Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
ODES ET BALLADES.

Du haut des monts, pareils à l’aigle ouvrant ses ailes,
Secouer, pour chasser de nouveaux infidèles,
L’éclatant cimier de Martel !

Mais un autre héros encore,
Pélage, l’effroi des tyrans,
Pélage, autre vainqueur du Maure,
Dans les cieux saluait nos rangs ;
Au char où notre gloire brille,
Il attelait de la Castille
Le vieux lion fier et soumis ;
Répétant notre cri d’alarmes,
Il mêlait sa lance à nos armes,
Et sa voix nous disait : Amis !


IV



Des pas d’un conquérant l’Espagne encor fumante
Pleurait, prostituée à notre liberté,
Entre les bras sanglants de l’effroyable amante,
Sa royale virginité.
Ce peuple altier, chargé de despotes vulgaires,
Maudissait, épuisé de guerres,
Le monstre, en ses champs accouru ;
Si las des vils tribuns et des tyrans serviles,
Que lui-même appelait l’étranger dans ses villes,
Sans frémir d’être secouru !

Les français sont venus. — Du Rhin jusqu’au Bosphore,
Peuples de l’aquilon, du couchant, du midi,
Pourquoi, vous dont le front, que l’effroi trouble encore,
Se courba sous leur pied hardi,
Nations, de la veille à leur chaîne échappées,
Qu’on vit tomber sous leurs épées,
Ou qui par eux avez vécu,