Tous les Français se plaignent du temps qu’il fait, du printemps qui ne vient pas.
Moi, je suis le plus heureux des Français. Le printemps vient, mais sa lenteur me ravit. Les fleurs éclosent tout doucement, les unes après les autres. J’ai le temps de m’émerveiller, puis de m’habituer, avant que d’autres éclosions m’enchantent à leur tour. Le plus beau est à venir, et encore à venir, et toujours plus de beauté m’arrive, et toujours plus de promesses, et toujours plus de couleurs.
Hier, il a plu toute la journée. Ce matin, il y avait un peu de givre, mais la matinée voit le soleil briller dans un ciel immaculé. Je suis allé le chercher, le soleil, sur la crête, pour me réchauffer. Assis sur un gros rocher, contemplant le mont Aigoual toujours enneigé, j’ai vu passer deux chiens très civils, munis de colliers, passer devant moi en me saluant de la tête, et poursuivre leur chemin sans maître.
Hier il pleuvait et j’ai planté les laitues, les iris, les rosiers, la ciboulette et le plant de coriandre. J’ai laissé la pluie arroser tout ce beau monde, et en toute fin de journée, je l’ai recouvert d’une serre bricolée à l’aide de bois vert recourbé et d’une bâche en plastique que mon frère avait laissée pliée sur une terrasse du bas.
Le printemps sait que ce n’est pas en forçant sur les jeunes pousses qu’il les fera mieux grandir.
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