Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/32

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dire, fit-il ; l’autre jour il est venu un monsieur, espagnol, je pense, avec une jolie bagasse ; qui m’ont donné de l’argent pour faire marcher ma sirène la nuit, tout le temps que je resterais à Alger, quand ils me le feraient dire. Même qu’ils riaient beaucoup. »

— Ah ! pensa Jacques, ah ! ils riaient !

Lui, non.


— C’est curieux, dis-je à Jacques, — car c’est lui-même qui m’avait conté cette histoire — je ne croyais pas que les petits caboteurs eussent de sirène.

— Celui-là en avait bien une, je vous assure, et qui n’était pas dans un étui ; non, pas assez dans un étui, même.

— Mais comment avez-vous eu le courage de reprendre Nane ? Je sais bien que moi...

— On reprend toujours une femme, lorsque elle vous a pris : vous êtes bon, vous, avec votre courage ! Pensez-vous que ce soit la seule sottise que j’aie faite pour Nane ?

— Au moins pourraient-elles être moins affirmées. Mais vous, vous faites vos bassesses le front haut.

— Bassesses, bassesses : vous n’en avez aucune à vous reprocher, vous ?