Ftiss, au pays des Nehed

Préparer la voiture au soleil levant. Ftiss, juillet 2023

Hajer vient d’un village éloigné où vit un clan, une famille élargie qui s’est installée au bord d’un lac. Ce lac est salé, ce qui rend le paysage lunaire quand le lac est asséché : une grande traînée blanche entre les collines et la verdure des oliviers.

Le paysage de Ftiss est tout à fait cinématographique. On se croirait dans un western. Je recommande aux Tunisiens qui rêvent de tourner des films de faire un tour dans cette région.

L’arrière grand-père d’Hajer était une sorte de seigneur qui possédait ces terres arides. Il a fait planter des centaines d’oliviers si bien que ma belle-famille produit la meilleure huile d’olive du monde, que nous mangeons chaque matin au petit-déjeuner, avec du pain dit « qobez tebouna ».

Générations après générations, la terre de l’ancêtre à été partagée entre les fils et chacun n’a plus qu’une portion congrue aujourd’hui. Chacun a construit une fermette entourée d’oliviers et élève quelques animaux. Mais la vie économique est un peu difficile alors on va à la ville.

Mon beau-père a donc passé ses semaines à travailler à l’usine pour nourrir sa famille qui, elle, vivait à la ferme. Il a pris sa retraite assez tôt et est redevenu l’auguste fermier qu’il fut.

Cette fermette est le lieu qui a vu grandir ma femme, c’est là qu’elle a appris à lire, qu’elle a fait paître des chèvres, qu’elle a grimpé aux arbres. Son père la conduisait à l’école de Ftiss sur son vélo quand elle ne marchait pas, mais elle avait tellement froid l’hiver qu’à mi-chemin il faisait un petit feu de camp auprès duquel père et fille se réchauffaient les mains à l’aube.

La fermette de mes beaux-parents, à Ftiss. 2023.

On ne s’étonnera pas si je dis que Ftiss est mon endroit préféré en Tunisie, mon centre du monde. C’est dans cette ferme que nous nous sommes mariés, en 2016.

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