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Accueil Forums Forum général Cinéma – page 4

  • Ce sujet contient 776 réponses, 1 participant et a été mis à jour pour la dernière fois par Jean Monnaie, le il y a 5 mois et 3 semaines.
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    Messages
    • #16763 Répondre
      Juliette B
      Invité

      « that’s not the point », oui. Etrange écho à « Anatomie d’une chute » dans le livre de Neige Sinno « Triste tigre » entamé quelques jours après avoir vu le film de Justine Triet :

      « Un procès ne permet pas d’établir la vérité. Il permet une confrontation de plusieurs versions d’un même fait, ou série de faits, d’un même événement, de ses conséquences, de ses enjeux, de négocier parfois une version commune, ou ce qu’il y a de plus approchant, et si on ne s’approche pas, alors il s’agir pour le jury de décider quelle sera la version choisie par la société. »

      plus loin

      « Mais les procès ne sont pas là pour faire plaisir aux victimes. C’est la société qui décide, au travers de ses représentants, ce qui est bon ou pas pour elle, par pour les victimes ni pour les coupables ».

    • #16764 Répondre
      Juliette B
      Invité

      Me suis un peu plantée: ce qui devait être un simple post dans une page 4 cinéma, la 3 étant pleine, est devenue une intro à une nouvelle page. Mais bon, on s’comprend…

      • #16765 Répondre
        Ostros
        Invité

        Très bien écrit, merci c’est tout à fait ça.

        • #16766 Répondre
          Cat
          Invité

          Et c’est aussi le cheminement de l’enfant, ce qu’il découvre en questionnant Marge.

          • #16781 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            J’ai fait le même parallèle entre le film et ce passage de ce livre que je trouve passionnant (le livre)
            Je ne sais pas si on tient là une grande écrivaine, et d’ailleurs elle-même parle de son évitement de la littérature, mais on tient là une sacrée femme

    • #16779 Répondre
      Charles
      Invité

      C’est un peu court, je trouve.

      • #16780 Répondre
        Seldoon
        Invité

        Charles, tu n’as toujours pas vu le film ? On aura besoin de ton expertise judiciaire à propos de la façon dont se déroule le procès.

        • #16790 Répondre
          Charles
          Invité

          Pas encore.

    • #16782 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      je ne suis pas sûr qu’une expertise sera opportune, car Triet fait des découpes radicales dans sa narration du procès
      sauf le respect que je dois à Charles, il ne s’agirait pas que des parties prenantes de la boite judiciaire aient un regard aussi bête sur le film que celui de pas mal de profs sur Entre les murs (non c’est pas comme ça que ça se passe, c’est exagéré, c’est pas assez exagéré, c’est trop violent, pas assez, on n’a jamais vu un cours comme ça, etc, etc)
      cela dit une amie greffière me dit qu’elle a trouvé le procès absolument juste (ça m’a presque étonné)

      • #16785 Répondre
        Seldoon
        Invité

        C’est plus à propos des procès dans la France des années 2020 que du film que je me pose des questions. Ca m’a surpris de voir les gens prendre la parole un peu comme ils le sentent, bien loin du formalisme auquel nous ont habitué les films de procès. Triet en entretien parle souvent du fait qu’en France, de nos jours, la tenue des procès est très dépendante du juge, et que cette version « libre » existe. Cette cinéaste étant toujours à la recherche de nouvelles représentations, loin des clichés, ça ne m’étonne pas qu’elle ait choisi cette version. De même, à propos de la performance de Swann Arlaud, elle signale que l’apparition des micros dans les tribunaux a changé l’élocution des avocats. On a pu voir apparaitre une jeune garde avec moins de coffre, et donc d’autres phrases. « Moins Dupond-Moretti », comme dit Justine Triet. Une fois encore je pense qu’elle a sauté sur l’occasion pour se permettre de proposer une nouvelle représentation des avocats.

        • #16792 Répondre
          Charles
          Invité

          Oui enfin si la jeune garde à moins de coffre qu’avant c’est surtout parce la plaidoirie n’a plus la même centralité qu’avant dans le procès pénal (tout particulièrement devant le tribunal correctionnel) et que le barreau pénal n’attire plus les mêmes personnes.

          • #16801 Répondre
            Seldoon
            Invité

            Plus les mêmes ?

            • #16829 Répondre
              Charles
              Invité

              Outre une féminisation massive de l’avocature, j’ai aussi le sentiment que le pénal est devenu plus attirant, plus chic, plus respectable. Et attire donc beaucoup de bons élèves, de profil Sciences po notamment (surtout en pénal des affaires mais pas que). Avant le pénal attirait davantage des fortes personnalités, des bourgeois un peu plus marginaux, des anars et beaucoup de juifs. Maintenant ce sont des gens beaucoup plus sages.

    • #16789 Répondre
      Demi Habile
      Invité

      Jean Monnaie: C’est flatteur d’être comparé au Dude. Je ne sais pas si c’est vraiment flatteur venant de toi mais moi je prends ça comme un vrai compliment. Ceci dit le truc du réel qui serait de gauche c’est une jolie histoire que François se raconte pour se rassurer quand il va au lit mais moi je ne me raconte pas ce genre d’histoires. Si le réel à une couleur politique, il est de gauche et de droite en même temps. Un peu comme le cylindre qui sert à imager l’histoire de la dualité onde/corpuscule.

      • #16828 Répondre
        tristan
        Invité

        Vu de gauche ou vu de droite, le cylindre a la même projection orthogonale sur un plan, Demi.

        • #16854 Répondre
          Demi Habile
          Invité

          tristan: Je veux bien que tu me développes ça sur le thread de Jean Monnaie car « projection orthogonale » ça ne me parle pas beaucoup.

      • #16838 Répondre
        Jean Monnaie
        Invité

        J’apprécie grandement le duc et il a bien raison de se la couler douce. Donc, ce n’est pas du tout ironique de ma part de dire que tu as bien raison de le faire. Comme je l’ai expliqué sur un autre topic, notre perception de la réalité est influencée par notre engagement dans la naissance de ton enfant et dans le monde du travail. Le risque est que si nous avons un nombre excessif de personnes célibataires ou sans emploi ou rentier ou retraité etc.., cela pourrait entraîner une distorsion de la réalité qui nuirait effectivement aux Français. Imagine un poilu qui écoute nos intellectuels d’aujourd’hui et la vacuité de leurs propos, il deviendrait complètement fou.

        • #16840 Répondre
          Jean Monnaie
          Invité

          Après, il existe des moyens de rester en contact avec la réalité, tels que le maintien de liens familiaux, l’engagement dans le militantisme politique, ou l’adhésion à des associations, entre autres. Cependant, cela est évidemment plus rare, car cela demande un effort conscient. En revanche, le travail est souvent perçu comme une contrainte inévitable. Lorsque tu travailles, tu n’as d’autre choix que de faire face à la réalité.

          Un exemple qui m’avait frappé concerne qu’un ami touchant l’Allocation aux Adultes Handicapés (AHH) depuis l’âge de 18 ans. Il critiquait les Français en disant qu’ils ne travaillaient pas assez, sans même réaliser l’incongruité de demander aux autres ce qu’il ne voulait pas faire lui-même. Il est évident que son rapport à la réalité aurait été différent s’il avait travaillé au sein d’un ESAT (Établissement pour les handicapé au travail). Par conséquent, ce n’est ni son handicap ni sa couleur politique qui définissent notre rapport au réel, mais uniquement ses actions.

    • #16805 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Je ne suis pas déçu

    • #16850 Répondre
      Seldoon
      Invité

      Merci pour cette Gêne. Je me demande toujours à quel point ces épisodes sont structurés en amont puis montés. Il y a ici un effet qu’il y a dans les meilleures Gênes : pendant qu’on se demande si vous n’allez pas l’oublier vous vous gardez la centrale scène de dispute conjugale pour la fin, vous la creusez longuement sur les thèmes fil rouge de l’épisode (ici la vérité et les discours) pour finir par monter dans les tours d’un coup sur l’energie dans un couple, Sandra le vampire, l’écriture le monstre, le féminisme. J’aime beaucoup, on a l’impression que le film est élucidé au détour du chemin. On ne le voit pas venir et pourtant on y allait irrémédiablement.

      A propos du dernier plan avec le chien : il y a un truc dans ce film avec les chiens en général. Le chien de la famille est très présent, compte dans l’intrigue. Il est le vrai découvreur du corps, en plus du découvreur puis testeur de l’aspirine. Mais on parle régulièrement de chiens. Samuel se compare (peut être) à un chien qui s’occupe des autres. L’avocat dit que Sandra ressemble à un chien, mais un beau chien, un basset. Sandra répond qu’elle ne fait confiance à quelqu’un que lorsqu’elle sait à quel animal il ressemble. Et qu’elle ne sait pas encore à quel animal l’avocat ressemble. Une théorie un peu simpliste, un peu trop de l’ordre du symbolique, pourrait etre que la vraie question qu’elle se pose est : qui de nous deux est le chien ? La première scène du film, dont on nous dira plus tard qu’elle était une scène de séduction, je l’ai d’abord vécue comme une scène de démonstration de domination. Dans la posture de Sandra, son statut, retournement de situation mais non je m’interesse à vous, mais non c’est moi qui, et j’impose le lieu de l’entretien, puis par caprice je regrette que ce ne soit pas un autre lieu, Samuel tente d’influer par la musique, Sandra décide qu’on arrête tu peux retourner à Grenoble (une aprem entière de perdue pour l’étudiante, quand même). Il y a une lutte de pouvoir, il y a une égalité impossible dans la rencontre entre deux individus. De même quand Sandra a peur de rentrer chez elle à la fin et que Daniel a peur aussi qu’elle rentre, n’ont-ils pas peur de se retrouver dans un nouveau duel, de découvrir qui sera le chien de l’autre ? D’après cette lecture, Sandra fait peut être dans le dernier plan un calin à tous les chiens du monde, à tous ceux qui existent pour que les vampires puissent exister.

      • #16851 Répondre
        Seldoon
        Invité

        Un autre point du film : parmi le catalogue fort fourni de formes de reconstitution de la vérité qu’on voit défiler ici, il y en a une qui est particulièrement rare au cinéma. Le flashback dans lequel les voix des personnages sont remplacées par la voix du narrateur. Dans Anatomie d’une chute, c’est la scène dans laquelle Samuel en voiture raconte (ou aurait raconté, on ne saura jamais) à Daniel cette histoire de chien qui, mine de rien, est particulièrement précieux, nécessaire si ce n’est indispensable. Et c’est la voix de Daniel qui est jouée en playback sur les lèvres de Samuel. Donc, les mots de Samuel, la voix de Daniel, le visage de Samuel. Il doit y en avoir d’autres et je suis curieux d’avoir vos exemples, mais je n’ai en tête que deux autres films où cette figure est utilisée : Hateful Eight de Tarantino avec la scène du fils du général, et A Serious Man des Coen avec la très belle annecdote des dents du goy (https://www.youtube.com/watch?v=YUTyEEiulQk). Encore des films dont l’enjeu central est la vérité, sa quête, la parole, les interpretations qui s’affrontent.
        J’aime beaucoup cette figure. D’une part elle est très ludique, permet tout un tas de jeux (ici une voix d’enfant sur une tête d’adulte, chez les Coen faire écouter au Rabbin sa propre voix…), mais elle est aussi particulièrement honnête. Elle permet de mettre en scène tout en rappelant en permanence que ce n’est qu’une mise en scène, une projection comme une autre. J’écrivais plus haut « les mots de Samuel, la voix de Daniel, le visage de Samuel ». Sauf que, et la même remarque fonctionnerait pour les deux autres films, de tous ces éléments, seule la voix de Daniel est un fait avéré.

        • #16859 Répondre
          lison
          Invité

          Oui grande scène et grande idée, qui par le fait de faire « doubler  » le père par le fils la rend particulièrement intéressante, et bien sûr joue avec (ou confirme) l’idée que le fils est en train de l’inventer .
          Ca m’a fait penser à une scène de « Sybil  » où Laure Calamy ( soeur de Sybil) dit à l’enfant de Sybil que si elle veut, elle peut manipuler sa mère, et il me semble qu’une des dernières ( voire la dernière ) scène du film reprend cela. Malheureusement je ne me souviens plus de la situation précise , je me souviens juste de m’être dit cet enfant a bien écouté et compris ce que lui disait sa tante ! Tout comme là Daniel a bien écouté Marge .
          Je me suis aussi demandé si j’avais déjà vu ça ( la voix de l’un dans le corps de l’autre) je n’ai pas trouvé , je cherche encore. Le réalisateur auquel je pense pour faire un truc pareil c’est Avi Mograbi, mais je ne crois pas qu’il l’ai déjà fait.
          Je vais aller écouter la Gêne.

    • #16852 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Dans la tourbillon du film j’ai zappé ce moment, et c’est bien dommage.
      Le chien je comptais en dire quelque chose – c’est avec lui qu’on ouvre et ferme, et je me demande s’il n’est pas le point de butée du film. A la fin de ce déchainement argumentatif il ne reste que le point A comme Animal : opacité, a-rationalité. Et puis aussi peut-être l’instinct. Daniel tranche le film avec son instinct (de survie). Peut-être que l’instinct est l’absolu maitre du jeu. Comme tous les grands films parlés, celui-ci sait que la parole est bien impuissante.
      Pour répondre à ta première question : mon acolyte écrit ses interventions, et moi non, mais j’ai en tête un ordre global de raisonnement. Ici j’avais bien prévu de commencer par la configuration générale du film pour aller peu à peu à son centre névralgique, ce couple et ce qui s’y joue réellement.

    • #16950 Répondre
      Claire N
      Invité

      Bonjour
      Je viens de terminer « triste tigre « 
      Je suis très étonnée par la forme du roman
      Quelque chose comme un tour de force semble rompre l’isolement de la narratrice
      J’ai eu la surprise à plusieurs reprise d’éprouver le besoin de «  communiquer «  avec elle
      Je ne sais si c’est reproductible sur d’autres lecteurs, j’ai envie de creuser cet aspect

    • #16954 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      je me disais finissant le livre que je m’en ferais bien une amie, de cette Neige

      • #17020 Répondre
        Claire N
        Invité

        Voilà, c’est la confirmation que j’attendais
        Elle a donc bien d’une certaine façon cassé le dénie
        Mieux qu’avec un procès
        Ce n’est pas de la « reconnaissance de victime « c’est bien de « l’amitié de personne « 
        Elle parle du couple «  victime «  « monstre « comme de quelque chose d’isolé , dans un monde invisible , de touché par la mort / l’obscurité
        Ce n’est pas tant qu’elle sort victorieuse des enfers seule ; c’est qu’elle y fait rentrer la lumière

        • #17021 Répondre
          Claire N
          Invité

          D’une certaine manière c’est subversif

          • #17027 Répondre
            Claire N
            Invité

            Je note que son «  monstre «  allègue l’avoir forcé
            Pour ne pas être exclu de son monde
            Son geste est profondément salvateur même pour lui

    • #16960 Répondre
      Jean Monnaie
      Invité

      Sinon il y cette très bonne série injustement sous estimé 🙂

      • #16962 Répondre
        Jean Monnaie
        Invité

        Marx envisageait d’écrire un grand livre sur Balzac après « Le Capital ». Il est possible que j’aie un aspect marxiste latent en moi, car, à mon avis, « Illusions Perdues » est le meilleur film français de la décennie. Par conséquent, je ne vais pas m’enliser dans l’océan de médiocrité des films actuellement en sortie, malgré les avis de cinéphiles que l’on peut lire ici. J’ai regardé « Babylon » hier sur mycanal, considéré comme le grand film de 2022, et je l’ai trouvé affligeant,vulgaire et tout aussi raté que « The Grand Budapest Hotel », avec le même humour faussement décalé. C’est pourquoi je me permets de vous recommander, dans le même genre mais cette fois-ci réussi et même culte à mes yeux.

    • #17090 Répondre
      Dr Xavier
      Invité

      Cycle sur les premiers films de Jim Jarmusch sur Arte (Mystery Train, Down by Law, Night on Earth, Dead Man, Permanent Vacation). Je n’ai vu que le plus « récent » de ceux là (Dead Man) et quelques-uns de ses suivants (Ghost Dog, Coffee and Cigarettes, Broken Flowers, Only Lovers Left Alive). Que pense-t-on de lui en ces lieux ? J’en garde à chaque fois un très bon souvenir, des films calmes, mélancoliques, simples, un peu brumeux (sauf Broken Flowers qui me semblait plus « clair et facile »).

    • #17105 Répondre
      K. comme mon Code
      Invité
      • #17106 Répondre
        Charles
        Invité

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        https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/06/le-gang-des-bois-du-temple-braquage-a-la-francaise_6188100_3246.html

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        « Le Gang des Bois du Temple », braquage à la française
        Pour son septième long-métrage, le réalisateur Rabah Ameur-Zaïmeche signe un magnifique et inclassable film de hold-up, inspiré du car-jacking d’un prince saoudien en Seine-Saint-Denis, en 2014.

        Par Jacques Mandelbaum
        Publié hier à 15h00
        Temps deLecture 4 min.
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        Quel magnifique film de hold-up se dit-on, en son for intérieur, au sortir de la séance. Magnifique, évidemment, de ne surtout pas ressembler à ce que l’on en attend, à l’instar des plus grands « néo-noirs ». Magnifique, plus précisément, d’être retravaillé de l’intérieur, acclimaté à une donne géographique et sociale, redéfini selon un tempérament artistique.

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        L’artiste, ici, se nomme Rabah Ameur-Zaïmeche, c’est l’un des plus grands cinéastes français en activité et cela ne se sait pas assez. Il y aura eu du vent dans les voiles de son parcours, qui continue de le porter : naissance en Algérie en 1966, installation dans la foulée à la cité des Bosquets de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), études d’anthropologie urbaine, déménagement à Montreuil (Seine-Saint-Denis), début dans le cinéma intégralement autoproduit en famille avec Wesh wesh, qu’est-ce qui se passe ? (2001), film de banlieue qui ne ressemble pas aux films de banlieue.

        Vingt et quelques années plus tard – plaçant au passage ces morceaux d’anthologie que sont Bled Number One (2006) ou Dernier maquis (2008) –, Ameur-Zaïmeche, indépendant pur et dur œuvrant sur le temps long, nous propose Le Gang des Bois du Temple, son septième long-métrage, l’un des plus beaux. Le titre fait d’ores et déjà rêver, semble nous ramener, avec l’image du temple Shaolin en arrière-plan, aux riches heures des films de kung-fu des studios de la Shaw Brothers à Hongkong ou des compilations soul du groupe de rap américain Wu-Tang Clan. En vérité, l’esprit qui y souffle est plus hexagonal, version 9-3, Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

        Ecole de la rue
        Parmi les tours et les parvis, les bretelles d’autoroute et les garages, l’église et les méchouis, s’y met en place une action à double détente. Ici, réchappé de Balzac, M. Pons, qui vient de perdre sa mère et fait gentiment son tiercé chaque matin au café du coin quand il ne garde pas les enfants de ses voisins, et dont on apprendra tout de même qu’il fut en d’autres temps un tireur d’élite de l’armée française. Cela a son importance. Là, une bande de Franco-Maghrébins de l’ancienne génération, plutôt tranquilles sous leur bob une fois que les kalachs sont rentrées, qui ont fait l’école de la République et de la rue ensemble, pris la diagonale de la délinquance ensemble et organisent un gros coup qui leur permettra de continuer à nourrir les pigeons du quartier en se souciant un peu moins de leur avenir.

        Le premier et les seconds se connaissent par la défunte mère de Pons, qui fut épicière en son temps, choyant ces derniers qui ne lui en « chouravaient » pas moins quelques « bonbecs ». On se toise sans amitié particulière mais avec respect, comme vivant sous le même horizon. Le récit raccrochera, in fine, leurs destins respectifs, d’une manière qu’on s’empressera de ne pas révéler. Dans l’attente, le gros coup se prépare sans affolement, inspiré d’une affaire véritable.

        En 2014, un gang de petits délinquants de Seine-Saint-Denis, emmené par un Gitan du Val-d’Oise plus capé dans l’échelle du banditisme, a braqué sur une bretelle de l’autoroute A1, à hauteur de la porte de La Chapelle, un convoi diplomatique du prince saoudien Abdel Aziz Ben Fahd, en provenance de l’Hôtel George-V. Huit hommes cagoulés en extraient quelques centaines de milliers d’euros en espèces, ainsi que des documents dits « sensibles ».

        Bolides rutilants
        Vivement mené à l’écran, action nocturne nerveuse et sans bavures, le car-jacking propulse le film sur des voies romanesques qui lui sont propres. Le prince est un être étique et terrorisant que le réalisateur se plaît à représenter sans désir ni nécessité particulière de parole. Vivant en un mot dans l’incommensurabilité de son pouvoir, il est affublé d’un factotum américain d’une déférence digne des habitus médiévaux, versé tant dans la maîtrise de l’investissement dans le marché de l’art que dans le recrutement d’une armée de mercenaires.

        Un détective familier de son altesse royale est ainsi engagé, qui remonte rapidement la piste des blédards de Seine-Saint-Denis. La suite se tend donc notablement, ouvrant un cycle de mortelles représailles qui reconduit – à une époque où l’on ne parle plus que de religion – ce qu’il faut bien appeler la lutte des classes à l’ère du capitalisme financier.

        La tension ne tient toutefois ici – c’est la manière d’Ameur-Zaïmeche – que du relâchement qui l’autorise, routine de l’ennui ou de l’amusement d’une bande de vieux copains. Temps faibles, temps morts, temps éminemment poétique dévolu à un profane qui peut occasionnellement confiner au sacré. Chant déchirant qui s’élève d’une église – celui d’Annkrist, chanteuse d’origine brestoise dont la voix et les mots magnétisent une séquence, elle dont la carrière erratique a conjoint la scène bretonne des années 1970, le blues et la chanson réaliste.

        Lire aussi la critique : Article réservé à nos abonnés Dans « Terminal sud », Rabah Ameur-Zaïmeche filme l’échappée ultime d’un homme à bout de souffle

        Bolides rutilants dans un garage. Cigarettes grillées dans la nuit. Visage évaporé dans la fumée. Panoramiques qui installent le film dans son environnement. Partie de crêpes inopinée entre un tueur et des enfants. Cheikh hiératique qui, comme délivré de lui-même, se déhanche sur une séance électrisante de raï (le maestro Sofiane Saidi aux manettes).

        Où se trouvent in fine, dans cette hétérogénéité tout à la fois hasardeuse et travaillée, l’essentiel et le contingent ? On ne le sait pas et on s’en fiche. Tout le monde y semble au four et au moulin, loin des hiérarchies sclérosantes, à l’instar de l’artisan metteur en scène, des acteurs de sa famille comme de sa famille d’acteurs, tous étonnants, vivants, uniques. Clichy peut bien alors être tourné à Bordeaux, la poésie affleurer sous le couvercle polar, et la pègre franco-algérienne payer le tribut du dernier coup à Jacques Becker (Touchez pas au grisbi, 1954) et à Jean-Pierre Melville (Bob le flambeur, 1956).

      • #17107 Répondre
        raz
        Invité

        Quel magnifique film de hold-up se dit-on, en son for intérieur, au sortir de la séance. Magnifique, évidemment, de ne surtout pas ressembler à ce que l’on en attend, à l’instar des plus grands « néo-noirs ». Magnifique, plus précisément, d’être retravaillé de l’intérieur, acclimaté à une donne géographique et sociale, redéfini selon un tempérament artistique.

        L’artiste, ici, se nomme Rabah Ameur-Zaïmeche, c’est l’un des plus grands cinéastes français en activité et cela ne se sait pas assez. Il y aura eu du vent dans les voiles de son parcours, qui continue de le porter : naissance en Algérie en 1966, installation dans la foulée à la cité des Bosquets de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), études d’anthropologie urbaine, déménagement à Montreuil (Seine-Saint-Denis), début dans le cinéma intégralement autoproduit en famille avec Wesh wesh, qu’est-ce qui se passe ? (2001), film de banlieue qui ne ressemble pas aux films de banlieue.

        Vingt et quelques années plus tard – plaçant au passage ces morceaux d’anthologie que sont Bled Number One (2006) ou Dernier maquis (2008) –, Ameur-Zaïmeche, indépendant pur et dur œuvrant sur le temps long, nous propose Le Gang des Bois du Temple, son septième long-métrage, l’un des plus beaux. Le titre fait d’ores et déjà rêver, semble nous ramener, avec l’image du temple Shaolin en arrière-plan, aux riches heures des films de kung-fu des studios de la Shaw Brothers à Hongkong ou des compilations soul du groupe de rap américain Wu-Tang Clan. En vérité, l’esprit qui y souffle est plus hexagonal, version 9-3, Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

        Ecole de la rue
        Parmi les tours et les parvis, les bretelles d’autoroute et les garages, l’église et les méchouis, s’y met en place une action à double détente. Ici, réchappé de Balzac, M. Pons, qui vient de perdre sa mère et fait gentiment son tiercé chaque matin au café du coin quand il ne garde pas les enfants de ses voisins, et dont on apprendra tout de même qu’il fut en d’autres temps un tireur d’élite de l’armée française. Cela a son importance. Là, une bande de Franco-Maghrébins de l’ancienne génération, plutôt tranquilles sous leur bob une fois que les kalachs sont rentrées, qui ont fait l’école de la République et de la rue ensemble, pris la diagonale de la délinquance ensemble et organisent un gros coup qui leur permettra de continuer à nourrir les pigeons du quartier en se souciant un peu moins de leur avenir.

        Le premier et les seconds se connaissent par la défunte mère de Pons, qui fut épicière en son temps, choyant ces derniers qui ne lui en « chouravaient » pas moins quelques « bonbecs ». On se toise sans amitié particulière mais avec respect, comme vivant sous le même horizon. Le récit raccrochera, in fine, leurs destins respectifs, d’une manière qu’on s’empressera de ne pas révéler. Dans l’attente, le gros coup se prépare sans affolement, inspiré d’une affaire véritable.

        En 2014, un gang de petits délinquants de Seine-Saint-Denis, emmené par un Gitan du Val-d’Oise plus capé dans l’échelle du banditisme, a braqué sur une bretelle de l’autoroute A1, à hauteur de la porte de La Chapelle, un convoi diplomatique du prince saoudien Abdel Aziz Ben Fahd, en provenance de l’Hôtel George-V. Huit hommes cagoulés en extraient quelques centaines de milliers d’euros en espèces, ainsi que des documents dits « sensibles ».

        Bolides rutilants
        Vivement mené à l’écran, action nocturne nerveuse et sans bavures, le car-jacking propulse le film sur des voies romanesques qui lui sont propres. Le prince est un être étique et terrorisant que le réalisateur se plaît à représenter sans désir ni nécessité particulière de parole. Vivant en un mot dans l’incommensurabilité de son pouvoir, il est affublé d’un factotum américain d’une déférence digne des habitus médiévaux, versé tant dans la maîtrise de l’investissement dans le marché de l’art que dans le recrutement d’une armée de mercenaires.

        Un détective familier de son altesse royale est ainsi engagé, qui remonte rapidement la piste des blédards de Seine-Saint-Denis. La suite se tend donc notablement, ouvrant un cycle de mortelles représailles qui reconduit – à une époque où l’on ne parle plus que de religion – ce qu’il faut bien appeler la lutte des classes à l’ère du capitalisme financier.

        « Le Gang des Bois du Temple », de Rabah Ameur-Zaïmeche. ALCHIMISTES FILMS
        La tension ne tient toutefois ici – c’est la manière d’Ameur-Zaïmeche – que du relâchement qui l’autorise, routine de l’ennui ou de l’amusement d’une bande de vieux copains. Temps faibles, temps morts, temps éminemment poétique dévolu à un profane qui peut occasionnellement confiner au sacré. Chant déchirant qui s’élève d’une église – celui d’Annkrist, chanteuse d’origine brestoise dont la voix et les mots magnétisent une séquence, elle dont la carrière erratique a conjoint la scène bretonne des années 1970, le blues et la chanson réaliste.

        Bolides rutilants dans un garage. Cigarettes grillées dans la nuit. Visage évaporé dans la fumée. Panoramiques qui installent le film dans son environnement. Partie de crêpes inopinée entre un tueur et des enfants. Cheikh hiératique qui, comme délivré de lui-même, se déhanche sur une séance électrisante de raï (le maestro Sofiane Saidi aux manettes).

        Où se trouvent in fine, dans cette hétérogénéité tout à la fois hasardeuse et travaillée, l’essentiel et le contingent ? On ne le sait pas et on s’en fiche. Tout le monde y semble au four et au moulin, loin des hiérarchies sclérosantes, à l’instar de l’artisan metteur en scène, des acteurs de sa famille comme de sa famille d’acteurs, tous étonnants, vivants, uniques. Clichy peut bien alors être tourné à Bordeaux, la poésie affleurer sous le couvercle polar, et la pègre franco-algérienne payer le tribut du dernier coup à Jacques Becker (Touchez pas au grisbi, 1954) et à Jean-Pierre Melville (Bob le flambeur, 1956).

        • #17109 Répondre
          K. comme mon Code
          Invité

          Merci pour ce partage. J’y vais demain. J’ai hâte.

    • #17215 Répondre
      Tony
      Invité

      Je me suis bien marré en écoutant cette émission sur Godard et le masque et la plume,je ne savais pas qu’il y avait été chroniqueur,on l’entend démonter un film de Duvivier et pour éviter au public de se déplacer il révèle même le nom du coupable!Ce qui est savoureux c’est que Godard cinéaste devient à son tour l’objet des critiques sur Vivre sa vie (ses précédents films ayant été ignorés)et sur ce film les débats se focalisent sur la scène d’ouverture où un couple en pleine discussion est filmé plusieurs minutes de dos,ce qui suscite l’incompréhension et les quolibets de la critique,Douchet ira jusqu’à dire que si Godard les a filmés de dos c’est pour souligner le caractère intime de ce qu’ils se disent.Quelque temps après Godard est invité et il est questionné sur cette ouverture,il répond alors que si il les a filmé de dos c’est pour donner au spectateur l’envie de les voir de face!!
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/parcours-critiques/parcours-critique-9282480

    • #17249 Répondre
      Leo Landru
      Invité

      Pour celleux qui ont OCS et qui ont loupé Rien à foutre au cinéma – Rien à foutre est disponible sur OCS, et c’est l’excellence du cinéma.
      Sybil aussi est disponible. J’ai vu qu’on en parlait ici, j’ai donc scrollé pour ne pas me gâter la découverte. Pas encore regardé mais ne saurait tarder.

    • #17326 Répondre
      S-T
      Invité

      Salut! Aucun rapport avec les discussions en cours mais je souhaitais partager une réflexion que je m’étais faite à la suite de la projection de Vaurien au ciné-club à l’Arlequin en début d’année, après laquelle FB avait essayé d’élucider le trouble engendré par le plaisir pris devant un film suivant un personnage intégralement antipathique.

      Si l’on part du principe que l’on ne jouit jamais contre une œuvre, alors il faut expliquer pourquoi l’on jouit, fût-ce qu’un peu, avec le violeur-assassin sans scrupules que l’on suit dans Vaurien, de Peter Dourountzis. Une hypothèse pourrait être que s’y joue un mécanisme semblable à celui décrit par Daniel Arasse dans On n’y voit rien à propos de la Vénus d’Urbin du Titien.
      Le tableau en question dispose une femme dans une posture provocatrice. On ne sait si elle est une grande courtisane vénitienne ou la mère du commanditaire (son père avait commandé un tableau d’elle similaire mais habillée seulement deux ans plus tôt, il se peut donc qu’il s’agisse d’un fantasme du commanditaire), mais le fait qu’elle se touche en plus de son sourire et de la ligne de la cloison noire dont le prolongement arrive exactement au niveau de cette main participent de sa nature érotique. Un autre élément, spatial, permet d’exacerber la désirabilité de la Vénus. Daniel Arasse montre que la Vénus se situe entre le tableau et nous, observateur. En effet, la structuration du tableau rend improbable une unité de lieu entre la Vénus (au premier plan) et les servantes et le coffre à l’arrière-plan. Plusieurs éléments étayent cette thèse : le matelas sur lequel la Vénus est allongée est posé à même le sol (ce qui est invraisemblable), surtout il y a une cloison noire et sans pli (qui ne peut donc pas être un rideau) derrière la Vénus. Or on ne retrouve aucune cloison de ce type dans les palais vénitiens. Arasse en déduit que cette cloison c’est un « rien » qui permet de « rajouter » la Vénus.
      Ainsi la Vénus nous semble proche, puisqu’elle n’est pas dans le tableau mais comme posée « sur » le tableau. Se met donc en place ce que Daniel Arasse appelle une « dialectique du toucher et du voir », c’est-à-dire que désirant la Vénus on souhaite la toucher, mais que cela étant impossible nous devons nous contenter de la voir. C’est dans ces aller-retours que se produit le désir érotique propre à l’art, lequel est peut-être à l’œuvre dans Vaurien. Au cours de ce film, on suit un vagabond dans les rues de Limoges qui loge tour à tour chez un ami, dans un squat, dans la rue. Surtout, ce « vaurien » séducteur viole, tue (et souvent les deux) presque toutes les femmes qu’il rencontre. Assez logiquement le film provoque chez la majorité des spectateurs un certain malaise. Plus surprenant, peut se mêler à ce malaise une certaine adhésion au film qui passe par une forme d’adhésion au personnage principal.
      Je pense que c’est une variation de la dialectique du toucher et du voir qui est à l’œuvre lors du visionnage de Vaurien. Ce que nous désirons à travers le personnage de Djé c’est sûrement de toucher ces femmes et peut-être de « toucher du doigt » ce que peut être un rapport désentravé (ici éminemment cruel) aux femmes. Là encore, l’œuvre d’art rend impossible ce toucher et nous devons nous contenter du voir- et c’est tant mieux. Tant mieux parce que nous serions sans doute bien incapables d’explorer d’aussi obscurs et inavouables (même et surtout à nous-mêmes) affects sans la médiation de l’écran, de la nature œuvre d’art de l’objet contemplé. Le fait que le désir (volonté de toucher) déclenché par l’œuvre soit ici inavouable permet, contrairement à ce qui a lieu pour la Vénus, de désirer simultanément être réduit au voir et toucher. Pour la Vénus, il y a pour le spectateur autant désir de toucher que d’être réduit à voir ; puisque c’est cette contrainte qui permet l’érotique du tableau. Nous désirons également le fait d’être réduit à voir pour Vaurien, mais cette réduction a ceci de particulier qu’elle est précisément celle qui nous permet de voir un morceau du réel que nous nous serions interdits de voir sinon.
      Ce qui nous gêne et ce qui nous attire participent du même mouvement, d’un mécanisme d’expérience de l’art qui nous perturbe en tant que l’objet de notre désir (lequel est à l’origine de notre adhésion) ne devrait pas être désirable.

    • #17329 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      J’adhère évidemment à l’esprit de cette démonstration. L’art est bien un dispositif qui permet des expériences sensorielles spécifiques. L’art crée une situation sensorielle. Ici, comme tu dis, une certaine dialectique du toucher et du voir.
      Je dirai les choses plus rudimentairement que toi ; figurons nous cette situation : un musée – ou une chapelle-, ce Titien exposé (en fresque, en toile), et un visiteur devant. Ce monsieur reste 5 minutes devant cette Venus nue dont la main est négligemment ou perversement posée sur le sexe. Personne n’ira dire que ce type est un voyeur et un pervers. Ce type est à ce moment autre chose, autre chose qui ne va pas sans voyeurisme, mais qui n’est pas du voyeurisme. Disons que c’est du voir sans voyeurisme. L’art permet une situation où le voir atteint à sa plénitude, comme il ne lui est jamais possible dans la vie courante, hors de cette situation.

      • #17364 Répondre
        S-T
        Invité

        « L’art permet une situation où le voir atteint à sa plénitude, comme il ne lui est jamais possible dans la vie courante, hors de cette situation. »
        Oui, mon propos était un peu alambiqué, c’est reformulé plus clairement.
        Je serais curieux de voir dans quelle mesure la possibilité de profiter de cette plénitude est – pour ce film – déterminée par le genre; en tant qu’il pourrait être un obstacle au voir sans voyeurisme.

    • #17469 Répondre
      zerojanvier
      Invité
    • #17480 Répondre
      Cyril
      Invité

      Y’a un Cedric Kahn, encore un film judiciaire, qui sort. Je vois que Arthur Hararari est de la partie. C’est bien Cedric Kahn ?

      • #17481 Répondre
        Charles
        Invité

        Je n’ai vu que ce film-ci de Cédric Kahn et, oui, c’est bien. Très intéressant de comparer avec le Triet car c’en est en quelque sorte l’antithèse.

    • #17609 Répondre
      Tony
      Invité

      Je partage ce court métrage de Godard, envoûtant et poétique

      • #17697 Répondre
        Adamou
        Invité

        Et un autre pour la route :

        • #17701 Répondre
          Anna H
          Invité

          Merci !

        • #17729 Répondre
          Tony
          Invité

          Merci,trés beau,encore un dernier pour la route,entretien inédit de 1985 visible depuis aujourd’hui sur Henri
          https://www.cinematheque.fr/henri/film/154582-jean-luc-godard-a-la-cinematheque-francaise-auteurs-divers-1985/

          • #17735 Répondre
            Tony
            Invité

            Super intéressante cette rencontre de Godard,ce qu’il dit en particulier sur le Tartuffe muet de Murnau auquel on comprend tout,sur la critique et moment hilarant quand un jeune lui pose une question:

            Excusez-moi je suis un peu ému de vous poser des questions parce que j’ai pas vu beaucoup de vos films mais j’ai entendu parler de vous comme intellectuel tout ça mais est-ce que vous avez envie de faire un film d’action,vous avez l’air d’avoir aimé le film de Cimino par exemple,est-ce que vous n’avez pas un projet de grand film d’action après 25 ans de carrière,un film qui n’arrête pas,qui n’arrête jamais?

            Godard répond complètement perplexe:’un film qui n’arrête jamais?

            • #17834 Répondre
              Anna H
              Invité

              Merci beaucoup ! J’ai trouvé ça génial.

        • #17845 Répondre
          Hervé Urbani
          Invité

          Puisqu’il est question de courts-métrages de Godard, je propose le tout premier, malgré le son mais comme c’est Godard, on croirait presque que c’est volontaire.
          Bruno Dumont a commencé en filmant des usines de chocolat, pour Jean-Luc, ce fut la fabrication du béton.

    • #17666 Répondre
      lison
      Invité

      Si vous êtes à Paris le 16 septembre, ne ratez pas ce film de Mohamed Zinet, Tahia Ya Didou, ( Alger insolite !) réalisé quelques années après la fin de la guerre d’Algérie , et resté longtemps invisible.
      Il n’est programmé qu’une fois.
      https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/lWpoJQV

      • #17841 Répondre
        Hervé Urbani
        Invité

        Je ne pourrai pas mais j’essaierai de le trouver autrement. Je ne savais pas que c’était l’acteur de Dupont Lajoie (frère de la victime) et qui d’ailleurs s’est fait agresser sur le tournage du film

        • #17849 Répondre
          Hervé Urbani
          Invité

          Je viens de le trouver sur YouTube, je regarderai

    • #17674 Répondre
      Cyril
      Invité

      Et sinon, au risque de paraître flagorneur, c’est qui les bons critiques de cinéma en France à part François Bégau-machin ? C’est toujours bien les cahiers du cinéma ?

    • #17676 Répondre
      Florian
      Invité

      A quand le prochain ciné club à l’Arlequin monsieur François ?
      Comme tu es en promotion pour ton nouveau livre en ce moment j’imagine que c’est Elizabeth Borne qui te remplacera pour le prochain

      • #17682 Répondre
        Ostros
        Invité

        24 octobre Une vie violente.

      • #17687 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        Elizabeth fera ça très bien
        Elle adore De Peretti.

        • #17690 Répondre
          Dr Xavier
          Invité

          Il est émis l’humble souhait auprès de la régie technique de pouvoir bénéficier d’une captation sonore ; pour la plus grande édification des peuplades silencieuses et délaissées de la France périphérique.

          • #17692 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            Je crois que l’Arlequin tient à ménager le caractère exclusif de la chose
            Donc il faut y être ou se languir.

            • #17705 Répondre
              Juliette B
              Invité

              Ils se font beaucoup d’ennemis avec un tel choix. La province gronde, bientôt elle va tonner !

    • #17691 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Je signale au passage que le film de Breillat est effectivement excellent, et d’une grande richesse

      • #17702 Répondre
        Malice
        Invité

        J’étais déjà comme une puce en attendant d’y aller
        tu redoubles ma joie!!

      • #17703 Répondre
        Malice
        Invité

        As-tu vu « Brève traversée », sur un thème proche ( relation adulte-mineure)?

    • #17704 Répondre
      Malice
      Invité

      mineur pardon ( mineure c’est dans « 36 fillette »)

    • #17706 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      je pensais avoir vu tous les Breillat mais non celui la je ne le connais pas

      • #17710 Répondre
        Malice
        Invité

        https://archive.org/details/brief-crossing

        Rencontre entre une adulte, Alice, et un ado, Thomas, sur le ferry
        On ne les quitte pas d’une semelle tandis qu’ils dînent et boivent ( et plus si affinités) jusqu’à la fin du voyage.
        J’adore ce film qu’on peut à la fois voir et écouter ( le dialogue ininterrompu des deux personnages pourrait être un roman ou une pièce à lire dans un fauteuil; je le trouve meilleur que celui des personnages d' »Anatomie de l’enfer »)

      • #17713 Répondre
        Charles
        Invité

        Tu en recommandes? Je crois n’en avoir vu aucun.

        • #17720 Répondre
          Malice
          Invité

          Etant donné que j’ai une passion pour Breillat j’ai tendance à tout recommander mais voici le haut de mon podium :
          « A ma soeur » et « 36 fillette » pour les fans de teen movie ;
          « Romance » pour les amateurs de bondage
           » Une vieille maîtresse » si tu aimes les films en costume ( je recommande le livre de Barbey d’Aurevilly également, c’est moins bien écrit que du Flaubert mais les personnages féminins sont passionnants, surtout celui de la créature Vellini, jouée dans le film par Asia Argento),
           » Brève rencontre », son « before sunrise »
          « Parfait amour » ( super première scène de faux documentaire où un homme reconstitue le crime qu’il a commis)
          « Abus de faiblesse » ( j’adore toute la première séquence à l’hôpital, parmi les – vrais?- soignants, où le personnage d’Huppert se remet de son avc et réapprend notamment à faire rire son visage)

          • #17721 Répondre
            Malice
            Invité

            J’ai oublié ses contes : « Barbe bleue » et « La belle endormie » ( préférence pour le deuxième, en particulier le personnage de petite gitane à couteau)

            • #17726 Répondre
              Tony
              Invité

              Je confirme pour L’été dernier, vraiment un grand film,on est gâté en cette rentrée,je l’ai presque trouvé trop court, ça se finit assez brutalement, en tout cas quels acteurs et Lea Drucker elle est incroyable.

              • #17902 Répondre
                Malice
                Invité

                Mais la conclusion est bien trouvée
                il y a une sorte de générosité et d’amour total dans la dernière phrase du mari

                • #17907 Répondre
                  Juliette B
                  Invité

                  Moi je ne l’ai pas pris pour de la générosité. Il ne veut pas entendre. Et son refus est impérieux.

                  • #17911 Répondre
                    Malice
                    Invité

                    C’est une interprétation personnelle mais pour moi, il ne veut pas l’entendre parce-qu’au fond, il accepte qu’elle ait un deuxième amour; parce-qu’il l’aime à ce point

                    • #17944 Répondre
                      amour
                      Invité

                      L’aime-t’il à ce point ou n’a-t’il seulement pas le choix? That is the question. Question of Life.

                    • #17949 Répondre
                      Juliette B
                      Invité

                      Je pense que c’est les deux. Mais il lui intime l’ordre de se taire, ce qui n’est pas rien. Il a peur de l’entendre.

                      • #17954 Répondre
                        amour
                        Invité

                        En bref, pas le choix.

                      • #17963 Répondre
                        Juliette B
                        Invité

                        Je ne répondais pas à l’alternative que tu poses. Il pense sans doute l’aimer mais lui demande avec force de se taire au moment où, pense-t-on, elle s’apprête effondrée à parler. On ne saura jamais ce qu’elle allait tenter de lui dire ou de faire. C’est pour moi dans le film un moment violent.
                        fait écho au moment où sur l’herbe le jeune homme demande à Lea qui a été son premier amant et qu’il attend, curieux, amusé et impatient, sa réponse. Elle epleure doucement en disant ne pas pouvoir le faire. Il lui demande pardon.
                        Elle est tout le temps interdite de parole, sauf pour mentir bien.
                        Avec sa soeur quelque chose pourtant toujours se relâche. Et on ne doute jamais de leur amour.

                      • #17979 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        Je trouve bien plus violent pour le mari d’avoir à avaler que la femme qu’il aime brûle pour son propre fils, avec lequel elle vient de copuler; à sa place j’aurais envie de péter les meubles plutôt que de la serrer contre moi en lui disant de se taire

                        tu dis qu’Anne est tout le temps interdite de parole sauf quand elle ment; je trouve qu’elle s’exprime beaucoup au contraire : par exemple, quand elle justifie son escapade en plein dîner, elle a un aplomb et une franchise qui sont à des lieux de la femme penaude d’avoir manqué à son devoir.
                        Pour moi elle est pragmatique avant tout : elle a envie du jeune homme, peut-être qu’elle l’aime, mais elle ne laissera pas cette liaison détruire sa famille. Du début à la fin, elle a un contrôle sur la situation qui ne vacille que lors de la dernière irruption de Théo. Après le générique, on peut imaginer que la situation finira par mettre fin à ce qu’elle a cherché à maintenir…si son mari craque, si les amants se font surprendre…
                        Son silence à la fin n’est pas celui d’une femme frustrée de parole, c’est l’acceptation du contrat que lui propose son mari :  » gardons le silence ensemble pour la sauvegarde de notre mariage »

                      • #17980 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Bizarrement moi je n’ai pas réussi à trancher sur cette fin, est-ce que ce que l’on voit arrive réellement ou ne serait-ce qu’un rêve?

                      • #17984 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        Je n’y avais pas pensé, c’est une piste mais ça rend moins fort les derniers mots tu ne trouves pas?

                      • #17986 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Pourtant l’hypothèse du rêve me paraît plus probable,par exemple comment Théo peut-il savoir en débarquant en pleine nuit que son père ne l’entendra pas?

                      • #17989 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        Après avoir couché avec sa belle-mère, révélé cette relation à son père, porté plainte ouvertement, il n’est plus à une audace ou un scandale près
                        C’est un personnage acharné ( par amour ou par orgueil ou les deux)

                      • #17990 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Oui d’accord mais si il veut mettre toutes les chances de son côté pourquoi venir en pleine nuit et ne pas attendre le petit matin une fois que son père est parti?Et puis plus important pour signaler cette frontière entre le rêve et la réalité,Anne est réveillée par les coups sur la porte donc elle dormait,est-ce son rêve que l’on est en train de voir?

                      • #17992 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        J’aurais dû préciser : je pense que Théo est acharné à foutre le bordel; ça l’humilierait de se planquer de son père ou de faire un petit 5 à 7 discret dans un hôtel avec Anne. Il n’y aurait aucun panache là-dedans

                      • #17993 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        ps Le nouveau sortie de secours propose une critique du film: https://www.radio.fr/podcast/sortie-de-secours2

                      • #17996 Répondre
                        Juliette B
                        Invité

                        Cocu, copuler, quel étrange vocabulaire à propos de ce film.
                        La fin garde son mystère oui, j’aime assez qu’elle ne tranche pas. On y voit juste que ce qu’on y voit et entend.
                        Merci pour les liens vidéo et audio, ca m’a fait plaisir d’entendre la réalisatrice réussir à nouveau à rire.
                        Abus de faiblesse est en accès libre en tapant le titre et TV5 Monde sur Google ou autre pour ceux et celles que ça tente.

                      • #18019 Répondre
                        Anna H
                        Invité

                        Ça me dit bien, merci Juliette.

                      • #18022 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        Dr Xavier avait partagé ce site où on trouve tous les Breillat:
                        https://www.elacervo.com/directores

                      • #18259 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Je signale aussi ‘A ma sœur’sur TV5, sacré film là encore,et cet entretien brillant et passionnant :
                        https://www.debordements.fr/Catherine-Breillat-1-2

                      • #18024 Répondre
                        Juliette B
                        Invité
                      • #18026 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Merci Juliette c’était super intéressant.

                      • #18265 Répondre
                        amour
                        Invité

                        Ah mais je crois que l’on sait très bien ce qu’elle pourrait lui dire. Et on a pas besoin de l’entendre. La magie de ce film, d’un instant de réel, c’est juste ça.
                        Il s’en accommode car il n’a pas le choix face à une situation qu’il ne maitrise pas. L’amour fait vivre des situations comme celles là.
                        Ce n’est pas un rêve, il a 17 ans, tout est possible à 17 ans. Il s’en fiche pas mal de se faire choper. C’est la transgression qui les excite.
                        Vous lisant, je suis très étonnée de vos commentaires très frictionnels. Peut-être liés à l’inhabitude d’écouter le réel.
                        Des histoires comme celles là, y en a à la pelle. Et Breillat est encore une fois, une des réalisatrices la plus assidue au réel.
                        Il est assez juste que les mots comme copuler et cocu, sont non avenus, voire insultant pour le réel et l’oeuvre de Breillat. Le film est bien plus fort que ces pauvres mots.

    • #17728 Répondre
      Zyrma
      Invité
    • #17822 Répondre
      Tony
      Invité

      Je crois que ça pourrait être intéressant de confronter L’été dernier et Anatomie d’une chute pour voir en quoi ils se rejoignent mais aussi en quoi ils sont diamétralement opposés,à la fois sur un plan esthétique mais aussi dans leur approche d’un personnage féminin vu possiblement comme un monstre.
      Donc d’un côté on a chez Triet une femme dominante et indépendante soupçonnée d’avoir tué son mari,certains spectateurs doutent de son innocence et d’autres de sa culpabilité,comme on sait un procès s’ensuit,le spectateur devient juré et examine les faits,les dépositions,les éléments matériels et la justice finit malgré ses préventions par fléchir en faveur de l’accusée après le témoignage du fils.

      Chez Breillat le spectateur n’est pas un juré mais un témoin ou un voyeur ce qui est quand même l’essence du cinéma et Breillat nous montre cette femme et cet adolescent être comme aimantés l’un par l’autre,on est dans les pulsions et le cœur du désir et en tant que spectateur on ne se sent pas
      obligé de porter un jugement moral sur ce désir et cette passion.Alors il y a un mensonge mais comme cette passion ne peut pas être vécue sans être condamnée par la société et sans tout perdre ce mensonge nous apparaît nécessaire.Certes il y a une ambiguité au départ avec ce pacte de garder secret le cambriolage,est-ce que ce secret serait le début d’une emprise?Quelle contrepartie,demande-t-il?Elle lui répond qu’il lui suffira de s’intégrer à la famille,on saura plus tard que la contrepartie pourrait etre toute autre,celle de garder le silence sur leur relation,on pourrait aussi se demander si cette relation aurait pu avoir lieu sans cette dette,cette contrepartie de silence.
      Pour autant le désir et la passion s’imposent en dehors de tout calcul,on ne voit pas une prédatrice et sa proie mais deux êtres pris dans une passion amoureuse.
      Chez Breillat il ne s’agit pas de juger mais de voir,de ressentir et de comprendre alors que chez Triet on ne sort pas du tribunal et on substitue au spectateur voyeur  un spectateur juré que l’on noie sous les discours des uns et des autres.
      Esthétiquement le film de Breillat est magnifique,que ce soit
      la composition des cadres ou de la lumière,les plans longs d’orgasme sont d’une grande beauté,quel film et quels acteurs!

      • #17873 Répondre
        Toni Erdmann
        Invité
        • #17874 Répondre
          Tony
          Invité

          Merci beaucoup,je vais écouter ça.

      • #17900 Répondre
        Malice
        Invité

        La dernière scène d’amour est un tableau de Caravage vivant ( les nuances de la couleur de la chair, du bleuté verdâtre au rouge vif, l’obscurité brune)
        Chez Breillat les couleurs sont toujours soignées, c’est un plaisir en soi ( je pense au quasi noir et blanc d' »Anatomie de l’enfer », par exemple)

      • #17901 Répondre
        Malice
        Invité

        J’ai beaucoup aimé l’acteur qui joue le rôle du mari, très intéressant ce mari cocu bien-aimé

        • #17908 Répondre
          Tony
          Invité

          Tous les acteurs sont excellents,C.Courau m’a fait marrer dans la scène où son ex(avec sa tête enfarinée)lui ramène le gamin et Rabourdin génial quand il raconte qu’il donne des emplois à plus de 700 personnes et qu’on s’intéresse à ce qu’il a dans sa poche droite,en 2 répliques on a cerné le bonhomme, très fort.

          • #17909 Répondre
            Malice
            Invité

            Les scènes qui montrent les enfants m’ont beaucoup plu aussi ; elles m’ont rappelé les deux petites filles de « Barbe bleue » : de vrais enfants de la vraie vie

            Rien à voir mais j’ai adoré la chanson rock qui passe quand Théo et Anne « flottent » sur la route en voiture au retour de la baignade ( si mon souvenir est bon) – toute la séquence m’a électrisée, peut-être même plus que les scènes physiques ( même si le plan sur le visage de Théo lors de sa première fois avec Anne était sublime )

            • #17912 Répondre
              Tony
              Invité

              Et la chanson de Ferré à la fin on s’y attend pas et c’est très fort aussi.

              • #17913 Répondre
                Tony
                Invité

                Et j’ai vraiment trouvé qu’il y avait du suspens du début à la fin,c’est impressionnant.

              • #17915 Répondre
                Malice
                Invité

                Première fois de ma vie que je n’étais pas agacée d’entendre une chanson de Ferré
                A propos des vingt ans perdus/retrouvés, ce qui m’a frappée dans le film, c’est le rajeunissement intérieur ( qui rayonne à l’extérieur) de Léa Drucker quand son amitié pour le jeune homme commence – ils ont l’air de deux ados complices faits pour s’amuser ensemble; on voit l’adolescente qu’a été Anne surgir sous la peau de la femme mûre.
                Comme Breillat quand elle clame avoir 14 ans dans sa tête

            • #17935 Répondre
              François Bégaudeau
              Maître des clés

              sonic youth

              • #17948 Répondre
                Malice
                Invité

                merci! J’ai retrouvé le titre : « dirty boots »

                • #17951 Répondre
                  Malice
                  Invité

                  extrait d’interview de Breillat au sujet de la séquence que j’aime:

                  « j’ai de vrais fans américains, et j’avais découvert sur Internet que Kim Gordon [cofondatrice de Sonic Youth, ndlr] en était une. Elle disait que, à la fameuse question « sur une île déserte, qu’est-ce que vous emporteriez ? », elle avait répondu 36 fillette [sorti en 1988, dans lequel une ado de 14 ans noue une relation ambiguë avec un homme cynique de 40 ans, ndlr]. D’ailleurs, elle a fait un groupe qui s’appelle Body/Head à cause de la réplique du film, quand le type dit à l’héroïne : « Là, tu veux pas [en désignant sa tête, ndlr] et là tu en dégoulines d’envie [en désignant son sexe, ndlr]. » C’est un film qui a été culte pour les Américains, gros succès, alors qu’en France ça a été un effroyable échec. »

    • #17956 Répondre
      jacques Sceptes
      Invité

      Pourquoi François Bégaudeau ne joue pas un prof dans Un Métier Sérieux ?

    • #17982 Répondre
      martin
      Invité

      Est ce que c’est du même acabit que la Vie scolaire ?

    • #18023 Répondre
      Graindorge
      Invité
    • #18227 Répondre
      nefa
      Invité

      Vu qu’il y a beaucoup de cinéphiles parmi vous, je cherche le titre d’un film que j’ai regardé à la télé quand j’étais petit (début des années 70). Il me semble que c’était un film italien, en noir et blanc (pas sûr). Il était sous titré mais je ne savais pas lire. Pourtant une scène à la fin m’a bouleversé. Il y avait un adolescent, treize, quatorze ans (un grand pour moi à l’époque) qui courrait dans les rues d’un village (maisons basses) de pêcheur (?). Il était poursuivi par tous les villageois (la meute). Il se retrouve dans une ruelle, seul, enfin pas vraiment parce qu’il y avait un petit garçon assis contre un mur. Le grand dit quelque chose au petit puis continue sa route. C’est une impasse. En face de lui : la mer. La foule le rattrape. Ils échangent quelques mots. Puis après les avoir regardé tous, une dernière fois, avec un regard provocateur, il se jette à l’eau.

      • #18237 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        Ca ressemble plus à un cauchemar qu’à un film, ton truc
        Mais les vrais cinéphiles ici (pas moi) sauront peut-être te renseigner.

      • #18242 Répondre
        Dr Xavier
        Invité

        Un ado italien qui se fait pourchasser par des villageois pêcheurs avant de se jeter dans la mer ? C’est naturellement Luca (Enrico Casarosa) que tu as vu. <humour de non cinéphile>
        (Casarosa qui a d’ailleurs réalisé le très beau petit dessin animé La Luna)

        • #18270 Répondre
          Graindorge
          Invité

          trop mimi. Ideal avant d’aller faire dodo. Merci Dr Xavier🙂 Buona notte !😴🌙

      • #18244 Répondre
        Benoit
        Invité

        Ce que tu décris des décors fait penser à la terre tremble de Visconti en tout cas

        • #18257 Répondre
          nefa
          Invité

          Benoit. J’ai regardé le film. C’est pas celui que je cherche. Merci quand même.

    • #18229 Répondre
      Charles
      Invité

      C’est peu dire que le dernier Larrain, le Comte – visible uniquement sur Netflix -, est déroutant. Le film raconte l’histoire de Pinochet, vampire toujours en vie et âgé de 250 ans (car né en France au XVIIIème siècle), qui veut se laisser mourir mais dont l’entourage ne l’entend pas de la même oreille, surtout pas avant que celui-ci révèle où se trouve son héritage caché. Pitch délirant et grotesque donc mais que la mise en scène ne redouble pas par des effets du même acabit. Aucunement hystérique, la forme est au contraire assez atone, calme, pour ne pas dire ennuyeuse : un noir et blanc sans aspérités qu’on oublie vite, une voix-off omniprésente pour expliquer une scène sur deux, le tout noyé sous la musique sobre d’Arvo Pärt. Le film fait ainsi vite face à un gros problème de rythme, passé un long prologue fait de vignettes pour introduire le personnage de Pinochet-vampire. On regarde ça avec un minimum d’intérêt suscité essentiellement par la singularité du récit et quelques beaux plans. Un personnage non moins étonnant entre en scène au tiers du récit et relance un peu la machine : une nonne française qui se fait passer pour une comptable auprès du clan Pinochet et qui veut en réalité exorciser Pinochet. Elle est filmée comme un mélange de Jeanne d’Arc version Dreyer et Ema, héroïne d’un précédent Larrain, portraiturée comme une fanatique d’un calme beau et flippant. Le scénario part ensuite complètement en roue libre mais devient franchement marrant et le rythme s’accélère enfin. Le film est en définitive une comédie horrifique, un peu arty, vaguement satirique. Tout ça ne mène pas à grand-chose et n’a pas beaucoup de sens et n’a d’intérêt que par sa bizarrerie.
      Le film est produit par Netflix et on serait bien en peine d’y déceler une quelconque patte Netflix, si ce n’est que comme pour bien d’autres films où une carte blanche a été donnée à un auteur prestigieux, celui-ci semble pâtir de ne pas être tenu par un producteur ou une commande et s’y complaire (par exemple le Scorsese avec sa durée complètement déraisonnable). C’est étonnant parce que Larrain reconnaissait en interview qu’étant avant tout un craftsman, un artisan, il prenait en compte le format de diffusion et donc de visionnage de son film dans sa façon de raconter l’histoire et de la mettre en scène. Or ici, on n’est pas du tout dans un film qui mime le format sériel qui est le plus adapté au public et au visionnage netflixien. Je ne vois pas trop quels choix il a fait pour s’y adapter, hormis peut-être la voix-off explicative qui tient le spectateur par la main.
      Toutefois, je ne peux m’empêcher de penser que le silence surprenant du film autour de l’implication américaine dans le coup d’Etat de Pinochet pourrait ne pas être complètement étranger à Netflix.
      Donc un (nouveau) coup d’épée dans l’eau pour Larrain, espérons qu’avec son prochain – un biopic de la Callas, a priori plus dans son style – il retrouvera sa grandeur passée.

    • #18239 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Il m’est venu devant le film, l’idée oubliée que Netflix serait le lieu, pour les cinéastes reconnus, de placer des projets incasables en salles. C’était le cas de Roma, de Irishman, de Mank. Ici ça sent le vieux projet jamais tourné de Larrain, un Pinochet vampire.
      Le truc est en effet assez invendable. Seul me tient ici le marxisme farouche de la lecture des années Pinochet (au fond beaucoup plus un voleur qu’un tyran).
      A nouveau je vois la limite de l’imaginaire des vampires. A nouveau je me demande pourquoi tant d’artistes donnent là-dedans, tant il est évident que le vampire est artistiquement infécond (après Murnau, on avait déjà fait le tour). Les vampires ça ne marche que si l’angle est érotique – Serra, par exemple.
      Je ne comprends pas bien non plus l’option tout musique (qui est, Charles, tout sauf sobre)
      Je ne crois pas que Larrain épargne les Etats Unis à cause du contexte de production du film. Que la CIA ait ourdi ce coup d’Etat n’est plus un scoop pour personne, et on trouvera dans certaines productions Netflix des attaques beaucoup plus violentes contre l’Etat américain. Je crois donc juste que son sujet n’est pas ici le coup d’Etat, mais l’exercice même du pouvoir: les quatorze années qui ont suivi (et même celles d’après)
      Mais je te l’accorde, un film qui souligne opportunément la filiation Thatcher-Pinochet aurait pu et du souligner la filiation entre les néolibéraux américains et Pinochet. Ce qui ré-accrédite ton hypothèse.

      • #18240 Répondre
        Charles
        Invité

        Content que tu l’aies vu. Arvo Pärt n’est pas sobre mais un peu minimaliste non? C’est pas de la grande symphonie quoi, pas pompier. Je suis d’accord que l’aspect vampire n’apporte pas grand-chose même si l’idée d’une continuité de la Réaction qui commencerait à la Révolution est intéressante et bien figurée ainsi.
        Oui c’est bien parce que le film insiste sur la complicité thatcherienne que je m’étonne du silence sur les US.

        • #18251 Répondre
          François Bégaudeau
          Maître des clés

          Oui cette continuité de la Réaction, c’est très fort – je suis étonné de trouver un film si radical politiquement, je n’avais jamais vu Larrain dans ce registre. Mais elle aurait pu être figurée par autre chose que le vampire, métaphore sans doute juste bien qu’éculée (oui les propriétaires sucent le sang des travailleurs, littéralement), mais qui à l’écran ne donne jamais rien de nouveau, est d’un répétitif pénible.

        • #19398 Répondre
          Seldoon
          Invité

          J’ai été tout eautant dérouté. A mon avis le silence sur les américains c’est parce que pour Larrain l’inclusion de Thatcher fait le boulot. Le film n’est absolument pas historique, il se plait à balancer des faits historiques (détournement d’argent ici, trahison par là) un peu partout mais toujours par un personnage qui l’évoque sans en faire vraiment le récit. On est à deux doigts de regarder 2 heures d’exposition. Seulement, ils ne donnent jamais les détails, on a l’idée. On rejoint un peu le loup de wall street de Scorsese de ce côté là : ce qui interesse le réalisateur est que ces personnages soient corrompus, pas vraiment les faits de corruption eux-même. Sur le coup d’état, qui est le seul récit par un personnage dans lequel j’ai trouvé de la force, tout l’accent est sur la trahison (« L’armée ne vous trahira pas ! Le lendemain je le trahissais. »), et légèrement sur la culpabilité. Dans ce cadre là, le capitalisme est déjà extremement (puisque c’est la voix off) présent via Thatcher, rajouter les états-unis n’aurait que peu d’intérêt pour Larrain puisqu’il n’est pas question de parler de géopolitique ou de ce que fut la dictature chilienne.

      • #18246 Répondre
        Gaëtan
        Invité

        C’est effectivement l’angle qu’a pris Lucile Commeaux dans son regard culturel hier.
        « Netflix ne standardise pas le cinéma d’auteur, au contraire il le dérégule », pour le meilleur parfois (Appolo 10½, Roma, …) et pour le pire aussi.
        En tout cas, ça me permet de dire que ses récentes chroniques visent souvent juste je trouve (celle sur le « male gaze » et le documentaire évoqué sur une autre page du forum, celle sur Avignon/Angot, sur le film de RAZ ou celle intitulée « Le fantasme des lecteurs sensibles »).
        https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-regard-culturel/le-regard-culturel-chronique-du-mercredi-20-septembre-2023-2547364

        • #18247 Répondre
          Charles
          Invité

          Mouais je trouve ses chroniques très inégales. J’ai déjà dit ce que je pensais de sa chronique sur Angot (un peu malhonnête dans sa façon de tronquer et d’euphémiser la pièce) et même là je trouve qu’elle est excessive et un peu à côté. Le film peut difficilement être qualifié de laid tout de même et je ne vois pas en quoi il est, avec les autres cartes blanches d’auteur, un « faux film d’auteur ». Par ailleurs, s’il est vrai que plusieurs de ces films sont en noir et blanc, je n’y vois pas une stratégie distinctive de Netflix ou de ces cinéastes (surtout que bon, Fincher n’a pas vraiment besoin de ça pour être qualifié d’auteur) mais plutôt comme le dit François une possibilité que les auteurs exploitent sur Netflix faute de pouvoir le faire aussi aisément avec un film distribué en salles.

          • #18353 Répondre
            Leo Landru
            Invité

            J’avais été surpris par la faiblesse de The Power of the dog de Jane Campion que je trouvais surestimé – quasiment formaté pour Netflix, avec son manichéisme, sa photo et ses cadres pompiers, et ses acteurs cabots (insupportable Benedict Cumberbatch – seul Jesse Plemons s’en sort bien, comme souvent). Plus bizarre encore le remake tout à fait fade de Rebecca, de Ben Wheatley qui avait marqué dès Kill List, qui marque l’enterrement artistique ce cinéaste – son dernier film en date est un truc de monstres improbable que je n’ose même pas regarder. Babak Anvari aussi, qui avait lancé sa carrière internationale grâce à l’éprouvant Under the shadows et s’est ensuite enfoncé dans une série de trucs sans grand intérêt. Son inattendu Wounds était plutôt sympathique mais montrait un essoufflement qui s’est confirmé avec l’ennuyeux I came by (deux productions Netflix).
            À part pour Roma, The Irishman (convenu néanmoins) et le moyen Mank que j’ai aimé malgré tout (la prestation de Charles Dance y est pour beaucoup), il y a quand même un truc chez Netflix qui tire les cinéastes vers le bas. Une sorte de mise au pas des intrigues et des formes (Wounds fait d’ailleurs figure d’exception avec son final tout en déni de conclusion).

            • #18354 Répondre
              Charles
              Invité

              S’il y avait mise au pas, ça veut dire que Netflix les formaterait mais sous quels critères alors? Quel rapport entre Roma, Irishman et Power of the dog?

              • #18365 Répondre
                Leo Landru
                Invité

                La distribution.

              • #18369 Répondre
                Leo Landru
                Invité

                Culturellement, je ne vois pas d’effort majeur à faire pour le spectateur français devant le Okja de Bong Joon-Ho, bien plus inoffensif que le reste de son œuvre, ni même Roma, qui est probablement dans le catalogue Netflix ce qui se rapproche le plus d’un film d’auteur dans la forme.
                Le nivellement se fait par l’accessibilité. Je n’ai que de rares souvenirs de films vraiment audacieux produits par Netflix (Roma, mais ensuite il faut fouiller dans le genre – I am the pretty thing that lives in the house par exemple) et je pense que ce sont pour la plupart des accidents.
                Le point commun entre Irishman, Mank et Power of the dog se trouve dans leur identité visuelle : c’est un Scorsese, c’est un Fincher, c’est un Campion, les trois ont adoubé Netflix avec un film qui ressemble au reste de leur œuvre majeure.
                Imaginons Lynch chez Netflix, reproduirait-il Mulholland Drive ou Une Histoire Vraie ?

                • #18371 Répondre
                  Charles
                  Invité

                  Okja n’est plus accessible que Snowpiercer tandis que Roma est le plus radical de Cuaron. Mank est pareillement le moins grand public des Fincher et bien moins identifiable comme film de Fincher qu’un Gone girl ou Millenium.

                  • #18372 Répondre
                    Charles
                    Invité

                    Pas plus*

                    • #18374 Répondre
                      Leo Landru
                      Invité

                      Ok admettons Roma et Mank.

              • #18373 Répondre
                Leo Landru
                Invité

                Enfin je me rends compte que je ne parviens pas à être précis, ou pas assez. Disons la chose suivante : un film Netflix doit pouvoir être vu en France, aux États-Unis, au Mexique et en Corée de la même manière. De fait, le film se doit de rester formellement proche du reste de l’œuvre de son auteur tout en demeurant accessible au plus grand nombre. Roma fait figure d’exception. Mais si on regarde les autres cinéastes reconnus qui s’y sont collés, la plupart ont fait des films de guerre, de gangsters, de cow-boys, de SF ou de fantômes. Ou de cité, comme le Athena de Gavras, largement plus exportable que Notre jour viendra (que j’admets n’avoir pas compris).

                • #18375 Répondre
                  Charles
                  Invité

                  Pareil pour le Larrain, je ne vois pas en quoi le Comte est vraiment mainstream ou très proche des biopics qui l’ont rendu célèbre.

                  • #18376 Répondre
                    Leo Landru
                    Invité

                    Pas encore vu. Mais de prime abord, je vois Pinochet et vampire, deux signifiants universels. Comme pour Mank, il y a tout de même Hollywood dans le récit, signifiant universel encore – et Fincher est la vache à lait de Netflix avec House of Cards et Mindhunter.

                    • #18377 Répondre
                      Seldoon
                      Invité

                      Il faut quand même séparer :
                      – les films Netflix de réalisateurs prestigieux qui n’y sont venus qu’avec la garantie d’une liberté absolue et parfois même d’un budget illimité (the Irishman)
                      – les films pas Netflix mais finalement rachetés par Netflix (si je ne m’abuse, Roma)
                      – les films Netflix vraiment Netflix par des réalisateurs dont le prestige n’est pas suffisant pour négocier un foutage de paix totale

                    • #18380 Répondre
                      François Bégaudeau
                      Maître des clés

                      Léo, attends quand même de voir le Larrain
                      Tu vas voir la gueule de l’accessible
                      Je disais invendable, et je maintiens. Vraiment pas un film accueillant – même pour moi larrainiste de la première heure. ET dans le genre universel je ne suis pas certain qu’il soit universellement connu que le Chili de Pinochet fut le laboratoire du néo-libéralisme.
                      On oublie peut-être un élément de réflexion, et un des nombreux schémas possibles du deal Netflix-auteur : fais donc le film que tu veux, ce qui m’importe c’est ton nom dans mon catalogue.

                      • #18382 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Oui c’est ça,ils achètent des auteurs pour avoir des films de festival ou à Oscars,c’est une stratégie de publicitaire.

                      • #18383 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Enfin Scorsese leur a fait raquer 200 millions, ça ne se reproduira plus.

                      • #18384 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Les fameux « vanity projects ». Je pense effectivement que seul le nom compte mais qu’avec le Scorsese ils ont été un peu échaudées car ils escomptaient quand même avoir un truc un peu rythmé et balisé comme les Infiltrés avec des acteurs prestigieux et ils se sont retrouvés avec un film fleuve sans éclat de 3h30.

                      • #18385 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Je comprends pas pourquoi Scorsese a besoin d’autant d’argent,je vois pas où passe ce pognon de dingue.

                      • #18389 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        On entend que Netflix ne veut plus d’énormes vanity projects, si c’est vrai c’est qu’ils n’ont plus les moyens, leur marge baisse (chute d’abonnés aux US, l’Europe montre qu’elle va suivre) qu’ils tentent péniblement d’endiguer en montant les prix et en faisant la chasse aux comptes partagés. Rien à voir avec les films eux même.

                      • #18388 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Je crois qu’aucune plateforme n’a été échaudée par le Scorsese, la preuve est qu’il y a eu une « billing war » pour son suivant, qu’Apple a remporté, avec encore un budget pharamineux. Je n’ai jamais remarqué que Netflix changeait son fusil d’épaule après une audience ratée ici ou là. Par exemple, son premier film, Beasts of no nation, a été un four critique et public, et la stratégie « auteurs » de Netflix n’a pas l’air d’avoir changé d’un iota depuis. Netflix ce n’est pas un studio, il n’ont rien à faire des entrées en salle ou d’un équivalent numérique. Le nerf de la guerre ce sont les taux d’abonnement et de désabonnement. Ce qui échaude Netflix, c’est quand ils perdent des abonnés. Un Scorsese inédit dans le catalogue ça compte. Je suis persuadé qu’un bon paquet des vieux films qu’ils ont en stock ne sont pas la pour être regardés mais pour rassurer le cinéphile qui maintient alors son abonnement en se disant en lançant le jeu de la dame qu’il finira bien par revoir Taxi Driver (alors qu’il l’a déjà sur deux supports différents).

                      • #18390 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Ah bon je croyais que Scorsese avait migré sur Apple justement parce que Netflix avait refusé de mettre le prix exigé.
                        Je ne suis pas sûr que Netflix fût ravi qu’on mette en avant que la plupart de ceux qui ont lancé the Irishman sur leur plateforme ont arrêté au bout de 30 minutes. Mais sinon tu as raison c’est un appel d’air pour cinéphiles. Ca marche un peu, moi je maintiens un abonnement Netflix parce que je sais que sinon je passerai à côté de bon nombre de films d’auteur que j’apprécie (par exemple le prochain Linklater).

                      • #18391 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        (en vrai je maintiens parce que ma femme regarde beaucoup de séries et que c’est elle qui décide).

                      • #18392 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        En dehors des quelques auteurs que Netflix achète,force est de constater que c’est d’une grande médiocrité leur catalogue, d’ailleurs pour toi Seldoon j’ai une citation de Daney qui s’applique parfaitement aux films Netflix:
                        ‘Le film est faible, mais de cette faiblesse qui ne révolte pas.Il est possible de passer le temps de la projection à se demander ce qu’il aurait fallu faire pour l’améliorer.Sans se cacher qu’amélioré,il serait resté faible.C’est la définition même du charme du film de série: améliorable,certes,mais presque aussi supportable raté que réussi.’

                      • #18393 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Et moi je maintiens mon abonnement pour ma fille.

                      • #18398 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Je peux témoigner du fait que ne-plus-être-abonné ne produit aucun manque.

                      • #18401 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Je n’ose te demander comment tu as vu le Larrain dans ce cas.

                      • #18402 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Pablo me l’a montré en privé

                      • #18403 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        en vrai je dois ce privilège à la diligence d’un sitiste compétent en streaming

    • #18261 Répondre
      Benoit
      Invité

      Bonjour,
      Le prochain Dumont

      De rien !

      • #18262 Répondre
        Toni Erdmann
        Invité

        Comment as-tu déniché cela alors que le distrib n’a même pas encore communiqué dessus ?

        • #18266 Répondre
          Ostros
          Invité

          J’étais venue pour la poster !
          Elle circule sur Facebook.
          Ça a l’air dingue. Le retour de p’tit quinquin.

          • #18273 Répondre
            Tony
            Invité

            C’est le retour de Jean Marie Poiré.

      • #18263 Répondre
        Charles
        Invité

        P’tit Quinquin saison 3, quoi. Pourquoi pas.

    • #18280 Répondre
      Tony
      Invité

      Bon Acide ça vaut le coup ou pas?Et Deserts me tente bien mais j’hésite aussi,que voir?Kaurismaki j’ai l’impression de l’avoir déjà vu donc je le mets de côté pour l’instant à moins d’être convaincu du contraire…

      • #18281 Répondre
        amour
        Invité

        Le Ciel rouge; les feuilles mortes; l’arbre aux papillons d’or; Fermer les yeux et voyage en utopie
        et pour se moquer Visions

        • #18290 Répondre
          PoutPout
          Invité

          Si je dois abonder dans le sens d « amour » – qui ne le ferait pas avec un si beau pseudo ? – FERMER LES YEUX c’est une certitude mais c’est une espère rare dans les salles de cinéma. L’ARBRE AUX PAPILLIONS D’OR c’est également un don à celui qui ouvre les yeux, celui qui veut voir ! Ca fourmille de vie. DESERTS, c’est la première heure de cinéma la plus drôle et acide sur le capitalisme de l’année. Ensuite… je laisse le suspense. Il y a une coupure radicale qui est détonante mais pas déconnante. Après, je n’ai pas vu la version finale au cinéma. À Cannes, la deuxième partie était plus longue. Le producteur voulait couper. Il a été coupé. Et encore. Et encore. Le film en avait certainement besoin mais là, je ne sais pas la santé de cette deuxième partie qui n’a pas l’air de choquer grand monde. LE CIEL ROUGE, c’est tonton Petzold qui retrouve ses jouets. Je le trouve assez bon à traiter la question des éléments – l’eau dans ONDINE, le feu dans LE CIEL ROUGE… Le personnage principale est assez intéressant, médiocre personnage d’écrivain, antipathique et plus qu’intéressant à mon goût. ACIDE c’est un divertissement assez cynique sur une évolution fictive du changement climatique. Philippot perd en acuité sur la question sociale dans ACIDE par rapport à LA NUEE ce qu’il gagne en élément catastrophique. LES FEUILLES MORTES ça marche sur tout le monde autour de moi. Assez intéressant de voir que les jeunes aiment beaucoup. Difficile de parler de tous ces films en quelques lignes… Dans les prochaines semaines, il ne faudra pas louper le Radu Jude : N’ATTENDEZ PAS TROP DE LA FIN DU MONDE. NOTRE CORPS de Claire Simon est également passionnant ! Qu’ils sont longs et bons ces films…

    • #18282 Répondre
      Tony
      Invité

      Tu l’as vu le ciel rouge?

      • #18386 Répondre
        amour
        Invité

        Oui, vu et apprécié. Faut aimer Petzold et les ambiances oniriques un peu à la Fassbinder. A la Fassbinder, c’est largement surestimée mais j’ai envie d’être bonne avec lui.
        La beauté du geste est à voir.
        Oui PoutPout, et encore tu n’as vu que mon pseudo. Le Notre Corps, serait un retour un peu plus construit de la part de Claire ? J’ai des doutes.

    • #18311 Répondre
      Charles
      Invité

      Quelle éclatante réussite le Breillat. Le film parvient bien mieux que le Triet à créer un personnage féminin complexe, retors, dangereux – cette scène où elle nie en bloc face à son mari est vertigineuse et se place immédiatement dans les scènes les plus fortes de cette année. Le personnage m’a fait étonnamment penser à celui d’Elle de Verhoeven. J’y ai retrouvé le même pur instinct de survie qui les rend redoutables et presque sans pitié. Je ne sais pas si je qualifierais les scènes de sexe incestueuses de belles mais elles ont quelque chose de juste et j’en ai rarement vu de telles filmées ainsi.

      • #18315 Répondre
        Tony
        Invité

        Je ne peux qu’abonder dans ton sens,la scène du mensonge est non seulement génialement jouée par Drucker( et on entend alors en écho la première scène du film où elle dit à la jeune fille qu’aux assises on accuse la victime,c’est diabolique et en même temps elle ne peut pas faire autrement,elle doit sauver sa peau)mais en plus avant que le mensonge arrive il se passe plein de choses,on sait qu’il sait,elle le sait aussi,elle n’a plus d’appétit et la mise en scène du suspens est magistrale.

        • #18322 Répondre
          François Bégaudeau
          Maître des clés

          On n’est pas obligés de jouer un film contre l’autre – quand donc allez donc vous pardonner à vous même de ne pas aimer le Triet autant que d’autres.
          J’aime les deux films. L’un a des forces (Triet est bien meilleure en dialogue que Breillat, qui frole 10 fois la faute de gout) que j’autre n’a pas (Breillat est bien plus attentive au cadre que Triet)
          Avec du recul je crois qu’on s’égare à considérer que le coeur du film de Triet serait le personnage féminin. Le sujet du film ce n’est pas ce personnage, c’est, d’une, la vérité, de deux, un couple d’écrivains (le système organique d’un couple d’écrivains)
          Le Breillat est quant à lui vraiment centré sur son personnage féminin. On la voit vivre, faire des choses – ce n’est jamais le cas de Sandra qui est une femme-prévenue, une femme-jugée, une femme-dans-une situation-de-procès (ça commence par le drame, ça termine par le verdict, point)
          On n’oubliera pas de sitot le personnage de L’Ete dernier (le gamin est anecdotique, d’ailleurs il n’existe pas, il est une production mentale)
          On n’oubliera pas de sitot le labyrinthe herméneutique d’Anatomie d’une chute.

          • #18328 Répondre
            Charles
            Invité

            Quelle drôle d’idée de penser qu’on s’en voudrait de ne pas aimer un film qui fait l’unanimité pour lui. Surtout que le succès du film n’a rien de mystérieux. Je note simplement qu’on a beaucoup loué son personnage féminin central et sa complexité qui m’a moi laissé un peu de marbre.
            Il est vrai que le Triet est mieux dialogué car beaucoup plus de choses s’y jouent dans la parole que dans le Breillat. Quand tu parles du gamin qui n’existe pas, tu parles du Triet ou du Breillat?

            • #18329 Répondre
              Tony
              Invité

              Le gamin chez Breillat est objectivé,on est jamais seul avec lui,il est toujours vu par quelqu’un,soit son père soit Anne pour qui il est ‘cet obscur objet du désir’.

              • #18330 Répondre
                Charles
                Invité

                Très juste.

                • #18338 Répondre
                  Charles
                  Invité

                  Momcilovic en parle brillamment dans Sortie de secours, au passage.

                  • #18363 Répondre
                    François Bégaudeau
                    Maître des clés

                    Oui j’ai trouvé Momci brillantissime sur ce film. Un festival d’intelligence et d’acuité.
                    Je disais que le gamin était mental, ce n’est pas une vérité c’est une lecture du film. Que suggèrent, par exemple, le plan où le jeunot est en profondeur de champ, flouté par la baie vitrée. Il est le tiers fantasmatique au sein de ce couple (espace intérieur inaccessible incarné aussi par l’incongru tableau au-dessus du lit conjugal).

                    • #18367 Répondre
                      Charles
                      Invité

                      Oui, il n’est d’ailleurs pas exclu que comme tout bon critique il soit quand il en parle plus intelligent que le film.
                      Effectivement, le fils est une apparition. Breillat dit avoir eu pour référence Théorème. Mais j’aime qu’il soit aussi filmé comme un gosse et pas seulement comme un pur éphèbe, ce qui est transparaît aussi quand Drucker s’étonne de sa minceur.

          • #18448 Répondre
            Titi
            Invité

            Je suis d’accord avec François : aucun rapport entre ces films, et en effet, pour moi, les dialogues du Breillat sont assez mauvais (bien que j’aie aimé le film) : très artificiels. Très beaux cadres en effet (le visage de Drucker qui devient ingrat dans les scènes d’amour, et la fin est formellement magnifique). Sur le Triet, je pense que ce film parle de la confiance : le postulat de Triet, me semble-t-il, c’est qu’on ne connaît jamais les gens, y compris les gens de sa famille, ce que vient révéler dans cette famille-là l’irruption du drame (et du fait divers, avec la suspicion du meurtre). La question n’est pas tellement de savoir si le personnage de Sandra a tué (puisqu’il est très vite évident que cela ne sera pas tranché) mais si on va la croire : si l’avocat, le jury, son fils vont la croire et lui accorder leur confiance (et les spectateurs, bien sûr). Et c’est une question de choix. Le doute, qui est une torture et un déchirement (pour l’enfant surtout), est résolu par la confiance, en l’occurrence une confiance aveugle que l’on doit faire au personnage puisqu’on n’aura jamais la preuve irréfutable ni de son innocence ni de sa culpabilité. Cette confiance aveugle, ce n’est pas tant l’enfant malvoyant qui l’incarne (même si la réponse vient de lui, et de la clé qui lui est donnée), mais évidemment le chien. L’animal, qu’on suit en travelling (magnifique plan) au début du film, qui fait confiance, envers et contre tout, même quand on empoisonne sa bouffe. Le dernier plan est magnifique, avec ce chien qui à aucun moment ne juge et qui donne sa confiance sans gages, sans contrepartie (alors que la scène de dispute est une forme de marchandage). Extraordinaire scène de dispute (même si l’acteur qui joue Samuel est moyen, on dira qu’il joue un rôle puisqu’il enregistre tout…), avec la toxicité de ce dialogue.

    • #18340 Répondre
      Bronsky
      Invité

      Intéressant que vous parliez des dialogues dans l’été dernier car moi aussi je les trouve assez maladroits. Surtout le fils qui parle djeuns avec qui on est à deux doigts du « wallah ».
      C’est le premier film de breillat que je vois, et je suis surpris de constater que je suis le seul cinéphile en France à trouver ça assez ringard avec une tension érotique qui peine a venir si je puis dire et des scènes de sexe vraiment ridicules surtout celle avec le mari.
      Le film a des qualités par ailleurs, ce qui se joue dans la dernière partie est très fort, j’ai juste du mal à comprendre le concert de louanges. Pour le personnage féminin complexe je pense plus à Tar qu’à celui-ci.

      • #18343 Répondre
        Charles
        Invité

        Les dialogues de l’ado ne m’ont pas dérangé, j’ai trouvé que Breillat s’en sortait plutôt bien même car c’est toujours très compliqué d’écrire pour des personnes jeunes : soit on est dans le naturalisme qui colle à toutes les expressions les plus récentes au risque du ridicule, soit on écrit des dialogues d’adulte. Beaucoup s’en sortent en faisant un peu les deux, en injectant quelques expressions contemporaines d’ados dans des dialogues sinon « normaux ». C’est ce qu’elle fait et c’est pas mal.
        Le personnage de Tar est lui aussi intéressant, même si moins complexe car c’est depuis la première scène un personnage très dominateur et n’en sort jamais vraiment.

        • #18364 Répondre
          François Bégaudeau
          Maître des clés

          Vu Tar récemment. Que je trouve, au moins formellement, un chef d’oeuvre. En terme de cadrage c’est du niveau de Haneke.

          Il est étrange de trouver ridicule la scène de sexe conjugal, tant elle s’assume comme a-réaliste, incarnant ce qui n’est que mental – la propension à se raconter à soi une histoire pour jouir (je fais court, car il y aurait beaucoup à dire sur cette scène vertigineuse)

      • #18345 Répondre
        Ostros
        Invité

        J’ai vu le film hier et je n’ai pas été autant emballée non plus. Je suis néanmoins contente de voir que dans celui-là Breillat a un peu lâché le symbolisme trés lourd et manichéen qu’on trouve dans les précédents (mais on trouve quand même ici la scène du cadeau bracelet-menotte Cartier offert par le mari à noël et le plan final sur l’alliance au cas où on n’aurait pas bien compris). Mais là je pourrais sauver ces deux points lourds par le désir de conte de Breillat.
        C’est un film qui est précis sur les rapports des familles bourgeoises à leurs acquis et leur monstruosité patente en cas de danger de les perdre. Tout est un bien. Anne et les jumelles sont les biens du mari.
        J’ai été touchée par la scène lorsque l’avocat du fils hausse le ton et menace Anne. Il y a quelque chose d’intéressant dans ce qui se joue là.
        J’ai retrouvé dans ce film les réflexes de « scénario concept » de Breillat que je n’apprécie pas. Elle aurait pu raconter l’histoire avec une Anne qui fait n’importe quel métier mais non il fallait qu’elle soit juge pour enfant victimes de violences sexuelles.
        D’ailleurs ce film est un remake d’un autre, suédois je crois. Quelqu’un.e a noté le titre ?
        J’ai apprécié dans ce film le travail des cadres. Dans les précédents elle a tendance à souvent capter les actions dans des plans assez larges et à diriger les acteurs comme des robots. On voit l’artificialité de leurs réactions et déplacements. Ici elle fait plus de découpes, va chercher des axes plus serrés c’est agréable Le jeu est plus fluide malgré encore deux ou trois réactions sclérosées par sa direction mais qu’on oublie vite.
        Je n’ai pas été surprise par le mensonge d’Anne face à son mari. Ni par le tais toi du mari à la fin. Tout est très logique et implacable c’est en cela que le film est fort.
        Le personnage d’Anne est très intéressant avec ces différentes couches qui ne s’évacuent pas les unes les autres. On ne sait pas si elle a été violée adolescente. On sait juste que ce moment a été traumatisant. Suffisamment pour la faire pleurer encore aujourd’hui. Et on sait qu’elle a avorté jeune.
        Elle défend des enfants qui porte plainte pour viol ou agression sexuelle. Elle a du désir pour le fils de son mari. Elle n’en a plus pour son mari.
        Je trouve intéressant que la transgression chez cette femme bourgeoise se passe dans l’entre soi familial. Qu’elle ne l’ai pas recherchée par elle-même d’une part. Et que ça ne soit pas arrivé à l’extérieur de la cellule familiale d’autre part, mais en son sein.

        • #18346 Répondre
          Ostros
          Invité

          Et surtout dans les points intéressants il y a le rapport au pouvoir d’Anne. Par exemple lorsqu’elle met la tête du fils sous l’eau il lui dit comme tu y vas fort elle répond « toujours ». On va voir par la suite qu’elle est tenace et d’une grande agressivité. Puis face à la menace de l’avocat de lui faire perdre son travail elle cède évidemment. Elle tient tête à son mari pour sauver sa peau mais elle avoue à son fils sa phobie de l’attracion de la chute. Sa peur de tout perdre qui pourrait lui faire aire des conneries.
          Un point important aussi étant que ni Anne ni le fils n’a d’amis.
          La meilleure amie d’Anne est sa sœur. Elle n’a que son travail et sa famille qui sont deux systèmes dont elle maîtrise les code. L’absence de relation extra familiale est troublante.
          La relation à sa soeur est très intéressante également. La soeur a essayé de joindre le mari sans lui laisser de message après qu’elle ai surpris Anne et le fils. Puis on les retrouve complices.

          • #18348 Répondre
            Ostros
            Invité

            L’absence de relation extra familiale est troublante : comme si l’inceste était inévitable du fait de l’absence de désir d’extériorité (de l’autre) chez ses deux protagonistes (Anne et le fils pour qui les sentiments ne sont pas son truc. Donc qui consomme la belle brune qu’il amène à la maison. Et qui n’a pu éprouver un attachement sexuel qu’au sein de son foyer et envers sa belle mère).

            • #18349 Répondre
              Tony
              Invité

              Les bourgeois sont très famille, l’amitié est très secondaire,je crois qu’on parlera davantage de mondanités pour tout ce qui est extérieur à la famille,par contre cette histoire de scénario concept m’intrigue un peu,moi j’ai l’impression que le film sabote le scénario,en un mot que le scénario accuse le personnage et le film l’innocente,c’est cette idée là en tout cas.
              Pour le personnage de la sœur il y a sur TV5 A ma sœur et on en a un écho ici avec ce personnage,il y a comme un pacte entre elles, à la vie à la mort.J’ai pas compris non plus ce que tu dis sur les acteurs robots,dans les quelques films de Breillat que j’ai vu je les trouve plutôt bons,ce qui te fait dire ça c’est peut être aussi le côté anti naturaliste de son cinéma.

              • #18351 Répondre
                Ostros
                Invité

                C’est peut-être ça oui.
                Pour le scénario concept c’est le fait de caractériser les personnages et les situations selon un assemblage d’éléments opposés. J’avais fait une liste de ces concepts dans les films précédents. Dans celui-là c’est Anne avocate qui défend les mineurs victimes d’abus sexuel qui va elle même abuser de son beau fils.
                Je n’ai pas trouvé que Anne soit accusée ni innocentée. Elle est à la fois sous lemprise de son désir et en position de force vis à vis de l’adolescent. Incapable de résister à ses assauts.

                • #18356 Répondre
                  Malice
                  Invité

                  Le film suédois dont s’inspire « L’été dernier » s’appelle  » Dronningen » ( ou  » Queen of hearts »)

                • #18357 Répondre
                  Bronsky
                  Invité

                  Je vois ce tu veux dire par le côté robot. Je trouve aussi qu’il y a quelque chose de très mécanique dont tout est fait pour arriver à la dernière partie, certes très forte. J’ai cru comprendre qu’elle a commencé le film en pensant d’abord à la fin et ça explique beaucoup de scènes qui ne sont la que pour préparer le retournement de situation où pour fabriquer scolairement de la complexité.
                  D’où l’impression que les personnages sont les robots du scénario. Lea drucker s’en sort pas trop mal mais le mari n’est vraiment pas aidé par les dialogues. Il y a une scène assez surjouee où il bouffe des pâtes en expliquant ce que c’est qu’une holding, scène totalement plate ou il ne passe rien mais qui sert à signifier quelque chose. En l’occurrence le mari vampirisé par le travail qui est absent donc qui ne voit pas ce qui se passe autour de lui. Il y a beaucoup de scenes comme ca. C’est du cinéma psychologique, cadenassé par le psychologie qui manque je trouve de respiration, de chair, ce qui est un comble

        • #18347 Répondre
          Charles
          Invité

          Anne n’est pas juge mais avocate, ce qui peut en partie expliquer son aisance à tenir une position puis une autre, à mentir devant son mari de façon convaincante.
          Et puis ça donne lieu à une forme de dissonance cognitive entre les victimes qu’elle défend et ce qu’elle fait avec cet ado, le personnage n’en est que plus intéressant.
          Je suis d’accord sur la complicité avec la soeur, très troublante, peut-être encore plus que celle du mari in fine.

          • #18352 Répondre
            Ostros
            Invité

            Merci pour la rectif. Oui elle à l’habitude d’utiliser les mots à son profit.
            Pour ce qui est de la dissonance cognitive d’Anne ça m’a fait penser en sortant de la séance que les représentants de la loi inspirent la confiance, peuvent réellement aider défendre protéger des personnes vulnérables (cf : la jeune qui vient lui offrir un bouquet de fleurs) et eux mêmes être capables du pire envers quelqu’un dans le même temps qu’ils agissent pour le bien d’un autre. Ca donne un relief rarement vu dans un film au système judiciaire.

    • #18419 Répondre
      Tony
      Invité

      Christine Angot pousse un coup de gueule,est-ce qu’aimer le film nous met dans le camp des esthètes?

      • #18428 Répondre
        Charles
        Invité

        Là on est vraiment, et de façon caricaturale, dans la révocation de l’art au nom de la morale et de la loi. Breillat ne lisse à aucun moment cette relation incestueuse qui est davantage montrée comme une affaire de pulsion que de passion amoureuse.
        A aucun moment on oublie l’âge de l’ado qui ressemble bien à un ado, Breillat est honnête avec ça, elle ne triche pas. Elle ne joue pas non plus la passion amoureuse de deux égaux contre la société qui la réprouverait et ne pourrait pas la comprendre. Mais comme Breillat fait de l’art et non l’illustration d’un sujet de société, elle montre effectivement une relation incestueuse singulière (qui n’a rien à voir avec les Kouchner au passage) en ce que le mineur n’est pas qu’une victime, qu’un objet de désir mais qu’il en est aussi le sujet avec toutes les réserves qu’on peut y mettre. Mais il n’est pas le centre du film et peut-être que c’est ce que regrette Angot, le centre c’est Anne et ce que cette relation révèle et provoque chez elle. Evidemment, si on n’est pas intéressé et plutôt même rebuté par les tourments des criminels et des déments, on ne peut le supporter et on refusera de voir ce film mais aussi, dans ce cas, presque toute l’oeuvre de Dostoïevski.

        • #18429 Répondre
          K. comme mon Code
          Invité

          Outre le raccourci « esthétisation = joli, les esthètes aiment ce qui est joli et basta », je retiens surtout de cette intervention qu’il ne faut jamais lire les dossiers de presse.

    • #18430 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      « je ai aimé le film jusqu’a ce que je lise l’interview de la cinéaste dans le dossier de presse »
      Voilà bien le genre de phrase qui me laissera toujours pantois
      Et comme d’habitude l’expérience esthétique est sous-observée, sous-pensée. Le film est « beau », point et l’actrice est bonne, point. Evidemment une si faible considération de l’art ne peut pas tenir longtemps contre deux lignes de dossier de presse.

    • #18443 Répondre
      Cyril
      Invité

      J’ai adoré le film de Breillat. Je me suis demandé un truc. Est-ce que ce film n’est pas le signe que les femmes arrivent en force dans beaucoup de domaines, notamment le cinéma, et qu’elles s’autorisent aujourd’hui comme les hommes avant, à exprimer au cinéma des fantasmes féminins ? Ce jeune homme me semble être le pendant masculin d’une nymphette. A-t-on affaire à un Lolita au féminin ? J’ai été très marqué aussi par les scènes de sexe que j’ai trouvées filmées (ou trouvé filmées ? Question de grammaire…) d’un point de vue féminin. On tient peut-être là un exemple de femalegaze.
      Il y aurait une analyse à faire des scènes de jouissance dans ce film mais elles me semblent toujours centrées sur le plaisir féminin, même dans celle où la caméra fixe le jeune homme, puisqu’il est vu du point de vue de la femme, qui apprécie sa beauté et sa jeunesse.

      • #18450 Répondre
        Malice
        Invité

        La référence de Breillat en matière de beau gosse est «un jeune homme de la Renaissance italienne, ayant une beauté ravageuse de fille, sans être efféminé»
        Dans « Une vieille maîtresse », Amira Casar et Asia Argento évoquent ce type de beauté, quand le personnage de Vellini déclare :  » je déteste ce qui est féminin, sauf que les jeunes hommes »

        Le plan sur le visage de Théo quand il fait l’amour m’a plutôt donné le sentiment qu’il était isolé dans son septième ciel, tout comme Anne probablement; pas sûre qu’elle voie ce que voit le spectateur

      • #18453 Répondre
        Titi
        Invité

        Lolita a douze ans, et Humbert Humbert est un prédateur. Justement, Breillat insiste sur le fait que sa Anne n’est pas une prédatrice. C’est elle qui est séduite. Elle cède à une attirance qui n’est pas de son âge (mais qui n’est pas pathologique comme dans Lolita, et contrairement à ce que dit Angot : le jeune homme vient de débarquer chez ce couple, il a la majorité sexuelle, et la relation n’est pas vraiment incestueuse, puisqu’elle ne le connaît presque pas…). Et le film n’est pas très érotique, plutôt un film sociologique (très chabrolien) : Angot est complètement à côté de la plaque, il n’y a rien d’apologique…

        • #18457 Répondre
          Cyril
          Invité

          C’est vrai que mon parallèle est un peu limité. Humbert est beaucoup plus calculateur mais dans mon souvenir Lolita cherche aussi le séduire ingénument. Dans le film de Breillat, la femme n’est pas si inactive, elle cherche les situations qui peuvent la rapprocher de son beau-fils, par exemple quand elle vient le voir dans sa chambre et qu’ils s’embrassent.
          Si elle cède si vite à son beau-fils c’est probablement qu’elle nourrissait déjà un désir de jeune homme. Peut-être même que son travail avait suscité ce type de fantasmes.
          Elle entre dans cette relation sans se sentir coupable, quand elle se défend face à son mari, cela ne ressemble pas à du déni, elle ne paraît pas effrayée par ses actes en eux-mêmes mais seulement par les conséquences qu’ils peuvent avoir sur sa vie.
          Je trouve qu’elle est dans l’affirmation de son désir vis-à-vis d’elle-même et qu’elle se protège de son mari, du pouvoir qu’il a sur elle, ainsi que de son beau-fils qui possède aussi un pouvoir sur elle par sa position de victime du point de vue de la loi.
          Quand elle s’approche de son beau-fils après le cambriolage, décide de garder le secret, c’est elle qui introduit un rapport de séduction entre eux.

          • #18464 Répondre
            Titi
            Invité

            @Cyril Je ne suis pas sûre de ça : « Quand elle s’approche de son beau-fils après le cambriolage, décide de garder le secret, c’est elle qui introduit un rapport de séduction entre eux. »
            Pour moi, à ce moment-là, elle le domine. Elle est à la fois la belle-mère qui cherche à établir un rapport un peu privilégié avec le fils de son mari (un secret entre eux) et l’avocate, qui propose une stratégie. L’attraction survient au moment de la baignade (hors du carcan bourgeois, et où il prend un peu l’ascendant en lui mettant la tête sous l’eau). Ils découvrent que leurs corps communiquent et peuvent trouver un terrain d’entente (sous les vêtements, ce n’était pas évident). La communication et la séduction verbales, c’est quand elle abandonne les invités pour aller avec lui au café.
            Je suis d’accord qu’elle ne fuit que les conséquences de ses actes, elle n’a aucune culpabilité. Elle se fiche bien des conséquences de ses actes sur les autres. Elle veut juste retrouver son confort. (Son mari n’a pas tellement de pouvoir sur elle.) C’est un personnage complètement amoral.

    • #18465 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      J’aime beaucoup cette trouvaille scénaristique : elle qui, ayant découvert le cambriolage, propose à son beau-fils un pacte : je me tais et tu te comportes bien.
      On peut dire à ce moment que c’est une première « emprise ». On peut dire qu’il y a là un calcul de sa part : comme je désire ce jeune homme je m’arrange pour le mettre sous ma botte par ce secret partagé
      Je ne crois pas tout ça.
      Je crois qu’à ce moment Anne ne sait pas ce qu’elle fait. Elle est de bonne foi : elle pense SINCÈREMENT que ce pacte fera que le jeune homme se comportera mieux. Elle parle vraiment en maitresse de maison et en belle mère soucieuse de la paix du foyer. Elle parle en adulte. Sauf que son corps pense à ce moment autre chose. Il pense en d’autres termes moins adultes ; son corps à ce moment n’a as d’âge (le désir explose les âges). Son corps, lui, crée une complicité en attendant une complicité plus intime.
      Anne n’est donc pas une manipulatrice. C’est une désirante dont le désir se trouve être sulfureux, voire interdit. Ce désir agit en elle malgré elle. Elle en est la première victime. Ce qu’incarne très bien le dernier plan du film. Elle a peur. Elle a peur de son désir. Elle est comme une épileptique qui, se croyant guérie, vient de faire une nouvelle crise. Elle se dit : je suis foutue.

      • #18468 Répondre
        Charles
        Invité

        Une épileptique ou une possédée.

        • #18475 Répondre
          Titi
          Invité

          Le dernier plan est glaçant en effet, après la fièvre de la rechute (l’étreinte avec Théo) : on devine que son mari a fait semblant de la croire (on en doutait, le fait qu’il la fasse taire alors qu’elle semble prête à avouer le confirme, sinon pourquoi ?). Elle est vulnérable – prête à avouer ? (En l’écrivant, je découvre le lien entre le Breillat et le Triet, moi qui avais dit qu’il n’y avait pas de rapport : l’enfant d’Anatomie décide de croire en l’innocence de sa mère, c’est d’ailleurs une question de survie, comme le mari décide de croire Anne et de ne pas croire son fils, pour sauver son mariage et les apparences.)

          • #18485 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            dans ce dernier plan, le mari sait bien, il sait bien que sa femme a une vie fantasmatique autonome parmi quoi figure le désir de son fils
            il décide de ne pas savoir – faire comme s’il ne savait pas
            décision hypocrite-bourgeoise? décision sage? décision héroique? décision d’amour?
            tout ça
            la polysémie morale comme on l’aime

            • #18486 Répondre
              Cyril
              Invité

              Le dernier plan me fait penser à la fin de Snowtherapy quand la mère fait semblant d’être en difficulté dans la neige pour être sauvée par son mari. Dans les deux cas il s’agit de passer l’éponge et de préserver la famille c’est-à-dire les liens d’amour qui l’unissent.

              • #18492 Répondre
                lison
                Invité

                oui et dans le film de Breillat c’est un peu plus retors que ça , c’est décider de préserver un lien familial, plutôt qu’un autre, de prendre parti pour la femme et les filles ( adoptives) contre le fils ( biologique).

                • #18494 Répondre
                  Juliette B
                  Invité

                  Et si on disait qu’avant même de décider de prendre parti pour l’un ou l’autre, consciemment, cet homme a peur, peur d’entendre la parole de son épouse à qui il intime l’ordre de se taire sans même savoir ce qu’elle va dire ?
                  On ne sait pas quels auraient été ses mots. On ne sait pas non plus comment il aurait répondu.
                  Le film nous laisse avec ça, ce mystère et cette injonction au silence.

                  • #18540 Répondre
                    François Bégaudeau
                    Maître des clés

                    Je crois quand même qu’il sait très bien ce qu’il va dire
                    Une part de lui sait très bien ce qui est arrivé – et arrivera- à sa femme et à son fils.

                • #18495 Répondre
                  Ostros
                  Invité

                  Fils biologique qui n’est pas brillant. S’est fait viré de son lycée, a agressé un prof, une tare. S’il avait été brillant dans les études, une fierté pour son père, est-ce que sa parole aurait plus compté ?

                  • #18497 Répondre
                    lison
                    Invité

                    oui, toute cette histoire c’est peut être pour le père et le fils une façon de se délier définitivement, le fils en couchant avec la femme de son père, le père en rejetant la version du fils, et en l’excluant de sa maison.
                    Moi j’aime bien voir le film aussi dans ce rapport là, qui est bien sûr moins exposé , plus souterrain.

                    • #18541 Répondre
                      François Bégaudeau
                      Maître des clés

                      Oui c’est vrai
                      Circule même dans le film l’hypothèse, anti-angotiste, que le fils aurait tout prémédité. Pour me venger de mon père je vais coucher avec ma belle-mère
                      A minima on peut imaginer que ce ressort agit en lui, à son insu.
                      Ce qui ne veut pas dire qu’il ne désire pas Anne. Mais qu’il la désire aussi pour ça, comme ça, par ça.

                      • #18549 Répondre
                        lison
                        Invité

                        oui , c’est ça, c’est vraiment des trucs auxquels j’ai pensé.

                      • #18714 Répondre
                        amour
                        Invité

                        C’est bien l’histoire de l’absentement du choix et des pulsions jacentes ou sous-jacentes.
                        Pourvue qu’elles soient vitales.

                • #18496 Répondre
                  Titi
                  Invité

                  Je suis d’accord avec Lison sur le côté retors de ce choix du mari de croire l’épouse et non le fils. C’est d’une grande cruauté : il est éjecté de la famille, n’est plus fréquentable. Dans la scène de dispute, au retour de leur parenthèse « entre hommes », le mari, qui dans un premier temps a cru son fils, dit que celui-ci lui a confié quelque chose qu’il n’aurait pas pu savoir s’il n’avait pas couché avec elle (un détail physique ? on ne sait pas). Et tout de suite il s’assoit dessus. Il décide de la croire elle. (@Juliette : il prend parti absolument à ce moment-là et n’en démordra pas, d’où son injonction au silence à la fin.) Anne a détruit la preuve matérielle de sa culpabilité en volant l’enregistrement, et elle sait que sa sœur ne la dénoncera pas.
                  (C’est d’ailleurs un peu étrange qu’il y ait ces éléments qui pourraient trahir Anne – l’enregistrement, l’arrivée de la sœur au mauvais moment : des fausses pistes pas vraiment exploitées, dans un scénario par ailleurs très sec, implacable. Chaque scène et pratiquement chaque réplique ont une fonction narrative. C’est d’ailleurs le défaut des dialogues, à mon avis, souvent trop informatifs.)

                  Mais outre ces preuves tangibles, il y a apparemment une autre preuve, annoncée comme imparable, et qu’elle ne lui laisse pas verbaliser. Dès lors qu’elle est tue par le mari, elle est effacée, elle n’a plus d’existence. On a l’impression que si ces mots avaient été prononcés, la messe aurait été dite, et le mariage, définitivement rompu…

                  • #18498 Répondre
                    Titi
                    Invité

                    Juliette, quand tu écris ça : « On ne sait pas quels auraient été ses mots. On ne sait pas non plus comment il aurait répondu. Le film nous laisse avec ça, ce mystère et cette injonction au silence. »
                    … je trouve que ça correspond aussi à la scène de la dispute, au retour du week-end entre hommes, sauf que c’est inversé : on se sait pas quels auraient été ses mots à LUI (qu’a dit le fils pour que son père le croie lors de ce w-e ?), ni comment ELLE se serait défendue une fois confondue.
                    Elle monte sur ses grands chevaux, avec une grande maîtrise (le retour de l’avocate) et l’empêche de verbaliser cela, peut-être une preuve irréfutable. L’injonction au silence vient d’elle, qui l’empêche d’énoncer LA preuve. Après cela, il pleure et décide de renier son fils pour garder sa femme.

                  • #18499 Répondre
                    Ostros
                    Invité

                    Je vois ces preuves non exploitées comme l’inéluctable pouvoir de la famille sur le scandale. Qui est selon moi déjà là en amont, dans la constitution même de cette famille.
                    Qu’on ne croit pas la (jeune) victime car elle détruit le petit monde qu’on s’est créé c’est quelque chose de constant dans les affaires d’abus sexuels que ce soit chez les bourgeois ou pas. C’est en majorité des hommes dont on préserve l’image. On a rarement vu une femme dans ce rôle là. Ça change. Et via ce féminin à la place du masculin ça nous permet de penser. Comme quand Triet fait dire et faire à son personnage femme des choses habituellement d’homme.

                    • #18504 Répondre
                      Titi
                      Invité

                      @Ostros, je ne crois pas qu’il soit question d’abus sexuels dans ce récit. Il y a quelque chose de l’ordre du conte moral dans ce scénario (le scénario à un point commun avec celui de Pauline à la plage : on nie la parole des jeunes, on ment, on les sacrifie pour sauver la face et cacher un adultère), mais Breillat rejette généralement la morale commune, surtout lorsqu’il est question de sexe. Le garçon de L’Été dernier est tout ce qu’il y a de plus consentant, et il est même amoureux (alors que pour elle la relation semble uniquement physique). Il souffre de se faire larguer et du fait qu’on ne le croie pas (alors que peut-être pour la première fois il dit la vérité aux « adultes »), mais pas de la relation elle-même.

                      • #18505 Répondre
                        Ostros
                        Invité

                        Je pense que la question de savoir si Anne abuse de sa position se pose. Le jeune souffre de la relation, et Anne aussi. Ils la subissent. Du point de vue de la loi il s’agit d’un abus sexuel / incestueux sur mineur. C’est même comme ça que c’est présenté dans le pitch il me semble. Le film donne à penser autour de ce rapport de force inéquitable entre les deux protagonistes. Je ne le trancherais pas aussi facilement.

                      • #18506 Répondre
                        Ostros
                        Invité

                        J’ai noté pour ma part qu’au contraire Breillat ne faisait que des films qui travaillent les questions de morale. Elle ne la rejette pas du tout c’est sa matière première. Breillat est une cinéaste de l’emprise au sein des liens. Ici comme dans ses précédents on est au coeur d’une affaire de morale qui est traitée dans toute sa complexité, ses ambivalences, ses zones grises.

                      • #18508 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Elle le sait qu’elle commet un abus,le film la montre se précipiter chez la mineure retournée vivre chez son père et on la voit appeler les services sociaux,elle sait et ça lui fait peur.

                      • #18510 Répondre
                        Titi
                        Invité

                        Ah bon, c’est présenté comme ça ? Ça m’étonne un peu parce que les relations sexuelles entre un mineur de 17 ans et un adulte ne sont pas interdites. C’est en effet plus une question de morale que de légalité. C’est la femme de son père, donc on peut considérer qu’elle a sur lui de l’ascendant (mais en réalité elle ne l’a pas élevé et elle n’a pas de lien du sang avec lui). Le jeune souffre à partir du moment où elle arrête la relation, puis lorsqu’il est rejeté et qu’on le traite de menteur (et de monstre). Breillat travaille bien les questions de morale, mais elle rejette le jugement moral. (J’ai en tête surtout La Vieille Maîtresse…)

                      • #18512 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Ça peut très vite être considéré comme un viol incestueux donc ce n’est pas qu’une question de moralité pour Anne.

                      • #18516 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        Titi, au sujet des sentiments d’Anne pour le jeune homme : tu n’as pas trouvé que dans la scène où Théo fait face à Anne et son père et se trouve accusé de mentir, Anne a pour lui un regard d’amour?
                        Il m’a semblé que Théo, en s’entêtant à révéler la vérité, s’entête aussi à montrer à Anne qu’il revendique son amour pour elle; et qu’elle comprend cela, d’où ce regard où j’ai lu le bonheur de se savoir aimée. Ses yeux sont remplis d’une douceur incroyable dans cette scène…

                      • #18530 Répondre
                        Titi
                        Invité

                        Du viol, je suis pas sûre : il veut qu’elle reconnaisse leur histoire, il ne l’accuse pas d’abus. Il demande qu’elle arrête de le traiter comme un menteur et qu’elle reconnaisse ce qu’il y a eu entre eux (pour lui, c’est un premier amour, probablement). En tant qu’avocate qui défend des enfants victimes d’abus, elle risque aussi sa crédibilité professionnelle, pas pour viol vraiment, mais la révélation de cette histoire avec un jeune homme, un adolescent, son beau-fils, alors qu’elle défend des jeunes victimes d’inceste, de mauvais traitements, de viol, etc., compromet sa réputation.

                  • #18500 Répondre
                    Juliette B
                    Invité

                    Oui, elle ment après un très long silence quand il l’interroge au retour du chalet. Quand elle répond, c’est en tentant de lui faire porter le poids de la honte qu’elle a probablement d’elle-même, elle attaque, l’intimide et mime avec rage un départ outré de la maison, une rupture définitive. Je ne nie pas du tout ce moment là du film.
                    Plus tard, à la toute fin, elle est à terre, effondrée et on la voit se redresser pour, suppose-t-on, parler. On ne sait pas pour dire quoi… J’aurais aimé l’entendre au delà de l’aveu de sa liaison, et lui en retour, dont on devine qu’il a déjà compris à ce moment là qu’elle lui avait menti.
                    Tu réduis leur dialogue possible, s’il n’avait été empêché, à l’aveu d’une faute par l’une et le pardon ou la condamnation par l’autre. Je l’imagine possiblement beaucoup beaucoup plus large… Le film se termine sur un tais-toi ! qui l’empêche définitivement.

                    • #18502 Répondre
                      Titi
                      Invité

                      Ce n’est pas vraiment ça : je ne réduis pas ce qu’aurait pu produire la discussion dans les deux cas, au retour du chalet et à la fin. Ces scènes n’existent pas, je n’essaie pas d’imaginer ce qui n’existe pas (comme on pourrait le faire de personnages réels : qu’aurait-il dit si, comment aurait-elle réagi…?). La discussion n’existe pas, et pour cause : à tour de rôle, la femme et le mari refusent que la vérité soit mise au jour. Je constate que dans les deux séquences, d’abord elle (retour du chalet) puis lui (fin) fait taire l’autre, de manière différente mais également autoritaire, pour éviter la parole qui provoquerait la rupture et l’éclatement de la vérité, son actualisation par la parole (au retour du chalet, la preuve de la trahison; à la fin du film, l’aveu de la trahison).
                      En fait, pour moi, le mari sait très bien, depuis son séjour au chalet, que son fils dit vrai (il lui a donné une preuve, quelque chose qu’il n’aurait pas pu connaître s’il avait menti). Mais il choisit sa femme et lui sacrifie son fils, après qu’elle l’a empêché de dévoiler ses cartes. Il renonce, il préfère sa femme (et son déni), l’état des choses de sa vie (matériel, affectif, etc.), à la vérité et à son fils.

                      • #18509 Répondre
                        Ostros
                        Invité

                        La scène où tous les deux sont en larmes dans les bras l’un de l’autre avant la décision de s’unir physiquement et verbalement contre le fils qu’ils confrontent est particulièrement intéressante au regard de la scène finale.

                      • #18513 Répondre
                        Juliette B
                        Invité

                        La parole ne provoquerait pas nécessairement la rupture, ni l’abandon répété depuis sa naissance de Theo par son père, qui ne connaît rien de lui à part qu’il a couché avec sa femme. Mais c’est ce qu’ils craignent oui. Alors ils se font mutuellement, absurdement, et violemment taire. C’est beau d’aller au cœur de ce tumulte sans vouloir peindre autre chose que lui. Et quelle peinture !

                      • #18514 Répondre
                        Ostros
                        Invité

                        Il y aurait presque un côté pensée magique (qu’on attribue habituellement aux enfants) : si on n’en parle pas alors ce n’est pas arrivé.
                        Me reste la phrase terrible d’Anne à son beau fils après qu’elle l’ait trahi : « tu es jeune tu en avaleras d’autres des couleuvres dans ta vie ». Et quelle couleuvre…

                      • #18517 Répondre
                        Juliette B
                        Invité

                        Oui. Elle parle d’elle et de ses propres couleuvres autrefois avalées on sent. Avec le petit plaisir pervers et dur comme la pierre de voir l’autre en chier comme on en a chié en silence un jour.
                        Il y a un autre moment qui m’a beaucoup troublée, c’est le temps que le mari prend au retour du chalet avant de lui parler. Il la regarde s’occuper de leurs filles, lavage des dents à la salle de bain, etc., tous les rituels avant le coucher des petites dont elle s’occupe au quotidien et pas lui. Dans son calme à différer l’explication tant que les petites filles ne sont pas hors du champ, il y a à la fois une grande cruauté envers Anne qui sent je crois comme nous la tempête venir et a peur et un grand amour à la regarder faire et à les voir vivre toutes les trois. On est sur cette crête.

                      • #18529 Répondre
                        Titi
                        Invité

                        J’avais oublié cette phrase. En la prononçant, elle prend vraiment ses distances, rétablit le fossé de l’âge, et même un peu plus : d’un coup, c’est mamie Anne (des propos de vieille dame à moitié aigrie).
                        Avant, il y a eu ce moment où ils dressent la table pour l’anniversaire d’une des fillettes et où il se colle à elle d’une manière très spontanée et juvénile, un moment de jeu qui rappelle un peu la baignade. Ce qui lui plaisait alors la gêne à présent qu’elle a couché avec lui, tandis que lui semble ne pas craindre du tout d’être confondu et se comporte comme son petit ami. Elle lui lance un truc très vulgaire et violent, avec une voix aussi très vulgaire et dure, genre : « Tu vas pas me faire chier encore longtemps. » Elle cherche à le mettre à distance instantanément, sans discussion. C’est assez surprenant, et quelques personnes ont ri dans la salle (moi aussi, cette sécheresse m’a amusée). @Malice J’avais un peu oublié ce moment (aussi). Je me rappelle maintenant d’avoir été étonnée par son expression, mais je ne suis pas sûre d’y avoir vu de l’amour ou de l’affection, plutôt une sorte d’étonnement, peut-être même d’admiration, devant sa persévérance à maintenir sa version (qu’elle sait être la vérité), alors qu’il a les deux adultes contre lui.

                      • #18557 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        Titi : je me demande si ce plan n’est pas celui qui a fait s’arracher les cheveux de la chef op, Breillat lui ayant demandé de faire ressortir le bleu clair des yeux d’Anne à contre-jour…Bref, quelque chose fait briller ce regard…

    • #18484 Répondre
      Tony
      Invité

      Salut Charles tu recommandes vraiment le procès Goldman,j’ai l’impression que c’est un peu le procès du gauchisme ce film,ce qui me rend un peu frileux,à moins que tu me dises aussi que c’est un grand film de cinéma auquel cas je serais curieux d’aller le voir?

      • #18487 Répondre
        Charles
        Invité

        Salut Tony, grand film je n’irais pas jusque-là mais bon film, oui. Comme je le disais en sortant du film il y a quelques mois, il me semble que Kahn se tient à une juste distance du personnage. Il ne dépeint pas un héros romantique ni un excité (même s’il est vrai qu’on crie beaucoup, Goldman peut-être plus souvent qu’à son tour) mais un « insoumis » (le mot est dans le film) qui est sans doute son pire défenseur. Il n’a pas de complaisance pour lui mais le film n’est absolument pas à charge. Je disais que Kahn est plutôt du côté de Kiejman (bien que celui-ci ne soit aucunement héroïsé, autre bon point du film) et donc de la deuxième gauche mais du temps où celle-ci pouvait encore s’intéresser aux radicaux ce qui donne une certaine tension et ambiguïté au portrait de Goldman. Peut-être que certains ici trouveront le film condescendant à son égard, vous me direz.
        Devant le film il m’est arrivé de trouver Goldman tour à tour pénible voire insupportable, brillant, puissant. Je précise que je ne connaissais rien ou presque de lui avant.
        Kahn dit qu’il ne sait pas s’il est innocent ou non, ce qui ressort bien du film, où finalement la croyance du spectateur dans l’innocence ou la culpabilité serait fonction de son adhésion au discours et à la personne de Goldman.

        • #18488 Répondre
          Tony
          Invité

          Ok merci Charles,j’irais le voir.

          • #18542 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            je n’ai pas vu le film et irai, mais je suis certain que Kahn, qui certes ne peut pas le dire sans déjuger son film (si j’ose dire), est convaincu de la culpabilité de Goldman – et donc de tous les immondes gauchistes qui l’ont soutenu

            • #18546 Répondre
              Charles
              Invité

              On en reparlera après mais ça ne ressort pas du film, pas plus que son prétendu mépris du soutien des gauchistes.
              Le film montre la tension du procès d’Assises et de celui-ci en particulier avec son public chaud comme pour un PSG/OM. Moi je n’ai pas perçu du mépris dans la façon de montrer ses bruyants soutiens dans l’assistance et ce d’autant plus que quand je l’ai vu le public dans la salle du cinéma relayait, mezzo voce, le soutien de Goldman qu’on voyait à l’écran.
              Mais peut-être suis-je moins chatouilleux sur ce sujet.

    • #18573 Répondre
      Cyril
      Invité

      Je reste sur mon idée que Breillat, même si son personnage n’est pas un séducteur conscient, représente un fantasme féminin de l’ado rebelle.
      J’ai passé du temps avec mon frère de 17 ans cet été, avec qui j’ai vu le Breillat, il a ce genre rebelle, les cheveux blonds déteints, il joue dans un groupe de rock, j’ai vu se manifester à plusieurs reprises, dans un bar, dans le couloir de l’immeuble, l’attraction qu’il exerçait sur des femmes quadra, quinquagénaires (en plus des adolescentes). Cela conforte ma thèse que ce fantasme est répandu chez les femmes comme celui de la jeunette chez les hommes et que les femmes arrivant en force dans le cinéma, ne se contentent plus de faire bonne figure parmi les hommes mais font un cinéma affirmatif où s’exprime leur monde fantasmatique.

      • #18576 Répondre
        Cyril
        Invité

        Ceux qui disent que ce film n’est pas « apologétique » oublient quand même que la réalisatrice a filmé deux acteurs bien réels, l’un de 18 ans à tout casser, l’autre de 51 ans, s’embrassant langoureusement pendant de longues minutes.
        Je pense que Breillat y prend autant de plaisir que Kechiche quand il filme des femmes.

        • #18578 Répondre
          Charles
          Invité

          Pendant de longues minutes n’exagérons rien, ce n’est pas du Larry Clarke non plus. Les scènes de sexe sont surtout composées de gros plans sur les visages, on filme peu ou pas les parties intimes, contrairement à la vie d’Adèle dont les scènes de sexe n’étaient pas très éloignées d’une esthétique porno. Pour le dire plus franchement, je ne trouve pas les scènes de sexe du Breillat excitantes.

          • #18591 Répondre
            Cyril
            Invité

            Je ne trouve pas les scènes excitantes non plus parce qu’elle correspondent à un imaginaire érotique féminin. Je ne trouve pas non plus excitant le porno féministe.

            • #18595 Répondre
              Ostros
              Invité

              C’est quoi le porno féministe ?

              • #18607 Répondre
                Cyril
                Invité

                Erika Lust par exemple.

                • #18608 Répondre
                  Ostros
                  Invité

                  Je vais voir ça.

                  • #18618 Répondre
                    Mélanie
                    Invité
                    • #18627 Répondre
                      Ostros
                      Invité

                      Merci

                    • #18629 Répondre
                      Mélanie
                      Invité

                      Je suis un peu perplexe en lisant par exemple :
                      « Je ne trouve pas les scènes excitantes non plus parce qu’elle correspondent à un imaginaire érotique féminin ».
                      (Pour le reste, je n’ai pas encore vu le film)

                      • #18630 Répondre
                        Ostros
                        Invité

                        Ça ne veut pas dire grand chose.

                      • #18632 Répondre
                        Mélanie
                        Invité

                        J’y vois soit une généralité qui ne voudrait pas dire grand chose – sur le porno féministe, je ne suis pas spécialiste de la chose mais il me semble qu’il peut y avoir plein de styles, de goûts différents
                        Ou alors ça a le mérite d’être très clair

      • #18577 Répondre
        Malice
        Invité

        Ce que tu dis du désir des femmes pour les hommes plus jeunes me rappelle le film des frères Larrieu, « 27 nuits avec Pattie » :
        ( attention je vais spoiler)
        l’héroïne croise le chemin d’un homme jeune pour lequel elle éprouve une attirance mais le scénario empêche tout rapprochement entre eux tout en rendant in fine le personnage féminin à son mari, qui seul paraît capable de l’épanouir sexuellement…J’avais plutôt détesté cette conclusion qui m’avait paru constituer une propagande pour la famille et l’époux-papa très décevante.

        Dans « Brève traversée » Breillat fait une sorte d’éloge de l’homme jeune qui outre sa beauté  » n’est pas encore piégé et corrompu par le rôle qu’il croit devoir endosser en tant qu’adulte »: l’homme qui  » a encore une poésie » car il n’a pas encore l’idée d’être un père, un chef, un mari

        • #18633 Répondre
          Mélanie
          Invité

          Au fait, merci pour le lien vers Brève traversée, que j’ai regardé l’autre jour

          • #18665 Répondre
            Malice
            Invité

            De rien, contente qu’il t’ait plu!

    • #18582 Répondre
      Charles
      Invité
      • #18585 Répondre
        Tony
        Invité

        C’est quand même étonnant les Etats Unis,on a l’impression que les syndicats sont beaucoup plus puissants qu’en France,les ouvriers de l’industrie automobile s’apprêtent à faire grève également,on pourrait croire que les entraves au droit de grève soient plus fréquentes aux US qu’ici or on constate le contraire,c’est très étrange.

    • #18616 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Il y a une très grande tradition syndicale en France. Et même une grande tradition anarcho-syndicaliste
      Entre 1880 et 1945, c’est aux Etats Unis que le mouvement ouvrier est le plus vivace.
      Inversement (ou presque),il faut voir que les syndicats actuels sont souvent très corporatistes. Ils agissent vraiment pour la branche, sans vue plus générale. C’est déjà très bien, mais ça rompt avec la tradition politique intense de ce pays. Je crois que le moment politique des syndicats américains est derrière nous.

      • #18626 Répondre
        Tony
        Invité

        Merci pour ces précisions,oui d’ailleurs cette tradition anarcho-syndicaliste est bien représentée dans le film de Schaublin.

    • #18641 Répondre
      Mélanie
      Invité

      Voilà, vu L’été dernier.

      Le « Tais-toi » à la fin, c’est quelque chose. Il le dit sans énervement, dans son semi-sommeil. Ce choix de ne pas savoir ou de faire comme si, c’est peut-être aussi le choix d’une vie tranquille, de nuits sans insomnies.

      Au fait c’est quoi, « un imaginaire érotique féminin » ?

      • #18642 Répondre
        Mélanie
        Invité

        (Puisque Cyril, tu as l’air de connaître)

        • #18645 Répondre
          Cyril
          Invité

          Je n’essentialise pas un érotisme féminin, je pense qu’il est un ensemble de représentations, de regards, de fantasmes, conditionnés par le fait d’être une femme en société. De même que le regard masculin, le male gaze, est formé par une culture masculine, par la pornographie etc. Je n’exclue pas un substrat biologique, c’est le sujet de l’essai que je lis de Nancy Huston en ce moment, Reflet dans un œil d’homme.
          J’observe en tous cas, que l’érotisme au féminin, tel qu’il est produit dans l’art, dans la pornographie, a quelques différences avec les productions d’hommes.
          Dans le film de Breillat, les parties du corps sont assez eu montrées, il y a un focus sur la jouissance, sur les visages, sur la respiration, sur l’étreinte.
          D’ailleurs, peut être que le porno féministe est différent du porno masculiniste non pas parce que les fantasmes ne sont pas les mêmes mais parce que le porno féministe cherche à assainir le sexe, à le mêler à des considerations éthiques…

          • #18647 Répondre
            Malice
            Invité

            « J’observe en tous cas, que l’érotisme au féminin, tel qu’il est produit dans l’art, dans la pornographie, a quelques différences avec les productions d’hommes. »
            Sauf qu’on peut tout à fait soutenir le contraire :
            exemples : les scène de sexe du roman  » Superstars » d’Ann Scott, aussi crues que celles des livres de Guillaume Dustan; les scénarios des BD de Danie Dubos, dont l’héroïne Caroline Choléra est une jeune femme délurée à forte poitrine qu’on confondrait facilement avec les centaines d »héroïnes de BD érotique créées par des hommes…

            • #18648 Répondre
              Mélanie
              Invité

              Oui
              Ou pour rester chez Breillat, l’exemple de Romance avec une femme attachée
              Dans L’été dernier on voit beaucoup, beaucoup le corps de la femme désirante, même si habillée le plus souvent – c’est pas un porno.

            • #18649 Répondre
              Cyril
              Invité

              C’est un sujet compliqué et je suis peut-être allé un peu vite. Mais je pense tout de même que le genre est lié à certains fantasmes. On ne peut pas les réduire à masculin-cru et féminin-doux.
              Mais par exemple, jusqu’à preuve du contraire, plus de femmes fantasment sur des hommes que des hommes sur des hommes. Ça paraît évident mais c’est bien un fantasme déterminé par le genre/sexe.
              Il faut se demander aussi, à partir de vos exemples, si des femmes ne produisent pas des œuvres érotique aux codes masculins parce qu’elles baignent dans une culture érotique dominée par les hommes et finissent par en intégrer les codes. Et peut-être que le porno féministe n’est pas un retour à quelque chose de plus authentiquement féminin mais seulement le résultat d’un écart recherché avec ce que produisent les hommes.

              • #18650 Répondre
                Cyril
                Invité

                Ainsi le porno féministe serait plus égalitaire non parce que le féminin est égalitaire mais parce que le féminisme l’est.

                • #18658 Répondre
                  Mélanie
                  Invité

                  Merci Cyril de t’être dévoué pour nous briefer

                  • #18662 Répondre
                    Cyril
                    Invité

                    Briefer ? C’est ironique ? Je ne prétends pas transmettre une connaissance du sujet. Je réfléchis tout haut à des questions qui m’intéressent.

                    • #18678 Répondre
                      fifi
                      Invité

                      Cyril tu penses vraiment faire une grande découverte quand tu dis que le désir d’une femme cinéaste imprègne son oeuvre comme le fait celui d’un homme cinéaste ?
                      Si Breillat s’attarde sur les visages -après avoir filmé les corps dans d’autres films- c’est peut-être parce que c’est fascinant un visage en train de jouir et encore plus intime, que c’est là qu’on voit le mieux le feu d’artifice sensoriel, que par ailleurs c’est aussi le siège du cerveau et que c’est ce lien qui l’intéresse quand elle explore la psyché de personnages un peu complexes et qu’elle veut représenter l’extase du personnage de Léa Drucker. Moi je pense à Cronenberg aussi quand je vois ces scènes et on est bien du côté du cru puisque le combo sexe-intellect permet d’aller jusqu’à l’os. Tu es peut-être juste indifférent à la complexité (très excitante) plutôt qu’à un « imaginaire erotique feminin » pseudo limité

                      • #18679 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        On pense beaucoup à Cronenberg devant L’été dernier
                        Le coté mental, qui ordonne aussi une certaine forme : lenteur, bas bruit, immobilité.

                      • #18682 Répondre
                        Cyril
                        Invité

                        Je n’ai pas dit que je n’appréciais pas ces scènes ! J’ai dit, comme Charles, qu’elles ne m’excitaient pas. Ce n’est vraiment pas un problème. Mais pour des scènes de sexe c’est quand même bien de le remarquer.
                        J’ai vu hier soir son premier film, Une vraie jeune fille, j’ai été bien plus réceptif à son érotisme.

                      • #18685 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        ça a peut-être déjà été dit ici mais Breillat n’a pas pour but d’exciter le spectateur avec ses scènes de sexe; il paraît qu’elle pensait faire du Oshima avec « Romance » mais s’est aperçue en visionnant les scènes tournées qu’elles étaient glaciales…Ce qui n’empêche pas que le spectateur trouve une forme de stimulation érotique dans cet érotisme glacé. Dans « Une vieille maîtresse », la scène la plus chaude à mes yeux est peut-être celle où Ryno, blessé, se fait « vampiriser » par Vellini

                      • #18691 Répondre
                        Titi
                        Invité

                        Je ne l’ai pas dit (écrit), amis je l’ai pensé : je ne trouve pas ces scènes excitantes, et surtout je ne pense pas du tout que Breillat cherche l’excitation des spectateurs. D’ailleurs, je trouve le gros plan sur Léa Drucker peu flatteur. Je ne sais pas si c’est voulu : la contre-plongée fait qu’on ne la reconnaît pas, son visage semble ingrat (les narines en gros plan) et ça la vieillit. Elle n’est pas attirante à ce moment-là (il y a ce genre de plans dans Antichrist, moins naturalistes (ralenti, noir et blanc au début) et où le visage est au contraire magnifié). Breillat montre l’oubli de soi, une sorte de plaisir solitaire (ce pourrait être une scène de masturbation, après tout), et quelque chose qui a à voir avec la mort : en fait, ce plan a quelque chose de morbide (que n’a pas le plan équivalent sur le visage très juvénile du garçon). Et le partenaire n’existe pas, il est instrumentalisé (pour le coup, le féminisme est peut-être là : après la femme-objet, c’est le tour du garçon, mais je ne le crois pas non plus car Breillat aime le personnage de Théo, peut-être plus que celui d’Anne au fond).

                      • #18733 Répondre
                        fifi
                        Invité

                        Moi je trouvais pas Léa drucker laide dans ce plan. Il m’a pas échappé que Breillat n’essayait pas seulement de chauffer le spectateur en représentant une extase mystique et je pense pas qu’elle ait des intentions pour le public quand elle filme (et c’est tant mieux). Le champ des modes d’excitation est vaste et là ce serait peut être un mode plus froid. Dans la famille des lumières froides il y a la phosphorescence : les électrons excités ont une vitesse de conversion d’énergie plus lentes et entrent dans un état métastable (apparence de stabilité) dans lequel ils restent longtemps -dépassant la moyenne de vie d’un électron excité- avant de retourner à l’état fondamental. En tapant « phosphorescent » et « breillat » sur Google, j’ai trouvé une interview de 2001 où elle dit « Lorsqu’on écrit, on est dans une brève vérité phosphorescente. À la relecture, on se dit «là je l’ai écrit, c’était phos­phorescent, donc c’est vrai»

                      • #18739 Répondre
                        Mélanie
                        Invité

                        Je trouve pour le moins singulier de googler Breillat et phosphoresence.

            • #18659 Répondre
              Mélanie
              Invité

              Je note les réfs

              • #18673 Répondre
                Mélanie
                Invité

                Et comme Juliette je relève la scène où le père revient du chalet, le moment où il sait, où il m’a semblé qu’il prenait le pas sur le déroulement des gestes à la maison, s’occupait des jumelles, excluant Anne.

    • #18643 Répondre
      Tony
      Invité

      Le procès Goldman m’a laissé assez indifférent,il est vrai que je n’ai aucun goût pour ce genre de film,cependant en sortant de la salle je me demandais encore quel était le vrai sujet de ce film.Même si la gauche est un peu malmenée,à la fois par Goldman disant que 68 est une parodie de révolution menée par des petits bourgeois venus lancer un pavé avant de  rentrer chez papa maman et par l’avocat général lui disant que si il n’est pas resté au Venezuela c’est par goût pour le système capitaliste,ça reste assez anecdotique,donc ce n’est pas  le sujet.En tout cas Goldman n’est pas montré comme quelqu’un qui aurait un idéal politique,on le voit plutôt comme une sorte d’aventurier plutôt nihiliste qui a l’air d’être accablé de ne pas être à la hauteur de ses parents,père juif résistant et mère communiste en plus d’être aussi dans la résistance,en tout cas c’est comme ça qu’il explique être allé en Amérique du Sud,pour être lui aussi un résistant.Je dois dire que l’interprétation de l’acteur est assez irritante,on est toujours sur la même note,il ne fait que vociférer et cela empêche non seulement toute sympathie mais aussi toute complexité,on se demande d’ailleurs si son cas ne relève pas de la psychiatrie.
      Donc le sujet pourrait être l’antisémitisme,celui de l’institution judiciaire,de la police,voire de la société dans son ensemble,le juif comme bouc émissaire mais comme le dit son avocat si il a été condamné en première instance parce que juif,on le fera acquitter en appel parce que fils de résistant.

    • #18669 Répondre
      Bronsky
      Invité

      Il faut plutôt aller voir le chef d’œuvre de Radu Jude : N’attendez pas trop de la fin du monde. Jamais vu, je pense, une satire contemporaine aussi acerbe et réussie. Et hilarante, surtout.

    • #18676 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Chef d’oeuvre je ne sais pas – trop bavard parfois, trop appuyé par moments- mais excellent assurément. On peut compter sur Radu.

    • #18694 Répondre
      Ludovic Bourgeois
      Invité

      Bha après on va pas se mentir, c’est aussi ultra excitant pour un jeune homme de se taper une plus vieille, si elle est mince et a un peu de « fraicheur ».
      En tout cas pour moi. C’est pas que les femmes je pense

    • #18772 Répondre
      Charles
      Invité

      Le nouveau film fleuve de Scorsese, que beaucoup qualifient de chef d’oeuvre, sort mi-octobre. L’occasion d’une GO, après celle sur le Jude?

      • #18784 Répondre
        Tony
        Invité

        Ça sera peut-être le procès Goldman, d’ailleurs j’ai appris que Kahn n’avait pas eu accès aux minutes du procès et que la reconstitution s’est faite principalement par des articles de presse,des extraits de son livre et de l’invention,de même j’ai appris que sa femme avait porté plainte car, contrairement à ce que montre le film,en accord avec Goldman elle n’est pas venue témoigner,bref pas très honnête tout ça.

        • #18787 Répondre
          Charles
          Invité

          Oui il n’y avait pas de minutes. La scénariste explique comme ils ont procédé ici : https://www.magcentre.fr/270111-le-proces-goldman-rencontre-avec-nathalie-hertzberg-scenariste-du-film/

          • #18790 Répondre
            Tony
            Invité

            Merci Charles, puisque tu me tends la perche et que la scénariste en fin d’entretien dit espérer que chacun puisse se faire son intime conviction, après avoir vu le film quelle est la tienne?

            • #18791 Répondre
              Charles
              Invité

              Au terme du film je penche plutôt pour son innocence. Quand je vois après qu’un des témoins clés (l’antillais qui lui fournit un alibi), j’en viens à en douter.
              D’ailleurs, sur le plan de la crédibilité des témoignages, le film pâtit un peu de la gueule de l’acteur jouant Goldman qui ne saurait passer pour celle d’un « métèque ».

              • #18792 Répondre
                Charles
                Invité

                Un des témoins clés s’est retracté*

              • #18793 Répondre
                Tony
                Invité

                Les témoignages sont assez bizarres en effet,j’ai pas compris les doutes sur le témoignage du flic qui s’est battu avec Goldman sauf à accréditer la thèse d’une machination policière(mais pourquoi?),le témoignage de son alibi n’est pas clair non plus et celui qui le joue n’a pas l’air d’y croire non plus,j’ai l’impression que pour Kahn la culpabilité de Goldman est plus que probable.

                • #18804 Répondre
                  François Bégaudeau
                  Maître des clés

                  Je pensais grimacer devant le film à cause des douteuses intentions politiques que je lui supposais
                  En fait je grimace devant ce film parce qu’il est mauvais. Du fait d’abord de son niveau actoral très faible. Après le Triet – je ne compare que sur ce point – j’ai eu l’impression de voir jouer la Ligue 2 de l’actorat français, avec une théatralité déplacée, grotesque, et d’emblée fatigante. La palme à l’acteur principal, dont on se demande pourquoi il veut absolument peser toutes ses syllabes. Il m’a fait un peu de peine à minauder comme ça toutes ses phrases tout seul debout.
                  Seul Harari m’a un peu intéressé comme acteur – même si on est loin de Kiejman.
                  Dès la première scène dans le bureau, dès le moment où Harari se lève en écoutant, je me suis dit que c’état foutu.
                  Le film n’est sauvable que si on le voit comme une sorte de film à la manière de : à la manière des téléflms copieux des années 70
                  Sur le fond le film est sans enjeu. Même l’enjeu policier est faible – mais ça je le savais avant. Cette affaire de pharmacie n’est riche d’aucune complexité véritable.
                  Comme souvent on recommandera le Faites entrer l’accusé, dix fois plus intéressant.
                  Le bilan est clair : sur un mec comme P Goldman, la bonne entrée n’est pas le procès. Plutot sa vie même. Il faudrait un biopic mais on ne sait pas si on en a si envie.
                  Pas de Gene, donc, sur ce film que j’aurai oublié demain.
                  On parlera du Cailley plutot.

                  • #18810 Répondre
                    Charles
                    Invité

                    Y a un Fela sur l’affaire??

                    • #18811 Répondre
                      François Bégaudeau
                      Maître des clés

                      ben oui
                      y a un FELA sur tout

                      • #18831 Répondre
                        Pomme
                        Invité

                        A propos, quels sont tes FELA préférés ?

                        J’en ai regardé un récemment, il est assez méconnu mais très captivant : l’affaire Zawadzki (l’histoire d’une femme qui empoisonne à petit feu son mari militaire avec la complicité du médecin de famille, devenu son amant)

                      • #18832 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        un de mes préférés
                        sinon je recommande l’affaire Bissonet

                      • #18834 Répondre
                        Jean T.
                        Invité

                        Gros coup de coeur pour les épisodes Marcel Barbeault et Alain Lamare, avec la masterclass de l’inspecteur Daniel Neveu, et celui sur Roberto Succo (On revient sur Cédric Kahn)

                      • #18841 Répondre
                        Malice
                        Invité

                        Je recommande la version originale de « La fille d’Albino Rodrigue », l’affaire Yann Baudet : https://www.youtube.com/watch?v=5EKO1tGUHrE

                  • #18860 Répondre
                    Warlock
                    Invité

                    Il est bon le Cailley ?

                    • #18862 Répondre
                      François Bégaudeau
                      Maître des clés

                      Pas vu
                      On a décidé de se lancer dans le vide.

                      On aurait bien traité le Jude mais dans deux semaines il ne sera plus voyable nulle part. Contrairement à Dogman. O monde ingrat.

                • #18828 Répondre
                  François Bégaudeau
                  Maître des clés

                  Dans le FELA il apparait clairement que ce gardien de paix est un facho ordinaire – qui a donc désigné un « mulatre » comme coupable juste avant de s’évanouir, et qui a été dégouté d’entendre chanter l’Internationale à l’audience.
                  Tel qu’incarné ici ça n’apparait pas. Tel que très mal incarné – gesticulations, encore. Et pas la tête de l’emploi du tout.
                  Ce qui est tout à fait navrant ici, c’est comment ce film qui ne repose que sur l’incarnation – au sens classique- n’a mis aucun soin à l’incarnation.
                  On dirait que Kahn était requis par autre chose. Mais par quoi?

                  • #18880 Répondre
                    lison
                    Invité

                    Mais par quoi ? C’est bien la question .
                    Ce film m’a vraiment ennuyée, et je ne comprends pas les intentions de Cedric Kahn, je ne comprends pas ce qu’il veut nous dire.

                    • #18883 Répondre
                      Charles
                      Invité

                      Ennuyé? Moi j’ ai vraiment été tenu par la vigueur et la densité des échanges, le jeu des comédiens. J’ai aimé ce Kiejman balbutiant et dépassé par son client, cet avocat des parties civiles brillant rhéteur et d’extrême-droite, cet avocat général raide comme…un avocat général, ce président d’audience à la fois piégeur et ouvert et ce Goldman qui est comme un chien dans un jeu de quilles et qui refuse le procès. Le film m’a intéressé comme portrait d’une société tendue, raciste, proflic et bousculée par le militantisme d’extrême-gauche.

                      • #18889 Répondre
                        lison
                        Invité

                        oui c’est vraiment de l’ennui que j’ai ressenti. Chacun jouait ( et souvent à gros traits) sa petite partition, pour soi. Et la parole ne me paraissait pas être adressée (soit à un autre participant du procès , soit au spectateur).
                        Si tu as lu de bons articles je veux bien que tu me les indiques et si tu es abonné, pourrais tu déposer par ici cet article de Libération :
                        https://www.liberation.fr/culture/cinema/pierre-goldman-par-son-avocat-georges-kiejman-il-avait-une-vie-tout-a-fait-desordonnee-mais-aussi-tres-romanesque-20230925_U6F4IKRAEZBSRHBAZYKX65BWDI/

                      • #18894 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        « C’est l’autre figure emblématique du procès Goldman. L’avocat Georges Kiejman, qui défendit tour à tour les cinéastes de la Nouvelle Vague, les autonomes italiens et les militantes du MLF avant de devenir ministre de la Justice sous François Mitterrand, s’est imposé comme un redoutable pénaliste en obtenant l’acquittement en 1976 du militant révolutionnaire, écrivain et braqueur. Son talent a joué un rôle majeur lors du second procès de Pierre Goldman, condamné deux ans plus tôt à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de deux pharmaciennes dans une officine du boulevard Richard-Lenoir, à Paris. Une affaire judiciaire retentissante qui continue à résonner des décennies plus tard. Incarné par l’acteur et réalisateur Arthur Harari dans le long métrage de Cédric Kahn, le célèbre pénaliste a rendu son dernier souffle en mai, quelques jours avant la projection du film au dernier Festival de Cannes.

                        A l’été 2015, il nous avait accordé un long entretien sur ce procès mythique dans le cadre d’un projet de livre qui n’a finalement jamais vu le jour. Avec son ironie mordante mais aussi une certaine émotion, il avait accepté de replonger quarante ans en arrière pour raconter un des moments le plus marquants de sa carrière. C’est cet entretien inédit que nous publions aujourd’hui, avec l’accord de sa famille.

                        Comment êtes-vous arrivé dans le second procès de Pierre Goldman, que vous n’aviez pas défendu lors du premier ?

                        Je n’étais pas un pénaliste avéré même si j’avais déjà plaidé plusieurs fois aux assises. Je défendais à l’époque Gallimard et c’est plutôt comme avocat d’édition, bizarrement, que Goldman m’a choisi. Il avait tout à coup envie de sortir des trajectoires habituelles. Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête en me désignant mais il l’a fait à mon avis sous la pression d’amis communs qui lui ont dit après le premier procès : «Tu devrais prendre quelqu’un qui n’a pas la réputation du pénaliste mercenaire.» Goldman voulait aussi garder pour sa défense Emile Pollak, qui avait été son avocat en première instance et défendait des grands truands de Marseille. Ça faisait partie de l’ambiguïté de Goldman et de sa fascination pour le milieu. Pollak était un personnage tout à fait intéressant, avec un immense talent lyrique, qui avait joué un grand rôle dans mon maintien dans l’affaire. A un moment, Pierre était agacé par toutes les questions que je lui posais en préparant le procès, quand, me faisant l’avocat du diable, je soulignais les faiblesses du livre qu’il avait écrit en prison et dans lequel il exposait sa défense, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France. Il existait bien sûr des contradictions, il y en a toujours. Irrité, Goldman m’avait alors envoyé une lettre me disant que la seule liberté qui restait à un détenu était de révoquer son conseil. Il en avait averti Pollack, qui lui avait écrit : «Si vous renvoyez Kiejman, c’est très bien pour moi, mais je ne suis pas sûr que ça le soit pour vous.» Ce que très peu d’avocats auraient fait… Pierre s’est aussi adjoint les services d’un garçon qui était assez proche de lui, Francis Chouraqui, un juif séfarade avec qui il faisait du karaté. Il est resté silencieux mais a joué un rôle en coulisses. C’est lui qui faisait la navette entre Goldman et moi. »

                      • #18897 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        « Que retenez-vous de la personnalité de Pierre Goldman ?

                        D’abord sa personne physique : il avait un air extrêmement farouche, mais dès qu’il souriait il pouvait faire fondre n’importe qui. Il était d’une chaleur, d’une gentillesse et d’une générosité qui contrastaient avec son côté ténébreux. Ensuite c’était un intellectuel atypique, il n’avait pas fini ses études, il a fait de la philosophie en prison, il préparait une thèse sur la salsa, si bien que la musique d’attente de mon cabinet, quarante ans après, est encore une salsa enregistrée par Goldman. La fidélité se loge parfois dans des endroits curieux. Il avait une vie tout à fait désordonnée mais aussi très romanesque. C’était un bandit de charme, avec une culture acquise au fil du temps, un courage incontestable. Il était prêt à risquer sa vie et insistait beaucoup sur son code de l’honneur. Il n’a jamais voulu balancer le nom de l’indic qui l’avait dénoncé. »

                      • #18902 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Désolé Lison mais je n’arrive pas à copier le reste de l’article, même en le saucissonnant.

                      • #18907 Répondre
                        GaelleS
                        Invité

                        je viens de faire de multiples essais également sans succès

                      • #19049 Répondre
                        lison
                        Invité

                        Merci d’avoir essayé.

                      • #18903 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Je peux comprendre qu’on trouve dense des échanges que pour ma part j’ai trouvé très légers, et qui par là même m’ont ennuyé, mais sur le jeu d’acteurs là je ne comprends pas.

                    • #18884 Répondre
                      François Bégaudeau
                      Maître des clés

                      Et je crois que lui non plus

                      On comprend bien, à travers une ou deux interviews, où est son accroche avec Pierre Goldman : 1 son autobiographie, qu’il dit avoir lu fasciné 2 sa judéité, et son rapport avec ses parents héros juifs résistants.
                      Or partant de cette accroche Kahn en vient à traiter ce procès, qui ne fait qu’effleurer la vie de Goldman, et qui aborde du bout des lèvres l’immense dossier de sa judéité contrariée, flamboyante, romanesque, pathologique.
                      Dans un cas il fait une erreur formelle, dans l’autre cas il pèche par défaut de radicalité. Kahn a peur d’y aller. Il craint qu’à aborder ce genre de sujets il perde les gens. Et perdre les gens c’est sa phobie.

    • #18775 Répondre
      Tony
      Invité

      Rétrospective Lars von Trier sur Arte,on va se régaler

      https://www.arte.tv/fr/videos/RC-024370/le-cinema-de-lars-von-trier/

      • #18777 Répondre
        Alain m.
        Invité

        Quels sont ceux que Toi ou d’autres ici conseilleraient en priorité ?

        • #18781 Répondre
          Tony
          Invité

          Je suis mal placé pour te donner un conseil,y en a plein que j’ai pas vus,ceux qui m’intriguent le plus sont le direktor et Epidemic mais bon je vais certainement tous me les faire.

        • #18786 Répondre
          Leo Landru
          Invité

          Alain, je te recommande d’en regarder autant que tu peux mais surtout dans l’ordre chronologique de leur sortie, car il me semble que chaque film de LVT répond aux précédents.
          J’aime le LVT des débuts mais je trouve ses films récents supérieurs. Son chef-d’œuvre définitif est peut-être Melancholia. The House that Jack built redescend d’un cran, revient à la farce brechtienne, comme une suite perverse du Direktør (qu’il faut donc voir avant).
          Pour autant je ne jette rien dans cette filmo.

    • #18782 Répondre
      Sarah G
      Invité

      Comme toi Tony, je vais tous les voir pour certains, et revoir pour d’autres.
      Vu Mélancholia et Dogville.
      À voir tous les autres.
      Très contente qu’Arte propose cette rétrospective.
      Merci Tony pour l’info.
      N’ayant vu que Mélancholia et Dogville, Alain M. c’est ceux là que je te conseillerais.
      Grâce à la rétrospective, tu pourras en voir d’autres.

    • #18788 Répondre
      Alain m.
      Invité

      Merci Tony, Sarah et Léo pour vos réponses. Je vais suivre ton conseil Léo concernant l’ordre chronologique.

    • #18813 Répondre
      Cyril
      Invité

      J’ai vu tout LVT au cinéma cet été. Je trouve ce réalisateur génial mais je suis très sceptique sur Antichrist. Ce film m’a paru raté, brouillon, mal maîtrisé. La scène du renard, grotesque, était-ce voulu ? Un film pénible, long, ennuyant, confus…
      Peut-être qu’il fallait passer par là pour engendrer le génial Melancholia.

    • #18926 Répondre
      K. comme mon Code
      Invité

      Je conseille Le Cygne de Wes Anderson sur Netflix. C’est un court-métrage : dix-sept minutes adaptées de Ronald Dahl.

      • #18963 Répondre
        Dr Xavier
        Invité

        Merci, je découvre qu’il y a trois courts-métrages de plus de lui, peut-être une commande Netflix.

        • #18990 Répondre
          K. comme mon Code
          Invité

          Oui, Netflix a acheté les droits de Dahl. Le Cygne est mon préféré des courts, mais je les ai tous aimés. Plus Wes Anderson est dans l’artifice et la distanciation plus il me touche… je regardais ça d’un amusement condescendant au début.

          • #18998 Répondre
            Julien Barthe
            Invité

            Vu et aimé Fantastic Mister Fox la semaine dernière : surtout le motif de la sauvagerie.

    • #18935 Répondre
      GaelleS
      Invité

      à propos de Pierre Goldman et du film, entretien avec sa veuve dans le monde

      Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, rompt quarante-quatre ans de silence : « Mon mari a été un objet de fantasmes forcenés »
      L’épouse du militant n’avait pas pris la parole depuis son assassinat, en 1979. Dans un entretien au « Monde », elle réagit au film de Cédric Kahn « Le Procès Goldman » dont elle dénonce les erreurs et affabulations.
      Née en Guadeloupe le 3 septembre 1948, élève du cinéaste Chris Marker, devenue documentariste et journaliste, Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, s’exprime ici pour la toute première fois, après plus de quarante ans d’un silence et d’un mystère infrangibles, sur leur histoire commune, brève, passionnée, tragique.
      Leur mariage a lieu à Fresnes le 17 août 1976, peu avant que Pierre Goldman, qui vient d’être acquitté d’une inculpation de meurtre, ne soit libéré. Christiane est au terme de sa grossesse lorsque son mari est assassiné par un commando, à Paris, le 20 septembre 1979. Six jours plus tard naîtra leur fils, Manuel Goldman. Le film de Cédric Kahn, Le Procès Goldman, sorti le 27 septembre, aura sans doute servi d’étincelle à cette confession explosive, mêlant l’intime et le collectif.
      Pierre Goldman, qui vous y nommait K., a raconté avec beaucoup de pudeur votre rencontre dans son livre « Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France » (Seuil, 1975). Comment s’est-elle déroulée de votre point de vue ?
      Mes parents, instituteurs en Guadeloupe, sont à Paris pour une année scolaire. On est en 1965, j’ai 17 ans. Ma sœur aînée est à la Sorbonne, elle est amie avec Roland Girard, lui-même le meilleur ami de Pierre Goldman. J’en entends donc énormément parler et je suis curieuse. Je le rencontre finalement au café Le Champo, où ils se réunissent entre étudiants pour se battre contre les fachos à Assas. Je l’imaginais rieur, or il ne l’était pas. Il ne me plaît pas. Puis je rentre en Guadeloupe. Je reviens à Paris en octobre 1969, où je m’inscris en licence d’espagnol à Censier.
      Je le recroise lors d’une soirée chez un ami de métropole de mes amis guadeloupéens. J’ai 21 ans, il en a 25. Nous avons une passion commune pour Cuba que j’ai découvert dans le livre d’Ania Francos La Fête cubaine [Julliard 1962]. Il en revient. Je voulais alphabétiser à Cuba, être reporter comme Ania, faire la révolution. Il se passe quelque chose entre nous de très profond. Je suis son interlocutrice, non une fille qu’on fait danser. Il me raccompagne au premier métro, je rentre à la cité universitaire à Fontenay-aux-Roses [Hauts-de-Seine], je sais qu’il va m’appeler.
      C’est en même temps le moment où Pierre Goldman s’engage sur la voie du banditisme…
      Je n’en sais strictement rien ! Ce que je sais, c’est que notre histoire d’amour, qui ne va pas durer plus d’un mois, est fulgurante, secrète aussi en cette période de Black Panther, c’est la rencontre d’une négresse et d’un Blanc, et c’est tout sauf l’évidence à l’époque.
      Pierre et moi, nous nous sommes créé un monde à nous, dans une langue faite de français, de créole, qu’il parlait à la perfection, et d’espagnol. En même temps, je sentais bien que c’était quelqu’un qui n’allait pas bien, qui était douloureux. Un jour, soudainement, il m’apporte un sac qu’il me demande de garder, il est distant, il paraît aller mal. Je regarde évidemment dans le sac qui ne contient que du linge sale, lui toujours si propre. Et puis il disparaît, sans donner de raison.
      J’apprends un peu plus tard, en avril 1970, qu’il a été arrêté et inculpé du meurtre de deux femmes. Je suis incrédule, choquée. Pour moi, c’est la fin du monde. En même temps, je suis très en colère contre lui. Et voilà que la police me convoque quai des Orfèvres. On me présente la culpabilité de Pierre comme établie, on m’interroge pendant une journée entière. J’étais terrifiée. Ils menacent de dire à mes parents que je fréquente la pègre. Ils me font dire des choses dont je ne mesure pas à quel point elles peuvent se retourner contre Pierre. Ils me demandent d’authentifier le sac qui était chez moi, ce que je fais, sauf que s’y trouve, comme par hasard, un imperméable qui n’a jamais été dedans, ce que je signale à ceux-là mêmes qui l’y ont mis, sans savoir encore qu’il ressemble à celui que décrivent des témoins…
      Vous le perdez alors de vue ; comment le retrouvez-vous ?
      Je vais rester avec cette histoire dans ma tête pendant quatre ans. Je retourne à la fac. Il faut que j’oublie. Je vis avec un étudiant paisible, on se marie. Et puis le premier procès arrive, en décembre 1974, j’écoute les chroniques de Frédéric Pottecher à la radio, et je commence à comprendre que cette histoire n’est pas aussi simple qu’on voulait le faire croire et que Pierre ne ment pas. Mais il est condamné à perpétuité. Mon mari m’encourage alors à aller au meeting de soutien à Pierre à la Sorbonne, ce qui est d’un certain point de vue terrible pour notre couple. J’y apprends qu’on peut lui écrire en prison, ce que je fais.
      Et là, très vite, tout se remet en place. Il me dit qu’il veut enfin vivre, qu’il va se défendre et qu’il va le faire pour moi, que je devrais divorcer puisque je n’ai pas d’enfant et l’épouser. On s’écrit tous les jours, j’obtiens un droit de visite. Je plaque tout pour le défendre, être à ses côtés. Nous nous marions à Fresnes trois mois après son acquittement, en présence de Georges Kiejman, de Régis Debray et de sa femme, Elizabeth Burgos, qui se sont eux-mêmes mariés dans une prison bolivienne, et de l’actrice Annabella Power, l’épouse du magnifique Tyrone Power, devenue visiteuse de prison, la grande amie de Pierre. Ils jouent au Scrabble depuis des années.
      Pourquoi rompre aujourd’hui un silence de plus de quarante ans ?
      Si je parle aujourd’hui c’est qu’il y a eu des choses accumulées avec le temps néfastes pour moi et ma famille. Des rumeurs, des livres, des légendes sur Pierre, des propos rapportés qui n’ont jamais existé, des phrases de lui mal interprétées, des choses inventées, consciemment ou inconsciemment malveillantes, insupportables… Vivant ou mort, Pierre a été un objet de fantasmes forcenés. Le film de Cédric Kahn a sans doute été l’étincelle qui m’a incitée à sortir de ma réserve. J’y deviens une vraie fausse moi-même.
      Vous avez d’ailleurs assigné le producteur et le réalisateur du film en référé, demande qui a été rejetée le 22 septembre. Que demandiez-vous ?
      Qu’un carton signale le caractère fictif de ma présence au tribunal ainsi que des propos qu’on fait tenir à mon personnage. La vérité, c’est que je n’y étais pas présente, pas davantage qu’au premier procès, ni dans la salle, ni à la barre.
      J’ai, de fait, voulu témoigner pour Pierre, mais il s’y est opposé. Il voulait absolument me préserver de tout ça. C’est déjà une chose qu’on aurait pu respecter. Ensuite, on dit que Joël Lautric nous a présentés, ce qui n’est pas exact. Puis on utilise ma déposition à la police alors qu’elle n’a jamais été rendue publique. Mais je suis une personne vivante enfin, pourquoi ne m’a-t-on jamais consultée ? Et je ne parle ici que du film. Parce qu’il vous faut savoir qu’il est arrivé à Cédric Kahn, lors d’une avant-première à Paris, de faire voter à main levée le public pour déterminer qui le pensait coupable et qui innocent. Concernant une affaire qui a la force de la chose jugée, c’est obscène.
      La scène est affabulée par le réalisateur, mais il faut préciser qu’elle rend hommage à votre amour et à votre dignité. Elle est à ce titre l’une des plus émouvantes du film. Ce n’est pas rien du point de vue du spectateur…
      Non. Je n’étais pas là, point à la ligne. Le film restera et tout le monde croira que j’y étais. Ce n’est pas la vérité parce que Pierre ne le voulait pas. Je ne suis pas un personnage public, j’ai droit à ce qu’on ne romance pas ma vie.
      En dehors de ce point sensible, le film trouve-t-il grâce à vos yeux ?
      Non, et je vais vous expliquer pourquoi. La première chose, c’est qu’on ne comprend rien à cette histoire si l’on se met à fusionner, comme le fait Cédric Kahn, les éléments du premier et du second procès. Pierre, pour des raisons qui lui appartenaient, ne voulait pas se défendre lors du premier procès. La prison lui convenait. Au second procès, c’est tout l’inverse.
      Il y a ensuite l’opposition structurelle qu’organise le film autour de Kiejman et de Goldman. Elle fait peu de cas de la fraternité qui existait entre les deux hommes. Il y avait bien sûr des antagonismes, mais pas parce que Pierre était l’homme incontrôlable que montre le film, et Georges le sage qui le jugulait. Tous les comptes rendus de l’époque attestent que Pierre est resté durant le procès très factuel, mesuré et concentré.
      En réalité, Pierre en a voulu à Georges d’avoir omis de déposer à temps un recours au civil de la même façon qu’au pénal, si bien que sa condamnation définitive au civil l’a contraint à devoir payer de lourds dommages et intérêts aux victimes, et donc à passer symboliquement pour coupable dans une affaire dont il était réputé au pénal innocent. Jamais cette absurdité juridique n’a été levée. Le film s’ouvre sur cette scène, où Georges apprend qu’il est démis par Pierre dans une lettre au ton véhément et péremptoire, sans donner la vraie raison de son emportement. C’est malhonnête.
      Par ailleurs, cette scène est un copier-coller d’un chapitre de la biographie, très contestable, de Michaël Prazan, publiée en 2005 sous le titre Pierre Goldman. Le frère de l’ombre [Seuil]. Trente ans après le procès, cet auteur tente de prouver la culpabilité de Pierre et fournit à cet effet le témoignage de Joël Lautric, qui y dément l’alibi qu’il avait donné au second procès. Présenté par Prazan comme un témoin capital, le problème est que Lautric, qui a publiquement changé quatre fois d’avis sur la question avec le temps, est tout le contraire : un témoin fragile et déconsidéré qui n’a pas pesé dans l’acquittement de Pierre.
      Il y a eu, de fait, un mouvement de bascule, avec le temps, dans la conviction de l’innocence de Pierre Goldman…
      Oui, c’est vrai. Beaucoup de gens, avec le temps, se sont mis à douter. C’est très difficile à expliquer. Il y a eu deux choses, je crois. D’abord, une série de brouilles stupides avec des célébrités qui l’avaient soutenu. A sa sortie de prison, on l’attendait dans les dîners, on voulait se montrer avec lui, on exigeait qu’il honore sa dette. Pierre estimait ne rien devoir, pas comme ça. Il haïssait la mondanité, ne répondait aux sollicitations que si ça lui convenait. On l’a rapidement jugé ingrat, insupportable.
      Ensuite, un certain nombre d’ouvrages, à l’instar de celui de Michaël Prazan, se sont ingéniés à ternir sa réputation ou à jouer, sans l’ombre d’une preuve, avec l’idée de sa culpabilité. Les Masques, de Régis Debray [Gallimard, 1987], L’Insoumis, de Jean-Paul Dollé [Grasset, 1997], Vie et mort de Samuel Rozowski, de Myriam Anissimov [Denoël, 2007], en font hélas partie.
      Ne pensez-vous pas, toutefois, que les deux livres qu’il a écrits, chacun à sa manière, revendiquent un goût de la violence, une obsession de la mort, un désir d’expérimenter les gouffres, qui ont pu convaincre de la possibilité de sa culpabilité ?
      Il y avait, incontestablement, cette idée de la mort qui était intimement liée à son histoire personnelle et qui court dans ses livres. Mais il ne faut pas confondre Les Souvenirs obscurs… avec L’Ordinaire Mésaventure d’Archibald Rapoport [Julliard 1977]. Le premier est un essai intime, écrit avec sa chair. Le second un roman autofictionnel qui répond à son éditeur qui dit qu’il est l’homme d’un seul livre. Il met alors en scène, avec un humour plus que noir qui va se retourner contre lui, un type qui flingue des juges et des policiers. Un ovni littéraire qui leur tombera des mains à tous, pour qu’on lui fiche la paix.
      Beaucoup de gens l’ont mal pris, y ont vu comme un aveu de culpabilité alors que c’était une sorte d’exutoire, de catharsis, par lequel Pierre réglait ses comptes avec le mythe qu’il était devenu. Pierre, vous savez, est sorti de prison heureux mais brisé. Il dormait mal, comme tout détenu. Nous recevions des menaces de mort. Et en même temps, il y avait une énorme pression sociale. Du côté de la pègre, qu’il avait côtoyée en prison, comme du côté mondain. Tout le monde le sollicitait sans arrêt, nuit et jour.
      Est-il exact qu’il se soit rapproché du judaïsme en prison ?
      Oui. Le rabbin Fima était important dans sa vie carcérale. Mais il n’est jamais entré en religion. Il allait au culte pour sortir de sa cellule, certes, mais aussi pour les retrouvailles et le partage avec d’autres juifs. Quand il était à bout, par exemple, il se couvrait la tête du châle de prière que le rabbin Fima lui avait offert, s’apaisant ainsi de la pression du dehors.
      Quand il écrivait Archibald…, il allait parfois assister à la célébration du shabbat chez les frères Zemour [figures marquantes du grand banditisme à l’époque], qui l’avaient réconforté durant sa captivité. Il me racontait ces scènes surréalistes qui ont nourri Archibald, comme la grand-mère pieuse à côté des flingues sur la table pendant la prière.
      Que pensez-vous des diverses pistes qui ont été évoquées pour son assassinat ?
      Je ne veux même pas en parler. Je ne peux pas penser à ça et vivre en même temps. C’est fini. C’est trop tard. On ne saura jamais. Ce que je peux vous dire, c’est que Pierre m’avait fait promettre, en cas de malheur, de le faire incinérer, comme ses ancêtres l’ont été durant la Shoah. C’est Georges Kiejman qui m’en a dissuadée : « Tu as le droit de briser une promesse, Christiane. N’oblige pas ton fils à rechercher comme moi le tombeau de son père toute sa vie. Fais-le enterrer. »
      Voir mourir son mari après trois ans de mariage, quelques jours avant la naissance de votre enfant, comment se remet-on d’une telle épreuve ?
      On ne s’en remet jamais. J’étais à la clinique durant l’enterrement avec le nouveau-né qu’il avait tant désiré mais qui ne connaîtrait jamais son père. Quand j’en suis sortie, l’appartement était sous scellés.
      Depuis quarante-quatre ans, je fais d’un anniversaire une fête sans penser à la mort. Et c’est cette date-là, précisément, qu’ils choisissent pour sortir ce film.
      Voici les mots par lesquels Pierre Goldman achève en prison la rédaction de « Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France » : « Au terme de ce récit, je devrais me tuer, expier cette révélation où j’ai dû m’écrire afin de sauver ma vie d’une accusation fausse et infamante. Je ne le fais pas : mon désir de liberté est principalement inspiré par l’amour d’une femme. Elle m’a ramené dans la vie. Je veux l’y rejoindre. Sinon le calvaire de l’innocence perpétuelle et recluse m’eût parfaitement convenu. » Peut-on rêver plus belle déclaration d’amour ?
      Pierre avait en fait écrit six pages, aussi intenses. Je n’ose pas vous l’avouer, mais, lorsqu’il m’a donné le manuscrit de ses dernières pages pour que je les relise et les apporte aux éditions du Seuil, je l’ai obligé à les enlever. Il m’a dit : « Mais Christiane, c’est de la littérature, ça nous dépasse. » J’ai répondu : « Tu descends les originaux au parloir, tu les déchires devant moi. Ça nous regarde. » Il l’a fait. Il a réduit à quelques lignes. C’est stupide, mais c’est toujours ce qu’on ne nous aura pas pris.

      • #18941 Répondre
        Seldoon
        Invité

        Merci Gaelle !

        • #18954 Répondre
          Sarah G
          Invité

          Merci GaelleS

      • #18947 Répondre
        Tony
        Invité

        C’est vrai,c’est bien dégueulasse de faire voter une salle à main levée quand on a fait un film aussi mensonger, vraiment infect.

        • #18957 Répondre
          Charles
          Invité

          Aussi mensonger, il ne faut pas pousser. Que Kahn ait rajouté une scène qui n’existait pas dans la réalité, ce n’est sûrement pas le premier à le faire. Et on n’est pas obligés de prendre pour argent comptant tout ce qu’elle dit non plus, tant elle est partie prenante. Quant au verdict, tout le monde a droit d’avoir un avis sur la culpabilité de Goldman, même si je comprends que cela puisse choquer son entourage.

          • #18989 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            Kahn ne rajoute pas une scène, il rajoute un personnage. Un personnage qui porte le nom d’une personne réelle. D’une personne chère au défunt Pierre Goldman qui ne voulait pas sa présence au procès.
            Pont 1 : C’est une pratique de connard
            Point 2 : pourquoi fait il ça? Quel interêt ces plans de coupe récurrents sur elle? Permettre la déclaration d’amour de Pierre à elle dans le prétoire ? Elle aurait été tout à fait possible sans sa présence. Mais voilà : nous sommes dans un cinéma qui vise le majoritaire (la passion triste de Kahn), or dans le cinéma majoritaire tout doit s’incarner (pas de hors champ, pas d’ellipses, du plein du plein du plein). Si le héros est amoureux d’une femme, cette femme doit être à l’écran.
            Bénéfices incidents : ça glisse un personnage féminin dans le casting qui en manque (affaires de mec où des mecs sont. impliqués, et jugée par des mecs) + ça glisse dans le film une très jolie femme. En somme c’est un agrément. Kahn d’ailleurs n’est douloureusement pas doué pour les personnages féminins. Le seul un peu épais de sa filmo est la follasse toxique jouée par Bercot dans le film précédent. Une des choses qui intéresse Kahn chez Goldman c’est sa virilité. Seulement, sur cet aspect comme sur le reste, ill n’y va pas franchement. Chèvre et chou, toujours. La passion du centre.

            • #18997 Répondre
              Charles
              Invité

              Je te trouve bien tatillon sur le point 1. Si on va par là, je ne suis pas sûr que Goldman aurait du tout apprécié qu’on fasse un film sur lui ou son procès ; Kahn n’a pas fait un film pour Goldman, il n’est pas tenu par ce qu’il voulait ou non. Après je suis d’accord qu’il aurait pu mettre un carton en début de film pour préciser qu’il avait pris quelques libertés comme c’est l’usage (peut-être est-ce le cas d’ailleurs, je ne m’en souviens pas).
              Sur le point 2, Kahn a voulu figurer la vie de Goldman via son procès et a donc effet fait le choix de l’incarnation de sa femme, ce qui est je trouve payant car je trouve la scène émouvante et qu’elle permet de varier le portrait de Goldman. Donc oui c’est classiquement fait mais efficace.

              • #19014 Répondre
                François Bégaudeau
                Maître des clés

                1 tu noies le poisson dans une généralité. Je ne fais pas de généralités. Je ne dis pas que Kahn devait suivre Goldman sur tout. Je dis que faire cette chose précis dans ce cas d’espèce précis dénote un connard. Ou, comme dirait Ford, un cinéaste en état de péché mortel.
                2 Je ne suis pas ému par cette scène, pour la raison simple qu’il y a écrit « séquence émotion » au bas de l’écran.

                • #19022 Répondre
                  Charles
                  Invité

                  1. Au nom de quoi exactement ? Par respect pour qui? Pour sa femme qui voulait témoigner au procès ou pour Goldman mort depuis 30 ans qui voulait protéger sa femme à une époque où il était sans doute radioactif et qui est désormais révolue ?

                  • #19023 Répondre
                    François Bégaudeau
                    Maître des clés

                    Par respect pour elle.
                    Il y a des arrangements tolérables du réel, avec le réel. Et des arrangements moins tolérables.
                    Nous sommes certes là dans l’intuition morale. Et je n’ai pas d’argument plus rationnel que : moi je ne l’aurais pas fait, ou m’en serais voulu de le faire. Et je n’aime pas celui qui l’a fait.

        • #18958 Répondre
          Seldoon
          Invité

          En fait tu es en colère contre les films de procès en général. Moi c’est la filmographie de Tim Burton qui me met dans cet état.

          • #18965 Répondre
            Tony
            Invité

            Dernièrement j’ai vu un film de procès que j’ai aimé,’le sergent noir’mais bon c’est John Ford…

            • #18973 Répondre
              Seldoon
              Invité

              Ah jamais vu celui là ! C’est bien alors ? Tu peux en dire plus ?

              • #18986 Répondre
                François Bégaudeau
                Maître des clés

                C’est un grand Ford.
                A ne pas confondre avec un grand Citroen
                (blague de Jean Douchet)

                • #19067 Répondre
                  Seldoon
                  Invité

                  L’homme qui n’a pas de prénom va être jaloux.

            • #18976 Répondre
              Hervé Urbani
              Invité

              La plus belle séquence de procès que j’ai vue dans un film est courte mais génialement mise en scène : La Rue rouge, de Fritz Lang. Il y a aussi un grand film de Losey, Pour l’exemple.
              Concernant Pierre Goldman, je n’irai pas voir le film donc je n’en parlerai pas sinon pour exprimer mon a priori négatif très (trop) fort le concernant et qui explique la raison de mon abstention. J’ai déjà vu, entendu et lu trop de conneries concernant le bonhomme, la palme revenant au livre d’Antoine Casubolo, La Vie rêvée de Pierre Goldman, qui va jusqu’à postuler que c’est Goldman lui-même qui a organisé son propre crime au nom d’Honneur de la police, organisation fictive, suicide qu’il aurait commandité pour réaliser son fantasme sacrificiel de résistant né vingt ans trop tard.
              Je me contenterai donc de rappeler que, quoiqu’on pense de cet homme et de ses crimes et délits supposés et/ou avérés, il y a une certitude et c’est la plus intéressante à mes yeux, celle qu’il fut un authentique écrivain auteur de deux livres dont je recommande la lecture : Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France et L’Ordinaire Mésaventure d’Archibald Rapoport.

              • #18980 Répondre
                Charles
                Invité

                J’essaierai de lire Souvenirs obscurs.

              • #18983 Répondre
                François Bégaudeau
                Maître des clés

                Oui il me semble que la seule manière pour moi d’avoir un peu d’amitié pour Goldman, c’est sa littérature
                Comme bandit c’est un nul, comme gauchiste c’est un nul, comme juif il est beaucoup trop hystérique, comme existant on a fait mieux, mais comme écrivain c’est quelque chose (je n’ai lu que Souvenirs… mais c’est fort)

                • #20994 Répondre
                  I.G.Y
                  Invité

                  C’est amusant mais je trouve justement que le film, et surtout l’acteur, rendent très bien toutes ces caractéristiques. C’est un des aspects principaux qui m’ont rendu le visionnage agréable voire passionnant. Cet aspect pleinement contradictoire est très bien incarné. A la fois médiocre et brillant. Il dit d’ailleurs lui-même que, contrairement à ses parents, il est un râté

                  • #20995 Répondre
                    I.G.Y
                    Invité

                    un « raté » même, ça me revient^^

                    • #21005 Répondre
                      François Bégaudeau
                      Maître des clés

                      Si PG était aussi maniéré dans ses prises de parole que l’est l’acteur, alors je doute de plus en plus qu’il soit un ami.
                      Mon intuition étant à la base que PG avait tout pour devenir, s’il restait vivant dans les quatre décennies suivantes, un néo-conservateur tendance agressive.

                      • #21051 Répondre
                        I.G.Y
                        Invité

                        Pourquoi pas, mais il aurait fallu pour cela un tête à queue spectaculaire (que n’ont pas manqué d’effectuer un certain nombre de soixante huitards, c’est vrai, mais qui étaient peut-être moins possédés). On peut aussi imaginer une trajectoire à la action Directe, qui ont d’ailleurs intégralement sombré dans l’oubli.

                        Sur l’aspect maniéré je saisis peu, est-il moins maniéré dans son livre? Je vois peut être mal dans quel sens tu emploies ce terme, car Frédéric Lordon l’ami me paraît plus maniéré que PG !

                      • #21060 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        L’acteur fait des manières. Il fait des mines. Il accompagne chaque syllabe d’une mine. Il émotionne. Il faciès. Il est laborieux et scolaire. Je le vois travailler et j’ai peine pour lui.

                        Le destin à la Action directe, il l’a eu, en quelque sorte.
                        Je parle de ce qu’il fût devenu en vieillissant.

                      • #21075 Répondre
                        I.G.Y
                        Invité

                        Oui pourquoi pas. A la fois je trouve que c’est souvent une critique pertinente (et ne parlons pas des séries), mais je trouve que tu t’emballes parfois un peu là dessus^^ Depuis que je t’entends faire ce genre de critiques je suis bien plus en alerte sur ces choses, et il y en a une autre qui me frappe tout autant : à quel point dans la vie de tous les jours je vois des gens faire des mines, leurs mines. Et à chaque fois je me demande : si je voyais ça dans un film, est-ce que je parlerais de surjeu? Dans pas mal de cas la question se pose. N’y aurait-il pas tout simplement des gens qui réellement « sont » des acteurs qui surjouent, dans la vie, comme ça, spontanément, pour le meilleur et pour le pire? Ces gens existent vraiment, après tout

                      • #21080 Répondre
                        I.G.Y
                        Invité

                        J’ai par exemple une ex qui m’a fait remarquer à quel point je parlais avec les mains, sans même m’en rendre compte, presque tout le temps, parfois avec des grands gestes mimant le contenu de la phrase. Ça n’avait jamais l’air d’avoir choqué les gens mais elle, elle en faisait des bonds en arrière. Je voyais régulièrement ses yeux suivre frénétiquement les mouvements de mes mains et du même coup, ce à quoi je n’avais jamais fait attention me sautait à la figure. Certains voient peut être en moi un insupportable cabotin^^

                      • #21092 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        C’est intéressant comme question,moi aussi je me suis fait cette réflexion,souvent dans la vie et surtout en société on se demande si on en fait pas un peu trop,par exemple si je regarde une comédie je ris beaucoup plus fort quand je suis avec d’autres personnes que quand je suis seul,est-ce que c’est du surjeu?Ou bien,par exemple,dans un repas de famille on pousse un peu,on exagère,on peut être de mauvaise foi,on provoque un peu,on finit presque par se mettre un peu en scène pour créer une dramaturgie,on surjoue.Dans un cadre professionnel aussi on joue aussi un rôle quelque part et on attend de nous du surjeu(surjouer l’enthousiasme par exemple car sinon on passe pour quelqu’un de démotivé).

                      • #21097 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Pour revenir au cinéma est-ce que,par exemple,dans César et Rosalie,Yves Montand surjoue ou est-ce son personnage qui est dans le surjeu?

                      • #21114 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Yves Montand c’est une nature, comme on dit. Il est constamment expressif, à la ville comme à la scène.
                        Mais peu à peu, et notamment chez Sautet, il s’est mis à faire des gueules.
                        Dans Cesar, tout va bien quand il fait le cabot pour séduire Rosalie. Mais tout s’écroule quand il se met à jouer la peine. Là il n’est plus un cabot mais un basset.

                      • #21115 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Mes mains sont très agitées aussi, et en aucun cas ça ne tient à du cabotinage. C’est un certain investissement du corps dans la parole.

                      • #21113 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Je distingue très nettement un surjeu d’acteur, qui sent le travail, et un surjeu d’individu réel, qui devrait plutot se nommer expressivité.
                        Rohmer, par exemple, est excellent pour documenter cette expressivité réelle, qui ne sent pas la sueur d’acteur.

                      • #21125 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Mais je concède volontiers que l’appréciation du jeu d’un acteur reste très approximative, et difficilement argumentable.
                        Dans ce cas d’espèce, je confesse volontiers que Worthalter, je n’aime pas sa gueule. Ni ici, ni chez Mazuy, ci chez Amalric. Et il a fallu tout le génie de Nadège Trebal pour que je puisse aimer 12000 malgré son omniprésence
                        Inversement, il y a des acteurices qui pourraient jouer un aspirateur qu’on serait constamment enchanté de les regarder. J’ai ça avec Matt Damon, avec Brad Pitt. J’ai ça avec Hafsia Herzi. Avec aussi plein de quasi amateurs passés furtivement dans le cinéma (le Stéphane d’Une vie violente). Les regarder est une joie, simple et inentamable.

                      • #21126 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Mais je concède volontiers que l’appréciation du jeu d’un acteur reste très approximative, et difficilement argumentable.
                        Dans ce cas d’espèce, je confesse volontiers que Worthalter, je n’aime pas sa gueule. Ni ici, ni chez Mazuy, ci chez Amalric. Et il a fallu tout le génie de Nadège Trebal pour que je puisse aimer 12000 malgré son omniprésence
                        Inversement, il y a des acteurices qui pourraient jouer un aspirateur qu’on serait constamment enchanté de les regarder. J’ai ça avec Matt Damon, avec Brad Pitt. J’ai ça avec Hafsia Herzi. Avec aussi plein de quasi amateurs passés furtivement dans le cinéma (le Stéphane d’Une vie violente). Les regarder est une joie, simple et inentamable.

                      • #21128 Répondre
                        I.G.Y
                        Invité

                        J’ai trouvé dernièrement que Matt Damon était excellent dans Oppenheimer, film que j’ai moyennement aimé par ailleurs. Il est le meilleur acteur du film. Mais en revanche, puisqu’on parle de sueur, dans ce film Cillian Murphy en tient une couche… A mon humble avis/ressenti

                      • #21400 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        A la fin il y aura toujours ce fait simple : il y a des gens qu’on aime regarder (et écouter) à travers une caméra et d’autres non. Ca n’invalide aucun axiome ni aucune théorie sur le jeu au cinéma, mais il faut bien noter qu’en cas de conflit elles se coucheront toujours devant ce fait, sa part de mystère et surtout d’érotisme.

                      • #21127 Répondre
                        I.G.Y
                        Invité

                        Je trouve qu’il est parfois difficile de distinguer la sueur de l’expressivité (quand bien même c’est souvent évident). Pour le cas d’Arieh Worthalter, je le trouve crédible justement dans la mesure où son surjeu participe de la part de médiocrité du personnage réel, que tu as toi-même identifiée.

                        Le dernier « cabotin naturel » que j’ai adoré est Harry Max et ses courtes apparitions dans Baisers Volés de Truffaut, vu récemment. Pas une once de sueur

      • #19050 Répondre
        lison
        Invité

        « j’ai, de fait, voulu témoigner pour Pierre, mais il s’y est opposé. Il voulait absolument me préserver de tout ça. C’est déjà une chose qu’on aurait pu respecter. »
        Je suis bien d’accord, ça il aurait pu le respecter.

    • #18960 Répondre
      Charles
      Invité

      Voici un compte-rendu du procès

      « LES ARCHIVES DU FIGARO – Après l’acquittement du braqueur pouapr meurtre le 4 mai 1976, le chroniqueur judiciaire du Figaro offre un compte rendu passionnant des débats.

      À l’occasion de la sortie du film de Cédric Kahn, Le procès Goldman, Le Figaro vous propose un récit depuis la Cour d’assises de la Somme de 1976. Le chroniqueur judiciaire Pierre Macaigne fait ici le bilan du second procès de Pierre Goldman au Palais de Justice d’Amiens. Le braqueur gauchiste et révolutionnaire, accusé d’avoir tué deux pharmaciennes lors d’une agression à main armée, avait été condamné à la réclusion à la perpétuité en décembre 1974. Un jugement cassé par la Cour de cassation en novembre 1975.

      Article paru dans Le Figaro du 5 mai 1976

      Douze ans de réclusion pour Pierre Goldman ! Il est acquitté du meurtre des deux pharmaciennes. Seules, les trois agressions ont été retenues par la cour. Dès que la foule massée dans le fond de la salle eut compris que les jurés avaient répondu « non » à la question sur la culpabilité de Goldman dans l’affaire du boulevard Richard-Lenoir, une rafale d’applaudissements serrés interrompit la lecture du verdict. Ce fut exactement comme un bouchon qui saute ! L’explosion d’une bouilloire…

      À l’intérieur du box, Pierre Goldman avait saisi en silence la main d’un de ses avocats ; il la pressait longuement, la tête penchée sur le côté avec un air tout ensemble triste et transfiguré, tandis que le président Tabardel continuait à lire les réponses des jurés aux 43 autres questions. La suite touche au délire… Le verdict lui-même, c’est-à-dire la condamnation de Goldman à douze années de réclusion, fut de nouveau applaudie de manière nourrie par une salle où des gens pleuraient, d’autres s’embrassaient.

      Pierre Goldman a déjà accompli six ans de prison préventive. Il lui reste donc théoriquement six autres années à couvrir. Six autres années où peuvent encore évidemment intervenir des réductions de peine pour bonne conduite ou tout autre motif. Allons ! La foule ne s’y est pas trompée : cette condamnation à douze ans de travaux forcés ressemble finalement fort à un coup d’éponge…

      Un procès complexe
      Voilà donc Pierre Goldman jugé. Il n’aura pas fallu moins de sept journées d’audience pour y parvenir. Sept journées d’attention intense, du matin au soir. Si des zones d’ombre demeurent – et elles demeurent –, nul ne pourra écrire sans mauvaise foi qu’elles sont le fait des jurés ou des magistrats amiénois. Il a été clair qu’ils voulaient savoir et comprendre. Ils ont posé plus de questions que dans aucun autre procès. Ils ont couvert de notes des pages et des pages. Ils ont retenu certains témoins près de deux heures d’horloge. Ils sont allés jusqu’au bout de la bonne foi et de l’honnêteté. Ce n’était pas si facile, dans le climat passionnel qui entourait cette affaire…
      Pourquoi ce procès était-il si complexe ?

      L’acquittement de Pierre Goldman à la une du Figaro le 5 mai 1976. Le Figaro
      Essentiellement, pour trois raisons. La première, c’est sa double nature. Il touchait au droit commun crapuleux, et il était pétri de politique. La deuxième, c’est qu’il existait et qu’il existera toujours un doute sur Goldman. Est-ce lui qui a tiré sur les deux pharmaciennes, sur M. Trocard et sur l’agent Quinet lors du hold-up du boulevard Richard-Lenoir ? Ou bien est-il innocent ? Totalement, complètement innocent ?

      La troisième raison tient à la personne de Goldman. Il est évident pour tous ceux qui ont suivi les péripéties du procès que le garçon attachant, aujourd’hui dans le box, n’a qu’un rapport lointain avec l’être désespéré et morbide qui vivait dans le sillage des voyous, au retour d’un Venezuela qui l’avait déçu. En prison, Goldman a mûri.

      Cette attitude est pourtant restée déconcertante, pendant les débats. Il est apparu comme un être entier, tout d’une pièce, sans complaisance pour lui-même. Ce qui l’amenait tour à tour à se montrer attentif et désinvolte, passionné et indifférent, tendu comme un arc et souriant interminablement à des visages amis qu’il apercevait dans la salle. C’était l’attitude d’un homme complètement détaché de son procès, excepté sur un point : la possibilité d’être déclaré coupable de l’assassinat de deux femmes. Pour lui, visiblement, le reste ne comptait pas. Ou très peu…

      Le talent des avocats
      Il a eu deux avocats comme on souhaite qu’il en existe beaucoup : Georges Kiejman et Émile Pollak. Il fallait cela. Me Kiejman s’est d’abord interrogé sur les raisons pour lesquelles ce procès nous avait tous fascinés : « Parce que Goldman parle le langage de sa génération, et qu’on lui fait un procès du XIXe siècle », estime-t-il.

      Pourquoi un procès du XIXe siècle ? Me Kiejman évoque alors l’affaire bien connue du courrier de Lyon, l’attaque de la malle-poste où sept témoins, tous formels, reconnurent et accusèrent Lesurque, un négociant de Lille qui faisait la noce à Paris. Lesurque fut condamné. Il y avait eu cinq agresseurs : il y eut six guillotinés.

      L’avocat fait remarquer, en passant, que si la Cour de cassation a pris la décision d’annuler le verdict rapporté par les jurés parisiens, c’était peut-être à cause d’une erreur de forme, certes, mais sûrement aussi parce qu’elle avait eu le sentiment que la vérité, en 1974, n’avait pas réussi à se manifester.

      Alors, l’avocat s’efforce de nous faire toucher du doigt qu’aucune preuve ne vient, scientifiquement, démontrer la culpabilité de Pierre Goldman dans la fusillade du boulevard Richard-Lenoir. Les pistolets appartenant à Goldman ne sont pas ceux qui ont tiré, les experts sont formels, et ils disent, en outre, qu’il ne s’agit pas d’armes trafiquées pour empêcher l’identification. Me Kiejman fait évidemment un sort à la déclaration capitale du commissaire Jobard qui mena l’enquête : « Dans la mesure où c’était Pierre Goldman, le coupable, il eût mieux valu qu’il y ait contre lui des preuves matérielles. » Et le défenseur conclut : « On n’envoie pas un homme en prison pour la vie quand on ne dispose que de preuves sentimentales… »

      Pour lui, faute de preuves matérielles suffisantes, l’accusation s’est rabattue sur des « possibilités ».

      La fragilité des témoignages
      Nous retiendrons cet argument également : « Vous dites que vous n’accordez pas de valeur scientifique à l’alibi de Goldman. Bien ! Mais comment pouvez-vous oser accorder une valeur scientifique à des preuves approximatives, alors que la charge de la preuve appartient à l’accusation ? Cela signifie-t-il, dans la pratique, que la présomption d’innocence n’existe plus ? Cela signifie-t-il qu’il faille maintenant condamner au bénéfice du doute ? »

      Qu’on ne s’y méprenne pas. C’était le cœur du débat, le fond du procès. Et c’est en cela que l’affaire Goldman avait valeur d’exemple, bien au-delà du cas – passionnant, néanmoins – de l’accusé.
      Me Émile Pollak, lui, demandait « qu’on ramène la vérité et qu’on proclame la justice ». La justice ! Que Goldman nous plaise ou qu’il nous déplaise…

      En réfutant un par un les témoignages, en s’attardant de façon assez féroce sur certains, Me Pollak – de la voix qu’on lui connaît – secoua profondément son auditoire. Bouleversé lui-même, il bouleversait.
      Évoquant par exemple la relativité du témoignage humain, il eut cette formule : « C’est fragile comme un nouveau-né, un témoin ! Il y a ceux qui voient mal, d’autres qui entendent mal. Il y a ceux qui croient avoir vu ou se persuadent d’avoir vu. Il y a celui qui est dépendant de son humeur, de ses passions, de ses convictions. Il y a même celui qui est fou. C’est cela un témoin. » Sa péroraison restera dans les mémoires amiénoises.

      Un réquisitoire bien tranché
      Au cours de la matinée, l’avocat général, Jacques Basse, avait réclamé contre Pierre Goldman la confirmation de l’arrêt rendu à Paris, lors du premier procès, c’est-à-dire la réclusion criminelle à perpétuité. L’accusé n’avait pas bronché. La salle, à peine.
      « Je ne peux pas dire que j’ai marqué un enthousiasme délirant quand j’ai reçu la charge de requérir dans cette affaire, avait commencé M. Basse. À cause du climat passionnel dont elle était entourée. Ne disait-on pas que Pierre Goldman avait été condamné parce qu’il était juif et parce qu’il était gauchiste ? Il est difficile de rendre une justice équitable et sereine dans de telles conditions… »

      Le ministère public avait divisé son réquisitoire en tranches bien nettes. La personnalité de Goldman. Les trois hold-up qu’il a reconnus. L’affaire du boulevard Richard-Lenoir. La reconnaissance de l’identification du prévenu dans les locaux de la PJ par les différents témoins. Enfin, l’alibi fourni par Joël Lautric.

      Les arguments du ministère public semblaient porter assez fort sur les jurés. D’autant que l’avocat général ne se départissait pas d’un léger sourire de bon élève sûr de lui, pour dire, par exemple, qu’il ne considérait pas, pour sa part, que les armes retrouvées avaient été trafiquées après les faits, mais que Pierre Goldman avait pour habitude de se débarrasser des éléments qui pouvaient ensuite le faire accuser : un caban après l’agression contre les époux Farmachi, son imperméable après le hold-up aux établissements Vog, etc.
      « Il a fort bien pu se débarrasser ainsi des armes compromettantes, d’autant qu’il en possédait plusieurs autres… »

      Les jurés ont rendu leur verdict tard, dans la soirée. »

    • #18999 Répondre
      Graindorge
      Invité

      On nous propose à TEA un film islandais Godland de Hlynur Pàlmason. Un avis?

    • #19051 Répondre
      Ostros
      Invité

      Merci à ceux et celles qui ont parlé de Radu Jude dont j’ignorais l’existence jusqu’alors. Plein plein de choses à manger dans ce film drôle, barré, politique, cru, d’une forme dingue, j’ai adoré.
      Il y a juste une scène qui m’a échappé et pour laquelle j’ai besoin de vos lumières. C’est celle où la taxi woman du passé récupère sa fille en pleine nuit la giffle et la serre dans ses bras car elle a eu peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. Il y a un paquet d’hommes qui sont là : qui sont ils ? Et pourquoi il y a un mec qu’ils essaient de déssaper pour lui donner une leçon et la mère leur demande de le laisser ?
      Si la taxi woman du passé a une fille, est-elle la vieille dame ex-taxi woman dont le fils handicapé est interviewé ? Car cette derrière dit n’avoir eu qu’un seul enfant avec son mari.

    • #19065 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      la vielle dame est jouée par l’actrice qui joue dans la film des années 80
      elle est censée, dans la fiction de Jude, avoir un fils

      • #19072 Répondre
        Ostros
        Invité

        Je te remercie, c’est donc bien ce que j’avais compris au départ. Mais alors qui est la jeune femme qu’elle vient chercher en pleine nuit au milieu d’une bande d’hommes (dans les années 80) ?

        • #19079 Répondre
          Ostros
          Invité

          Et qui a vu Le retour de Catherine Corsini sorti en juillet qui avait fait grand bruit avant Cannes, avait été exclu de la compétition puis non. Je n’ai pas le souvenir de vous avoir lu.e.s dessus.

          • #19097 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            pas vu le Corsini non

            je n’ai pas bien compris tout ce qui se joue dans le film des années 80
            et je crois que c »est un peu normal, on n’a que des bribes
            Jude dit ben que ce qui l’intéresse là-dedans, c’est ce que cette fiction assez pourrie documente malgré elle. de la Roumanie de l’époque

          • #19110 Répondre
            Toni Erdmann
            Invité

            Le Corsini est le pire film que j’ai vu cette année.
            Concernant Radu Jude, le film des années 80 est utilisé car il contient des éléments qui ont échappé à la censure. Lorsque Radu fait des ralentis ou des pauses, c’est pour montrer des pauvres qui trainaient dans les quartiers chics de Bucarest et qui faisaient la queue pour la soupe populaire. Or, il était interdit de montrer cela dans les films de l’époque. Mais puisqu’ils étaient relégués à la marge des plans, la censure n’avait pas pu les voir. C’est en les ralentissant qu’on peut mieux les appréhender.
            Notons que ce geste est constitutif de l’art de Radu Jude : montrer qu’il y a toujours, dans les images, quelque chose qui échappe à celui qui tente de les manipuler. C’est pour cela que le tournage de la campagne de prévention devient une farce. Il y a une inadéquation insolvable entre le réel et ce que veut construire l’équipe marketing de l’entreprise. Il faut enlever la barrière, trouver un handicapé pas trop handicapé, qui pourrait accepter de modifier légèrement son histoire. Même Angela n’arrive pas à pleinement contrôler son filtre Snap .

            • #19113 Répondre
              Charles
              Invité

              Merci pour ce commentaire du Rude, Toni Erdmann, c’est très intéressant et éclairant.

              • #19114 Répondre
                Charles
                Invité

                Sacré personnage que celui d’Angela : vulgaire, punk, sexy, frondeuse, curieuse, intelligente etc. Décidément, on est particulièrement gâtés en grands personnages féminins en cette rentrée entre celui-ci et ceux du Breillat et du Triet.

            • #19137 Répondre
              Ostros
              Invité

              Merci Toni !

    • #19099 Répondre
      Charles
      Invité

      https://www.radio.fr/podcast/sortie-de-secours2
      Le dernier numéro de Sortie de secours porte sur Acide et le règne animal et leur permet d’évoquer la fameuse impossibilité du film de genre à la française. La discussion est un peu théorique et parfois trop lointaine par rapport aux films évoqués mais est intéressante en ce qu’elle révèle de la critique et de l’industrie – de façon générale, ce podcast semble très préoccupé par l’état de l’industrie du cinéma français, plus que par des questions purement esthétiques. On y retrouve une obsession pour ce sujet de film-de-genre-à-la-française qui serait l’obsession de l’industrie, ce qui est sans doute vrai, sauf que celle-ci est redoublée et même gonflée par ces critiques qui ne parlent que de ça, en oubliant de parler des films en eux-mêmes. Et surtout, ils présupposent que le film de genre américain, mètre étalon inatteignable, serait super. Sauf que ce n’est pas super dans la plupart des cas. Ils parlent beaucoup de la Guerre des mondes de Spielberg comme référence du Philippot mais ce film n’est pas vraiment un chef d’oeuvre ni une réussite totale. Certes, il comporte des scènes assez géniales (en gros les 45 premières minutes voire la première heure) mais il s’affaisse au fur et à mesure que le récit progresse et finit par être pas assez banal. Donc finalement ces critiques reprochent aux cinéastes français d’être obsédé par ces films américains mais eux-mêmes ne peuvent s’empêcher de faire la comparaison et de les prendre comme modèles, de façon circulaire en définitive.

      • #19101 Répondre
        Seldoon
        Invité

        Non seulement ce n’est pas super dans la plupart des cas, mais il s’est surtout bien effondré. J’attends de voir le Cailley avant d’écouter le podcast, et donc le reste de mon intervention va se vautrer dans des généralités. Les classiques défenseurs du cinéma de genre US ne se rendent souvent pas compte que les uniques références qu’ils citent sont les films de genre des années 80 et 90, avec de rares incursions préhistoriques dans les années 70 (merci les 2 films et demi de complot qu’on y trouve). Les rares réalisateurs qui leur cachent la forêt après 2000 sont Spielberg, Fincher et Mann (puisque même parmi les connus ils ne mentionnent que peu Tarantino ou les Coen, pourtant les grands travailleurs actuel du cinéma de genre aux états unis). Heureusement pour eux qu’il y a le sursaut récent de l’elevated horror qui leur donne un peu de grain à moudre mais on voit bien que ça les dérange quand même qu’on rajoute une couche intello sur les bonnes vieilles recettes.

        • #19105 Répondre
          Charles
          Invité

          Tout à fait d’accord.

          • #19115 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            Sur le cinéma de genre il me semble que Soderbergh mériterait aussi d’etre mentionné.
            Même s’il y oeuvre à sa manière singulière.

            • #19116 Répondre
              Seldoon
              Invité

              Oui complètement. Voilà un vrai travailleur du genre.

      • #19109 Répondre
        Toni Erdmann
        Invité

        Charles, je te trouve sévère. Il me semble qu’ils déplorent précisément ce que tu leur reproches : le fait qu’à chaque fois qu’un film de genre sort en France, la critique opère selon un lexique qui est celui de la tentative, de l’essai, de la prise de risque. Et il vrai que dans les articles et la façon de vendre les films (Teddy, La Nuée, Julia Ducournau, Kourtrajmé, voire Bertrand Mandico), on parle très peu du film, mais de ce qu’il augure du futur, ou du fait qu’il représente une anomalie dans l’économie du cinéma français.
        Or, Léo Haddad note, qu’en réalité, aucun de ces films ne séduit le grand public, alors même que le « genre », pour le CNC et les financiers, a pour objectif d’attirer un public jeune davantage porté sur le cinéma américain. Le sommet de cette hypocrisie étant le fait que les festivals, lieux confidentiels par excellence, sont les premiers à raffoler de ces films. On notera que les deux films, Acide et Le Règne Animal, respectivement produits par Pathé et StudioCanal, étaient les seuls (ou presque) films qui permettaient à ces studios d’être présents à Cannes.

        À propos du Règne Animal, je pense qu’on peut enfin sortir du lexique de la tentative car le film évite un écueil propre à tous ces projets qui est le solennel et le sérieux. C’est le problème de Titane, de La Nuée ou de Salem (prochain film du réalisateur de Shéhérazade qui est malheureusement une catastrophe industrielle). Et cette rupture du sérieux se perçoit notamment par un personnage secondaire qui est le love interest du héros. Rien ne demandait à ce qu’elle soit autiste, mais elle l’est, on l’accepte. Et tous les acteurs semblent jouer de manière un peu bouffone, à la fois à côté de la plaque et trop impliquée dans leur rôle. Cela crée un film où chaque scène, même sans mutants ou éléments fantastiques, recèle de monstruosité.

        • #19112 Répondre
          Charles
          Invité

          Ils le déplorent mais ne parlent en définitive que de cela, ils remettent des pièces dans la machine. D’ailleurs, leur attaque sur Acide c’est la comparaison avec le film de Spielberg…Les interventions de Léo Haddad sont en effet les plus intéressantes, dommage que ce soient les plus courtes.

    • #19100 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      on va écouter ça, qui tombe bien
      on traite Règne animal dans la Gene prochaine
      et un des enjeux serait : pourquoi Acide est si raté, et Règne si réussi?
      mais en effet il faut pour ça entrer dans le corps du film

      • #19104 Répondre
        Charles
        Invité

        Oui j’ai vu que la GO porterait sur le Cailley, c’est pour ça que j’ai signalé ce numéro de Sortie de secours qui m’a semblé intéressant et caricatural dans sa critique en vase clos du milieu.

    • #19117 Répondre
      amour
      Invité

      Tony, tu as vu le Règne animal ?

      • #19118 Répondre
        Tony
        Invité

        Non pas encore, peut-être ce week-end si je trouve la motivation,’l’autre laurens’ m’intéresse aussi donc on verra…et toi tu l’as vu?

        • #19120 Répondre
          amour
          Invité

          Oui, j’en sors. J’y suis allée pour aller au ciné. Et horaire adéquat et titre alléchant. Le 1er quart d’heure, m’a un peu détonné. Me suis demander, ce que je fichais là. Me suis dit, tu vas te farder un Twilight ou un Avatar. Puis, je ne vais pas spoiler, mais c’est étonnant, exaltant, tendre, poétique, magique…Duris, et le gamin Kircher jouent très justes.
          J’ai pleuré, j’ai ri, j’ai eu envie d’être Emile. La musique au cinéma me gêne beaucoup, là, le réal fait une prouesse. Le son arrive toujours sur la lisière de mots. Y a des trucs un peu ratés, genre le rôle de Adèle, les images de drone (j’aime vraiment pas ça) mais c’est pas trop gênant. Les effets sont soignés, pas un brin criards. Prochain opus, le Genre Humain.
          Une jolie surprise.

          • #19121 Répondre
            Tony
            Invité

            Merci ça donne envie de le voir.

            • #19122 Répondre
              amour
              Invité

              Je verrai aussi l’autre laurens, trop aimé Braquer Poitiers.
              Sinon, t’as Bernadette, avec l’i-cone du cinéma.

            • #19123 Répondre
              amour
              Invité

              J’ajoute que c’est un film, avec des tonnes de défauts et unique. C’est ce qui me plait dans le cinéma, dans la vie. L’unicité.

              • #19135 Répondre
                Tristan
                Invité

                C’est vrai que ce film est unique tant il comprend des tonnes de défauts. C’est étrange que tu aies choisi le mot d’unicité pour définir ce film alors que j’aurais pile choisi son antonyme. C’est un film banal à bien des égards. Scénaristiquement parlant, ce film est d’une simplicité et d’une clarté telle que j’ai vraiment eu l’impression d’avoir été pris pour un enfant. Cailley pense-t-il que le public a les capacités de réflexion d’un enfant de 10 ans ? J’en suis certain. A-t-il raison ? Les retours des critiques et du public semblent le confirmer.

                • #19149 Répondre
                  amour
                  Invité

                  J’ai la sensibilité d’un enfant de 10 ans, donc ça me va. J’aime les films simples. Celui-ci l’est avec des formes plurielles. La scène avec l’échassier et les chars est tout sauf banale.

    • #19136 Répondre
      Ostros
      Invité
      • #19140 Répondre
        Sarah G
        Invité

        N’attendez pas trop de la fin du monde », de Radu Jude : collage visuel sur les routes de Bucarest
        Le cinéaste roumain poursuit sa dénonciation des travers du libéralisme effréné dans son dernier long-métrage, récompensé du prix spécial du jury à Locarno
        L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
        Cinéaste dialecticien, qui n’aime rien mieux que semer la zizanie entre les images, le Roumain Radu Jude, 46 ans, livre avec son dernier long-métrage en date une œuvre somme, un pamphlet à sa façon, virulent et malpoli, jovial et désespéré, cette fois élargie aux dimensions d’une odyssée contemporaine. Après Bad Luck Banging or Loony Porn, qui imaginait les démêlés d’une prof de collège dont une vidéo porno domestique avait fuité sur Internet, N’attendez pas trop de la fin du monde, Prix spécial du jury à Locarno, perpétuant ce goût comique des titres à rallonge, se dresse de nouveau contre la société néolibérale en voie terminale de dérégulation. Bucarest, capitale âpre et brutaliste, stigmate à ciel ouvert d’une Roumanie postcommuniste propulsée au pas de course dans l’économie de marché, en est le parfait avant-post
        e.
        D’une durée inhabituelle pour le cinéaste (cent soixante-trois minutes : un record), ce nouveau film de forme accidentée, fourmillant de récits et d’interludes, tourne autour du travail, de l’acception dégradée qu’on en a aujourd’hui. Pour cela, il s’attache au personnage d’Angela, une assistante de production lancée dans des courses en voiture interminables dans tout Bucarest. Sa mission du jour est de recueillir les témoignages d’invalides ayant subi de graves accidents du travail, en vue d’un spot de prévention commandité par une multinationale.
        Or, dans la ville connue pour ses embouteillages monstres, chaque course devient parcours du combattant, dans le vacarme des klaxons, des insultes échangées, des hymnes martiaux crachés par l’autoradio, et l’air vicié des gaz d’échappement (« composé à 100 % de pets », cauchemarde la conductrice). Les horaires d’Angela s’allongent à perte de vue, le sommeil gagne, sans compter les courses subsidiaires qui s’ajoutent au programme : conduire sa mère au cimetière, retrouver un amant pour une étreinte furtive sur la banquette arrière, puis repartir au turbin.
        Double avatar
        Cette héroïne, pimpante blonde en robe à paillettes jurant au volant comme un charretier, vaillante recrue de la corvéabilité ubérisée, jouée avec une verve incroyable par la jeune actrice Ilinca Manolache, vaut avant tout parce qu’elle s’inscrit dans le nœud gordien des contradictions contemporaines. La voilà, en effet, œuvrant à produire une image positive du travail en entreprise, alors qu’elle-même est exploitée jusqu’à la moelle, jetée sans ménagement dans la centrifugeuse urbaine. De même, on approche les grands accidentés du travail pour mieux les mettre en concurrence les uns avec les autres : un seul sera retenu pour tourner le spot et toucher le providentiel cachet.
        La schizophrénie monte d’un cran avec l’avatar que se crée Angela sur les réseaux sociaux, se filmant avec son téléphone, un filtre numérique apposé sur le visage : une caricature de macho mal embouché qui l’autorise à proférer les pires outrages – seule soupape de son quotidien sous pression. Or, ce double ultravulgaire n’est autre que le prurit symbolique du haut degré de violence émanant de la ville, ce dédale saturé de véhicules, de publicités agressives, de devantures criardes, de décharges sauvages. La traverser revient à déambuler dans une forêt de symptômes.
        Tout paradoxe scinde la réalité en deux. Il n’en fallait pas plus pour faire de N’attendez pas trop de la fin du monde un film de montage, maniant coupes et contrastes, jonglant avec les formats (noir et blanc/couleur, film/vidéo). Son régime est celui de l’hétérogène. Ainsi Radu Jude n’hésite-t-il pas à entrecouper les trajets de son héroïne avec des extraits d’un ancien film, Angela merge mai departe (1981), de Lucian Bratu, fiction de l’ère communiste sur une femme taxi, sillonnant elle aussi les rues de Bucarest. D’une époque à l’autre, du réalisme d’Etat à la satire à boulets rouges alternent des visages de la ville qui exposent ses mutilations (le quartier Uranus englouti dans le chantier du Palais du peuple de Ceausescu) et ses angles morts.
        Théâtre de l’échec et du reniement
        Le cinéaste ralentit l’image du film des années 1980 pour en révéler les fragments : les files d’attente à l’entrée des magasins rappelant le rationnement des denrées, des déshérités prenant le tramway, une centrale nucléaire pointant son nez à l’horizon… Autant de détails documentaires qui exposent l’inconscient de la fiction. Jude nous rappelle ainsi qu’une image est une empreinte, qu’elle comporte un double fond et capte toujours un surplus de réalité imprévue.
        L’image constitue bien l’objet de réflexion de N’attendez pas trop de la fin du monde, qui s’achève sur un plan fixe, retraçant le tournage du fameux spot de prévention, à la façon d’un petit théâtre de l’échec et du reniement. Le cinéaste établit ainsi un lien stimulant entre l’état d’une société et celui des images qu’elle produit : quand celles-ci ne sont plus que des biens de consommation jetables, perdant leur capacité à témoigner d’une réalité quelconque, elles participent à leur échelle à la transformation générale de l’espace public en une grande poubelle. Jouant l’examen par le montage, misant sur le choc comparatif des images, Radu Jude s’affirme ainsi comme l’un des rares disciples crédibles d’un Jean-Luc Godard.

      • #19141 Répondre
        Mambo Shake
        Invité

        « N’attendez pas trop de la fin du monde », de Radu Jude : collage visuel sur les routes de Bucarest
        Le cinéaste roumain poursuit sa dénonciation des travers du libéralisme effréné dans son dernier long-métrage, récompensé du prix spécial du jury à Locarno.

        Par Mathieu Macheret
        Publié le 27 septembre 2023 à 14h00

        Cinéaste dialecticien, qui n’aime rien mieux que semer la zizanie entre les images, le Roumain Radu Jude, 46 ans, livre avec son dernier long-métrage en date une œuvre somme, un pamphlet à sa façon, virulent et malpoli, jovial et désespéré, cette fois élargie aux dimensions d’une odyssée contemporaine. Après Bad Luck Banging or Loony Porn, qui imaginait les démêlés d’une prof de collège dont une vidéo porno domestique avait fuité sur Internet, N’attendez pas trop de la fin du monde, Prix spécial du jury à Locarno, perpétuant ce goût comique des titres à rallonge, se dresse de nouveau contre la société néolibérale en voie terminale de dérégulation. Bucarest, capitale âpre et brutaliste, stigmate à ciel ouvert d’une Roumanie postcommuniste propulsée au pas de course dans l’économie de marché, en est le parfait avant-poste.

        D’une durée inhabituelle pour le cinéaste (cent soixante-trois minutes : un record), ce nouveau film de forme accidentée, fourmillant de récits et d’interludes, tourne autour du travail, de l’acception dégradée qu’on en a aujourd’hui. Pour cela, il s’attache au personnage d’Angela, une assistante de production lancée dans des courses en voiture interminables dans tout Bucarest. Sa mission du jour est de recueillir les témoignages d’invalides ayant subi de graves accidents du travail, en vue d’un spot de prévention commandité par une multinationale autrichienne.

        Or, dans la ville connue pour ses embouteillages monstres, chaque course devient parcours du combattant, dans le vacarme des klaxons, des insultes échangées, des hymnes martiaux crachés par l’autoradio, et l’air vicié des gaz d’échappement (« composé à 100 % de pets », cauchemarde la conductrice). Les horaires d’Angela s’allongent à perte de vue, le sommeil gagne, sans compter les courses subsidiaires qui s’ajoutent au programme : conduire sa mère au cimetière, retrouver un amant pour une étreinte furtive sur la banquette arrière, puis repartir au turbin.

        Double avatar
        Cette héroïne, pimpante blonde en robe à paillettes jurant au volant comme un charretier, vaillante recrue de la corvéabilité ubérisée, jouée avec une verve incroyable par la jeune actrice Ilinca Manolache, vaut avant tout parce qu’elle s’inscrit dans le nœud gordien des contradictions contemporaines. La voilà, en effet, œuvrant à produire une image positive du travail en entreprise, alors qu’elle-même est exploitée jusqu’à la moelle, jetée sans ménagement dans la centrifugeuse urbaine. De même, on approche les grands accidentés du travail pour mieux les mettre en concurrence les uns avec les autres : un seul sera retenu pour tourner le spot et toucher le providentiel cachet.

        La schizophrénie monte d’un cran avec l’avatar que se crée Angela sur les réseaux sociaux, se filmant avec son téléphone, un filtre numérique apposé sur le visage : une caricature de macho mal embouché qui l’autorise à proférer les pires outrages – seule soupape de son quotidien sous pression. Or, ce double ultravulgaire n’est autre que le prurit symbolique du haut degré de violence émanant de la ville, ce dédale saturé de véhicules, de publicités agressives, de devantures criardes, de décharges sauvages. La traverser revient à déambuler dans une forêt de symptômes.

        Tout paradoxe scinde la réalité en deux. Il n’en fallait pas plus pour faire de N’attendez pas trop de la fin du monde un film de montage, maniant coupes et contrastes, jonglant avec les formats (noir et blanc/couleur, film/vidéo). Son régime est celui de l’hétérogène. Ainsi Radu Jude n’hésite-t-il pas à entrecouper les trajets de son héroïne avec des extraits d’un ancien film, Angela merge mai departe (1981), de Lucian Bratu, fiction de l’ère communiste sur une femme taxi, sillonnant elle aussi les rues de Bucarest. D’une époque à l’autre, du réalisme d’Etat à la satire à boulets rouges alternent des visages de la ville qui exposent ses mutilations (le quartier Uranus englouti dans le chantier du Palais du peuple de Ceausescu) et ses angles morts.

        Théâtre de l’échec et du reniement
        Le cinéaste ralentit l’image du film des années 1980 pour en révéler les fragments : les files d’attente à l’entrée des magasins rappelant le rationnement des denrées, des déshérités prenant le tramway, une centrale nucléaire pointant son nez à l’horizon… Autant de détails documentaires qui exposent l’inconscient de la fiction. Jude nous rappelle ainsi qu’une image est une empreinte, qu’elle comporte un double fond et capte toujours un surplus de réalité imprévue.

        L’image constitue bien l’objet de réflexion de N’attendez pas trop de la fin du monde, qui s’achève sur un plan fixe, retraçant le tournage du fameux spot de prévention, à la façon d’un petit théâtre de l’échec et du reniement. Le cinéaste établit ainsi un lien stimulant entre l’état d’une société et celui des images qu’elle produit : quand celles-ci ne sont plus que des biens de consommation jetables, perdant leur capacité à témoigner d’une réalité quelconque, elles participent à leur échelle à la transformation générale de l’espace public en une grande poubelle. Jouant l’examen par le montage, misant sur le choc comparatif des images, Radu Jude s’affirme ainsi comme l’un des rares disciples crédibles d’un Jean-Luc Godard.

        Film roumain, français, luxembourgeois, croate de Radu Jude. Avec Ilinca Manolache, Ovidiu Pirșan, Nina Hoss, Dorina Lazar (2 h 43). http://www.meteore-films.fr

        Mathieu Macheret

        • #19145 Répondre
          Ostros
          Invité

          Merci Sarah G et Mambo Shake

    • #19144 Répondre
      Tony
      Invité

      L’autre Laurens est une petite pépite pour qui aime le cinéma de genre tant le film arrive à évoquer tout un imaginaire,celui des films noirs et sa figure du détective dépressif qui  rappelle également les romans de Manchette mais aussi celui du western dans cet étrange territoire interlope de la frontière franco espagnole avec des bikers à la place des cowboys et des saloon devenus des bars à putes,l’image est comme doublée et de ce point de vue c’est une franche réussite tant ce que l’on voit a à la fois un air de déjà vu et d’étrangeté.Le film est méta mais cela n’empêche ni le charme d’opérer ni à la fiction de s’incarner et Rabourdin,une fois de plus,est fascinant et son binôme avec la jeune actrice est un régal,de façon générale la direction d’acteur est parfaite avec en contrepoint un duo de flics hilarant.

      • #19147 Répondre
        amour
        Invité

        Clairement Manchette, avec des plans digne d’oeuvres d’art. La musique là encore est mesurée comme il se doit, et Rabourdin excellent à nouveau.
        Les gueules des bikers, et certaines de leurs répliques sont aussi bien trouvées. La fin magnifie l’oeuvre.

    • #19168 Répondre
      Buster
      Invité

      Salut tout le monde !
      S’il existe sur ce forum (1) des personnes aimant les Straub-Huillet ou voulant les découvrir ; (2) des habitants de Bruxelles et des environs ou pouvant s’y rendre un jour, et bien la Cinematek de Bruxelles va projeter l’intégralité de leurs films (et notamment les derniers de Straub qui n’ont quasiment pas eu d’existence en salle ici). Je mets le lien si jamais : https://cinematek.be/fr/programma/2023-09-10-11-huilletstraub
      Est déjà passé : Machorka-Muff, L’aquarium à la nation, Non réconcilié.
      Bonne fin de weekend à tous.tes !
      Ps : Je suis chaud de connaître ceux que vous préférez !

      • #19177 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        J’aime tout chez eux
        Mais mon préféré est Amerika rapports de classes je pense.

      • #19178 Répondre
        Graindorge
        Invité

        Hélas, je crois qu’on mourra bête ce soir. Rien n’arrivera jusqu’à notre si petite île
        Sauf si on resuscite demain et qu’une âme charitable partage ici quelque chose des Straub- Huillet sinon pas grave, on ne meurt pas de faim dans ce forum

      • #19179 Répondre
        Graindorge
        Invité

        Hélas, je crois qu’on mourra bête ce soir. Rien n’arrivera jusqu’à notre si petite île
        Sauf si on resuscite demain et qu’une âme charitable partage ici quelque chose des Straub- Huillet sinon pas grave, on ne meurt pas de faim dans ce forum

      • #19190 Répondre
        Hervé Urbani
        Invité

        J’aime tout aussi mais comme je suis joueur, mon top 5 dans le désordre : Lothringen, Du Jour au lendemain, Chronique d’Anna Magdalena Bach, Sicilia !, Non réconciliés.
        En bonus, un autre que j’adore :

        • #19197 Répondre
          Graindorge
          Invité

          un bonheur

        • #19239 Répondre
          Buster
          Invité

          Merci Hervé ! Hâte de voir ceux dont tu parles !
          J’ai beaucoup aimé « Non réconciliés » !

    • #19170 Répondre
      Charles
      Invité

      Merci Buster.
      J’en profite pour signaler le sortie la semaine prochaine d’un documentaire d’inspiration Straubienne sur la colonisation de l’Algérie : De la conquête. Je n’ai vu que la bande-annonce et lu la critique de Cahiers mais je sens que c’est à voir.

      • #19185 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        Un français qui s’emparerait de ce genre de sujets? Je n’ose y croire
        On ira voir.

        • #19198 Répondre
          Ostros
          Invité

          Intriguée je me suis renseignée. Franssou Prenant. C’est une réalisatrice scénariste de courts
          et de docu qui a 70 ans dont 50 passés dans le cinéma . Elle a travaillé aussi comme monteuse pour Depardon. Je me demande si elle n’est pas d’origine algérienne en tout cas elle vit à Alger. Son wiki :
          Franssou Prenant fait ses études à l’école de cinéma de Paris l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Son premier court métrage sort en 1975 sous le titre Paradis Perdu.
          .
          En 1974, elle interprète une jeune Indienne dans Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri. En 1977, elle est scripte sur Le Diable probablement de Robert Bresson. À partir de 1982, elle travaille comme monteuse pour Raymond Depardon notamment sur Faits divers documentaire sur un poste de police de Paris, nominé à la 9e cérémonie des César en 1984.
          .
          Elle est l‘actrice et seul personnage représenté du film Empty Quarter – (Une femme en Afrique, 1985) du même Depardon[2].

          • #19200 Répondre
            Ostros
            Invité

            De 1830 à 1848 s’est déroulée la conquête de l’Algérie par le royaume de France sous le signe d’une colonisation violente effaçant de manière irrémédiable des cultures multiséculaires. Ce documentaire qui sort en salle le 11 octobre offre autant de points d’entrée pour penser un monde humain qui a disparu et une nouvelle réalité qui a dû se reconstruire sur ces cendres.
            .
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            BILLET DE BLOG 21 SEPTEMBRE 2023

            Cédric Lépine (avatar)
            Cédric Lépine

            Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

            Abonné·e de Mediapart

            « De la conquête » de Franssou Prenant
            De 1830 à 1848 s’est déroulée la conquête de l’Algérie par le royaume de France sous le signe d’une colonisation violente effaçant de manière irrémédiable des cultures multiséculaires. Ce documentaire qui sort en salle le 11 octobre offre autant de points d’entrée pour penser un monde humain qui a disparu et une nouvelle réalité qui a dû se reconstruire sur ces cendres.

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            ÉDITION

            Cinémas méditerranéens

            Suivi par 11 abonnés

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            Sortie nationale (France) du 11 octobre 2023 : De la conquête de Franssou Prenant

            Si en 2022 étaient fêtés les 60 ans de l’Indépendance de l’Algérie à la suite d’une guerre particulièrement meurtrière, l’histoire de la conquête initiale par le royaume de France de Charles X et de Louis-Philippe de 1830 à 1848 est pour les contemporain.es beaucoup moins connue.
            .
            Aussi, la réalisatrice Franssou Prenant interroge ici les « événements » de la colonisation en Algérie en confrontant les images actuelles de l’Algérie avec les textes des témoins de l’époque, qu’il s’agisse de militaires ou de plumes aguerries, en contact direct avec la réalité tragique de la conquête militaire française en Algérie.
            .
            https://blogs.mediapart.fr/edition/cinemas-mediterraneens/article/210923/de-la-conquete-de-franssou-prenant

            • #19202 Répondre
              Ostros
              Invité

              J’ajoute ce texte qui retrace l’enfance en Algérie et la carrière de la réalisatrice (il y a eu une rétrospective en mars 2023 à Pompidou) :
              https://www.cinemadureel.org/sections/le-monde-autre/franssou-prenant/

            • #19244 Répondre
              Ludovic Bourgeois
              Invité

              13 Juin 1830 débarquement à Sidi Ferruch – 5 juillet 1830, capitulation d’Alger.
              Concrètement, on vous a botté le cul en 3 semaines en fait.
              ___
              C’est chaud comme on était les boss. Même moi je suis impressionné en fait
              ___
              Et après Patatras, total gauchisme. Anatomie d’une chute.
              Et à la fin ça donne ce forum et ce genre de « film ». Ha bha là t’as des blancs, c’est Loose Max
              ___
              La soumission des gars, mais c’est effrayant en fait. Des serpillères quoi

      • #19187 Répondre
        martin
        Invité

        Merci j’en ai pas entendu parler mais ça donne envie. Il y a un documentaire sur un opérateur serbe qui a filmé du côté du FLN qui est sortie il y a pas longtemps. J’ai pas encore eu l’occasion de le voir.

      • #19238 Répondre
        Buster
        Invité

        Trop bien je note ! Merci !

    • #19174 Répondre
      Ostros
      Invité

      Il y a aussi des idées de génie ? de Brice Gravelle recommandé par François (il ne passe qu’à l’espace saint Michel à Paris on dirait – risque de pas rester bien longtemps).

    • #19182 Répondre
      Leo Landru
      Invité

      Salut.
      J’avais lu ici ou là que d’aucun.e.s ici bénéficiaient tout comme moi d’un abonnement à Shadowz, plate-forme de streaming de films dits de genre.
      Pour info, est disponible depuis peu le film australien Wake in Fright, d’après l’auteur Kenneth Cook, datant de 1971 (le titre VF doit être Réveil dans la Terreur, en toute originalité) de Ted Kotcheff, futur réalisateur de First Blood (Rambo). Je le signale aux curieux.s.es. Le film a été présenté à Cannes deux fois, les bobines se sont perdues puis ont été retrouvées, enfin, il y a une histoire annexe amusante dont je vous fais grâce.
      C’est un grand film, dans ce qu’il raconte et montre – la déchéance physique et mentale d’un instituteur frustré, prétexte du portrait d’un bush peuplé d’intrus blancs, broyés par l’alcool, le virilisme, la violence, le jeu : l’ennui de ces hommes qui ne sont pas à leur place.
      La réalisation est riche, le film a peu vieilli. Des scènes violentes, aux travellings et au montage rapides, alternent avec des plans contemplatifs, des plans simples et sobres qui se chargent, les motifs s’entassent dans l’image au fur et à mesure de l’ivresse des personnages.
      Niveau casting on trouve Donald Pleasance en ivrogne savant, cabot mais admissible. Le personnage principal, joué par Gary Bond, est beaucoup plus intrigant dans le rôle ambigu de celui qui part à la dérive, se laisse tirer vers des instincts peu flatteurs.
      Le résultat n’est pas moral, ne juge personne, dépeint.

      • #19183 Répondre
        Leo Landru
        Invité

        Je viens de regarder la bande-annonce que je viens de partager. Comme attendu, elle dénature le film. Je recommande donc le film mais pas la bande-annonce.

        • #19189 Répondre
          Malice
          Invité

          Ah j’ai beaucoup aimé ce film! Le bouquin est bien également ( de Kenneth Cook si je ne m’abuse)

    • #19186 Répondre
      Martin
      Invité

      Après Vie violente, une projection d’anatomie d’une chute avec cette grande cinéphile matérialiste qu’est Elisabeth Borne ?

    • #19188 Répondre
      Ostros
      Invité

      Court métrage simple intelligent drôle de Radu sur Arte (avec une lecture d’Ilinca Manolache. Journal confiné 2020 6 minutes :
      https://www.arte.tv/fr/videos/097674-000-A/radu-jude-journal-confine/

      • #19196 Répondre
        Graindorge
        Invité

        grand merci Ostros

    • #19193 Répondre
      Charles
      Invité
      • #19195 Répondre
        Ostros
        Invité

        Je pense qu’on sait toutes et tous ici que la salle par ses dispositifs visuels et sonores permet d’être pleinement attentives et attentifs aux films (images et sons) qui y sont projetés. Donc que les films qui ne sont pas des blockbusters ont toute la légitimité d’être sur grand écran. Il est clair qu’on voit / entend mieux un Rohmer, un Hong sang soo ou un Breillat au cinéma.

        • #19199 Répondre
          Charles
          Invité

          Je pense que, avec les films de plateforme qu’on ne peut du tout voir autrement que sur un écran domestique, on peut avoir tendance à s’accommoder de l’absence de visionnage en salles et se dire que finalement la salle c’est comme la pellicule, c’est certes mieux mais sans être fondamental. Et le texte de Joudet va assez loin, plus loin que les traditionnels éloges de la salle qui en général parlent surtout de l' »expérience » de la salle avec son public, en soutenant que lorsqu’on voit des films chez soi il y a des aspects du film qu’on ne voit tout simplement pas.

          • #19201 Répondre
            Ostros
            Invité

            Oui c’est ce que je soutiens aussi quand je dis qu’on voit mieux un film en salle que chez soi. Je me fais souvent la réflexion quand je vais voir un Hong sang soo par exemple que ce serait le gâcher que de ne pas le voir sur grand écran. Et je sais que tous les cinéphiles se le disent aussi. Disons que dans cet article elle dit ce qu’on sait déjà et fédère des convaincus.

            • #19203 Répondre
              Tony
              Invité

              Mouais, aujourd’hui on a des bonnes qualités d’écran chez soi et,si on arrive à s’isoler,on peut retrouver des sensations intéressantes,dans une salle c’est parfois compliqué,par exemple cet après-midi j’ai vu le règne animal dans une salle pleine et,pas de bol, j’avais un voisin qui sentait mauvais,qui n’arrêtait pas de gesticuler (et de drôles de gesticulations genre jambes folles qui faisaient trembler la rangée,frottages de mains et…grattage de toutes les parties du corps)sans parler du portable sur lequel il regardait régulièrement l’heure…Bref il m’a sorti du film et je suis sûr que je l’aurais mieux vu chez moi!

              • #19206 Répondre
                amour
                Invité

                Ah ouais les boules, tu m’as fait rire. Par conséquent, ça t’empêche même de parler du film.
                C’est vrai que les voisins qui daubent et qui remuent, normalement à la maison on en a pas.
                Tu m’as rire.

            • #19210 Répondre
              François Bégaudeau
              Maître des clés

              La salle offre moins un espace qu’un moment
              Un moment circonscrit, insécable, qui en tant que tel circonscrit un dispositif de concentration.

    • #19237 Répondre
      Buster
      Invité

      Salut François,
      Je cherche à voir les films d’Othon et également « N’importe qui ». Je me souviens que certains étaient postés sur l’ancien site mais je ne les retrouve plus. Est-ce que tu sais où je peux les voir ?
      Merci à toi ! (Ou à celle/celui qui aurait l’une ou l’autre info !)

      • #19254 Répondre
        Ostros
        Invité

        Je m’associe à ta demande. Pour ma part il me manque Louisa, la santé, conte de cergy, Le fleuve, la tuffe et l’architecte. Et la pièce la vie est un ours. Et la serie litiges.

        • #19283 Répondre
          François Bégaudeau
          Maître des clés

          N’importe qui existe en dvd, et se trouve sur une ou deux plateformes de docus.
          Le reste doit un jour circuler

          La pièce s’appelle Le monde est un ours, traduction de the world is ours
          Elle est sur mon disque dur.

          • #19284 Répondre
            Ostros
            Invité

            J’avais pas mes notes…
            Une bonne nouvelle elle n’a pas été perdue.
            Peux-tu me l’envoyer ? (Ce sera un grand moment pour moi qui l’attends depuis 5 ans)
            madmrspi@gmail.com

            • #19288 Répondre
              Buster
              Invité

              La médiathèque où je vais ne l’a justement pas en DVD, je vais fouiner pour le trouver en VoD alors !
              Si jamais ça ne te dérange pas de me le transférer Ostros (et que François est d’accord), je suis partant !

              • #19308 Répondre
                François Bégaudeau
                Maître des clés

                Oui, partagez à l’envi.

                • #19320 Répondre
                  amour
                  Invité

                  Quelle générosité😂

              • #19313 Répondre
                Ostros
                Invité

                Buster, François est en plein dans les rencontres à droite à gauche donc dès qu’il se pose et me l’envoie je te transfère la pièce sans problème.

                • #19349 Répondre
                  Buster
                  Invité

                  Trop cool ! Merci beaucoup à vous deux !

            • #19314 Répondre
              Julien Barthe
              Invité

              Ostros,
              Très intéressé par la pièce, je me demandais si l’on ne ferait pas une chaîne humaine virtuelle. Tu dois avoir mon mail; je t’avais envoyé des menaces de mort après une discussion portant, je crois, sur une gêne littéraire.

              • #19315 Répondre
                Ostros
                Invité

                Oui je m’en souviens très bien je te ferai suivre.

          • #19285 Répondre
            GaelleS
            Invité

            On aime le bilinguisme de Othon
            En tapant Collectif Othon dans un moteur de recherche bien connu on tombe sur Jeunes militants sarkozystes et sur la version courte de Teaser dont je ne me lasse pas de la dernière réplique. Je ne poste pas les liens car j’arrive pas à publier un post avec

            • #19286 Répondre
              Ostros
              Invité

              Je tente :

              • #19287 Répondre
                Ostros
                Invité
                • #19289 Répondre
                  Buster
                  Invité

                  Yes merci !

                • #19311 Répondre
                  Charles
                  Invité

                  Premier docu de François que j’ai vu au moment de sa sortie (comme ça que j’avais découvert François) qui m’avait ulcéré à l’époque, quand j’étais sarkozyste.
                  Pas rancunier le type (moi).

                  • #19318 Répondre
                    François Bégaudeau
                    Maître des clés

                    Pourtant souviens toi, tes amis sarkozystes d’alors exprimaient, dans le film même, à la fin, leur sentiment qu’ils avaient été honnetement captés.

                    • #19365 Répondre
                      Charles
                      Invité

                      Je m’en souviens très bien, à ma grande consternation. J’avais été tellement énervé que j’avais demandé à ma copine d’alors, de gauche tendance Lienemann, de le voir pour confirmer ma vision. J’étais aussi peu capable de dire ce qui m’avait précisément déplu, hormis que je trouvais ça méprisant. Encore aujourd’hui je ne saurais le dire. Peut-être que le miroir tendu était trop peu flatteur en même temps que juste.

                      • #19366 Répondre
                        Billy
                        Invité

                        L’honnêteté intellectuelle is the new sexy

                      • #19367 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        je dis pareil
                        et ton honnêteté nous permet d’approcher un truc : taxer une oeuvre de mépris serait est peut être bien l’argument de ceux qui n’en ont pas (d’argument)

                      • #19368 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        je dis pareil
                        et ton honnêteté nous permet d’approcher un truc : taxer une oeuvre de mépris serait est peut être bien l’argument de ceux qui n’en ont pas (d’argument)

                      • #19369 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Oui et avec le mépris on retombe dans une appréciation strictement morale.

                • #19321 Répondre
                  Mao
                  Invité

                  En 2001, j’ai 17 ans, je sors de mon lycée déclassé. Comme l’année précédente, je passe mes 2 mois d’été à travailler avec papa à l’usine pour me faire un peu d’argent et apprendre le métier. Mais les temps sont durs, mon père m’apprend, la mine grave et l’oeil humide, que je ne serai pas embauché à ce poste auquel innocent, j’ignorais avoir jamais postulé. Il me faut d’urgence trouver un plan B. Par chance, Parcoursup n’existe pas. Je m’inscris à la FAC de la capitale régionale dans laquelle je n’ai encore jamais foutu les pieds. Je découvre alors que tous les jeunes de mon âge ne sont pas filles et fils d’ouvriers et encore moins communistes révolutionnaires. Que tous les étudiants ne vivent pas dans une cage à lapin de 9 m2 ni tenus d’assurer leur subsistance par quelque moyen que ce soit. Que malgré l’absence de la moindre activité professionnelle beaucoup d’entre eux mènent grand train. J’entre-aperçois les cercles de socialisation auxquels je ne suis pas invité. Je me heurte à l’aisance, à l’assurance et à la morgue de la petite et moyenne bourgeoisie de province. Je découvre une classe consciente d’elle même, entièrement accaparée par la défense de ses intérêts. Je découvre une jeunesse convaincue de détenir les clés de la réussite. Une jeunesse déterminée à propager la bonne parole. La parole de celui qui entend enfin remettre « la France » au travail. Bref, je découvre les jeunes pop.
                  Tout ça pour dire que je vais regarder ce doc avec le plus grand intérêt. Merci pour le partage.

                • #19339 Répondre
                  Graindorge
                  Invité

                  Jean-Baptiste Olivier, 27 ans, attaché territorial. Chemise impeccablement repassée par maman. Sûr d’un avenir radieux devant lui. Sûr de tout. Index pointé. C’est mon préféré.

    • #19252 Répondre
      Ostros
      Invité

      Avez-vous regardé Suceurs de sang, une comédie marxiste de vampires (2021) de l’allemand Julian Radlmaier qui est en ce moment sur le site d’Arte ?
      Est-ce drôle ?
      Les titres de ses précédents films sont ironiques et donnent envie de voir à quoi ça ressemble :
      A SPECTRE IS HAUNTING EUROPE (2012)
      A PROLETARIAN WINTER’S TALE (2014)
      SELF-CRITICISM OF A BOURGEOIS DOG (2017)

      • #19319 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        je connais pas du tout
        j’en ai un peu marre des vampires mais je vais voir ça

        • #19340 Répondre
          gebege
          Invité

          Dans le genre vampire, tu avais vu Marinaleda, de Louis Séguin ? Je serais curieux d’avoir ton avis dessus.

          • #19362 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            J’ai plutot beaucoup aimé le film, surtout sa deuxième partie – après une mise en route laborieuse.

    • #19348 Répondre
      Charles
      Invité

      J’ai rattrapé Red rocket, visible sur Prime video. Un peu le même sentiment que devant le précédent, Florida Project : intéressé par le film mais ennuyé car trop répétitif et trop long. Le film repose presqu’entièrement sur son personnage principal, salaud charmeur et gouailleur, interprété avec ce qu’il faut de charisme, de malice et de séduction par Simon Rex. Les autres personnages sont assez périphériques par rapport à lui ou simplement fonctionnelles (comme celui du voisin qui n’est là que pour le rebondissement en fin de film), même celui de l’adolescente quasi adulte (jouée par une actrice en réalité âgée de 25 ans, ce qui ampute le film d’une partie de son trouble car le corps de l’actrice ne fait pas adolescent) qui ne dépasse pas le stade de la caractérisation initiale de synopsis. Le récit prend vraiment son temps, la rencontre n’a lieu qu’au bout de 40 minutes, et pâtit d’un certain piétinement du personnage principal dont on comprend très vite le fonctionnement et qui ne surprend plus après 20 minutes avec lui. Le film réussit toutefois avoir un point de vue assez clair sur lui et sans complaisance, sans lui enlever sa part de séduction, sa bonhomie roublarde. J’aurais aimé qu’on passe plus du temps avec ce couple et que les scènes soient moins illustratives de la simple emprise d’un prédateur sur sa proie.

    • #19352 Répondre
      Cyril
      Invité

      Je serais bien étonné que François dise du bien du Règne animal et s’il le fait ce sera juste pour m’embêter :o)
      Non sérieusement j’ai trouvé ça agaçant la couche de métaphores du film. On a eu droit à toutes les thématiques progressistes, la chasse, la xénophobie, la puberté, l’écologie (Avatar), l’animalité etc.
      Un film centre-gauche, mou, ennuyant, filmé comme une série.
      J’ai compris la différence entre s’ennuyer (ce film) et éprouver la longueur d’un film, d’une scène (N’attendez pas la fin du monde). Je n’ai pas regardé l’heure une seule fois lors de ce dernier et toutes les dix minutes lors du premier. C’est un bon indicateur.

      • #19364 Répondre
        Billy
        Invité

        Si tu prends le visage de Fix ravagé par la chirurgie, comme métaphore du capitalisme qui défigure la nature, c’est nul. Si tu prends ce visage au sérieux, comme un vrai personnage mutilé et vivant, c’est fort, c’est émouvant, c’est crade. Un personnage ni homme (il a oublié son vrai nom, il perd le langage) ni oiseau (trop grand, il porte une couverture jaune, ne vole pas). Un personnage perdu qui doit s’inventer des amitiés (grenouille), une façon de vivre.

        La métaphore c’est jamais la bonne façon de prendre une oeuvre, film ou roman, ça réduit l’oeuvre à vraiment pas grand chose. Un film n’est la métaphore de rien. Il n’est pas une image créée pour illustrer des grandes notions abstraites. Un film donne à voir des plans. C’est 10000 fois plus compliqué et ambigu qu’une métaphore.
        Le plan du camion sorti de la rivière, tête en avant, par la grue. Le plan des chasseurs aux échasses de nuit. Ces chasseurs qui doivent s’équiper pour égaler la puissance animale. Juste des plans.

        Dans ce film-là, on voit un mari aimant et assez ouvert sur le changement de sa femme, il s’imagine peut-être radical «Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience», et pourtant il amène cette épouse à l’hôpital, l’enferme. La structure familiale normalise.
        Il recherche sa femme, c’est un acte d’amour, c’est pour la protéger, et c’est aussi pour la ramener à la civilisation. Un acte d’amour et de normalisation ?
        Quand il la cherche en voiture de nuit dans la forêt, l’émotion me vient pendant la chanson de Pierre Bachelet quand le mari et le fils l’appellent. Ils gueulent. Des cris d’amour, de rage, de joie.
        On voit une médecin compréhensive et douce en scène d’intro, pourtant la structure médicale enferme les créatures.
        On voit Adèle exarchopoulos, une flic sympa et compréhensive, pourtant la structure policière chasse et enferme les créatures.
        Dès la 1ère scène de bouchon, on voit l’ambulance. Les ambulanciers veulent circonscrire la violence, la puissance des bestioles. Les soigner c’est les contenir. Et on voit ces créatures : L’oiseau balourd et majestueux. Le gros morse dégoulinant et puissant.

        Le film me fait voir des humains qui se transforment, et n’arrivent plus à être humain (chirurgie esthétique pour avoir l’air humain, arrachage d’ongle pour avoir l’air humain, perte du langage, il sait plus faire du vélo), et qui n’arrive pas à être des animaux non plus.
        Puis il y a cet ado en mutation qui se cherche des amis, ou modestement un ami. un oiseau.

        J’ai pas aimé 2 trucs :
        – la discussion dans les bouchons qui fait trop scène d’exposition (avec un conducteur d’une autre bagnole qui commente « quelle époque », c’est lourd)
        – le fait que la flic soit toujours là au bon moment, le hasard comme de par hasard. Je trouve que chaque arrivée des deux filles (la flic et la petite amie ado) est bien opportune et fait effectivement série.

        Le titre me plait et m’interroge. Les créatures sont les puissants du film, mais ils ne règnent pas.

        • #19374 Répondre
          amour
          Invité

          Il ne s’invente aucunement un ami, c’est la grenouille qui le suit partout. Il recherche sa femme, car c’est sa femme et surtout mère de son fils. Adèle est bonne car le reste de ses collègues ne sont que machistes et répressifs.
          Un film donné à voir surtout des scènes. Un film
          Fait uniquement de plans, n’est plus un film.

          • #19375 Répondre
            amour
            Invité

            ce n’est plus un films c’est un post it.

            • #19378 Répondre
              amour
              Invité

              Bien vu ptite bite.
              Et j’ai pas encore bu blaireau.
              Bye

        • #19394 Répondre
          riviere
          Invité

          J’ai bien aimé le film, le suspense et le plaisir de voir les transformations progressives des humains m’ont captivée.
          Attention spoiler. C’est la cellule familiale qui a le plus requis mon attention, cellule amputée de la mère dès le début, et qui finira défaite à la fin. Défaite, le mot est mal choisi, car il n’y a aucune défaite, aucune bêtasserie sentimentale et aucun sentiment de perte.
          Les individus partent vivre leur vie, chacun requis par sa vitalité propre. les transformations ont ainsi opéré sur la structure familiale.
          J’ai aimé la drôlerie des rapports père fils se nourrissant de l’histoire familiale, la séquence Bachelet est merveilleuse.
          J’ai aimé la spectatrice énigmatique Adèle Exarchoploulos, ses dialogues avec Duris. Elle reste toujours sur le seuil, elle les attend dehors dit-elle. On épouse sa gêne autant que son attirance envers cette famille.
          Autre situation très bien rendue, les séquences au travail, Duris fait observer qu’il est maintenant dans une petite boîte, il doit s’adapter à tous les postes, cuisine, service, rangement des canoés. La tacite connivence avec sa collègue est rendue de façon très sensible.

    • #19363 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Ce film n’a des « thématiques » que pour les yeux qui voient des thématiques partout.
      Les yeux qui ne cherchent pas de thématiques y voient autre chose. Non pas ce que dit le film – si jamais il dit quelque chose- mais ce qu’il fait.

      • #19370 Répondre
        Cyril
        Invité

        Ça y est je crois avoir percé ton secret. Tu veux toujours avoir une longueur d’avance sur ceux qui te suivent alors tu les plantes systématiquement où tu les amènes en redoublant de subtilité ! Parce que je m’attendais vraiment à ce que tu fasses cette critique ayant (moi) pris le pli Bégaudeau devant un film.
        C’est peut-être tiré par les cheveux mais c’est mon intuition.
        Je ne penses pas avoir tendance à voir des thématiques partout (j’y réfléchirai). Je peux à la fois sentir la matérialité d’un film et me sentir parasité par des intentions du réalisateur trop évidentes. Je ne vois pas seulement ce que je veux voir. Je pense que tout être humain a une perception ne serait-ce que minime des intentions d’autrui. Je ne peux pas fermer cet œil.

        • #19391 Répondre
          François Bégaudeau
          Maître des clés

          Que tu ne puisses pas le fermer, c’est une chose. Que tu construises ta critique autour de cet oeil faible, c’en est une autre
          Je te recommande donc de plutot bien ouvrir l’autre oeil. Attentif à ce qui est fait et non ce qui est dit. Attentif à la littéralité et non à la métaphore. Il ne s’agit pas d’avoir un coup d’avance, il s’agit d’une modalité critique que je fais valoir de film en film – et que chacun est libre d’adopter ou non.
          Mon oeil faible a bien entrevu que Le règne animal tissait vaguement une analogie entre créatures et migrants. Mais il s’est vite porté sur autre chose, ne voyant là rien de bien intéressant.

    • #19373 Répondre
      amour
      Invité

      Si tu veux voir du vrai cinéma, cours voir un ravissement.

      • #19376 Répondre
        amour
        Invité

        Et tiens ta bouche

        • #19377 Répondre
          amour
          Invité

          Un jour promis je vous dirais ce qu’est un vrai film et un faux film. J’ai mon barème. Infaillible. Normal c’est moi qui l’ai inventé.

          • #19379 Répondre
            amour
            Invité

            P.s : je suis jalouse de Billy.
            Comme de toutes les femmes de ce forum d’ailleurs. Une jalousie dense et poisseuse. Qui remonte à loin. Mais bon on n’est pas là pour la psychanalyse. Je suis aussi très jalouse des hommes de ce forum. En fait de quiconque parle avec François. Qui a réussi à créer une réciprocité amicale avec lui. Putain ça me bouffe. Je vais prendre un bain.

            • #19380 Répondre
              amour
              Invité

              Je suis surtout jalouse de toi. Toi qui me donne trop d’importance.
              Enjoy

              • #19381 Répondre
                amour
                Invité

                « Je suis jalouse de toi qui me donne trop d’importance ».
                Merci pour la preuve d »égocentrisme mais tu sais charivarien on le savait déjà que t’étais dans ta bulle. Ou est-ce une manifestation encore une fois de ta bêtise parce que pour ne pas voir ce qu’on ecrit faut etrr bien teubée. Les deux mon capitaine !

                • #19383 Répondre
                  amour
                  Invité

                  Tien ton bain. Je travaille dans le réel. Je vais prendre une bouche.

                • #19384 Répondre
                  amour
                  Invité

                  Ton analyse est très pertinente. Décidément tu m’émeus de plus en plus. Je palis de jalousie devant ta clairvoyance.
                  Bon ptite bite, comme la branlette se pratique en solo je te laisse te faire plaisir.

                  • #19385 Répondre
                    amour
                    Invité

                    Et Begodo-Renodaut tu diras à ton copain Vincent Stéphanie que je le trouve vraiment obèse.
                    Je ne garderai pas son beignet au nutella sur la plage la prochaine fois.
                    Et qu’il arrête de frimer avec son cornet de frites.
                    Enjoy

                  • #19386 Répondre
                    amour
                    Invité

                    Chuuuuuut

                    • #19387 Répondre
                      amour
                      Invité

                      Et surtout tiens bien ta douche

    • #19382 Répondre
      Charles
      Invité

      https://www.interviewmagazine.com/film/youre-a-freak-too-gregg-araki-in-conversation-with-richard-linklater
      Pour les anglophones, une intéressante discussion entre Araki et Linklater qui essaient de ne pas trop jouer aux vieux cons nostalgiques et qui soulèvent un certain nombre de questions pertinentes sur le mode de consommation actuel d’oeuvres d’art.

      • #19396 Répondre
        Leo Landru
        Invité

        Merci Charles.
        J’aimais beaucoup Araki dans ma vingtaine, il faudrait que je revoie ses films. J’ai vu quelques Linklater mais pas les bons je pense.
        Je ne sais pas si cette interview apporte beaucoup, c’est la comparaison de deux époques. La pique envers Euphoria ne me déplaît pas. En revanche, j’aurais aimé savoir pourquoi – contrairement à Linklater – Araki a quasiment déserté le cinéma pour Netflix, Paramount et Amazon. Depuis quinze ans, il réalise uniquement des épisodes de série, davantage que mentionné sur son wikipedia. Il m’est arrivé de sauter au plafond en terminant mollement un épisode de Yellowjackets ou 13 reasons why et d’y voir son nom ou celui de Karyn Kusama, cinéaste dont j’apprécie beaucoup trois films). Est-ce qu’il est si difficile de réaliser des films, même avec un nom comme le leur, qu’il faille cachetonner sur les plate-formes de streaming pour continuer à exister ?
        Je pense aussi à Ben Wheatley qu’il m’arrive de couvrir de louanges (peut-être injustifiés) qui créait une œuvre homogène et originale – Happy New Year Colin Burstead, Touristes, Kill List que j’ai vraiment aimés – et d’un coup Netflix avec un remake déroutant, puis un film de monstres avec Jason Statham, aux critiques unanimement consternées, qui semble annoncer la fin Babak Anvari que je mentionne souvent entre dans cette équation. (Vu le Larrain depuis la dernière discussion – pas si invendable. Gillian Anderson en voix-off, beaucoup de gore, un montage plutôt rapide, un propos inoffensif. Certains dialogues sont drôles. Dans l’ensemble un film qui réconcilie cinéma d’auteur et cinéma de genre, donc amené à recevoir de bonnes critiques).
        Est-ce uniquement une histoire de pognon, ce qui les amène ainsi vers Netflix ? Araki lève tout de même un lièvre intéressant. À moins de guetter les sorties cinéma et de faire 200 bornes pour trouver une salle, il était impossible de voir ses premiers films sur grand écran (Mysterious Skin doit être le seul à avoir bénéficié d’une vraie distribution). Kusama pareil, j’ai vu Girlfight par hasard à sa sortie. Wheatley pareil.
        Araki dit peu ou prou la même chose que François sur l’importance de l’expérience de la salle, mais reconnaît que l’industrie, ou juste les circonstances générales font que ses films se découvrent à 99.99 % sur des téléviseurs – et dans ces conditions, pourquoi pas bosser avec Netflix après tout ?

    • #19465 Répondre
      Seldoon
      Invité

      J’ai récemment vu Le Quattro Volte de Michelangelo Frammartino, superbe film qui contient un des plus incroyables plans de l’histoire, on ne m’avait pas menti. Avant de partir habiter avec mes chèvres dans un petit village de montagne italien je vous repartage un entretien qu’AnnaH avait probablement posté ici aux alentours du ciné club Il Buco :

      C’est court et dense. Frammartino y parle notamment d’un devoir du cinéma de se décoller de la perspective de l’homme et c’est beau et passionnant.

      • #19474 Répondre
        Sarah G
        Invité

        Seldoon, où as-tu pu voir ce film?
        Sur Universciné ? car on m’avait conseillé de le regarder ainsi que Il Dono, et n’avait vu que Il Dono sur Universciné

        • #19479 Répondre
          Seldoon
          Invité

          Des contacts bien placés m’ont prêté le DVD. Aujourd’hui il est un peu compliqué à trouver mais on peut le commander à prix correct. Il y a aussi une horrible version déformée et compressée mais complète sur YouTube.

          • #19492 Répondre
            Sarah G
            Invité

            Merci Seldoon

      • #19594 Répondre
        Graindorge
        Invité

        Grand merci Seldoon! Accolades aux chèvres…si on y arrive…ou jplutôt juste des saluts de loin
        Buon viaggio! Auguri

    • #19555 Répondre
      Charles
      Invité

      J’ai donc vu le documentaire De la conquête, que je recommande vraiment bien qu’il soit très peu visible – une poignée de salles dans toute la France, comme d’habitude. Le dispositif est simple : on y raconte la conquête de l’Algérie par la France en 1830 à travers plusieurs voix-off qui lisent des textes très divers de l’époque – lettres, récits, comptes rendus, essais – des conquérants et commentateurs sur des images de l’Algérie contemporaine et parfois de Paris. Les textes ne sont pas présentés, on ne sait pas qui en est l’auteur mais on le devine un peu. Ce n’est que dans le générique de fin qu’on apprend l’identité des auteurs où on y retrouve Tocqueville, Hugo mais aussi Bugeaud.
      Les images ne sont pas des illustrations des textes mais n’en sont pas détachées, plutôt une sorte de lointain écho. Ainsi quand on parle de la destruction des rues, des maisons d’Alger pour une reconstruction bancale et inadaptée, à l’européenne, on voit des maisons avec quelques éléments architecturaux européens typiques. Mais à d’autres moments le lien est moins direct. On s’attarde beaucoup sur les rues étroites et sombres d’Alger, sur les passants. Ce dispositif m’a plu car il permet de bien écouter les textes qui sont assez stupéfiants et glaçants et que je ne connaissais pas. Il est assez frappant de voir à quel point cette « conquête » a été d’une violence, d’une sauvagerie méthodique et parfaitement consciente d’elle-même, avec une volonté claire d’effacer la culture algérienne et d’y écraser sa population. Un des passages qui m’a le plus frappé c’est quand il est dit que la grande violence et férocité déployée là-bas pourraient servir ici, en France, pour des troubles intérieurs. Tout ça est dit avec une franchise proprement renversante.
      Les images, qui ne sont pas sans son c’est à dire qu’on entend le bruit de la rue en même temps que le texte par-dessus, sont intéressantes car on y cherche à chaque fois une correspondance – plus ou moins évidente – avec les textes. Et comme d’habitude avec ce type de documentaire un peu radical, on a beaucoup de plans fixes qui permettent de bien voir ce qu’on voit et donc de penser. Petit regret peut-être avec des plans pas assez larges parfois, qui donnent l’impression qu’on morcelle trop la vie qu’on restitue, et parfois répétitifs.
      Vraiment à voir.

      • #19564 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        Très envie de voir ça
        Mais effectivement la sortie est bien confidentielle.
        Ca sent l’Archipel dans une semaine ça.

        • #19591 Répondre
          Charles
          Invité

          Je pense quand même qu’il restera 2-3 semaines au Reflet Médicis où je l’ai vu – salle quasi pleine d’ailleurs.

          • #19651 Répondre
            Ostros
            Invité

            Merci d’avoir parlé de ce film très discret. Je l’ai vu cet après-midi au reflet Médicis et c’est édifiant, terrible à entendre. L’horreur totale. Le montage est intéressant également et crée un contraste qui donne matière à réfléchir, sur ce qu’est advenu de ce si beau , pacifique et fertile pays. Il faudra un jour que j’aille voir ce qu’était la terre de mes ancêtres.

            • #19654 Répondre
              Charles
              Invité

              Content que cela t’ait plu.

    • #19556 Répondre
      Tony
      Invité

      Entretien super intéressant et assez technique avec De Peretti sur la préparation de son nouveau film,une fresque sur la Corse, à la fois mystique et politique(tiens ça me rappelle quelqu’un…),sur 3 décennies, d’ailleurs si Seldoon passe par là il dit à un moment qu’il retravaille les archives avec une IA et le résultat est époustouflant,je me demande ce que c’est cette technique et ce qu’elle produit exactement,si tu peux m’éclairer?

      Thierry de Peretti : « J’ai besoin de connaître mes personnages »

      • #19558 Répondre
        Seldoon
        Invité

        Ah bah je venais poster l’entretien !
        Tu donnes des photos et/ou vidéos à des IA et automatiquement l’IA, en fonction de ce dont tu avais besoin, augmente la résolution, répare l’image (grain, pelicule abimée…), ajoute les images manquantes (films de début de siècle tournés en 12 images par seconde ou même en framerate variable). C’est tout simple, peu coûteux, ça prend un peu de temps.

        • #19562 Répondre
          Tony
          Invité

          Ok merci,on a hâte de voir ça!

          • #19639 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            possible de copier cet entretien ici?

            • #19641 Répondre
              Seldoon
              Invité

              Thierry de Peretti : « J’ai besoin de connaître mes personnages »
              Par Raphaëlle Pireyre
              CRITIQUE
              Le cinéaste Thierry de Peretti revient en Corse pour adapter pour la première fois une œuvre littéraire, À son image, un roman de Jérôme Ferrari, fresque sur trois générations, qui remonte de la fin des années 1970 jusqu’à 2003 depuis le regard d’une jeune photographe, témoin privilégié de l’indépendantisme armé et dont le destin fatal est une allégorie funèbre de l’Histoire corse.
              Après un film parisien sur les liens entre la police et le trafic de drogue, Enquête sur un scandale d’État, inspiré du témoignage d’un indic, L’Infiltré, le cinéaste Thierry de Peretti revient en Corse pour adapter pour la première fois une œuvre littéraire. À son image de Jérôme Ferrari est une fresque qui remonte à rebours de la fin des années 1970 jusqu’à 2003 depuis le regard d’une jeune photographe, Antonia. Une vie violente, deuxième long métrage de Thierry de Peretti, et sa face B, Lutte Jeunesse, documentaire à partir du casting de cette fiction, faisaient un portrait de groupe du regard masculin sur la lutte indépendantiste corse des années 1990. À son image opère un pas de côté avec le destin fatal de ce personnage féminin, allégorie funèbre de l’Histoire corse. Quelques jours avant le début du tournage, en août dernier, le cinéaste nous a parlé de ce projet prêt à tourner. RP
              Le film dont vous allez commencer le tournage est une adaptation du roman À son image de Jérôme Ferrari paru en 2018 chez Actes Sud. Comment avez-vous rencontré ce texte ?
              Jérôme Ferrari et moi sommes de la même génération. Ses premiers romans se sont fait connaître en même temps que mes premiers films. Nous sommes sans doute un petit groupe, dans la littérature et le cinéma, à essayer d’extirper de l’histoire corse récente des récits qui sont ceux de notre génération. Sans avoir eu totalement le même point de vue, nous avons assisté en Corse aux mêmes événements.
              Le festival de littérature le Marathon des mots de Toulouse m’a invité en 2018 avec Jérôme Ferrari à lire des extraits du Sermon de la chute de Rome qui avait reçu le Prix Goncourt en 2012. Avec Jérôme, nous avons alors discuté de cinéma. J’avais par le passé réfléchi à adapter ce roman-là ainsi que Balco Atlantico, mais les droits n’étaient pas libres. Les producteurs ont l’habitude d’acquérir à la hâte les droits d’un grand nombre de romans sans même avoir de projet précis, et c’est encore pire pour les romans primés. Je disais à Jérôme que je pensais qu’il y avait de grandes chances que quelqu’un qui ne connaît pas la Corse ne puisse pas adapter correctement ses textes ou autrement que de manière superficielle. Comment raconter avec précision une époque, une société, une culture si on n’en est pas issu ? Et pour quelle raison louche d’ailleurs ? Je ne parle pas de la véracité, de vraisemblance, ni même de l’authenticité, mais d’une relation que l’on peut engager avec un texte qui lui-même a fait ce chemin (en l’occurrence avec l’histoire politique d’un lieu).
              Suite à cette discussion, Jérôme m’a envoyé le PDF de son prochain roman alors sur le point de sortir. À son image, m’a bouleversé. Et je crois que j’ai eu le sentiment, sans doute un peu narcissique, que le roman dialoguait d’une manière secrète ou inconsciente avec mon deuxième long métrage, Une vie violente (sorti en 2017), même si leurs récits ne sont pas totalement contemporains. J’y ai vu comme une conversation entre nous, entre nos œuvres.
              À l’époque pourtant, j’avais envie de faire tout autre chose, hors de Corse, car Une vie violente avait été si intense. Mais en lisant le livre, l’idée de refaire un film proche de celui-ci n’était plus une question, car j’y voyais la possibilité de réussir ce qui y avait été raté, de repasser différemment par les mêmes endroits, d’aller un peu plus loin. Avant tout, c’est le personnage d’Antonia qui m’a beaucoup impressionné.
              Antonia a beau être un personnage féminin, on l’identifie à votre regard. Elle se situe en dehors de l’indépendantisme armé tout en en étant un témoin privilégié, d’autant qu’elle est photographe. La voyez-vous comme un double ?
              Comme une sœur plutôt, ou comme une nièce puisque je joue son oncle dans le film ! Ce n’était pas du tout le cas avec le personnage principal d’Une vie violente pour lequel je ressentais une forme de proximité générationnelle : quelqu’un de la même origine sociale, né en même temps que moi mais qui aurait pris un chemin différent. Antonia a quelques années de plus que moi, mais une partie de son questionnement est sans doute proche du mien.
              Adapter une œuvre littéraire est nouveau pour vous. Avez-vous travaillé le scénario avec le concours de Jérôme Ferrari ?
              La fabrication du film l’a intéressé. Il s’est montré curieux du choix des acteurs et a assisté à des répétitions. Il a aussi répondu volontiers lorsque je l’ai appelé pour lui poser des questions. En revanche, il a eu l’élégance de nous laisser totalement libres, avec la scénariste Jeanne Aptekman, d’adapter son texte comme bon nous semblait. L’adaptation d’un roman est une nouveauté pour moi. Les personnages traversent des évènements politiques réels que je connais bien. Mais la fiction me prive ici des appuis que me donnent, dans mes autres films, les parcours de personnes réelles. Me confronter à des êtres qui n’existent pas, c’est très déstabilisant pour moi. Ça l’a été dans l’écriture et ça l’est encore à ce stade. La littérature se permet des choses sur lesquelles le cinéma ne peut pas tout à fait passer outre. J’ai un souci du détail un peu obsessionnel, même si ce n’est pas qu’une question de réalisme, plutôt une affaire de composition et de cohérence de l’ensemble qui demande d’avoir des réponses concrètes : quelle voiture, quel métier, quelle maison… J’aurais du mal à faire un film où je ne sache pas répondre pas à ces questions. Tandis que la littérature peut s’en foutre complètement. Les questions sociologiques, presque anthropologiques, sont très importantes pour moi. J’ai besoin de connaître mes personnages. Cela me serait impossible de les mettre dans des situations qui n’existent pas, des situations qui relèvent de la seule fiction.
              Est-ce que le succès de votre film précédent, Enquête sur un scandale d’État, qui a réuni près de 250 000 spectateurs en salles, a aidé le montage financier d’À son image ?
              De temps en temps, j’ai l’impression que oui, parce qu’on me laisse faire ce film, en Corse, avec un casting d’acteurs non professionnels. Pourtant, je me retrouve face à des difficultés plus grandes que sur mon deuxième long métrage Une vie violente. J’y vois deux raisons : la première est que la conjoncture est très différente d’alors. Il est encore plus difficile de financer du cinéma indépendant qu’en 2015 ou 2016. L’autre est que À son image est un plus gros film et se déroule sur vingt-cinq ans. Le bon résultat d’Enquête sur un scandale d’État se fait annuler par le contexte bien plus défavorable que lorsque je l’ai réalisé en 2019. En définitive, les deux s’équilibrent. Je suis très privilégié dans ce sens-là car À son image a obtenu tous les guichets que nous avons sollicités. Des montants légèrement supérieurs m’auraient néanmoins permis d’être moins contraint par le temps pour un projet de cette ambition. Canal+ a préacheté le film, Arte est co-producteur, nous avons eu l’avance sur recettes, deux régions nous soutiennent (la Corse et la Région Sud). Je travaille à nouveau avec les Films Velvet à la production, Pyramide qui distribuera le film (et assurera aussi les ventes internationales) et quasiment avec la même équipe artistique. Quarante et un jours de tournage sont prévus, ce qui en soi est correct, mais néanmoins restreint pour le nombre de décors, de scènes, de rôles qui traversent différentes époques. Dix jours de tournage de plus m’auraient donné de l’air. Pendant la préparation, j’ai vu Yannick de Quentin Dupieux et De nos jours de Hong Sang-soo. Parfois, je me dis que c’est ce que je devrais faire : un seul décor ou deux, une poignée de jours de tournage. L’intelligence avec laquelle ces cinéastes résolvent ou négocient les difficultés m’impressionne. Quand je vois leurs films, je ne me sens pas très malin d’avoir envie de faire Voyage au bout de l’enfer.
              L’équipe artistique connaît un changement : vous retrouvez la directrice de la photographie Josée Deshaies qui avait fait l’image de votre court métrage Le Jour de ma mort en 2005.
              Oui, nous avions tourné ensemble mon premier court métrage dans mon village de Bastelica où une partie de À son image se passe également. Josée est venue dès le mois de mars en repérages et faire des essais de caméra pour les séquences hivernales avec l’actrice qui joue Antonia. Nous avons choisi une Alexa 35 et fait des tests de séries d’objectifs très différents. Une séquence sera tournée en plusieurs formats : en Beta, avec un vieux Nokia tout pourri, en DV et en photos. Comme nous utilisons beaucoup d’images d’archives, la monteuse Marion Monnier a déjà commencé à agencer ce matériau. Certaines archives vont être retravaillées en VFX : avec l’intelligence artificielle. Ces images, notamment celles de la prise d’otage de l’hôtel Fesch à Ajaccio en janvier 1981 dont il est question dans l’histoire, je les ai beaucoup vues. Tout à coup, l’A.I. permet de me les faire redécouvrir de manière puissante. C’est impressionnant et prometteur pour la suite du travail.
              Lors des repérages techniques, j’ai organisé une grande playlist avec trois heures de projection d’une dizaine d’extraits de films différents que j’ai projetée en salle pour les chefs de postes et les comédiens qui le souhaitaient. Les extraits s’enchaînent, comme un seul grand film rapiécé : cet ensemble nous sert de références communes et nous permet de nous laver les yeux. J’ai choisi beaucoup de films asiatiques comme toujours, mais pas que… Les Garçons de FengKuei, Goodbye South Goodbye, Un temps pour vivre, un temps pour mourir, notamment.
              Vous avez en effet dit un jour dans un entretien que les meilleurs films corses avaient été tournés à Taïwan…
              J’avais lu un entretien d’Elia Suleiman où il disait que pour comprendre la société palestinienne, il fallait voir les films d’Hou Hsiao-hsien. C’est exactement ce que je ressentais pour la Corse, que ses films ou ceux d’Edward Yang montraient ce que je voyais ici.
              Sur vos tournages, vous mettez en place des dispositifs qui s’appuient sur des plans séquences très longs. Par exemple, en vue de tourner une séquence qui se passe pendant un concert en soutien à des militants, vous organisez un véritable concert, ouvert à tous à condition de respecter le dress code de l’époque.
              La scène du film sera tournée avec la durée d’un vrai concert des mythiques Chjami Aghjalesi. Ils sont une vingtaine de musiciens de plusieurs générations sur scène. Nous réfléchissons avec eux à leur répertoire, comment les spectateurs vont être habillés etc. Ces concerts qui avaient lieu dans les années 1980 étaient quelques fois interdits par la préfecture, ce qui donne une évocation particulière de la tension qui régnait durant cette période. On essaie de trouver une organisation qui permette de construire le film en accord avec ma façon de travailler qui est parfois un peu en opposition avec le pragmatisme de la production.
              Nous revoyons à peu près chaque jour le plan de travail, même s’il ne change pas dans les grandes largeurs. Le nombre de jours de tournage nous oblige à envisager un découpage très précis. Mais certaines scènes me demandent du temps : j’ai besoin de les chercher. Je ne peux pas abattre le plan de travail comme ça. Cela voudrait dire que je ne tourne que ce qui est écrit, et je ne sais pas faire ça ou plutôt ça ne m’intéresse pas trop. Le récit sur plusieurs époques nous a contraints à un ordre de tournage qui casse la chronologie et la continuité de manière assez forte. Pour moi, c’est un problème. J’ai l’habitude de réécrire pendant le tournage si je me rends compte qu’une séquence n’est plus indispensable parce qu’elle est contenue dans une autre par exemple. Des choses apparaissent en tournant que l’on n’avait pas perçues à l’écriture. La discontinuité est moins propice à cette reconstruction permanente.
              Ce récit sur plusieurs époques, de 1979 à 2003, vous a posé des questions en termes de casting. Comment avez-vous décidé si les personnages seraient incarnés par un seul acteur tout au long de l’histoire ou si vous changeriez de comédiens à chaque époque ?
              Ce problème s’est résolu de lui-même par le choix des acteurs : j’ai su en les rencontrant qu’ils pourraient incarner leurs rôles à des âges différents. Le récit a beau se dérouler sur trois décennies, il ne s’agit pas d’un film sur le temps qui passe. Je l’avais constaté sur Une vie violente : l’action se passe sur dix ans, mais on ne perçoit pas les durées de façon si claire en voyant le film. Avec Julie Allione (qui construit le casting du film, mais avec qui plus largement, je prolonge l’écriture du film au moment de la préparation) nous avons assez vite tranché sur le fait qu’il fallait un seul groupe d’acteurs et pas deux ou trois acteurs différents pour chaque rôle. Notre hésitation a porté sur l’âge : fallait-il des acteurs qui soient plus proches des personnages au début ou à la fin de l’histoire ? Nous avons opté pour les plus jeunes et pas pour des acteurs qui auraient 30 ou 35 ans. C’est le groupe sur lequel nous sommes tombés qui m’a convaincu. Leur jeunesse les rendaient plus intenses et plus bouleversants. Ils se connaissent, sont de la même génération (entre 20 et 25). Certains d’entre eux ont une expérience de jeu mais pour la plupart, ils sont étudiants. Ils sont tous corses bien sûr, bilingues, ils ont grandi ici et sont très politisés, très au fait de l’histoire contemporaine de l’île. Il fallait qu’on soit avec leur jeunesse au début du film, qu’on ait peur pour eux quand ils vivent ces événements forts, qu’ont les voit traverser tous ces états de la vie que le récit les fait traverser. Je fais des films qui ont une dimension documentaire forte. C’est aussi un film sur eux, sur cette bande là et pas uniquement sur des personnages de fiction. Je continue d’écrire avec eux tout au long de la préparation que leur rôle soit important ou non.
              Le scénario comporte de nombreuses scènes de groupe. Comment avez-vous choisi les figurants ?
              Je n’aime pas trop ce concept de figuration. Je connais chaque personne qui apparait dans le film. Julie travaille pour cela sur un temps très long. Elle rencontre des centaines de personnes, de toutes les générations et cela pour tous les rôles. La moindre personne choisie a passé des tours d’essais, mais il s’agit d’un casting non sélectif : toutes les personnes qui se sont présentées, sauf s’ils ne le veulent plus, sont dans le film, mais distribuées selon la nécessité des scènes. Julie les voit en essais, en entretiens seuls puis en groupe, je les vois aussi plusieurs fois et pratiquement jusqu’au tournage.
              La liturgie de l’enterrement parcourt tout le récit de À son image : la religion catholique très ancrée dans la culture corse est un thème nouveau dans votre travail. Vous avez d’ailleurs assisté à une ordination de prêtre récemment pour préparer le film.
              J’ai eu la chance d’être accueilli et de pouvoir passer du temps au séminaire Saint-Luc d’Aix-en-Provence avec les séminaristes. J’aurais aimé y rester bien davantage. À son image est un récit plus mystique que politique.
              Le récit commence par un deuil qu’on ne peut s’empêcher de percevoir comme symbolique : au-delà de la mort de sa protagoniste, le scénario raconte la fin d’une illusion du militantisme armé.
              Le roman et le film dressent un constat plutôt amer. C’est un roman sur la vérité et sur la fable. Il s’agit presque plus d’un film d’anticipation que d’un film sur les années 1980 qui ont été très racontées, commentées et d’une certaine manière, très récupérées. C’est une façon d’avancer déguisé pour parler d’aujourd’hui.
              Des réactions massives de colère ont éclaté en Corse en mars 2022 suite au meurtre d’Yvan Colonna en prison. Ces événements récents ont-ils coloré différemment pour vous la préparation d’À son image ?
              J’ai tout simplement failli arrêter de faire le film pour me consacrer plutôt à ces événements si forts de l’année dernière. Évidemment, cela résonne. Ce sont des discussions que j’ai sur les années 80 et 90 avec les jeunes comédiens d’À son image qui sont très politisés, radicaux même. Ils connaissent très bien les événements que nous allons traverser mais bien sûr pour moi ils étaient contemporains.
              La mort du Préfet Erignac en 1998 et l’arrestation d’Yvan Colonna datent de 2003, l’année de la mort d’Antonia, le personnage principal du film. Malgré l’importance de l’événement dans l’histoire récente de la Corse, il demeure un point aveugle du roman. D’autres ombres, planent sur le récit, comme des fantômes. C’est seulement une fois le film fini que je pourrai percevoir ce qu’il a attrapé dans ses filets.
              Raphaëlle Pireyre

    • #19576 Répondre
      tristan
      Invité

      J’ai cru(supra) que vous parliez du film L’Amour et les Forêts avant de comprendre que vous parliez du Règne animal.
      Bref, j’ai quand même du mal à croire qu’un mec continue d’aimer sa femme qui se transforme en ours alors que personnellement je ne supporte pas que ma copine prenne deux kilos. Humaniste de mes deux !

      • #19577 Répondre
        Ludovic Bourgeois
        Invité

        Laitue ou Carottes ce matin mon Lapinou ?

        • #19585 Répondre
          François Bégaudeau
          Maître des clés

          Il n’est jamais dit qu’il « continue à aimer sa femme ». Il la cherche par morale, par humanisme, par acquit de conscience. Mais dira qu’il a autant envie de la retrouver que de ne pas la retrouver. Ce qui est plutot fin.

          • #19593 Répondre
            amour
            Invité

            Je l’ai déjà dit.

    • #19688 Répondre
      tristan
      Invité
    • #19689 Répondre
      tristan
      Invité

      Il suffit de cliquer n’importe où dans le rectangle bleu…

    • #19698 Répondre
      lison
      Invité

      Super Gêne sur Le règne animal, où l’on entend bien les problèmes du film ( les moyens et ce qui va avec) et sa réussite.
      J’ai vraiment aimé que le film commence alors que l’histoire des mutations a déjà commencé, aimé qu’on n’ait pas les images de medias, ni les avis de scientifiques, ni d’affolement ou de poursuites ( comme vous l’avez dit la police ne sert à rien dans le film).
      Et comme scène / dialogue vraiment réussi, j’aime beaucoup à la fin ce moment où le fils évoque un séjour aux sports d’hiver, où il se souvient que le père admirait moins la montagne que la technologie à l’œuvre. La manière dont Emile le raconte, le fou rire qui suit, c’est très chouette ; et ça dit aussi quelque chose de Cailley et de sa manière de faire, filmer (et aimer) tant qu’il le peut son environnement plutôt qu’avoir recours aux effets spéciaux.
      Dernière chose autour de l’émancipation, c’est intéressant de voir que la mutation des humains ne conserve pas une idée d’espèce, de clan,. Emile mute mais sa transformation sera différente de celle de sa mère, et la mutation ne va pas recréer des familles, il n’y aura pas dans la forêt une grotte regroupant maman ours, bébé ours, et peut être papa ours un de ces jours…

    • #19704 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Oui c’est très important ça
      Chaque créature est singulière. Comme si le devenir créature était, loin d’un retour en barbarie, un accomplissement de l’individualité

      • #19709 Répondre
        Malice
        Invité

        C’est très proche des mutants de la BD « Black hole » où chaque ado attrapant la maladie mystérieuse a un symptôme différent et le vit à sa manière ( souvent dans les bois aussi)

    • #19730 Répondre
      Ostros
      Invité

      Le 18 octobre sort Un Prince de Pierre Creton.
      J’ignorais l’existence de ce réalisateur. Qui est aussi ouvrier agricole et plasticien nous informe Wikipedia.
      Depuis 94 il a réalisé 16 courts métrages et 7 longs métrages.
      Avez-vous vu des films de lui ?
      La bande annonce d’Un prince m’a intriguée par son rapport frontal et sans chichi au sexe homosexuel, et semble promettre un travail formel et narratif original. La transmission d’enseignements botaniques d’un enseignant et d’un employeur à un subordonné (élève puis salarié) mêlée au désir de connaissances et sexuel de ce dernier, les relations charnelles entre les trois. Et une touche de mystère avec cette histoire de directrice, de château et de fils adopté.

      • #19741 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        très fan de tous les premiers films de Creton, sorte de documentariste-paysan

      • #19797 Répondre
        cedric
        Invité

        Pour quelques heures encore sur le site mk2 curiosity on peut visionner « L’avenir le dira » un court métrage de 2020 de Pierre Creton

        • #19825 Répondre
          Ostros
          Invité

          Oh merci je vais le voir de suite.

          • #19827 Répondre
            Ostros
            Invité

            Faut que je trouve sa filmo…

    • #19732 Répondre
      Parfaitement à l’eau
      Invité

      Excellente gêne sur l’excellent Le règne animal.
      Je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux luttes écologistes (Notre dame des landes, mégabassines) à partir de la scène de l’assaut dans la forêt, les lacymos, le chaos, les soldats sur-équipés face aux créatures. Suivi d’ailleurs immédiatement par un passage au poste inutile (pas dans le sens inutile au film) doublée d’une humiliation gratuite. J’y ai pensé car le mot désobéissance (ou un lexique s’en rapprochant) est souvent répété et ce dès le début. Et le lac ou apprend à voler l’homme oiseau m’a ainsi fait à Walden et donc à Thoreau.

    • #19736 Répondre
      Mathieu
      Invité

      Salut François, je me demandais en écoutant la Gêne sur Cailley si tu avais parfois des retours de cinéastes sur tes critiques? Qu’en pensent-ils? T’ont-ils déjà écrit pour discuter? Sont-ils d’accord avec les défauts que tu mets en avant? Est ce que ça les aide à « progresser »? J’y pense précisément avec cette Gêne sur Cailley car il me semble assez ouvert à la critique et très intelligent, je me dis que c’est le genre de type qui pourrait écouter ça calmement sans s’énerver sur les défauts que tu mets en avant ( le passage au gros budget, l’écriture et le filmage sériels, le cadre, le dialogue et le jeu d’acteur moins précis) J’aimerais aussi retrouver le Cailley des Combattants et je me dis qu’un Gêne comme ça pourrait peut-être le faire revenir à sa première manière, de cinéma pauvre. Dans le style, je conseille d’ailleurs aussi son court Paris Shanghai. A l’époque, tout à ma joie des Combattants, j’avais commencé à regarder sa série Ad Vitam- de genre, déjà – et j’avais déchanté: on y retrouve tous les défauts du Règne Animal puissance 10 dès le pilote, je n’avais pas tenu. Voyant le Règne Animal, qui m’a assez déçu pour les raisons que tu exposes et même un peu plus encore, je me dis qu’un retour à un bas budget pourra être son salut. Et donc j’espère qu’il a écouté la Gêne^^. Lui ou d’autres: Sciamma, Letourneur, Salvador, Diop…j’ai l’impression que la jeune génération est sensible à la critique, et prête à l’entendre et à y réfléchir. Les plus installés, Audiard, Brizé, Nakache Toledano, je me doute qu’ils s’en foutent pas mal tant ils sont puissants économiquement et sûrs de leur force (malgré leur film moyen)

      • #19742 Répondre
        Charles
        Invité

        Mathieu, cette foi que tu as dans la curiosité et l’absence de susceptibilité des cinéastes t’honore. J’ai un peu de mal à croire qu’un mec qui a passé près de 10 ans à faire un deuxième film et qui joue un peu la suite de sa carrière dessus, soit hyper ouvert sur une critique qui formule autant de réserves. J’adorerais avoir tort.
        Je crois que François avait dit que Diop avait écouté et apprécié la GO très mitigée sur son film mais elle ne joue pas dans la même cour.

    • #19743 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Ca m’est parfois arrivé sur des articles critiques, ça m’arrive plus souvent avec la Gene : De Peretti, Letourneur, récemment Triet m’ont écrit après l’avoir écouté. D’autres m’ont fait savoir que etc.
      Alice Diop, ayant écouté la Gene sur Saint-Omer qui malmenait le film, m’a écrit que tout ça l’avait passionné. Ca c’est grande classe
      Il existe donc bien des artistes disposés à entendre certaines réserves, à les prendre pour matière à penser. Pourchet m’a dit ça des petits bémols de la Gene consacrée à Feu. Ca l’avait fait réfléchir.
      En revanche Bellenger avait l’air peu disposé à en tirer réflexion. il m’a envoye un texto auquel je n’ai rien compris sinon qu’il était vexé.

      Je l’ai souvent dit : la critique, si elle est argumentée, précise, rivée à la matière de l’oeuvre, devrait aider les artistes à travailler, à réfléchir à ce qu’ils ont fait et à la suite.
      Tu as raison : je sens Cailley dans cette disposition.

      • #19744 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        mon post s’est croisé avec celui de Charles

        • #19745 Répondre
          Charles
          Invité

          Il ne manque plus qu’un coup de fil de PTA.

          • #19746 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            ah oui y a eu ça aussi
            et de Kubrick

            • #19912 Répondre
              Buster
              Invité

              Je me demandais aussi si des cinéastes t’avaient répondu. Merci d’en parler !
              D’ailleurs, est-ce que Thoret t’as répondu par rapport à « Heat » ? La Gene était quand même bien chargée.

              • #19913 Répondre
                Buster
                Invité

                Petit partage : https://www.youtube.com/watch?v=UoVkql5A1Ks
                À 12’10 » (jusque 17’00 »), il y a un extrait de Patrice Chereau face à Serge Daney pour « L’homme blessé ». C’est assez impressionnant je trouve.

                • #19940 Répondre
                  François Bégaudeau
                  Maître des clés

                  Monsieur Thoret ne s’abaisse plus à des débats critiques. Monsieur Thoret, sans doute du fait de la mort de Kennedy, a pris de la hauteur.

    • #19756 Répondre
      Charles
      Invité

      La GO sur le Règne animal est excellente même si je la trouve un peur sévère. Le film m’a semblé, sur bien des plans mais pas tous, une réussite.
      Le jeu de Duris ne m’a pas dérangé. Il met une intensité sur beaucoup de répliques, un peu comme Tom Cruise d’ailleurs, mais je ne l’ai jamais trouvé insupportable contrairement à beaucoup d’autres rôles qu’il a interprétés dans le passé (notamment chez Klapisch). Là je l’ai trouvé crédible dans un rôle classique mais bien écrit, surtout qu’il incarne un sociotype bien vu – le mec autodidacte qui bouffe de l’information, très méfiant envers le « système », qui pourrait limite être antivax, très pontifiant avec la part de ridicule qui va avec. Et il arrive à être assez émouvant, notamment dans deux scènes. D’abord, dans la scène dans la voiture avec la chanson de Bachelet qui passe, hyper casse-gueule a priori mais qui fonctionne très bien car alors qu’habituellement dans ce genre de scène les personnages finissent par chanter à l’unisson avec la musique qui passe en extra-diégétique, ici ils crient pour appeler la mère mais chacun de leur côté et presque en se tournant le dos : ils n’auront peut-être jamais été aussi proches et Duris regarde le dos de son fils. L’autre scène, c’est évidemment la scène finale dans la voiture où le père accepte la mutation de son fils et son départ qui fait écho pour moi au finale d’A bout de course. Je trouve par ailleurs que, pour un film à gros budget et plutôt grand public, le Règne animal tient bien sa ligne directrice et ne l’édulcore pas trop. Rien dans le scénario ne viendra remettre en cause l’irréversibilité de la mutation, le départ de la mère, la chasse par les humains. Le film se termine par la fuite d’Emile dont on sait qu’il sera toujours poursuivi par les autorités. Il y a un fond tragique dans cette histoire – ce qu’on ne trouve presque jamais dans les films de genre hollywoodiens à gros budget -, même si c’est mêlé à une forme d’émancipation des personnages.
      J’aime aussi que le film ne soit pas chiche dans son bestiaire, très fourni et inventif. Cailley y va vraiment et j’aime que les bestioles ne soient pas mignonnes ou purement monstrueuses, elles sont simplement fascinantes. Fix est super car on a peur de lui et pour lui – quand il meurt on en est sincèrement attristés. Le film est globalement très original et atypique, parfois à ses dépens. Je trouve que le film manque un peu de rythme et de tension à certains moments, à force de refuser certains passages obligés du film de ce genre. J’ai comme tout le monde des doutes sur le personnage d’Adèle E. mais en effet, comme le dit François, peut-être qu’on peut le sauver comme un pur second rôle comique. J’ai eu peur que le film tisse une romance entre elle et Duris, qu’il semble initier à certains moments (car les acteurs le jouent comme ça dans certaines scènes, avec des regards appuyés) mais fort heureusement ce n’aboutit pas. De même, la copine d’Emile aurait pu donner lieu à des scènes pénibles mais le film l’expédie, pour le meilleur et le pire – bonne idée qu’elle ne soit pas effrayée par Emile lors de la scène de sexe mais après ça elle disparait du récit. Donc c’est vrai, le film part parfois dans tous les sens mais contient tellement de scènes réussies, notamment les trop rares scènes d’action, que ces défauts ne me dérangent pas fondamentalement.

      • #19896 Répondre
        Cocolastico
        Invité

        Je m’associe à Parfaitement et à Charles pour saluer la grande qualité de la dernière Gène. J’adore quand François décrypte un des aspects du film, déplie sa réflexion dans un sens, puis plus tard revient sur cet aspect et déplie sa réflexion dans l’autre sens. Je me sens toujours moins con après l’émission

        • #19964 Répondre
          Seldoon
          Invité

          Je m’associe à tout le monde. J’ai vu la relative sévèrité de la Gêne comme très bienveillante devant un cinéaste à la croisée des chemins qu’il faut faire tomber du bon côté. Un cinéaste qui cherche et qui écoute : j’apprends ce matin qu’il a coupé un épilogue de 2 minutes qui donnait certaines réponses après la projection Cannoise, faisant ainsi très probablement tomber du bon côté au moins ce film. Sinon la réplique de Duris la meilleure et la mieux jouée, c’est son fils qui la dit en l’imitant : « c’est superbe ! »

    • #19760 Répondre
      Mathieu
      Invité

      Je ne sais pas si certains d’entre vous ont tenté la série Alphonse de Bedos avec Dujardin, elle subit une volée de bois vert critique en même temps qu’une sortie très discrète eu égard aux accusations contre Bedos, et franchement, je suis sans doute un beauf moi-même mais j’avoue que j’ai plutôt ri et/ou sourit devant. Déjà je trouve le pitch de base assez efficace et prometteur: un vieux gigolo plein de confiance en lui (Arditi) est empêché de travailler après un accident, et son fils au tempérament effacé ( Dujardin) doit prendre sa suite et satisfaire les désirs des vieilles clientes habituelles de son père, chacune ayant des fantasmes bien précis auxquels il devra s’adapter.
      A rebours de toutes les critiques que j’ai lu, je ne bâcherais pas la série sur son aspect beauf, qui présente les femmes comme des objets. Par exemple, la scène d’intro a beaucoup été critiquée: Arditi en militaire macho qui parle mal à une vieille dame qui lui cuisine des tripes à la mode de Caen et qui finit par lui faire une pipe. Tout le monde a dit que c’était sexiste, que Bedos était un obsédé de la pipe etc etc etc…OK d’accord mais sauf que c’est précisément le fantasme de cette vieille dame que de servir un militaire qui la domine. Et quand Dujardin reprend le rôle ensuite, il se loupe complètement car il est trop gentil. On sent bien que Bedos veut se faire le féminisme parce que c’est un petit (un gros?) con, mais c’est quand même plutôt drôle. Et d’ailleurs, l’outrance de la situation fantasmée par la vieille est tellement cliché ( millitaire, discours de De Gaulle, tripes de Caen, France des années 40) que c’est forcément du second degré de la part de Bedos.
      Je trouve au contraire tout le pan de la série consacré au remplacement du père par le fils assez réussi, et pour moi la série aurait dû s’en tenir là. Faire une sitcom en épisodes de 20 minutes, purement comique, qui n’aurait été que ça: comment Dujardin remplace Arditi, se déguise, scénarise sa séduction avec différentes femmes à chaque fois, échoue, revient, réussit, leur donne de la joie (ou non), prend confiance, et à la limite se réconcilie avec son père et sauve son couple avec Gainsbourg comme cela.
      Le problème, c’est que cette idée de base est alourdit par deux sous intrigue parasites pour justifier le format 52 minutes: celle de la mère qui a abandonné Dujardin et Arditi, une sorte de madone italienne, qui revient et qui donne à la série un aspect mélo. Et celle complètement absurde du petit-fils d’une des clientes, un gangster drogué qui en a après l’argent de sa grand-mère bourgeoise. Je me demande encore ce qu’il fait là, il jure totalement avec le reste et n’est pas crédible pour un sou.
      Pour l’instant, seulement 3 épisodes sur 6 sont sortis, l’avez-vous vu? Je serai curieux d’avoir des avis.

    • #19792 Répondre
      Parfaitement à l’eau
      Invité

      Vu Zone of Interest hier à Lyon. Difficile d’en parler sans détruire une partie de l’intérêt du film, mais j’ai pas été 100% convaincu par la démarche, c’est quand même très bien notamment quelques choix (écran noir, écran rouge, le son) et surtout la dernière séquence qui m’a un peu abasourdi Quelqu’un l’aurait vu et aurait une théorie ? Faudra passer en spoiler alerte maximale

    • #19969 Répondre
      Ostros
      Invité

      @Buster redonne moi ton mail stp je ne t’ai pas retrouvé…

      • #20027 Répondre
        Buster
        Invité

        @Ostros, je t’ai renvoyé un mail 🙂

    • #20030 Répondre
      K. comme mon Code
      Invité

      Jenin, Jenin de Mohammad Bakri sur les massacres infligés par l’armée israélienne dans la ville palestinienne de Jénine en 2002. Sous-titres anglais uniquement :

      https://palestinefilms.org/en/Film/2002/JENIN-JENIN

      • #20136 Répondre
        Dr Xavier
        Invité

        Merci, ça fait du bien d’avoir un documentaire sans voix off et sans doublage. Les témoignages sont saisissants, d’autant plus quand le docu laisse place au cadre (la petite fille qui marche dans les décombres). Petit regret sur les effets visuels pas très réussis (ralentis, flashs) et sur le montage saccadé sur les scènes militaires. Quel sketch burlesque d’humour despéré à la fin.

      • #20137 Répondre
        Graindorge
        Invité

        Merci pour le partage K. Dans l’entrée LUTTES j’aurais dû me taire même si je n’ai pas dit grand chose. Des historiens honnêtes nous raconteront peut être un jour ce qu’il s’est vraiment passé en octobre 2023.
        En attendant puisque les victimes israéliennes sont bien défendues et hommagées en France, j’irai demain à la manif « contre le génocide des palestiniens » C’est le titre de l’affiche- invitation

    • #20080 Répondre
      Seldoon
      Invité

      J’ai vu hier toute la soirée le dernier Scorsese et pour une fois je vais être d’accord avec ceux qui disent que la durée de ses films n’est plus très contrôlée : 3h27, c’était éprouvant. Surtout que Marty écourte énormement les scènes d’action, qui deviennent de simples éclairs de brutalité dans un film particulièrement calme et silencieux. Une fois cela accepté, c’est du très grand cinéma. Il y a une certaine sobriété assez nouvelle chez Scorsese dont je n’aime pas tout (notamment beaucoup de longues scènes de dialogue en simple champ contrechamp qui n’ont pas la même intensité que leurs équivalentes dans The Irishman) mais qui épouse étonnament bien les figures de styles scorsesiennes les plus « in your face » : panoramique ultra rapide, enchainement épileptique de 3 gros plans, fondus enchainé au sein d’un même plan… Et une fois encore on se demande ce que serait Martin sans Thelma sa monteuse. La place accordée aux indiens est très belle, on les regarde de l’extérieur et de l’intérieur avec autant d’attention que de pudeur. Il est peut être dommage que le regard se déplace et devienne majoritairement externe en deuxième partie. Il s’est vraiment passé quelque chose chez cet homme depuis quelques années, qui s’est mis à beaucoup citer Kiarostami en interview et a retrouvé la sève de ses premiers films. Il la conjugue avec le savoir faire et la sagesse de sa longue carrière, c’est assez magnifique.
      La description méticuleuse des mécanismes économiques politiques et racistes qui mènent à ces meurtres est parfaite mais c’est moins étonnant, ça a toujours été son coeur de métier (que ses détracteurs prennent pour acquis, mais il y reste inégalable et quand il ne sera plus parmi nous il sera trop tard). On se perd parfois dans les personnages secondaires et leurs relations entre eux mais qu’est ce qu’ils sont incarnés et fascinants. J’ai toujours pensé que Scorsese était incapable de filmer avant la seconde guerre mondiale, eh bien il a enfin trouvé le secret : il est chez lui en Oklahoma en 1920 presque autant qu’à New York dans les années 70. Il faut aussi noter et tout le monde l’a fait un beau personnage féminin chez Scorsese (première fois depuis, pas toujours comme on l’entend souvent, mais depuis longtemps), personnage qui malheureusement ne sera jamais actif.

      • #20082 Répondre
        Charles
        Invité

        Tu le vends bien. J’irai le voir quand je trouverai une demi-journée de libre. J’ai quand même peur que le jeu grimaçant de DiCaprio salope tout ça.

      • #20090 Répondre
        Tony
        Invité

        Je ne partage malheureusement pas l’enthousiasme de Seldoon,déjà les 3h30 on les sent bien passer faut bien s’accrocher car le film souffre d’un manque d’intensité qui le rend très plombant et ce d’autant plus que l’humour en est complètement absent et pour ce qui est de l’émotion je n’en ai jamais ressenti,ce qui peut être un indice sur la réussite d’un film,plutôt que de rechercher une émotion le film ne me paraît viser qu’une vague indignation morale,rien d’étonnant au vu des derniers films de Scorsese et je ne vois pas ici de renaissance particulière.C’est quand même frustrant pour un film de cette ampleur de filmer aussi peu les extérieurs,il n’y a aucune dialectique entre le rapport à la nature des Osage et la prédation de cette même nature par les industriels du pétrole,ce sujet politique n’est pas abordé,seule est contée une histoire criminelle qui verra les coupables être punis,un film de repentance en quelque  sorte mais qui ne va pas très loin et qui ne me paraît pas si moderne que ça,la mise en scène étant ici en sourdine et assez académique.

        • #20092 Répondre
          Seldoon
          Invité

          L’humour absent est une drôle de remarque, DeNiro et DiCaprio (et en fait pas mal des hommes blancs) enchaînent les scènes de comédie. J’étais justement surpris d’y trouver autant d’humour à peu près tout le long du film (j’avais au contraire peur d’un truc sentencieux et pompeux). Je trouve beaucoup plus juste ta réserve sur le sujet nature/pétrole, qui n’est pas traité (en 3h30 il y avait le temps). En fait je crois que Marty n’est pas très nature. En revanche ses lieux anthropisés sont assez passionnants, comme cette salle de billard/salon de barbier, l’alambique (extérieur), les différentes habitations. Quant à l’accusation d’academisme, je m’insurge. En mise en scène comme presque toujours Scorsese est ultra moderne, limite branché. Comme je l’ai dit plus haut il y a un peu trop de champs contrechamps basiques mais le film regorge de décisions de cadre et de montage très fortes. Je peux défendre son sens du cadre, qu’il est facile de méprendre en classique découpage par échelle de plan alors que c’est bien plus unique et travaillé, mais il faut surtout comprendre que le cinéma et le génie de Scorsese se trouvent dans les raccords et les juxtapositions. J’ai toujours été très sensible au montage dans ses films, j’y prends beaucoup de claques et de leçons.

          • #20098 Répondre
            Tony
            Invité

            Le génie du montage c’est ce qu’on s’attend à trouver chez Scorsese mais depuis le loup de wall street et le pilote de sa série sur le rock je ne le vois plus,pour ce qui est du cadre,dans ce film là en tout cas,rien ne m’a tapé dans l’oeil.J’ai remarqué un plan séquence assez sophistiqué dans la maison de Molly qui nous fait passer d’une pièce à l’autre pour se terminer dans la chambre où sa mère est alitée, ça rappelle le fameux plan séquence des affranchis mais en même temps je me suis demandé pourquoi il avait fait ce choix là,je ne vois pas ce que ça produit.

            • #20100 Répondre
              Seldoon
              Invité

              Dans la virtuosité tu as effectivement ce plan séquence qui m’a aussi fait penser aux Affranchis en moins marquant et surtout moins bien placé mais tu as aussi choses comme ce plan de DeNiro qui se met à prier face Molly, filmé de près de dos et la caméra finit par doucement reculer jusqu’à devenir un plan d’ensemble de toute la fête, DeNiro bras écartés n’est plus qu’un petit point blanc là dedans. Tu as aussi le plan subjectif que j’adore avec les notables de la villes qui se tournent vers DiCaprio débarquant des mains du FBI. Il y a pas mal de choses comme ça mais effectivement ce n’est plus ce qu’il faut venir chercher chez Scorsese – et tant mieux car pour moi le Loup de Wall Street avait montré que dans la surenchère de ce côté là il ne pouvait plus que singer Casino et les Affranchis, 20 ans plus tard. On en voyait déjà les limites dans à tombeaux ouverts en 1999. Les cadres les plus forts de KofFM se remarquent moins, pour avoir des pistes faciles je te conseille de regarder ceux des meurtres (qui passent très vite mais sont toujours absolument parfaits, brutaux, glaçants – je parle des cadre). Maintenant je répète, chez Scorsese c’est dans le raccord que ça se passe, qu’est ce que ça fait si je mets ce plan après celui là, et ce son ou silence là en même temps. Le plan séquence des affranchis n’a de force que parce que ce qui précède est surdécoupé et refuse le temps réel.

            • #20101 Répondre
              Seldoon
              Invité

              Un effet inattendu et que j’aime beaucoup dans la sobriété (relative hein) récente de Scorsese c’est que les effets de montages qui étaient « cool » deviennent dérangeants. Les jumps cuts sautent aux yeux : ils ne devraient pas être là. Il y a des enchainements très rapides de gros plans qui avant avaient lieu au rythme des Stones… et maintenant ils claquent dans le silence. Les panoramiques ultra rapides avaient avaient avant l’air de varier les plaisirs pour éviter un cut au milieu d’un montage effrené, et maintenant ils font sursauter au milieu d’une scène toute calme. Tout ça ne vient pas de nulle part, il y a toujours eu un peu ça chez lui, on en trouvera des exemples un peu partout depuis ses années 80, mais maintenant sans l’agitation du jeune Marty tout ça est à nu, le grincement est amplifié.

            • #20112 Répondre
              François Bégaudeau
              Maître des clés

              Mais le montage, comme la « mise en scène », ce n’est pas ce qui ‘tape dans l’oeil »
              Le scorsese tardif est grand parce qu’il a renoncé au tape à l’oeil
              Je suis, comme on voit, sur une totale ligne seldoonienne

              • #20117 Répondre
                Charles
                Invité

                Si le style du Scorsese tardif te plaît, je ne peux que te recommander Silence.

                • #20120 Répondre
                  Seldoon
                  Invité

                  Silence était le début de la période sobre, mais j’ai beaucoup plus de mal. Je partais du mauvais pied je n’aime pas l’acteur et n’ai aucune affinité avec le thème, pas sûr d’ailleurs que la religion soit ce qu’il y a d’intéressant chez Martin Scorsese. Et il n’avait pas encore trouvé le truc pour les films en costume, c’était encore de la reconstitution un peu kitsch.

                  • #20121 Répondre
                    Seldoon
                    Invité

                    J’y pense à l’instant : il y avait de très beaux plans de nature, Tony.

                    • #20122 Répondre
                      Tony
                      Invité

                      Dans les 15 premières minutes on la voit un peu,c’est à peu près tout, très curieux d’entendre la gêne pour savoir ce que François a pu tirer de tout ça…

                      • #20123 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Je parle de Silence, où la nature était mieux traitée (d’ailleurs souvent filmée en pellicule, et si je ne suis pas fétichiste de la pellicule pour la nature et les nuances de vert ça reste souvent le plus efficace).

                      • #20126 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Je ne suis pas très fan de Silence non plus alors que le sujet et l’histoire m’ont intéressé, j’aurais préféré un film plus naturaliste,moins hollywoodien.

                      • #20128 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Oui c’est ce qu’il aurait fallu.

                  • #20125 Répondre
                    Charles
                    Invité

                    Dans mes souvenirs la reconstitution était assez légère pendant au moins la moitié du film puisqu’on y voit surtout des mecs à moitié nu dans des rizières.

                    • #20129 Répondre
                      Seldoon
                      Invité

                      Oui mais au-dela de la reconstitution même : comment filme-t-on les gens d’une autre époque ? C’est toujours délicat de placer une caméra à une époque où les caméras n’existaient pas. L’automatisme « je filme telle décennie en rappelant un peu la gueule des films de cet époque » (en terme de colorimétrie, de grain, de type de cadres) qu’on trouve chez pas mal de réalisateurs ne vient pas de nulle part et n’est pas complètement idiot. Chez Scorsese ça ne marchait jamais, on voyait toujours des gens d’aujourd’hui en costume entourés de techniciens (peut etre exception faite de l’age de l’innocence mais ça ne marchait pas completement). Dans Silence c’était moins choquant (à part le visage d’Andrew Garfield, tellement XXIème siècle, j’ai même envie de dire un visage macroniste). Dans Killers il trouve le truc.

                • #20133 Répondre
                  François Bégaudeau
                  Maître des clés

                  Je comptais bien le rattraper ces jours ci.

              • #20119 Répondre
                Seldoon
                Invité

                C’est la ligne officielle du parti. Est ce que la Gêne s’y ralliera aussi ?

              • #20162 Répondre
                Tony
                Invité
                • #20163 Répondre
                  Tony
                  Invité

                  En réponse à François,faut cliquer dans l’image pour accéder au texte.

      • #20986 Répondre
        I.G.Y
        Invité

        Je suis assez d’accord, alors même que je m’étais profondément ennuyé devant The Irishmen (mais peut-être n’étais-je pas dans un bon jour). Inutile d’ajouter aux éloges dont beaucoup ont déjà été faits, je dirai juste le seul (plutôt gros) bémol que j’ai ressenti : le personnage de De Niro. Je le trouve très mal écrit, inintéressant, sans surprise. Sauf la première scène de discussion avec Di Caprio, que je trouve vraiment très bonne. C’est ce qui m’empêche d’avoir trouvé ce film « génial ».

        Et la scène d’intro avec la musique de Robbie Robbertson, le tout au ciné et son à fond, c’est cerise sur le gâteau.

    • #20113 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      Les plan-séquences mobiles à la scorsese, tout le mis s’est mis à en faire, même le plus insignifiant des tacherons. Voir par exemple l’ouverture des Petits mouchoirs. Alors Scorsese a cessé de faire des plan-séquence à la Scorsese
      De Kilers je sauve même, je sauve surtout les scènes champ-contre-champ.

    • #20124 Répondre
      PoutPout
      Invité

      N’ayant pas encore vu le Scorsese, je ne peux que vous recommander un film d’animation cette semaine : LINDA VEUT DU POULET. Une pleine réussite présentée à Cannes et récompensée à Annecy. Révolutionnaire ?

      Mon retour : « Lorsque sa mère, fautive d’une injustice auprès de sa fille, demande à Linda ce qu’elle peut lui offrir pour réparer son erreur, Linda lui répond qu’elle a faim. Faim d’un poulet aux poivrons qui pourrait lui rappeler les saveurs mémorielles d’un père italien qui le cuisinait auparavant. Pour reconvoquer le souvenir de ce père disparu, à la fois tendre et lointain dans sa mémoire, Linda se met en quête d’un poulet, n’importe quel poulet sera bon à abattre, figurant la mort comme un deuil nécessaire à la (re)construction de son monde.
      Le poulet, dans une autre acceptation, plus politique, c’est aussi le policier que l’on désarme ou que l’on déshabille, ou ce cortège de policiers expulsés par les enfants qui se lancent dans une révolution joyeuse et ludique, au sein de leur cité HLM un jour de grève. Si le poulet est l’animal totem de ce film d’animation plein de fougue, c’est les chevaux, ceux totalement lâchés par le duo de réalisateurs (Sébastien Laudenbach et Chiara Malta) qui captivent pour leur inventivité graphique, pour le plaisir des dessins mouvementés, à peine esquissés, qui mènent le récit dans une danse perpétuelle, une cavalcade d’imagination au service de personnages colorés.
      Ce long-métrage d’enfants dont les adultes pourront s’inspirer, est un magnifique chemin semé d’innombrables embûches sur lequel Linda, elle, cette jeune fille sans frein est dotée d’un grand appétit, celui de la vie.

      • #20165 Répondre
        amour
        Invité

        Et oui, un joli film qui se fera détrôné par Scorsese et les bavardages. Linda veut du poulet. Car le poulet, poulet., poulet. Dixit Zebda.

    • #20138 Répondre
      Graindorge
      Invité

      Pardon mais comme vous êtes tous des pointures en cinéma, j’amène mon cheveu dans la soupe et les cafés pour demander qu’est-ce que Scorsese peut bien trouver à Di Caprio qui n’est pas un grand acteur?

    • #20218 Répondre
      Charles
      Invité
      • #20235 Répondre
        Bronsky
        Invité

        ça valait le coup visiblement, car Scorsese réussit à peu près à tenir Dicaprio sur ce film (je dis bien à peu près). Par contre De Niro m’a vraiment convaincu, contre toute attente, dans ce rôle pas si loin de celui des affranchis. Je recommande aussi le film, et partage ce qui a été dit sur le montage, la narration, tout est d’une grande maitrise. Même si 3h30 c’est trop.
        Des critiques ont fait remarquer que dans ce Scorsese, il n’y a aucune grande scène, contrairement à d’habitude. Ce qui est bien car il est rivé à son récit sans essayer de faire d’effet de signature formel, mais je regrette quand même qu’il n’y ait rien d’aussi génial que la scène « You’re late » dans The irishman.

        • #20237 Répondre
          Charles
          Invité

          Pour moi il n’y a qu’une grande scène dans the Irishman c’est l’exécution de Pacino. C’est celle-là à laquelle tu fais référence ?

          • #20238 Répondre
            Tony
            Invité

            Tu vas bientôt le voir Killers?je suis curieux de savoir comment vont se passer,pour toi,ces 3h30 infernales, j’ai envie de te souhaiter bon courage!

            • #20239 Répondre
              Tony
              Invité

              Plus sérieusement je crois que Scorsese a bien réussi son coup,son film n’est pas aimable et, par rapport au sujet traité,pour des raisons éthiques, il ne pouvait pas faire autrement et, finalement,on est pas si loin de la problématique de Spielberg avec La liste de Schindler,donc oui c’est une épreuve cette projection,une sorte de prix à payer pour rendre hommage aux Osage.

              • #20256 Répondre
                Charles
                Invité

                @Tony, non je pense pas le voir bientôt, faute de temps.

            • #20240 Répondre
              Seldoon
              Invité

              Imagine 3h30 d’Anatomie d’une chute !

              @Charles : the Irishman étant l’un de mes films préférés je ne suis pas très objectif, mais la demi heure autour de l’exécution, qui englobe la scène dans laquelle DeNiro comprend que ça va se faire (« this is the way it is ») jusqu’à son retour est le moment de cinéma le plus intense de ma vie d’adulte. Évidement en grandes scènes ce film comporte parmi d’autres le coup de téléphone à la veuve et la scène de fête qui est le grand tournant central.

              • #20243 Répondre
                François Bégaudeau
                Maître des clés

                 » la demi heure autour de l’exécution, qui englobe la scène dans laquelle DeNiro comprend que ça va se faire (« this is the way it is »)  »
                Oui, pile là je me suis dit : Marty je te retrouve – quarante ans après
                Peu-être tient on un cinéaste qui aura eu une grande première décennie (Mean streets à Valse des pantins) et une grande dernière décennie. Et entre les deux, trente ans d’atermoiements.

                • #20244 Répondre
                  Bronsky
                  Invité

                  Charles : non moi je faisais référence à ça. L’exécution c’est plus une longue séquence excellente mais pas UNE scène. Celle là me fait marrer et jubiler à chaque fois que je la revois

                • #20257 Répondre
                  Charles
                  Invité

                  Moi la première grande période de Marty je la ferai finir aux Affranchis voire au Temps de l’innocence.

                  • #20261 Répondre
                    François Bégaudeau
                    Maître des clés

                    Tu inclurais donc dans cet état de grace After hours, La dernière tentation du Christ, Les nerfs à vif, La couleur de l’argent.
                    Drole de grâce.

                    • #20262 Répondre
                      Charles
                      Invité

                      C’est vrai que les deux derniers – qui sont des commandes – piquent les yeux.

                      • #20263 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Vécu en live.
                        Scorsese est un des premiers cinéastes que j’ai repérés comme tel, vers quinze ans. Je vois Taxi-driver, je vois Raging bull, tout de suite il devient mon cinéaste préféré, et à vrai dire le seul que je connaisse (c’est arrivé à des dizaines de milliers de mecs de ma génération). Et puis sort La couleur de l’argent, je m’y précipite et reste perplexe. Puis La dernière tentation, qui aurait du me passionner puisque c’est l’époque où je découvre la Bible : chou blanc. Je déteste cette facture.
                        Ensuite Les affranchis, de fait un des plus grands films du monde (et un des plus importants dans l’histoire des formes), va me rescorsiser. Mais les Nerfs à vif va sérieusement me refroidir. Et toute la suite (je ne trouve pas que Le temps de l’innocence soit le grand film qu’on dit, même si c’est un des bons)

                      • #20264 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        N’oublions pas Casino.
                        Les années 90 de Marty sont en général sauvées par ses défenseurs grâce au classique « un film pour lui, un pour les studios ». Sauf que ça ne marche pas, il y a exactement la même inconstance quand tu regardes à travers ce filtre. Les affranchis était pour les studios, kundun pour lui.

                      • #20266 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Casino c’est les Affranchis qui montre ses muscles, dopé et avec beaucoup moins d’humour. Scorsese n’a jamais autant virtuose mais sa mise en scène comme à devenir une formule, une signature.

                      • #20274 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Oui Casino c’est le début de Scorsese entrant dans le scorsesisme, c’est à dire dans une sorte de pastiche de lui-meme.

                      • #20282 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Ah vous êtes durs avec Casino. Je ne suis pas sur qu’on ferait ces attaques à un film dont la réalisation se voit moins. Je ne l’apprends à personne ici mais il y a une noblesse dans la réalisation et le montage qui se voient qu’il ne faut pas sacrifier au nom du combat contre la virtuosité démonstrative.

                      • #20285 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Je me souviens d’une époque où la mise en scène était très démonstrative et De Palma,avec Scorsese,en était la principale figure et on parlait de maniérisme alors.

                      • #20288 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Maniérisme pour de palma d’accord, mais on le disait pour le Scorsese des 90’s aussi ?

                      • #20289 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Avec Les nerfs à vif on est bien dans le maniérisme,
                        d’ailleurs j’avoue ma préférence très nette pour De Palma plutôt que Scorsese,il n’y a pas chez De Palma ce soubassement chrétien et douloureux qui me gène tant chez Scorsese.

                      • #20295 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Non, c’est moi qui le dis
                        Mais copiste serait peut etre le bon terme.

                      • #20265 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Je garde une certaine tendresse pour le mauvais goût assumé de la Tentation et aussi pour son sujet dont on sent qu’il est important pour Marty. C’est tout de même un film singulier, jusque dans ses ratés.
                        Le temps de l’innocence est visible sur le site France TV en ce moment, je vais essayer de le revoir car même s’il m’avait plu y a 10 ans je n’avais pas trouvé que c’était un chef d’oeuvre non plus (académisme de la reconstitution quand même).

                      • #20267 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Il y a un plan que j’adore dans l’âge de l’innocence : une rue remplie d’hommes tous habillés pareil avançant dans le même sens, filmés à la longue focale e qui amplifie l’effet de masse infinie, de flot d’humains. Coup de vent, ils mettent tous en même temps la main à leur chapeau pour éviter qu’il s’envole. C’est une idée toute simple qui montre comment nos actions sont déterminées et uniformisées par nos codes sociaux.

                      • #20268 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Temps. Je dis ce titre en franglais à chaque fois.

                      • #20270 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        C’est ça de vivre à L.A. six mois dans l’année.

                      • #20277 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        C’est une vie de chien. Finalement c’est vous
                        qui avez raison.

                      • #20302 Répondre
                        K. comme mon Code
                        Invité

                        Grand film sur le désir contrarié, Le Temps of Innocence.

                      • #20307 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Lalanne,dans le masque,m’a bien fait marrer,il est vraiment impayable,pour lui le dernier Scorsese a été un vrai chemin de croix,’un ratage total’,’une purge’ etc…Il y a longtemps que je n’avais pas vu des réactions aussi contrastées et extrêmes sur un film,est-ce que la gêne va traiter ce film ou celui de Toledano?Est-ce que l’homme qui n’a pas de prénom partage ton enthousiasme pour le Scorsese?

                      • #20317 Répondre
                        Jeanne
                        Invité

                        Je vote pour une Gêne sur « Une année difficile »
                        Voici ce que Lucile nous dit de ce film:
                        https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-regard-culturel/le-regard-culturel-chronique-du-mercredi-18-octobre-2023-9512292

                      • #20319 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        mais ce sera le Scorsese
                        le T-N, je me le réserve peut-être pour d’autres espaces d’expression

                      • #20323 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Surtout que le T-N se fait déjà défoncer un peu partout.

                      • #20325 Répondre
                        amour
                        Invité

                        Pourquoi vous polémiquer de la sorte ? J’essaie de comprendre et je me demande ce qui vous anime. Votre aveuglement de fan ou ça se situe ailleurs ? C’est étrange d’enfoncer tout le temps le clou;

                      • #20326 Répondre
                        amour
                        Invité

                        Jamais, vous insistez sur l’éloge et le joie.

                      • #20327 Répondre
                        amour
                        Invité

                        *la

                      • #20331 Répondre
                        amour
                        Invité

                        Santé ! Et pas des pieds

                      • #20332 Répondre
                        amour
                        Invité

                        Je ne sais plus quoi te dire. Tu es tellement bête.
                        Affligeant.
                        J’aimerais pas faire un entretien avec toi. Vraiment.
                        Trop peur de creuser et de confirmer mon intuition.

                      • #20339 Répondre
                        amour
                        Invité

                        Ah mais oui, tu viens encore sur le versant de l’alcoolisme. Tu es simplement une grosse pute.
                        Et t’inquiète je vais te laisser avec tes amis de merde.
                        Ceci dit, je l’ai déjà dit.

                      • #20383 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        avec tout de même les honneurs de france culture

                      • #20384 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        (je parle de la réception du T-N)

                      • #20387 Répondre
                        Charles
                        Invité

                        Certes, mais je parlais des émissions de critique à proprement parler (réduites comme peau de chagrin à la radio).

    • #20279 Répondre
      Carpentier
      Invité

      Bon, ma carte ugc – que je suis à deux doigts de résilier tant je vais moins au ciné ces temps-ci – piaffe dans mon sac: à part Le règne animal, choisi par la Gêne et que je prévois de voir, y a-t-il d’autres recos si je m’aventure à nouveau au cinéma, dîtes?

      • #20321 Répondre
        amour
        Invité

        Le ravissement.

        • #20632 Répondre
          Carpentier
          Invité

          Avec la belle trouvaille de Kechiche, la singulière Hafsia?
          C’est noté.

    • #20367 Répondre
      Ourson
      Invité

      Salut, j’ai voulu me faire mon premier Godard hier et je me suis dit que « Le Mépris » serait une bonne entrée en matière… À chaud : j’ai trouvé le film « joli » presque dans le sens « instagrammable », l’aspect général m’a évoqué ces illustrations de Roy Lichenstein (pour les incultes comme moi qui aie du aller chercher le nom sur internet : c’est l’artiste qui a fait les illustrations du plateau des Z’Amours à l’époque)

      Je suis totalement client des B.O à base de violon donc fatalement la B.O du film m’a parlé, mais j’ai moins apprécié son utilisation répétée toutes les 3 minutes du film à chaque saut d’humeur de Brigitte, d’autant plus que l’intensité de la musique est plus élevée que celle des voix, j’ai du garder la télécommande à la main pour monter/baisser le volume tout au long du visionnage

      J’ai eu un peu de mal avec le jeu des acteurs que j’ai trouvé très « lêché », voire faux du côté de Brigitte. Je m’attendais à quelque chose de brut, réaliste, proche du réel, et j’ai eu la sensation inverse : je n’ai pas « cru » aux cacas nerveux de Brigitte, ni aux « tentatives » du scénariste de la reconquérir. C’était sûrement voulu, mais j’ai trouvé le tout un peu monotone et illogique

      Globalement, j’ai passé un bon moment, j’ai trouvé le film bien foutu visuellement, j’ai apprécié voir toutes ces idées de mise en scène, mais je n’ai pas pris un plaisir fou non-plus. Je n’ai pas réussi à comprendre ce qui rendait ce film aussi culte… À côté de quoi je suis passé ?

      • #20385 Répondre
        Ostros
        Invité

        Grand moment de ma vie d’étudiante en cinéma que de découvrir cette ouverture, l’émotion est toujours là 15 ans après :

        • #20443 Répondre
          Claire N
          Invité

          Merci Ostros
          Vu aussi au même âge
          Comme Ourson la musique sapristisamere me bouleverse
          Et comme Ourson pas sure d’avoir compris
          Seulement une scène qui déclenche tout le reste : celle où après avoir descendu l’escalier il tombe nez à nez avec Brigitte en flagrant délit de fricotage
          Et une phrase de fantaisie militaire qui m’y fait penser «  soldat sans joie , va , déguerpit – l’amour t’as faussé compagnie « 

      • #20444 Répondre
        tristan
        Invité

         » j’ai du garder la télécommande à la main pour monter/baisser le volume tout au long du visionnage »

        T’as qu’à chercher à améliorer les choses en jouant avec les paramètres ‘son’ de ta tv.
        je dis ça sans aucun mépris.

    • #20380 Répondre
      François Bégaudeau
      Maître des clés

      A coté du film, je dirais.

      Par exemple t’es tu demandé de quel mépris il était question?

      • #20401 Répondre
        lassou
        Invité

        Le mépris de Bardot envers Piccoli parce qu’elle croit qu’il l’as vendu a son producteur non ? Mais c’est dit dans le film.

        • #20411 Répondre
          François Bégaudeau
          Maître des clés

          On aurait bien aimé qu’Ourson lui même répondît.

          • #20430 Répondre
            Lassou
            Invité

            Désolé.

          • #20669 Répondre
            Ourson
            Invité

            J’aurais répondu la même chose, d’ailleurs elle dit effectivement qu’elle le méprise. J’ai moi-même méprisé le personnage du scénariste !

    • #20419 Répondre
      GaelleS
      Invité

      Vu Des idées de génie ? le documentaire que François recommande sur sa page Facebook. De mon côté je partais avec un intérêt particulier pour ce film étant du même coin que Ginestet dont j’ai vu l’expansion, de son premier magasin Gifi en périphérie de Villeneuve sur Lot au château qu’il a transformé en Disneyland restaurant /hôtel situé à deux pas de chez mes parents.
      Des idées de génie ? c’est un documentaire où Brice Gravelle, le réalisateur suit Ginestet pendant deux ans. Il le suit dans son jet privé, son yacht, sa (grosse) voiture, ses tournées des magasins, ses séminaires d’entreprise dans son chalet de Megève, dans son château le Stelsia ou à Las Vegas.
      Fils de maquignons, maquignon lui-même, il a ouvert un premier magasin dans un entrepôt en périphérie de Villeneuve sur Lot en vendant des produits fabriqués à bas prix en Asie, avec un marketing agressif (magasin ouvert le dimanche, grosse pub pas discrète) et a investi ses bénéfices en achetant d’autres magasins pour être aujourd’hui dans les 30 premières fortunes de France, avec une fortune estimée à 2 milliards d’euros (sans trop payer d’ISF car il ne possède pas grand-chose en son nom propre). Ginestet, c’est le Bernard Tapie local (on voit d’ailleurs une scène comique dans son jet privé où il lit avec intérêt un article sur Bernard), avec une gouaille bonhomme que l’accent du sud-ouest accentue, et dont le gimmick tout le long du documentaire, c’est de clamer qu’il veut avant tout le bonheur de celleux qu’il appelle ses collaborateurs, qui étaient environ 8000 au moment du film. C’est ainsi qu’on le voit animer lui-même ses séminaires d’entreprise, considérant sa boite comme une famille à laquelle tout le monde doit se dévouer, et où on voit ses salariés adapter des paroles de chanson à sa gloire, un couple Gifi se marier à Las Vegas au cours d’un voyage Gifi organisé pour les gagnants du tournoi de poker organisé par le boss, un jeune collaborateur qui ne savait pas skier qui se retrouve au bout de plusieurs années de séminaire d’entreprise dans le groupe des skieurs expérimentés lors du séminaire d’équipe à Megève dans le chalet du boss. Il est partout, avec sa femme toujours pas très loin, qui lui fait répéter ses interventions (sans power point) et son chien.
      On pourrait croire que c’est un gros beauf de patron qui est bien content qu’un réalisateur fasse un documentaire sur lui. Il peut donner l’impression d’être aveuglé par sa mégalomanie en signant le contrat de droit à l’image rédigé maladroitement par le réalisateur, ses avocats tardant à faire une proposition de contrat. C’est tout le contraire. Il quadrille tout et finalement ne montre pas tant de choses que ça. On le voit toujours souriant, avenant et bavard, quel que soit son interlocuteur. Il faut dire qu’il ne se laisse pas filmer pendant ses rendez-vous d’affaires, ni quand ça ne se passe pas comme il veut avec ses employés.
      Contrairement à des Bernard Arnaud qui ne connaissent pas leurs employés et qui doivent se sentir extrêmement mal à l’aise avec eux, Ginestet se sent comme un poisson dans l’eau avec ses collaborateurs : il les domine parce que c’est leur patron donc peut faire son show en s’assurant d’être admiré au moins en apparence, et venant lui-même de milieu pauvre, il a certainement une proximité non feinte. On ressent la même ambivalence vis à vis des autres grands patrons : de par son style patron old school, patriarche qui se veut proche de ses collaborateurs, avec ses bracelets en pierre et toujours sans cravate, il détonne et pourtant il a épousé sans problème leurs habitus en investissant dans un yacht, un chalet à Megève, un jet privé et des voitures de luxe (qu’on ne voit pas dans le documentaire mais qu’on peut voir et entendre rouler de temps à autre sur les routes lot-et-garonnaises) et il est tout fier lorsqu’il reçoit un prix du Figaro de meilleur patron de l’année, ou un truc dans le genre.
      Il est clair qu’il a dû parfaitement capter les rouages du capitalisme, de l’achat de marchandises pas chères au marketing en passant par le management. Il donne l’impression de jouer sans arrêt, en contrôlant et en tirant les ficelles de son empire Gifi. Il a certainement accepté d’être filmé dans ce cadre-là (il a tout un tas de DVD pour motiver ses salariés ou pour glorifier sa boite où il est mis en scène). Son rapport avec le réalisateur est d’ailleurs un des intérêts majeurs du film. Car il montre au réalisateur ce qu’il a envie de montrer. Et le réalisateur, se sachant mis en scène est partie prenante du documentaire. En ça on se demande parfois si ce qu’on voit c’est un documentaire, une fiction, une farce ou une tentative de campagne publicitaire. Même quand on croit que ça déraille, c’est Ginestet qui a mis en scène. Car il aime le spectacle. Il en co-écrit, toujours à sa gloire ou à la gloire de Gifi. Il joue donc la comédie (officiellement et officieusement). Il donne l’impression de se prendre pour Dieu dans son royaume et on se dit que son intérêt pour le poker vient avant tout de son désir de prendre le dessus sur le hasard. Brice Gravelle capte quand même quelques moments où ça déraille : lorsqu’il est sur son yacht avec son ami Benjamin Castaldi qui lui dit que la seule chose qui l’intéresse c’est le pognon (et pas les employés de Tati qu’il a racheté et qui vont se faire licencier) et dans la dernière scène qui est fascinante, où Ginestet fait une course de voitures virtuelle contre le réalisateur, qui se fait battre une fois, deux fois, trois fois, où il est donc inarrêtable et où on le voit jubiler. Jubiler de jouer, jubiler de gagner, jubiler d’écraser son prochain. On voit aussi que ça déraille un peu avec le rachat de Tati ; les syndicats de Tati, même si au départ manifestaient devant le tribunal de commerce pour que l’enseigne soit rachetée par Ginestet, se montrent beaucoup moins naïfs deux ans plus tard lorsque l’enseigne disparait malgré les promesses.
      Finalement c’est un documentaire sur ce que voudrait montrer Ginestet (patron qui s’est construit tout seul et qui reste proche des gens/ collaborateurs/ employés dont il veut le bonheur), avec des failles qui percent malgré lui, grâce à la finesse du réalisateur qui se rend compte qu’il est dans une forme de traquenard. Il en a fait une force en restant sur cette ligne qui laisse apparaitre les failles et des moments de vérité. Et c’est certainement pour ça qu’il n’a pas été cherché ailleurs car le documentaire ne dit rien des réelles conditions de travail de ses salariés, ni de leurs salaires, ni du fait que tous les employés de Gifi n’idolâtrent pas leur patron ou tout le moins ne jouent pas l’idolâtrie.

      • #20420 Répondre
        Graindorge
        Invité

        Ah ça oui. la gauche radicale. Merci Mr Sève

      • #20421 Répondre
        Graindorge
        Invité

        Merci GaelleS. Des idées de génie. Le coup de la « famille. » Les collaborateurs… Maquignon, fils de maquignon. Sûrement à voir mais je n’en mourrai pas de ne pas le voir. Ni le doc ni le connard

      • #20463 Répondre
        Anna H
        Invité

        Merci beaucoup Gaëlle pour ce retour détaillé, ça donne envie. Je suis curieuse de le voir. Pas évident en salle malheureusement.

      • #20633 Répondre
        Seldoon
        Invité

        Merci Gaelle, je veillerai à l’attraper s’il passe à portée de main. Le 7 à 8 est un peu éprouvant à regarder, avec les employés qui doivent répondre à des critiques frontales de leur patron devant et un public et une caméra. Comment ces scènes sont elles traitées dans le documentaire ?

        • #20636 Répondre
          GaelleS
          Invité

          Il n’est pas montré sous ce jour là dans le documentaire. Ou il n’a pas voulu ce montrer sous ce jour là.

    • #20497 Répondre
      Hervé Urbani
      Invité

      C’est beau de voir les rapports égalitaires et le naturel décontracté qui découle des relations entre ses employé(e)s et lui.
      Et sinon épaté de comment qu’il a rénové son château sobrement coloré et de comment qu’il a aménagé son petit chalet de Megève.
      En plus d’être un Jésus qu’aurait ressuscité à Las Vegas pour conquérir le Sud-Ouest, il faut aussi reconnaître que saint Philippe est un homme (le mot homme est peut-être trop faible, trop réducteur) qui a du goût ; c’est ce qui a sans doute séduit son ami Francis Cabrel.

      • #20505 Répondre
        Graindorge
        Invité

        Ah Francis Cabrel!  » tes chaînes t’ennuient, t’as tes 4 semaines, moi j’ai toute ma vie »
        Mais c’est vrai que c’est toujours plus agréable de voir des châteaux, des villas, des chalets plutôt que des apparts étouffants à partager avec sa famille et des cafards! En bouffant des raviolis en boîte
        Et puis la gauche se doit de tout étudier. Mais depuis la rentrée, des films ou des documentaires sur des gosses qui vont à l’école le ventre vide, des prolétaires qui rentrent lessivés, pour prendre une bière ou 2 en cannettes, un truc chaud à bouffer un peu de télé et au lit etc… y’en a eu beaucoup?

        • #20509 Répondre
          Graindorge
          Invité

          C’est peut- être qu’à l’échelle mondiale c’est le système capitaliste qui déciderait de l’actualité culturelle à 90%( pourcentage donné au hasard) laissant 10% à la vraie gauche créant ainsi une fausse démocratie où l’exception ne servirait qu’à confirmer leur règle. Et nos intellectuels de gauche font ce qu’ils peuvent avec ce qu’il y a.
          Rien que dans ce petit forum, on en repère des talents tout-à -fait capables de faire des films et des documentaires. Il existe le crowfunding pour financer. Dommage

    • #20542 Répondre
      Tony
      Invité

      Débat très intéressant autour du film de Scorsese,je suis bien d’accord avec Moncilovic sur l’homo érotisme de son cinéma et sa difficulté à filmer un personnage féminin qui ne soit ni une sainte comme ici ni une pute et oui je me demande aussi si les Osage l’intéressent vraiment, content de savoir que Moncilovic adore Le loup de Wall street que je considère aussi comme un de ses meilleurs films.
      https://spotify.link/srgzXcpfbEb

      • #20553 Répondre
        Tony
        Invité

        D’ailleurs c’est frappant de voir Les cheyennes de Ford après avoir vu le Scorsese,on a vraiment,chez Ford,un point de vue des cheyennes qui rend compte de leur existence,de leur intelligence et de leur spiritualité et on voit tout ce qui sépare un cinéaste chrétien comme Ford d’un curé comme Scorsese.

        • #20558 Répondre
          François Bégaudeau
          Maître des clés

          Te serait-il possible, Tony, de ne pas aimer un film sans devenir immédiatement un militant acharné et rageux de ton désamour?
          Tu n’aimes pas Killers, c’est pas grave, c’est pas un péché, inutile d’aller glaner des points de légitimité de ton gout.
          Je t’autorise même à ne pas écouter la prochaine Gene qui ne te procurera qu’irritation.

          • #20561 Répondre
            Tony
            Invité

            Tu viens de me donner envie de revoir The Fabelmans.

            • #20564 Répondre
              François Bégaudeau
              Maître des clés

              Je n’ai pas dit qu’il ne fallait pas dire du mal d’un film, ni s’arreter longuement pour détailler sa faiblesse, comme je l’ai fait sur le Spielberg et d’autres
              J’ai dit que tes banderilles ex nihilo, monologogantes et un peu gratuites sur le Scorsese tenaient davantage de la rage que de la critique
              Je serais ravi que tu argumentes longuement sur le film – ce me serait une bonne pâture pour la Gene.
              En revanche « curé scorsese » c’est un peu court. Et un peu tautologique. Et aussi homo-érotisme – catégorie critique très mécanique et souvent creuse.

      • #20565 Répondre
        Charles
        Invité

        J’écouterai ça. MoMcilovic est souvent brillant même si je me demande comment on peut adorer le Loup de Wall street, film complètement prévisible, daté, boursouflé et qui n’a rien à dire d’intéressant sur son sujet. Je ne sauve que Jonah Hill dedans.

        • #20568 Répondre
          Tony
          Invité

          Merci Charles, grâce à toi je viens de comprendre l’irritation de François.

        • #20569 Répondre
          Seldoon
          Invité

          Il y a un truc qu’ils évoquent rapidement et auquel j’ai pensé pendant le film : chez Scorsese depuis toujours personne ne condamne explicitement à mort. C’est toujours à mots couverts qui n’ont l’air de rien, et tout le monde comprend et execute l’ordre jamais donné. Ca donnait des choses comme « Why take the chance? » ou « This is the way it is. » ou encore ce « We did what we could » (au passé alors que le type est encore en vie). Ca a toujours été glaçant, ces condamnations à mort anti-sentencieuses. Les personnages évitaient aussi d’en parler après coup, au mieux un « he’s gone », une tournure euphémisante et passive. Dans The Irishman on allait un peu plus loin et on détaillait comment aucun des executants ne connait l’ensemble du plan : il y en a un qui sait juste qu’il doit amener une voiture de A à B à X heure, un autre sait qu’il devra nettoyer une pièce, etc. Dans Killers l’idée est poussée à son paroxysme. Ces morts arrivent. Le complot n’est même jamais explicité, contrairement à ce qui se faisait dans les Affranchis et Casino dans lesquels ont prenait régulièrement 10 minutes de cours sur le détournement d’argent. Ici on comprend les grandes lignes, on devine le reste. Et les morts arrivent. C’est une façon puissante de mettre en scène la violence systemique et sa dilution de culpabilité.

          • #20571 Répondre
            Tony
            Invité

            Il y a quand même une scène où l’on voit De Niro très énervé contre son neveu car le meurtre devait être maquillé en suicide,ce qui m’a principalement géné c’est justement ce côté implicite qui rend difficile la compréhension du récit,par exemple j’aurais aimé comprendre ce système de tutelle, comment et par qui a-t-il été décidé,on peut supposer que les Osage étant peut-être illettrés cela pouvait aussi être une protection mais on nous dit aussi que certains ne sont pas sous tutelle donc on n’y comprend rien..De même on ne comprend pas pourquoi on les retrouve dans une église, comment sont-ils devenus chrétiens?On comprend implicitement aussi que ce réseau de francs maçons réunit tous les notables,financiers et industriels,lors de la confrontation entre Di Caprio et l’avocat mais on le devine ce n’est jamais explicite.

            • #20572 Répondre
              Seldoon
              Invité

              Jamais explicite mais omniprésent. On ne cesse de le sentir. C’est très beau.

            • #20573 Répondre
              Tony
              Invité

              On ne comprend jamais non plus qui est qui et où on se trouve,le frère de Di Caprio est une énigme aussi,on ne sait pas ce qui s’est passé entre lui et la sœur de Molly et ce qu’il fait là,de même les enfants de Di Caprio et Molly je suis incapable de dire combien ils sont,on les apperçoit sans les voir c’est très obscur.

              • #20574 Répondre
                Seldoon
                Invité

                Mais en fait tu as aimé le film !

                • #20575 Répondre
                  Tony
                  Invité

                  Je me suis bien gratté la tête pendant 3h30, j’étais bien assommé en sortant, sérieusement j’aurais aimé en savoir plus,sur les Osage mais aussi sur le personnage de De Niro, de quoi vit-t-il?d’où viennent ses revenus?

                  • #20578 Répondre
                    Tony
                    Invité

                    Je constate qu’on est nombreux à être perplexe, comme ici par exemple
                    https://www.blast-info.fr/articles/2023/killers-of-the-flower-moon-crepuscule-dune-idole-MQA4wdtoTzWl6R5_yjP28Q

                    • #20580 Répondre
                      Seldoon
                      Invité

                      Evidemment que le film est clivant, 3h30 aussi calmes vendues comme les affranchis au far west ça ne peut qu’agacer du monde. Depuis les premières bandes annonces et encore plus en sortant de la salle, je n’ai cessé de craindre le four total, qui ne manquera pas d’etre comparé à son budget pharamineux. Il y a aussi le classique phénomène du train de retard : Scorsese a beaucoup déçu les années précédentes, il paie pour ça sur des films qui ne le méritent pas. Mais tant que les critiques les plus dures parleront d’une réalisation académique on saura que Killers of the Flower Moon n’a pas été vu.

                      • #20582 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Sur la réalisation c’est toujours difficile de l’analyser lors d’une première vision sinon on sort complètement du film,bon en ce qui me concerne la deuxième vision elle est pas pour demain,mais bon on arrive quand même à saisir 2 ou 3 trucs,ce qui m’a étonné aussi c’est le côté publicitaire de certaines séquences,par exemple la danse des Osage lors de la giclée de pétrole ou la scène finale quand ils dansent et que le cadre s’élargit en s’élevant,je crois que le reproche d’académisme vient de la longueur,du côté répétitif et aussi d’un point de vue qu’on arrive pas à situer.

                      • #20583 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        La longueur, le côté répétitif et le point de vue ambigu je trouve ça incompatible avec l’académisme. Outre l’attente déçue d’une grande fresque Spielbergienne avec une bande son des Stones, je remarque surtout que ceux qui n’aiment pas le film sont ceux qui ne croient pas à la relation entre DiCaprio et Gladstone.

                      • #20585 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Il ne s’agit pas d’ambiguité mais plutôt d’une absence de point de vue,d’un flottement, difficile à expliquer et l’académisme vient aussi d’une absence de tension,sur la relation on y croit un peu mais bon ça manque de libido quand même alors que Di Caprio annonce être plutôt chaud donc c’est bizarre.

                      • #20586 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Je suis désolé on dirait que je pinaille mais ça revient souvent sur ce film et le précédent : je ne peux pas laisser passer académisme sinon je ne sais pas trop de quoi on parle. Il y a peu de tension dans le film, et certains reprochent un manque de relief. Je peux comprendre. Mais en quoi le manque de tension a à voir avec l’académisme ? Et tu dis « aussi », donc quoi d’autre ? Parce que longueur, point de vue « pas clair » et répétitivité on est d’accord que ça n’en est pas ? J’ai l’impression qu’académisme est ici synonyme de « je n’aime pas ».

                      • #20587 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Je te répondrai plus tard, là j’ai pas le temps mais tu as raison de pinailler.

                      • #20592 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Pour définir ce qu’est l’académisme le plus simple est de se demander quel est son opposé et là on va tomber sur une forme expérimentale et dans le cas du Scorsese ou trouves-tu de l’expérimentation?les plans fixes de cadavres peut-être, mais à part ça?

                      • #20612 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        J’en ai déjà pas mal parlé plus haut, avec des exemples précis. Je suis pressé je vais un peu vite : ca se situe du côté du rythme et plus généralement du montage. Chez Scorsese tout passe par là, il (sûrement le couple Scorsese/Schoonmaker plus que Marty tout seul) y est tellement puissant que ça l’a égaré un bon moment. Ici le mot d’ordre sera le calme, le cinéaste se réinteresse à ce qui se passe devant sa caméra au lieu de quitter le plan dès que possible. C’est explicité dans la scène suivante, où on ne sait plus qui donne une leçon à qui (Molly à Ernest l’occidental, Lily à Leo l’acteur fougueux, Scorsese à Scorsese le réalisateur virtuose) :

                        Et dans ce calme les rares accélérations Scorsesiennes (cuts ultra rapides sur trois gros plan en pleine discussion posée, panoramique brutal qui évite un cut…) produisent un effet très étrange, je crois que j’ai dit l’autre jour que ça claquait dans le silence. Il a toujours eu un goût pour les figures de style qui dérangent mais c’est quand tu enlèves les Stones que ça se met à vraiment gratter. D’autre part ce n’est pas parce que la caméra ne tournoie plus que le film ne tente pas sans arrêt des choses. Comme souvent presque chaque cut ou juxtaposition de Marty est passionant. Une idée très peu discutée par exemple : vers le début, sur un classique montage qui accumule les décès et nous délivre des informations froides et factuelles (« John Smith, 24 juillet 1917, pas d’investigation. »), la voix off qui dit tout ça est la douce voix de Molly, murmurante, Malickienne. C’est tout bête mais ça change tout. Récemment en interview Marty à propos de Thelma disait qu’il adorait bosser avec elle car elle vientdu documentaire et n’aaucune préconception sur ce à quoi doit ressembler un film de fiction. Elle monte en fonction de ce qui marche le mieux sur son banc de montage. Dans The Irishman il y a quelques jump cuts sur des gros plans de comédien en pleine scène de dialogue. Dans des scènes calmes. Sans appuyer. Ca dérange, ça ne se fait pas. Le but était là simplement de coller deux morceaux de performance, sans s’obliger à mettre un contrechamp ou autre insert gratuit. Thelma ne frime pas à ce sujet quand elle en parle, c’est assez beau de l’écouter à ce sujet : ce sont des jump cuts subits. La ligne était : « aucun compromis sur le jeu des acteurs ». Radicalité tranquille. Tarantino a volé l’idée dans son dernier.

                      • #20614 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Merci Seldoon, très intéressant!

                      • #20848 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Si ça t’interesse je suis tombé hier sur un extrait de la conférence ci-dessous. Scorsese y affirme justement que chez lui la « magie du cinéma » est dans le raccord : quand tu mets deux plans ensemble, ça crée « une image fantome » dans l’esprit du spectateur. « You make your point through that cut ». Evidemment si tu changes un des deux plans ça change tout, mais aussi si tu enlèves une image à la fin du premier plan et rajoute deux ou trois au début du second, tu changes l’image fantome. Ca fait un moment que je raconte à tout le monde que Marty est un cinéaste du raccord plus que du plan, je suis ravi de voir qu’il a fini par se ranger à mon opinion. Je n’ai pas retrouvé le timing de l’extrait en question mais voici la conférence complète : https://www.youtube.com/watch?v=BV7h0DJ9yfo
                        Il y parle aussi de musique, et vers le début de la présence de l’acteur comme l’élément central dans un film, mais je n’ai pas tout écouté.

                      • #20855 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        C’est la première chose qu’il dit. Au tout début.

                      • #20874 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Merci Seldoon j’ai commencé à regarder(non bilingue la traduction auto de youtube est épuisante),oui ce qu’il appelle image fantôme c’est un peu le même processus que l’illusion optique,le cerveau va créer cette image par le rapport entre deux plans.J’ai lu récemment,et je crois bien que c’est dans le dernier numéro des Cahiers qui est consacré justement à l’art du montage et je te le recommande c’est super intéressant,que l’on peut en effet distinguer deux types de cinéastes,le cinéaste monteur(Scorsese affirme en être)et le cinéaste du plan(et du cadre).

                    • #20581 Répondre
                      Seldoon
                      Invité

                      C’est une catrastrophe cette critique.
                      « on sent que le maitre voudrait donner du souffle à son récit, aimerait construire des personnages bigger than life et nous emporter avec eux dans une histoire mêlant épique et intime »
                      Encore une fois le film a été fantasmé. Mais après c’est pire :
                      « un vieil oncle décati et pas franchement effrayant (on est très loin du Jack Nicholson de The departed) fait peser sur lui. »
                      « le choix de l’actrice principale (pour paraphraser Desproges on pourra dire qu’on a « vu des topinambours ayant le regard plus expressif ») »
                      Comme disent les jeunes, y’a rien qui va.

                    • #20604 Répondre
                      François Bégaudeau
                      Maître des clés

                      Ces lignes écrites en moufles sont d’une indigence à peu près constante.
                      Avec le pompon : « Il fait même un aveu de faiblesse formel particulièrement irritant pour les nerfs en utilisant des heures durant (littéralement) une musique « tribale » à base d’harmonica et de percussions, une sorte de tapis sonore accompagnant tous les type de scènes, de tension comme de séduction, de confrontation comme d’intimité. Seul moyen trouvé (artificiel et usant) pour donner un rythme et une tension à sa matière. »
                      1 cette musique tribales s’appelle du blues
                      2 il y a là un usage tout à fait singulier de la musique que ce critique peu soucieux de voir et d’entendre ne saurait comprendre
                      3 l’idée n’est pas de donner du rythme, c’est le contraire. De dérythmer.

                      • #20605 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Et l’argument du « nombreux à être perplexes », on s’en passera
                        Nombreux seraient perplexes devant A bout de souffle.

                      • #20843 Répondre
                        Jeanmonnaie
                        Invité

                        Ton argumentaire est très bon. Par contre, dire « Et l’argument du ‘nombreux à être perplexes’, on s’en passera » semble contradictoire. En critiquant l’argument fallacieux basé sur le nombre, il est paradoxal d’employer le même procédé en utilisant le « on ». Cela est curieux.

                      • #20844 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Ton indifférence à l’art et en particulier à la littérature, sans doute respectable en soi, t’a fait perdre (ou ne jamais contracter) la sensibilité au génie de la langue française qu’un identitaire comme toi devrait glorifier. Ainsi tu n’entends plus ce « on », que tu assimiles grossièrement à un « nous ». Tu n’as pas l’oreille pour l’entendre, pour entendre sa vibration propre, sa nuance. Tu manques à ta francité.

                      • #20846 Répondre
                        Jeanmonnaie
                        Invité

                        Si tu dis « On devrait commencer à économiser l’énergie pour protéger l’environnement », je le comprends parfaitement. Dans ce cas, cela exprime une opinion qui paraît moins personnelle et plus générale, comme s’il s’agissait d’une réflexion. Simplement, « on s’en passera » n’est pas dans cette nuance. Le « on » pourrait être interprété comme « nous, ceux qui discutent de ce sujet », indiquant un rejet collectif. Sinon, n’hésite pas à m’expliquer qui se cache derrière ce « on » pour m’aider à habituer mon oreille à ces subtilités de langage qui m’échappent.
                        J’apprends également qu’un identitaire doit être un fin lettré pour être crédible. Tu n’as pas le droit de t’opposer au GR quand tu n’as le bagage culturel bourgois. Ah !

                      • #20847 Répondre
                        Jeanmonnaie
                        Invité

                        Dans la même logique un marxiste à forcément lu le capital ? A moins que ce soit encore du sophisme…

                      • #20856 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Tu ne sais pas lire ta langue, c’est bien dommage. Je n’ai pas écrit qu’il fallait etre un fin lettré, j’ai écrit que l’oreille est sensible ou non au génie d’une langue. Cette sensibilité pouvant être aiguisée par la littérature.
                        Tu veux que je t’explique ce « on » sur lequel tu peines comme un technocrate peinerait sur un poème. Mais cela ne s’explique pas. Cela s’intuite, cela se sent. On sent le génie de sa langue ou pas. Toi pas.
                        Toi pas sentir. Toi n’aimer la France que par la négative. Toi n’aimer la France que dans la stricte mesure où la menacent des arabes.

                      • #20884 Répondre
                        Jean Monnaie
                        Invité

                        Que prétends-tu ? Serais-je étranger aux subtilités de notre langue ? Pire, que j’accuserai quelques insondables lacunes hypothéquant toute possibilité pour mon esprit de saisir la géniale vibration émanant de ce petit pronom.
                        Ce que tu qualifies de nuance tient en fait de l’ambiguïté. Une ambiguïté congédiable seulement grâce au contexte ou à la nature des informations transmises. Puisse cette modeste anadiplose satisfaire ta propre sensibilité. Adoncques, si écrire « On a fait une réservation avec mon frère au restaurant » conduit effectivement à assimiler « on» à « nous », en revanche, déclarer « on porte des vêtements chauds en hiver » s’apparente auquel cas à de l’indéfini, car il ne désigne personne en particulier par implicite.
                        Aussi, rédiger « on s’en passera » s’avère — quelle avanie ! — avare, voire pauvre en information. Plaise à ton oreille cette humble allitération. On manque de substance pour conférer à cette phrase tout son sens. Le caractère apodictique de ton propos, hélas, ne s’impose qu’à toi. Souffre que ledit propos puisse être sujet à interprétation, sinon que la façon dont il est compris puisse différer de ton intention.
                        Pour ma part, je me contenterai de pointer l’ironie de la situation consistant d’une part à me prêter une maîtrise défaillante de la langue tout en faisant montre d’autre part toi-même d’un usage imparfait de celle-ci. Ta superbe perd d’autant plus de son éclat qu’après avoir cherché à contester le sophisme par appel à la majorité de Tony, tu t’autorises par ailleurs, pourtant, à t’y livrer en pratiquant à mon endroit de l’ad personam, puis à employer l’argument de l’homme de paille en caricaturant la façon dont je m’exprime. En outre, tu te répands en verbigérations sur ma personne, en supposant des inepties sur mon appétence, ou plutôt ma répugnance, pour la littérature, sur la base de mes messages, tout en considérant inconcevable la possibilité que je puisse tirer mes propres réflexions sur la base de tes messages. Je ne connaîtrais que le terme hypocrisie que je n’emploierais pas celui de duplicité.
                        Nul manquement à ma francité donc, simplement le souhait de ne pas chercher à écraser autrui par les mots, ou la connaissance des mots, comme s’en délectent les bourgeois. Toi comprendre moi vouloir discussion normale ?

                      • #20886 Répondre
                        t
                        Invité


                        🤪🫶

                      • #20899 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Dénué d’intention l’élève laborieux sur sur sa copie.

                      • #20900 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        sue

    • #20637 Répondre
      Charles
      Invité

      T’as pu voir De la conquête, François ?

      • #20646 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        Toujours pas. Mais je l’ai à l’oeil. Et d’autres que toi m’en ont dit grand bien.
        En échange je te recommande Le ravissement. Grande finesse, grande beauté.

        • #20648 Répondre
          Charles
          Invité

          Je note. J’ai aussi entendu beaucoup de bien du Déménagement, film japonais de 1993 resté inédit en France et qui ressort restauré. Grand film sur l’enfance qui évoque toute mignonnerie dit-on.

    • #20651 Répondre
      Anna H
      Invité

      Un court-métrage de 1984 :

    • #20677 Répondre
      Tony
      Invité
      • #20678 Répondre
        Seldoon
        Invité

        On t’appelle le pit bull.

        • #20680 Répondre
          Tony
          Invité

          Tu me fais regretter de l’avoir signalé,je vais encore perdre des points de légitimité,non sérieusement je suis tombé dessus par hasard et sans arrière pensée je le partage,c’est toujours intéressant de voir comment sont analysés les films à des milliers de kilomètres d’ici.

          • #20681 Répondre
            Tony
            Invité

            Mais bon promis j’arrête,enfin j’espère…

            • #20695 Répondre
              François Bégaudeau
              Maître des clés

              Je ne redis pas ce que j’ai dit il y a deux jours.
              Et je redis : c’est bon, respirons, le film n’est plus en salle ou presque, il ne crée plus de dommages, il ne tue plus d’enfants. Et puis surtout ne t’en veux pas trop. Ce n’est pas grave de passer à coté d’un grand film, comme certains grands joueurs peuvent passer à coté d’une finale.

              • #20756 Répondre
                Tony
                Invité

                Il paraît que c’est le film dont la moyenne d’âge des spectateurs est la plus élevée cette année,je subodore la nostalgie de Derrick mais bon on ne peut pas en être certain,ce qui est sûr c’est que le bouche à oreilles chez les seniors a très bien fonctionné.

                • #20772 Répondre
                  Christophe M
                  Invité

                  Il parait que…
                  Il parait que mes deux enfants de 25 et 21 ans trouvent que c’est un grand film.

                  • #20773 Répondre
                    Tony
                    Invité

                    Je connais des jeunes qui ont des goûts de vieux…,sérieusement ma réponse était une blague,en réponse à François,mais qui s’appuie néanmoins sur une étude réelle dont je peux publier le lien si ça t’intéresse,content pour tes enfants si ils ont aimé.

                    • #20830 Répondre
                      Christophe M
                      Invité

                      Cette étude n’aurait d’intérêt que si elle démontrait que seules des personnes ayant des goûts de vieux ont apprécié le film. Et dans ce cas, je préfère épargner à mes gosses l’horrible vérité.

                      • #20831 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Je dois très mal m’exprimer,il s’agissait d’une plaisanterie merdique,restons en là.

                      • #20835 Répondre
                        Christophe M
                        Invité

                        J’avais compris que c’était une blague (pas si merdique d’ailleurs). Je la continuais simplement.

                      • #20849 Répondre
                        t
                        Invité

                        Jawohl herr general Christophe M !👏

    • #20810 Répondre
      Adamou
      Invité

      Certains ont-ils vu le syndrome des amours passées ?

      • #20811 Répondre
        t
        Invité

        J’ai vu passer personne, même pas mirza🤣🤪

    • #20827 Répondre
      K. comme mon Code
      Invité

      Profondément et sincèrement triste, Le Ravissement. La caméra capte beaucoup de choses. Qu’est-ce qui rend toujours la laideur urbaine belle au cinéma ? Ou : pourquoi je la préfère photographiée ? Et j’ai été fasciné par cette histoire de fusion. La mince frontière entre le vrai et le faux. Entre la santé mentale et la folie. Je réalise aussi que je grandis avec Hafsia Herzi. C’est une joie.

      • #20853 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        Oui Hafsia c’est vraiment quelque chose. Hafsia est un événement.

      • #20861 Répondre
        lison
        Invité

        Je vous rejoins, et je recommande aussi Le ravissement, qui est une grande histoire traitée avec tranquillité et simplicité. C’est très beau sur l’attachement, l’amour qui vient , et sur une folie tellement pas spectaculaire qu’on hésite à l’appeler comme ça.
        Eh oui, quelle actrice !

        • #20927 Répondre
          Juliette B
          Invité

          Oui, merci à tous d’en avoir parlé ici, je l’aurais raté sinon. Et après le visage de Hafsia, poursuivre quelques jours après avec celui de Tomoko Tabata, la petite fille de Déménagement – film incroyable de fantaisie et de vitalité – c’était vachement bien.
          Pas beaucoup de rapports entre les deux films, mais l’une marche longuement dans les rues, l’autre les parcourt en courant dès qu’elle peut, et suivre leurs mouvements dans la ville devient en soi émouvant. La caméra a une façon de s’arrêter longuement sur leurs visages aussi, de face, vertigineuse dans les deux cas.

      • #20916 Répondre
        tristan
        Invité

         » Je réalise aussi que ‘je grandis’ avec Hafsia Herzi. C’est une joie.  »

        Par Priape, c’est vrai qu’elle est assez bandante pour une Miss Meteo:
        https://img.lapresse.ca/924×615/201207/17/533417.jpg

    • #20914 Répondre
      Jean-Marie Bigard
      Invité

      Bonsoir,

      Il y a en ce moment à la cinematek de Bruxelles une rétrospective sur le mystérieux Dario Argento. Des avis sur les oeuvres de ce cinéaste ?

      • #20968 Répondre
        Leo Landru
        Invité

        J’aime beaucoup le Argento des années 70 et début 80 mais je sais mon amour pour ce cinéaste très personnel, lié à toute une filmographie de jeunesse faite de films d’épouvante et de séries B. Il ne faut pas attendre d’Argento une révolution cinématographique mais de belles œuvres formelles, des plans et des dispositifs esthétisants. Au meilleur de sa forme il lorgne parfois vers Hitchcock dans la construction d’un climax, au pire il rejoint Lucio Fulci dans le désintérêt des rapports humains.
        La direction d’acteurs, le scénario, tout ça, Argento s’en fiche plus ou moins. Demeure donc le plaisir visuel et sonore, notamment grâce au groupe Goblin qui accompagne en musique certains films qui pourraient se passer de dialogues (Suspiria).
        De sa période giallo, voir Profondo Rosso (Les Frissons de l’angoisse) pour les expérimentations en caméra subjective, pour certains plans et travellings perturbants. Le point de vue change souvent, déroute, et on peut aimer la violence bizarre et la bonne bouille de David Hemmings dans ce pastiche antonionien. En revanche, lenteurs dans une intrigue amoureuse inutile, et dialogues poussifs – le conflit des genres masculin et féminin est au cœur d’une histoire dont on intuite qu’elle intéresse peu Argento, son attention se porte sur la forme et pas sur le sous-texte. On sent que le cinéaste veut passer au fantastique, il met déjà trop de gore et trop peu de contexte, il se fait bien trop plaisir à créer des scènes choquantes, du suspense, et à délaisser la psychologie des personnages au profit de leur étripage.
        Arrive sa période horrifique et Suspiria, beau tableau surréaliste et gore, surcoté mais chouette. Là encore, synospis prétexte à mettre en scène une belle ingénue plongée dans une violence colorée et créative. C’est le pic de son œuvre, un tableau animé où les acteurs occupent moins l’écran que ses propres visions de l’enfer – le cœur de son cinéma dépeint la souffrance d’une façon boschienne (voir Inferno aussi). Sur cette période de dix ans, de 75 à 85, il réalise ses œuvres les plus tourmentées. Ensuite il se reposera un peu trop sur ses lauriers de champion de la violence esthétique, jusqu’au désintérêt. Bien que Phenomena m’ait laissé un bon souvenir, je trouve Argento fatigué depuis Ténèbres.
        Passé 1985, je ne suis plus trop client. Dans Opera il reproduit son schéma de torture porn avec sa propre fille en actrice principale, c’est toujours une curiosité, mais ça ne m’a pas emballé.
        Pour résumer, je te conseille dans l’ordre L’Oiseau au plumage de cristal, Profondo Rosso, Suspiria, Inferno, Phenomena, voire Ténèbres si ça te branche.

        • #20969 Répondre
          t
          Invité

          Le cinéma de Dario est unique. Vraiment unique . Il a inventé un genre, donc révolutionnaire comme ils disent.. C’EST PAS RIEN.
          Vais pas me faire des ennemis😂
          Fais toi plaiz. Les débuts sont les meilleurs. Comme d’hab. Phénoména étant mon pref.

          • #20970 Répondre
            t
            Invité

            J’aime les films simples. Celui-ci l’est avec des formes plurielles. Un film unique. Donc tout sauf banal.

            • #20971 Répondre
              t
              Invité

              😝

              • #20972 Répondre
                t
                Invité

                Le gros fils de pute est revenu. Bon, Begaudeau t’as pas dit ?
                Continues🤪 On en reparle💋

            • #20975 Répondre
              t
              Invité

              Je crois tu ne t’as compris les règles🤪
              Donc, à ton attention, je via te mettre un petit post pour te rappeler tes agissements de fils de pute🤩

              A touti

        • #20973 Répondre
          t
          Invité

          t
          Le cinéma de Dario est unique. Vraiment unique . Il a inventé un genre, donc révolutionnaire comme ils disent.. C’EST PAS RIEN.
          Vais pas me faire des ennemis😂
          Fais toi plaiz. Les débuts sont les meilleurs. Comme d’hab. Phénoména étant mon pref.

          • #20977 Répondre
            t
            Invité

            Les règles heil 👮‍♀️👮‍♀️👮‍♀️🤪

            • #20978 Répondre
              t
              Invité

              Tiens ta bouche
              Chuuttt

        • #21029 Répondre
          Jean-Marie Bigard
          Invité

          Merci Léo!

          • #21036 Répondre
            Leo Landru
            Invité

            Service.
            Sur Argento je pourrais causer longtemps, comme sur Bava et Fulci et autres. Ils n’étaient pas le fleuron de l’art cinématographique italien mais les faiseurs – Argento inclus même s’il a moins charbonné que d’autres. On leur demandait des giallos quand c’était la mode et des films d’horreur par la suite, ou bien ils les réalisaient parce qu’ils savaient que ça fonctionnerait. Une pléthore d’autres cinéastes fabriquaient des rip-offs de Mad Max, de Escape New York, et s’essayaient au gore débridé : Umberto Lenzi, Ruggero Deodato, Bruno Mattei… C’est l’âge d’or du cinéma d’exploitation comme tel, une machine à faire rentrer de l’argent en fabriquant n’importe quoi, et c’est à mon avis par accident et par contrebande que de l’art a surgi de certains films. De fait si tu aimes Argento, je te renvoie vers Mario Bava et vers Lucio Fulci comme complément d’époque.

            • #21143 Répondre
              lassou
              Invité

              Fulci il a fait d’autres trucs aussi bon que L’Emmurée vivante ?

              • #21155 Répondre
                Leo Landru
                Invité

                Sur sa centaine de films.
                La longue nuit de l’exorcisme, 1972, traduction mensongère car ni exorcisme ni longue nuit dans ce giallo infanticide de belle facture.
                Les Quatre de l’Apocalypse, 1975, un western oppressant à l’intrigue maladroite mais avec des scènes mémorables, où Fulci commence à appuyer un peu fort sur l’absence de cohérence dans les intrigues pour ne garder que la valeur choquante, le visuel horrifiant. Des plans longs, appuyés, trop près, malaisants.
                J’aime beaucoup deux de ses films gores de la fin des 70, Frayeurs et surtout L’Au-Delà, pour l’expérience du spectacle d’une violence absurde, surréelle (un personnnage vomit ses entrailles en plan séquence, un autre se dissout dans de l’acide pendant dix minutes…). L’ambiance y est poisseuse, le traitement des personnages est misanthrope, craspec. Fulci cherche à écœurer. Il se débrouille bien, c’est dégoulinant, ça lui vaut son titre de roi du gore parmi une communauté de fans et de futurs cinéastes – Tarantino entretient une admiration pour Fulci. Il y a une beauté dans son gore, une lumière superbe, des cadres.
                Les histoires de Frayeurs et L’Au-Delà, incohérentes, aux protagonistes fantoches, importent moins que les successions de morts violentes, grotesques, nappées d’une photo colorée onirique aux tons allant du sépia blafard au lumineux éblouissant. Dans tout ça, il se crée des ambiances, des tensions, du merveilleux.
                Ça peut aussi faire rire mais il vaut mieux avoir l’estomac accroché à la Loctite – hectolitres de sang, de boyasses, obsession pour les yeux crevés. L’une de ses scènes les plus disséquées se trouve dans L’Enfer des Zombies où l’une des héroïnes se fait éborgner en plan séquence. Fulci a pas mal soliloqué sur cette histoire d’yeux crevés dans chaque film, il parle d’une agression/communion symbolique contre/avec le spectateur. Faut voir.
                Perso j’aime bien ces films pour leur atmosphère et leur shock value, c’est de la série B avec des moments.
                Ma sélection inclut les films mentionnés ci-dessus auxquels ajouter La Maison près du cimetière, une poésie gore aussi. Ce ne sont pas des chef-d’œuvres mais j’ai de la tendresse pour eux, et pour le cinéaste-artisan dont on oublie qu’il fût membre du parti communiste italien pendant les années qu’on sait.
                Ses derniers films sont quasi indigents, y compris le navrant Murderock qui lui a valu un prix à Avoriaz – probablement décerné à rebours pour ses films de la fin des années 70.

                • #21179 Répondre
                  Lassou
                  Invité

                  Super merci déjà vu l’enfer des zombies, Frayeur et l’au delà je note les autres.
                  Le miel du diable j’aime bien aussi.
                  Oui Tarantino l’aime bien il reprend notamment le leitmotiv de l’emmuree vivante pour Kill Bill.

    • #20938 Répondre
      Tony
      Invité

      Burdeau sur Killers of the flower moon, très intéressant,j’ai l’impression d’avoir vu le même film que lui

      • #21226 Répondre
        Jean T.
        Invité

        Très intéressant

    • #21144 Répondre
      K. comme mon Code
      Invité

      Rangez-moi du côté des pro Scorsese pour Killers of the Flower Moon. On est plus proche de Paul Thomas Anderson dans le rythme que d’un classicisme Hollywoodien, oui. Même DiCaprio ne m’a pas gêné. Personne n’a osé lui dire qu’il n’avait pas besoin de prothèses ? Il a déjà une gueule d’ingénu ravagé. Il n’a jamais filmé des meurtres avec autant de « distance ». Une froideur qui serait une sagesse d’outre-tombe. La fin m’a secoué.


      Quelques objections sur l’écriture du personnage de Mollie : même si on accepte que dans le cas d’Ernest avec son oncle ou Mollie avec Ernest, la famille fait accepter tout et n’importe quoi, jusqu’au déni, quand le monde apprend que son mari est impliqué dans les meurtres de sa famille, le personnage n’existe plus à mes yeux. La dernière scène entre les couples semble suggérer qu’Ernest ne peut être pardonné par lâcheté morale ? Je ne sais pas. Je pensais à Triste Tigre. Les violeurs peuvent dire à leurs victimes qu’ils les aiment. Est-ce de l’amour ? Je ne crois pas. Il agit par intérêt et lâcheté. Il est embarqué dans le projet de son oncle dès le début. À la fin, Scorsese a peur de cet abîme là.

      • #21145 Répondre
        Seldoon
        Invité

        Il est embarqué par faiblesse et parce que ça lui convient, mais il reste en plein déni jusqu’au bout. S’il fallait incarner un jour la white guilt, la voilà.

        • #21148 Répondre
          K. comme mon Code
          Invité

          Oui, il l’écrit de cette manière à la fin, mais il est plus vraisemblable qu’il s’agit d’un raciste classique adhérant parfaitement au génocide des Osage. Cet être comme pur instrument des meurtres est à l’écran pendant près de deux heures et demi. On vire dans une forme de culpabilité à la toute fin qui ne me convainc pas. Il faudrait lire le livre. Je le ferai.

          • #21149 Répondre
            Seldoon
            Invité

            On me le conseille fortement.

      • #21159 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        j’évoque PTA dans la Gene
        (sur la musique, pas sur le pétrole)

        • #21161 Répondre
          Seldoon
          Invité

          Gêne qui sortirait samedi ?

      • #21186 Répondre
        Julien Barthe
        Invité

        Salut K,
        Est-ce que tu voudrais bien préciser pour moi ce qui fait que tu ne crois plus au personnage de Mollie et peut-être aussi la nature de l’abîme que tu évoques ?
        Et je suis tout à fait disposé à entendre que tu as autre chose à faire.

        • #21194 Répondre
          amour
          Invité

          « Et je suis tout à fait disposé à entendre que tu as autre chose à faire. »
          J’envie ta douceur, ta bonté😉

        • #21195 Répondre
          Seldoon
          Invité

          Tu as vu le film Julien ? Est-ce que tu voudrais bien préciser ce que tu en as pensé ? Je suis tout à fait disposé à entendre que tu as du lundimatin à écrire.

          • #21209 Répondre
            Julien Barthe
            Invité

            Salut Seldoon,
            J’attends que K me réponde et s’il le fait ce sera un bon angle d’attaque. Pour Lundimatin, je ne vois pas à quoi tu fais référence.

            • #21224 Répondre
              K. comme mon Code
              Invité

              On a quelques incursions du point de vue de Mollie pendant le film — dont la séquence au début sur l’absence d’investigations que je trouve géniale — mais elle reste à la périphérie. Ce n’est pas ce que je critique. On est du côté des bourreaux pour qui Mollie est un instrument, un corps qu’on enfante et case dans une pièce. Mollie sait que son mari l’empoisonne. L’absurdité du déni est rendu possible par le cadre familial. On sait et on ne sait pas. Quand Ernest est arrêté, la famille disloquée, son oncle confronté aux crimes, il n’est plus question de dissimuler la vérité par le déni, et Mollie est réduite à un spectre qui donne la possibilité à Ernest de sauver son âme de la culpabilité. Test auquel Ernest échoue. Le fait qu’elle serve uniquement une fonction narrative au-delà de toute vraisemblance, à la fin, au service de l’âme qu’on présume torturée d’un tueur, est très discutable. L’abîme auquel Scorsese refuse de se confronter dans le dernier quart d’heure, c’est le fait qu’il n’y a rien à sauver chez un homme pour qui les actes commis ne constituent en rien un crime qui ruineraient sa conscience. Le Nazi dans un camp d’extermination vit sa meilleure vie. Il est seulement dégoûté d’être attrapé et exécuté. Actuellement, on voit à quel point des familles affamées déchiquetées par des bombes de plusieurs tonnes d’explosifs ne représentent *rien* pour certaines personnes. Dans Killers, la main déchiquetée de la bonne apparaît comme une feuille morte pour De Niro. Pourquoi se rattacher à une conscience à la fin ?

              • #21238 Répondre
                Tony
                Invité

                Ernest est davantage un crétin qu’un raciste,trop crétin pour jouir de quoi que ce soit et suffisament crétin pour être pardonné,on parle de déni à son sujet et j’avoue que je ne sais pas quoi en penser,est-ce du déni ou de la bêtise?

                • #21241 Répondre
                  K. comme mon Code
                  Invité

                  Être un crétin n’empêche pas le racisme qui facilite la tâche. Dans les premières heures, j’ai beaucoup aimé qu’on le montre explicitement remplir les missions de bon cœur. C’est le job, quoi. Tu t’y plies par intérêt et adhésion au programme quand il s’agit d’exterminer toute la famille de ta femme. Et s’il s’agissait de montrer Mollie aimer Ernest malgré sa participation dans l’extermination de sa famille, il aurait fallu plus de Mollie, oui. Ernest peut tout à fait utiliser Mollie et être traité par ailleurs comme un personnage humain. Il ne s’agit pas de le diaboliser dans la fiction.

                  Bref, c’est surtout dans les trente dernières minutes d’un film qui contient trois heures de plus.

                  • #21244 Répondre
                    Tony
                    Invité

                    Julien connaît son affaire,on a eu un teasing à 14h05 et depuis on attend…

                    • #21257 Répondre
                      Julien Barthe
                      Invité

                      Pas eu une minute. Tout le monde n’est pas maraîcher. Demain.

                  • #21245 Répondre
                    Seldoon
                    Invité

                    C’est aller un peu vite dans les mécanismes psychologiques des coupables. Ernest a une conscience, tout comme la majorité des gardes de camps de concentration (qui étaient d’ailleurs suivis psychologiquement et placés/mutés en fonction), comme la majorité des gens. Pour commettre ou laisser commettre ce genre d’actes il faut toujours se raconter une histoire. C’est ce que fait Ernest jusqu’au bout. Par contre j’entends bien la critique du personnage de Molly sur la fin.

                    • #21246 Répondre
                      K. comme mon Code
                      Invité

                      S’il n’avait pas été arrêté, Ernest aurait tué Mollie. Ça me parait tout à fait réaliste psychologiquement de considérer que le véritable Ernest n’avait pas d’énorme problème de conscience. L’arrestation le gêne. Il évite la gêne tout du long. Les dernières minutes montrent littéralement Scorsese dire que Mollie, sa vie et les crimes subis par sa famille, n’ont pas eu le droit à l’histoire. Dans le film, il la relègue tout de même à l’arrière plan, et par dessus cela plaque son leitmotiv de conscience torturée sur un coupable, ce que je trouve discutable. Que Mollie ne soit pas le centre du film : okay. Qu’on fasse d’Ernest un pauvre crétin lâche sous le joug de son oncle qui a le cœur lourd d’être contraint d’agir de la sorte : c’est possiblement obscène. Possiblement complexe ? Est-ce que le film tient si tous les personnages sont autant insensibles que l’oncle et les médecins assassins ? Ça se discute. Pendant les scènes, je me demandais si Ernest se sentait coupable ou embarrassé. 80% du temps, c’était de l’embarras. Ça l’énerve d’être obligé d’empoisonner sa femme au lieu de déléguer, par exemple. Ça ne l’énerve pas qu’on tue sa femme. Il aime l’argent.

                      • #21249 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Il est bête et lache et faible et intéressé et amoureux, Killers me semble assez clair sur chacun de ces cinq points et c’est une de ses forces que de les tenir tous ensemble. Une fois cette complexité humaine bien comprise, je ne pense pas que grand monde sorte de là en se disant que le mec était racheté par le film. Je ne parle que du Ernest du film.

                      • #21250 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Dernier point : pour moi n’a pas du tout envie de tuer sa femme. Ni grand monde. Il est largement à son aise en laissant les choses se faire, a ne donner des coups de main qu’à la marge et en laissant la responsabilité du plan à son oncle. Quand il lui faut tuer l’être aimé on est à la limite de ses forces, à la limite de la force de l’appât du gain, il est obligé de se raconter qu’il n’y a pas de poison.

                      • #21251 Répondre
                        K. comme mon Code
                        Invité

                        Je précise : je ne pense pas que le film rachète Ernest, et je vois très bien comment il fonctionne. C’est riche et passionnant. C’est un personnage scorsesien. Je dis seulement qu’en faire un personnage scorsesien au centre d’un film qui met Mollie en retrait au lieu d’un être moins intéressant dramatiquement mais tout autant vraisemblable (un raciste qui profite d’une occasion en or) est discutable. Surtout quand la fin du film tient à rappeler qu’il s’agit de personnes réelles dont la mémoire est laissée aux mains de blancs américains.

                      • #21252 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Ah oui d’accord, j’avais du mal à comprendre. C’est très clair et entendable. Après je trouve beau que le film fasse droit à cette impasse : celle d’un Scorsese qui arrive enfin à regarder les indiens pendant un long moment, parfois à se mettre à leur place pour quelques instants fulgurants, mais jamais ne les tiendra au centre d’un de ses films. En tout cas c’est plus fort que la place laissée aux Indiens dans Tristesse de la Terre ou, pire, aux Congolais dans Congo.

                      • #21363 Répondre
                        Julien Barthe
                        Invité

                        Beaucoup aimé ce film :
                        1-Parce qu’il ce qu’il évite le piège du scénario-machination
                        pour nous plonger dans une confusion à travers laquelle le complot est rapidement décelable, nous plaçant peut-être dans une position proche d’Ernest et de son mode d’appréhension du réel qui est un mixte de bêtise et de lâcheté.
                        2-Parce qu’il met au centre du film une figure de l’idiotie coupable. C’est plutôt rare dans la fiction : elle est souvent liée à l’innocence et à la sainteté.
                        3- Parce que le sujet historique lui-même est prodigieusement riche et passionnant. Je ne m’arrête que sur le statut juridique de ces indiens, propriétaires richissimes ayant des domestiques blancs mais incompréhensiblement placés sous tutelle et dont les meurtres ne font l’objet d’un investigation qu’à partir de trentième décès : fausseté et inefficacité des droits politiques et économiques dans un contexte de racisme systémique.
                        4- Le film semble à travers sa fin (fiction radiophonique caricaturale dont Scorcese est le maître de cérémonie) souligner qu’il a conscience de spectaculariser un génocide.
                        5- Scorcese à peut-être peur de l’abîme, mais pas des nœuds. Di Caprio est un imbécile dont les actes lâches sont attribuables à quantité de traits et de mobiles difficilement hiérarchisables et discriminables. Il est probable que le revirement final ne soit pas lié à une prise de conscience (existe-t-elle à l’état pur), mais au fait que l’influence de son oncle est contrecarrée par la puissance judiciaire.
                        Je crois, quant à moi, au personnage de Mollie, qui aime « son coyote » et qui dit avoir un faible pour ce corps et la bassesse dont il est capable, dès le début du film.
                        6- Les indiens se voient attribuer la place qui revient à une forme de vie et de culture en cours d’annihilation. Ce sont des proies, des victimes et des malades. Pas de centralité ou peut-être seulement celle de leur vitalité syphonnée.

                      • #21380 Répondre
                        Julien Barthe
                        Invité

                        Ci-dessus, j’ai répondu à Seldoon en m’appuyant sur la lecture de K, mais amour a recouvert mon post par inadvertance.

                      • #21392 Répondre
                        Tony
                        Invité

                        Merci Julien,par ailleurs je viens d’écouter la gêne, très intéressante,en particulier sur l’aspect structurel et cette cette vision pessimiste de l’humanité qui est peut-être ce qui me rebute le plus dans le cinéma de Scorsese dans le sens où la structure serait le produit d’une nature humaine dont on ne peut rien attendre, naturellement cynique et que seul un martyr peut racheter,bon on connaît bien et si on enlève à Marty sa virtuosité et cette possibilité de jouissance ce qui apparaît me laisse malheureusement de marbre.Question subsidiaire François est-ce que tu as vu Certain women avec Lily Gladstone et qu’en as-tu pensé?

                      • #21395 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Mon post est censuré mais il était passionnant.

                      • #21398 Répondre
                        Julien Barthe
                        Invité

                        En matière de teasing nous tenons là un maître.

                      • #21397 Répondre
                        François Bégaudeau
                        Maître des clés

                        Pour ma part je n’ai pas parlé de nature humaine. Ce qui eut été, ici comme ailleurs, hors de propos.
                        J’ai vu Certain women, bientot au ciné-club

                      • #21401 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        En attendant que mon autre post ressorte des limbes de la modération : merci à la Gêne de rétablir la vérité sur la grandeur de The Irishman, don’t j’étais depuis sa sortie le seul défenseur tricolore. Merci de bien éclairer au passage Killers, j’en ressors beaucoup plus solide et éclairé sur mon enthousiasme. En revanche j’ai supprimé tous mes abonnements et likes quand j’ai entendu que Martin Scorsese n’était pas un grand cinéaste parce qu’il ne fait pas que des grands films. J’entends bien l’euphémisme mais je ne vois pas trop ce que la fiabilité a à voir avec la grandeur. Il y a une partie subjective qui me pousse à défendre cette école : je remarque que j’ai tendance à sauver un film pour une grande scène plutôt qu’à le condamner pour trois mauvaises, et à avoir de la sympathie pour une filmographie qui part dans tous les sens. Vous m’avez d’ailleurs vu défendre le Scorsese des années 2000 et 2010, parfois seul en ces lieux sans pour autant considérer qu’il y avait fait de grands films. Je sentais que la flamme et le talent étaient encore là même s’ils s’y fourvoyaient et non seulement ça suffisait à mon plaisir mais je me disais aussi « vous verrez, il reviendra. » Il y a néanmoins quelque chose de plus fondamental. Sans partir dans le lexique libéral de la prise de risque, est-ce qu’on pourrait pas soutenir que cette grandeur artistique aurait quand même plus à voir avec la recherche, et donc les déchets et impasses qui vont avec ? Pour le cas Scorsese, y aurait-il eu ses deux derniers films s’il n’y avait pas eu les 20 années précédentes ? Pour le cas Jean Monnaie, y’aurait-il eu cet émouvant éclair de lucidité à propos d’un article de Lordon « Tellement nul que je me demande si quelque chose m’échappe » s’il n’avait auparavant lu de travers l’intégralité des posts du forum ?
                        Julien, en teasing je peux me dépasser : j’ai écrit quelque part sur cette page un post qui parle d’érotisme.

                      • #21416 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Devant la vague de censure qui s’abat sur nous je suggère de passer à Cinéma – page 5 pour le prochain film discuté.

                      • #21441 Répondre
                        Julien Barthe
                        Invité

                        J’ai montré la fin de ton post à ma fille qui me dit qu’il n’est pas exclu que tu me dragues.
                        C’est vrai qu’elle n’a que sept ans et qu’il n’y avait pas d’émoticônes.

                      • #21442 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Enfin !

                      • #21443 Répondre
                        Julien Barthe
                        Invité

                        J’ai besoin d’un peu de temps, mais je crois être prêt à te suivre sur la page 5.

                      • #21445 Répondre
                        K. comme mon Code
                        Invité

                        Dans la Gêne, ça parle bien de Mollie comme d’une figure plus qu’un personnage — plutôt d’accord avec cela, donc. Quant à la bêtise d’Ernest, j’ai l’impression que le plan de son oncle pour s’approprier les biens de la famille Osage lui est déclaré dès le début, et je crois qu’on le voit même participer à un meurtre dans les trente premières minutes, si je ne me trompe pas (l’indien dont le cadavre finit dans le pétrole). Ça ne l’empêche pas d’être un homme servile. Servilité à mettre au compte de l’autorité familiale ; je faisais à cet égard une comparaison avec la passivité de Mollie qui, à l’image d’Ernest, sait dès le début que tous ces blancs veulent son fric et seraient prêts à tout… Mais le gars est son mari. C’est davantage ce statut marital qu’un amour qu’elle éprouverait qui la lie à cet homme.
                        Le film rend Ernest hésitant à partir du moment où Hal l’implique dans l’explosion au TNT. Il doit sans doute trouver ça un peu gros. Il sait qu’il empoisonne sa femme, mais au fur et à mesure qu’elle tombe malade, il doit trouver ça pénible. De le faire lui-même à la place des médecins et que cet empoisonnement provoque un empoisonnement réel.


                        Je ne connaissais pas l’histoire des Osage, mais l’histoire de Tulsa — et du massacre qui a suivi — est similaire, dans le sens où c’étaient des Afro-Américains qui prospéraient à l’Américaine, par le capitalisme et à l’image du capitalisme. Les blancs n’ont pas supporté et les ont massacrés et détruit Tulsa. Ça, c’est populaire dans la culture américaine depuis quelques années à la suite d’un article, je n’ai plus le nom… et c’était aussi dans une série… On voit Hal apprendre le massacre de Tulsa pendant le film. Ça a dû l’inspirer.
                        Le goût des Osage pour le mode de vie blanc est à rapprocher du fait que Mollie s’est séparée de son premier mari, un Osage, pour un blanc.

                      • #21584 Répondre
                        Jean Monnaie
                        Invité

                        Seldoon, pourrais-tu venir sous mon message sur Lordon pour m’expliquer ce que je ne comprends pas, au lieu de répandre ta médiocrité dans un forum de cinéma où je n’interviens jamais. C’est un comportement très particulier cette façon de faire. Fait toi greffer une paire de couille à l’occasion.

                      • #21594 Répondre
                        lison
                        Invité

                        @ Jean Monnaie , soit on dit :
                        – FaiS toi greffer une couille… mais pour quoi faire ?
                        ou si on a en tête qu’elles vont par deux ( comme les pieds ), on dit :
                        – FaiS toi greffer une paire de couilleS…mais pour quoi faire ?
                        ça me fait de la peine de rappeler cela à un amoureux de la langue française comme toi.

                      • #21596 Répondre
                        Jean Monnaie
                        Invité

                        Tu ne me verras jamais critiquer quelqu’un pour son orthographe. C’est précisément cette marque de la bourgeoisie qui m’exaspère. Je le regrette, mais j’ai bien l’impression d’être plus à gauche que beaucoup sur ce forum.

                        Cadeau

                      • #21598 Répondre
                        lison
                        Invité

                        Je ne critique pas quelqu’un pour son orthographe, je me moque de toi.
                        Et c’est fini.

                      • #21595 Répondre
                        Seldoon
                        Invité

                        Jean, je n’ai rien d’autre à te dire que ce qui est écrit ci-dessus et ne mérite pas autant d’agacement : tu nous lis de travers et réponds presque toujours à côté de la plaque. Comme ici, où tu sembles croire que mon point était ton incompréhension de Lordon. Je n’irai pas plus loin, tu n’es pas là pour discuter mais pour assurer un public captif à ton monologue.

                      • #21597 Répondre
                        Jean Monnaie
                        Invité

                        Tu sais désormais ce que tu dois demander au Père Noël. Une fois la greffe réussie, si jamais ta voix commence à muer, c’est normal, ne t’inquiète pas.

                      • #21617 Répondre
                        Christophe M
                        Invité

                        Maintenant que tu as réglé définitivement son compte à Lordon par une implacable et rigoureuse analyse de son texte (c’est brillant, c’est fort : il ne s’en remettra pas [mince parenthèse, tu va avoir mal aux yeux]) ; maintenant que tu as mis Nicolas Mathieu KO ; maintenant que tu as révélé le manque de courage de Seldoon qui aurait besoin d’une paire de couilleS pour t’affronter derrière un clavier ; maintenant que tu as démontrer l’inutilité des interventions de François ; bref, maintenant que tu as établi irréfragablement que la majorité des gens qui fréquente ce forum sont des gauchistes attardés irrécupérables (merci, ça m’a ouvert les yeux sur mon propre cas, gros lecteur de François et de Lordon que je suis), tu ne voudrais pas, mon gros lapin, prendre un peu de temps pour alimenter ta chaine Youtube. Franchement le nombre de vues, ça fait pitié.

                      • #21694 Répondre
                        Jean Monnaie
                        Invité

                        Encore une énième joute verbale éclatante de vide. Pourtant, il faut saluer l’exploit : tu as réussi à tisser un néant absolu avec 160 mots.

          • #21210 Répondre
            amour
            Invité

            😂👏

    • #21168 Répondre
      L’inconnu
      Invité

      Peut-on espérer la prochaine Gêne sur le Miyazaki ? Un film probablement imparfait et très dense mais passionnant et incompris par beaucoup. Et un sommet technique et artistique d’animation.

      • #21178 Répondre
        Charles
        Invité

        Y a aussi 2 Bellocchio qui sortent (mais cinéaste déjà traité).

        • #21183 Répondre
          L’inconnu
          Invité

          François tranchera mais ce serait l’occasion de frotter son oeil critique à un vrai film d’animation si j’ose dire, qui comporte des séquences et des animations de personnages hallucinantes de créativité à ce niveau là (la rotoscopie d’Apollo 10 1/2 précedemment traité dans la Gêne étant une technique qui uniformise depuis ses débuts les mouvements des films qui les utilisent et crée paradoxalement un résultat moins réaliste ou naturel, et tue l’expressivité potentielle de l’animation. Miyazaki devait détester. Pour autant j’ai beaucoup aimé Apollo 10 1/2)

          • #21187 Répondre
            amour
            Invité

            Vous me préviendrez les amis quand y aura la gêne ?
            l’homme qui n’a pas de prénom et son cher ami m’ont bloquée🤪🥳
            C’est vrai, que j’y avais déposé des petits messages glanés ici et là sur ce joli blog😉
            🤣

            • #21266 Répondre
              François Bégaudeau
              Maître des clés

              Oui tu as tendance à déposer n’importe quoi sur n’importe lequel des espaces à quoi je suis lié. Ton trollisme n’a aucune limite. On rappelle qu’il t’arriva aussi d’aller emmerder des gens de ma connaissance. Ton palmarès est admirable, et ton dossier aussi lourd que ta pathologie.
              Il y a là de quoi te faire largement condamner pour harcèlement. Ce que tu sais bien ne pas encourir, eu égard à la personnalité du harcelé. Que tu devrais alors remercier chaleureusement de t’éviter une grosse amende. Ce que tu ne feras pas, etc.

              • #21269 Répondre
                François Bégaudeau
                Maître des clés

                Ceci étant posé, on annonce dans la Gene de samedi qu’on songe au Miyazaki pour la suivante. Mais j’ai une. réticence : Miyazaki a été commenté, surcommenté, glosé, surglosé. Peu de cinéastes ont fait autant que lui l’objet d’une saisie théorique, savante, philosophique. Je ne me lancerai dans ce film que si, l’ayant vu (bientot), j’ai aussi entrevu un espace critique possible.

                • #21343 Répondre
                  L’inconnu
                  Invité

                  Ca fait sens. Merci de ta réponse.

              • #21368 Répondre
                amour
                Invité

                Dixit : Jean quatremer
                Porter plainte pour avoir donner mes informations personnelles et le contenu d’un mail intime, sujet-pièce d’un dossier judiciaire ?
                Tu m’encourages à le faire.

        • #21199 Répondre
          Lassou
          Invité

          Y a l’enlèvement et c’est lequel le deuxième ?

          • #21200 Répondre
            Charles
            Invité

            Le documentaire « Marx peut attendre », sur son frère suicidé.

            • #21204 Répondre
              amour
              Invité

              Mon ami Charlot, homme de loi exemplaire, tu m’aides à retrouver celui qui usurpe mon pseudo ?😉

            • #21217 Répondre
              amour
              Invité

              Tu peux m’aider stp à retrouver la personne qui a écrit ça ?😉
              Sûrement un fidèle du blog😁
              Je comptes sur ta droite d’avocat🤩

              « amour
              Tu partages le rail ?
              J’ai envie de faire un gros caprice, sache-le (impératif).
              Gode ! Gode ! (vrrrrrrrrrr)
              Tu ne seras point lassé.. pardon pour cet acte immonde.
              Allez je me baisse te faire une belle langue, comme je sais si bien faire.
              Prends-soin de mon con… Tu fais si bien. »

            • #21223 Répondre
              amour
              Invité

              J’ai encore une question pour toi Charles. Décidément🤪
              Sais-tu où en est l’affaire Benalla ?😉
              Ça m’intéresse de savoir ce qu’il va prendre ce vendu🤩

            • #21248 Répondre
              Lassou
              Invité

              Ha super merci

      • #21227 Répondre
        Parfaitement à l’eau
        Invité

        Moi je veux bien ton analyse j’ai pas tout capté, il y a des séquences presque psychédéliques et des passages par plusieurs mondes j’ai été perdu vers les 2/3 du film. L’aspect autobiographique je ne l’ai pas, ni les ref à ses précédents films.

        • #21253 Répondre
          L’inconnu
          Invité

          @Parfaitement à l’eau

          Ça tombe bien j’essayais de mettre mes pensées au clair mais attention ça va être long, j’arrive pas à faire court, et encore ça survole. J’espère ne pas dire trop de conneries.

          SPOILER ALERT ! POUR QUI A VU LE FILM SEULEMENT OU VOUS PÉRIREZ :

          D’abord il faut évacuer cette histoire d’autobiographie, et que le film parlerait de l’héritage artistique de Miyazaki, ça reste un sous-texte possible mais pas très intéressant. Un film doit fonctionner sans page wikipedia.

          Ensuite il y a une façon de prendre le film au 1er degré, comprendre la logique « magique » du monde et là c’est compliqué de tout relier en un seul visionnage mais je pense que tout fait sens malgré l’apparente confusion ou improvisation.

          Je vais plutôt essayer d’évoquer ce que ce monde met en place je pense : un voyage dans l’inconscient, un double du monde, et pas seulement un monde magique. Je crois qu’il faut voir ce film un peu à la manière d’un film de Lynch. Avec le risque de sous ou sur-interpréter, mais c’est la structure du film qui veut ça. Miyazaki dit que la logique est la partie superficielle du cerveau alors…

          Un film donc sur un voyage inconscient initiatique, dans l’inconscient du monde on pourrait dire car plusieurs personnages s’y retrouvent. Plusieurs choses l’indiquent :
          La structure double du film, la tour entre deux mondes qui ferait métaphore de notre façon d’être au monde, les images mentales de Mahito qui préfigurent celles du monde de la tour (sa mère en sorte déesse du feu qu’on retrouvera ensuite sous la forme Himi magicienne du feu / le lit dans l’eau et la mer), la pierre avec laquelle il s’ouvre la tête et la pierre volante comme coeur du monde, le héron comme allégorie de la nature et de la mort qu’elle renferme, qui figure aussi l’image de l’inconscient de Mahito, son regard désenchanté sur le monde, son « ombre » Jungienne qu’il faudra « intégrer » (ils deviendront amis à la fin) (le héron et le gnome qu’il renferme peut aussi être vu comme l’image de son frère à naitre qui le narguerait – et du grotesque que notre corps renferme, voir les viscères du poisson), et les échos en miroir entre les deux mondes (ou au sein de chaque monde).

          Au fronton du couloir d’entrée on peut lire une citation de La Divine Comédie de Dante, qui indique qu’on va visiter le monde des morts, et que la structure du film sera similaire (enfin j’ai pas lu Dante) une suite de scènes qui seront comme des leçons de vie (voir les Warawara et les pélicans par ex) et qui mèneront à « Dieu ». Il y a surement des parallèles pour ceux qui connaissent mieux.
          « Lucifer, chef des Anges rebelles, a été précipité par Dieu du haut du Ciel sur la Terre. Il y tombe, la tête la première, s’y enfonce jusqu’au centre du Globe où il est condamné à rester fixé dans d’énormes masses de glace. » Ça rappelle la météorite qui elle-même évoque la pierre de Mahito.

          Dans le livre « Et vous comment vivrez-vous ? » que Mahito lit plus tôt, que j’ai lu et qui est très beau, l’oncle donne des leçons de vie à son neveu. C’est ce livre qui le pousse à être plus gentil avec sa tante et à tenter de la retrouver je crois. Le grand oncle du film en donnant le héron comme guide veut probablement offrir un enseignement à Mahito à travers ce voyage.

          Mahito arrive d’ailleurs sur une île clairement inspirée du tableau de Bockiln « L’ile aux morts » sur laquelle se trouve des dolmen dont l’un forme ce que j’aime à voir comme un écran de cinéma noir, le cinéma comme miroir de l’inconscient peut-être. Mais c’est aussi simplement un tombeau.

          Sur la grille une inscription : « Ceux qui cherchent à comprendre périront ». Un avertissement au spectateur. Après la première du film Miyazaki a dit : « Je ne suis pas sur d’avoir compris moi-même. ». Ce n’est pas pour dire qu’il n’y a rien à comprendre, ou que la structure est aléatoire mais qu’elle est confuse, que le sens découlera moins des arcs narratifs, que des associations des images, des symboles, de leur associations, de scènes autonomes, des échos et jeux de miroir, du cinéma quoi ! un peu à la manière des rêves si on reste dans l’idée qu’il s’agit d’un monde mental (Le sang – la confiture / les pierres / le feu – Himi – les bandages / l’eau – la mère en eau voire larmes / le motif de flèches du kimono de sa tante / les perruches miroir des va-t-en-guerre / ou l’image des warawara qui ressemble à la fois à des spermataozoides haha, et qui prennent la forme de branches d’ADN).
          Même sans tout bien saisir, on comprend bien qu’il est question de deuil, de la mort, de la maternité, de (re)naissance, de la guerre, d’héritage et générations, de résilience peut-être (eh oui haha), plus généralement de trouver des raisons de vivre, « Et vous, comment vivrez-vous ? ». C’est cet éparpillement qui fait la beauté confuse du film.

          Je pense que ça te donne quelques clés pour repenser au film. Il faudrait revoir le film scène par scène et revoir ce qui s’y joue mais j’ai oublié pas mal de trucs.

          Enfin ça finit sur la question de l’héritage qu’une génération laisse à l’autre (l’après-guerre, l’écologie aujourd’hui etc). Le vieil oncle qui est resté vivre dans son monde imaginaire (qui s’est corrompu, à l’image du Japon de cette époque si on en croit les perruches, monde prêt à s’écrouler) et qui souhaite que Mahito le reprenne, tandis que Mahito choisit le vrai monde). Il semble y avoir un parallèle entre la création d’un monde imaginaire, la construction du monde par toute une génération, et l’accouchement à venir de la belle-mère. La douleur offre l’opportunité d’une renaissance, d’une reconstruction.

          C’est un peu dur d’appréhender tout ça en une fois, et le film est distant pour beaucoup de gens en terme d’émotion, je ne sais pas s’il faut lui reprocher ou si c’est justement dans son projet. Je n’ai pas été tant touché sur le moment, mais Bruno Dumont dit que le plus important n’est pas durant le visionnage mais l’effet que ça laisse les jours suivants. Mission accomplie pour moi.
          Je retiens quelques scènes magnifiques comme la scène de l’incendie, les scènes avec le héron, lorsque Mahito s’éclate le crâne (on n’a jamais vu le sang comme ça), son père et sa tante qui s’embrassent avec leurs têtes coupées, les retrouvailles finales avec sa mère…

          Sinon peu de critiques l’indiquent mais le film est en partie basé sur Le livre des choses perdues de John Connolly, il y a beaucoup de similitudes si tu lis le synopsis.

          Enfin il y a ce podcast qui est intéressant, ils parlent du film à partir de 2H : https://www.mangacast.fr/emissions/emissions-de-2023/mangacast-n90-le-garcon-et-le-heron-miyazaki-et-le-studio-ghibli/

          Jung encore :
          « Carl Gustav Jung pensait qu’au bout de la pénible exploration de notre inconscient se trouvait la découverte du soi, notre lumière intérieure, la part de sagesse divine enfouie au plus profond de nous-mêmes. Mais le psychiatre suisse affirmait qu’avant d’arriver à cette lumière, l’explorateur devait d’abord rencontrer un personnage qu’il a appelé l’ombre. L’ombre peut être définie comme notre double inversé, celui ou celle que nous aurions pu être, mais que nous ne sommes pas. C’est notre face obscure, elle contient l’ensemble des traits de caractère qui n’ont pas pu se développer dans notre personnalité. Elle symbolise en quelque sorte notre frère jumeau opposé qui est caché dans les profondeurs de notre inconscient. »

          • #21255 Répondre
            Parfaitement à l’eau
            Invité

            Merci, wow effectivement tu l’as apprécié et il t’as trotté dans la tête. Je me souviens que durant le film je me suis dit qu’il fallait que j’essaye de choper des clés de lecture pour suivre une voie de compréhension. J’ai pensé assez rapidement aux éléments (ça commence par le feu, le héron c’est l’air, les pierres sont beaucoup présentes aussi, l’eau aussi de mémoire mais je ne sais plus où) et puis ça ne m’a pas aidé. Je tacherais de le revoir avec les éléments que tu as donné.
            C’est assez étonnant de voir le succès qu’il a, la salle était pleine, les enfants excités (dont un qui devait avoir 5 ans, même pas traumatisé ?!!…). Et à ma grande surprise j’en ai entendu un lâcher spontanément à sa grande sœur « mais c’était trop bien ». Le film semble s’apprécier à travers les yeux d’un enfant et ça je m’y attendais pas. Le film est assez dur, parle de la mort, de maladie, de mutilation (la scène prend par surprise) et puis on a un canari géant qui se prépare à découper le héros quoi …
            Il y a une grande violence dans le film je trouve, mais non perçue par les enfants ou alors j’étais dans une salle de psychopathes en puissance.

            • #21271 Répondre
              L’inconnu
              Invité

              Le succès est dû à ses précédents films qui ont nourrit au moins 2 générations, encore plus avec l’arrivée sur Netflix. Moi c’était à l’adolescence. Je le tiens pour un des plus grands artistes alors qu’il ponde n’importe quoi j’irai ! A voir si le bouche à oreille va jouer en sa faveur.
              Ah c’est étonnant, BFM disait justement que c’était pas pour les enfants ^^ C’est un des rares à ne pas prendre les enfants pour des niais qu’il faudrait épargner, la violence du monde ils la perçoivent un peu tous les jours dans tous les cas. Et en effet il fait toujours ses films depuis le point de vue de spectateurs enfants, c’est pourquoi il ne peut faire que des films pour dire « il faut tenter de vivre », ce qui n’est pas toujours le cas des films pour adultes qui peuvent se laisser aller aux constats pessimistes et c’est bien comme ça.

              Il dit que les enfants comprennent de manière intuitive. Je sais pas si c’est vrai mais ils ont certainement une meilleure connexion à leur inconscient et c’est une bonne approche pour faire un film en tout cas. Peut-être que les enfants ne voient pas la violence d’un dessin animé de la même façon que nous. Après tout il y a toujours eu de la violence dans les cartoons, voir Bip bip et Coyotte etc. C’est même hyper violent ! Pourtant ça me faisait bien marrer.

              Ceci étant dit, il faut quand même regarder le film au premier degré. Un garçon en deuil dans un monde en deuil qui voyage dans un double fantasmagorique du monde venu d’une météorite dont son grand oncle semble être devenu l’architecte (ça c’est le truc curieux que j’ai pas bien compris je crois), et à travers lequel il apprend à se réconcilier avec lui-même, sa tante et sa nouvelle vie, pour ne pas dire la vie tout court.

              Je vais le revoir ce weekend 🙂
              Le Scorsese est très bien aussi.

              • #21306 Répondre
                Parfaitement à l’eau
                Invité

                Oui il n’épargne pas le spectateur enfant. Bip bip et coyote c’est un cartoon donc une violence plus distante, qui est beaucoup moins marquante que ce que l’on voit dans les films de Miyazaki je trouve.
                L’oncle architecte du monde c’est surprenant et dur a analyser, une influence de Matrix probablement (joke). Tout comme la pierre flottante striée qui l’accompagne (il y a quelque chose avec les pierres dans ce film).
                Un film d’un homme de 80 ans très en forme en tout cas.
                Je ne manquerais pas le film de l’autre octogénaire en forme du moment 😉

                • #21315 Répondre
                  L’inconnu
                  Invité

                  Après en sortant de la salle j’ai été dubitatif. J’en attendais beaucoup aussi certes. J’ai trouvé les musiques un peu agaçantes dans la première partie, notamment avec le héron, j’aurai aimé du silence, et comme beaucoup je ne me suis pas sentie très investi dans la 2e partie en terme émotionnel et avec les personnages, sauf à certains moments. Et la musique de fin est un peu soupe ! On regrette celles de Chihiro et Mononoke, mais c’est un détail. J’aurais bien vu un film entier dans la veine de la première partie avec un peu de fantastique seulement dans le monde réel, ça aurait pu donner un truc hitchcockien dans le genre Les oiseaux potentiellement génial aussi.

                  Mais en y repensant et en intellectualisant je me rends compte que c’est un film riche et méticuleux et que je l’ai jugé trop vite. Un film à retardement donc. Mais il faut se demander s’il n’a pas quand même manqué quelque chose. Car s’il faut l’intellectualiser pour l’apprécier alors qu’il nous dit de faire l’inverse il y a peut-être un problème ! 😀 Enfin ça ne concerne pas tout le monde. Si les enfants de 5 ans l’ont aimé tout de suite alors… On verra ce que donne un 2e visionnage.

                  • #21318 Répondre
                    L’inconnu
                    Invité

                    Je recommande aussi le film « Déménagement » de Shinji Somai qui est ressortie restauré. Je suis content qu’il sorte enfin, je l’avais découvert il y a quelques années par hasard sur internet mais seulement sous-titré anglais donc pas accessible à tout le monde. Il prenait alors des allures de trésor au secret bien gardé.
                    Un film autour de la famille et du divorce vu par un enfant, l’enfant le plus mignon du monde qui joue mieux que Brad Pitt, aux images et couleurs acidulées somptueuses, au propos simple je crois mais à la mise en scène très intelligente, il a une façon de gérer les plans séquences de manière discrète par rapport aux déplacements des personnages et à l’environnement que j’ai rarement vu. En fait si, chez Mizoguchi. Et une fin onirique à faire fondre un iceberg. Un des plus beaux films sur l’enfance.
                    Ils en parlent bien sur France Culture :
                    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture/debat-critique-le-syndrome-des-amours-passees-comedie-romantique-de-l-annee-1336238
                    Il a fait un autre grand film à mon avis, Typhoon Club qui sera surement restauré aussi un de ces jours.

                    • #21323 Répondre
                      Parfaitement à l’eau
                      Invité

                      Oh l’attaque gratuite contre Brad Pitt ! J’apprécie le bougre moi, il est loin d’être mauvais.
                      Oui le déménagement j’en ai entendu parler, c’est un petit évènement de ce que j’ai compris, l’auteur est en train d’être découvert en France. J’aurais du mal à le voir au cinéma, ma salle de petite ville ne le diffusera probablement pas. Je le rattraperais dès que possible.
                      Typhoon club est trouvable donc je commençerais pas celui la.

                  • #21322 Répondre
                    Parfaitement à l’eau
                    Invité

                    La musique est effectivement plutôt discrète contrairement a ce qu’ils nous ont habitués.
                    Honnêtement je n’ai jamais réussi a être impliqué émotionnellement dans les films de miyazaki, des images de lui que j’ai vu dans certains documentaires il ne semble pas être quelqu’un de chaleureux ni ayant une fascination pour le genre humain. Cela ne l’empêche pas d’être un dessinateur incroyable, d’une imagination débordante et d’une constance dans son œuvre vraiment remarquable (il a sa patte). J’ai jamais été renversé, comme ce que peux faire Kitano pour rester au japon et avec la même musique.

                    • #21341 Répondre
                      L’inconnu
                      Invité

                      Non non j’aime Brad Pitt ! C’est juste le premier nom d’acteur qui m’est venu. Mais quand un enfant joue bien ça dépasse tout.

                      Ah oui ? C’est une de ses forces pourtant, il sait écrire des personnages. Il me rappelle Godard. C’est un grincheux à l’esprit de contradiction mais il a toujours un truc intéressant à dire. Il n’a pas l’air d’aimer le monde moderne mais on peut le comprendre. Il est fasciné par le monde en tout cas, la nature, l’histoire, la technique… Il est obsédé par la réalité quand il fait ses films, les moindre mouvement etc. Mais il a l’air de préférer les enfants aux adultes. En fait je pense qu’il attend beaucoup de l’humain, c’est un romantique. On ne peut alors qu’être souvent déçu. Enfin bref. (j’ai plus ou moins lu tout ça dans un livre d’entretiens et il est pas avare en confidences).

                      Ah Kitano j’aime beaucoup certains. Vu récemment j’ai adoré Kids Return, et le thème musical est excellent, et été très déçu par Kikujiro que j’aimais plus jeune. Et bien sûr Hana Bi et le moins connu A scene at the beach. J’ai prévu de regarder tous ses films jusqu’à Dolls, après ça a l’air moins bien, je me trompe ?

                      • #21350 Répondre
                        L’inconnu
                        Invité

                        Ca me fait penser à cette séquence de Miyazaki devenue un Meme (si tu sais lire l’anglais) :

                        On peut se demander qui est le plus misanthrope dans cette séquence ^^

                      • #21351 Répondre
                        Parfaitement a l’eau
                        Invité

                        Excellent, je n’avais jamais vu cet extrait.
                        La technologie sans humain ne l’intéresse voir lui fait peur. D’un autre côté il a une fascination pour les avions et toutes sortes d’engins volants. Nausicaa est une sorte de film Solarpunk.
                        C’est marrant que tu parles de Godard, c’est pareil je n’ai aucun attachement emotionnel à ses personnages, contrairement à ce que peut me procurer Rhomer.
                        Pour Kitano j’aime tous les films que tu as cité sauf Dolls, et je rajoute surtout Sonatine qui est mon préféré (les yakuzas qui jouent à la plage c’est merveilleux)

                      • #21457 Répondre
                        L’inconnu
                        Invité

                        Oui, son père était directeur d’une entreprise qui fabriquait des pièces pour avion, ceci explique cela. Mais tu noteras que le Moeve (si je me trompe pas) de Nausicaa fonctionne au vent. 🙂

                        Je ne suis pas trop attaché aux personnages de Godard non plus, qui ne se prive pas de personnages agaçants (Rohmer non plus), c’est plus aux films eux-mêmes. Quoique mon préféré est, sans originalité, Vivre sa vie, ce qui n’est peut-être pas étranger au personnage d’Anna Karina.

                        Ah oui j’ai vu Sonatine cet été j’avais oublié ! Beaucoup aimé, il y a une sorte d’attente métaphysiquetout en étant très drôle par moments. J’ai juste été étonné que la femme se remette de son viol assez rapidement… On s’embarrassait moins avec ça à l’époque. Mais qui suis-je pour juger.

                      • #21458 Répondre
                        L’inconnu
                        Invité

                        Après un 2e visionnage du Garçon et le Héron :
                        J’aime beaucoup la 1ère partie qui est très émouvante mais le principal défaut du film est quand même le manque d’engagement que peut procurer la 2e partie car Mahito est assez passif, il est surtout spectateur mais n’influence pas vraiment sur les évènements qui sont par dessus le marché pas toujours compréhensibles au 1er visionnage voire au 2e. Et les autres personnages n’ont pas assez d’espaces pour être très intéressants. Le récit d’aventure n’est clairement pas le plus réussi de sa filmographie disons. Donc je ne sais plus bien quoi en penser mais il est intéressant.
                        Pas mal de spectateurs sortaient en disant « J’ai rien compris ».

                        Cependant je crois être passé à côté de l’essentiel au 1er visionnage : il s’agit au moins en partie d’un film politique. Mais ça ne veut pas dire que j’ai bien compris pour autant…

                        SPOILERS ALERTE
                        On remarque :
                        – Que Mahito est un grand bourgeois. Son père dirige une usine. Ils habitent dans un manoir qui semble immense, sans parler de la tour.
                        – Que son père dit que la guerre est bonne pour ses affaires avec un grand sourire malgré la mort de sa femme dans un incendie 3 ans avant (il construit des cockpit d’avions, qui sont montrés comme des cercueils en devenir avec le parallèle du cercueil de verre de Himi).
                        – Qu’il y a des soldats pendant une grande partie du film (les perruches ridicules, et les soldats sur lesquels Mahito se courbe respectueusement au début). (On notera que depuis une dizaine d’année le Japon se réarme progressivement.)
                        – Que la maison est séparée en une partie japonaise, et une partie occidentale, ce qui parait curieux. Les grands-mères habitent dans l’aile japonaise, eux dans l’occidentale. C’est un commentaire clair sur le Japon de l’époque et d’’avant. Ainsi la référence occidentale à la Divine – Comédie de la 2e partie n’est plus si hors de propos.
                        – Une autre chose qui m’a fait tiqué : il est dit que la météorite est tombée juste après la Restauration de Meiji.

                        A moins qu’on soit calé en histoire ça ne fait pas sens. Mais en se renseignant un peu, en vrac :

                        « La restauration Meiji de 1868 a été assimilée à une ère de changements politiques, économiques et sociaux majeurs. Intitulée période Meiji (1868-1912), elle a conduit à la modernisation et à l’occidentalisation du pays. »
                        « La Restauration de Meiji a accéléré l’industrialisation du Japon avec le slogan « pays riche, armée forte », ce qui a conduit à son émergence en tant que puissance militaire en 1905. » 
                        « Restauration Meiji: Naissance d’une économie Capitaliste »
                        « En 1896 le gouvernement abolit le système des 4 castes étanches et leur substitut une hiérarchie :
                        – La noblesse, aristocrates et seigneurs au sommet (kazakh)
                        – Les guerriers d’échelon supérieur (shikoku)
                        – Les guerriers de rang inférieurs (statu), 3e classe noble supprimée en 1872, les guerriers rejoignent les roturiers, c’est à dire le reste de la population (heimin)
                        Ce système de 3 classes perdure jusqu’en 1945. »

                        Je confirme que la seconde partie, qu’on peut voir comme une allégorie du monde réel de cette époque (et pas comme un monde inconscient de Mahito comme j’ai pu suggérer dans un précédent poste…) est inspirée de la Divine Comédie, comme indiqué sur la porte, et qu’elle parait aussi divisée en 3 parties. L’enfer et le paradis y sont même mentionnées par un pélican et une perruche. Ca peut même évoquer le « système des 3 classes » mentionné plus haut. On commence avec les pélicans et warawara (heimin) puis les shikoku (perruches) et le kazakh (grand-oncle aristo).

                        D’ailleurs le grand-oncle aristo n’est sage qu’en apparence. Il demande en fait à Mahito de continuer son monde auquel il ne reste « plus qu’un jour », monde corrompu rempli de perruches tueuses (mais qui lui sied bien lui qui vit à l’écart dans sa colline verdoyante, dans une « tour d’ivoire » si j’ose dire) d’y ajouter une pièce afin qu’il perdure. Mahito refuse, il dit qu’il a de la malveillance en lui car il s’est blessé la tête avec une pierre. Je pense que le coeur de pierre du monde peut donc faire office de commentaire politique sur ce qui a présidé à la création de ce monde.
                        Le monde finit par être détruit par le roi perruche, au moment où le Japon perd la guerre, et Mahito repart avec une pièce seulement, près à construire un monde de manière collective, en laissant l’ancien monde derrière lui.
                        Mais il y a surement quelque chose de plus pertinent à en dire.

                        Autres détails :
                        – Dans la parabole des pélicans et des warawara, Himi envoie des feux d’artifices qui dans ce contexte évoquent des bombes, pour tuer les pélicans et sauver les warawara, bien qu’elle en tuent collatérallement au passage. C’est étrange que ce soit ce personnage, morte sous les bombes (en tout cas de la guerre) qui ait ce rôle. Comme si elle acceptait d’être une victime colatérale… Mais son mari est pro-guerre alors…
                        – Seul les membres de la lignée de l’oncle peuvent entendre sa voix et prendre sa suite. Commentaire sur l’héritage familial ? Reproduction sociale ?…

                      • #21489 Répondre
                        Parfaitement à l’eau
                        Invité

                        En somme c’est d’une grande complexité et plein de sous-texte. Je repense au fait qu’il fait des films pour enfants, j’ai vraiment du mal à y croire. Ou alors il sous-entend qu’il sont accessible aussi aux enfants…
                        Ton analyse me fait penser à celle du cinémographeur sur Chihiro (https://www.youtube.com/watch?v=-ysZFUQsmc8&t=2495s). On retrouve la critique du monde moderne cupide, de l’occidentalisation du japon et de l’abandon de l’héritage mythologique japonais par les jeunes générations.
                        Le père de Mahito est dans le film présenté comme un bon capitalisme qui profite de l’effort de guerre. La maison qui a une partie occidentale et une partie japonaise (je n’avais pas fait attention à ça) colle à l’idée d’occidentalisation du japon.

                      • #21490 Répondre
                        Parfaitement à l’eau
                        Invité

                        Oui je sais pour son père, il ne renie pas son héritage mais d’un autre côté ça doit être le tirailler de savoir que son père a été partie prenante dans la guerre.
                        Le Solarpunk c’est pas que l’utilisation du soleil, le vent ça marche aussi. C’est très utopique comme conception du monde 🙂 Mais c’est beau.

                      • #21499 Répondre
                        L’inconnu
                        Invité

                        Ah d’accord j’avais pas compris ce qu’était le solarpunk, intéressant !

                        Oui j’ai déjà vu la vidéo du Cinématographeur qui m’a paru juste. En effet le film brasse finalement les mêmes thèmes.

                        Je pense quand même que malgré la confusion dû à la profusion de détails qui semble rendre le film incompréhensible (et que je prend certes plaisir à élucider :), tout le monde, et peut-être même les enfants, comprend à peu près 1. la parabole assez claire sur la vie, la mort et la guerre des pélicans et des wara, 2. que Mahito accepte sa belle-mère, et donc dépasse son deuil dans la scène des bandages (qui lui renvoie en miroir lorsqu’elle dit « Je te déteste » le mépris qu’il lui affichait lorsqu’il la visitait plus tôt dans sa chambre et lui pique ses cigarettes. Je pense qu’elle dit ça car elle prit dans un « sort » avec les petits papier, car elle change ensuite d’attitude lorsqu’il l’appelle Maman Natsuko) et 3. à la fin qu’il est bon de s’émanciper de la génération précédente (sans renier son héritage en effet), de ne pas s’enfermer dans l’imaginaire (le vieil oncle dit que le monde réel est « stupide » – alors que le sien l’est pareillement mais bon, à moins qu’il ne parle que de son pré carré ?) tout en prenant en compte le « mal » qu’on a en nous (la peur, la haine etc. qui n’est pas un moteur politique ou personnel viable, ce qui me parait être le « message » particulier du film). Je rapproche ça de ce que dit François sur la peur comme moteur de la bourgeoisie qu’on peut facilement constater. Le titre original, « Et vous comment vivre-vous ? » est assez beau à cet égard.

                      • #21503 Répondre
                        L’inconnu
                        Invité

                        Encore que la colère est un moteur politique qui peut être utile… mais est-ce un bon moteur de construction ?

                      • #21506 Répondre
                        L\’inconnu
                        Invité

                        Et pour en finir, haha, je pense en effet qu’il a manqué l’aspect « pour enfant » et que le film et ses personnages ne leur paraitront pas aussi inspirant qu’ont pu l’être Chihiro, Mononoke ou Ponyo. Mais d’après ses mots, il voulait raconter une histoire d’une manière qu’il n’avait pas fait jusqu’à présent, à travers un personnage plus réaliste qui ressemblait plus à l’enfant qu’il était. C’est plutôt touchant dit comme ça.

    • #21220 Répondre
      AxisBoldAsLove
      Invité

      Salut !

      Je voulais savoir qu’est ce que vous pensiez de Stranger Than Paradise, et plus généralement de Jim Jarmusch ?

      • #21280 Répondre
        François Bégaudeau
        Maître des clés

        J’ai connu en direct le premier Jarmusch, et je n’en était pas du tout fan. Je trouvais ça horriblement poseur. J’y voyais une analogie directe avec les poses d’un certain rock dandy de l’époque. J’associais ce cinéaste aux Inrocks originels, cette machine à embourgeoiser le rock, à le dénietzschéiser
        J’aime beaucoup plus le Jarmusch deuxième époque. Meme si ce ne sera jamais un ami

        • #21303 Répondre
          lassou
          Invité

          Tu la fais commencer quand la deuxième époque ?

        • #21313 Répondre
          AxisBoldAsLove
          Invité

          Merci pour ta réponse ? As-tu des exemples dans ce film (ou un autre de Jarmusch) qui te montre cette forme d’embourgeoisement du rock? Pour ma part, si on s’arrête sur la musique de ses films, je trouve la place de Screamin Jay Hawkins plutôt incongrue et drôle (dans Stranger), la BO de Neil Young de Dead Man est elle aussi intéressante (noise, minimaliste, répétitive).
          On est peut-être pas dans des films très dynamiques mais on se marre quand même pas mal devant ses films non? (Par exemple Tom Waits et Iggy Pop dans le café, c’est quand même chouettos?)

          • #21480 Répondre
            François Bégaudeau
            Maître des clés

            Je ne parle pas de la BO. Je parle de l’attitude générale. Des postures, des gueules
            Tom Waits incarnait beaucoup ce dandysme là à l’époque
            Iggy Pop à ce moment est devenu une icone, une gueule, dont plus personne ne se souciait de l musique, et des années punk
            Même chose pour Strummer. Chez Jarmusch il est d’abord une gueule.
            En général la dégénérescence dandy du rock a consisté à le réduire à des poses, en évinçant la musique.

            • #21539 Répondre
              AxisBoldAsLove
              Invité

              Ok je vois un peu mieux ton point de vue. Ça m’évoque un peu les clichés que peut véhiculer Philippe Manoeuvre dans ses prises de paroles ou zutres expositions. J’avais moins ressenti ça chez Jarmusch ayant toujours écouté en parallèle les morceaux de l’Iguane ou des Clash.

              Du coup, est ce que tu as des recommandations de film ou réalisateurs montrant le rock dans son énergie vitale ? (Joaquin Phoenix en Johnny Cash? Je déconne)

              • #21542 Répondre
                Leo Landru
                Invité

                Salut AxisBoldAsLove – je passe en coup de vent te recommander le film Leto, de Kirill Srebrennikov, un grand moment de rock et de cinéma.

    • #21258 Répondre
      Carpentier
      Invité

      Que pensez-vous de Mona Chokri?
      Affiche type qui m’aimante xxl au détour d’un couloir de métro (Simple comme Sylvain): vilainement efficace le marketing.

      • #21287 Répondre
        Toni Erdmann
        Invité

        J’ai vu Simple comme Sylvain en AVP et le film mérite d’être vu. Grosse identification au personnage du cocu et crise identitaire qui s’ensuit. Je me suis essayé au bricolage pendant 3 jours. Aucun effet sur ma copine. Abandon

        • #21288 Répondre
          Charles
          Invité

          Toni E., je suspecte ton post d’être plus drôle que l’ensemble de sa filmo.

          • #21295 Répondre
            amour
            Invité

            Je pense que tu n’as pas vu mon post😉

            Tu peux m’aider stp à retrouver la personne qui a écrit ça ?😉
            Sûrement un fidèle du blog😁
            Je comptes sur ta droite d’avocat🤩
            “amour
            Tu partages le rail ?
            J’ai envie de faire un gros caprice, sache-le (impératif).
            Gode ! Gode ! (vrrrrrrrrrr)
            Tu ne seras point lassé.. pardon pour cet acte immonde.
            Allez je me baisse te faire une belle langue, comme je sais si bien faire.
            Prends-soin de mon con… Tu fais si bien.”

          • #21302 Répondre
            amour
            Invité

            COQUINOU de charles, Coucou je suis là 🥳

            ——————————————-
            Tu peux m’aider stp à retrouver la personne qui a écrit ça ?😉
            Sûrement un fidèle du blog😁
            Je comptes sur ta droiture d’avocat🤩
            “amour
            Tu partages le rail ?
            J’ai envie de faire un gros caprice, sache-le (impératif).
            Gode ! Gode ! (vrrrrrrrrrr)
            Tu ne seras point lassé.. pardon pour cet acte immonde.
            Allez je me baisse te faire une belle langue, comme je sais si bien faire.
            Prends-soin de mon con… Tu fais si bien.”

        • #21360 Répondre
          Carpentier
          Invité

          pas certaine d’être en état, ces jours-ci, pour bricoler 3 jours (snif) mais selon comment y est traité l’infidélité – qui enrichit chacun en vrai, même si c’est souvent indice d’aveu si, d’un coup, c’est 14 juillet alors qu’avant on était juste ambiancé façon 85 ans de mariage d’un arrière grands parents – je suis tentée si c’est surprenant.
          Après moi, Sylvain, d’emblée je le kiffe et je fantasme des plans d’enroulades où, là, je m’identifierai.
          J’essaye de me remettre sur pieds – putain c horrible d’être fragile comme ça en ce moment, sérieux – ( trop bossé sans doute ces deux dernières semaines) et je pense au Chokri pour mon retour au ciné.
          Merci.

    • #21448 Répondre
      Charles
      Invité

      Je sors de l’enlèvement, de Bellocchio qui m’a passionné. Le film est curieux comme un Bellocchio. Il est d’un classicisme manifeste – certains pourraient même l’accuser d’académisme – mais son récit est troué de scènes curieuses, psychanalytiques, parfois grotesques et pas toujours réussi. C’est par exemple un dessin satirique qui se met à bouger, le cauchemar d’excision du pape, un Christ en croix qui prend vie et en descend. Ou des équivalences, des échos entre deux scènes : l’enfant qu’on cache sous la robe de sa mère, puis sous celle du pape. Si la mise en scène est sinon classique, je n’ai pas ressenti la lourdeur du film historique, de sa reconstitution. Beaucoup de plans sont très picturaux, simples mais très beaux, avec une grande profondeur de champ qui donnent du relief, de la vie aux plans et une singularité à ce qui est filmé alors que les décors (églises, palais, jardins, dortoir) ont déjà été vus mille fois. Les rites et decorum catholiques sont montrées dans toute leur bizarrerie, vus par l’enfant juif, même si la parenté avec le rite judaïque est dans le même temps habilement montrée. Le film fait aussi preuve d’une certaine retenue dans le portrait des différents religieux qui vont s’occuper de l’enfant et qui ne sont pas la caricature de tyrans qu’on aurait pu craindre. Celui-ci n’est pas maltraité, ni par ses nouveaux maîtres, ni par ses camarades. Reste le personnage du pape, pas tout à fait réussi car pour le coup assez chargé, même s’il n’est pas non plus univoque. Mais on sent que Bellocchio ne sait pas tout à fait quoi en faire. Il est montré comme un homme de pouvoir méprisant, orgueilleux mais affectueux et bienveillant avec l’enfant. On en fait assez vite le tour mais Bellocchio lui donne beaucoup de scènes. Un autre choix de mise en scène peut paraître discutable mais qui m’a convaincu. Bellocchio utilise la musique de façon parfaitement emphatique dans les moments de tension et d’émotion (mais aussi de façon un peu satirique dans d’autres scènes), ce qui est entièrement assumé puisqu’on vise alors clairement l’opéra – la musique est d’ailleurs magnifique et contribue à rendre très émouvante une scène de retrouvaille surveillée entre le fils et la mère. Evidemment, on a le droit de trouver ça un peu lourd, voire grossier par certains moments, mais Bellocchio va jusqu’au bout, risque le mauvais goût à plusieurs reprises, ce qui me plait bien. Plus important, cette histoire, que j’ignorais totalement, est passionnante et Bellocchio lui rend justice en maintenant notre intérêt pendant tout le récit.

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