous leurs bijoux, alors que leurs petites filles de 2010 rivalisaient de pudeur à grand renfort de voiles. Si Dinet à vécu dans un bled du sahel vers 1900, il est inévitable qu’il ait vécu au milieu de femmes nues et probablement sexualisées. Chez les musulmans, c’est les hommes qui portaient de grandes djellaba et des turbans, pas les femmes.

    En Afrique subsaharienne, c’est la colonisation qui a amené la pudeur et la honte du corps et à obligé les indigènes à se couvrir de pagnes, de complets vestons ou de voiles alors qu’il fait une chaleur à crever.

    Le rigorisme actuel ne fait qu’indigèniser, si je puis dire, cette chose. Mais bon, il fait quand même très chaud et humide, on est mieux à l’air libre. Moi-même, je crois que j’ai choqué une dame qui travaillait chez nous ici au Congo en me promenant torse nu. Elle-même faisait le ménage avec une blouse sur sa robe en pagne, un foulard et des chaussettes épaisses, et en faisant la gueule. On l’a d’ailleurs virée assez rapidement (pour d’autres raisons).

    Je regrette de l’avoir choquée (si c’est le cas, en réalité je n’en sais rien), je pense que c’était pas bien de ma part, mais je ne peux pas supporter de rester chez moi, dégoulinant de sueur dans un t-shirt et un pantalon, par respect humain pour une pudeur que je ne respecte pas, c’est pas possible.

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