Vous êtes sur la page 1sur 211

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton.

Influence des gradients et des incompatibilités de


déformation
Caroline de Sa

To cite this version:


Caroline de Sa. Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et
des incompatibilités de déformation. Sciences de l’ingénieur [physics]. École normale supérieure de
Cachan - ENS Cachan, 2007. Français. �tel-00279849�

HAL Id: tel-00279849


https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00279849
Submitted on 15 May 2008

HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est


archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents
entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de
teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
CACHAN

Année 2006-2007
THESE DE DOCTORAT
DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE CACHAN

présentée par
Caroline DE SA
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE CACHAN

Spécialité :
MECANIQUE - GENIE MECANIQUE - GENIE CIVIL

Sujet de la Thèse :
ETUDE HYDRO-MÉCANIQUE ET THERMO-MÉCANIQUE DU
BETON
Influence des gradients et des incompatibilités de déformation

Thèse présentée et soutenue à Cachan le 17 décembre 2007 devant le jury


composé de :
Albert NOUMOWE Professeur des universités Président
Nicolas BURLION Maı̂tre de conférence Rapporteur
Christian LA BORDERIE Professeur des universités Rapporteur
Horacio COLINA Chargé de recherche Examinateur
Pierre PIMIENTA Chargé de recherche Examinateur
Jean-Michel TORRENTI Professeur des universités Examinateur
George NAHAS Chargé de recherche Invité
Farid BENBOUDJEMA Maı̂tre de conférence Encadrant

Laboratoire de Mécanique et Technologie


ENS Cachan / CNRS / Université Paris 6
61, avenue du Président Wilson, F-94235 CACHAN CEDEX
Cette thèse s’est déroulée au sein du Laboratoire de Mécanique et de Technologie
de l’ENS de Cachan. Je tiens donc à remercier dans un premier temps l’ensemble des
membres du laboratoire que j’ai pu côtoyer durant ces quelques années et qui ont contri-
buer à la réussite de cette thèse, pour l’aide scientifique ou matérielle qu’ils ont pu m’ap-
porter, mais également pour l’ambiance chaleureuse et dynamique qu’ils ont créé, am-
biance qui constitue l’un des atouts de ce laboratoire.

Mes remerciements vont également à Farid Benboudjema. Je lui suis infiniment re-
connaissante pour sa présence, son encadrement et l’apport scientifique qu’il m’a fourni.
Merci aussi Farid pour le dynamisme scientifique dont tu fais preuve et que tu transmets
avec enthousiasme, sourire et gentillesse.

Mes derniers remerciements vont tout simplement à ceux qui plus personnellement
ont partagé ma vie et donc ma thèse, sous un autre angle, et m’ont accompagnée et sou-
tenue durant cette période de ma vie des moins tranquilles, tant professionnellement que
personnellement.
Table des matières

Table des matières i

Table des figures v

Liste des tableaux ix

Glossaire des expressions mathématiques et abréviations 1

Introduction 7

1 Analyse bibliographique 11
1 Description du béton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.1 Pâte de ciment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2 Granulats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3 Auréole de transition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2 Comportement à température ambiante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.1 Séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2 Retrait de dessiccation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3 Fluage propre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.4 Fluage de dessiccation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3 Comportement à hautes températures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.1 Etude du transfert de chaleur et de masse . . . . . . . . . . . . . 33
3.2 Déformation ”différée” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.3 Mécanismes de dégradation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4 Fissuration et endommagement induits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.1 Description de la fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.2 Evolution des caractéristiques mécaniques . . . . . . . . . . . . . 51
5 Stratégies de modélisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.1 Description de la fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.2 Prise en compte de l’hétérogénéité . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
5.3 Synthèse sur les travaux de modélisation de la littérature . . . . . 66
6 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
ii Table des matières

2 Modélisation adoptée 69
1 Transfert de masse et de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
1.1 Séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
1.2 Transfert de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2 Déformations ”différées” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2.1 Sans chargement mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2.2 Sous chargement mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3 Fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.1 Modèle d’endommagement élastique isotrope . . . . . . . . . . . 77
3.2 Modèle élasto-plastique endommageable orthotrope . . . . . . . 78
4 Prise en compte de l’hétérogénéité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.1 Approche adoptée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.2 Génération des maillages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.3 Validation de l’approche mésoscopique . . . . . . . . . . . . . . 85
5 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

3 Etude de la micro-fissuration à température ambiante 89


1 Etude macroscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
1.1 Description des simulations réalisées . . . . . . . . . . . . . . . 91
1.2 Identification des paramètres matériau . . . . . . . . . . . . . . . 91
1.3 Endommagement après séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
1.4 Evolution des propriétés mécaniques après séchage . . . . . . . . 97
1.5 Analyse de l’orthotropie induite . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
2 Etude mésoscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
2.1 Introduction aux incompatibilités . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
2.2 Effet des granulats sur le séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

4 Etude de la fissuration à hautes températures 125


1 Etude macroscopique (sur éprouvette) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
1.1 Description des simulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
1.2 Identification des paramètres matériau . . . . . . . . . . . . . . . 128
1.3 Endommagement après montée en température . . . . . . . . . . 136
1.4 Evolution des propriétés mécaniques après montée en température 138
1.5 Endommagement après refroidissement . . . . . . . . . . . . . . 140
1.6 Evolution des propriétés mécaniques après refroidissement . . . . 141
1.7 Analyse de l’orthotropie induite . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
2 Etude macroscopique (sur structure) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
2.1 Tunnel sous la Manche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
2.2 Flexion d’une dalle en béton armé . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
3 Etude mésoscopique (sur éprouvette) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
3.1 Description des simulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
3.2 Identification des paramètres du modèle . . . . . . . . . . . . . . 154

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Table des matières iii

3.3 Endommagement après montée en température . . . . . . . . . . 160


3.4 Identification des mécanismes d’endommagement . . . . . . . . 161
3.5 Etude paramétrique sur l’influence des granulats . . . . . . . . . 169
4 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

Conclusion & Perspectives 175

Annexe A : Algorithme de résolution numérique 179

Bibliographie 185

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
iv Table des matières

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Table des figures

1 Exemples de fissuration liée à l’hétérogénéité du béton. . . . . . . . . . . 8

1.1 Représentation schématique de la microstructure du gel de C-S-H [1]. . . 14


1.2 Répartition des tailles des éléments d’une matrice cimentaire [2]. . . . . . 16
1.3 Etat de l’eau dans les C-S-H (Sierra, 1974 cité par Regourd [3]). . . . . . 17
1.4 Zone d’adsoprtion empêchée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.5 Exemples de granulats. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.6 Morphologie de l’auréole de transition d’un BO . . . . . . . . . . . . . . 20
1.7 Microstructure de la zone de contact entre la pâte et le granulat [4]. . . . . 21
1.8 Mécanismes de transport de l’eau au sein de la pâte de ciment . . . . . . 22
1.9 Les différents mécanismes de retrait de dessiccation [5]. . . . . . . . . . 26
1.10 Retrait de dessiccation en fonction de HR. . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.11 Mécanismes du fluage propre [6]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.12 Modèles de fluage propre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.13 Mécanismes de transport de masse dans un milieu poreux. . . . . . . . . 33
1.14 Mécanismes de transport de chaleur dans un milieu poreux. . . . . . . . . 34
1.15 Dilatation de différents types de roches avec la température. . . . . . . . 36
1.16 Déformations thermiques des bétons pour différents granulats [7]. . . . . 37
1.17 DTSC de différents bétons pour différents chargements. . . . . . . . . . . 38
1.18 DTSC pour deux types de chemins de sollicitations. . . . . . . . . . . . . 39
1.19 Conductivité thermique de différents bétons [8]. . . . . . . . . . . . . . . 42
1.20 Chaleur spécifique d’une pâte de ciment en température. . . . . . . . . . 43
1.21 Masse volumique de différents bétons en température. . . . . . . . . . . . 43
1.22 Mécanisme de dégradation à haute température lié au gradient thermique. 44
1.23 Dilatation thermique de la pâte de ciment et des granulats [9]. . . . . . . . 44
1.24 Mécanisme de dégradation à haute température lié aux incompatibilités. . 45
1.25 Mécanisme de dégradation à haute température lié aux pressions de pores. 46
1.26 Effet de structure dû au séchage [10]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
1.27 Effet de la taille des inclusions sur les micro-fissures de séchage. . . . . . 48
1.28 Influence des granulats sur la fissuration de séchage. . . . . . . . . . . . . 49
1.29 Distribution de la porosité pour un BO chauffé jusqu’à 600 ˚C [11]. . . . 49
1.30 Influence des granulats sur la fissuration en température [12]. . . . . . . . 50
1.31 Influence des granulats sur la fissuration en température [12]. . . . . . . . 51
1.32 Ecaillage observé lors de l’incendie du tunnel sous la Manche [13]. . . . . 51

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
vi Table des figures

1.33 Rupture de la structure du tunnel du Tauern (Faure et Hemond). . . . . . 52


1.34 Evolution du module d’élasticité apparent. . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
1.35 Evolution du coefficient de Poisson. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1.36 Evolution de l’énergie de fissuration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1.37 Courbes contrainte-déformation de compression en température. . . . . . 56
1.38 Résistance en compression en température. . . . . . . . . . . . . . . . . 57
1.39 Courbes contrainte-déformation de traction en température. . . . . . . . . 57
1.40 Résistance en traction en température. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
1.41 Courbe σ-ε du modèle élasto-plastique de base. . . . . . . . . . . . . . . 60
1.42 Définition de la variable d’endommagement mécanique D. . . . . . . . . 61
1.43 Courbe σ-ε du modèle d’endommagement de base. . . . . . . . . . . . . 61
1.44 Courbe σ-ε du modèle d’endommagement élasto-plastique de base. . . . 62
1.45 Exemples de maillages explicites [14]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
1.46 Exemple de maillage régulier [15]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

2.1 Pression capillaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73


2.2 Modèle de fluage propre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.3 Surfaces seuils. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.4 Maillages EF : (a) Béton homogénéisé ; (b) Béton hétérogène. . . . . . . 81
2.5 Granulométrie du béton M100C de Hager [12]. . . . . . . . . . . . . . . 81
2.6 Courbe σ-ε en compression pour le BHP M100C [12]. . . . . . . . . . . 82
2.7 Description des essais et simulations sur éprouvette (macroscopique). . . 83
2.8 Génération des maillages bi-phasiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
2.9 Granulométrie du BHP M100C. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
2.10 Tracé de la DT globale simulée au sein des inclusions. . . . . . . . . . . 87

3.1 Identification des paramètres de l’isotherme de désorption. . . . . . . . . 92


3.2 Identification des paramètres du modèle de séchage. . . . . . . . . . . . . 92
3.3 Courbes σ-ε pour les deux modèles EEI et EPEO. . . . . . . . . . . . . . 93
3.4 Déformation longitudinale de fluage propre. . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.5 Déformation longitudinale différée totale. . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.6 Retrait de dessiccation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.7 Endommagement après 700 jours de séchage. . . . . . . . . . . . . . . . 96
3.8 Orientation des fissures et de l’endommagement dus au séchage. . . . . . 97
3.9 Orientation des fissures et de D pour un séchage avec compression. . . . . 99
3.10 Bitraction - Conditions aux limites, taille et maillage adoptés. . . . . . . . 99
3.11 Champs d’endommagement après séchage pour les modèles EEI et EPEO. 100
3.12 Courbes σ-ε pour le modèle EPEO en bitraction. . . . . . . . . . . . . . 100
3.13 Courbes σ-ε pour le modèle EEI en bitraction. . . . . . . . . . . . . . . . 101
3.14 Modèle trisphère de Le Roy [16]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
3.15 Déformations de retrait de dessiccation expérimentales et numérique. . . 104
3.16 Contraintes orthoradiales dans la pdc ordinaire. . . . . . . . . . . . . . . 104
3.17 Contraintes orthoradiales dans la pdc HP. . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Table des figures vii

3.18 Contraintes orthoradiales. Effet de la teneur en granulat. . . . . . . . . . . 105


3.19 Contraintes orthoradiales. Effet du module d’Young différé. . . . . . . . . 106
3.20 Coefficient de Biot et degré de saturation de mortiers. . . . . . . . . . . . 107
3.21 Evolution des contraintes apportées par la pression capillaire. . . . . . . . 108
3.22 Contraintes orthoradiales. Effet de la pression capillaire. . . . . . . . . . 108
3.23 Maillages des mortiers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.24 Isotherme de désorption. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.25 Description des essais de Bisschop. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.26 Perte en masse : modélisation et résultats expérimentaux [17]. . . . . . . 112
3.27 Perte en masse de la pâte de ciment et des différents mortiers. . . . . . . . 112
3.28 Déformations de fluage propre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.29 Déformations de fluage de dessiccation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
3.30 Déformation de retrait de dessiccation avec HR. . . . . . . . . . . . . . . 114
3.31 Déformation de retrait de dessiccation avec la teneur en granulats. . . . . 115
3.32 Evolution de l’humidité relative en zone de peau et cœur. . . . . . . . . . 116
3.33 Déformation de retrait de dessiccation avec le temps. . . . . . . . . . . . 116
3.34 σ-ε en traction pour la pâte de ciment. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.35 σ-ε en compression pour la pâte de ciment. . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.36 σ-ε en traction pour les billes de verre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.37 σ-ε en compression pour les billes de verre. . . . . . . . . . . . . . . . . 119
3.38 D en compression et traction pour la méso G4-35. . . . . . . . . . . . . . 119
3.39 D à 50 % d’HR (zone de cœur, avec fluage). . . . . . . . . . . . . . . . . 120
3.40 Faciès de fissuration d’un mortier de billes de verre. . . . . . . . . . . . . 120
3.41 Déformation de retrait de dessiccation apparente avec le temps. . . . . . . 121
3.42 Propriétés mécaniques en fonction de HR. . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
3.43 Propriétés mécaniques en fonction du degré de saturation. . . . . . . . . . 122

4.1 Description des essais et simulations sur éprouvette (macroscopiques). . . 128


4.2 Modèle analytique de détermination de λb (macroscopique) [18]. . . . . . 129
4.3 Paramètres thermiques du béton (macroscopiques). . . . . . . . . . . . . 130
4.4 Gradient thermique expérimental et numérique (macroscopique). . . . . . 131
4.5 DT expérimentale et numérique (macroscopique, EEI et EPEO). . . . . . 131
4.6 DTSC expérimentale et numérique (macroscopique, EEI et EPEO). . . . 132
4.7 DT et DTSC expérimentales et numériques (macro, avec et sans DTT). . . 132
4.8 DT, DTSC et DTT expérimentale [12] et numérique (macroscopique). . . 133
4.9 Pré-endommagement de l’éprouvette (macroscopique) chargée à 250˚C. . 134
4.10 σ-ε expérimental et numérique (macroscopique, EEI et EPEO avec DTT). 135
4.11 D(T,x) (EEI sans DTT, à chaud, 1˚C/min). . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
4.12 D(x) (à chaud, EEI sans et avec DTT et EPEO avec DTT, 1˚C/min). . . . 137
4.13 Influence de la prise en compte de la DTT sur l’endommagement. . . . . 137
4.14 D(x) (à chaud, EPEO avec DTT, à 250˚C, 1 et 10˚C/min). . . . . . . . . . 138
4.15 σ-ε (T) numériques (macroscopique, EPEO avec DTT, à chaud, 1˚C/min). 139
4.16 D(x) (à chaud et à froid, EPEO avec DTT, 1˚C/min). . . . . . . . . . . . 140

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
viii Table des figures

4.17 D(x) (à froid, EEI et EPEO avec DTT, 1˚C/min). . . . . . . . . . . . . . . 141
4.18 D(x) (à froid, EPEO avec DTT, à 250˚C, 1 et 10˚C/min). . . . . . . . . . 141
4.19 σ-ε numérique (EPEO avec DTT, à chaud et à froid, à 400˚C, 1˚C/min). . 142
4.20 Description des simulations de traction bi-axiale (macroscopique). . . . . 143
4.21 D (bi-traction, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . 144
4.22 σ-ε numériques (bi-traction, EEI et EPEO avec DTT, 1˚C/min, 600˚C). . . 145
4.23 Description des simulations sur tunnel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
4.24 D (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . . 147
4.25 D(x) (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . 148
4.26 D (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, P=2 MPa, modèles EEI et EPEO avec DTT). 148
4.27 D(x) (tunnel, 600˚C, P=2 MPa, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . 149
4.28 Pression-déplacement (tunnel, 600˚C, P=2 MPa). . . . . . . . . . . . . . 149
4.29 Description des simulations sur dalle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
4.30 Effort-déplacement (dalle BA, à Tamb , modèles EEI et EPEO). . . . . . . 151
4.31 D (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . . . . . . 152
4.32 D(y) (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . . . . . 152
4.33 D (dalle BA, flexion, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . . 153
4.34 D(y) (dalle BA, flexion, 600˚C modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . 153
4.35 Effort-déplacement (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO). . . . . . . 154
4.36 Paramètres thermiques de la pâte de ciment. . . . . . . . . . . . . . . . . 155
4.37 Gradient thermique expérimental et numérique à 0,5 et 1,0˚C/min. . . . . 156
4.38 Température de cœur expérimentale et numérique. . . . . . . . . . . . . . 157
4.39 DT expérimentale et numérique (mésoscopique). . . . . . . . . . . . . . 157
4.40 DT, DTSC et DTT expérimentale et numérique de la pâte de ciment. . . . 158
4.41 Courbes σ-ε expérimentale et numérique pour le béton hétérogène. . . . . 160
4.42 D macroscopique et mésoscopique, à 0,1 et 1˚C/min à 600˚C. . . . . . . . 161
4.43 Dégradation de E due au gradient thermique. . . . . . . . . . . . . . . . 164
4.44 Dégradation de fc due au gradient thermique. . . . . . . . . . . . . . . . 164
4.45 Dégradation de ft due au gradient thermique. . . . . . . . . . . . . . . . 165
4.46 Dégradation de E due due aux dégradations physico-chimiques. . . . . . 165
4.47 Dégradation de fc due aux dégradations physico-chimiques. . . . . . . . 166
4.48 Dégradation de E due aux incompatibilités. . . . . . . . . . . . . . . . . 167
4.49 Dégradation de fc due aux incompatibilités. . . . . . . . . . . . . . . . . 167
4.50 Comparaison des trois mécanismes d’endommagement. . . . . . . . . . . 168
4.51 Influence de la taille des granulats sur l’endommagement à 600˚C. . . . . 170
4.52 Influence de la teneur en granulats sur l’endommagement à 600˚C. . . . . 171
4.53 Algorithme de résolution numérique du modèle EEI. . . . . . . . . . . . 182
4.54 Algorithme de résolution numérique du modèle EPEO. . . . . . . . . . . 183

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Liste des tableaux

1.1 Les différentes catégories de granulats suivant leur diamètre. . . . . . . . 18


1.2 Dilatation thermique de la pâte de ciment à Tamb avec HR. . . . . . . . . 35
1.3 Coefficients thermiques de différentes roches. . . . . . . . . . . . . . . . 36
1.4 Réactions physico-chimiques au sein du béton en température. . . . . . . 41

3.1 Paramètres du modèle de séchage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91


3.2 Paramètres mécaniques pour les deux modèles EEI et EPEO. . . . . . . . 94
3.3 Paramètres des modèles de fluage propre et de dessiccation. . . . . . . . . 95
3.4 Effet du séchage sur les propriétés mécaniques (50 % HR). . . . . . . . . 98
3.5 Données de simulation du retrait de dessiccation. . . . . . . . . . . . . . 103
3.6 Paramètres du modèle de Van Genuchten. . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
3.7 Caractéristiques des mésostructures générées. . . . . . . . . . . . . . . . 109
3.8 Paramètres matériau du modèle de séchage. . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.9 Paramètres des modèles de fluage propre et de dessiccation mésoscopiques.113
3.10 Paramètres mécaniques de la pâte de ciment. . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.11 Paramètres mécaniques des billes de verre. . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.12 HR et temps correspondants en peau et en cœur. . . . . . . . . . . . . . . 119
3.13 Propriétés mécaniques résiduelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

4.1 Coefficient de dilatation thermique du béton αb (macroscopique). . . . . . 130


4.2 Paramètres de la DTT pour le béton (macroscopique). . . . . . . . . . . . 132
4.3 Paramètres mécaniques (macros, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . 135
4.4 Dégradation des propriétés mécaniques. Effet du modèle mécanique. . . . 140
4.5 Dégradation des propriétés mécaniques. Effet du refroidissement. . . . . . 142
4.6 Paramètres thermiques des granulats. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
4.7 Coefficient de dilatation de la pâte de ciment. . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.8 Coefficient de dilatation des granulats. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
4.9 Paramètres de la DTT de la pâte de ciment. . . . . . . . . . . . . . . . . 158
4.10 Paramètres mécanique du béton (mésoscopique, modèle EEI). . . . . . . 160
4.11 Caractéristiques des mésostructures générées. . . . . . . . . . . . . . . . 169
4.12 Dégradation des propriétés mécaniques. Effet de la taille des granulats. . . 170
4.13 Dégradation des propriétés mécaniques. Effet de la teneur en granulats. . 171

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
x Liste des tableaux

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Glossaire des expressions
mathématiques et abréviations

Ce glossaire présente l’ensemble des expressions mathématiques utilisées, ainsi que


les abréviations usitées dans ce mémoire.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
2 Glossaire des expressions mathématiques et abréviations

EXPRESSIONS MATHEMATIQUES :
αf Paramètre du modèle EPEO
αg Paramètre du modèle EPEO contrôlant la dilatance
ax Paramètres du modèle EPEO (x=t traction, x=c compression)
Ax Paramètres du modèle EEI (x=t traction, x=c compression)
βf Paramètre du modèle EPEO
bx Paramètres du modèle EPEO (x=t traction, x=c compression)
Bx Paramètres du modèle EEI (x=t traction, x=c compression)
cx Paramètres du modèle EPEO (x=t traction, x=c compression)
D Variable d’endommagement scalaire (modèle EEI)
D Tenseur d’endommagement (modèle EPEO)
Dc Variable d’endommagement en compression (modèle EEI)
Dc Tenseur d’endommagement en compression (modèle EPEO)
Dt Variable d’endommagement en traction (modèle EEI)
Dt Tenseur d’endommagement en traction (modèle EPEO)
E Module d’Young
E Tenseur de rigidité élastique
ε Déformation de traction équivalente
εe Déformation élastique
εp Déformation inélastique (plastique)
f Critère d’endommagement du modèle EEI
Fc Critère de Drucker-Prager en compression
fc0 Résistance en compression uniaxiale à température ambiante
ft Résistance en traction
Fti Critères de Rankine en traction
gfx Densité d’énergie de fissuration
Gfx Energie de fissuration
κ0 Seuil de déformation en traction
κc Déformation plastique cumulée en compression
κ̂ti Déformations plastiques cumulées en traction
λc Multiplicateur plastique en compression
λti Multiplicateur plastique en traction
ν Coefficient de Poisson
φ Porosité
ρx Masse volumique du fluide x
Sx Degré de saturation du fluide x
τ̃c Résistance effective en compression
τ̃ti Résistance effective en traction
T Température
T0 Température initiale ambiante
σ Contrainte
σ̃ Contrainte effective
t Temps

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Glossaire des expressions mathématiques et abréviations 3

αrd Coefficient d’homogénéisation reliant psol , pc et Sl


a Paramètre matériau reliant pc à Sl
b Paramètre matériau reliant pc à Sl
D Coefficient de diffusion
Deq Coefficient de diffusion équivalent de l’eau
εbc Déformation de fluage propre
εibc Déformation élémentaire de fluage propre
εf p Déformation de fluage propre
εdc Déformation de fluage de dessiccation
εrd Déformation de retrait de dessiccation
fc Résistance en compression
ft Résistance en traction
Γ Coefficient de Klinkenberg
g′ (h))h Capacité hydrique (pente de la courbe de l’isotherme de désorption)
h Humidité relative à l’intérieur des pores
J Tenseur de complaisance de fluage
i
kbc Rigidité associée à la chaı̂ne de Kelvin-Voigt
krx Perméabilité relative au fluide x
K Perméabilité intrinsèque à l’eau liquide
Kx Perméabilité au fluide x
Mx Masse molaire du fluide x
mvap Masse d’eau vaporisée (par unité de volume)
mx Masse du fluide x (par unité de volume)
µ Paramètre matériau pour la déformation de fluage de dessiccation
µx Viscosité dynamique du fluide x
ηibc Viscosité associée à la chaı̂ne de Kelvin-Voigt
patm Pression atmosphérique
pc Pression capillaire
psol Pression de pore
px Pression du fluide x
R Constante des gaz parfaits
τibc Temps caractéristique pour le modèle de fluage propre
vx Vitesse absolue du fluide x
w Teneur en eau
x Phase ou fluide : x = l pour l’eau liquide, x = v pour la vapeur d’eau,
x = a pour l’air sec

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
4 Glossaire des expressions mathématiques et abréviations

A Paramètre matériau de la déformation thermique transitoire


α Coefficient de dilatation thermique
B Paramètre matériau de la déformation thermique transitoire
β Paramètre de déformation thermique transitoire
C Paramètre matériau de la déformation thermique transitoire
Capp Capacité calorifique apparente
C pe f f Capacité calorifique effective
C px Capacité calorifique du fluide x
(ṁ∆H)vap Quantité de chaleur de vaporisation de l’eau
(ṁ∆H)deshyd Quantité de chaleur de déshydratation
εt Déformation thermique libre
εtm
ij Déformation thermique transitoire
Gf Energie de fissuration
G Module de cisaillement
λ Conductivité thermique
M Matrice de complaisance pour la déformation thermique transitoire
νc Coefficient de Poisson de déformation thermique transitoire
q Flux de chaleur transféré par conduction

T Température adimensionnelle de transition pour la DTT
vx−y Vitesse relative de la phase x par rapport à la phase y

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Glossaire des expressions mathématiques et abréviations 5

ABREVIATIONS :

BAP Béton auto-plaçant


BHP Béton à Hautes Performances
BO Béton ordinaire
BTHP Béton à Très Hautes Performances
CaO Chaux
CaCO3 Carbonate de Calcium ou Calcaire
Ca(OH)2 Portlandite ou Hydroxyde de Calcium
CO2 Dioxyde de Carbone
C-S-H Silicate de Calcium Hydraté
DEF Formation d’ettringite différée
E/C Rapport Eau sur Ciment
EEI Modèle d’Endommagement Elastique Isotrope
EF Eléments Finis
EPEO Modèle d’Endommagement Elasto-Plastique Orthotrope
FS Fumée de silice
DTT Déformation Thermique Transitoire
FTT Fluage Thermique Transitoire
O-H Liaison covalente Oxygène-Hydrogène
RAS Réaction alcali-silice
VER Volume Elementaire Représentatif

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
6 Glossaire des expressions mathématiques et abréviations

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Introduction

PROBLEMATIQUE :

Les études numériques de prédiction du comportement mécanique des structures en


béton face à des sollicitations diverses pouvant intervenir durant la durée de vie de ces ou-
vrages sont nombreuses dans la littérature. Les approches adoptées dans la plupart de ces
études se situent à l’échelle macroscopique, et considèrent le matériau comme homogène
dans sa géométrie, ses propriétés et son comportement.

Or, le béton est un matériau composite constitué principalement de pâte de ciment et


de granulats. Ce caractère hétérogène a un rôle primordial dans le comportement mécani-
que de celui-ci. En effet, la plupart des phénomènes physico-chimiques se produisent dans
la pâte ciment (retrait, fluage, ...).
Si l’on s’attache plus particulièrement au rôle du granulat, on peut noter tout d’abord
un rôle positif de celui-ci. En effet, l’introduction de granulats au sein de la matrice cimen-
taire permet, en général, d’augmenter la résistance mécanique du matériau, de réduire les
déformations différées (retrait, fluage ...), tout en réduisant le coût de la matière première.
Néanmoins, son introduction induit aussi la création d’une auréole de transition à
l’interface pâte de ciment/granulats, qui affecte (selon la nature des granulats) les pro-
priétés mécaniques du béton, de par ses caractéristiques mécaniques plus faibles (les fis-
surations apparaissent donc préférentiellement dans cette zone) ainsi que la durabilité du
matériau (cette zone étant plus poreuse et constituant donc un chemin préférentiel pour la
pénétration d’agents agressifs).
De plus, les différences de comportement entre les granulats et la pâte de ciment
(entraı̂nant des déformations différentielles entre ces deux composants) peuvent induire
également une fissuration à l’interface entre ces deux phases lors de la soumission du
béton à diverses sollicitations (retrait de dessiccation, réaction alcali-silice RAS, forma-
tion d’ettringite différée DEF, situations extrêmes de type feu).

Relativement peu d’études sur l’influence de l’hétérogénéité du béton ont été menées,
pour quantifier la fissuration due aux incompatibilités de déformations. Nous pouvons
citer pour principaux exemples des études sur le retrait endogène [19], le retrait de des-
siccation (béton numérique de Wittmann [20], [21]), le comportement au feu [22] [14], la
RAS [23], le fluage [24], la fissuration [24], le comportement dynamique [25] ...

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
8 Introduction

calcaire

g. siliceux

(a) Séchage. (b) Hautes températures.

F IG . 1: Exemples de fissuration liée à l’hétérogénéité du béton.

Pourtant des études expérimentales ont d’ores et déjà été menées concluant sur l’in-
fluence de l’hétérogénéité sur la fissuration du béton, en séchage [17] [26] comme en
température [12] [27]. Ces travaux fournissaient pour certains d’ailleurs des études pa-
ramétriques sur l’influence de la distribution granulaire [17] ainsi que du type de granulats
[27].

OBJECTIFS DE L’ETUDE :

L’objectif des travaux de thèse est de prendre en compte l’hétérogénéité du béton dans
la détermination du comportement de celui-ci face à deux types de sollicitations :
– Le séchage.
– Le comportement à hautes températures.

Dans ces deux cas, on observe en effet un comportement différentiel entre pâte de
ciment et granulats :
– Un retrait de la pâte de ciment et une déformation nulle des granulats (ceux-ci étant
inertes à température ambiante) lors du séchage [28] [29].
– Une dilatation des granulats et un retrait de la pâte de ciment lors d’un chauffage à
des températures supérieures à 150˚C [9].

L’objectif de l’étude est donc de prédire la fissuration induite dans ces deux cas,
partiellement due à ce comportement différentiel, ainsi que les propriétés mécaniques
résiduelles (module d’Young E, résistances en traction ft et en compression fc ).

La fissuration due à l’hétérogénéité du béton est étudiée et quantifiée à l’aide d’une


étude combinée à deux échelles : mésoscopique, avec prise en compte explicite des gra-
nulats, et macroscopique, en considérant le béton homogène.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Introduction 9

L’utilisation combinée de ces deux approches permet de comparer le comportement


prédit par chacune des ces approches, macroscopique et mésoscopique, et de prédire les
différents mécanismes de dégradation intervenant dans les sollicitations étudiées (gradient
et incompatibilités de déformation).

La description de la fissuration du béton dans ces travaux de thèse s’appuie sur une
modélisation de type endommagement ou fissuration répartie (e.g. [30] [31] ...).

L’influence du modèle de fissuration choisi (de type endommagement élastique iso-


trope ou élasto-plastique endommageable orthotrope) a été étudiée, afin de déterminer le
modèle le plus efficace (en terme de temps de calcul) et le plus simple d’utilisation et
d’implantation numérique. L’effet de la prise en compte du fluage pour le séchage et de la
déformation thermique transitoire intervenant pour les hautes températures a également
été étudié.

On se limitera dans nos études à des modèles hydro-mécaniques et thermo-mécaniques.


On ne tiendra pas compte du développement de pression, notamment en limitant nos
études aux hautes températures à des vitesses de montée en température faibles (de l’ordre
de 1˚C/min), ni de l’auréole de transition. Ce choix de limitation à des vitesses de montée
en température faibles vise à simplifier dans un premier temps l’étude numérique, avec
une modélisation du type thermo-mécanique T-M (et non thermo-hydro-mécanique T-H-
M). Des études T-H-M seront à mener dans de futurs travaux, pour inclure également
l’effet de ces développements de pression à hautes températures.

DESCRIPTION DES TRAVAUX REALISES :

Ce mémoire est composé de quatre chapitres. Le premier chapitre est destiné à décrire
le comportement du béton vis à vis du séchage et des hautes températures, en s’appuyant
sur des travaux de recherche expérimentaux de la littérature. Les différents mécanismes
alors mis en jeu et la modélisation possibles de ces mécanismes sont explicités.
Une synthèse sur les différentes approches possibles pour la modélisation de la fissu-
ration du béton soumis à ces sollicitations est également effectué. Enfin, les stratégies de
modélisation du comportement hétérogène du béton sont également rappelées et concluent
sur le choix de l’utilisation de maillages explicites de cette hétérogénéité.

Les modèles hydro-mécaniques et thermo-mécaniques utilisés pour effectuer les tra-


vaux de simulation sont ensuite détaillés dans le chapitre 2. Les deux modèles de fissura-
tion utilisés sont explicités. Les modèles simplifiés utilisés pour modéliser les transferts
de masse et les transferts de chaleur sont également fournis.

Les chapitres 3 et 4 sont respectivement dédiés à l’étude du comportement du béton


à température ambiante, en conditions de séchage, et aux hautes températures. Dans cha-
cun de ces chapitres, une première étude est réalisée à l’échelle macroscopique, visant à

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
10 Introduction

montrer l’influence des modèles mécaniques sur le comportement prédit, la seconde étude
s’appuyant sur l’échelle mésoscopique et visant à identifier la part de dégradation des pro-
priétés mécaniques du béton due aux hétérogénéités. La fissuration due aux déformations
différentielles entre pâte de ciment et granulats est également observée numériquement.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Chapitre 1

Analyse bibliographique

L’objectif de ce chapitre est de présenter l’étendue


des connaissances actuelles sur le comportement à
température ambiante (en condition de séchage) et à
hautes températures du béton, en terme d’observations et
de mesures expérimentales jusqu’à présent réalisées et de
modèles existants permettant de prédire le comportement du
béton dans ces conditions.
Préalablement à cela, la structure hétérogène du béton sera
présentée, afin de mettre en évidence l’influence des compor-
tements parfois divergents entre les différentes phases du béton
sur le comportement de celui-ci.
Enfin, les différentes pistes de recherches actuelles en terme
de modélisation du comportement à température ambiante et à
haute température du béton seront présentées afin de situer ce
travail de thèse vis à vis de ces précédents travaux.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Sommaire
1 Description du béton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.1 Pâte de ciment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2 Granulats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3 Auréole de transition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2 Comportement à température ambiante . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.1 Séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2 Retrait de dessiccation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3 Fluage propre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.4 Fluage de dessiccation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3 Comportement à hautes températures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.1 Etude du transfert de chaleur et de masse . . . . . . . . . . . . . . 33
3.2 Déformation ”différée” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.3 Mécanismes de dégradation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4 Fissuration et endommagement induits . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.1 Description de la fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.2 Evolution des caractéristiques mécaniques . . . . . . . . . . . . . . 51
5 Stratégies de modélisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.1 Description de la fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.2 Prise en compte de l’hétérogénéité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
5.3 Synthèse sur les travaux de modélisation de la littérature . . . . . . 66
6 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Description du béton 13

1 Description du béton
Le béton est un matériau présentant une forte hétérogénéité. La complexité de sa mi-
crostructure est d’ailleurs une des causes de son comportement mécanique particulier
lorsqu’il est soumis à diverses sollicitations (thermiques, hydriques, mécaniques, chi-
miques...). Il est donc nécessaire de connaı̂tre au mieux cette microstructure, et le com-
portement de chacune des phases présentes afin d’appréhender plus efficacement ensuite,
à l’échelle macroscopique, la réponse du béton face aux sollicitations qu’il peut subir.

En première approche, on peut considérer que le béton est un matériau composite dans
lequel on distingue principalement trois phases (en incluant la porosité dans chacune des
phases) :
– La pâte de ciment durcie, représentant habituellement 25 à 40 % du volume total
du béton et formant la matrice cimentaire du matériau. Celle-ci joue le rôle de liant,
de ”colle” et confère au matériau béton ses propriétés de rigidité et de résistance.
– Les granulats, occupant 60 à 75 % du volume du béton. Ces granulats jouent les
rôles de remplissage atténuateur de variations volumiques (en retrait et en montée
en température), et de source de résistance mécanique (pour certains bétons).
– L’auréole de transition, située à l’interface granulats/pâte de ciment [32], représen-
tant le point faible des bétons soumis à des sollicitations mécaniques (voir §1.3).
Cette phase n’est par contre pas présente dans tous les bétons (voir §1.3).

La complexité de l’étude de l’hétérogénéité du béton est également apportée par la


large étendue des bétons possibles (du Béton Ordinaire BO au Béton à Hautes Perfor-
mances BHP ou à Très Hautes Performances BTHP, en passant par le Béton Auto Plaçant
BAP ...), due à la gamme importante possible dans le choix de composition des phases
”pâte de ciment” et ”granulats” (en terme de type, de proportions ...).

1.1 Pâte de ciment


La pâte de ciment (durcie) est formée, à l’issue de l’hydratation du ciment avec l’eau,
des principaux hydrates ”simples” suivants :
– le silicate de calcium hydraté C-S-H (notation cimentaire), présent à hauteur de
50 à 70 %, en général, dans la pâte de ciment, à l’origine de son pouvoir adhérent
et améliorant sa résistance.
– la portlandite Ca(OH)2 (ou hydroxyde de calcium), représentant en moyenne
20 % de la pâte de ciment,ayant peu d’importance du point de vue de la résistance
mécanique et diminuant la durabilité du béton par sa solubilité dans l’eau. On
cherche donc à limiter cette portlandite (en ajoutant par exemple de la fumée de
silice).
– les aluminates de calcium hydraté, l’ettringite (3CAO-A2 03 -3CaSO4 -32H2 O).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
14 Analyse bibliographique

La pâte de ciment se compose aussi de pores, contenant de l’eau et/ou de l’air. Outre
les hydrates formés, l’eau est un élément essentiel de la pâte de ciment. Elle lui confère
en effet ses propriétés de maniabilité (pour le transport et le moulage avant la prise) et de
résistance mécanique (après avoir réagi avec le clinker). Mais elle est aussi responsable
de ses principaux défauts (augmentation de la porosité et diminution de la résistance
mécanique, présence inhérente d’agents agressifs, possibilité de transport d’agents agres-
sifs, retrait, fluage ...).

Il est donc intéressant de décrire de manière plus fine la constitution du C-S-H, ainsi
que la répartition et le mode de présence de l’eau dans la porosité et la microstructure
de la pâte de ciment (cette eau représentant un élément indispensable dans l’étude du
comportement de la matrice cimentaire).

1.1.1 C-S-H
La structure de la pâte de ciment durcie, principalement composée de plusieurs variétés
de silicates de calcium hydratés, est appelée C-S-H (de composition (CaO)x (SiO2 )(H2 O)y
où les valeurs de x et y dépendent de la teneur en calcium et en silicates dans la phase
aqueuse [33]).

Les C-S-H présentent une grande surface spécifique et une porosité d’environ 28 %
[34]. Les surfaces des C-S-H sont de plus très attractives. Elles adhèrent entre elles et
avec les autres éléments constitutifs du béton (sable, granulats, portlandite...), ce qui ex-
plique le rôle de ”colle” du ciment.

De nombreux modèles existent dans la littérature scientifique pour décrire sa structure


et sa morphologie. Le modèle proposé par Feldman et Sereda [1] (voir Fig. 1.1) semble
le plus à même de justifier la plupart des comportements différés de la pâte de ciment [35].

Lamelle Feuillet

Eau absorbée (interlamellaire)


Eau interfeuillet (interfoliaire)

F IG . 1.1: Représentation schématique de la microstructure du gel de C-S-H [1].

Dans ce modèle, les particules de C-S-H se présentent sous la forme de fibres formées
de lamelles enroulées sur elles-mêmes. Chaque lamelle est constituée de 2 à 4 feuillets
simples.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Description du béton 15

Ces feuillets peuvent avoir un mouvement relatif entre eux, réversible ou non lors du
chargement. Ainsi, la pénétration ou le départ de l’eau des espaces interlamellaires (entre
lamelles) et interfoliaires (entre feuillets) est possible.

Ces départs et entrées d’eau (interfoliaires) sont les phénomènes prédominants


expliquant les variations dimensionnelles observables au cours du temps sous diverses
sollicitations [1]. Pour exemple, lors d’un chargement mécanique, l’eau interfoliaire peut
être expulsée, créant du fluage. De même , les mécanismes de retrait et de gonflement sont
attribués aux mouvement de l’eau dans la structure des C-S-H [36].

1.1.2 Les pores de la pâte de ciment


La pâte de ciment présente une porosité à différentes échelles d’observation et varie
d’un béton à un autre de façon significative à la fois quantitative (de 5 % pour les BHP
à 15 % pour les BO) et qualitative (dimension et répartition des rayons de pores). Cette
porosité est un paramètre important car conditionnant en partie la durabilité de bétons
[37].

On distingue généralement deux familles de pores (les bulles d’air étant omises) :

– La porosité capillaire : vestige de la porosité initiale du clinker, sa dimension


caractéristique se situe dans la plage 0,01 - 50 µm. Il semble que les différences
structurales entre des pâtes de ciment, de type ou de rapports E/C différents, pro-
viennent essentiellement des différences entre les porosités capillaires [38] [39].

– La porosité intrinsèque aux C-S-H : porosité intrinsèque aux hydrates (voir §1.1.1),
sa dimension caractéristique, de l’ordre du nanomètre, est beaucoup plus faible que
celle de la porosité capillaire.

Une représentation schématique des différentes phases solides et poreuses présentes


au sein de la matrice cimentaire a été fournie par Mehta [2] (voir Fig. 1.2).

1.1.3 L’eau dans la pâte de ciment


L’eau est généralement classifiée selon la nature de sa liaison avec la pâte de ciment
hydratée. Les différentes classes sont dans l’ordre croissant de liaison [3] [35] :

– L’eau libre et capillaire : elle n’est pas soumise aux forces d’attraction des sur-
faces solides. Elle se trouve principalement dans les pores capillaires de dimension
supérieure à 10 µm (gros pores et fissures). Cette eau est la première à s’évacuer ou
à s’évaporer (entre 30 et 120˚C) lors d’un séchage ou d’un chauffage.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
16 Analyse bibliographique

Vide d'air entraîné


Cristaux hexagonaux
de Ca(OH)2 et de
monosulfoaluminate Bulles d'air entraîné

Espace entre
les feuillets Vides capillaires Cristaux hexagonaux
de C-S-H de Ca(OH)2 et de
Agglomérat de monosulfoaluminate
particules de C-S-H

1 nm 10 nm 100 nm 1000 nm 104 nm 105 nm 106 nm 107 nm

F IG . 1.2: Répartition des tailles des éléments d’une matrice cimentaire [2].

– L’eau adsorbée : elle est adsorbée sur les surfaces solides.

¦ Physiquement : les forces d’attraction sont de type van der Waals. La structure de
l’eau adsorbée et de la surface adsorbante n’est pas affectée par cette adsorption.
¦ Chimiquement : des électrons sont mis en commun entre l’eau et la surface solide.
Ainsi, la structure de la molécule d’eau est modifiée (dissociation par rupture de
la liaison covalente O-H).

– L’eau chimiquement combinée : elle a réagi chimiquement avec le ciment pour


former un nouveau produit, comme le C-S-H ou l’ettringite.

L’eau présente dans les C-S-H et l’eau présente dans les zones d’adsorption empêchée
jouent un rôle majeur dans le comportement différé du béton. Les caractéristiques de ces
eaux jouant un rôle essentiel sont les suivantes :

– Eau dans les C-S-H : A partir de multiples méthodes expérimentales, Sierra (1974
cité par Regourd [3]) a pu identifier dans la structure des C-S-H, la présence de
l’eau sous trois formes, classées ici par ordre décroissant d’énergie de liaison avec
le solide (voir Fig. 1.3) :

¦ L’eau hydroxyle (groupement OH) : elle est liée aux atomes de silicium et de
calcium à la surface des feuillets.
¦ L’eau interfoliaire (ou interfeuillet) : elle est liée aux feuillets par des groupe-
ments hydroxyles. Elle intervient dans la cohésion intrinsèque de la lamelle.
¦ L’eau interlamellaire : elle est soit fixée à la surface des lamelles par un hy-
droxyle, soit liée à d’autres molécules d’eau.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Description du béton 17

Eau adsorbée Eau adsorbée


interfoliaire interlamellaire

Molécule Eau Pont Feuillet


d’eau hydroxylique hydrogène de C-S-H

F IG . 1.3: Etat de l’eau dans les C-S-H (Sierra, 1974 cité par Regourd [3]).

– Eau dans les zones d’adsorption empêchée : L’adsorption libre ne peut avoir lieu
lorsque les surfaces adsorbantes sont trop proches. On est alors en zone dite d’ad-
sorption empêchée (voir Fig. 1.4). Dans ces zones, l’eau fortement adsorbée, est
sous pression, dite de disjonction, de l’ordre de 130 MPa [40]. Cette pression s’op-
pose aux forces d’attraction, qui existent entre les particules de C-S-H et qui main-
tiennent la structure du squelette. Cette pression semble être à l’origine également
du retrait de dessiccation et sa relaxation dans le temps semble être responsable de
l’aspect vieillissant à long terme du fluage.
Cette eau est ainsi un élément structurel à part entière du matériau, capable de
transmettre localement les contraintes.
Eau
capillaire pd
πa

Adsorption pd : pression de disjonction


empêchée
Air πa : tension surfacique
+ πd capillaire
Vapeur d’eau
πd : tension surfacique de
disjonction

πa Adsorption libre

F IG . 1.4: Description idéalisée de l’eau dans les zones d’adsorption empêchée et de la


transition avec les pores capillaires [40].

1.2 Granulats
Les granulats jouent un rôle important dans la qualité du béton. Leur influence est très
forte en terme de performances mécaniques : en effet, ceux-ci présentent de meilleures
caractéristiques mécaniques que la pâte de ciment (pour les BO à température am-
biante). Pour obtenir un béton ayant de bonnes caractéristiques, plusieurs paramètres

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
18 Analyse bibliographique

entrent en jeu dans le choix des granulats : la qualité, la minéralogie, la forme de ces
granulats et une granulométrie appropriée associée.

1.2.1 Granulométrie
La granulométrie des granulats représente la distribution de taille des granulats utilisés
dans un béton donné. Cette distribution doit permettre une réduction du volume des
vides et une optimisation de la compacité du béton.
Cette granulométrie peut être optimisée pour maximiser la compacité du béton en uti-
lisant par exemple la méthode de Dreux-Gorisse [41] ou d’autres approches plus récentes
[42].

1.2.2 Caractéristiques géométriques des granulats


La forme des granulats va influencer la compacité du mélange granulaire. Cette forme
peut être définie par les indices d’allongement et d’aplatissement dépendant des dimen-
sions géométriques d’un granulat. Ainsi les granulats peuvent être plus ou moins ronds,
sous forme de plaquettes ou d’aiguilles, anguleux ... (e.g. voir Fig. 1.5).

F IG . 1.5: Exemple de granulats (photos issues des sites www.carrieresduboulonnais.fr et


mocad.cstb.fr).

La rugosité des granulats va également influencer la compacité du mélange granu-


laire, ainsi que l’adhérence du granulat à la pâte de ciment (de par l’auréole de transition,
voir §1.3 ).

On peut définir plusieurs catégories de granulats en fonction de leur diamètre moyen


(voir Tab. 1.1).

Catégorie Granulats fins Granulats moyens Gros granulats


Diamètre Inférieur à 5 mm Entre 5 et 10 mm Entre 10 et 40 mm

TAB . 1.1: Les différentes catégories de granulats suivant leur diamètre.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Description du béton 19

1.2.3 Origine des granulats

Les granulats peuvent être naturels (d’origine minérale sans transformation autre que
mécanique), artificiels (d’origine minérale, transformés, e.g. le schiste expansé ou les
granulats de laitiers ...) ou recyclés (e.g. le béton concassé ou le fraisat d’enrobés bitumi-
neux...). Nous évoquerons plus particulièrement le cas des granulats naturels siliceux ou
calcaires, les plus couramment utilisés dans la construction en béton.

L’origine des granulats va particulièrement influer le comportement du béton à hautes


températures (alors qu’en conditions de séchage ils n’ont pas de rôle particulier, hormis
les granulats ayant une porosité importante qui vont donc absorber ou relarguer de l’eau
tels que les granulats légers).
En effet, les granulats sont considérés inertes à température ambiante (sauf cas pa-
thologiques, comme celui d’une réaction alcali-granulat), mais aux températures élevées,
leur comportement diffère selon leur nature minéralogique.

Ce comportement est du à des changements avec la température dans la structure des


minéraux qui constituent la roche. Citons pour exemple le cas des granulats calcaires et
siliceux :

– Les granulats siliceux constitués de minéraux contenant environ 20 % d’eau com-


binée vont être soumis à ce départ d’eau entre 120 et 600˚C, ce qui peut entraı̂ner
un clivage de ces granulats. L’élévation de température jusqu’à 575˚C va entraı̂ner
également une transformation du quartz α présent dans ces granulats en quartz β,
pouvant provoquer l’endommagement du béton.

– Les granulats calcaires présentent eux un meilleur comportement jusqu’à 700˚C.


Au delà de cette température débute la transformation de CaCO3 en CO2 et CaO.
Le CaO libre alors présent dans les bétons chauffés puis refroidis réagit avec l’hu-
midité et se transforme en Ca(0H)2 multipliant son volume par 2,5. Cette réaction
peut expliquer la diminution de résistance résiduelle (résistance mesurée après re-
froidissement) par rapport à la résistance à chaud des bétons à granulats calcaires
chauffés au delà de 700˚C.

Les granulats conditionnent en grande partie la dilatation thermique des bétons. Les
propriétés d’un bon granulat pour son utilisation à haute température sont [12] :

– Un faible coefficient de déformation thermique.


– L’absence de déformations résiduelles après refroidissement.
– Une stabilité thermique c’est à dire un faible nombre de pics sur les courbes d’ana-
lyse thermique différentielle et d’analyse thermo-gravimétrique.
– Une structure mono-minérale de la roche composante du granulat.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
20 Analyse bibliographique

1.3 Auréole de transition


Pour un béton, la liaison qui s’établit au cours de l’hydratation entre la pâte de ci-
ment et les granulats se traduit par une zone de pâte particulière appelée ”auréole de
transition” ou interface pâte/granulats [32]. Son épaisseur augmente avec la taille des
granulats mais est toujours inférieure à 50 µm.

Il existe plusieurs modèles de description de cette zone de transition [43] [44] ... Sur
la Fig. 1.6 le modèle de Diamond [45] pour un BO est présenté.

C-S-H C-H Ettringite

4
2 6
granulat
5

30 - 50 µm
0,5 µm 3 µm

1- Couche continue de Ca(OH)2 4- Zone poreuse


2- Couche de C-S-H 5- Pâte de ciment
3- Couche de Ca(OH)2 6- Ettringite

F IG . 1.6: Modèle de la morphologie de l’auréole de transition d’un BO [45].

On observe, autour des granulats, une zone de pâte hydratée particulière. Sa première
couche, plus proche de la surface des granulats, très compacte est composée de cris-
taux de portlandite orientés perpendiculairement aux granulats [45]. La deuxième couche
d’épaisseur 0,5 µm est composée de feuillets de C-S-H. Après la deuxième couche de
Ca(OH)2 , nous passons dans la zone de forte porosité avec des grains de grande dimen-
sion et de faible cohésion et par conséquent de moindre résistance mécanique que la ma-
trice. Cette zone représente le point faible des bétons soumis aux sollicitations mécaniques
et les premières fissures contournent les granulats et passent à travers la matrice.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Description du béton 21

La qualité de la zone de transition dépend fortement de la nature des granulats


(réactifs ou neutres ...). Les granulats calcaires (réactifs) présentent les plus fortes liai-
sons avec la pâte de ciment du fait des réactions chimiques qui se produisent au cours
du temps et augmentent les forces d’adhésion. La zone de transition entre les granulats
calcaires et la pâte de ciment est ainsi plus résistante et de perméabilité plus faible. L’aug-
mentation de la résistance du matériau béton réalisée avec les granulats de cette nature a
été observée [46] contrairement aux granulats de type quartz (comme les granulats sili-
ceux), qui sont neutres par rapport à la pâte de ciment.

Pour les BHP, modifiés par l’ajout de fumée de silice FS, nous pouvons obtenir une
réduction de la porosité et de l’épaisseur de cette zone. En comparant avec le Béton Or-
dinaire, où l’auréole de transition est d’environ 50 µm , son épaisseur pour les BHP est
limitée à 12 µm. Certaines sources [47] signalent même l’absence de la zone de contact
dans les bétons à hautes performances (voir Fig. 1.7 où l’on peut observer pour le BHP
sans fumée de silice des cristaux de portlandite dans la zone de transition orientés perpen-
diculairement aux granulats et pour le BHP avec fumée de silice une absence de la zone
de transition et une homogénéité des C-S-H).

granulat
granulat

a. Béton sans fumée de silice b. Béton avec fumée de silice


F IG . 1.7: Microstructure de la zone de contact entre la pâte et le granulat [4].

L’ajout de fumée de silice permet en effet la consommation de la portlandite (par sa


réaction pouzzolanique avec cette portlandite pour former des C-S-H, néanmoins différents
de ceux formés lors de l’hydratation des C3S ou C2S), en densifiant la structure du
matériau, tout en améliorant ses performances mécaniques.

La qualité de la zone de transition dépend aussi du rapport E/C. Lorsque E/C aug-
mente, cette zone devient plus épaisse et poreuse, et donc moins résistante [48].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
22 Analyse bibliographique

2 Comportement à température ambiante


2.1 Séchage
Une structure en béton exposée à une humidité relative environnante inférieure à
celle régnant au sein du matériau subit alors un déséquilibre hygrométrique (e.g. lors
du décoffrage ou la fin de cure des bétons lors de leur soumission à l’air ambiant).

Ce déséquilibre se traduit alors par un mouvement de l’eau de l’intérieur du matériau


vers l’extérieur pour rétablir l’équilibre, conduisant au séchage de celui-ci.

La prise en compte du transport de l’eau au sein du béton est donc d’une grande impor-
tance, le séchage s’accompagnant généralement d’effets structuraux, du fait du gradient
de déformations induit. De plus, l’humidité relative influence de façon très importante les
propriétés de transfert (diffusivité, perméabilité).

2.1.1 Description des mécanismes

Le séchage de la pâte de ciment durcie est complexe. Le mécanisme moteur du


séchage est lié au gradient d’humidité relative induit au sein du matériau, en terme
de répartition de l’eau à l’état vapeur au sein du matériau. L’équilibre thermodynamique
entre les phases vapeur et liquide de l’eau présente dans le béton devant être maintenu,
l’eau liquide va également être concernée par le séchage.

Le séchage fait intervenir de multiples mécanismes complexes, qui se produisent de


façon plus ou moins couplée [49] [50] [29] [51] [52]. Les phénomènes de perméation,
diffusion, adsorption-désorption, condensation-évaporation sont en effet mis en jeu dans
la pâte de ciment (voir Fig. 1.8) [53].

Solide
4 1: Diffusion de la vapeur d'eau
Mélange gazeux:
1 Air + vapeur 2: Mouvement darcéen de l'eau
liquide
3
3: Evaporation / Condensation
Eau liquide 4: Absorption / Désorption
2
4
Solide

F IG . 1.8: Représentation schématique des mécanismes de transport de l’eau au sein de la


pâte de ciment.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à température ambiante 23

2.1.2 Modélisation
Une modélisation ”complète” du séchage peut être utilisée, qui reprend la majeure
partie des transferts hydriques et les modélise. Cependant, cette modélisation est délicate
à mettre en oeuvre théoriquement et numériquement. Nous présenterons donc ensuite une
approche plus simplifiée, couramment utilisée par différents auteurs.

a) Modélisation ”complète” :

Coussy et al. [49] et Mainguy et al. [50] ont proposé une analyse physique des
transferts hydriques, et ont choisi de modéliser les modes de transport suivants :

– Transfert darcéen d’eau liquide à l’aide de la loi de Darcy.


– Transfert diffusif de vapeur d’eau dont le moteur est le gradient de concentration
en vapeur d’eau, modélisé par la première loi de Fick.
– Transfert d’air sec, modélisé par la loi de Darcy.
– Transport convectif de vapeur entraı̂né par les migrations de l’air sec.

Pour résoudre le système d’équations non linéaires définies par l’ensemble de


ces modes de transport pris en compte, il est donc nécessaire d’écrire les lois de
conservation de la masse de l’eau liquide, de l’air sec et de la vapeur d’eau :

 ṁl + div(ml .vl ) = −ṁvap

ṁv + div(mv .vv ) = ṁvap (1.1)

 ṁ + div(m .v ) = 0
a a a
Où mx = φ.Sx .ρx est la masse du fluide (par unité de volume), x = l pour l’eau li-
quide, v pour la vapeur d’eau, a pour l’air sec, φ est la porosité, Sx est le degré de
saturation, ρx est la masse volumique, mvap est la masse d’eau vaporisée (par unité
de volume) et vx est la vitesse absolue du fluide.

Les vitesses relatives de chacun des fluides sont reliées à la déformation du sque-
lette solide, la perméation, la diffusion et la convection, par les relations suivantes :
 Kl
 vl = −ρl krl gradpl
µl




Mv pv Kg Γ Mv patm pv


vv = − (krg + )gradpg − Dgrad( ) (1.2)

 RT µg pg RT pg
M p K Γ M p p

 va = − a a g (krg + )gradpg − a atm Dgrad( a )



RT µg pg RT pg
Où Kx est la perméabilité, krx la perméabilité relative, µx la viscosité dynamique, M
la masse molaire, px la pression, R la constante des gaz parfaits, T la température,
Γ le coefficient de Klinkenberg et D le coefficient de diffusion.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
24 Analyse bibliographique

Il semble adéquat de se limiter à une étude en conditions isothermes (ce qui revient
à négliger l’apport d’énergie nécessaire à la vaporisation de l’eau liquide). En effet,
Coussy et al. (1998) estime la diminution de température inférieure à 0,23 ˚C. Cette
approche a été utilisée par plusieurs auteurs [50] [54] [55] [56].

La résolution se fait grâce à un calcul aux éléments finis ou par la méthode des
volumes finis qui convient bien aux calculs de transferts de fluides [57].

Cette modélisation plus complète de tous les modes de transferts hydriques reste dif-
ficile à implanter, coûteuse en temps de calcul et demande l’identification de nom-
breux paramètres (perméabilité relative, diffusivité, perméabilité intrinsèque...). Ils
sont souvent empiriques ou semi-empiriques, dépendent fortement de l’humidité
relative en place et du matériau étudié [53].

b) Modélisation simplifiée :

Une modélisation simplifiée peut très souvent être utilisée pour reproduire les ciné-
tiques de séchage de façon satisfaisante [58] [59] [60] [61] [62] [63]. Une équation
de diffusion non linéaire est ainsi utilisée, avec pour inconnue soit l’humidité re-
lative h, soit la saturation en eau liquide Sl ou encore la teneur en eau w [64] [60].

L’écriture de ces modèles simplifiés repose sur deux hypothèses [65] [50] qui sont :

¦ Une pression du mélange gazeux (air sec+vapeur d’eau) dans les pores qui reste
constante égale à la pression atmosphérique à l’échelle de temps où s’effectue
le séchage.
¦ Un transport de la vapeur d’eau qui se fait essentiellement par diffusion molé-
culaire [60].

On néglige donc d’une part les surpressions de gaz dues aux changements d’état de
l’eau et d’autre part le transfert darcéen de vapeur d’eau (ce qui est justifié dans la
littérature [57] [57] [65]).

¦ Dans le cas de la teneur en eau, l’équation du séchage s’écrit :

∂w
= div(Deq (w)grad(w)) (1.3)
∂t
Où t est le temps, w la teneur en eau.

¦ Dans le cas de l’humidité relative, l’équation du séchage s’écrit :

∂h 1
= ′ div(Deq (h)grad(h)) (1.4)
∂t g (h)

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à température ambiante 25

Où h est l’humidité relative à l’intérieur des pores, g′ (h) la capacité hydrique
(pente de la courbe de l’isotherme de désorption) qui s’écrit :

∂w
g′ (h) = (1.5)
∂h
Deq est le coefficient de diffusion équivalent de l’eau, dont plusieurs expressions
sont disponibles dans la littérature [64] [66] [60].

L’isotherme de désorption peut être déterminée à l’aide du modèle BSB [67] ou du


modèle de van Genuchten [68]. Le modèle BSB est une amélioration du modèle
BET de [60].

L’hypothèse principale du modèle BET est que l’adsorption d’un gaz sur une sur-
face solide résulte de l’attraction physique entre les molécules de gaz et les molé-
cules du solide en surface. La quantité de gaz adsorbée est alors proportionnelle à
la surface adsorbante.

Dans le cas du béton, cette théorie décrit correctement le phénomène pour une hu-
midité relative comprise entre 0,05 et 40 %, car l’eau n’y est présente dans la pâte
de ciment que sous sa phase vapeur essentiellement.

Pour une humidité relative supérieure à 40 %, le phénomène de condensation ca-


pillaire se produit, et la description correcte des phénomènes nécessite alors l’uti-
lisation d’une théorie complémentaire. L’addition de la théorie de la condensation
capillaire au modèle BET conduit alors au modèle BSB. Dans ce modèle, la teneur
en eau w est reliée à l’humidité relative h par l’expression :

AkVm h
w(h) = (1.6)
(1 − kh)[1 + (A − 1)kh]

Où A, k et Vm sont des constantes du modèle BSB.

2.2 Retrait de dessiccation


Lors du séchage, le béton subit un retrait apparent appelé retrait de séchage ou de
dessiccation. Cette déformation est causée par le déséquilibre hygrométrique mis en place
avec le milieu environnant lors du séchage [69]. Cette déformation de retrait de dessic-
cation correspond en fait à la déformation observée diminuée de la déformation de
retrait endogène (déformation mesurée sur une éprouvette protégée de la dessiccation).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
26 Analyse bibliographique

2.2.1 Description des mécanismes


Trois principaux mécanismes sont proposés dans la littérature (voir Fig. 1.9) pour ex-
pliquer le retrait de dessiccation pour les valeurs usuelles d’humidité relative [5] :

– Le retrait par dépression (ou succion) capillaire :


La diminution de l’humidité relative au sein du béton (due au séchage) induit une
diminution de la pression de l’eau liquide, provoquée par la vaporisation de celle-
ci. La coexistence des phases liquides (eau) et gazeuses (vapeur d’eau et air sec)
entraı̂ne la formation d’un ménisque à l’interface liquide/gaz, et donc l’apparition
de tensions capillaires. Elles entraı̂nent alors la contraction du squelette solide.

– Le retrait par variation de pression de disjonction :


Une diminution de l’humidité relative au sein du béton entraı̂ne un départ de l’eau
notamment des zones d’adsorption empêchée (voir §1.1.3) Il se produit alors une
diminution de l’épaisseur de la couche adsorbée et donc une diminution de la pres-
sion de disjonction qui se traduit au niveau macroscopique par une contraction de
la matrice cimentaire.

– La variation de l’énergie surfacique solide :


La surface spécifique des C-S-H est très élevée. Une grande quantité d’eau adsorbée
est donc en interaction avec la matrice solide. L’énergie surfacique des C-S-H liée
à cette interaction varie avec l’épaisseur du film d’eau adsorbée. Plus celui-ci est
grand, plus petite est la tension de surface. Ainsi, lorsqu’il y a adsorption, les ten-
sions surfaciques diminuent et en cas de désorption, les contraintes induites aug-
mentent à l’inverse, provoquant une contraction du solide et donc une déformation
de retrait. Ce phénomène a été vérifié expérimentalement par [70].

Humidité relative
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Pression de disjonction
Powers (1965)
Pression capillaire
Ishai (1965) Energie surfacique Pression capillaire
Feldman et Serada (1970) Eau interfoliaire Pression capillaire & énergie surfacique
Wittmann (1968) Energie surfacique Pression de disjonction

F IG . 1.9: Les différents mécanismes de retrait de dessiccation [5].

Les résultats expérimentaux montrent que la déformation de retrait de dessiccation à


l’équilibre est proportionnelle à la variation d’humidité relative (voir Fig. 1.10) entre 100
et 50%.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à température ambiante 27

Retrait [% de la valeur maximale]


100

75

50

Mortier (Obeid et al. 2002)


25
Béton (Baroghel-Bouny et al. 1999)
Pâte de ciment (Baroghel-Bouny et al. 1999)
0
0 25 50 75 100
Humidité relative [% ]

F IG . 1.10: Retrait à l’équilibre typique de matériaux à matrice cimentaire en fonction de


l’humidité relative [53] [71].

2.2.2 Modélisation
Il existe plusieurs modélisations possibles du retrait de dessiccation. Nous allons citer
ici les principales :

a) Modélisations phénoménologiques :

Les observations expérimentales montrent une linéarité entre le retrait de dessic-


cation et la variation d’humidité relative interne ou la perte en masse. Une des
modélisations les plus utilisées en France est celle de Wittmann [29], Bažant [72],
Granger [73], Meftah [74], qui expriment cette relation en fonction de la perte de
concentration en eau liquide :

ε̇rd = krd .ẇ.1 ou ε̇rd = krh .ḣ.1 (1.7)


Avec ε̇rd tenseur du taux de déformation de retrait de dessiccation, krd ou krh
constantes de proportionnalité, w en l/m3 , 1 tenseur unité.

b) Modélisation par la mécanique des milieux poreux :

Une alternative à la modélisation phénoménologique est de modéliser le retrait de


dessiccation à l’échelle macroscopique, sur la base de la théorie des milieux poreux
non saturés [75] [76] [77].
Dans cette approche, on considère le VER (Volume Elémentaire Représentatif) du
milieu poreux constitué d’un squelette solide et de vides, occupés par l’eau (liquide

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
28 Analyse bibliographique

et vapeur) et l’air. Les variables caractérisant ce VER sont considérées comme des
variables ”moyennes” (ce qui permet de s’affranchir de la caractérisation précise
de la microstructure du matériau). Le concept de contraintes effectives σ′ au sens
de Bishop [78] peut être utilisé ou étendu. La contrainte effective est la contrainte
appliquée directement sur le squelette solide.

c) Modèles d’homogénéisation :

Les méthodes d’homogénéisation ont été développées pour prendre en compte le


caractère hétérogène du béton [79]. A partir de la connaissance du comportement
de chacune des phases le constituant, la méthode consiste à prédire le comporte-
ment global macroscopique. Les lois constitutives et les équations liées aux condi-
tions limites sont écrites au niveau local, puis ”homogénéisées” afin d’obtenir la loi
de comportement au niveau macroscopique (le matériau est alors ”homogénéisé”).
Cette dernière étape nécessite au préalable de supposer la morphologie des pores
(sphères ou ellipsoides). Les équations obtenues sont proches de celles issues de la
Mécanique des Milieux Poreux.

2.3 Fluage propre


La déformation de fluage propre est la déformation mesurée sur une éprouvette
chargée et protégée contre la dessiccation externe, à laquelle on a ôté la déformation
de retrait endogène et la déformation élastique instantanée.

Cette décomposition des déformations suppose qu’il n’existe pas d’interaction entre
les différentes composantes de déformations lors de l’essai de fluage propre (ce qui n’est
pas le cas [6]). Par ailleurs, le fluage propre est caractérisé expérimentalement par une
forte dépendance à l’âge du matériau.

2.3.1 Description des mécanismes


Deux régimes distincts sont mis en évidence dans la littérature, quelle que soit la com-
position utilisée [80] [81] : le fluage à court terme et le fluage à long terme.

a) Fluage à court terme :

La cinétique de déformation de fluage propre est rapide pendant quelques jours


après le chargement. On distingue plusieurs mécanismes pour expliquer le fluage à
court terme. Le plus probable repose sur la migration de l’eau adsorbée dans la
porosité capillaire sous contraintes [82] [29] [81].

La diffusion s’amorce sous l’action des efforts extérieurs. Les contraintes sont re-
transmises à l’échelle microscopique, à travers les produits d’hydratation qui en-

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à température ambiante 29

a. A court terme b. A long terme


F IG . 1.11: Mécanismes du fluage propre [6].

tourent les pores capillaires (voir Fig. 1.11.a). Ce transfert d’effort microscopique
induit localement un déséquilibre thermodynamique entre les molécules d’eau en
adsorption libre dans ces zones de transmission et celles qui sont plus loin (porosité
capillaire).

Pour restituer l’équilibre, les molécules d’eau diffusent dans les couches d’eau ad-
sorbée (diffusion surfacique) vers la porosité capillaire, entraı̂nant la déformation
du squelette solide.

b) Fluage à long terme :

Les explications précédentes ne permettent pas d’expliquer les raisons du vieillis-


sement sur le fluage propre à long terme. Le mécanisme le plus cité actuellement
est lié au glissement des feuillets de C-S-H entre eux. Bažant [83] et Ulm [81] pro-
posent que l’effet du vieillissement observé soit d’origine mécanique, lié à la re-
laxation des micro-précontraintes (”micro-prestress”) dans les zones d’adsorp-
tion empêchée (cf. §1.1.3). Les micro-précontraintes sont générées par la pression
de disjonction, ainsi que par des variations volumiques importantes et fortement lo-
calisées induites par l’hydratation ou le séchage.

La relaxation des micro-précontraintes se situe à l’échelle des nanopores de la pâte


de ciment. Les liaisons entre les surfaces solides, sur-tendues localement et in-
stables, sont susceptibles de se rompre [29]. Elles se reforment dans des zones ad-
jacentes de moindres surtensions du fait du glissement des feuillets de C-S-H (voir
Fig. 1.11.b). Les forces de liaison se relaxent dans le temps, et ce sont d’autres sites
qui seront alors le siège de ruptures potentielles. Ce processus en chaı̂ne épuise
successivement les sites de fluage qui ont été activés par le chargement mécanique.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
30 Analyse bibliographique

Cet épuisement conduit au vieillissement observé au niveau de la cinétique du


fluage en fonction de l’âge du matériau.

Le fluage propre d’éléments préséchés montre une dépendance à peu près linéaire de
la déformation de fluage propre à l’humidité relative, ce qui rend d’autant plus difficile
l’exploitation des résultats de fluage de dessiccation.

2.3.2 Modélisation
Pour les chargements modérés, pour lesquels on constate une proportionnalité entre
déformation de fluage propre et contrainte, la déformation de fluage propre s’écrit de
façon classique [10] [73] :

ε f p (t,tc ) = J(t,tc ).σ (1.8)


Avec tc le temps auquel début le chargement, J le tenseur de complaisance de fluage, ε f p
la déformation de fluage propre, σ la contrainte appliquée.

Cette relation est valable pour un chargement mécanique constant. Lorsque plusieurs
cas de chargement se superposent, on peut les décomposer en incréments de charge (prin-
cipe de superposition de Boltzmann) :
Z t
ε f p (t,tc ) = J(t, τ).σ̇(τ)dτ (1.9)
tc
Pour des contraintes ne dépassant pas 50 % de la contrainte de rupture, le cadre de
la viscoélasticité linéaire est souvent utilisé pour exprimer le tenseur de complaisance de
fluage [84] [35]...
Pour des contraintes de compression uniaxiales et si le matériau est considéré comme
non vieillissant, la complaisance de fluage peut être obtenue avec une bonne précision en
utilisant une combinaison de chaı̂nes de Maxwell ou de Kelvin-Voigt [84] (voir Fig. 1.12).

η1 η2 ηn
η1 η2 ηn
σ σ
k1 k2 kn
κ1 κ2 κn

σ
a. Chaı̂nes de Maxwell b. Chaı̂nes de Kelvin-Voigt
F IG . 1.12: Modèles de fluage propre.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à température ambiante 31

L’avantage important de ce choix pour la complaisance de fluage est qu’il n’est


pas nécessaire de stocker en mémoire l’histoire des contraintes. En effet, l’utilisa-
tion d’une telle complaisance permet de réécrire l’équation 1.9 sous la forme d’équations
différentielles, qui peuvent alors être résolues de façon incrémentale [73], [85].
D’autres modélisations existent comme celle qui consiste à considérer le béton comme
un matériau à deux phases associées dans un modèle en parallèle homogénéisé [86], ou
plus récemment celle de Benboudjema [63] qui décompose le fluage en un fluage propre
sphérique (qui correspond à la diffusion de l’eau dans les capillaires donc au fluage
propre à court terme) et un fluage propre déviatorique (modélisant le glissement des
C-S-H et donc le fluage propre à long terme).
Ce dernier modèle présente l’avantage d’avoir été élaboré sur des considérations phy-
siques corroborées par des résultats d’expériences [63]. Il permet de simuler très correcte-
ment le comportement de structures sous sollicitations multiaxiales. Le modèle viscoélas-
tique linéaire est phénoménologique et inadapté aux sollicitations multiaxiales. Il permet
en revanche de bien approcher la complaisance de fluage propre en sollicitation uniaxiale,
sans nécessiter de temps de calculs très lourds, ce qui constitue ses principaux avantages.

2.4 Fluage de dessiccation


Le fluage de dessiccation correspond à la déformation additionnelle observée quand
le béton est chargé et subit en même temps un changement d’état hydrique interne.
Ce comportement, appelé l’effet Picket [87], est quelque peu paradoxal. En effet, une
éprouvette préalablement séchée flue moins qu’une éprouvette saturée, alors que plus
l’humidité relative décroı̂t durant un test de fluage, plus le béton flue [28].
Les auteurs proposent d’isoler deux types de mécanismes : le fluage de dessiccation
structural, et le fluage de dessiccation intrinsèque [84] [73]. Les paramètres influant
sur le fluage de dessiccation sont présentés ci-après. Le fluage de dessiccation semble
intimement lié au retrait de séchage.

2.4.1 Description des mécanismes

Nous allons donc décrire les mécanismes physico-chimiques du fluage de dessiccation


intrinsèque et du fluage de dessiccation structural.
a) Fluage de dessiccation intrinsèque :
Des expériences menées par Bažant et Xi [72] ont démontré qu’il y avait une part du
fluage de dessiccation liée uniquement au comportement du matériau, indépendamment
de tout effet lié à la géométrie de la structure. L’explication correspondrait à une mi-
cro diffusion d’eau (due au fluage) entre les micropores et les pores capillaires
qui provoque la rupture de liaisons et crée du fluage.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
32 Analyse bibliographique

Bažant et al. [83] ont modifié cette théorie en proposant que la relaxation des
micro-précontraintes dans les zones d’adsorption empêchée, de façon similaire
à l’explication proposée par Wittmann [29] pour le fluage propre à long terme du
béton (voir §2.3.1), serait responsable de cette déformation.

b) Fluage de dessiccation structural :


Lorsqu’une éprouvette sèche sans chargement extérieur, les contraintes de trac-
tion sont dues aux gradients de teneur en eau, et sont tellement élevés qu’ils
conduisent à de la fissuration en peau et à cœur. Cette fissuration relaxe alors les
contraintes induites par le séchage et réduisent l’amplitude du retrait. Elle est liée
en partie à la géométrie de la structure.

Lorsqu’une éprouvette est chargée constamment en compression et sèche, la fis-


suration due au séchage est moins prononcée que celle du spécimen non chargé
[29]. Ainsi, la déformation mesurée est supérieure à la somme des composantes
élémentaires retrait de dessiccation et fluage propre. La déformation supplémentaire
est appelée fluage de dessiccation structural.
Il semble néanmoins que la contribution de ce fluage de dessiccation structural ne
représente qu’une part peu importante (mais pas négligeable pour autant) du fluage
de dessiccation total [73] [88].

2.4.2 Modélisation

Peu de modélisations du fluage de dessiccation intrinsèque existent à ce jour. Le


modèle le plus couramment utilisé est celui de [84]. Le taux de déformation de fluage
de dessiccation intrinsèque s’écrit :

ε̇ f d = λ f d .|ḣ|.σ (1.10)
Avec λ f d constante dépendant du matériau, |ḣ| le taux de variation de l’humidité relative.
Ce modèle peut également être vu comme une simplification du modèle proposé par
Bažant et al. [83], issu de la théorie des micro-précontraintes.

3 Comportement à hautes températures


L’élévation de température entraı̂ne des phénomènes très complexes dans le béton,
dont la prévision s’avère plutôt difficile, notamment à cause de son hétérogénéité et des
changements de phases. Un chauffage du béton entraı̂ne dans le béton des transferts de
chaleur, de masse, des phénomènes d’hydratation et de déshydratation, de forts chan-
gements de la microstructure du béton et donc des propriétés thermiques, hydriques et
mécaniques de celui-ci.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à hautes températures 33

3.1 Etude du transfert de chaleur et de masse


3.1.1 Transfert de masse

Quand la température augmente dans une structure en béton (e.g. un mur), la pression
d’eau vapeur se forme continuellement dans une zone proche de la surface chauffée. Cette
pression résulte de la rapide évaporation d’eau dans le mur, quand elle atteint et dépasse
le point d’ébullition de l’eau. Les pressions de vapeur sont aussi dues à l’eau qui va être
libérée durant la déshydratation de la pâte de ciment et des granulats. Cette augmentation
de la pression d’eau vapeur dans la région chaude va créer un déséquilibre thermodyna-
mique entre la région chaude et froide (voir Fig. 1.13) d’où des transferts de masse (pour
chercher à rétablir l’équilibre).

5
1
Mélange gazeux:
Air + vapeur
3 4

1: Flux de vapeur (diffusion)


2 2: Flux de liquide (advection)
Eau liquide 3: Evaporation de l'eau
4: Condensation de l'eau
5: eau de déshydratation

Solide

Chargement thermique en surface

F IG . 1.13: Mécanismes de transport de masse dans un milieu poreux insaturé soumis au


chauffage [54].

Une prédiction appropriée de la distribution d’humidité dans la structure en béton


soumise à des hautes températures nécessite de connaı̂tre les propriétés du matériau qui
contrôlent le mouvement de ces fluides au sein du milieu poreux. La perméabilité (régie
par la loi de Darcy) et la diffusivité (régie par la loi de Fick) sont les plus importantes pro-
priétés de ce type pour les matériaux cimentaires. Elles sont sensibles aux changements
de porosité, de température, d’humidité relative et aux phénomènes de micro-fissuration.

Les propriétés de transport sont fortement affectées par l’élévation de températu-


re. La déshydratation entraı̂ne une destruction chimique de la pâte de ciment, entraı̂nant
une augmentation de la porosité du béton. De plus, à cause des contraintes mécaniques,
on observe de la micro-fissuration au sein de la pâte de ciment. On obtient donc une mo-
dification des propriétés de transport de chaleur et de masse.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
34 Analyse bibliographique

3.1.2 Transfert de chaleur


Dans le processus de transfert de chaleur, le principal mécanisme intervenant est la
conduction. La conduction de chaleur est due à des gradients de température. Cependant
d’autres transferts thermiques ont eu aussi lieu sous forme d’advection, due au mouve-
ment des trois phases présentes dans le matériau : solides, liquide et gaz. La chaleur
latente inhérente aux changements de phases et la chaleur latente de déshydratation
peuvent aussi avoir des effets thermiques significatifs [89] (voir Fig. 1.14).

5
4
Mélange gazeux:
Air + vapeur
3
1: Flux de chaleur (conduction)
1 2 2: Flux de chaleur (advection)
Eau liquide 3: Enthalpie d'évaporation
4: Flux de chaleur
(convection et advection)
5: Enthalpie de déshydratation
Solide
1

Chargement thermique en surface

F IG . 1.14: Mécanismes de transport de chaleur dans un milieu poreux insaturé soumis au


chauffage [89].

L’évolution de la distribution de température dans une structure est gouvernée en


grande partie par les propriétés thermiques du matériau, particulièrement la capacité ca-
lorifique et la conductivité thermique.
Dans le cas du béton, il est difficile de déterminer ces propriétés puisqu’un grand
nombre de phénomènes interviennent simultanément au sein de la microstructure du béton
qui ne peuvent être séparés aisément.

Ces effets incluent plus particulièrement l’évolution de la porosité, de la teneur en


eau, du type et du pourcentage de granulats, des changements de composition chimique.
A cause de ces effets, une relation unique ne peut pas décrire de manière rigoureuse la
dépendance des propriétés thermiques avec la température [90].

3.2 Déformation ”différée”


3.2.1 Déformation thermique
Comme la plupart des matériaux, le béton subit une déformation thermique, lors-
qu’il est soumis à un changement de température. La déformation thermique du béton
est la superposition des déformations de la matrice et des granulats au cours de

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à hautes températures 35

l’échauffement. Dans les composites tels que le béton, elle dépend fortement des pro-
priétés de ces constituants notamment de leur nature et de leur quantité.

a) Déformation thermique de la pâte de ciment :

La pâte de ciment durcie se dilate dans un premier temps jusqu’aux environs de


150˚C [91] [92] (l’expansion maximum constatée étant de l’ordre de 0,2 %).

Puis, elle subit un retrait important. Ce mouvement provient de la diminution de


la tension capillaire de l’eau adsorbée dans la pâte, au cours de l’échauffement et à
l’apparition de pression capillaire (cf. §2.1).

Plusieurs paramètres vont influencer l’évolution du coefficient de dilatation de la


pâte de ciment :

– La température de changement de signe du coefficient de dilatation thermique


dépend de la vitesse d’échauffement. Lorsque la vitesse de montée en tempéra-
ture est inférieure à 10˚C/min, cette température se situe autour de 150-200˚C. En
augmentant la vitesse d’échauffement, la température de changement augmente
également. Pour une pâte de ciment chauffée à 35˚C/min, elle se situe à environ
300˚C (Cruz et Gillen, 1980 cité par Hager [12]).
– Il a également été montré que l’ajout de fumée de silice augmente le retrait de
la pâte de ciment [93].
– De plus, le coefficient de dilatation est très influencé par l’humidité relative
initiale de la pâte de ciment [94]. L’âge de la pâte de ciment influe également
sur la valeur du coefficient de dilatation thermique de celle-ci. Des deux effets
sont visibles sur le tableau 1.2.

Age de la pâte de ciment 6 mois 16 ans


Humidité relative [%] 25 70 100 60
Dilatation thermique α [.˚C−1 ] 11×10−6 21×10−6 9×10−6 15×10−6

TAB . 1.2: Evolution du coefficient de dilatation thermique à température ambiante avec


l’humidité relative [95] [96].

Ainsi, la déformation observée de la pâte de ciment lorsque la température aug-


mente résulte de la dilatation du squelette (contrôlé par le coefficient de dilata-
tion thermique) et de la contraction de celui-ci due au séchage conconmittant. Par
la suite, nous appellerons pas abus de language cette déformation la déformation
thermique, puisque nous ne considérerons pas les transferts de masse à hautes
températures.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
36 Analyse bibliographique

b) Déformation thermique des granulats :

La dilatation thermique des bétons est principalement liée à la dilatation des


granulats (qui occupent environ 70 % du volume du béton). On peut donc limiter la
déformation du béton aux hautes températures en jouant sur la nature des granulats.

Le tableau 1.3 regroupe les valeurs du coefficient de dilatation thermique des roches
fréquemment utilisées comme granulats dans le béton. On peut noter que les coef-
ficients de dilatation thermique des granulats dépendent de la teneur en eau dans la
roche, si les minéraux sont cristallins ou amorphes.

Température Coefficient de dilatation thermique α [10−6 /˚C]


grès calcaire granit
20-100˚C 10 3 4
100-300˚C 15 9 13,5
300-500˚C 21,5 17 26
500-700˚C 25 33 47,5

TAB . 1.3: Effet de la température sur le coefficient de dilatation thermique pour les grès,
calcaire et granit [97].

La figure 1.15 regroupe les courbes d’évolution de la déformation thermique de


différentes roches. On peut noter sur cette figure des déformations thermiques et
des déformations thermiques résiduelles différentes selon la roche considérée.

12000
Calcaire
10000 Quartz
ε t longitudinale [µm/m]

Basalte
8000

6000 rupture

4000

2000

0
0 200 400 600
T [°C]

F IG . 1.15: Evolution avec la température de la dilatation longitudinale de différents types


de roches [98].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à hautes températures 37

c) Déformation thermique du béton :

L’analyse des résultats présentés sur la Fig. 1.16 montre que la dilatation thermique
des bétons dépend fortement de la nature des granulats.Les résultats de Hager [12]
montrent également que la déformation thermique du béton est quasi-insensible aux
déformations de la pâte de ciment. On peut constater que :
– Les déformations thermiques du béton sont non linéairement dépendantes de
la température.
– Le facteur prépondérant de la dilatation thermique est la nature des granulats.
– Aux températures dépassant 600-800˚C, on observe la réduction ou l’arrêt
de la dilatation thermique.

20

15

10
ε t [.10-3]

0
0 200 400 600 800 1000

-5
T [°C]
Siliceux Grès
Calcaire Basalte
Argile expansée Pâte de ciment

F IG . 1.16: Déformations thermiques des bétons pour différents granulats [7].

3.2.2 Déformation thermique transitoire


Dès les années 20, Lea et Stradling [99] ont montré que la seule prise en compte
dans un calcul du comportement élastique du béton devrait conduire à la rupture du
matériau dès 100˚C. Le béton était modélisé par un simple granulat sphérique, enveloppé
d’une coque de pâte de ciment avec des déformations thermiques différentielles entre les
deux matériaux importantes. Lea et Stradling ont donc mis en évidence une apparente
contradiction entre ce résultat théorique et leurs résultats expérimentaux qui aboutis-
saient généralement à une augmentation de la résistance des bétons jusqu’à 300˚C.

Quarante ans plus tard, cette apparente contradiction a pu être levée avec la découverte
du fluage thermique transitoire également appelé interaction thermo-mécanique ou
déformation thermique transitoire [100]. Celui-ci est un comportement très particulier
du matériau béton. Le fluage thermique transitoire est la propriété des bétons de se

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
38 Analyse bibliographique

déformer de façon très importante lorsqu’ils sont simultanément soumis à une solli-
citation mécanique et à une augmentation de la température (essentiellement lors de
la première montée en température).

Les déformations thermiques transitoires engendrées sont largement supérieures à


celles d’origine élastique et au fluage propre même si ce dernier est activé aux températures
élevées. Alors qu’aux températures inférieures à 100˚C, le fluage thermique transitoire
se poursuit généralement sur plusieurs jours, il est aux températures supérieures quasi-
instantané. En pratique, on le considère indépendant du temps et uniquement fonc-
tion de la température. C’est pourquoi le terme de fluage thermique transitoire n’est pas
très approprié (le fluage étant un phénomène dépendant du temps) et nous tâcherons donc
d’usiter préférentiellement le terme de Déformation Thermique Transitoire.

Les résultats d’essais visualisés sur la Fig. 1.17 montrent la diminution de la déforma-
tion totale avec l’augmentation du chargement, mettant ainsi en évidence l’influence du
chargement mécanique appliqué.

F IG . 1.17: Déformation totale de différents bétons chauffés sous charge constante [101].

Dans le cas de cycles de chauffage-refroidissement sous charge, les données expérimen-


tales indiquent par contre que cet effet n’apparaı̂t pas durant les phases de refroidisse-
ment du matériau et qu’il est fortement réduit durant les cycles thermiques [100].

Enfin l’importance du chemin de sollicitation mis en place est montré sur la Fig.
1.18.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à hautes températures 39

5.E- 03 Cas n° 1 - Eprouvette n°1 Application de la charge


chauffée puis chargée à l'eprouvette n°1
4.E- 03
Déformation axiale

3.E- 03
A
2.E- 03

1.E- 03
Temps (h)
0.E+ 00
0 1 2 3 4 5 6 7
-1.E- 03
B
-2.E- 03
Cas n° 2 - Eprouvette n°2
Application de la charge
chargée puis chauffée
à l'eprouvette n°2
sous charge constante

F IG . 1.18: Déformation totale mesurée sur des éprouvettes en béton chauffées (contrainte
mécanique appliquée fc = 0.45 fc20 ) [102].

Différentes hypothèses ont été avancées afin d’expliquer cette déformation thermique
transitoire observée :
– Selon Khoury [100], il semblerait que le fluage transitoire adapte les incompatibi-
lités thermiques entre la pâte de ciment et les granulats, spécialement au delà de
100˚C, quand la pâte de ciment rétrécit alors que les granulats se dilatent. De ce fait,
le fluage transitoire provient de la pâte de ciment et il est restreint par le granulat. Il
est principalement dû aux changements de phase moléculaire et de microstructure
qui ont lieu dans la pâte de ciment pendant le chauffage.
– Bažant et Kaplan [97] donnent une autre explication au fluage transitoire dans la-
quelle cet effet est entièrement lié au fluage de dessiccation.
– Selon Schneider [103], ce phénomène s’explique par l’activation du processus de
fluage du béton par la température du fait du départ de l’eau interfolliaire.
– Certains auteurs attribuent également une partie de cet effet à la micro-fissuration
se développant au sein du béton durant le chauffage [104] [105].

3.3 Mécanismes de dégradation


Plusieurs paramètres peuvent influencer les dégradations des structures en béton sou-
mises à des hautes températures :
– la vitesse d’échauffement : plus la vitesse d’échauffement est grande plus le risque
d’éclatement de béton augmente.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
40 Analyse bibliographique

– la localisation des sources de chaleurs.


– la teneur en eau initiale : des essais ont montré que le béton se fissure moins à
l’état sec qu’à l’état humide.
– la composition et la nature du béton : le risque d’éclatement est plus grand dans
le BHP que dans le cas BO car sa perméabilité est plus faible, ce qui rend plus
difficile l’évacuation de vapeur à l’extérieur du matériau. De même, la nature des
granulats a un rôle [12].
– La géométrie de la structure : dimensions, formes...
– Les chargements extérieurs : les contraintes dues aux chargements extérieurs aug-
mentent la probabilité de l’éclatement.
– La position de l’armature dans les structures en béton.

On peut dénombrer quatre mécanismes principaux permettant d’expliquer les dégrada-


tions du béton, influencés par les différents paramètres cités précédemment, que nous
allons à présent détailler.

3.3.1 Transformations chimiques


a) Réactions physico-chimiques intervenant :

L’exposition du béton à une température élevée provoque une dégradation chi-


mique progressive du béton. Les principales réactions physico-chimiques dans le
béton au cours de son échauffement sont regroupées dans le Tab. 1.4 [106].

Ces réactions se caractérisent, sur des courbes de températures différentielles d’ana-


lyse thermique différentielle ATD, par des pics endothermiques et exothermiques
[106]. Ces modifications chimiques de la microstructure du matériau vont donc en-
traı̂ner une modification des propriétés thermiques, hydriques et mécaniques
du béton soumis à ces réactions chimiques.

b) Effet sur les propriétés thermiques :

Nous présentons ci-après à titre d’exemple l’effet de ces dégradations physico-


chimiques sur les propriétés thermiques du béton. L’effet sur les propriétés mécani-
ques sera décrit dans le §4, l’évolution des propriétés mécaniques étant également
lié aux autres mécanismes.

– Conductivité thermique : La conductivité thermique du béton diminue lorsque la


température augmente du fait de la détérioration de la microstructure (voir Fig.
1.19) : les micro-fissures limitent les transferts de chaleur. La teneur en eau, le
type de granulat, le type de ciment et la formulation du béton sont les principaux

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à hautes températures 41

Températures Réactions physico-chimiques


Entre 30 et 120˚C L’eau libre et une partie de l’eau adsorbée s’échappent
du béton. L’eau non liée est complètement éliminée à
120˚C.
Entre 130 et 170˚C Une double réaction endothermique peut avoir
lieu correspondant à la décomposition du gypse
CaSO4 .2H2 O.
Autour de 180˚C (∗) et jus- On a la première étape de la déshydratation. Il y a rup-
qu’à environ 300˚C ture des C-S-H. La chaleur brise les C-S-H et arrache
des molécules d’eau aux silicates hydratés. L’eau liée
chimiquement commence à s’échapper du béton.
A environ 250 et 370˚C On peut avoir de petits pics endothermiques indi-
quant des effets de décomposition et d’oxydation
d’éléments métalliques (ferriques).
Entre 450 et 550˚C Il y a décomposition de la portlandite en chaux libre :
Ca(OH)2 → CaO + H2 O.
Autour de 570˚C (573˚C) Il y a transformation de structures du quartz α en
quartz β, accompagnée d’un gonflement (pour les gra-
nulats siliceux).
Entre 600 et 700˚C Il y a décomposition des phases de C-S-H et for-
mation de β − C2 S. C’est la second étape de la
déshydratation des silicates de calcium hydratés qui
produit une nouvelle forme de silicates bicalciques.
Entre 700 et 900˚C Il y a décomposition du carbonate de calcium. Le cal-
caire se décompose autour de 800˚C en CaCO3 →
CaO + CO2 , réaction fortement endothermique qui
libère du gaz carbonique.
A dessus de 1300-1400˚C Le béton passe à l’état de boue.
(∗) Selon certains auteurs, la déshydratation peut commencer à des températures inférieures.

TAB . 1.4: Les principales réactions physico-chimiques dans le béton à haute température
[106].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
42 Analyse bibliographique

paramètres de cette variation. L’évolution peut-être marquée par une première


légère augmentation d’environ 15 % entre 50 et 90˚C (liée à l’augmentation de
la conductivité thermique de l’eau) avant la diminution dès lors que le béton
commence à perdre de l’eau par évaporation [13].

4
Granulats siliceux
3
Granulats calcaires
3 Granulats légers
λ [W/(m.K)]

0
0 200 400 600 800
T [°C]

F IG . 1.19: Conductivité thermique de différents bétons [8].

– Capacité calorifique apparente : Comparativement à la conductivité thermique,


les variations de cette propriété avec la température sont moins maı̂trisées. Avec
les hautes températures, l’évolution de la chaleur spécifique semble être liée à la
chaleur latente des différentes réactions induites durant le chauffage (départ
d’eau, déshydratation, décarbonisation, transformations de quartz α-β) (voir Fig.
1.20 où l’on distingue le pic due à la décomposition de la portlandite vraisembla-
blement).
L’évolution de la capacité calorifique du béton est principalement reliée à celle
de la pâte de ciment , le type de granulats ayant peu d’influence pour des tempéra-
tures considérées inférieures à 800 ˚C.

– Masse volumique : La figure 1.21 montre l’évolution de la masse volumique pour


trois bétons (dont un béton ordinaire et trois BHP) [107].

Sur cette figure on remarque globalement une baisse légère de la masse volu-
mique entre 100 et 400˚C pour le BO et le BHP. Kalifa et Tsimbrovska [107]
expliquent que cette baisse de la masse volumique est liée aux phénomènes d’hy-
dratation complémentaire des anhydres et de carbonatation.

3.3.2 Gradient de température macroscopique


Lorsqu’une structure en béton est soumise à une élévation de température non uni-
forme, un gradient thermique est alors induit au sein de la structure, qui entraı̂ne des

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à hautes températures 43

1,0
0,9
0,8

Cp [cal/(g.K)]
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
0 400 800 1200
T [°C]

F IG . 1.20: Evolution de la chaleur spécifique d’une pâte de ciment (E/C=0,5) [90].

2,5
M30
M75C
M75SC
M100C
ρ app [g/cm3]

2,4

2,3

2,2
0 100 200 300 400 500
T [°C]

F IG . 1.21: Masse volumique de différents bétons en fonction de la température [107].

déformations différentielles gênées et par conséquent des contraintes thermiques de com-


pression et de traction au sein de la structure (voir figure 1.22).

Ces contraintes (notamment de traction rapidement supérieures, dans un calcul élasti-


que, à la résistance maximale en traction du matériau) ainsi engendrées peuvent induire
de la fissuration de cœur notamment lorsque les gradients thermiques entre la surface et
le cœur de la structure soumise au chargement thermique sont très importants.

3.3.3 Incompatibilités de déformations pâte de ciment/granulats


Nous avons vu au §3.2.1 l’évolution de la dilatation thermique de la pâte de ciment et
des granulats constitutifs du béton. Sur la Fig. 1.23, ces évolutions sont réunies dans un
même graphique.

On peut voir une évolution complètement contradictoire. Durant la montée en tempéra-

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
44 Analyse bibliographique

T σ
Traction

x x

Compression

F IG . 1.22: Mécanisme de dégradation à haute température lié au gradient thermique.

2,0
Granulats
1,5
Dilatation thermique [%]

Pâte de ciment
1,0

0,5

0,0
+ Dilatation
- Contraction
-0,5

-1,0

-1,5

-2,0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
T [°C]

F IG . 1.23: Dilatation thermique de la pâte de ciment et des granulats [9].

ture, les granulats se dilatent de manière continue, alors que la pâte de ciment se dilate
dans un premier temps, puis se contracte fortement.

Ces deux évolutions divergentes créent à l’interface pâte de ciment/granulats des in-
compatibilités de déformations induisant ainsi des contraintes, de traction au sein de la
pâte de ciment et de compression au sein des granulats (voir Fig. 1.24).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Comportement à hautes températures 45

Interface
pâte de ciment / granulat

pdc gr pdc gr
Montée en température

σ
Traction

x
Béton
Compression

F IG . 1.24: Mécanisme de dégradation à haute température lié aux incompatibilités de


déformations à l’interface pâte de ciment/granulats.

3.3.4 Pressions de pores

Lorsque la température augmente, l’eau qui se trouve dans le béton, que ce soit sous
forme libre ou liée, s’évapore. Une partie de cette eau vaporisée s’évacue vers la surface
chauffée et une autre partie migre vers l’intérieur, où la température est encore faible, et
se condense. Elle forme ainsi une zone quasi-saturée quasi-étanche à la vapeur d’eau
(dite ”moisture clog”). C’est à proximité de cet endroit que la pression des gaz atteint son
maximum. Ce pic peut atteindre des valeurs très importantes (de l’ordre du MPa) et induit
des contraintes de traction internes importantes (voir figure 1.25).

Ces pressions de pores importantes sont particulièrement citées comme étant un des
principaux mécanismes (avec celui lié au gradient thermique) menant à l’écaillage (décollement
de couches superficielles de béton de la structure en béton soumise à une élévation de
température) [108].

L’effet de ces pressions de pores est d’autant plus important que la vitesse de montée
en température est importante (l’eau évaporée n’ayant pas le temps de s’évacuer vers
l’extérieur et formant donc un bouchon hydraulique rapidement) et que la perméabilité du
béton est faible.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
46 Analyse bibliographique

T P

x x

Béton Béton sec


partiellement
saturé
Vaporisation

F IG . 1.25: Mécanisme de dégradation à haute température lié aux pressions de pores.

4 Fissuration et endommagement induits


4.1 Description de la fissuration
4.1.1 Séchage à température ambiante

Le retrait de dessiccation est à l’origine durant le séchage d’auto-contraintes induites


à différentes échelles : à l’échelle des hétérogénéités et à l’échelle de la structure.

a) Echelle de la structure :

Le séchage conduit au sein de la structure à des gradients de teneur en eau. Le


retrait étant fonction localement de la baisse de teneur en eau, cela va conduire à un
état d’auto-contrainte [10] [51] qui va comprimer le cœur de l’élément de struc-
ture étudié et tendre la peau. Cet effet de structure est représenté sur la Fig. 1.26.

Les gradients de teneur en eau au sein d’une structure type en béton sont représentés
(a), montrant des gradients très forts au début du séchage, diminuant progressive-
ment dans le temps.
En (b) est représenté l’évolution du retrait libre δε correspondant à une baisse de
teneur en eau locale. Ce retrait est d’autant plus fort que l’on se rapproche de la
peau. En réalité, les déformations sont empêchées, la peau n’étant pas libre de se
déformer librement par rapport au cœur de la structure.
Des contraintes vont donc être induites visualisées en (c). La contrainte maximale

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Fissuration et endommagement induits 47

F IG . 1.26: Effet de structure dû au séchage [10] : a) gradients de teneur en eau dans un
mur qui sèche, b) déformations libres de ”lamelles de mur” fictives, c) état de contrainte
induit et fissuration de peau associée.

de traction est très vite dépassée au niveau de la peau (pour un calcul élastique), ce
qui génère de la fissuration marquée en cet endroit. La fissuration pénètre ensuite
vers le cœur de l’élément selon un réseau parallèle [10].

Cet effet de structure a longtemps été considéré comme représentant la majeure par-
tie de la fissuration liée au retrait de séchage. Des travaux récents ont montré que la
présence d’inclusions rigides constituées par les granulats [17] [26], les grains de
ciment non hydratés ou plus localement les cristaux de chaux génèrerait de nom-
breuses microfissures.

b) Echelle des hétérogénéités :

Le béton est composé d’une part de la matrice rétractante et d’autre part d’inclusions
rigides, comme les granulats, les grains de ciment anhydres ou les cristaux de
chaux les granulats, stables dimensionnellement dans le temps. Ces inclusions vont
empêcher le retrait libre des C-S-H. Ce retrait gêné va ainsi induire des tensions
dans la pâte de ciment qui peuvent dépasser les limites de traction et créer de la
fissuration radiale et périphérique [109] [110] et ainsi influer sur les propriétés
mécaniques du béton [26]. La fissuration n’est donc pas seulement due à l’effet de
structure mais répartie autour des inclusions rigides. Elle est de nature diffuse au
cœur du matériau.

– Influence de la distribution granulaire :

Bisschop et al [110] ont montré que le fait d’introduire des inclusions rigides
(billes de verre dont les propriétés mécaniques sont similaires à celles du sable)
dans une pâte de ciment induisait de la micro-fissuration. La figure 1.27 montre

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
48 Analyse bibliographique

les fissures d’une matrice cimentaire dans laquelle des billes de verre sphériques
de tailles différentes ont été introduites (diamètre variant de 1 à 6 mm).

F IG . 1.27: Effet de la taille des inclusions sur les micro-fissures dues au séchage selon
[110].

Dans la partie basse de la figure sont présentées les orientations et les longueurs
cumulées des micro-fissures, pour chaque cas étudié. On s’aperçoit que plus la
taille du granulat est grande, plus la fissuration est importante et isotrope.
Dans le cas de petits granulats, cette fissuration s’oriente dans la direction du
gradient hydrique et reste superficielle.

– Influence du type de granulat :

La figure 1.28 montre la vue au microscope électronique de mortiers constitués


avec des granulats en granite (a) et en marbre (b), soumis au séchage, pour la
même taille de granulats.

Les résultats montrent une fissuration de la pâte de ciment et de l’interface


pâte de ciment pour le cas de granulats en granite avec des fissures radiales
allant d’un granulat à l’autre. En revanche, pour les granulats en marbre
l’interface pâte de ciment/granulat n’est pas fissurée, il y a des fissures dans la
pâte de ciment qui se prolongent dans les granulats de marbre ou parfois
les fissures sont bloquées lorsqu’elles aboutissent devant les granulats. La
liaison pâte/granulat semble être de bonne qualité, tellement bonne que ce sont
les granulats qui se fissurent.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Fissuration et endommagement induits 49

a) b)

F IG . 1.28: Fissuration due au séchage : (a) Granulats de type granite, (b) Granulats de
type marbre [111].

4.1.2 Hautes températures


La dégradation du béton soumis à haute température peut-être multiple, en fonc-
tion du chargement thermique appliqué (vitesse de montée en température, gamme de
températures, type de béton...) :

a) Micro-fissuration :

Cette micro-fissuration peut être mise en évidence en observant l’évolution de la


porosité avec la température [11] (voir Fig. 1.29).
La température engendre en effet une augmentation du volume total ainsi que de la
dimension des pores. Cette augmentation peut être due à la rupture des cloisons
capillaires sous l’effet de la vaporisation de l’eau durant le chauffage ainsi qu’à
la micro-fissuration engendrée par les dilatations différentielles de la matrice
cimentaire et des granulats [11].

F IG . 1.29: Distribution de la porosité pour un BO chauffé jusqu’à 600 ˚C [11].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
50 Analyse bibliographique

La Fig. 1.30 montre des photos de microscopie électronique à balayage pour des
bétons chauffés jusqu’à 600˚C, comprenant différents types de granulats.

calcaire
calcaire

quartz
g. siliceux

C4AF

a) b)

F IG . 1.30: Fissuration de la pâte de ciment pour un béton M100C chauffé à 600 ˚C : (a)
Granulats calcaires et quartz, (b) Granulats silico-calcaires [12].

On observe différents types de fissuration suivant le type de granulats présents :


des fissures transgranulaires (pour les granulats quartz), des fissures entourant
ces granulats (pour les trois types de granulats), des fissures radiales allant d’un
granulat à l’autre (pour les granulats silico-calcaires). La distribution granulaire
et le type de granulats semble donc avoir un rôle à jouer dans la fissuration du béton
à hautes températures.

Le faciès de fissuration visible à l’échelle macroscopique est lui aussi très dépen-
dant du type de granulats. Pour exemple, sur la Fig. 1.31, on observe un nombre
de fissures plus important et réparti sur toute la surface pour des granulats silico-
calcaires [12].

b) Ecaillage :

La Fig. 1.32 montre l’écaillage observé sur les parois du tunnel sous la Manche
observé après son incendie en 1996. Cet écaillage (décollement des couches super-
ficielles de la structure, situées à proximité de la zone chauffée) est principalement
attribué aux effets du gradient thermique et à la formation de pressions de va-
peur dans le matériau. Cet écaillage dépend du type de béton (il est en effet plus
présent pour les BHP que pour les BO), des conditions de montée en température
(plus la vitesse de montée en température est importante, plus l’écaillage est ob-
servé).

c) Rupture de la structure :

La fissuration peut conduire enfin à la rupture de la structure, plus ou moins com-


plète (voir Fig. 1.33).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Fissuration et endommagement induits 51

F IG . 1.31: Comparaison de l’aspect des fissures observées après chargement thermique


jusqu’à 600˚C : (a) Béton M75C, granulats calcaires ; (b) Béton M75SC, granulats silico-
calcaires [12].

F IG . 1.32: Ecaillage observé lors de l’incendie du tunnel sous la Manche [13].

4.2 Evolution des caractéristiques mécaniques


4.2.1 Séchage à température ambiante
Le séchage (et la micro-fissuration associée) semble avoir un impact non négligeable
sur les propriétés mécaniques. Concernant le module d’Young, la plupart des auteurs
indiquent une diminution avec le séchage du béton, entre 4 et 30 % [112] [113] [114]
[115] [116] [117]. Selon Szcześniak [26], cette diminution est de l’ordre de 80 % entre
100 et 0 % du degré de saturation.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
52 Analyse bibliographique

F IG . 1.33: Rupture de la structure du tunnel du Tauern (Faure et Hemond).

Cependant, il n’y a pas de consensus sur les résistances en traction et en compres-


sion. Brooks et Neville [113], Dantec and Terme [114], Burlion et al. [116], Yurtdas et al.
[117] indiquent une augmentation de la résistance en compression. Wittmann [112], Pih-
lajavaara [118], Torrenti [119], Hanson [120] indiquent une diminution de la résistance en
compression. Szcześniak [26] note lui une augmentation de la résistance en compression
triaxiale quelque soit la taille des inclusions alors que l’effet du séchage n’est pas très
significatif pour la résistance en compression uniaxiale.
Concernant la résistance en traction, Hanson [120] a observé une légère diminution
dans le cas d’essais par fendage. En flexion, Pihlajavaara [118], Fouré [121] et Kanna
et al. [115] ont observé lors du séchage une diminution au début puis une augmentation
progressive jusqu’à une humidité relative de 0 %. Dans le cas d’essais de traction directe,
une diminution est mesurée par Fouré [121] et de Larrard et Bostvironnois [122], suivie
d’une augmentation.
Ces résultats contradictoires peuvent être expliqués par les différents mécanismes qui
interviennent lorsque le béton sèche :
– Du fait du départ d’eau adsorbée, lorsque le béton sèche, la tension superficielle
augmente [112]. Ceci réduit les contraintes de compression internes dans le sque-
lette solide. De ce fait, ce mécanisme tend à augmenter la résistance en compres-
sion.
– Les pressions capillaires augmentent, lorsque le béton sèche. Elles agissent comme
une pré-contrainte. De ce fait, ce mécanisme tend, aussi à augmenter la résistance
en compression et en traction [118].
– La micro-fissuration due au retrait différentiel et empêché par les granulats contri-
bue à une diminution globale des propriétés mécaniques.
L’humidité relative environnante, la température et la taille des éprouvettes testées
influe sur le séchage et donc sur la micro-fissuration du béton.
Szcześniak et al. [26] n’ont pas observé d’influence de la zone de contact de transition
sur la résistance en compression. Par contre, ils suggèrent que cette influence existe sur la
résistance en traction, ce que nous n’avons pas observé dans nos simulations.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Fissuration et endommagement induits 53

4.2.2 Hautes températures

En absence de sollicitations thermiques, le béton se caractérise pour la partie mécani-


que par la résistance à la compression, la résistance à la traction, le module d’Young et
son énergie de fissuration.

Sous l’effet de la température, le béton est un matériau qui s’endommage, il subit


de fortes modifications physico-chimiques qui influencent l’évolution de ses propriétés
mécaniques avec la température.

La déshydratation, les réactions de transformation, la pression dans les pores, la


dilatation différentielle entre la pâte de ciment et les granulats engendrent des effets
importants sur la résistance du béton à haute température.

Les résultats issus de différentes investigations sur le comportement du béton exposé


à des hautes températures, interprètent différemment les évolutions de ces paramètres.

Ces différences ne sont pas dues seulement à la nature et au type du béton mais aussi
aux conditions expérimentales comme la durée et le taux de chauffage et de refroidisse-
ment, la géométrie des éprouvettes, la mesure à chaud ou résiduelle des éprouvettes ...

a) Module d’élasticité :

Beaucoup d’auteurs ont étudié l’influence de la température sur le module d’Young


du béton, à chaud et à froid [11] [123] [12].

On observe clairement sur ces différents résultats une diminution du module avec la
température (e.g. voir Fig. 1.34). On peut voir également sur cette figure l’influence
forte des conditions de tests, les modules obtenus étant plus faibles pour des essais
résiduels que pour des essais à chaud.

Ces différences peuvent s’expliquer par les phénomènes se manifestant durant la


phase de refroidissement :

– le gradient thermique supplémentaire induit durant cette phase (engendrant des


contraintes de signe opposé par rapport à celles apparaissant durant la montée en
température). L’absence de DTT durant le refroidissement (empêche la relaxa-
tion de ces contraintes, voir §3.2.2).

– La formation de portlandite à partir de la chaux produite lors de la déshydratation


(portlandite de volume plus important que cette chaux, d’où une fissuration supplé-
mentaire).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
54 Analyse bibliographique

E[GPa]
M100C f=0.9 "à chaud"
60
M100C f=0.9 "résiduelle"
50

40

30

20

10

0
0 200 400 600 T [°C]

F IG . 1.34: Evolution du module d’élasticité apparent obtenu ”à chaud” et ”en résiduel”
sur un BHP M100C fibré ( f = 0, 9kg/dm3 ) [12].

b) Coefficient de Poisson :

Peu de chercheurs se sont intéressés à l’évolution en fonction de la température du


coefficient de poisson ν des bétons.

La Fig. 1.35 montre l’évolution de ce coefficient de poisson déterminé par Maréchal


[124] pour le BO et qui diminue en fonction de la température de 0,28 à température
ambiante pour une valeur de 0,1 à 400˚C. Cette diminution est le résultat de la
rupture des liaisons internes à la microstructure et du développement de la micro-
fissuration au cours du chauffage. D’autre part, les essais réalisés sur plusieurs
cycles de chauffage et de refroidissement indiquent que ce coefficient retrouve sa
valeur initiale. En dehors de ces études, ce coefficient est généralement pris égal à
0,2 pour le béton.

c) Energie de fissuration :

L’évolution de l’énergie de fissuration G f en fonction de la température est mal


connue. On dénombre peu de recherches sur le sujet. Ces travaux montrent une
forte dispersion des résultats vu la sensibilité de l’énergie de fissuration à plusieurs
paramètres physiques (voir Fig. 1.36).

Il n’y a pas de consensus sur le sens de variation de G f . Heinfling [126]par exemple


a constaté une augmentation de G f en fonction de la température contrairement à
Bazant et Prat [125].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Fissuration et endommagement induits 55

F IG . 1.35: Evolution du coefficient de Poisson en fonction de la température pour un


béton ordinaire [124].
2
1.8
Baker (1996), Fast cooling
1.6
Gf(T)/Gf(20°C)

1.4
Heinfling & Baker (1997)
1.2

1
0.8
0.6 Bazant (1988), dry concrete
0.4
0.2 Bazant (1988), Moist concrete
0
0 100 200 300 400 500 600

Temperature [°C]

F IG . 1.36: Evolution de l’énergie de fissuration relative en fonction de la température


[125] [126].

d) Comportement en compression :

On constate sur la Fig. 1.37 que la courbe contrainte-déformation en compression


est affectée par la température. On observe :
– Une baisse de rigidité du matériau quand la température augmente (diminution
du module d’élasticité, voir §précédent).
– Une augmentation de la ductilité et de la déformabilité du béton.
On peut, entre autre, constater :
– Une baisse importante du module d’Young à partir de 500˚C.
– Un changement important de la partie post-pic au delà de 300-400˚C.
– Une ductilité importante du béton au delà de 450 ˚C.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
56 Analyse bibliographique

F IG . 1.37: Courbes contrainte-déformation en compression à différentes températures


pour un béton ordinaire [101].

e) Résistance en compression :

La résistance en compression à haute température dépend essentiellement de la


composition initiale du matériau (type de granulat, rapport E/C, liants, ajouts...).
Plusieurs chercheurs ont étudié l’influence de la température sur la résistance à la
compression [106] [11] [12].
On doit distinguer les essais réalisés à chaud et ceux réalisés après refroidisse-
ment (résiduels). En effet, l’expérience montre que les éprouvettes à chaud ont
une résistance en compression plus importante que les éprouvettes refroidies.
Les résistances à chaud présentent une augmentation entre 100 et 300 ˚C. Cette
augmentation de résistance peut être expliquée d’une part par l’augmentation du
processus de chauffage et d’autre part par la rigidification de la microstructure de
la pâte de ciment due au départ d’eau adsorbée.
Au delà de 200˚C, le béton est complètement sec, la résistance en compression
diminue progressivement en fonction de la température.
Ces constatations peuvent être faites en particulier sur les courbes expérimentales
de Harada et al. (voir Fig. 1.38).
D’autres travaux (e.g. [103] [12]...) ont montré les mêmes variations de la résistance
résiduelle à la compression en fonction de la température.

f) Comportement en traction :

Les essais de traction sont très difficiles à mettre en oeuvre mais permettent l’évalua-
tion de l’énergie de fissuration G f à haute température.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Fissuration et endommagement induits 57

F IG . 1.38: Rapport des résistances en compression à chaud et résiduelles sur la résistance


initiale (à froid) en fonction de la température [127].

Les courbes contrainte-déformation d’essais de traction sont plus influencés


par la température que pour un essai de compression (voir Fig. 1.39).

F IG . 1.39: Comportement du béton en traction (contrainte-ouverture de fissure) à


différentes températures (Felicitti et al., 1998).

Il est à noter que ces courbes montrent bien l’augmentation de l’aire sous la
courbe au delà de 250˚C et la chute de la résistance en traction en fonction
de la température.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
58 Analyse bibliographique

g) Résistance en traction :

L’évolution de la résistance en traction en fonction de la température n’a pas été


étudiée aussi souvent que celle de la résistance en compression (compte tenu de la
difficulté de réalisation de ces essais).

La Fig. 1.40 regroupe les résistances en traction déterminées par différents auteurs
(à chaud, à froid, en traction directe ou par fendage...).

120
Fe lice tti et al. 199 5

Felicetti, 95MPa direct residual

EUROCOD Felicetti 72MPa, direct residual


DTU
100
Noum owé, 19 96

BO-direct "residual"

BHP-direct "residual"
80
f tT /f t20[° C ][%]

BO-spliting "residual"

BHP - spliting "residual"

T helander s son, 1971


60
fc=21MPa, splitting "Hot"
HITECO
fc=21MPa, splitting "Residual"

fc=40 MPa, splitting "Hot"


40
fc=40 MPa, splitting "Residual"

HIT E C O, G ambar ova, F elice tti,


Thelandersson, 1971 Khour y
HPC, direct "Hot"
20
Felicetti et al. 1995
CRC direct "Hot"

RPC direct"Hot"

0 Codes

0 200 400 600 800 1000 DTU

T empér atur e [°C] EUROCODE

F IG . 1.40: Evolution de la résistance en traction en fonction de la température [123].

Globalement, on constate une chute de la résistance en traction avec la température


(avec quelques augmentations constatées pour certaines gammes de températures
et d’essais). On remarque de plus que toutes les valeurs déterminées se situent au-
dessus de celles du DTU. Hager [12] observe par contre une augmentation de la
résistance en traction avec la température (sur des essais de traction directe).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Stratégies de modélisation 59

5 Stratégies de modélisation
5.1 Description de la fissuration
Le béton a un comportement complexe, difficile à représenter. Cette difficulté est liée
notamment à la forte hétérogénéité du béton.
De plus selon la nature et l’intensité de la sollicitation à laquelle il est soumis, le
béton se déforme de manière complexe en faisant intervenir une ou plusieurs combinai-
sons de mécanismes élémentaires : élasticité, endommagement, glissement, frottement,
fissuration... d’où les difficultés dans le choix de modélisation à adopter pour prédire son
comportement.

On peut distinguer deux grandes catégories de modélisations pour décrire la fissu-


ration induite dans le béton sous un chargement donné (séchage, hautes températures,
chargement mécanique...) :

– Les modèles de fissuration discrète : Ce sont les premiers modèles qui ont été
utilisés pour le béton. Les fissures sont modélisées par une séparation entre les
frontières d’éléments originiellement connectés.
– Les modèles de fissuration répartie : Ce concept de fissuration répartie est apparu
ultérieurement. Le béton fissuré est considéré comme un milieu continu. La des-
cription de la fissuration est prise en compte dans les relations entre contraintes
et déformations.

Ces deux approches s’avèrent complémentaires et leur utilisation conjointe permet-


trait de décrire la réalité physique plus finement. En effet, les exemples de la littérature
expérimentale sur la fissuration du béton sous chargement quelconque nous montrent (et
particulièrement pour les deux cas d’études traités ici : séchage et hautes températures)
qu’il existe d’une part des macro-fissures très nettes (qui séparent par exemple les gra-
nulats de la pâte de ciment, ainsi que dans la pâte de ciment) et d’autre part des micro-
fissures diffuses réparties de manière plus diffuses dans le volume du béton.
Les modèles continus pourraient alors être utilisés tant que la fissuration est en deçà
d’un certain seuil d’ouverture, après quoi la fissuration discrète serait créée.

5.1.1 Modèle de fissuration répartie

Ce type d’approche est la plus répandue aujourd’hui, car elle permet de garder le
maillage originel et n’impose pas de contraintes à priori sur l’orientation des fissures.
La description de la fissuration est donc prise en compte par l’intermédiaire des lois
définissant les relations contraintes-déformations.

Plusieurs types de modèles de fissuration répartie existent pour le béton, ayant chacun
leurs spécificités.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
60 Analyse bibliographique

– Les modèles élasto-plastiques :

La théorie de la plasticité est orginellemnet développée pour modéliser les matériaux


ductiles comme les métaux. Elle a ensuite été modifiée et appliquée aux matériaux
fragiles comme le béton.
A tout modèle élasto-plastique est associé un critère de plasticité qui définit le
domaine d’élasticité (dans lequel le comportement du matériau reste réversible) et
le domaine plastique. Plusieurs critères existent adaptés pour le béton, tels le critère
de Drucker-Prager, associé ou non au critère de Rankine.
Les modèles élasto-plastiques prédisent des déchargements et rechargements avec
conservation de la raideur (voir Fig. 1.41).

F IG . 1.41: Courbe σ-ε du modèle élasto-plastique de base.

Pour les matériaux fragiles ou quasi-fragiles comme le béton cette hypothèse


fondamentale de l’approche élasto-plastique n’est pas correcte seule. En effet, les
non-linéarités sont causées par l’initiation et la croissance de micro-fissures qui
mènent à la décohésion comme indicateur du processus de dégradation de la rai-
deur [128].

– Les modèles d’endommagement :

On associe à ces modèles une variable d’endommagement associée aux proces-


sus de dégradation du béton et interprétée comme la densité de surface des défauts
[31] [129].
Cette variable D est définie comme le ratio de l’aire occupée par les microfissures
générées sur l’aire totale. Cette variable varie donc entre 0 et 1 (qui correspond
à une fissure totale sur toute la surface du matériau). Les contraintes locales sont
redistribuées sur le matériau sain (non fissuré) et les contraintes effectives σ̃ sont
donc supérieures aux contraintes nominales σ (voir Fig. 1.42).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Stratégies de modélisation 61

Matériau Matériau
sain endommagé
Contraintes Contraintes
apparentes effectives
σ σ σ~
Partie
saine

Partie
fissures endommagée
~ ~
S =S S = S ×(1 − D )

Aire apparente Aire effective variable d’endommagement

F IG . 1.42: Définition de la variable d’endommagement mécanique D.

Les microfissures sont en théorie capables de se refermer lorsque le matériau


est rechargé en sens inverse dans les premiers modèles d’endommagement mis en
place, ce qui conduit à une allure de la courbe σ-ε décrite sur la Fig. 1.43.

F IG . 1.43: Courbe σ-ε du modèle d’endommagement de base.

De nombreux modèles d’endommagement associés avec les autres phénomènes


non-linéaires ont été élaborés pour traiter les différents phénomènes liés au com-
portement complexe du béton.

On peut citer en premier lieu le modèle de Mazars [30] le plus connu. Le point
particulier de ce modèle est d’utiliser le critère de déformation comme critère
de fissuration en introduisant la notion de déformation équivalente. Le modèle
prend en compte la dissymétrie du comportement du béton (entre compression
et traction).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
62 Analyse bibliographique

Cependant, il ne tient pas compte des autres phénomènes liés au comportement


du béton, comme l’irréversibilité de la déformation, l’anisotropie et l’effet uni-
latéral, ce qui limite son domaine de validité.

D’autres modèles d’endommagement peuvent également être cités, tels le modèle


de La Borderie [130], où l’énergie de Gibbs est utilisée comme potentiel. Ce
modèle étant isotrope avec deux scalaires d’endommagement permet d’intro-
duire l’effet unilatéral selon le changement de signe de contrainte et la partie
anélastique de déformation. Les potentiels ainsi que les surfaces de charge sont
continus et convexes, ce qui assure une stabilité numérique.
Cependant le tenseur de déformation anélastique reste toujours sphérique, ce qui
implique que la déformation résiduelle ne dépend pas du cisaillement, ce qui
peut constituer une limitation de ce modèle, dans la mesure où le rôle du cisaille-
ment peut être prépondérant dans la génération des déformations irréversibles.

– Les modèles élasto-plastiques endommageables :

Afin d’allier les avantages de la théorie de l’endommagement (modélisation des


effets de la micro-fissuration sur la rigidité du matériau au niveau macroscopique)
et de la théorie de la plasticité (modélisation des déformations irréversibles ou per-
manentes), un certain nombre de modèles couplés plasticité-endommagement ont
été développés, avec des couplages plus ou moins forts entre les deux théories
dans les modélisations mises en place. On peut citer comme modèle celui de La-
borderie [130], de Ju [129], de Benboudjema [131]...
On obtient alors le type de comportement indiqué sur la Fig. 1.44.

F IG . 1.44: Courbe σ-ε du modèle d’endommagement élasto-plastique de base.

Bien d’autres modèles existent encore basés plus ou moins partiellement sur les précé-
dents. Il est à noter que les différences entre les différents modèles sont liées notamment
à la prise en compte ou non de l’anisotropie induite, des déformations inélastiques, de
la dilatance...

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Stratégies de modélisation 63

Dans les travaux réalisés, deux types de modèles ont été testés, afin de regarder leur
influence sur le comportement du béton : un modèle d’endommagement élastique isotrope
EEI et un modèle d’endommagement élasto-plastique orthotrope EPEO (voir chapitre 2).

Remarque sur les problèmes de localisation :

La plupart des modèles numériques développés pour le comportement mécanique du


béton suppose le matériau homogène et continu. Bien que cette hypothèse soit valable
compte tenu de l’échelle d’observation adoptée, le béton présente à l’échelle microsco-
pique une forte hétérogénéité (répartition aléatoire des constituants de taille diverses,
présence de micro-fissures et de vides).
Comme nous l’avons déjà évoqué, la rupture provient d’une dégradation progressive
du matériau due à l’évolution des défauts de la microstructure et se traduit, à l’échelle
macroscopique, par un comportement adoucissant (diminution de la contrainte accom-
pagnée d’une augmentation de déformations) favorisant l’apparition des phénomènes de
localisation des déformations.
Plusieurs modèles de comportement ont été proposés (e.g [132]), constituant ce que
l’on appelle des limiteurs de localisation (permettant d’enrichir la description mécanique
du milieu (pour une meilleure description des états non homogènes de déformations et
pour préserver la nature mathématique du problème mécanique).

5.1.2 Modèle de fissuration discrète


Les modèles de fissuration discrète considèrent la fissure comme une discontinuité
géométrique. Les fissures sont modélisées par une séparation entre les frontières d’élé-
ments connectés à l’origine.

Cette approche nécessite donc un changement continu des connexions entre nœuds.
Dans les premières versions, la fissure devait suivre un chemin prédéfini le long des
frontières des éléments. Des techniques de remaillage automatique ont permis par la
suite de modéliser des fissures qui divisent un élément du maillage initial. Dans cette ap-
proche, des éléments d’interface sont nécessaires entre les éléments de béton une fois
la fissure formée, pour rendre compte du comportement de la fissure dans ses différents
modes (ouverture/refermeture et glissements).

De nombreux types de modèles existent, notamment utilisés au Laboratoire de Méca-


nique et Technologie (méthodes XFEM, modes incompatibles, méthode LATTICE...).

La méthode XFEM est une méthode d’enrichissement cinématique des éléments [133].
Elle permet de modéliser la présence d’une fissure sans tenir compte du maillage de la
structure. Le calcul de l’évolution et de la propagation de la fissure est mené sur une
discrétisation indépendante de celle du calcul de structure. Les deux discrétisations sont

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
64 Analyse bibliographique

cependant reliées : les contraintes calculées sur la structures fissurées régissent l’évolution
de la discontinuité et inversement l’évolution de la discontinuité affecte celle des contrain-
tes déformations et variables cinématiques. La méthode XFEM a pour avantage de per-
mettre la représentation de fissures continues. Par contre, le nombre de degrés de libertés
augmente lorsque la fissure s’ouvre, ce qui induit une taille du problème de plus en plus
importante.

La méthode des modes incompatibles [134] est plus ancienne que la méthode XFEM .
Elle ne permet par contre que la réalisation d’une fissure discontinue. Elle a pour avantage
par contre de ne pas augmenter la taille du problème.

La démarche de la méthode Lattice [135] porte plus loin encore l’approche de discréti-
sation puisque c’est l’ensemble du maillage qui est modélisé de manière discrète, avec des
liaisons entre chaque ”grain” constitutif de la structure qui peut être rompu sous sollicita-
tion.

5.2 Prise en compte de l’hétérogénéité


Pour prendre en compte l’hétérogénéité du matériau béton, plusieurs approches sont
possibles :
– L’utilisation d’une homogénéisation numérique.
– L’utilisation d’un modèle macroscopique phénoménologique.
– L’utilisation d’une homogénéisation analytique.

5.2.1 Homogénéisation numérique


– Maillage explicite ou adapté :

Le maillage représente explicitement les différentes phases constitutives du matériau,


en définissant les propriétés de chacune de ces phases. L’homogénéisation des pro-
priétés pour le matériau à l’échelle macroscopique se fait de manière numérique
lors des simulations.

La morphologie des inclusions mises en place dans la matrice initiale du maillage


peut-être diverse et doit reproduire au mieux la morphologie réelle du matériau et de
ses inclusions. Diverses méthodes de représentations sont envisageables (e.g. Fig.
1.45).

Une difficulté liée à ces maillages explicites concerne la gestion de l’interface entre
les différentes phases en présence.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Stratégies de modélisation 65

F IG . 1.45: Exemples de maillages explicites [14].

Cette méthode est également limitée par le nombre d’éléments finis importants
nécessaires pour la réalisation des maillages multi-phasiques. La taille des struc-
tures est donc limitée (études à l’échelle d’éprouvettes).

Une façon de compenser cette dernière difficulté est d’utiliser des maillages réguliers.

– Maillage régulier :

Les maillages réguliers (e.g. Fig. 1.46 [15]) [94] [136] se basent sur une maille
régulière (en général carrée) et s’affranchissent des interfaces physiques entre les
phases.

F IG . 1.46: Exemple de maillage régulier [15].

Les avantages sont la facilité de préparation et le gain en temps de calculs. En re-


vanche, il est nécessaire de développer des éléments enrichis permettant de représen-
ter des interfaces au sein des éléments.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
66 Analyse bibliographique

5.2.2 Modèle macroscopique phénoménologique


On peut citer comme exemple les travaux de Hubert [21], avec réalisation d’un modèle
d’endommagement hydrique isotrope pour décrire la fissuration due aux incompatibilité
de déformation entre la pâte de ciment et les granulats lors du séchage.

5.2.3 Homogénéisation analytique


Cette technique est limitée aux calculs élastiques (qui peuvent être résolus analytique-
ment). Pour exemple, on peut citer les méthodes d’homogénéisation analytique du module
d’Young d’un modèle matériau de type trois phases (tels le béton : pâte de ciment, gra-
nulats, auréole de transition) (e.g. [16]). Plus de détails sur ce modèle seront donnés au
chapitre 3 §2 où il sera utilisé, afin d’introduire la problématique.
Des études ont également été réalisées pour le fluage [16] [137], le retrait de dessic-
cation [16] [138].

5.3 Synthèse sur les travaux de modélisation de la littérature


5.3.1 Température ambiante
A l’échelle macroscopique, de nombreux papiers traitent de la modélisation de la fis-
suration due au séchage (e.g. Alvaredo et Wittmann [139], Bažant et Xi [72], Hubert et
al. [21], Meschke et Grasberger [140], Burlion et al. [116]). Cependant, ils ne soulignent
pas l’effet du fluage ou du type de modèle de fissuration.

A l’échelle mésoscopique, seuls les travaux de Hubert [21] décrivent, à notre connais-
sance, la fissuration due aux incompatibilités de déformation entre pâte et granulats lors
du séchage.
Hubert propose de prendre en compte l’endommagement hydrique Dh (qui affecte de
la même façon le module d’Young et la résistance) à partir d’une relation linéaire avec la
teneur en eau. Cependant, même s’il arrive à déterminer l’évolution de la dégradation du
module d’Young de manière correcte par cette approche, en réalité plus la teneur en eau
décroı̂t, plus le retrait de la pâte de ciment augmente et donc plus l’endommagement lié
aux incompatibilités est important. Cette évolution linéaire n’est donc pas justifiée.
On peut aussi citer des travaux plus anciens sur le béton numérique [20]. Ces travaux
étaient cependant uniquement qualitatifs.

5.3.2 Hautes températures


A l’échelle macroscopique, de nombreuses études existent. L’approche de Gawin, Dal
Pont, Schrefler [141], [142], [143] consiste à prendre en compte tous les phénomènes
intervenant par un modèle Thermo-Hydro-Chimio-Mécanique T-H-C-M, en utilisant le

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Stratégies de modélisation 67

modèle d’endommagement isotrope de Mazars [30]. Cette modélisation introduit un grand


nombre de paramètres.
Le modèle d’Alnajim [54] s’appuie également sur une approche T-H-C-M, mais prend
en compte un modèle orthotrope pour décrire la fissuration.
Le modèle de Nechnech [144] tient compte uniquement d’un modèle thermique clas-
sique (comme celui que nous utiliserons), mais utilise un modèle mécanique élasto-plas-
tique isotrope.
L’originalité de la modélisation T-H-M de Sabeur [145] est de tout lier au degré de
déshydratation plutôt qu’à la température, ce qui se justifie par le fait que la déshydratation
est liée à la cinétique d’évolution de la température [146].
Ulm et al. [147] utilise un modèle T-C-M de type élasto-plastique pour la partie
mécanique.
De nombreux modèles existent donc à cette échelle, mais encore faut-il savoir quel
choix faire entre ces différents modèles notamment pour la partie mécanique.

A l’échelle mésoscopique, on peut citer les travaux de Menou [94], Grondin [15],
utilisant des maillages réguliers. Une bonne prédiction des dégradations liées aux incom-
patibilités de déformations entre pâte et granulats est obtenue, mais la séparation vis à vis
des autres mécanismes de dégradations intervenant (gradient thermique, physico-chimie)
n’est pas effectuée.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
68 Analyse bibliographique

6 Conclusions du chapitre
Ce chapitre fait le point sur le comportement à température ambiante et à hautes
températures du béton et sur les mécanismes à l’origine de la fissuration dans ces deux
cas. Il montre le rôle plus particulièrement joué par les granulats dans les mécanismes de
fissuration, que ce soit pour le cas du séchage, comme des hautes températures. En effet,
ils sont à l’origine de déformations différentielles à l’interface pâte de ciment/granulat et
génèrent ainsi des contraintes différentielles pouvant amener à la fissuration dans cette
zone.

De plus, dans le cas du séchage et à hautes températures, des gradients de déformation


sont générés, qui induisent une fissuration macroscopique. Ainsi, il nous semble judicieux
de séparer les effets des gradients et des incompatibilités de déformations dans le proces-
sus de fissuration des bétons lors du séchage ou à hautes températures.

De plus, à notre connaissance, aucune publication scientifique ne permet de voir quel


modèle mécanique (de fissuration répartie) est à utiliser pour décrire correctement les
endommagements liés aux gradients de déformation. Nous avons donc implanté dans
Cast3M un modèle d’endommagement (basé sur celui de Mazars [30] et un modèle
élasto-plastique endommageable (basé sur celui de Benboudjema [85]), afin de dégager
le modèle le plus pertinent.

Nous avons dans nos travaux des modèles de fissuration répartis pour leur simpli-
cité d’implantation dans un code dont nous avons une expérience importante. De plus,
ils permettent de reproduire les comportements observés lors du séchage ou à hautes
températures. D’autre part, ils sont adaptés dès lors que nous ne considérons pas de char-
gement mécanique très sévère (en se limitant aux zones en deçà du pic).
Les modèles discrets constituent une alternative appréciable, dès lors qu’on s’intéresse
à prédire les ouvertures de fissures (par exemple pour estimer les propriétés de transfert).

Le choix du maillage explicite, qui augmente fortement les temps de calcul, est assuré
dès lors que nous nous limitons à un nombre restreint de simulations numériques. Tou-
tefois, ce choix ne nous permet pas de rendre compte parfaitement de la granulométrie
utilisée dans les bétons.

Le prochain chapitre est consacré à la présentation des modèles utilisés pour appréhen-
der le comportement du béton soumis à un séchage (chapitre 3) ou à haute température
(chapitre 4).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Chapitre 2

Modélisation adoptée

Dans ce chapitre est présentée la démarche de modélisation


adoptée durant la thèse pour aborder l’étude du comportement
hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton.
Dans un premier temps sont présentés les mécanismes de
transfert de masse et de chaleur nécessaires à la prédiction
du comportement du béton respectivement à température
ambiante et à hautes températures. Puis les déformations
différées issues de ces précédents mécanismes sont introduites.
Les deux modèles de fissuration utilisés et comparés durant
la thèse sont ensuite définis. Enfin, la démarche de prise en
compte de l’hétérogénéité est explicitée.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Sommaire
1 Transfert de masse et de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
1.1 Séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
1.2 Transfert de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2 Déformations ”différées” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2.1 Sans chargement mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2.2 Sous chargement mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3 Fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.1 Modèle d’endommagement élastique isotrope . . . . . . . . . . . . 77
3.2 Modèle élasto-plastique endommageable orthotrope . . . . . . . . 78
4 Prise en compte de l’hétérogénéité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.1 Approche adoptée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.2 Génération des maillages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.3 Validation de l’approche mésoscopique . . . . . . . . . . . . . . . 85
5 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Transfert de masse et de chaleur 71

1 Transfert de masse et de chaleur


1.1 Séchage
Comme nous l’avons vu dans la bibliographie (chapitre 1 §2.1), le séchage dans les
matériaux cimentaires est un phénomène très complexe.

Pour un séchage ”naturel” (c’est à dire à température ambiante), il semble raisonnable


de faire les hypothèses suivantes [50] [140] :

– L’effet de la vitesse de déformation du squelette solide est négligé, ainsi que la dif-
fusion et la convection (vv = va = 0), dans le processus de transport d’eau et d’air.

– La pression de gaz (vapeur et air sec) est peu différente de la pression atmosphérique
lors du séchage [50], et est négligeable par rapport à la pression de l’eau liquide (elle
est de l’ordre de -96 MPa à 50 % HR). Ainsi, la pression capillaire pc est assimilée
à la pression de l’eau liquide pl .

La vitesse de l’eau liquide s’écrit alors en utilisant la loi de Darcy :

Kkrl (Sl ) −−→ Kkrl (Sl ) −−→


Sl φvl = − .grad(pl ) = − .grad(pc ) (2.1)
µl µl
Où K est la perméabilité intrinsèque (à l’eau liquide), krl est la perméabilité relative à
l’eau liquide (elle traduit la diminution de la cinétique de séchage lorsque le degré de
saturation diminue).

En utilisant alors les Eq. 1.1 (de conservation de la masse, citées dans le chapitre 1) et
2.1, ainsi que les hypothèses précédentes, on obtient l’équation suivante :

∂Sl ∂pc K
= div(krl (Sl ) .grad(pc )) (2.2)
∂pc ∂t µl φ
Le degré de saturation est relié à la pression capillaire à l’aide du modèle de van
Genuchten [68] :
1
pc (Sl ) = a(Sl−b − 1)1− b (2.3)
Où a et b sont des paramètres matériaux. Il est à noter que ce modèle a été élaboré pour
les sols, mais qu’il a été utilisé à plusieurs reprises avec succès pour le béton ([53], [140]).

La perméabilité relative est reliée au degré de saturation par le même modèle :


1
Sl [1 − (1 − Slb ) b ]2
p
krl (Sl ) = (2.4)

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
72 Modélisation adoptée

1.2 Transfert de chaleur


La description du comportement thermique du béton se base sur l’équation d’équilibre
énergétique ou équation de la chaleur :

∂T
+ [φSl ρl C pl vl−s + φ(1 − Sl )(ρvC pv + ρaC pa )vg−s ].gradT + divq
(ρC p )e f f ×
∂t (2.5)
= −(ṁ∆H)vap − (ṁ∆H)deshyd

où C pe f f représente la capacité calorifique effective du matériau. q est le flux de chaleur


transféré par conduction.
C px représente la capacité calorifique en constituant x présent dans la porosité du
matériau (avec x = l pour l’eau liquide et x = v pour l’eau vapeur et x = a pour l’air
sec).
vx−y représente la vitesse relative de la phase x par rapport à la phase y.
Enfin, (ṁ∆H)vap et (ṁ∆H)deshyd représentent respectivement les quantités de cha-
leur de vaporisation de l’eau utilisée et de déshydratation produite durant la montée en
température du matériau.

Pour simplifier l’étude à hautes températures, les transferts de masse (eau et air) n’ont
pas été pris en compte en considérant que pour des vitesses de montée en température
relativement faibles (de l’ordre de 1 ˚ C/min), ces effets sont négligeables.

L’équation simplifiée de la chaleur utilisée durant ces travaux de thèse est donc la
suivante :

ρ(T ) × [C(T )]app × Ṫ = ∇[λ(T ).∇T ] (2.6)


où Capp et λ représentent respectivement la capacité calorifique apparente et la conducti-
vité thermique du matériau.

Cette approche a été utilisée par de nombreux auteurs [144] et est également proposée
par l’EUROCODE 2.

2 Déformations ”différées”
2.1 Sans chargement mécanique
2.1.1 Retrait de dessiccation
La modélisation du retrait de dessiccation adoptée est basée sur le mécanisme de pres-
sion capillaire, qui semble être prédominant dans la gamme d’humidité relative courante
50-100% [5]. Le cadre de la modélisation est celui de la mécanique des milieux poreux
non saturés (voir chapitre 1 §2.2.2).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Déformations ”différées” 73

La pression capillaire pc est obtenue à partir de la loi de Kelvin : la phase gazeuse (air
sec et vapeur d’eau, pression pg ) est supposée en équilibre avec la phase liquide (pression
pl ) :

ρl RT
pc = pl − pg = ln(h) (2.7)
Mw
Où R est la constante des gaz parfaits, T la température absolue, h l’humidité relative et
Mw la masse molaire de l’eau.

La pression capillaire est supposée agir à une échelle macroscopique sur le squelette
solide, par le biais d’une pression de pore psol (l’effet de la pression de gaz est négligée,
voir Fig. 2.1) :

psol = αrd Sl pc (2.8)


Où αrd est un coefficient d’homogénéisation, qui peut être identifié à partir de l’évolution
de la déformation de retrait de dessiccation.

pg
Gaz (Air + eau
1-Sl
squelette solide

vapeur)
Pore
capillaire

pl Sl
eau liquide

F IG . 2.1: Pression capillaire.

La déformation de retrait de dessiccation εrd peut alors être calculée, sous forme
incrémentale, à partir de la relation suivante (assez proche de celle utilisée par [53]) :

1 − 2ν
dεrd = αrd Sl d pc 1 (2.9)
E

2.1.2 Déformation thermique


La déformation thermique libre isotrope induite par le chargement thermique est définie
classiquement comme suit :

ε̇t = α(T ) × Ṫ .1 (2.10)


où α est le coefficient de dilatation thermique dépendant de la température.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
74 Modélisation adoptée

2.2 Sous chargement mécanique


2.2.1 Fluage propre
Nous avons utilisé dans nos travaux, par souci de simplification des chaı̂nes de Kelvin-
Voigt (voir Fig. 2.2). L’utilisation de tels éléments donne une formulation directe pour
le calcul des évolutions de déformations, contrairement aux chaı̂nes de Maxwell par
exemple, qui nécessitent l’utilisation d’un algorithme (tel que l’exponential algorithm
proposé par [148]).
L’inconvénient de ce type de modèle est qu’il ne peut pas reproduire le caractère
irréversible des déformations après déchargement (à peu près 60-70 % des déformations
de fluage propre sont irréversibles).
De plus, l’effet de l’humidité relative sur la déformation de fluage propre n’a pas été
considéré.

1
ηbc ηbcn

σ~ σ~

1
kbc kbcn

F IG . 2.2: Modèle de fluage propre.

Considérons une chaı̂ne de Kelvin-Voigt i. La déformation de fluage propre εibc (t) est
calculée après résolution de l’équation différentielle suivante :

ηibc ε̇ibc (t) + kbc


i i
εbc (t) = σ̃(t) (2.11)
Où σ̃(t) est la contrainte effective, εibc (t) est la déformation élémentaire de fluage propre,
i est la rigidité et ηi est la viscosité associée à la chaı̂ne de Kelvin-Voigt i. Le temps
kbc bc
ηi
caractéristique est défini par τibc = kibc .
bc
La déformation de fluage propre est obtenue en sommant les déformations élémentaires :

εbc (t) = ∑ εibc (t) (2.12)


i
Il est bien connu que l’âge affecte considérablement le fluage propre du béton (e.g.
[148]). Il est à souligner que cet effet de l’âge n’est pas considéré dans notre étude. Néan-
moins, le modèle de fluage propre présenté est uniquement utilisé pour un âge spécifique
du chargement. Si un âge différent de chargement est considéré, les paramètres du modèle
devraient être de nouveau identifiés. Le modèle est étendu en 3D en supposant que le
coefficient de Poisson de fluage propre est égal au coefficient de Poisson élastique.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Déformations ”différées” 75

2.2.2 Fluage de dessiccation


Comme nous l’avons vu dans la bibliographie (chapitre 1 §2.4), deux mécanismes
expliquent le fluage de dessiccation du béton. Le premier est l’effet de micro-fissuration
[72] : il est pris en compte ici, puisqu’un modèle de fissuration est utilisé. Le second
mécanisme, intrinsèque, est modélisé à l’aide de l’équation suivante [84] :

ε̇dc = µ|ḣ|σ̃ (2.13)


Où εdc est la déformation de fluage de dessiccation et µ un paramètre matériau.

De même que pour le fluage propre, nous considérerons que les fluages de dessiccation
en compression et en traction sont identiques, faute de données exploitables. De plus,
nous considérons un coefficient de Poisson de fluage de dessiccation égal au coefficient
de Poisson élastique.

2.2.3 Déformation thermique transitoire


Comme cela a été vu dans la bibliographie (chapitre 1 §3.2.2), la modélisation des
déformations thermiques transitoires pour des chargements couplés thermo-mécaniques
fait l’objet de diverses études. Durant la thèse, deux types de modèles ont été successive-
ment utilisés, basé sur la formulation suivante du taux de déformation thermique transi-
toire :

β
ε̇tm
ij = × [(1 + νc )σ̃i j − νc σ̃kk δi j ] × hṪ i+ (2.14)
fc0
où fc0 est la résistance en compression uniaxiale à température ambiante, νc est le coeffi-
cient de Poisson de déformation transitoire (pris égal au coefficient de Poisson élastique
dans nos travaux) et β est le coefficient de DTT uniaxial. σ̃ représentent les contraintes
effectives et hi+ est l’opérateur de calcul de la partie positive.
Le premier modèle introduit [149] considérait un modèle linéaire, utilisant un pa-
ramètre β constant.Pour améliorer la description des déformations thermiques transitoires,
un modèle non linéaire [150] a ensuite été retenu, considérant une expression bi-linéaire
de β (voir eq. 2.15) :

½ ∗
2A × T + B pour 0 ≤ T ≤ T
β(T ) = 0.01 × ∗ ∗ ∗
2C(T − T ) + 2A × T + B pour T ≥ T
(2.15)
(T − 20)
avec T= et T ∗ = 470 ˚C
100

Où T est la température adimensionnelle de transition entre les deux expressions. La

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
76 Modélisation adoptée

formulation reste simple avec trois paramètres nécessaires : A et B gouvernant la partie


itiniale et C la partie suivante de la relation εtm = f (T ).
La simplicité du modèle est également obtenue en considérant une relation de pro-
portionnalité directe avec le niveau de contraintes effectives (contrairement au modèle de
Schneider [101] où εtm est une fonction non linéaire de la contrainte).
En adoptant la notation de Voigt, l’équation 2.14 s’écrit en 2D (en contraintes planes)
comme suit :

ε̇tm = M.σ̃ × hṪ i+ (2.16)


Où M est défini par :
 
1 −νc 0
β(T ) 
M= −νc 1 0  (2.17)
fc0
0 0 1 + νc

3 Fissuration
Deux modèles de fissuration répartie ont été utilisés et comparés durant la thèse. Le
premier est un modèle d’endommagement élastique isotrope (EEI), basé sur le modèle
proposé par Mazars [30]. Le second est un modèle élasto-plastique endommageable or-
thotrope (EPEO) qui a été préalablement développé par Benboudjema et al. [151]. L’uti-
lisation du modèle EEI s’avère plus simple, puisque celui-ci n’utilise, contrairement au
modèle EPEO, que des expressions analytiques.

Le comportement adoucissant induit une réponse numérique sensible aux éléments


finis utilisés (taille, forme et orientation). Afin de s’affranchir en partie de ce problème, la
méthode de Hillerborg et al. [132] a été choisie.
Dans cette approche, la loi d’évolution de la contrainte résistante nominale en régime
adoucissant, dépend de la taille de l’élément fini. L’énergie dissipée à la rupture est alors
gardée constante lorsque la taille des éléments change par affinement du maillage. La
densité de l’énergie de fissuration g f x est liée à l’énergie de fissuration G f x par la relation
suivante [152] [153] :

Gfx
gfx = (2.18)
lc
Où x = c dans le cas de la compression, x = t dans le cas de la traction et lc est la longueur
caractéristique liée à la taille de la zone localisée.

Concernant le séchage, les résultats de Benboudjema [63] montrent qu’il n’y a pas
dépendance de la taille et du type d’éléments finis.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Fissuration 77

3.1 Modèle d’endommagement élastique isotrope


Une variable d’endommagement scalaire D est utilisée pour décrire la micro-fissuration
et la dégradation du module d’Young E(T ) associé. Cette variable d’endommagement D,
associée au processus de dégradation mécanique induit pas le développement de micro-
fissures, est définie par le ratio entre l’aire occupée par les microfissures créées et l’aire
totale du matériau (voir chapitre 1 §5.1.1).
Les contraintes apparentes σ s’écrivent :

σ = (1 − D).σ̃ = E(T ).(1 − D).εe (2.19)


Où εe et E(T ) sont respectivement la déformation élastique et le tenseur de rigidité
élastique dépendant de la température.
La déformation élastique ε̇e s’écrit par exemple pour l’étude des hautes températures :

ε̇e = ε̇ − ε̇t − ε̇tm (2.20)


Où ε est la déformation totale, εt et εtm représentant respectivement la déformation ther-
mique libre et la déformation thermique transitoire définies plus haut.
Le critère d’endommagement est donné par [30] :

f = ε̂ − κ0 (2.21)
Où κ0 est le seuil de déformation en traction et ε̂ la déformation de traction équivalente
[30] :
p
ε̂ = hεe i+ : hεe i+ (2.22)

La variable d’endommagement est reliée aux variables d’endommagement en com-


pression et traction par la relation suivante :

D = (1 − γt )Dc + γt Dt (2.23)
Où γt est reliée à la déformation de compression et de traction créée par les contraintes
principales de traction et de compression [30].

L’évolution de la variable d’endommagement D en traction Dt et en compression Dc


est formulée comme suit :
κ0
Dx = 1 − [(1 + Ax )exp(−Bx ε̂) − Ax exp(−2Bx ε̂)] (2.24)
ε̂
Où Ax et Bx (x = t pour la traction et x = c pour la compression) sont des paramètres
matériaux constants contrôlant la branche non linéaire de la courbe contrainte-déformation.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
78 Modélisation adoptée

Le critère utilisé est ici un critère en déformation équivalente, qui peut être retranscrit
en contraintes comme visualisé sur la figure 2.3. Ainsi, on constate que le modèle s’écarte
sensiblement des résultats expérimentaux en bi-compression. De même, ce modèle ne
permet pas de reproduire les déformations inélastiques observées après déchargement, ni
la dilatance et l’aspect unilatéral.

σ II
ft

ft
σI
fc0
EEI

EPEO
fc0

F IG . 2.3: Surfaces seuils des contraintes effectives principales en espace 2D (σ̃I ,σ̃II ) pour
les modèles EEI et EPEO.

3.2 Modèle élasto-plastique endommageable orthotrope


Comme le modèle précédent, la théorie de l’endommagement est utilisée pour décrire
la dégradation du module d’Young. Le processus d’endommagement est considéré ici
isotrope en compression et orthotrope en traction, pour laquelle l’orthotropie est induite
par la fissuration dans des directions préférentielles, qui règne dans les conditions de
séchage et de chauffage. Le tenseur d’endommagement D est séparé en un scalaire en
compression Dc et un tenseur en traction Dt :

1 − D = (1 − Dc )(1 − Dt ) (2.25)
L’évolution de l’endommagement est considéré comme étant relié à l’ouverture rela-
tive de fissure donné pas les déformations plastiques cumulées κc et κ̂ti (utilisées comme
des paramètres durcissant/adoucissant, i ∈ [1, 3]). Ils s’écrivent :

Dc = 1 − exp(−cc κc ) et Dtii = 1 − exp(−ct κ̂ti ) (2.26)


Où ct et cc sont des paramètres matériau identifié à partir des courbes contraintes-déformations.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Fissuration 79

L’utilisation de la théorie de plasticité permet ici de décrire les déformations inélastiques


ε p . Afin de reproduire le comportement convenable, le critère de Drucker-Prager en com-
pression et trois critère de Rankine en traction sont utilisés [154] (voir Fig. 2.3) :
p
Fc (σ̃, κc) = 3J2 (σ̃) + α f I1 (σ̃) − β f τ̃c (κc )
(2.27)
et ˆ κ̂t i ) = σ̃ˆ i − τ̃ti (κ̂t i )
Fti (σ̃,
Où J2 est le second invariant ; I1 est le premier invariant ; τ̃c est la résistance effective en
compression reliée à la déformation plastique cumulée en compression κc ; α f et β f sont
les deux paramètres matériaux, qui dépende du ratio résistance de compression uniaxiale
et biaxiale. τ̃ti est la résistance effective correspondante reliée au vecteur de déformation
plastique cumulée en traction κ̂ti .

Les résistances effectives en compression et en traction s’écrivent :

τc (κc ) τti (κ̂ti )


τ̃c (κc ) = et τ̃ti (κ̂ti ) = (2.28)
1 − Dc 1 − Dtii
Où τc et τti sont les résistances nominales définies par :

τc = fc0 [(1 + ac ) exp(−bc κc ) − ac exp(−2bc κc )]


(2.29)
τti = ft [(1 + at ) exp(−bt κ̂ti ) − at exp(−2bt κ̂ti )]

où ac , at , bc et bt sont des paramètres matériaux identifiés sur la courbe contrainte-


déformation, fc0 est la limite élastique en compression et ft est la résistance en traction.

La déformation plastique ε p est calculée à partir de la proposition de Koiter :

∂Fti ∂Gc
ε̇ p = ∑ λ̇ti + λ̇c (2.30)
i ∂σ̃ ∂σ̃

Où λti and λc sont les multiplicateurs plastiques en traction et compression, respective-
ment, et sont reliés aux déformations plastiques cumulées par les relations suivantes :

κ̇c = (1 + 2α2g )1/2 λ̇c et κ̇ˆ ti = λ̇ti (2.31)

Une loi non associée est utilisée en compression afin de reproduire correctement la
dilatance des bétons (puisque la variable d’endommagement est scalaire en compression) :
p
Gc = 3J2 (σ̃) + αg I1 (σ̃) − βτ̃c (κc ) (2.32)
Où αg est un paramètre matériau qui contrôle la dilatance.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
80 Modélisation adoptée

4 Prise en compte de l’hétérogénéité


4.1 Approche adoptée
Comme nous l’avons vu dans la bibliographie, les mécanismes de dégradation du
béton soumis à des conditions de séchage ou de montée en température font intervenir
différentes échelles du matériau (chapitre 1 §3.3 et 4). Ainsi, à l’échelle mésoscopique,
les comportements divergents des granulats et de la pâte de ciment face aux sollicitations
précédentes semblent jouer un rôle important dans la compréhension du comportement
global du béton.
L’objectif des travaux réalisés dans le cadre de la thèse est donc de mettre en évidence
l’intérêt de travailler à une échelle mésoscopique (plutôt que macroscopique) pour prendre
en compte les mécanismes liés aux incompatibilités de déformations entre les granu-
lats et la matrice cimentaire, et ainsi décrire de manière plus pertinente la réponse du
béton (en terme de fissuration, d’endommagement) faces aux chargements du type hydro-
mécanique et thermo-mécanique.

Les deux approches, macroscopique et mésoscopique, vont donc être utilisées et com-
parées dans les travaux présentés. Ces deux approches se différencient par le maillage
utilisé pour réaliser les simulations :

– Approche macroscopique : Le béton est considéré homogène avec une phase


considérée. Tous les éléments finis ont donc les mêmes propriétés hydro-mécaniques
et thermo-mécaniques (voir Fig. 2.4.a).

– Approche mésoscopique : Le béton est considéré hétérogène avec deux phases


considérées : la pâte de ciment et les granulats, ayant chacune des propriétés
hydro-mécaniques et thermo-mécaniques différentes (voir Fig. 2.4.b). Le maillage
utilisé pour prendre en compte cette hétérogénéité est un maillage explicite.

4.2 Génération des maillages


4.2.1 Béton expérimental référence

Les résultats expérimentaux ayant servi d’éléments de comparaison et de validation de


nos simulations thermo-mécaniques sont principalement issus de la thèse de Hager [12].

Le matériau pris pour référence dans nos travaux (et testé par Hager [12]) est un BHP
M100C, avec un E/C de 0,3 contenant de la fumée de silice FS. On peut d’ores et déjà
noter que la présence de FS justifie dans nos simulations la non prise en compte d’une
auréole de transition, celle-ci devant être donc d’épaisseur négligeable, voire nulle (voir
chapitre 1 §1.3 sur l’influence de l’ajout de FS sur l’auréole de transition).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Prise en compte de l’hétérogénéité 81

a) b)

F IG . 2.4: Maillages EF : (a) Béton homogénéisé ; (b) Béton hétérogène.

Les granulats utilisés pour la réalisation de ce béton sont des granulats calcaires avec
un ajout de sable silico-calcaire. L’analyse granulométrique de ce béton est fournie sur la
Fig. 2.5. L’analyse de la composition du béton étudié montre également un pourcentage
de granulats dans le béton d’environ 73 %.

100
90
80
70
Tamis [%]

60
50
40
30
20
10
0
0 5 10 15 20 25

Diamètre [mm]

F IG . 2.5: Granulométrie du béton M100C de Hager [12].

Les propriétés mécaniques de ce matériau à 20˚C sont approximativement : un module


d’Young E = 52 GPa, un coefficient de Poisson ν = 0,2, une résistance en compression
fc =100 MPa et une résistance en traction ft =3,5 MPa (obtenu par essai de traction directe).
L’évolution des propriétés mécaniques en compression de ce matériau avec la température
est donnée par la courbe contrainte-déformation en compression de la Fig. 2.6. Nous ne
nous sommes par contre pas appuyé sur les évolutions de la résistance en traction di-
recte de Hager, ces résultats présentant une évolution croissante de ft avec la température,
évolution qui n’était par corroborée par les précédents résultats de la littérature.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
82 Modélisation adoptée

140,00
20°C
120,00 120°C
250°C
100,00 400°C
σ [MPa] 600°C
80,00

60,00

40,00

20,00

0,00
0 2000 4000 6000
ε [µm/m]

F IG . 2.6: Courbe σ-ε en compression pour le BHP M100C [12].

Les évolutions des propriétés thermiques (masse volumique, capacité calorifique, con-
ductivité thermique) de ce béton sont également connues [107]. Aucun résultat n’était par
contre en notre possession concernant les propriétés hydriques de ce matériau.

Les simulations hydro-mécaniques sont donc effectuées par contre sur le béton de
Granger [73]. Une brève description de ses expériences est résumée ci-dessous.

Les essais ont été réalisés sur une éprouvette âgée de 28 jours (BO, avec un rapport
E/C de 0,56), qui a été préalablement protégé de la dessiccation. L’essai de séchage a été
réalisé dans une chambre à température constante (2˚C ± 1˚C). La perte en masse a été
mesurée sur des éprouvettes cylindriques de 16 cm × 15 cm (diamètre × hauteur).

Les essais de retrait et de fluage ont été réalisés sur des éprouvettes cylindriques
de 16 cm × 100 cm (diamètre × hauteur). Les déplacements ont été mesurés sur une aire
de 50 cm située au centre de l’éprouvette. Cela permet de s’abstenir des effets de bord.

Pour les tests de fluage propre et total, une contrainte de compression de 12 MPa
est appliquée. Les propriétés mécaniques mesurées à 28 jours sont : le module d’Young
E = 33, 7 GPa, le coefficient de Poisson ν = 0, 248, la résistance en compression
fc = 41 MPa et la résistance en traction ft = 3, 5 MPa.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Prise en compte de l’hétérogénéité 83

Maillage adopté Séchage Fluage propre Fluage total


50 σu σu
= σ

H = 100 cm
44

R = 8 cm

Faces σu = 12 MPa
protégées

F IG . 2.7: Description des essais et simulations sur éprouvette (macroscopique).

4.2.2 Génération du maillage homogène


Le maillage homogène, représentatif de l’échelle macroscopique, est généré directe-
ment à partir du code de calcul aux éléments finis Cast3M.
Un seul matériau est considéré : le béton. Tous les éléments finis constitutifs du
maillage ont les mêmes propriétés thermo-hydro-mécaniques.

4.2.3 Génération du maillage hétérogène


Le maillage homogène, représentatif de l’échelle macroscopique, considère donc deux
phases : la matrice cimentaire et les granulats, ayant chacune des propriétés thermo-hydro-
mécaniques différentes.

Les propriétés du béton représenté par ce type de maillage sont obtenues par ho-
mogénéisation :

Pb = cgr × Pgr + c pdc × Ppdc (2.33)


Où Px représente la propriété considérée de la phase x, cx la teneur en la phase x, avec
x = b pour le béton, x = gr pour les granulats, x = pdc pour la pâte de ciment.

Plusieurs démarches sont envisageables pour la réalisation d’un maillage bi-phasique


de ce type :
– Un maillage régulier [94] : l’avantage concerne notamment le nombre d’éléments
finis et surtout le temps de calcul qui est réduit (les éléments finis sont aussi moins

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
84 Modélisation adoptée

distordus). Par contre le travail d’implantation numérique est conséquent. Ce type


de maillage est plutôt adapté à du calcul multi-échelles (ce qui ne correspond pas
au travail que nous souhaitions réaliser durant la thèse).

– Un maillage explicite : l’implantation est plus aisée, mais recquiert un nombre


d’éléments finis plus important et des temps de calcul plus longs.

Nous avons donc considéré dans le cadre de la thèse ce maillage dit explicite.

Pour générer ce type de maillage, plusieurs méthodes ont été utilisées durant la thèse
en fonction des besoins d’étude :

– La génération à l’aide du logiciel CEMHYD3D [155] :

La fonction première du logiciel (modèle d’hydratation à l’échelle microscopique)


a été ”détournée” pour réaliser un maillage 3D bi-phasique du béton considéré,
tenant compte des pourcentages granulaires volumiques souhaités.
Un maillage 2D est ensuite ”récupéré” à partir de ce maillage 3D à l’aide d’un pro-
gramme réalisé sur MATLAB °. c Ce programme permet de prélever une couche
du maillage 3D préalablement réalisé en optimisant le pourcentage granulaire sur-
facique souhaité pour les calculs 2D. Le logiciel MATLAB °permet c ensuite de
convertir ce maillage 2D au format Gibiane.
On obtient alors par exemple le maillage visualisé sur la figure 2.8.a. Il est à noter
que les éléments finis générés par le logiciel CEMHYD3D sont de type carrés et
que le contour des granulats suit cette géométrie, ce qui rend ce contour non lisse.

– La génération à l’aide de MATLAB °


c :

Le maillage est généré directement à partir du logiciel MATLAB °. c Ceci per-


met notamment la génération de maillages ne s’appuyant pas forcément sur des
éléments finis carrés, ce qui permet notamment d’obtenir des inclusions sphériques
(e.g. Fig. 2.8.b).

Pour générer le maillage réprésentatif des éprouvettes en béton testées par Hager [12],
nous avons réalisé utilisé le logiciel CEMHYD3D (permettant un contrôle simple de la
granulométrie du béton dans le maillage généré). La courbe granulométrique du BHP
M100C considéré a été respectée, au mieux, lors de la génération du maillage (voir Fig.
2.9).
Pour ce faire, seulement douze tailles de granulats (de diamètre minimum de 3 mm)
ont été conservées pour représenter au mieux l’étendue granulaire souhaitée, afin d’éviter
un maillage EF trop fin (qui aurait entraı̂né des temps de calcul trop importants).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Prise en compte de l’hétérogénéité 85

a) b)

F IG . 2.8: Génération des maillages bi-phasiques : (a) A partir du logiciel CEMHYD3D ;


(b) A partir du logiciel MATLAB °. c

100
90
80
70
Tamis [%]

60
50
40
30
20 Tamis Exp Hager M100C
10 Tamis Sim
0
0 5 10 15 20 25

Diamètre [mm]

F IG . 2.9: Granulométrie du béton M100C utilisée lors de la thèse d’I. Hager [12]
conservée pour les simulations.

4.3 Validation de l’approche mésoscopique


Cette approche à l’échelle mésoscopique, s’appuyant sur un maillage bi-phasique,
pour prédire le comportement du béton à l’échelle macroscopique doit tout d’abord être
validée mécaniquement, hydro-mécaniquement et thermo-mécaniquement. Ces différen-
tes validations sont présentées dans les paragraphes suivants.

4.3.1 Mécanique
Pour valider mécaniquement notre approche, nous nous appuyons sur des solutions
analytiques issues des travaux de recherche [156] [157], fournissant les propriétés mécani-
ques homogénéisées d’un matériau bi-phasique à partir des propriétés mécaniques (élasti-
ques) de chacune des phases.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
86 Modélisation adoptée

Les hypothèses de base liées à ces solutions sont les suivantes :


– Le calcul est réalisé en 2D et en considérant des contraintes planes.
– Les deux phases ont les mêmes modules de cisaillement G.

Le module d’Young et le coefficient de Poisson du matériau homogénéisé peut alors


être déterminé comme suit :

Eho = c1 × E1 + c2 × E2
(2.34)
νho = c1 × ν1 + c2 × ν2
Où Ex est le module d’Young de la phase x, νx est le module d’Young de la phase x, x = ho
pour le matériau homogénéisé, x = 1 et x = 2 pour les phases 1 et 2 constituant le matériau
bi-phasique.

Des simulations ont donc été réalisées avec notre maillage bi-phasique, un essai méca-
nique étant simulé pour déterminer numériquement le module d’Young et le coefficient
de Poisson du matériau homogénéisé numériquement.

La comparaison des simulations numériques avec la solution analytique fournissent


de très bons résultats :
– % Erreur Esimulation numérique/solution analytique = 0, 11
– % Erreur νsimulation numérique/solution analytique = 0, 45

La validation mécanique élastique de l’approche mésoscopique est donc réalisée.

4.3.2 Thermo-mécanique
La validation thermo-mécanique de l’approche mésoscopique s’appuie sur les résultats
de Vegards et Goodier [158] [159].

Les hypothèses de base liées à ces solutions sont les suivantes :


– La montée en température est uniforme.
– Les deux phases ont les mêmes modules d’Young.

Les résultats analytiques permettent donc d’obtenir la déformation thermique du


matériau homogénéisé à partir de la déformation thermique de chacun des constituants :

εho = c1 × ε1 + c2 × ε2 (2.35)
Où εx est la déformation thermique de la phase x.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Prise en compte de l’hétérogénéité 87

Le calcul analytique montre de plus une trace de la déformation thermique globale


qui est uniforme dans les inclusions du maillage lors d’un calcul thermo-mécanique.

Des simulations thermo-mécaniques ont donc été réalisées avec notre maillage bi-
phasique.

La comparaison des simulations numériques avec la solution analytique fournissent


de très bons résultats, avec une erreur entre la déformation thermique du matériau ho-
mogénéisé issue de la simulation numérique et de la solution analytique de l’ordre de 0,27
à 1 % (en fonction du pourcentage d’inclusions considéré).
De plus, le tracé de la déformation thermique globale dans les inclusions est fournie
sur la Fig. 2.10. On peut voir une quasi-uniformité de cette déformation dans les inclu-
sions, déterminée numériquement.

6.71E-04

1.85E-03

F IG . 2.10: Tracé de la DT globale simulée au sein des inclusions.

L’approche mésoscopique peut donc être considérée validée thermo-mécaniquement.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
88 Modélisation adoptée

5 Conclusions du chapitre
Ce chapitre fait le point sur les modèles hydro-mécaniques et thermo-mécaniques pour
lesquels nous avons opté dans le cas de l’étude respectivement du séchage et des hautes
températures.
Pour ce qui concerne la partie hydrique et thermique, nous avons choisi de travailler
avec des modèles classiques de la littérature, basés sur notamment sur une seule équation
de transport pour le séchage et sur l’équation de la chaleur simplifiée.
La modélisation du retrait de dessiccation adoptée est basée sur le mécanisme de pres-
sion capillaire, la déformation thermique est liée au coefficient de dilatation du matériau.
Les déformations sous chargement mécanique sont modélisées pour le fluage propre à
l’aide de chaı̂nes de Kelvin-Voigt. Pour le fluage de dessiccation, la déformation associée
est fonction de l’humidité relative du matériau. Pour la déformation thermique transitoire,
nous nous appuyons sur le modèle de Pearce et al. [150].
Pour la modélisation de la fissuration, le choix s’est donc porté sur un modèle de
comportement mécanique de type fissuration répartie. Deux modèles d’endommagement
ont par contre été comparés durant les travaux, un modèle d’endommagement élastique
isotrope et un modèle d’endommagement élasto-plastique orthotrope, intégrant des ef-
fets d’orthotropie, de dilatance et de déformations inélastiques. Enfin l’effet du fluage
dans le cas du séchage et de la déformation thermique transitoire dans le cas des hautes
températures sera également étudié par la suite.
Pour montrer l’intérêt de prendre en compte l’hétérogénéité du béton, deux maillages
sont utilisés et comparés, un maillage macroscopique, considérant le béton homogène et
un maillage mésoscopique, tenant compte explicitement des granulats et de la pâte de
ciment dans le béton. Cette dernière approche mésoscopique a tout d’abord été validée,
mécaniquement, puis thermo-mécaniquement.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Chapitre 3

Etude de la micro-fissuration à
température ambiante

Dans ce chapitre sont présentés les travaux réalisés durant la


thèse pour étudier, comprendre et prédire efficacement le com-
portement du béton à température ambiante sous conditions de
séchage.
L’objectif des travaux réalisés est d’étudier l’effet de différents
modèles mécaniques, du fluage et de différentes échelles
d’études sur le comportement mécanique du béton soumis
au séchage. Les deux approches de modélisation, à l’échelle
mésoscopique et macroscopique, sont présentées.
Les études souhaitées et les simulations réalisées à cet effet
pour chacune de ces approches seront dans un premier temps
décrites. L’identification des paramètres est ensuite présentée,
puis les résultats obtenus lors de ces simulations, qui sont ana-
lysés.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Sommaire
1 Etude macroscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
1.1 Description des simulations réalisées . . . . . . . . . . . . . . . . 91
1.2 Identification des paramètres matériau . . . . . . . . . . . . . . . . 91
1.3 Endommagement après séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
1.4 Evolution des propriétés mécaniques après séchage . . . . . . . . . 97
1.5 Analyse de l’orthotropie induite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
2 Etude mésoscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
2.1 Introduction aux incompatibilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
2.2 Effet des granulats sur le séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique 91

1 Etude macroscopique
1.1 Description des simulations réalisées
L’objectif de ces travaux est d’étudier l’effet du fluage et de différents modèles
mécaniques (isotrope/orthotrope, déformations inélastiques) sur le faciès de fissuration
et les paramètres mécaniques résiduels (module d’Young, résistance en compression et
en traction) après séchage.

Aucune expérience simple (i.e. sur un béton) n’existe, dans la littérature, pour réaliser
de la manière la plus appropriée cette étude. Cependant, un certain nombre d’informations
est disponible de par les essais de Granger [73] et va être utilisé (voir chapitre 2 §4.2.1).

Les simulations sont réalisées dans une configuration axisymétrique utilisant des
éléments finis rectangulaires à 8 noeuds. La discrétisation utilisée et les conditions aux
limites sont présentées sur la Fig. 2.7. Notons qu’un maillage plus fin est réalisé à proxi-
mité de la surface de l’échantillon soumise au séchage.

L’identification des paramètres matériaux est tout d’abord présentée. Ensuite, des si-
mulations numériques prédictives sont réalisées pour atteindre le but souhaité.

1.2 Identification des paramètres matériau


1.2.1 Evolution du séchage

Dans un premier temps, les paramètres de l’isotherme de désorption (modèle de


Van Genuchten, voir Eq. 1.1) sont identifiés sur un béton similaire ([160], Fig. 3.1),
puisque cette information n’est pas disponible pour le béton étudié.

Puis, la perméabilité intrinsèque est identifiée à partir des évolutions de perte en


masse expérimentales ([73], Fig. 3.2).

Les paramètres matériaux sont donnés dans le Tab. 3.1.

a [MPa] b φ K[m2 ]
25 2,08 0,13 1,1×10−21

TAB . 3.1: Paramètres du modèle de séchage utilisé dans les simulations numériques
réalisées.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
92 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

Degré de saturation
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
Pression capillaire [MPa]

-100

-200
Exp

Sim
-300

-400

F IG . 3.1: Evolutions expérimentales [160] et numériques identifiées de la pression capil-


laire en fonction du degré de saturation.

3
Perte en masse [%]

1 Exp

Sim

0
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps [jours]

F IG . 3.2: Evolutions expérimentales [160] et numériques identifiées de la perte en masse


en fonction du temps.

1.2.2 Comportement mécanique statique


Des évolutions classiques contrainte-déformation sont utilisées en compression et en
traction (Fig. 3.3 et Tab. 3.2) pour les deux types de modèles (EEI et EPEO). La seule
différence entre les deux courbes concerne la phase de déchargement.

1.2.3 Fluage propre et de dessiccation


Les paramètres de fluage propre peuvent être identifiés séparément des résultats
de fluage de dessiccation expérimentaux. Cinq unités de Kelvin-Voigt sont nécessaires

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique 93

3,5
EEI
3 EPEO
σ T [MPa]
2,5
2
1,5
1
0,5
0
0 100 200 300 400 500
ε [.106]

a. En traction
45
40
35
30
σ C [MPa]

25
20
15
10
5
0
0 500 1000 1500 2000 2500
6
ε [.10 ]

b. En compression
F IG . 3.3: Courbes σ-ε pour les deux modèles EEI et EPEO.

pour obtenir un bon accord avec les résultats expérimentaux.

Les paramètres de dessiccation sont ensuite identifiés à partir de l’évolution expérimen-


tale des déformations dues au fluage propre et de dessiccation.

Les Fig. 3.4 et 3.5 montrent les déformations (longitudinales) simulées de fluage
propre et de dessiccation obtenues en fittant la courbe expérimentale, avec le jeu de pa-
ramètres reporté dans le Tab. 3.3.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
94 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

At Bt Ac Bc κ0 fc0 [MPa] αf
-0,2 5×103 14,4 920 1,04×10−4 16,4 0,14
at bt ct ac bc cc [MPa] βf
8,25×10−3 7,5×103 104 7,87 430 240 0,86

TAB . 3.2: Paramètres mécaniques pour les deux modèles EEI et EPEO.

60
Déformation de fluage
propre [µm.m .MPa ]
-1

50

40
-1

30

20
Sim
10
Exp
0
0 100 200 300 400 500 600
Temps [jours]

F IG . 3.4: Evolutions fittées expérimentale et numérique de la déformation longitudinale


de fluage propre en fonction du temps.

2000
Déformation de fluage totale

1500
[µm.m ]
-1

1000

500 Exp

Sim
0
0 100 200 300 400 500 600
Temps [jours]

F IG . 3.5: Evolutions fittées expérimentale et numérique de la déformation longitudinale


différée totale en fonction du temps.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique 95

k1bc [GPa] τ1bc [jours] k2bc [GPa] τ2bc [jours] k3bc [GPa] τ3bc [jours]
169,4 0,1 168 1 157,3 10
4
kbc [GPa] 4
τbc [jours] 5
kbc [GPa] 5
τbc [jours] µ [GPa−1 ] αrd
105,2 100 18,6 1000 0,3 1,2

TAB . 3.3: Paramètres mécaniques du modèle de fluage propre et de dessiccation et du


retrait de dessiccation.

1.2.4 Retrait de dessiccation


Le paramètre αrd (Tab. 3.3) est finalement identifié à partir de l’évolution expérimen-
tale du retrait de dessiccation.

L’évolution du retrait de dessiccation en fonction de la perte en masse est tracée sur


la Fig. 3.6 pour trois modèles différents : EEI sans fluage, EEI avec fluage et EPEO avec
fluage.

Le type de modèle mécanique n’a qu’une faible influence sur l’évolution du retrait
de dessiccation.
L’effet du fluage est plus prononcé. En effet, du fait des relaxations de contraintes,
l’endommagement prédit est moins important quand le fluage est pris en compte. Alors,
les contraintes de traction (élastiques et inélastiques) (causée par l’ouverture de fissures)
sont moins importantes. Ceci conduit donc à plus de retrait (apparent) de dessiccation
(déformations de contraction).

600
Exp
Retrait de dessiccation

EEI sans F

400 EEI avec F


[µm.m ]
-1

EPEO avec F

200

0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
Perte en masse [% ]

F IG . 3.6: Retrait de dessiccation expérimental et simulé en fonction de la perte en masse


pour tous les modèles mécaniques (EEI, EPEO, sans F= sans prise en compte du fluage,
avec F= avec prise en compte du fluage).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
96 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

1.3 Endommagement après séchage


Les paramètres matériaux identifiés préalablement ont été utilisés pour étudier l’influ-
ence du modèle mécanique et du fluage sur la micro-fissuration prédite (en termes de
grandeur et d’orientation) et les propriétés mécaniques après 700 jours de séchage.

L’endommagement après 700 jours de séchage est tracé sur la Fig. 3.7 pour trois
modèles différents.

L’effet du fluage est significatif. En effet, le fluage tend à relaxer les contraintes
prédites, ce qui conduit à une épaisseur d’endommagement plus faible. Celle-ci est de
18 mm environ si le fluage n’est pas pris en compte, et d’environ 7 mm si le fluage est pris
en compte. Ceci est relativement faible comparé à l’épaisseur (environ 20 mm pour une
éprouvette de hauteur 4 cm à 30 % HR) observée par [161]. En effet, le retrait empêché
par les granulats n’a pas été pris en compte, ce qui semble jouer un rôle important
dans le développement des fissures durant le séchage (voir travaux réalisés à l’échelle
mésoscopique au §2).

ez 1
EEI sans F

0,8
EEI avec F
er
0,6 EPEO avec F Dθθ
D

EPEO avec F Dzz


0,4

0,2

0
0 2 4 6 8
Rayon [cm]

F IG . 3.7: Endommagement en fonction du rayon après 700 jours de séchage pour tous les
modèles mécaniques (EEI, EPEO, sans F= sans prise en compte du fluage, avec F= avec
prise en compte du fluage). L’endommagement radial Drr est égal à zéro.

L’effet du modèle mécanique est beaucoup moins significatif. La différence ob-


servée résulte du comportement statique différent après déchargement en traction
(voir Fig. 3.3).

Pour une déformation de traction donnée, la valeur de l’endommagement (relié à la


pente) est moins important si les déformations inélastiques sont prises en compte.
Une différence est alors observée concernant l’orientation des micro-fissurations.
En effet, l’endommagement radial Drr est égal à zéro, alors que les endommagements

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique 97

vertical et orthoradial, Dzz et Dθθ sont presque identiques. Ceci signifie que la micro-
fissuration à la surface du cylindre est presque isotrope. Ceci est en accord avec les
résultats expérimentaux de Sicard et al [162], reportés sur la Fig. 3.8, associés à l’orien-
tation des valeurs d’endommagement simulées (modèle EPEO avec prise en compte du
fluage). Un résultat similaire concernant la quasi-isotropie de la micro-fissuration induite
en peau a été obtenu par Colina et Acker [163] sur des micro-bétons et des argiles soumis
à la dessiccation.

1
Faciès Orientation des fissures
Dzz

0,5

Après 400 jours de séchage


Dθθ
Sicard et al (1992)
0
0 0,5 1

F IG . 3.8: Orientation des fissures (à gauche, après 400 jours de séchage) et de l’endom-
magement (à droite, après 700 jours de séchage) à la surface de l’éprouvette (pour le
modèle EPEO avec fluage).

1.4 Evolution des propriétés mécaniques après séchage


Comme vu précédemment, le séchage induit une micro-fissuration de peau du béton. Il
est donc attendu d’avoir une perte des propriétés mécaniques après séchage. Des charge-
ments de traction et de compression sont appliqués sur la face supérieure de l’éprouvette
après 700 jours de séchage.
La Fig. 3.7 montre aussi que l’endommagement prédit dépend du modèle utilisé. L’ef-
fet du séchage sur les propriétés mécaniques est donné dans le Tab. 3.4 pour trois modèles
différents : EEI sans fluage, EEI avec fluage et EPEO avec fluage. Ceci conduit aux re-
marques suivantes :
– Lorsque le fluage n’est pas pris en compte, une forte diminution du module
d’Young, de la résistance en compression, en traction est prédite (de 35 à 63 %).
Ces résultats ne sont pas en accord avec les résultats expérimentaux.
– Lorsque le fluage est pris en compte, mais pas les déformations inélastiques et
l’orthotropie, une décroissance plus faible est prédite (de 16 à 4 %).
– Lorsque le fluage, les déformations inélastiques et l’orthotropie induite sont pris
en compte, la décroissance prédite est beaucoup plus faible (de 6 à 1 %).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
98 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

E/E0 en compression E/E0 en traction fc /fc0 ft /ft0


EEI sans F 0,65 0,54 0,73 0,37
EEI avec F 0,92 0,92 0,96 0,84
EPEO avec F 0,98 0,95 0,99 0,94

TAB . 3.4: Effet du séchage sur les propriétés mécaniques (50 % HR). Influence du type
de modèle mécanique et du fluage.

Plusieurs auteurs (e.g. [139] [140] [21] [116]) ont réalisé des simulations numériques
pour prédire l’endommagement induit par le retrait différentiel ou l’effet du séchage sur
les propriétés mécaniques, sans prendre en compte le fluage. Ceci est un manque impor-
tant, puisqu’il semble que le fluage a un effet significatif selon les résultats de ces simula-
tions. Les conclusions déduites des précédents travaux cités n’étaient de ce fait peut-être
pas tout à fait adéquates.

Le dernier modèle (EPEO avec fluage) peut être considéré comme le plus représenta-
tif du comportement du béton. Malheureusement, les résultats obtenus ne sont pas tota-
lement en accord avec les résultats expérimentaux.
Beaucoup d’auteurs mesurent une décroissance plus importante (entre 4 et 30 %) que
celle prédite ici (entre 2 et 5 %). Concernant la résistance en compression et en traction, il
n’y a pas de consensus. Nos simulations numériques prédisent une diminution respective
de 1 % et 6 %.

Une meilleure prédiction de la micro-fissuration et des propriétés mécaniques doit


également prendre en compte le retrait des granulats (mécanisme d’endommagement
additionnel [21]) et l’influence de la pression capillaire (augmentation de la résistance
[116]).

1.5 Analyse de l’orthotropie induite


Les travaux de Sicard et al. [162] (Fig. 3.9) montrent une modification de l’orien-
tation des micro-fissures si un chargement en compression verticale est appliqué. Une
décroissance significative des micro-fissures verticales est alors mesurée.

Des simulations ont été réalisées pour comparer les réponses obtenues avec celles de
Sicard et al [162]. L’orientation des valeurs d’endommagement prédite par les simula-
tions réalisées (modèle EPEO avec fluage) est reportée sur la Fig. 3.9, pour le séchage et
un chargement en compression appliqué.

Les observations de Sicard et al [162] ne peuvent être prédites si un modèle d’en-


dommagement isotrope seul est utilisé.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique 99

1
Faciès Orientation des fissures Après séchage
Dzz Après séchage et fluage

0,5

Après 400 jours de séchage


Dθθ
Sicard et al (1992)
0
0 0,5 1

F IG . 3.9: Orientation des fissures (à gauche, après 400 jours de séchage et un charge-
ment en compression) et de l’endommagement (à droite, après 700 jours de séchage et
un chargement en compression) à la surface de l’éprouvette (pour le modèle EPEO avec
fluage).

D’autres expériences [164] ont également été simulées montrant les manques liés à
l’utilisation d’un modèle d’endommagement isotrope. Considérons une éprouvette carrée
(40 × 40 mm2 , Fig. 3.10), qui sèche sur une face uniquement (Phase 1). Après 700
jours de séchage, l’éprouvette est chargée en compression biaxiale (Phase 2). Les simula-
tions numériques sont réalisées dans des conditions de contraintes planes. La simulation
numérique est basée sur les expériences réalisées par Bourgeois et al [164].

Phase 1 Phase 2 Maillage adopté


Faces protégées 30 MPa 30 ∗ 30 éléments
y
40 mm

Surface
séchant
30 MPa

40 mm

50 % RH

F IG . 3.10: Bitraction - Conditions aux limites, taille et maillage adoptés.

Les champs d’endommagement sont tracés sur la Fig 3.11 pour les deux modèles
EPEO et EEI. Les champs d’endommagement sont similaires en terme d’amplitude et
de largeur. Cependant, pour le modèle EPEO, la variable d’endommagement Dxx est
égale à zéro. Ceci va considérablement affecter la prédiction des propriétés mécaniques
résiduelles.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
100 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

EPEO EEI
0

Dyy D

F IG . 3.11: Champs d’endommagement après séchage 700 jours de séchage pour les
modèles EEI et EPEO (avec prise en compte du fluage).

Les courbes contrainte-déformation sont tracées sur les Fig. 3.12 et 3.13. Comme me-
suré expérimentalement, une courbe différente de contrainte-déformation est prédite
pour les deux modèles après séchage. Ainsi, le séchage du béton dans une direction
préférentielle rend le comportement du béton orthotrope.

30
Elastique
25
σyy
20
σ [MPa]

σxx
15

10

0
0 200 400 600 800 1000
ε [µm/m]

F IG . 3.12: Courbes contrainte-déformation après 700 jours de séchage pour le modèle


EPEO.

Les résultats obtenus avec le modèle EEI ne sont pas physiques, puisque l’on prédit
que le matériau ne sera pas capable de résister sous un chargement horizontal. Ceci est
dû à la présence d’une bande d’endommagement verticale (isotrope), où le matériau est
complètement endommagé (D est égal à 1).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 101

30
Elastique
25

20
σ [MPa]

σyy
15

10

5
σxx
0
0 200 400 600 800 1000
ε [µm/m]

F IG . 3.13: Courbes contrainte-déformation après 700 jours de séchage pour le modèle


EEI.

Avec le modèle EPEO, le chargement horizontal n’est pas influencé par la variable
d’endommagement Dyy (la loi initiale contrainte-déformation est retrouvée). Cepen-
dant, les propriétés mécaniques verticales sont légèrement affectées comme précédemment
vu (voir §1.2.2). Ces résultats numériques sont qualitativement similaires à ceux obte-
nus expérimentalement par Bourgeois et al. [164].

2 Etude mésoscopique
2.1 Introduction aux incompatibilités
Le modèle trisphère de Le Roy [16] (voir Fig. 3.14) est utilisé afin de donner un ordre
de grandeur des auto-contraintes générées lors du retrait de dessiccation de la pâte de
ciment, par les granulats. Le Roy a utilisé ce modèle pour prédire les déformations de
retrait endogène, de fluage propre ainsi que les propriétés élastiques des mortiers et des
bétons. Il a également calculé les auto-contraintes générées lors du retrait endogène dans
la pâte de ciment.

Dans ce modèle, on considère une cellule élémentaire composée de 3 sphères concen-


triques de tailles variables, et qui dispose d’un caractère apollonien. Ce modèle prend en
compte la compacité maximale limitée du squelette granulaire (g∗ ). Ce modèle peut être
vu comme une extension du modèle de Hashin (bi-sphère). Il prend en compte la compa-
cité maximale limitée du squelette granulaire.

Seuls les résultats nécessaires aux calculs des contraintes sont rappelés. Les détails (et
notamment les démonstrations) sont dans la thèse de Le Roy [16].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
102 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

1-g/g*
Pâte de
ciment

Granulat
g/g*(1-g*)

F IG . 3.14: Modèle trisphère de Le Roy [16].

Le retrait d’une sphère constitué d’un matériau homogène, et produisant le même re-
trait que la sphère composite s’écrit, en considérant que les coefficients de Poisson de la
pâte de ciment et des granulats sont égaux à 0,2 :

2 EEdg (1 − g∗ )
εmin = εp (3.1)
g∗ + EEdg (2 − g∗ )

Où Ed est le module d’Young différé de la pâte de ciment, Eg est le module d’Young des
granulats, ε p est la déformation de retrait de dessiccation de la pâte de ciment et g est la
compacité du squelette granulaire (g∗ compacité maximale). Il s’agit de la valeur mini-
male de retrait correspondant au béton dans lequel les inclusions sont en contact comme
dans un empilement.

Pour une concentration quelconque (en ajoutant une pellicule de pâte qui produit elle
aussi un retrait p), la déformation de retrait du béton εb s’écrit [16] :
E
4 Edg (1−g∗ ) gg∗
(1 + EEdg )(1 − gg∗ ) + E
g∗ + Edg (2−g∗ )
εb = εp (3.2)
1 + gg∗ + EEdg (1 − gg∗ )

Le module différé est relié au module d’Young instantané de la pâte de ciment E p , via
le coefficient de fluage par φ(t) :

Ep
Ed (t) = (3.3)
1 + φ(t)

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 103

Les contraintes orthoradiales sont maximales à l’interface pâte de ciment/granulat :

( εεmin
p
) Eg ( gg∗ + 12 )
σθθ = Ed (3.4)
0, 6 Ed (1 − gg∗ ) + Eg (1 + gg∗ )
Afin de mettre en exergue les auto-contraintes induites lors du retrait de dessiccation,
nous utilisons les résultats obtenus par Le Roy [16] concernant les déformations de fluage
(nous utiliserons la valeur finale de la fonction de fluage).

Les valeurs de module d’Young sont issues de Marchand [165]. Les évolutions du
retrait de dessiccation des pâtes de ciment et la valeur de l’humidité relative suite à l’auto-
dessiccation (à 28 jours) sont issues des travaux de Baroghel-Bouny et Mounanga [166].

Les déformations de retrait de dessiccation sont données pour une humidité rela-
tive comprise entre entre 63,2 et 71,5 %. Elles sont extrapolées, en supposant que la
déformation de retrait de dessiccation est linéaire en fonction de l’humidité relative, pour
obtenir la valeur maximale de retrait de dessiccation (i.e. à 0 % HR). Les données sont
regroupées dans le Tab. 3.5.

E/C Eg [MPa] g g∗ Ep [MPa] φ∞ heq à 28 j ε p∞ [106 ]


0,28 70 0,71 0,87 22 2 77,5 3100
0,5 70 0,71 0,87 13,5 4 97 4300

TAB . 3.5: Données de simulation du retrait de dessiccation.

Tout d’abord, afin de tester la pertinence du modèle, l’évolution de la déformation de


retrait de dessiccation relative est tracée sur la Figure 3.15 en fonction de la concentration
granulaire. Les résultats montrent un accord correct entre le modèle développé par Le
Roy [16] et les résultats expérimentaux de Bissonnette et al. [167] et Pickett [168].

Il faut toutefois noter que de nombreux modèles d’homogénéisation reproduisent cor-


rectement les résultats expérimentaux de Pickett [168] selon Xi and Jennings [138].

Les contraintes orthoradiales sont alors calculées pour ces 2 rapports E/C, avec et sans
prise en compte du fluage. Les résultats sont regroupés dans les Fig. 3.16 et 3.17.

Ces simulations numériques montrent que les contraintes orthoradiales à l’inter-


face pâte de ciment/granulat peuvent dépasser la résistance en traction de la pâte,
dès que l’humidité relative est en deçà de 60 %, ce qui conduirait donc à la fissura-
tion. On note le rôle prépondérant du fluage qui relaxe (heureusement) fortement les
contraintes.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
104 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

1
Modèle
0,8

Déformation de retrait
Bissonette et al.
(1999)
0,6
relative Pickett (1956)

0,4

0,2

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
g

F IG . 3.15: Evolution des déformations de retrait de dessiccation relative en fonction de


la teneur en granulat. Comparaison entre expérience et modélisation.

45
40 Sans fluage
35
Avec fluage
Contraintes [MPa]

30
25
20
15
10
5
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2
Humidité relative

F IG . 3.16: Evolution des contraintes orthoradiales dans la pâte de ciment à l’interface


avec les granulats en fonction de l’humidité relative. Cas de la pâte de ciment ordinaire.

Les contraintes dans la pâte de ciment à hautes performances semblent plus impor-
tantes, car même si cette pâte subit moins de retrait de dessiccation, sa déformation de
fluage est moins importante et la valeur de son module d’Young est plus élevée.

Ainsi, il se développe une ”compétition” entre la déformation de retrait de dessicca-


tion, la déformation de fluage et la valeur du module d’Young.

Sur les figures 3.18 et 3.19 sont tracées les évolutions des contraintes orthoradiales à
l’interface pâte de ciment (ordinaire)/granulat en fonction de la teneur en granulat et le
module d’Young différé de la pâte, respectivement.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 105

40
35 sans fluage

30 Avec fluage
Contraintes [MPa] 25
20
15
10
5
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Humidité relative

F IG . 3.17: Evolution des contraintes orthoradiales dans la pâte de ciment à l’interface


avec les granulats en fonction de l’humidité relative. Cas de la pâte de ciment à hautes
performances.

5
4,5
4
Contraintes [MPa]

3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
g

F IG . 3.18: Evolution des contraintes orthoradiales dans la pâte de ciment ordinaire à


l’interface avec les granulats. Influence de la teneur en granulat.

On constate logiquement que plus la teneur en granulats augmente plus les contrain-
tes prédites deviennent importantes. De même, plus le module d’Young de la pâte de
ciment est important, plus les contraintes le sont également.

L’approche proposée pour estimer les auto-contraintes est bien sur critiquable. Du
point de vue mathématique, l’approche par le module d’Young différé n’est pas exacte, il
faudrait plutôt dans le cas de la visco-élasticité linéaire utiliser la transformée de Laplace-
Carson. Malheureusement, le calcul de la transformée inverse n’est pas trivial en général.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
106 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

25

20
Contraintes [MPa]
15

10

0
0 5 10 15 20
Ed

F IG . 3.19: Evolution des contraintes orthoradiales dans la pâte de ciment ordinaire à


l’interface avec les granulats. Influence du module d’Young différé.

Du point de vue physique, le séchage induit des pressions capillaires qui ont pour ef-
fet de comprimer triaxialement localement la pâte de ciment. Ainsi, à l’état de contrainte
calculé, il faudrait ajouter la contribution de la pression capillaire. Ceci n’est pas évident
à faire car la retransmission de la pression capillaire au sein du squelette solide est com-
plexe. Toutefois, cette approche permet de prédire, localement, les contraintes de traction
maximales que subirait la pâte de ciment lors du séchage.

La prise en compte des effets capillaires peut se faire en utilisant l’approche de la


mécanique des milieux poreux instaturés. Ainsi, les contraintes apparentes sont reliées
aux contraintes effectives et à la pression capillaire par la relation suivante [77] :

σ = σ̃ − bl pc (3.5)
Où bl est le coefficient de Biot qui peut être assimilé, avec une bonne précision, au degré
de saturation selon Obeid et al. ([71], voir Fig. 3.20)

Toutefois, l’analyse réalisée par de Gawin et al. [169] sur les résultats de Baroghel-
Bouny et al. [53] contredit ces résultats.
Dans le cas où on assimile le coefficient de Biot au degré de saturation (hypothèse
faite notamment dans Baroghel-Bouny et al. [53], la relation précédente devient :

σ = σ̃ − Sl pc (3.6)

Ainsi, l’état de contrainte de compression triaxiale vient s’ajouter au maximum à l’état


de contraintes lié aux incompatibilités de déformation.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 107

Valeur du coefficient
0,8 Biot Sl

0,6

0,4

0,2

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Humidité relative

F IG . 3.20: Variation du coefficient de Biot liquide et du degré de saturation en fonction


de l’humidité relative pour des mortiers [71].

On adopte le modèle de van Genuchten pour l’isotherme de désorption, et on choisit


les valeurs de paramètres matériaux issus de Baroghel-Bouny et al. [53], c.f. Tab. 3.6.

E/C a [MPa] b
0,34 37,5 2,17

TAB . 3.6: Paramètres du modèle de Van Genuchten.

Le rapport E/C n’est pas identique à celui du Tab. 3.6, l’objectif est d’estimer les va-
leurs de contraintes de compression apportées par la pression capillaire. Les contraintes
apportées par la pression capillaires sont reportées sur la Fig. 3.21.

Les contraintes finales (somme des contraintes de compression apportées par la pres-
sion capillaire et par l’incompatibilité de déformation) sont reportées sur la Fig. 3.22.

Ces résultats tendraient à montrer que lors du séchage, il n’y aurait pas de fissuration
à l’interface pâte de ciment/granulat.

Pour aller plus loin, si on superpose les effets de la pression capillaire aux contraintes
générées par la déformation différentielle de retrait de dessiccation entre la surface et le
cœur d’une éprouvette, on obtiendrait le même résultat, i.e., il n’y aurait pas de fissuration
en peau.

Or, l’analyse bibliographique montre que l’on observe à la fois une micro–fissuration
en peau et une microfissuration à l’interface pâte de ciment/inclusion.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
108 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

-5

Contraintes apportées par la


pression capillaire [MPa]
-10

-15

-20

-25

-30

-35
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Humidité relative

F IG . 3.21: Evolution des contraintes apportées par la pression capillaire.

5
Sans Fluage
0
Contraintes [MPa]

Avec Fluage
-5

-10

-15

-20

-25
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Humidité relative

F IG . 3.22: Evolution des contraintes orthoradiales dans la pâte de ciment à l’interface


avec les granulats en fonction de l’humidité relative. Prise en compte de la pression capil-
laire.

En effet, l’équation 3.6 est issue d’une homogénéisation qui masque l’état de
contraintes complexe au niveau des pores (de forme quelconque) du matériau. Ainsi,
l’état de contrainte ”réel” que subit le matériau à l’échelle locale est compris entre celui
reproduit dans la Fig. 3.17 et celui de la Fig. 3.22
Dans toute la suite, nous négligerons lors de l’étude des incompatibilités de déforma-
tion, l’effet de la pression capillaire, car nous ne sommes pas en mesure, à notre avis,
de l’estimer à l’échelle locale (ce qui ne remet pas en cause, bien entendu l’équation 3.6
justifiable à l’échelle du V.E.R.). Ainsi, nous ne pouvons pas prédire les augmentations
de la résistance en compression lors du séchage.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 109

2.2 Effet des granulats sur le séchage


2.2.1 Génération des mortiers
On se base sur l’article de Bisschop et van Mier [17] pour étudier les effets des granu-
lats sur la micro-fissuration lors du séchage. Celle-ci est de deux natures (voir chapitre 1
§4.1) :
– Le gradient d’humidité entre les faces exposées au séchage et le cœur génère des
déformations de retrait de dessiccation différentielles. Celle-ci se produit dans les
pâtes de ciment, mortiers et bétons.
– La déformation différentielle entre la pâte de ciment et le granulat. Celle-ci ne
se produit pas dans la pâte de ciment seule.

L’objectif est de prédire la part de dégradation des propriétés mécaniques à impu-


ter au comportement différentiel pâte de ciment/granulat. Une étude paramétrique
est également menée pour voir l’influence de la cinétique de séchage, de la déformation
de fluage qui se produit dans la pâte de ciment, des propriétés mécaniques (rigidité) des
granulats, de l’humidité relative ambiante. Les résultats expérimentaux sont comparés
qualitativement à des résultats expérimentaux lorsque ceux-ci sont disponibles. Ainsi,
dans les simulations qui suivent, on supposera un état uniforme des variations hydriques
(degré de saturation et humidité relative), l’effet des gradients ayant été étudié au §1.

2.2.2 Génération des mortiers


On considère la pâte de ciment et 3 mortiers dont les grains de sable ont été rem-
placés par des billes en verre (ce qui permet de mieux contrôler la taille des inclusions),
dont le rapport E/C est de 0,65 [17] (voir Tab. 3.7).

Nom % gr % pdc Diamètre bille [mm]


G4-10 90 10 4
G4-35 65 35 4
G1-10 90 10 1

TAB . 3.7: Caractéristiques des mésostructures générées.

Les maillages correspondant aux mortiers sont donnés sur la Fig. 3.23. Ils ont été
générés par l’intermédiaire de Matlab °. c Il est à noter qu’en réalité, en faisant une
coupe 2D d’un parallélépipède contenant des sphères, on devrait obtenir des cercles de
diamètre différent (inférieur ou égal au diamètre des sphères). Pour éviter de compli-
quer le maillage et l’interprétation des résultats, nous avons décidé d’utiliser des
cylindres de diamètre égal au diamètre des sphères.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
110 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

G4-35 G4-10 G1-10

F IG . 3.23: Maillages des mortiers.

Il est à noter qu’il est difficile de générer un gros pourcentage de billes de verre mono-
taille. Ainsi, la limite numérique est de 45 % (”random jamming limit” [170]). Un pour-
centage supérieur ne peut être atteint que si différentes tailles de billes sont considérées.

Afin d’identifier le plus clairement possible les effets de la taille et du pourcentage des
grains, nous avons volontairement choisi de nous restreindre à ces 3 mésostructures.

Une mésostructure ”plus réaliste” (grains de différentes tailles) sera considérée lors
de l’étude à hautes températures.

Egalement, la génération des mésostructures étant aléatoire, nous devrions mettre en


œuvre des simulations numériques de Monte Carlo (de l’ordre de 10 000 mésostructures
devraient être générées pour avoir une erreur sur les valeurs moyennes de l’ordre de
1 %). Ceci sort du cadre de cette thèse et nécessite des développements numériques plus
conséquents.

2.2.3 Etude du séchage


L’isotherme de désorption est présentée sur la Fig. 3.24. La géométrie des éprouvettes
est reportée sur la Fig. 3.25. L’évolution de la perte en masse est reportée sur la Fig. 3.26.
Enfin, les paramètres matériaux sont donnés dans le Tab. 3.8.

a [MPa] b φ K [m2 ]
25 0,44 0,16 8.10−21

TAB . 3.8: Paramètres matériau du modèle de séchage.

L’humidité relative initiale a été fixée à 97 %. L’humidité relative extérieure est de


30 %. La pâte de ciment a un rapport E/C de 0,65.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 111

Degré de saturation
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
Pression capillaire [MPa]

-100

-200

-300

F IG . 3.24: Isotherme de désorption.

hre = 30 %

hri = 97 %
40 mm

40 mm

F IG . 3.25: Géométrie et conditions aux limites des éprouvettes testées par [17] (Les
prismes ont une hauteur de 160 mm).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
112 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

25

Perte en masse [%]


20

15 Expérience

10 Modèle

5
Temps [jours]
0
0 20 40 60 80 100

F IG . 3.26: Evolution de la perte en masse : modélisation et résultats expérimentaux [17].

La modélisation adoptée permet de retrouver la courbe de perte en masse expérimentale.


Toutefois, la complète validation de cette démarche nécessite la caractérisation rigou-
reuse de l’isotherme de désorption.

La perte en masse des différents mortiers est donnée sur la Fig. 3.27. On constate que
le diamètre des billes de verre n’influe pas sur la courbe de perte en masse, ce qui est
logique et correspond aux observations de Bisschop et van Mier [17].

25 Pdc G4_10
G4_35 G1_10
Perte en masse [%]

20

15

10

5
Temps [jours]
0
0 20 40 60 80 100 120

F IG . 3.27: Evolution de la perte en masse de la pâte de ciment et des différents mortiers.

2.2.4 Etude du fluage propre et du fluage de dessiccation


Nous utilisons les résultats expérimentaux de Hummel (1959, cité par Kanstad [171])
obtenus sur une pâte de ciment de rapport E/C = 0,65 (identique au rapport de Bisschop

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 113

et van Mier [17]), pour identifier les paramètres du fluage propre.


Néanmoins, il est fort probable que le ciment soit différent, par conséquent, l’identifi-
cation ne correspond pas bien sûr au comportement réel de la pâte de ciment de Bisschop
et van Mier [17]. Toutefois, cette identification permet d’avoir des valeurs de paramètres
matériaux réalistes.

Pour le fluage de dessiccation, nous avons utilisé, par manque de données, les résultats
obtenus par Day et al. [172]. Les essais de fluage ont été réalisés sur des éprouvettes
d’épaisseur faible, afin de réduire la fissuration induite par la dessiccation. Les éprouvettes,
de rapport E/C égal à 0,47 (inférieur à celui de la pâte de ciment étudiée) ont été chargées
à 75 jours, sont en forme de S et ont une épaisseur de 1,9 mm.

L’identification est issue de Benboudjema [63]. Les valeurs des paramètres matériaux
sont données dans le Tab. 3.9.
k1bc [GPa] τ1bc [jours] k2bc [GPa] τ2bc [jours] k3bc [GPa] τ3bc [jours]
15,85 0,1 54,54 1 82,19 10
4
kbc [GPa] 4
τbc [jours] 5
kbc [GPa] 5
τbc [jours] µ [GPa−1 ]
17,05 100 23,2 1000 0,681

TAB . 3.9: Paramètres mécaniques du modèle de fluage propre et de dessiccation.

200
Déformation de fluage
propre [µm.m-1.MPa-1]

150

Modèle
100 Expérience (Hummel, 1959)

50

Temps [jours]
0
0 500 1000

F IG . 3.28: Evolution des déformations de fluage propre : modèle et expérience (Hummel,


1959).

2.2.5 Modèle de retrait de dessiccation


Le paramètre de retrait de dessiccation αrd (c.f. Eq. 2.1.1) est identifié à partir des
résultats expérimentaux de Baroghel-Bouny et Mounanga [166].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
114 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

450
400 Modèle

dessiccation [µm.m-1.MPa-1]
Déformation de fluage de
350 Expérience (Day et al., 1984)

300
250
200
150
100
50 Humidité relative
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

F IG . 3.29: Evolution des déformations de fluage de dessiccation.

Pour une pâte de ciment durcie de rapport E/C =0,6 (conservation en auto-dessiccation
pendant 1 an), ils obtiennent une déformation de retrait de dessiccation d’environ 800
µm.m−1 entre une humidité relative de 71,5 % et de 63,2 %. Après identification, on ob-
tient αrd = 1,86 (c.f. Eq. 2.1.1).

L’évolution de la déformation de retrait de dessiccation en fonction de l’humidité re-


lative est reportée sur la Fig. 3.30.

7000
de dessiccation [µm/m]
Déformation de retrait

6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Humidité relative

F IG . 3.30: Evolution de la déformation de retrait de dessiccation en fonction de l’humi-


dité relative pour la pâte de ciment.

On obtient une évolution quasi-linéaire, ce qui est conforme aux résultats expérimen-
taux de la littérature (voir chapitre 1).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 115

Ensuite, nous simulons, en supposant chacune des phases du mortier (pâte de ciment
et bille de verre) élastiques linéaires (sans prise en compte du fluage), l’évolution de la
déformation de retrait de dessiccation (à l’équilibre à 30 % d’humidité relative) en fonc-
tion de la teneur en bille de verre. Cette évolution est reportée sur la Fig. 3.31.

1
Modèle trisphère
0,8
Déformation de retrait

Bissonette et al.
(1999)
0,6 Pickett (1956)
relative

0,4 Modèle
numérique

0,2

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
g

F IG . 3.31: Evolution de la déformation de retrait de dessiccation à l’équilibre en fonction


de la teneur en bille de verre. Comparaison avec l’expérience et le modèle trisphère.

Les résultats issus du modèle numérique ne permettent pas de retrouver correc-


tement les résultats expérimentaux. Cela est peut être dû au caractère peu réaliste du
mortier généré (taille unique de grain), à l’hypothèse adoptée de contraintes planes ou
à l’influence de la micro-fissuration. On constate comme dans le cas du séchage, que
les déformations sont similaires quelque soit la taille des grains (seule la teneur aurait
un rôle). Ceci nous permettra de bien mettre en évidence le rôle de la taille des grains,
du point de vu mécanique, par la suite. Bien sûr, pour confirmer ce résultat, il serait
nécessaire, comme nous l’avons souligné plus haut de générer plus de mésostructures.

Afin de se rapprocher de conditions réalistes tout en n’étudiant que l’effet des incom-
patibilités de déformation, nous allons considérer 2 évolutions d’humidité relatives. Elles
correspondent à l’évolution de l’humidité relative dans une éprouvette de béton 16 × 32
(béton étudié au §1.2) en cœur et en zone de peau (à 5 mm de la surface). Ces 2 dernières
sont tracées sur la Fig. 3.32.

On constate sur la Fig. 3.32, la lenteur du processus de séchage, l’éprouvette n’est


toujours pas séchée à 30 % d’humidité relative après 20 ans.

Les évolutions des déformations de retrait de dessiccation, en zone de peau et en zone


de cœur sont reportées sur la Fig. 3.33 avec et sans prise en compte du fluage propre et

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
116 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

1
0,9 Peau

Humidité relative
0,8 Coeur
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1 Temps [jours]
0
0 2000 4000 6000 8000

F IG . 3.32: Evolution de l’humidité relative en zone de peau et cœur.

du fluage de dessiccation. Elles sont effectuées à partir des évolutions de la Fig. 3.32.
L’humidité relative atteint une valeur de 0,5 à 2070 jours en zone de peau et à 8540 jours
en zone de cœur.

4000 Elastique - zone de peau


3500 Elastique+fluage - zone de peau
Déformation de retrait de

Elastique - zone de coeur


dessiccation [µm/m]

3000
Elastique+fluage - zone de coeur
2500
2000
1500
1000
500
0
0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Humidité relative

F IG . 3.33: Evolution de la déformation de retrait de dessiccation en fonction du temps


en zone de peau et en zone de cœur. Cas de la mésostructure G4-35 uniquement. Les
déformations de fluage sont prises en compte.

On constate que les déformations de fluage influencent légèrement la valeur de défor-


mation de retrait de dessiccation (de l’ordre de 9 %). Les valeurs obtenues ne dépendent
pas de l’histoire de l’évolution de l’humidité relative, bien que les auto-contraintes générées
doivent se relaxer différemment.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 117

2.2.6 Modèle mécanique


La fissuration est modélisée uniquement à l’aide du modèle EEI. Des valeurs de pa-
ramètres matériaux réalistes sont données dans les Tab. 3.10 et 3.11.

At Bt Ac Bc κ0 E [GPa] ν
-1 103 11,5 600 2,08.10−4 12 0,2

TAB . 3.10: Paramètres matériau du modèle mécanique en traction et compression pour la


pâte de ciment.

At Bt Ac Bc κ0 E [GPa] ν
-1 1,2.103 9,2 500 1,5.10−4 60 0,2

TAB . 3.11: Paramètres matériau du modèle mécanique en traction et compression pour


les billes de verre.

Les évolutions de la contrainte en fonction de la déformation en compression et en


traction (uniaxiale), pour la pâte de ciment et les billes de verre sont données dans les Fig.
3.34, 3.35, 3.36 et 3.37.

2,5
Contraintes [MPa]

1,5

0,5
Déformations [*106]
0
0 200 400 600

F IG . 3.34: σ-ε en traction pour la pâte de ciment.

Les iso-valeurs d’endommagement sont tracées pour la mésostructure G4-35 en com-


pression et en traction sur la Fig. 3.38.
On observe un faciès de fissuration cohérent : une fissuration horizontale essentielle-
ment dans la pâte de ciment, et une fissuration plutôt orienté verticalement (légèrement
en biais) en compression.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
118 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

35

30

Contrainte [MPa] 25

20

15

10

5
Déformation [*106]
0
0 2000 4000 6000 8000 10000 12000

F IG . 3.35: σ-ε en compression pour la pâte de ciment.

10
9
8
Contrainte [MPa]

7
6
5
4
3
2
1 Déformation [*106]
0
0 200 400 600

F IG . 3.36: σ-ε en traction pour les billes de verre.

2.2.7 Prédiction de la fissuration et des propriétés mécaniques résiduelles


Etant donné qu’il est difficile d’atteindre une humidité relative de l’ordre de 30 %
dans les structures (même si l’humidité relative extérieure est de 30 %, c.f. plus haut),
nous allons évaluer les propriétés résiduelles en zone de peau (5 mm de la surface) et
en zone de cœur uniquement entre 50 et 97 % d’humidité relative. Nous considérons
alors, les valeurs d’humidité relative, et les temps correspondants indiqués dans le Tab.
3.12.

Les évolutions des propriétés mécaniques relatives en compression et en traction (mo-


dule d’Young et résistance) en fonction de l’humidité relative sont obtenues en effectuant
un essai mécanique virtuel, après la simulation hydro-mécanique correspondante au
séchage.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 119

100
90
80
Contrainte [MPa] 70
60
50
40
30
20
10 Déformations [*106]
0
0 2000 4000 6000 8000 10000 12000

F IG . 3.37: σ-ε en compression pour les billes de verre.

F IG . 3.38: Iso-valeurs d’endommagement pour la mésostructure G4-35 en compression


et en traction dans la pâte de ciment.

Humidité relative [%] Temps [jours] (En cœur) Temps [jours] (En peau)
90 39,2 0,257
80 619 25,7
70 2120 202
60 4690 761
50 8540 2070

TAB . 3.12: Valeurs de l’humidité relative et temps correspondants en zone de peau et en


zone de cœur.

Les iso-valeurs d’endommagement à 50 % d’humidité relative sont tracées sur la Fig.


3.39 pour les 3 mésostructures (zone de cœur, avec prise en compte du fluage).

Il est à noter que nous n’avons pas relevé d’endommagement dans les inclusions.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
120 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

1
G4_35 G4_10 G1_10

F IG . 3.39: Iso-valeurs d’endommagement à 50 % d’humidité relative (zone de cœur, avec


prise en compte du fluage).

On obtient des faciès de fissuration réalistes (cf. Fig. 3.40) : une fissuration à l’interface
pâte de ciment/inclusion qui correspond à une décohésion et une fissuration radiale
entre les inclusions. Toutefois, Bisschop et van Mier, n’ont pas observé d’influence des
incompatibilités de déformation pour les mortiers contenant des billes de verre de 1 mm
(10 % de séchage). Ce n’est pas le cas ici, où la Fig. 3.39 met clairement en évidence,
une fissuration importante, ceci étant probablement du au degré beaucoup plus avancé du
séchage (supérieur à 20 %).

F IG . 3.40: Faciès de fissuration d’un mortier de billes de verre (G6-35, 20 % de séchage


[17]).

On pourra remarquer la localisation de l’endommagement dans un élément. Toute-


fois, le critère de régularisation adopté devrait nous garantir l’unicité de la solution
en terme de force/déplacement. Ainsi, le maillage ne devrait pas influencé les valeurs
résiduelles de module d’Young, résistance en compression et résistance en traction cal-
culées. Les simulations montrent que plus la teneur en granulat est élevée, plus la pâte
de ciment est endommagée. Ainsi, on peut s’attendre à une dégradation plus importante
des propriétés mécaniques. L’évolution de la déformation de retrait de dessiccation (appa-
rente) en fonction de l’humidité relative est tracée sur la Fig. 3.41 pour la mésostructure
G4-35.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 121

4000
Déformation de retrait de 3500
IED+fluage
dessiccation [µm/m] 3000
Elastique+fluage
2500
2000
1500
1000
500
0
0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Humidité relative

F IG . 3.41: Evolution de la déformation de retrait de dessiccation apparente en fonction


du temps en zone de cœur. Cas de la mésostructure G4-35 uniquement. Les déformations
de fluage sont prises en compte.

On constate que la fissuration affecte l’évolution de la déformation de retrait de


dessiccation apparente. Celle-ci est plus faible lorsque la fissuration est prise en compte.
En effet, cette déformation résulte de la déformation de retrait de dessiccation intrinsèque,
des déformations (élastiques) d’extension correspondante à des ouvertures de fissures et
les déformations de fluage (d’extension, puisque la pâte de ciment subit des contraintes de
traction). L’écart s’accroı̂t au fur et à mesure que l’humidité relative diminue, puisque les
valeurs d’endommagement augmentent. Ce résultat est similaire à la présence de la zone
” dormante ” observée dans la courbe retrait de dessiccation - perte en masse (cf. Fig. 3.6).

On trace sur les Figures 3.42 et 3.43, les propriétés mécaniques relatives en fonction de
l’humidité relative et du degré de saturation pour la mésostructure G4-35. Le tab. 3.13 re-
groupe les valeurs des propriétés mécaniques relatives pour les différentes mésostructures,
à 50 % d’humidité relative.

G4-35 (En peau) G4-35 (En cœur) G4-10 (En cœur) G1-10 (En cœur)
E/E0 0,1 0,09 0,14 0,18
ft /ft0 0,5 0,46 0,5 0,52
fc /fc0 0,2 0,19 0,2 0,2

TAB . 3.13: Propriétés mécaniques résiduelles.

Les résultats obtenus montrent que les propriétés mécaniques sont peu sensibles à
l’histoire d’évolution de l’humidité relative (en zone de cœur et en zone de peau pour

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
122 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

Propriétés relatives
0,75

0,5
E

0,25 ft
fc

0
0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Humidité relative

F IG . 3.42: Evolution des propriétés mécaniques relatives en fonction de l’humidité rela-


tive. Cas de la méso-structure G4-35 uniquement..

1
Propriétés relatives

0,75

0,5
E
ft
0,25
fc

0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Degré de saturation

F IG . 3.43: Evolution des propriétés mécaniques relatives en fonction du degré de satura-


tion. Cas de la méso-structure G4-35 uniquement..

la mésostructure G4-35). De même, nous avons obtenu que les résistances résiduelles en
compression et en traction sont peu sensibles à la teneur et au diamètre des inclu-
sions. Par contre, nous avons noté que le module d’Young semble sensible à la teneur
et au diamètre des inclusions. En raisonnant, en terme de zone de contact de transition,
nous obtenons que seul le module d’Young y semble sensible. Il est à noter que Szcześniak
et al. [26] n’ont pas observé également d’influence de la zone de contact de transition sur
la résistance en compression. Par contre, ils suggèrent que cette influence existe sur la
résistance en traction, ce que nous n’avons pas observé dans nos simulations.

Peu d’auteurs proposent de tenir compte explicitement des incompatibilités de défor-


mation. Hubert [21] proposait de prendre en compte l’endommagement hydrique Dh (qui

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique 123

affecte de la même façon le module d’Young et la résistance) à partir de la relation sui-


vante :

Ḋh = a.ẇ (3.7)


Les résultats des Fig. 3.42 et 3.43 ne sont pas en accord avec l’équation précédente.
D’une part, l’évolution de l’endommagement n’est pas linéaire en fonction du degré de
saturation (et donc de la teneur en eau). D’autre part, la dégradation calculée dépend
de la propriété mécanique concernée (module d’Young, résistance en compression,
résistance en traction). Toutefois, les simulations effectuées ne reproduisent pas ce qu’on
observe expérimentalement (heureusement). En effet, les dégradations simulées du mo-
dule d’Young et de la résistance en traction sont beaucoup plus importantes dans
nos simulations. Par exemple, Szcześniak et al. [26] mesure une dégradation du module
d’Young d’un mortier (diamètre des billes de 4 mm, pourcentage de billes égal à 35 %)
de l’ordre 65 % pour un degré de saturation de l’ordre de 32 %. Ici, la dégradation prédite
est de l’ordre de 90 % ! De plus, on observe, expérimentalement, plutôt une augmentation
de la résistance en compression au cours du séchage.

Il est nécessaire de rappeler, que les effets capillaires ne sont pas pris en compte.
Les contraintes de compression ”apportées” par les pressions capillaires augmentent les
résistances en compression et en traction du matériau. Mais, si nous les prenons en compte
(c.f. §2.1), nous n’aurions pas pu alors prédire de microfissuration qu’elle soit liée au gra-
dient ou aux incompatibilités de déformation, alors que celles-ci ont bien été observées
expérimentalement.

Ainsi, il semble qu’il est nécessaire de bien comprendre la retransmission des


pressions capillaires sur le squelette solide (pâte de ciment, inclusions) pour ten-
ter de reproduire correctement les évolutions des propriétés mécaniques au cours
du séchage. Une approche telle que nous avons adoptée ou une approche basée sur
la mécanique des milieux poreux insaturés semblent insuffisantes. Une approche multi-
échelle (du nanomètre au centimètre) permettrait peut-être de répondre à ces questions.

Comme nous l’avons mentionné auparavant, ces résultats sont à confirmer en réalisant
plus de simulations numériques, afin d’obtenir des valeurs statiques (moyenne, écart-type)
exploitables. Toutefois, il est à noter, que la génération du maillage sous Matlab °peut
c
conduire à des maillages distordus, et qu’une vérification manuelle doit être effectuée.
De plus, la convergence nécessite un temps de calcul conséquent (de l’ordre de 1 à 2
jours pour chaque point, sur un PC Intel Core 2 Duo, 2 Ghz, 2 GO de RAM). Ceci com-
plique fortement la réalisation de simulations de Monte Carlo. En outre, les effets tridi-
mensionnels restent à déterminer, puisque les calculs ont été menés avec l’hypothèse des
contraintes planes.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
124 Etude de la micro-fissuration à température ambiante

3 Conclusions du chapitre
Ce chapitre fait le point sur l’étude du comportement mécanique et plus particulière-
ment de la fissuration et de l’évolution des propriétés mécanique du béton soumis au
séchage.
Les simulations montrent que la dégradation des propriétés mécaniques associée au
gradient de déformation est très faible (de 1 à 6 % à 50 % HR). En effet, l’épaisseur de la
zone micro-fissurée est faible.
On peut conclure dans un premier temps, compte tenu des travaux réalisés à l’échelle
macroscopique, comparant les deux modèles d’endommagement, que ceux-ci donnent
des résultats similaires, le modèle d’endommagement élastique isotrope étant par contre
plus simple et moins riche en paramètres à identifier.
On observe une différence fondamentale entre les deux modèles uniquement lors d’un
chargement mécanique perpendiculaire à la zone micro-fissurée.
Pour l’étude à l’échelle mésoscopique, l’identification de la dégradation due aux in-
compatibilités de déformations entre la pâte de ciment et les granulats a pu être réalisée.
Une première étude paramétrique visant à montrer l’influence de la taille et de la teneur en
granulat a également été menée, concluant sur une non influence à priori (même si plus de
calculs seraient nécessaires sur de nombreuses génération aléatoires de mésostructures)
de la taille des granulats. Par contre, les premiers calculs réalisés montrent clairement une
influence de la teneur en granulats.
Toutefois, les dégradations prédites sont heureusement fortement surestimées. Ceci est
dû sûrement au fait que la pression capillaire n’a pas été prise en compte. Néanmoins, si
celle-ci est prise en compte en utilisant les équations de la mécanique des milieux poreux
insaturés, aucune fissuration ne serait prédite, ce qui n’est pas en accord avec l’expérience.
Ce point reste à éclaircir.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Chapitre 4

Etude de la fissuration à hautes


températures

Dans ce chapitre sont présentés les travaux réalisés durant la


thèse pour étudier, comprendre et prédire efficacement le com-
portement du béton à hautes températures.
Le premier objectif des travaux réalisés est d’étudier l’effet de
différents modèles mécaniques, de la déformation thermique
transitoire et de différentes échelles d’études sur le compor-
tement mécanique du béton soumis à des hautes températures
(jusqu’à 600˚C). Cette étude est réalisée à l’échelle macrosco-
pique sur éprouvette et sur des structures réelles.
Le second objectif est d’identifier, séparer et quantifier la
part des principaux mécanismes d’endommagement du béton
à hautes températures mis en jeu à ces différentes échelles. Les
deux approches de modélisation, à l’échelle macroscopique
et mésoscopique, sont alors utilisées, l’intérêt de l’échelle
mésoscopique pour caractériser l’endommagement dû au ca-
ractère hétérogène du béton étant démontré au préalable.
Les études souhaitées et les simulations réalisées à cet effet
pour chacune de ces approches seront dans un premier temps
décrites. L’identification des paramètres est ensuite présentée,
puis les résultats obtenus lors de ces simulations, qui sont ana-
lysés.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Sommaire
1 Etude macroscopique (sur éprouvette) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
1.1 Description des simulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
1.2 Identification des paramètres matériau . . . . . . . . . . . . . . . . 128
1.3 Endommagement après montée en température . . . . . . . . . . . 136
1.4 Evolution des propriétés mécaniques après montée en température . 138
1.5 Endommagement après refroidissement . . . . . . . . . . . . . . . 140
1.6 Evolution des propriétés mécaniques après refroidissement . . . . . 141
1.7 Analyse de l’orthotropie induite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
2 Etude macroscopique (sur structure) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
2.1 Tunnel sous la Manche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
2.2 Flexion d’une dalle en béton armé . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
3 Etude mésoscopique (sur éprouvette) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
3.1 Description des simulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
3.2 Identification des paramètres du modèle . . . . . . . . . . . . . . . 154
3.3 Endommagement après montée en température . . . . . . . . . . . 160
3.4 Identification des mécanismes d’endommagement . . . . . . . . . 161
3.5 Etude paramétrique sur l’influence des granulats . . . . . . . . . . 169
4 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur éprouvette) 127

1 Etude macroscopique (sur éprouvette)


1.1 Description des simulations
L’objectif lié à ces premiers travaux est d’étudier l’effet de la Déformation Ther-
mique Transitoire et de différents modèles mécaniques (isotrope/orthotrope, défor-
mations inélastiques) sur le faciès de fissuration et les paramètres mécaniques à chaud
et résiduels (module d’Young, résistance en compression et en traction) après chauffage.
L’effet de la vitesse de montée en température est également étudié.
Les simulations présentées s’appuient donc, comme expliqué dans le chapitre 2, sur
des essais expérimentaux réalisés par Hager [12], constituant une base de données expé-
rimentales relativement complète. Une brève description de ces expériences est effectuée
ci-après (voir chapitre 2 §4.2.1).

– Matériaux testés :

Les expériences ont été réalisées sur des éprouvettes en BHP M100C (avec un rap-
port E/C de 0,3 contenant de la FS). Les propriétés mécaniques initiales (à 20˚C)
sont les suivantes : module d’Young E0 = 52 GPa, coefficient de Poisson ν = 0, 2,
résistances en compression et en traction fc0 = 100 MPa et ft0 = 3, 5 MPa.

– Expériences réalisées :

Le chargement thermique a été imposé à la surface des éprouvettes par l’in-


termédiaire de colliers chauffants. La température du chargement évoluait entre
20 et 600˚C (avec une montée en température de 0,5 et 1˚C/min). Des tests uni-
axiaux de compression et de traction ont été réalisés à 20, 120, 250, 400 et 600˚C.
Des essais de fluage thermique transitoire ont également été réalisés, avec un char-
gement mécanique imposé sur la face supérieure des éprouvettes correspondant à
20 ou 40 % de la résistance en compression initiale (à 20˚C) des bétons testés.

– Mesures réalisées :

Les températures et les déplacements ont été mesurés au centre des éprouvettes
pour s’affranchir des effets de bord. Les températures de surface et de coeur des
échantillons ont été mesurées pour avoir accès aux gradients thermiques induits.

Les simulations sont réalisées dans une configuration 2D de contraintes planes, en


utilisant des éléments finis rectangulaires à 4 noeuds. La configuration ”contraintes
planes” a été choisie initialement pour avoir une ”représentation non aberrante” des gra-
nulats dans le cas du maillage hétérogène (si l’on utilise alors une configuration axi-
symétrique, ceci revient à considérer des granulats toriques en 3D).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
128 Etude de la fissuration à hautes températures

Du fait de la symétrie (de la géométrie, des chargements et des conditions aux li-
mites), seul un quart de l’éprouvette est maillé (pour des gains de temps de calcul). La
discrétisation utilisée et les conditions aux limites sont présentées sur la Fig. 4.1.

Maillage Test Test


adopté Thermique Thermo-Mécanique
σu
25

75

UY

UX

Surfaces
adiabatiques T= [ 20 à 600°C ] σu=20%fc

F IG . 4.1: Description des essais [12] et simulations (macroscopiques) sur éprouvette.

1.2 Identification des paramètres matériau


Les paramètres thermo-mécaniques sont identifiés à partir des résultats de thèse de
Hager [12]. Pour optimiser l’identification (en terme de performance et de rapidité de
réalisation), l’algorithme de Levenberg-Marquardt est utilisé [173].

1.2.1 Paramètres thermiques


Les propriétés thermiques identifiées sont la conductivité thermique λ et la capacité
calorifique Cp. Des lois physiques, basées sur les résultats expérimentaux de la littérature,
sont choisies pour représenter l’évolution de ces propriétés pour chacune des phases
constituant le béton (granulats et pâte de ciment).
Il est à noter que la capacité calorifique massique apparente inclut aussi l’énergie
perdue/absorbée reliée aux changements de phase et aux processus de déshydratation
(nous pouvons ainsi voir sur la Fig. 4.3(a) l’évolution de la capacité calorifique massique
avec la température, incluant les deux pics résultants de l’évaporation de l’eau et de la
déshydratation de la portlandite et des C-S-H).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur éprouvette) 129

Les paramètres de ces lois physiques pour les phases pâte de ciment et granulats
sont identifiés par comparaison à partir des évolutions expérimentales des gradients
thermiques à 0,5˚C/min, en utilisant pour nos simulations un maillage hétérogène et
l’algorithme de Levenberg-Marquardt [173].

Les propriétés du béton sont ensuite déduites en utilisant des lois d’homogénéisation
[18] (voir eq. 4.1 et 4.2).

[Capp ]b = γgr × [Capp ]gr + γ pdc × [Capp ] pdc (4.1)


Où γx représente la fraction volumique de de la phase x. Les indices x = b, x = gr et
x = pdc représentent respectivement le béton, les granulats et la pâte de ciment. La ca-
pacité calorifique du béton ne dépend donc pas de la distribution des granulats dans le
béton, mais seulement de la fraction volumique et de la capacité calorifique de chacun
des composants.

La loi analytique utilisée est basée sur une moyenne de deux modèles de conductivité :
série et parallèle (voir Fig. 4.2).

1 1 λgr λ pdc
λb = (γgr × λgr + γ pdc × λ pdc ) + ( ) (4.2)
2 2 γgr × λgr + γ pdc × λ pdc

gr pdc

gr
φ
pdc

F IG . 4.2: Modèle analytique de détermination de λb (macroscopique) [18].

Cette décomposition (pâte de ciment et granulats) a été adoptée pour l’approche ma-
croscopique afin de pouvoir comparer les résultats obtenus à cette échelle avec ceux ob-
tenus à l’échelle mésoscopique (voir §3).

Après identification (voir Fig. 4.3), nous sommes parvenus à un bon accord entre les
résultats expérimentaux et numériques sur béton (voir Fig. 4.4(a)), à 0,5˚C/min (vitesse
de montée en température avec laquelle a été réalisée l’identification des paramètres de
simulation) mais également à 1,0˚C/min (sans recalage des paramètres pour cette nouvelle
vitesse).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
130 Etude de la fissuration à hautes températures

Il semble donc que dans ce cas, les transferts d’eau et d’air (que nous n’avons pas pris
en compte) ont un faible impact sur l’évolution de la température. Un résultat similaire
avait été d’ores et déjà observé par Dal Pont [142].

1500 2

1250
Capp [J/(kg.°C)]

1,5

λ [W/(m.°C)]
1000

750 1

500
0,5
250

0 0
0 100 200 300 400 500 600 0 100 200 300 400 500 600

T [°C] T [°C]

(a) Capacité calorifique apparente. (b) Conductivité thermique.

F IG . 4.3: Paramètres thermiques du béton (macroscopiques).

Des simulations numériques ont également été réalisées à 10˚C/min qui ont conclu à
une forte augmentation du gradient thermique avec la vitesse de montée en tempéra-
ture (voir Fig. 4.4(b)). Pour des vitesses de montée en température importantes (≥ à
10˚C/min), la prise en compte des pressions de pores générées lors du chargement ther-
mique (voir chapitre 1 §3.3.4) s’avérerait donc nécessaire.

1.2.2 Paramètre de la DT
La déformation thermique libre DT du béton est liée au coefficient de dilatation
thermique de celui-ci. L’identification est réalisée à partir des essais de chargement
thermiques de Hager [12]. Les résultats de l’identification sont présentés sur la Fig. 4.5
et le Tab. 4.1.

Les résultats sont présentés pour les deux modèles mécaniques (EEI et EPEO), afin
de s’assurer leur même comportement vis à vis de la DT.

T [˚C] 20 120 250 400 600


αb [.10−6 ] 5,4 5,4 8,4 11 17

TAB . 4.1: Coefficient de dilatation thermique du béton αb (macroscopique).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur éprouvette) 131

50 300

Tsurf-Tcoeur [°C]
Tsurf-Tcoeur [°C]

250
40
200
30
150
20 100
10 50

0 0
0 100 200 300 400 500 600 0 100 200 300 400 500 600

T [°C] T [°C]
Exp 1°C/min Exp 0,5°C/min Sim 0,5°C/min Sim 1°C/min
Sim 1°C/min Sim 0,5°C/min Sim 10°C/min

(a) A 0,5 et 1,0˚C/min. (b) A 0,5, 1,0 et 10˚C/min.

F IG . 4.4: Gradient thermique expérimental et numérique (macroscopique) pour le béton.

12
DT Exp
10 DT sim EEI
DT Sim EPEO
8
ε th [µm/m]

0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.5: DT expérimentale et numérique (macroscopique, modèles EEI et EPEO).

1.2.3 Paramètres de la DTT

Les trois paramètres A, B et C, gouvernant l’évolution de la Déformation Thermique


Transitoire DTT par l’intermédiaire du coefficient β(T ) (voir chapitre 2 §2.2.3), sont
déterminés à partir des essais thermiques de Hager [12] sous un chargement mécanique
correspondant à 20 % de la résistance en compression à froid des éprouvettes testées
(voir Fig. 4.6 et Tab. 4.2).
Les résultats sont présentés pour les deux modèles mécaniques (EEI et EPEO), afin
de s’assurer leur même comportement vis à vis de la DTT.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
132 Etude de la fissuration à hautes températures

A B C
1 ×10−3 4×10−4 8,5×10−3

TAB . 4.2: Paramètres de la DTT du béton (macroscopique, modèles EEI et EPEO).

800
600
400

200
ε tot-ε el [µm/m]

0
0 100 200 300 400 500 600
-200
-400
-600 Exp

-800 Sim EEI

-1000 Sim EPEO

-1200

T [°C]

F IG . 4.6: DTSC expérimentale [12] et numérique (macroscopique, modèles EEI et


EPEO).

L’influence de la prise en compte de la DTT est visible sur la Fig. 4.7. Les déformations
totales observables, pour un chargement thermique seul noté ”T”, et pour un chargement
thermo-mécanique noté ”TM”, sont comparées.

10000
Exp T
8000 Sim T variation E
Exp TM
ε tot-ε el [µm/m]

6000 Sim TM sans DTT


Sim TM avec DTT
4000 DTT réel

2000

-2000
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.7: Déformations totales expérimentales [12] et numériques (macroscopique, EEI


avec et sans DTT), sous chargement thermique (T) et thermo-mécanique (TM).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur éprouvette) 133

Le graphique montre une légère diminution entre la courbe indicée ”sim T” et ”sim
TM sans DTT” correspondant à la décroissance du module d’Young avec la tempé-
rature. La valeur de la DTT est beaucoup plus importante (décroissance observée
entre les courbes indicées ”sim TM sans DTT” et ”sim TM avec DTT”).

La Fig. 4.8 réunit les courbes de Déformation Thermique DT pour le chargement ther-
mique seul, de Déformation Thermique Sous Charge DTSC pour le chargement thermo-
mécanique et de Déformation Thermique Transitoire DTT (correspondant à la différence
entre la DT et la DTSC).

On note une augmentation importante de la DTT avec la température. On peut


également noter une très bonne prédiction numérique après identification des paramètres
de la DT et de la DTT.

15000
DT Exp DT Sim
DTSC Exp DTSC Sim
10000
DTT Exp DTT Sim
ε tot-ε el [µm/m]

5000

0 100 200 300 400 500 600


-5000

-10000

-15000
T [°C]

F IG . 4.8: DT, DTSC et DTT expérimentale [12] et numérique (macroscopique).

1.2.4 Paramètres mécaniques


Les conditions des ”essais numériques à chaud” employés pour effectuer l’identifica-
tion des paramètres mécaniques, correspondant aux expériences de Hager [12], sont les
suivantes :

– Un chargement thermique est appliqué sur la surface de l’éprouvette des 20˚C


initiaux jusqu’à la température désirée de l’essai mécanique. Un palier de 3h à
cette température permet d’atteindre une uniformisation de la température au sein
de l’éprouvette. Le calcul mécanique associé est réalisé. Les températures testées
sont : 20, 120, 250, 400 et 600˚C.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
134 Etude de la fissuration à hautes températures

– L’essai mécanique est ensuite réalisé, en imposant sur la face supérieure de l’éprou-
vette (à la température d’essai souhaitée) un déplacement progressif en traction ou
en compression, ceci en vue d’obtenir l’évolution contrainte-déformation σ-ε. Les
résultats de cet essai sont alors comparés aux résultats expérimentaux et permettent
l’identification des paramètres du modèle mécanique.

L’identification a été réalisée pour les deux modèles EEI et EPEO, avec DTT (en
cherchant à obtenir une similitude la plus complète possible entre les deux modèles).
Le nombre de paramètres mécaniques identifiés s’avère important (voir Tab. 4.3), ce qui a
rendu l’identification compliquée, même en utilisant un algorithme d’optimisation du type
Levenberg-Marquardt. De plus, nous ne possédons pas toutes les données expérimentales
(évolution de la résistance en bi-compression, de la dilatance, des déformations irréversibles
...) pour identifier correctement tous les paramètres matériaux.

Les principales difficultés rencontrées pour obtenir un accord convenable entre les
deux modèles ont concernées la description de la partie post-pic des courbes de traction
et de compression.

Il est important de noter que durant la montée en température, les simulations montrent
l’apparition d’un endommagement mécanique (avant même l’essai mécanique) dû aux
gradients thermiques initiés lors de la montée en température (voir Fig. 4.9). La prise en
compte numérique du chargement thermique expérimental et de la réponse du béton à
celui-ci s’avère donc essentiel.

T [°C] D
246 0

250 0,5

F IG . 4.9: Pré-endommagement de l’éprouvette (macroscopique) chargée à 250˚C.

Les résultats (voir Fig 4.10) montrent un bon accord entre les deux modèles identifiés
mécaniquement et les résultats expérimentaux (malgré quelques différences concernant la
courbe post-pic des deux modèles).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur éprouvette) 135

T [˚C] 20 120 250 400 600


E [GPa] 48 42 42 34 8
ν 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
Modèle EEI
At 2,4 3,6 3,2 3,8 5,2
Bt 1800 1800 3000 900 1680
Ac 47,21 41 42,24 72 1740
Bc 1142,8 961,75 880 560 2000
κ0 [.10−5 ] 6,27 5,8 5 4,2 4,5
Modèle EPEO
at 2,397 3,4279 1,888 3,371 0,7
bt 4940 5500 6050 4200 5250
ct 0,9.104 0,9.104 0,9.104 0,9.104 0,9.104
ac 1,2 1,2 1,2 1,2 1,2
bc 373,5 305 410 330 400
cc 236 236 236 236 236
−5
κ0 [.10 ] 6,27 5,8 5 4,2 4,5
αf 0,05 0,05 0,05 0,05 0,05
βf 1 1 0,75 0,92 1
fc [MPa] 126 93 82 90 45
ft [MPa] 2,988 2,5164 2,66 1,524 1,6

TAB . 4.3: Paramètres mécaniques (macros, modèles EEI et EPEO avec DTT).

90

80 250°C Exp
250°C Sim EEI
70 250°C Sim EPEO

60
σ [MPa]

50

40

30

20

10

0
0 2500 5000 7500 10000
ε [µm/m]

F IG . 4.10: Courbe σ-ε en compression expérimentale et numérique (macroscopique,


modèle EEI et EPEO avec DTT) à 250˚C.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
136 Etude de la fissuration à hautes températures

1.3 Endommagement après montée en température


Les paramètres matériaux identifiés préalablement ont été utilisés pour étudier l’influ-
ence du modèle mécanique et et de la DTT sur la micro-fissuration prédite après
montée en température. L’influence de la vitesse de montée en température est égale-
ment étudiée.

La Fig. 4.11 représente l’évolution de l’endommagement mécanique avec la tempéra-


ture de chargement thermique et le long du rayon de l’éprouvette, pour une vitesse de
montée en température de 1˚C/min, pour le modèle d’endommagement mécanique EPEO,
sans DTT.
Ainsi, même pour une faible vitesse de montée en température, un endommage-
ment mécanique non négligeable est prédit (avec des valeurs de D atteignant presque 1
pour la température de 600˚C).

1,00
120°C
250°C
0,80
400°C
600°C
0,60
D

0,40

0,20

0,00
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05

x [m]

F IG . 4.11: D(T,x) (EEI sans DTT, à chaud, 1˚C/min).

De plus, l’endommagement mécanique semble localisé à cœur, ce qui correspond à


l’apparition de contraintes de traction (atteignant la résistance en traction) induites
par le gradient thermique (apparaissant avec la montée en température à la surface de
l’éprouvette) entre le coeur et la surface. Ces contraintes augmentent du fait des déforma-
tions thermiques différentielles.

Le modèle mécanique adopté influence également la réponse mécanique du béton à


un chargement thermique. Deux exemples sont présentés à 250 et 600 ˚C de simulations
réalisées avec le modèle EEI avec et sans DTT et avec le modèle EPEO avec DTT (voir
Fig. 4.12).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur éprouvette) 137

1,00 1,00
0,80 0,80
0,60 0,60
D

D
0,40 0,40
0,20 0,20
0,00 0,00
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
x [m] x [m]

EEI sans DTT EEI avec DTT EEI sans DTT EEI avec DTT
EPEO avec DTT EPEO avec DTT

(a) A 250˚C. (b) A 600˚C.

F IG . 4.12: D(x) (à chaud, EEI sans et avec DTT et EPEO avec DTT, 1˚C/min).

Ces résultats montrent des valeurs d’endommagement mécanique plus faibles pour
le modèle EPEO (différence non négligeable entre les deux courbes pour les modèles EEI
avec DTT et EPEO avec DTT à 250˚C). La différence observée résulte du comportement
statique différent après le déchargement en traction. Pour une déformation de traction
donnée, l’endommagement est plus faible si les déformations inélastiques sont prises
en compte.

D
0

0,5

Sans DTT Avec DTT

F IG . 4.13: Influence de la prise en compte de la DTT sur l’endommagement.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
138 Etude de la fissuration à hautes températures

L’effet de la DTT est encore plus significatif. En effet, il tend à relaxer les contraintes
prédites, ce qui conduit à des épaisseurs et valeurs d’endommagement plus faibles. Il
est également important de noter que la DTT induit une redistribution des contraintes
dans l’éprouvette et donc une nouvelle localisation de l’endommagement à la surface (en
surface) (voir Fig. 4.13). ce ”nouveau” endommagement est lié aux DTT différentielles
entre la peau et le cœur. Il est à noter que l’on n’observe pas ce résultat lors des simula-
tions de séchage (voir chapitre 3).

La prise en compte la DTT dans les simulations à hautes températures s’avère donc
indispensable pour une prédiction réaliste et fiable du comportement du béton.

Des simulations à 10 ˚C/min ont également été réalisées pour estimer l’influence de la
vitesse de montée en température sur le développement de l’endommagement. L’endom-
magement augmente de manière significative avec la vitesse de montée en température,
comme on peut le constater sur l’exemple de la Fig. 4.14.

1
à 1°C/min

0,8 à 10°C/min

0,6
D

0,4

0,2

0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05

x [m]

F IG . 4.14: D(x) (à chaud, EPEO avec DTT, à 250˚C, 1 et 10˚C/min).

1.4 Evolution des propriétés mécaniques après montée en température


Comme vu précédemment, le gradient thermique induit une micro-fissuration dans
le béton. Nous nous attendons donc à une diminution des propriétés mécaniques après
chauffage. Les courbes de compression et de traction résultant des simulations avec le
modèle EPEO avec DTT sont fournies sur la Fig. 4.15 et montrent en effet une diminution
des résistances de compression et traction et du module d’Young avec la température. Le
comportement du béton devient plus ductile avec l’augmentation de la température.

Un exemple de l’effet du chauffage à 400 ˚C sur les propriétés mécaniques est donné
dans le Tab. 4.4 pour trois modèles mécaniques différents et comparé à des résultats
expérimentaux [174] [12].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur éprouvette) 139

4 140
3,5 120
3 100

σ C [Mpa]
σ T [Mpa]

2,5
80
2
60
1,5
1 40
0,5 20
0 0
0 1000 2000 3000 0 2000 4000 6000 8000 10000
ε [µm/m] ε [µm/m]
20°C 120°C 250°C 20°C 120°C 250°C
400°C 600°C 400°C 600°C

(a) En traction. (b) En compression.

F IG . 4.15: σ-ε (T) numériques (macroscopique, EPEO avec DTT, à chaud, 1˚C/min).

Ceci mène aux remarques suivantes :

– Si la DTT n’est pas prise en compte, une forte diminution du module d’Young et
des résistances en compression et traction est prédit (de 35 à 65 %). Ces résultats
ne sont pas en accord avec les résultats expérimentaux.

– Quand la DTT est prise en compte, mais pas les déformations inélastiques ni l’or-
thotropie induite, une décroissance légèrement plus faible est prédite (de 33 à 63 %).

– Lorsque la DTT, les déformations inélastiques et l’orthotropie sont prises en compte,


la décroissance prédite est du même ordre de grandeur (de 33 à 66 %) et plus proche
des résultats expérimentaux de manière générale.

– Le module d’Young devient axisymétrique en compression et traction après endom-


magement. Les résultats expérimentaux à notre disposition ne nous permettent pas
de confirmer ou contredire ce résultat.

Ces résultats montrent la nécessité de prendre en compte la DTT pour prédire cor-
rectement l’endommagement induit par le gradient de déformation thermique (même si la
différence n’est pas très élevée). Dans ces exemples, un simple modèle d’endommage-
ment élastique isotrope semble suffisant. Le même résultat a été observé dans le cas du
séchage (voir chapitre 3).

L’augmentation expérimentale de la résistance en traction avec la température obtenue


par Hager [12] n’est pas confirmée, à notre connaissance, par d’autres études.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
140 Etude de la fissuration à hautes températures

E/E0 en compression E/E0 en traction fc /fc0 ft /ft0


EEI sans DTT [%] 46,7 34,9 65,1 60,2
EEI avec DTT [%] 57,7 36,8 67 60,4
EPEO avec DTT [%] 49 33,9 66,7 59,6
Exp Hager [%] 52,9 67 157,5
Exp Phan [%] 30-40 70-80

TAB . 4.4: Dégradation des propriétés mécaniques à chaud, 1˚C/min, à 400˚C. Effet du
modèle mécanique.

1.5 Endommagement après refroidissement


La Fig. 4.16 montre les effets du refroidissement sur l’endommagement mécanique
obtenu pour le modèle EPEO avec DTT à 1˚C/min, à 250 et 600˚C. L’endommagement
résiduel est plus important après refroidissement (en terme d’amplitude et de taille
de zone endommagée).

1 1

0,8 0,8

0,6 0,6
D
D

0,4 0,4

0,2 0,2

0 0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05

x [m] x [m]
A chaud A froid A chaud A froid

(a) A 250˚C. (b) A 600˚C.

F IG . 4.16: D(x) (à chaud et à froid, EPEO avec DTT, 1˚C/min).

De plus, le modèle d’endommagement a une influence sur la réponse résiduelle du


béton (voir Fig. 4.17). Le modèle d’endommagement EPEO semble augmenter l’endom-
magement résiduel pour les plus hautes températures, alors que pour de plus faibles
températures de chargement (i.e. à 250 ˚C), les réponses sont similaires pour les deux
modèles (EEI et EPEO).

Une influence similaire (à celle observée à chaud) de la vitesse de montée en tempéra-
ture sur l’endommagement mécanique est observée pour des cycles de chauffage/refroi-
dissement (voir Fig. 4.18).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur éprouvette) 141

1 1
0,8 0,8
0,6 0,6
D

D
0,4 0,4
0,2 0,2
0 0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05

x [m] x [m]

EEI avec DTT EPEO avec DTT EEI avec DTT EPEO avec DTT

(a) A 250˚C. (b) A 600˚C.

F IG . 4.17: D(x) (à froid, EEI et EPEO avec DTT, 1˚C/min).

1
at 1°C/min

0,8 at 10°C/min

0,6
D

0,4

0,2

0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05

x [m]

F IG . 4.18: D(x) (à froid, EPEO avec DTT, à 250˚C, 1 et 10˚C/min).

1.6 Evolution des propriétés mécaniques après refroidissement


Les courbes de compression et de traction résultant des simulations à chaud et en
résiduel avec le modèle EPEO avec DTT sont tracées sur la Fig. 4.19 et montrent une
décroissance des résistances en traction et en compression et du module d’Young après
refroidissement.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
142 Etude de la fissuration à hautes températures

2,5 100
2 80

σ C [Mpa]
σ T [Mpa]

1,5 60
1 40
0,5 20
0 0
0 1000 2000 3000 0 2000 4000 6000 8000 10000
ε [µm/m] ε [µm/m]

A chaud A froid A chaud A froid

(a) En traction. (b) En compression.

F IG . 4.19: σ-ε numérique (macroscopique, EPEO avec DTT, à chaud et à froid, à 400˚C,
1˚C/min).

Un exemple de l’effet du cycle chauffage jusqu’à 400˚C et refroidissement jusqu’à


20˚C sur les propriétés mécaniques est donné sur le Tab. 4.5 pour le modèle d’endomma-
gement EPEO avec DTT.

E/E0 en comp. E/E0 en trac. fc /fc0 ft /ft0


Après chauffage [%] 49 33,9 66,7 59,6
Après refroidissement [%] 36 33 52 52
Exp Hager après chauffage [%] 43 73
Exp Hager après refroidissement [%] 20 45
Exp Phan après chauffage [%] 30-40 70-80
Exp Phan après refroidissement [%] 20-30 50-60

TAB . 4.5: Dégradation des propriétés mécaniques, modèle EPEO avec DTT, 1˚C/min, à
400˚C. Effet du refroidissement [12] [174].

La chute des propriétés mécaniques est beaucoup plus importante après refroi-
dissement (chutes des propriétés variant de 48 à 67 % après refroidissement pour 33,3 à
66,1 % après chauffage). L’effet du refroidissement est plus prononcé en compression
qu’en traction.

Ces résultats peuvent aussi être comparés aux résultats expérimentaux de Hager [12]
(pour un autre type de béton, le BHP M100C avec des fibres, f = 0, 9). Ces comparaisons
concluent à un bon accord entre nos simulations et les résultats expérimentaux. Ce-
pendant, les simulations semblent surestimer les propriétés du matériau après chauffage
et surtout après refroidissement.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur éprouvette) 143

La différence entre les résultats à chaud et à froid peut résulter de différents phénomènes
apparaissant durant la phase de refroidissement [12] :
– Le gradient thermique induit durant la phase de refroidissement, qui induit des
contraintes thermiques de signe opposé en comparaison avec la phase de chauffage.
L’absence de DTT durant la phase de refroidissement ne permet pas de relaxer les
contraintes entre la pâte de ciment et les granulats.
– L’augmentation du volume de pâte de ciment, due à la transformation de chaux en
portlandite (voir chapitre 1 §4.2.2) générant de la micro-fissuration.

1.7 Analyse de l’orthotropie induite


Des essais numériques de bi-traction ont également été menés pour voir l’effet des
modèles mécaniques EEI (isotrope) et EPEO (orthotrope) sur la réponse du béton à un
chargement bi-axial. Le maillage utilisé, les chargements mécaniques et les conditions
aux limites sont présentées sur la Fig. 4.20.

UY
Phase 1 Phase 2
Traction bi-axiale Traction bi-axiale UX

F IG . 4.20: Description des simulations de traction bi-axiale (macroscopique).

Les champs d’endommagement sont tracés sur la Fig. 4.21 pour les deux modèles EEI
et EPEO (avec prise en compte de la DTT).

La représentation des isovaleurs d’endommagement à 600˚C montrent des distribu-


tions différentes entre les deux modèles, mais d’amplitudes similaires, avec des valeurs
atteignant 1 le long de UX. Cependant, pour le modèle EPEO, la variable d’endomma-
gement Dxx est égale à zéro. Ceci va affecter considérablement la prédiction numérique
des propriétés mécaniques résiduelles.
Les courbes σ-ε sont tracées sur la Fig. 4.22 pour les deux modèles EEI et EPEO. Une
évolution σ-ε différente est prédit pour les deux modèles après chauffage.
En effet, chauffer un béton dans une direction différentielle rend le comportement du
béton orthotrope.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
144 Etude de la fissuration à hautes températures

D
0.

0.5

1.

EEI avec DTT EPEO avec DTT

F IG . 4.21: D (bi-traction, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT).

Les résultats obtenus avec le modèle EEI ne sont pas physiques, puisque l’on prédit
alors que le matériau ne sera pas apte à résister à un chargement horizontal. Ceci est dû à la
présence d’une bande d’endommagement (isotrope) verticale pour laquelle le matériau
est complètement endommagé (D approximativement égal à 1).
Avec le modèle EPEO, le chargement horizontal n’est pas autant influencé par la
variable d’endommagement Dyy (la loi initiale σ-ε est retrouvée) et donc on obtient
deux comportements similaires pour les deux directions de chargement. ce même
résultat a été observé dans le cas du séchage (voir chapitre 3 §1.5).

2 Etude macroscopique (sur structure)


Afin de voir si l’influence du modèle mécanique (notamment les effets de compor-
tement non isotrope) et de la DTT étaient encore visibles sur des structures réelles, des
essais numériques ont également été réalisés, basés sur des études expérimentales et/ou
numériques de la littérature.

2.1 Tunnel sous la Manche


Cette étude s’appuie sur une étude numérique faite préalablement par Ulm et al. [147]
sur la voûte du tunnel sous la Manche ayant subi l’incendie de novembre 1996.

2.1.1 Description des simulations


Un bref résumé des simulations réalisées, que nous avons reprises partiellement de
celles menées par Ulm et al. [147], avec les deux modèles mécaniques EEI et EPEO sont
fournies ci-après.
– Pour des raisons de symétrie (de la géométrie, des chargements et des conditions
aux limites), seul un quart de la voûte est maillé (afin de diminuer les temps
de calculs). Une partie du substratum est également modélisée afin de s’assurer

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur structure) 145

1,4
1,2
1

σ [Mpa]
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 1000 2000 3000 4000
ε [µm/m]
EEI UX EEI UY
EPEO UX EPEO UY

1,4
1,2
1
σ [Mpa]

0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 30 60 90 120
ε [µm/m]
EEI UX EEI UY
EPEO UX EPEO UY

F IG . 4.22: σ-ε numériques (bi-traction, EEI et EPEO avec DTT, 1˚C/min, 600˚C).

de la non influence des conditions aux limites thermiques et mécaniques sur la


température, les déplacements et les contraintes dans les anneaux en béton.
– Le ferraillage n’a pas été pris en compte.
– Concernant les conditions aux limites, les symétries du modèle plan sont considérées,
soit un flux et un déplacement nuls le long des axes de symétrie.
– L’évolution de température choisie pour nos simulations est la même que précédem-
ment : de 20 à 600˚C, avec une vitesse de montée en température de 1˚C/min. Un
chargement thermo-mécanique du tunnel est également simulé avec une pression
exercée de pression 2 MPa.
– Nous avons conservé les propriétés matériaux de Hager [12] déterminées lors

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
146 Etude de la fissuration à hautes températures

des simulations sur éprouvette. En effet, l’objectif est de comparer la réponse des
deux modèles, les paramètres matériaux étant identifiés sur les mêmes résultats
expérimentaux.

Les conditions des tests numériques réalisés sont fournies sur la Fig. 4.23.

Maillage Test Test


adopté Thermique Thermo-Mécanique
σu
UY
10 m

4m

45 cm UX

Surfaces σu= 2 MPa, T=600°C


T= [ 20 à 600°C ]
adiabatiques

F IG . 4.23: Description des simulations sur tunnel.

2.1.2 Endommagement après montée en température


La Fig. 4.24 montre le champ d’endommagement du tunnel après montée en tempéra-
ture jusqu’à 600˚C.
Pour le modèle EEI avec DTT, l’endommagement est localisé en coeur du tun-
nel, comme nous l’avions déjà observé pour les chargements thermiques sur éprouvette.
Cet effet est lié au gradient thermique qui engendre des contraintes de traction en coeur
dépassant la résistance maximale en traction. Pas ou très peu d’endommagement est ob-
servé côté surface chauffée.
Pour le modèle EPEO avec DTT, on observe un champ d’endommagement pres-
qu’identique dans les deux directions UX et UY, peu différent de celui fourni par
le modèle EEI à cœur. Par contre un endommagement important localisé sur une fine
couche proche de la surface chauffée du tunnel est visible pour le modèle EPEO. Cet
endommagement ressemble à un endommagement de type écaillage. Ceci semble sous-
entendre que cet écaillage est dû aux contraintes de traction engendrées par le gradient
thermique (les phénomènes de pressions de pores n’étant pas ici pris en compte puisque
les transferts hydriques ne sont pas modélisés).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur structure) 147

D Dxx Dyy
Modèle EEI Modèle EPEO Modèle EPEO

F IG . 4.24: D (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT).

On peut voir l’évolution de l’endommagement après la montée en température jus-


qu’à 600 ˚ C pour les deux modèles mécaniques EEI (sans et avec DTT) et EPEO sur la
Fig.4.25. L’endommagement prédit est plus important pour le modèle EEI sans DTT.
L’ajout de la DTT permet une relaxation des contraintes et donc une diminution de
l’endommagement. La prise en compte du modèle EPEO induit un endommagement
différent suivant les deux directions UX et UY. Cependant, la valeur d’endommage-
ment Dyy est presque identique à celle prédit par le modèle EEI avec DTT. Il semble donc
que le modèle mécanique n’est ici pas beaucoup d’influence.

2.1.3 Endommagement après application de la pression

Si l’on applique un chargement mécanique de type pression sur la partie haute de


la structure modélisée, de 2 MPa, on observe les endommagements pour les différents
modèles mécaniques visualisés sur les Fig. 4.26 et 4.27.

On observe des comportements similaires après application de la pression.

Par contre, si l’on observe les évolutions pression-déplacement suivant UX ou UY


(voir Fig. 4.28), on observe sur UY un comportement identique entre les deux modèles
EEI avec DTT et EPEO (avec DTT), le modèle EEI sans DTT sous-estimant lui la courbe
pression-déplacement (du fait de l’endommagement surestimé).
Par contre, suivant UX, les modèles EEI avec DTT et EPEO (avec DTT) ne fournissent
plus les mêmes résultats. Le modèle EEI prédit un endommagement plus important
que le modèle EPEO.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
148 Etude de la fissuration à hautes températures

1
EEI sans DTT
EEI avec DTT
0,8 EPEO Dxx
EPEO Dyy

0,6
D

0,4

0,2

0
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30 0,35 0,40 0,45

x [m]

F IG . 4.25: D(x) (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT, en partie basse
du tunnel).

D Dxx Dyy
Modèle EEI Modèle EPEO Modèle EPEO

F IG . 4.26: D (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, P=2 MPa, modèles EEI et EPEO avec DTT).

2.2 Flexion d’une dalle en béton armé

2.2.1 Description des simulations

Des simulations ont également été réalisées sur une dalle en béton armé, afin de re-
garder l’effet des deux modèles mécaniques sur la réponse de cette dalle à un chargement
thermique.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur structure) 149

1
EEI sans DTT
EEI avec DTT
0,8 EPEO Dxx
EPEO Dyy

0,6
D

0,4

0,2

0
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30 0,35 0,40 0,45

x [m]

F IG . 4.27: D(x) (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, P=2 MPa, modèles EEI et EPEO avec DTT).

600000 600000
Pression [Pa]

Pression [Pa]

400000 400000

200000 200000

0 0
0 10 20 30 40 50 0 200 400 600 800 1000

Déplacement [µm] Déplacement [µm]

EEI sans DTT EEI avec DTT EEI sans DTT EEI avec DTT
EPEO avec DTT EPEO avec DTT

(a) Suivant UX. (b) Suivant UY.

F IG . 4.28: Pression-déplacement (tunnel, 600˚C, P=2 MPa).

Ces simulations comparant les prédictions de différents modèles peuvent être com-
parées aux études réalisées dans le cadre du benchmark MECA, qui visaient à compa-
rer différents modèles pour prédire le comportement mécanique de différentes structures
(dont des études réalisées sur des poutres en flexion) à température ambiante uniquement
[175].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
150 Etude de la fissuration à hautes températures

Un résumé des simulations réalisées est fourni ci-après.

– Nous avons repris les mêmes propriétés matériaux du BHP M100C de Hager
[12]. La structure testée est une dalle en béton armé.

– Pour des raisons de symétrie et de gain de temps de calcul, l’étude est réalisée en
2D, en configuration de contraintes planes, sur la moitié de la dalle.

– Un chargement thermique est tout d’abord simulé, afin de regarder l’évolution


de l’endommagement et des propriétés mécaniques sous ce chargement, en fonc-
tion du type de modèle mécanique pris en compte (EEI ou EPEO). La montée en
température est imposée sur la face inférieure de la dalle (la température augmen-
tant de 20 à 600˚C sur cette face).

– Un chargement thermo-mécanique est également testé, avec un chargement ther-


mique identique au précédent, suivi d’un chargement mécanique de type flexion
4 points (avec un effort de flexion imposé de 14,5 kN).

La description des essais numériques réalisés est effectuée sur la Fig. 4.29.

2,45 m

Maillage 0,03 m
adopté
UX
Surfaces
Convection adiabatiques
UY

Chargement
Thermique

T= [ 20 à 600°C ]

F
Chargement
en flexion

F= 14,5 kN, T= 600°C

F IG . 4.29: Description des simulations sur dalle.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur structure) 151

2.2.2 Comportement mécanique à température ambiante


Des simulations ont été réalisées, sans chargement thermique dans un premier temps,
pour vérifier que les modèles mécaniques EEI et EPEO fournissaient des réponses méca-
niques similaires à température ambiante (voir Fig. 4.30). Les courbes déplacement-effort
obtenues montrent des comportements en effet similaires entre les deux modèles avant
chargement thermique de la dalle.

40
EEI BA
EPEO BA
30
F [kN]

20

10

0
0 5 10 15

UY [mm]

F IG . 4.30: Effort-déplacement (dalle BA, à Tamb , modèles EEI et EPEO).

2.2.3 Endommagement après montée en température


Les champs d’endommagement pour les modèles EEI et EPEO sont visualisés sur la
Fig. 4.31. Ils montrent un endommagement similaire (en terme de distribution et d’ampli-
tude) entre les deux modèles mécaniques.
On peut également voir l’évolution de l’endommagement après montée en température
jusqu’à 600 ˚ C pour les deux modèles mécaniques EEI et EPEO sur la hauteur de la dalle
sur la Fig.4.32.

On peut noter un endommagement important de la structure sur toute l’épaisseur


de la dalle, après le chargement thermique. Pour les deux modèles EPEO et EEI l’en-
dommagement Dxx est presqu’identique. Par contre, pour le modèle EPEO, on note une
non isotropie de l’endommagement, avec un endommagement Dyy plus faible.

2.2.4 Endommagement après application de l’effort de flexion


Les champs d’endommagement pour les modèles EEI et EPEO sont visualisés sur
la Fig. 4.33. Ils montrent un endommagement légèrement plus important pour le modèle

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
152 Etude de la fissuration à hautes températures

modèle EEI 0

modèle EPEO
Dxx

modèle EPEO
Dyy 1

F IG . 4.31: D (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT).

1
EEI D
EPEO Dxx
EPEO Dyy
0,8

0,6
D

0,4

0,2

0
0,00 0,05 0,10 0,15

y [m]

F IG . 4.32: D(y) (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT).

EEI par rapport au modèle EPEO. Mais la différence de comportement reste faible comme
dans le cas du chargement thermique seul.
On peut également voir l’évolution de l’endommagement après montée en température
jusqu’à 600 ˚ C pour les deux modèles mécaniques EEI et EPEO sur la hauteur de la dalle
sur la Fig.4.34.

Les observations sont les mêmes avec effort de flexion que pour le chargement ther-
mique seul.

Les courbes effort-déplacement sont tracées sur la Fig. 4.35 après chargement ther-
mique pour les deux modèles. On ne note pas de différence fondamentale entre les deux
modèles.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude macroscopique (sur structure) 153

modèle EEI 0

modèle EPEO
Dxx

modèle EPEO
Dyy 1

F IG . 4.33: D (dalle BA, flexion, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT).

1
EEI D
EPEO Dxx
EPEO Dyy
0,8

0,6
D

0,4

0,2

0
0,00 0,05 0,10 0,15

y [m]

F IG . 4.34: D(y) (dalle BA, flexion, 600˚C modèles EEI et EPEO avec DTT).

A l’échelle de la structure, l’utilisation du modèle mécanique d’endommagement


élastique isotrope semble suffisante pour décrire le comportement de celle-ci lorsqu’elle
est soumise à un chargement thermique.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
154 Etude de la fissuration à hautes températures

8000
EEI Arrêt de la
EPEO
convergence globale
6000
F [N]

4000

2000

0
0 1000 2000 3000 4000 5000

UY [µm]

F IG . 4.35: Effort-déplacement (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO).

3 Etude mésoscopique (sur éprouvette)


3.1 Description des simulations
La description explicite de l’hétérogénéité du matériau est effectuée en utilisant un
maillage conforme aux éléments finis (voir chapitre 2 §4.2.3).

Les mêmes données expérimentales de la thèse de Hager ont été utilisées pour iden-
tifier les paramètres de notre modèle dans le cas du maillage hétérogène, pour les phases
pâte de ciment et granulats.
Le protocole, les conditions expérimentales respectées lors de nos simulations, et
les essais numériques effectués pour l’identification des paramètres sont également les
mêmes que ceux dores et déjà utilisés lors de l’étude macroscopique (voir §1).

Notons aussi que nous utiliserons dans le cadre des études réalisées à l’échelle mésosco-
pique le modèle EEI avec DTT.

3.2 Identification des paramètres du modèle


3.2.1 Paramètres thermiques

Comme nous l’avons déjà expliqué au §1.2.1, les propriétés thermiques, conductivité
thermique λ et capacité calorifique Cp, des deux phases, pâte de ciment et granulats, ont
été identifiées à partir des évolutions expérimentales des gradients thermiques à 0,5˚C de
Hager [12], en utilisant pour l’algorithme d’optimisation de Levenberg-Marquardt.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique (sur éprouvette) 155

– Pour la pâte de ciment, des lois d’évolutions physiques ont été considérées :

¦ La capacité calorifique apparente suit une évolution marquée par deux pics, cor-
respondant à l’évaporation de l’eau et à la déshydratation de la portlandite
et des C-S-H.

¦ La conductivité thermique diminue en température selon une loi linéaire.

– Pour les granulats, compte tenu de la faible variation de leurs propriétés en


température (dans la gamme de température étudiée), nous considérerons des va-
leurs constantes pour les deux paramètres.

3500 1,4
3000 1,2
Capp [J/(kg.°C)]

λ [W/(m.°C)]

2500 1
2000 0,8
1500 0,6
1000 0,4
500 0,2
0 0
0 100 200 300 400 500 600 0 100 200 300 400 500 600

T [°C] T [°C]

(a) Capacité calorifique apparente. (b) Conductivité thermique.

F IG . 4.36: Paramètres thermiques de la pâte de ciment.

Cp [J/(kg.˚C)] λ [W/(m.˚C)]
518,23 1,0961

TAB . 4.6: Paramètres thermiques des granulats.

Après identification (voir Fig. 4.36 et Tab. 4.6), nous obtenons un bon accord entre
les résultats expérimentaux et numériques sur pâte (voir Fig. 4.37), à 0,5˚C/min (vitesse
de montée en température avec laquelle a été réalisée l’identification des paramètres de
simulation) mais également à 1,0˚C/min (sans recalage des paramètres pour cette nou-
velle vitesse). Les résultats sont de plus similaires entre le modèle macroscopique
précédemment étudié et ce modèle mésoscopique.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
156 Etude de la fissuration à hautes températures

60
Exp 0,5°C/min Exp 1°C/min
50 Sim Ho 0,5°C/min Sim Ho 1°C/min
Sim He 0,5°C/min Sim He 1°C/min
Tsurf-Tcoeur [°C]
40

30

20

10

0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.37: Gradient thermique expérimental et numérique à 0,5 et 1,0˚C/min pour la pâte


de ciment.

Notons de plus l’importance du bon choix des données expérimentales servant à


l’identification des paramètres matériau. En effet si l’on trace, pour les paramètres que
nous avons identifiés, l’évolution de la température de cœur de l’éprouvette avec la tempé-
rature (voir Fig. 4.38), on note un accord parfait et peu de différences entre les deux vi-
tesses de montée en température (on a le même constat pour le béton).
Pourtant l’observation des évolutions expérimentales et numériques du gradient montre
bien une différence de comportement avec la vitesse de montée en température et une non
adéquation totale entre les différents modèles et expériences.
Ceci montre les limites du choix de l’évolution de la température de cœur comme
référence expérimentale pour l’identification des paramètres thermiques du matériau,
méthode qui est pourtant classiquement adoptée dans la littérature. En effet, c’est bien la
différence de température entre le cœur et la peau qui est à l’origine de la fissuration.

3.2.2 Paramètres de la DT
La déformation thermique du béton est lié aux coefficients de dilatation thermique
de la pâte de ciment et des granulats. L’identification a été réalisée à partir des essais de
chargement thermiques de Hager [12]. Les résultats de l’identification sont présentés
sur la Fig. 4.39 et les Tab. 4.7 et 4.8.

T [˚C] 20 90 130 230 300 350 400 500 600


αpdc [.10−6 ] 9,48 0,32 0,28 -2 -5 -8 -8 -8 -8

TAB . 4.7: Coefficient de dilatation de la pâte de ciment.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique (sur éprouvette) 157

600
Exp 0,5°C/min

500 Exp 1°C/min


Sim Ho 0,5°C/min
400 Sim Ho 1°C/min
Tcoeur [°C]

Sim He 0,5°C/min
300
Sim He 1°C/min

200

100

0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.38: Température de cœur expérimentale et numérique.

12000
Pdc DT Exp
Pdc DT Sim
Gr DT Exp
8000 Gr DT Sim
Beton DT Exp
Beton DT Sim
ε th [µm/m]

4000
t

0
0 100 200 300 400 500 600

-4000
T [°C]

F IG . 4.39: DT expérimentale et numérique (mésoscopique).

T [˚C] 20 100 300 500 600


αgr [.10−6 ] 4 4,5 6 0,1 0,2

TAB . 4.8: Coefficient de dilatation des granulats.

3.2.3 Paramètres de la DTT


Les paramètres de la Déformation Thermique Transitoire sont déterminés pour la pâte
de ciment, cet effet n’apparaissant qu’au sein de la pâte de ciment (et non dans les granu-
lats).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
158 Etude de la fissuration à hautes températures

Les trois paramètres A, B et C, gouvernant l’évolution de la Déformation Thermique


Transitoire dans la pâte de ciment par l’intermédiaire du coefficient β(T )(voir chapitre 2
§2.2.3), sont déterminés à partir des essais thermiques de Hager [12] sur des éprouvettes
de pâte de ciment sous un chargement mécanique correspondant à 20 % de la résistance
en compression des éprouvettes testées (voir Fig. 4.40 et Tab. 4.9).

4000

2000
ε tot-ε el [µm/m]

0
0 100 200 300
-2000

-4000

-6000 DT Exp DTSC Exp


DTT Exp DT Sim
DTSC Sim DTT Sim
-8000
T [°C]

F IG . 4.40: DT, DTSC et DTT expérimentale et numérique de la pâte de ciment.

A B C
3,5×10−3 1,5×10−4 10×10−3

TAB . 4.9: Paramètres de la DTT de la pâte de ciment.

On note une assez bonne prédiction de la DTSC jusqu’à 300˚C, mais pas de la
DTT. Le problème est lié à l’utilisation du même modèle de DTT que pour le béton
(modèle phénoménologique qui n’est pas adapté à la pâte de ciment).
De ce fait l’identification de la pâte de ciment ne permet pas une très bonne représenta-
tion à l’échelle macroscopique du comportement du béton. Ceci est notamment accentué
par des problèmes de convergence numériques rencontrés lors des simulations jusqu’à
600˚C pour le béton hétérogène.

3.2.4 Paramètres mécaniques


Les conditions des essais numériques et expérimentaux permettant l’identification des
paramètres mécaniques des deux phases pâte de ciment et granulats sont les mêmes que
celles déjà utilisées pour le béton à l’échelle macroscopique.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique (sur éprouvette) 159

Les données expérimentales référence pour l’identification sont les courbes de com-
pression expérimentales et les courbes de traction type issues de la littérature. Les pa-
ramètres mécaniques à déterminer pour les deux phases sont :

– L’évolution du module d’Young de la pâte de ciment et des granulats avec la tempé-


rature. Pour simplifier l’étude, le module d’Young des granulats est considéré
constant, les granulats subissant peu de réactions chimiques durant la montée en
température jusqu’à 600˚C (voir chapitre 1). Le module d’Young de la pâte de
ciment est lui considéré dépendant de la température. Son évolution doit donc
être identifiée.

– Le coefficient de Poisson des deux phases est pris constant égal à 0,2.

– Les paramètres du modèle EEI sont considérés identiques pour les deux phases,
évoluant en température.

Les essais de compression/traction réalisés expérimentalement à chaud sont ainsi


reproduits numériquement, afin de prendre en compte l’éventuel pré-endommagement
que peuvent subir les éprouvettes lors du chargement thermique jusqu’à la température
souhaitée de l’essai mécanique (voir Fig. 4.9).

Les paramètres mécaniques pour le modèle EEI sont alors identifiés par optimisation
avec l’algorithme de Levenberg-Marquardt [173] et aboutissent à un accord partiel entre
les résultats expérimentaux et de simulation.

En effet, la description de la phase post-pic s’avère impossible pour le béton hétéro-


gène. Les simulations après identification décrivent donc une rupture fragile (non repré-
sentative du comportement réel). De plus, des difficultés de convergence et d’identifica-
tion des résistances en traction principalement ont été rencontrées, même à 20˚C. Ces
problèmes ont déjà été rencontrés par d’autres modélisateurs [94].

Ces difficultés d’identification peuvent être partiellement expliquées par le nombre


de paramètres, beaucoup plus important (de par l’existence de deux phases) et par la
non prise en compte dans les simulations de la décohésion à l’interface pâte de ci-
ment/granulats.

La Fig. 4.41 présente deux exemples d’identification des paramètres mécaniques du


béton hétérogène, montrant un accord plus ou moins correct entre les résultats expérimen-
taux et les résultats de simulation.

Le Tab. 4.10 regroupe les paramètres mécaniques identifiés pour l’étude à l’échelle
mésoscopique.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
160 Etude de la fissuration à hautes températures

6,00 90
Exp Exp
80
5,00 Sim
Sim 70
4,00 60

σ c [MPa]
σ t [MPa]

50
3,00
40
2,00 30
20
1,00
10
0,00 0
0 200 400 600 800 1000 0 1000 2000 3000
ε [µm/m] ε [µm/m]

(a) Traction à 20˚C. (b) Compression à 250˚C.

F IG . 4.41: Courbes σ-ε expérimentale et numérique pour le béton hétérogène.

T 20 120 250 400 600


Egr [.109 ] 70 70 70 70 70
νpdc−et−gr 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
κ0pdc−et−gr 1,93.10−4 1,2.10−3 4,5.10−3 1.10−2 1.10−2
Atpdc−et−gr 1,4949 2 2,8762 3,3302 2,11
Btpdc−et−gr 1728,2 1810,2 2720,7 650,11 459,64
Acpdc−et−gr 278,7 68 51,469 100,64 41,9
Bcpdc−et−gr 1142,8 960 1180,4 865,54 347,26

TAB . 4.10: Paramètres mécanique du béton (mésoscopique, modèle EEI).

3.3 Endommagement après montée en température


3.3.1 Comparaison des deux approches macroscopique et mésoscopique

L’endommagement prédit lors de la montée en température est très différent entre


le béton considéré homogène et le béton considéré hétérogène.

Les champs d’endommagement prédits numériquement avec le béton homogénéisé et


le béton hétérogène sont comparés sur la Fig. 4.42.

On observe des endommagements très différents, spécialement pour les vitesses de


montée en température plus faibles (i.e. 0,1˚C/min). Dans le cas du béton homogène,
seul le cœur est endommagé alors que dans le cas du béton hétérogène c’est toute l’éprouvette
qui est endommagée. Un même résultat est observé lors du séchage (voir chapitre 3). De
plus, l’influence de la vitesse de montée en température est importante pour le béton

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique (sur éprouvette) 161

D D
0 0

1 1

vT = 1°C/min vT = 0,1°C/min vT = 1°C/min vT = 0,1°C/min


(a) Béton homogène. (b) Béton hétérogène.

F IG . 4.42: D macroscopique et mésoscopique, à 0,1 et 1˚C/min à 600˚C.

homogène, alors que pour le béton hétérogène, cette influence semble plus faible.
Il faut noter cependant que l’endommagement prédit ici dans le cas du béton hétéro-
gène est probablement surestimé du fait de la non prise en compte des décohésions aux
interfaces pâte de ciment/granulats.

De plus, au sein des granulats, l’endommagement est nul ou très faible. Un modèle
élastique non endommageable pour les granulats semble donc suffisant.

L’approche mésoscopique permet la prédiction non seulement de l’endommage-


ment lié au gradient thermique et aux dégradations physico-chimiques induit au
sein de l’éprouvette en béton soumis à un chargement thermique à sa surface, mais
également de l’endommagement dû au caractère hétérogène du béton.
L’objectif de la suite du travail est d’utiliser ces deux approches, macroscopique et
mésososcopique, afin de d’identifier la part des différents mécanismes de dégradation du
béton.

3.4 Identification des mécanismes d’endommagement


3.4.1 Approche adoptée
Comme nous l’avons vu dans le chapitre 1, à faible vitesse de montée en tempéra-
ture (de l’ordre de 1˚C, utilisé pour les études numériques précédentes), trois mécanismes
d’endommagement du béton à hautes températures peuvent, entre autre, être distingués

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
162 Etude de la fissuration à hautes températures

à différentes échelles :

– A l’échelle macroscopique, les gradients thermiques induisant des dilatations diffé-


rentielles et de ce fait des contraintes différentielles entre le cœur et la surface de la
structure.

– A l’échelle microscopique, la déshydratation du béton et les dégradations phy-


sico-chimiques observées avec la montée en température (e.g. décomposition de la
portlandite, des C-S-H).

– A l’échelle mésoscopique, la forte incompatibilité de déformations entre la pâte


de ciment et les granulats, dont les coefficients de dilatation thermique apparents
évoluent de façon opposée avec la température.

Ces trois mécanismes, liés aux trois échelles d’observation du béton sont difficilement
différentiables expérimentalement. L’étude réalisée, utilisant les approches macrosco-
pique et mésoscopique vise donc à rendre leur identification et leur séparation possible à
l’aide de simulations numériques d’essais ”virtuels” non réalisables expérimentalement,
l’objectif à long terme étant d’aboutir à des lois macroscopiques décrivant ces différents
endommagements pour le calcul de structures.
Pour isoler ces différents mécanismes d’endommagement, des simulations aux élé-
ments finis sont réalisées correspondant à des essais ”virtuels” (e.g. essai avec chargement
thermique uniforme au sein d’une éprouvette en béton), tenant compte explicitement ou
non de la composition hétérogène du béton à l’échelle mésoscopique.

Les transferts de masse (eau et air) ne sont toujours pas considérés, notre étude étant
centrée sur des faibles vitesses de montée en température (de l’ordre de 1˚C/min). Ces ef-
fets (et plus particulièrement les montées en pression de gaz) sont alors supposés faibles.
De plus, l’auréole de transition n’est pas prise en compte puisque nous étudions un béton
à hautes performances contenant de la fumée de silice (voir chapitre 1 §1.3).

L’objectif est de simuler des chargements thermiques à différentes températures sur


une éprouvette en béton et de suivre l’évolution induite des propriétés mécaniques. Afin de
séparer les différents mécanismes d’endommagement responsables de la dégradation de
ces propriétés mécaniques avec la température, les deux maillages homogène et hétérogène
ont été utilisés (voir Fig. 2.4) :

– Echelle macroscopique pour caractériser l’endommagement dû au gradient ther-


mique.
– Echelle mésoscopique pour caractériser les endommagements dus aux dégradations
physico-chimiques et aux incompatibilités de déformation pâte de ciment/granulats.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique (sur éprouvette) 163

3.4.2 Description des simulations


Les essais ”virtuels” numériques ont été réalisés sur les maillages représentatifs de
l’éprouvette aux échelles macroscopique et mésoscopique dont l’identification des pa-
ramètres pour les deux échelles pour le modèle EEI a été explicitée dans les paragraphes
précédents (voir §1 et §3). Les essais numériques effectués pour identifier les différents
mécanismes sont résumés ci-après :

– Effet du gradient thermique (noté δ) :


Des simulations pour le béton ”homogène”, avec les paramètres identifiés aupara-
vant, sont réalisées en imposant un chargement thermique (après comparaison avec
les simulations précédentes.

– Effet des réactions physico-chimiques (noté χ) :


Des simulations pour le béton hétérogène, avec les paramètres identifiés précédem-
ment, sont dans un premier temps réalisées en considérant un chargement thermique
uniforme dans l’éprouvette (et des coefficients de dilatation nuls des constituants),
afin d’identifier la part due aux dégradations physico-chimiques et son évolution
avec la température.

– Effet des incompatibilités de déformations pâte de ciment/granulats (noté γ) :


Des simulations sont réalisées, considérant un chargement thermique uniforme,
mais prenant en compte les coefficients de dilatation connus pour la pâte de ci-
ment et les granulats. Ces simulations à l’échelle mésoscopique permettent d’isoler
le mécanisme d’endommagement dû aux incompatibilités pâte de ciment/granulats.

Pour chacune de ces simulations, l’effet de la DTT sur ces trois mécanismes d’endom-
magement identifiés est également étudié.

3.4.3 Effet du gradient thermique


L’effet du gradient thermique est quantifiable grâce aux simulations réalisées avec le
maillage ”homogénéisé” du béton. Il correspond au rapport des propriétés mécaniques,
obtenues lors de l’identification des paramètres (i.e. avec un chargement thermique im-
posé à la surface de l’éprouvette induisant donc un gradient thermique au sein de l’éprou-
vette) et de ces mêmes propriétés obtenues pour un essai mécanique réalisé en imposant
un chargement thermique uniforme au sein de l’éprouvette.

Les Fig. 4.43, 4.44 et 4.45 représentent l’effet du gradient thermique sur l’évolution
des propriétés mécaniques du béton en température.

L’introduction de la DTT (à prendre en compte pour décrire le comportement ”réel”


du béton en température) induit une relaxation des contraintes au sein de l’éprouvette
(voir Fig. 4.13) d’où une réduction importante de l’endommagement due au gradient

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
164 Etude de la fissuration à hautes températures

1
0,9
0,8

E0(T)/E sans δ(T) 0,7


0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 Sans DTT

0,1 Avec DTT


0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.43: Dégradation du module d’Young due au gradient thermique (0= tous les
phénomènes sont pris en compte, sans δ= gradient thermique non pris en compte :
température uniforme).

1
Arrêt de la
0,9 convergence globale
0,8
fc0(T)/f csans δ(T)

0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 Sans DTT

0,1 Avec DTT


0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.44: Dégradation de la résistance en compression due au gradient thermique (0=


tous les phénomènes sont pris en compte, sans δ= gradient thermique non pris en compte :
température uniforme).

thermique. Néanmoins, on remarque que la vitesse de montée en température n’est pas


assez faible pour éliminer complètement la contribution du gradient thermique dans les
mécanismes d’endommagement.
La vitesse de montée en température de 1˚C/min préconisée par la RILEM (vitesse
dépendant aussi de la taille de l’éprouvette) pour caractériser les propriétés intrinsèques
d’une éprouvette en béton semble donc encore trop importante pour se prémunir des effets
du gradient thermique.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique (sur éprouvette) 165

0,95
ft0(T)/f tsans δ(T)

0,9

0,85
Sans DTT

Avec DTT
0,8
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.45: Dégradation de la résistance en traction due au gradient thermique (0= tous


les phénomènes sont pris en compte, sans δ= gradient thermique non pris en compte :
température uniforme).

3.4.4 Effet des dégradations physico-chimiques


Des simulations avec le maillage hétérogène, avec chargement thermique uniforme,
mais considérant des coefficients de dilatation nuls pour la pâte de ciment et les granulats,
sont réalisées, afin de ne rendre compte que de la dégradation des propriétés mécaniques
due aux réactions de déshydratation et de décomposition du béton avec la température
(voir Fig. 4.46 et 4.47).

1
0,9
Esans δ,γ (T)/E sans δ,γ (20°C)

0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 Sans DTT
0,1 Avec DTT
0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.46: Dégradation du module d’Young due aux dégradations physico-chimiques


(sans δ, γ= dégradations physico-chimiques uniquement : Température uniforme et coef-
ficients de dilatation nuls).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
166 Etude de la fissuration à hautes températures

1
0,9

fcsans δ,γ (T)/f csans δ,γ (20°C)


0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 Sans DTT

0,1 Avec DTT


0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.47: Dégradation de la résistance en compression due aux dégradations physico-


chimiques (sans δ, γ= dégradations physico-chimiques uniquement : Température uni-
forme et coefficients de dilatation nuls).

La DTT étant lié au gradient thermique, son introduction n’a ici aucune influence sur
l’endommagement lié à la déshydratation et aux réactions chimiques induites lors de
la montée en température (le gradient thermique étant nul).

On peut noter pour la résistance en compression une diminution puis réaugmen-


tation de sa valeur aux alentours de 150-300˚C. Cette valeur n’est pas expliquée. Elle
a été retrouvée sur plusieurs calculs réalisés.
Des données de la littérature font acte d’une évolution de ce type en température
trouvée sur des essais réalisés. Nous ne savons néanmoins pas justifier de manière claire
les résultats numériques observés.

3.4.5 Effet de l’hétérogénéité du béton


La comparaison des propriétés liées aux dégradations physico-chimiques et des pro-
priétés déterminées en imposant toujours un chargement thermique uniforme, mais en
considérant les coefficients de dilatation respectifs de la pâte de ciment et des granu-
lats permettent d’obtenir la part due à l’endommagement lié aux incompatibilités de
déformations entre ces deux constituants du béton (voir Fig. 4.48 et 4.49).

Cet endommagement n’apparaı̂t qu’aux environs de 400˚C, température à partir de


laquelle les coefficients de dilatation thermique apparents de la pâte de ciment et des
granulats diffèrent de manière significative. A partir de ce niveau de température, cet
effet devient non négligeable pour la description des propriétés mécaniques du béton.
Par contre, son apparition tardive semble éliminer toute contribution de cet effet sur
les phénomènes d’écaillage du béton observés à des températures de l’ordre de 200˚C
habituellement.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique (sur éprouvette) 167

1
0,9
0,8

Esans δ(T)/E sans δ,γ (T) 0,7


0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 Sans DTT
0,1 Avec DTT
0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.48: Dégradation du module d’Young due aux incompatibilités de déformations


pâte de ciment/granulats (sans δ, γ= dégradations physico-chimiques uniquement :
Température uniforme et coefficients de dilatation nuls ;sans δ dégradations physico-
chimiques et incompatibilité : Température uniforme et coeff. de dilatation non nuls).

1
0,9
0,8
fcsans δ(T)/f csans δ,γ (T)

0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 Sans DTT

0,1 Avec DTT


0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.49: Dégradation de la résistance en compression due aux incompatibilités de


déformations pâte de ciment/granulats (sans δ, γ= dégradations physico-chimiques uni-
quement : Température uniforme et coefficients de dilatation nuls ;sans δ dégradations
physico-chimiques et incompatibilité : Température uniforme et coeff. de dilatation non
nuls).

La fig. 4.50 permet de comparer les trois mécanismes d’endommagement du béton ob-
servés précédemment sur la dégradation du module d’Young. L’effet des réactions chi-
miques intervenant au sein de la pâte de ciment et des granulats est prépondérant,
le caractère hétérogène du matériau ayant un effet non négligeable pour les hautes
températures.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
168 Etude de la fissuration à hautes températures

1
0,9
0,8
0,7
0,6
E/E0

0,5
0,4
0,3 Gradient Thermique
0,2 Physico-chimie
0,1 Incompatibilités pdc/gr
0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]

F IG . 4.50: Comparaison des trois mécanismes d’endommagement sur la dégradation du


module d’Young.

Le travail réalisé et les résultats obtenus démontrent la possibilité de séparer numéri-


quement, de manière quantitative, les différents mécanismes d’endommagement du
béton avec la température. Néanmoins, ceci n’est possible rigoureusement que si l’on
dispose de résultats expérimentaux (rigidité, résistances, DT, DTT, conductivité ther-
miques...) pour le béton, la pâte de ciment et les granulats.

De plus, l’identification des dégradations dues au caractère hétérogène du matériau


permet de conclure sur son caractère non négligeable pour la description du comporte-
ment du béton à hautes températures.
L’évolution de ces types d’endommagement est cependant dépendante de la vitesse de
montée en température. Ainsi, les gradients thermiques observés seront plus importants
pour des vitesses de montée en température élevées (e.g. 10˚C/min). Dès lors la part de
l’endommagement dû au gradient thermique deviendra prépondérante.

Ce travail met en évidence la possibilité de décrire ces différents endommagements


à l’échelle macroscopique. Les lois macroscopiques à mettre en place doivent par contre
tenir compte de l’influence différente de chacun de ces mécanismes d’endommagement
sur les différentes propriétés mécaniques affectées (E, fc et ft ).
Les lois d’évolution de ces lois macroscopiques pourront être déterminées à l’aide no-
tamment d’études paramétriques sur l’effet de la distribution granulaire, de la teneur
en granulats, de la morphologie de ces granulats.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique (sur éprouvette) 169

3.5 Etude paramétrique sur l’influence des granulats


3.5.1 Description des simulations
Une première étude paramétrique sur la distribution granulaire et la teneur en granulats
vis à vis de la réponse du béton à hautes températures est réalisée, s’appuyant sur les
mêmes mésostructures déjà utilisées pour l’étude en séchage (voir chapitre 3 §2.2.2).
Trois mésostructures sont donc considérées dont les différences sont rappelées dans
le Tab. 4.11.

Nom % gr % pdc Diamètre bille [mm]


G4-10 90 10 4
G4-35 65 35 4
G1-10 90 10 1

TAB . 4.11: Caractéristiques des mésostructures générées.

Afin d’étudier plus particulièrement l’influence sur l’endommagement dû aux in-
compatibilités de déformations entre pâte de ciment et granulats (lié au caractère
hétérogène du béton), des simulations ont été réalisées soumettant ces 3 mésostructures à
une montée en température uniforme sur tout le maillage jusqu’à 600˚C.

Il est à noter que l’endommagement lié aux incompatibilités des granulats n’a été ob-
servé sur ces mésostructures qu’à 600˚C, il aurait fallu effectuer des simulations pour des
températures comprises entre 400 et 600˚C pour voir l’endommagement lié aux incompa-
tibilités à leur apparition entre 400 et 600˚C.

Cette observation nous amène à conclure qu’il ne nous semble pas, contrairement à
l’approche proposée par Mounajed [22], que la déformation thermique transitoire s’ex-
plique en deçà de 400˚C par les incompatibilités de déformation. En effet, en deçà de
400˚C, nous n’observons pas de d’endommagement lié à ces incompatibilités.

Il faut noter que la déformation thermique transitoire de la pâte de ciment (important)


relaxe les contraintes de traction de la pâte de ciment, si on suppose que cette déformation
thermique transitoire dans la pâte en traction est identique à celui en compression. Ces
résultats nécessitent donc une validation expérimentale.

3.5.2 Influence de la taille des granulats


La Fig. 4.51 montre les champs d’endommagement observés après montée en tempéra-
ture uniforme jusqu’à 600˚C pour deux mésostructures présentant la même teneur en gra-
nulats, mais de taille différente.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
170 Etude de la fissuration à hautes températures

G1-10 G4-10 D
0

F IG . 4.51: Influence de la taille des granulats sur l’endommagement à 600˚C.

On observe un endommagement localisé plutôt à l’interface pâte de ciment/granu-


lat. L’endommagement est plus légèrement localisé et restreint pour la taille de granulats
plus importante (i.e. mésostructure notée ”G4-10”). On n’observe pas, comme dans le
cas du séchage (voir chapitre 3) de fissuration entre granulats. L’explication probable est
donnée par la suite.

Le Tab. 4.12 permet de visualiser l’influence de la taille des granulats sur la dégradation
des propriétés mécaniques du béton due aux incompatibilités de déformations entre pâte
de ciment et granulat. Ces résultats ont été obtenus en réalisant des simulations avec
montée en température uniforme et prise en compte ou non de la dilatation des granulats
et de la pâte de ciment (coefficients de dilatation nuls ou non).

Mésostructure E/E0 fc /fc0 ft /ft0


G4-10 91,8 57,4 28,5
G1-10 91,2 57 20,8

TAB . 4.12: Dégradation des propriétés mécaniques. Effet de la taille des granulats.

La dégradation des propriétés mécaniques est légèrement plus importante pour


les tailles de granulats plus faibles (surtout pour la résistance en traction), bien que
l’effet ne soit pas très prononcé en terme de dégradation observée. Les incompatibilités
de déformations entre pâte de ciment et granulats ont de plus une influence importante
sur les résistances en compression et en traction, par rapport au module d’Young.
Ce résultat est à l’inverse de ce qui est observé lors du séchage (voir chapitre 3).

3.5.3 Influence de la teneur en granulats


La Fig. 4.52 montre les champs d’endommagement observés après montée en tempéra-
ture uniforme jusqu’à 600˚C pour deux mésostructures présentant la même taille de gra-
nulats, mais une teneur différente.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Etude mésoscopique (sur éprouvette) 171

G4-35 G4-10 D
0

F IG . 4.52: Influence de la teneur en granulats sur l’endommagement à 600˚C.

Ces champs d’endommagement montrent clairement un endommagement plus im-


portant pour la teneur en granulats la plus importante (i.e. mésostructure notée ”G4-
35”). On observe cette fois-ci comme dans le cas du séchage l’apparition de fissures entre
les granulats pour cette mésostructure.
Le Tab. 4.13 permet de visualiser l’influence de la teneur en granulats sur la dégradation
des propriétés mécaniques du béton due aux incompatibilités de déformations entre pâte
de ciment et granulat.

Mésostructure E/E0 fc /fc0 ft /ft0


G4-10 91,8 57,4 28,5
G4-35 38,3 12,1 13,5

TAB . 4.13: Dégradation des propriétés mécaniques. Effet de la teneur en granulats.

La dégradation des propriétés mécaniques est très affectée par la teneur en gra-
nulats, avec une dégradation très importante du module d’Young et des résistances en
compression et en traction.

La teneur en granulats a donc, par comparaison des Tab. 4.12 et 4.13, un effet bien
plus important que la taille des granulats. Ce résultat est similaire à ce qui a été observé
lors du séchage (voir chapitre 3). Par contre, contrairement aux résultats observés lors
du séchage, on note ici une dégradation plus importante des résistances, par rapport au
module d’Young.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
172 Etude de la fissuration à hautes températures

Cet écart peut s’expliquer par plusieurs facteurs :


– Les déformations mises en jeu sont différentes.
– Dans le cas du séchage, nous n’avons pas considéré une évolution des propriétés
mécaniques en fonction du degré de saturation. Dans le cas des simulations à hautes
températures, le module d’Young de la pâte de ciment se dégrade avec la température,
du fait des transformations physico-chimiques. Par conséquent, il est logique de
trouver une fissuration moins importante liée aux incompatibilités de déformations
à haute température, ce qui explique la faible dégradation du module d’Young des
mésostructures G4-10 et G1-10.
– Le module d’Young des granulats restant élevé, il reprend une partie des contraintes
mécaniques subies. Ceux-ci n’étant pas ”interconnectés”, la fissuration, conduisant
à la rupture, traverse plutôt la pâte de ciment, ce qui explique la dégradation plus
importante des résistances.
Il est à noter que la dégradation du module d’Young obtenue sur la méso G4-35 est
proche de celle obtenue précédemment sur le béton de Hager (voir Fig. 4.48).

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Conclusions du chapitre 173

4 Conclusions du chapitre
Ce chapitre fait le point sur l’étude du comportement mécanique et plus particulière-
ment de la fissuration et de l’évolution des propriétés mécanique du béton soumis aux
hautes températures.
On peut conclure dans un premier temps, compte tenu des travaux réalisés à l’échelle
macroscopique, comparant les deux modèles d’endommagement, que ceux-ci donnent
des résultats similaires, même pour l’étude de ”structures” (poteaux, poutres, dalles, tun-
nels,...), le modèle d’endommagement élastique isotrope étant par contre plus simple et
moins riche en paramètres à identifier. Les principales différences constatées sont liées en
fait à des chargements de type bi-axiaux, pour lesquels l’intérêt du modèle orthotrope est
alors observé.
Pour l’étude à l’échelle mésoscopique, l’identification de la dégradation due aux in-
compatibilités de déformations entre la pâte de ciment et les granulats a pu être réalisée.
Une première étude paramétrique visant à montrer l’influence de la taille et de la teneur
en granulat a également été menée, concluant sur une non influence à priori de la taille
des granulats. Néanmoins, nous devrions mettre en œuvre des simulations numériques de
Monte Carlo, en générant beaucoup plus de mésostructures pour pouvoir s’assurer de nos
bonnes conclusions sur la non influence de la taille des granulats. Par contre, les premiers
calculs réalisés montrent clairement une influence de la teneur en granulats.
On peut donc remarquer le même type de conclusions que pour le cas du séchage,
hormis le fait que l’on observe ici une plus grande dégradation des résistances par rapport
à celle du module d’Young.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
174 Etude de la fissuration à hautes températures

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Conclusion & Perspectives

CONCLUSIONS :

Les travaux menés et explicités dans ce mémoire visaient donc à séparer les effets
intrinsèques physico-chimiques des autres effets (gradients et incompatibilités de défor-
mation) dans l’étude du comportement mécanique du béton lors du séchage et de la
montée en température (jusqu’à 600˚C), cette séparation étant difficile, voire impossible
à réaliser expérimentalement.

Ce type de travaux montre donc la possibilité d’effectuer de manière numérique la


séparation de ces différents endommagements, afin de mieux appréhender la part réelle
de chacun de ces mécanismes sur le comportement mécanique du béton. Néanmoins, cette
approche nécessite un travail expérimental lourd : la caractérisation précise du comporte-
ment du béton, ainsi que de ces différentes phases.

Ainsi, le rôle des incompatibilités s’avère important pour le séchage et les températu-
res. Concernant le séchage, nous observons une dégradation du comportement mécanique
assez rapidement lorsque l’humidité relative décroı̂t, alors qu’en température, la dégra-
dation des propriétés mécaniques est n’observée qu’au delà de 400˚C). Dans le cas du
séchage, la dégradation des propriétés mécaniques ne semble pas être liée, de façon pro-
portionnelle, au degré de saturation ou à l’humidité relative. L’étude paramétrique nous
suggère que la fissuration est fortement dépendante de la teneur en inclusions. Par contre,
nous n’avons pas noté d’effet significatif de la taille des inclusions (et donc du rapport
surface de contact/volume). Toutefois, il faut souligner que l’étude sur le séchage a révélé
des résultats en contradiction avec l’expérience (heureusement !). Les dégradations cal-
culées sont très importantes !

Les effets des gradients s’avèrent eux négligeables pour le séchage, dès que les défor-
mations de fluage sont prises en compte. Si celles-ci ne sont pas considérées, une plus
grande épaisseur endommagée ainsi qu’une dégradation associée des propriétés mécani-
ques plus importante sont observées. L’étude thermo-mécaniques montre elle-aussi une
influence importante des déformations thermiques transitoires, mais également de la vi-
tesse de montée en température. En effet, les déformations différées ont tendance à relaxer
les contraintes générées.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
176 Conclusion & Perspectives

De plus, les études menées sur le modèle de fissuration répartie mènent aux résultats
suivants : les deux modèles d’endommagement élastique isotrope et d’endommagement
élasto-plastique orthotrope donnent des résultats similaires dans plusieurs cas, que ce soit
à l’échelle de l’ ”éprouvette” comme à l’échelle de la ”structure”. Les seules différences
de comportement observées entre ces deux modèles concernaient l’étude de chargements
bi-axiaux forts, qui ne sont rencontrés que rarement en réalité.

D’une manière générale, ces deux modèles fournissent des résultats similaires, alors
que le modèle EEI s’avère beaucoup plus simple au niveau de son implantation numérique
(toutes les équations locales sont analytiques), de la rapidité de calcul et de l’identification
des paramètres matériaux (relativement peu de données sont à introduire).

Cette comparaison entre ces 2 modèles nous semble pertinente, car nous n’avons pas
trouvé de comparaisons de modèle de fissuration dans la littérature, lors d’étude du com-
portement du béton soumis au séchage ou à des hautes températures.

Cette étude réalisée sur les modèles mécaniques adaptés à la prédiction du compor-
tement en séchage ou à hautes températures est une des premières réalisées, même si
d’autres travaux avaient été menés auparavant sur la prédiction du comportement méca-
nique du béton sans sollicitation environnementale particulière [175].

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Conclusion & Perspectives 177

PERSPECTIVES :

On peut distinguer deux voies de perspectives possibles pour la poursuite de ces pre-
miers travaux réalisés sur l’approche mésoscopique pour l’étude en séchage et à hautes
températures.

Du point de vue expérimental, il est nécessaire pour identifier au mieux les paramètres
des modèles de disposer de beaucoup plus d’informations sur le béton, la pâte de ciment
et les granulats pour un même ciment (courbe complète contrainte-déformation, séchage,
retrait, fluage ...). Cette démarche est surtout essentielle pour l’étude de séchage, pour
laquelle nous disposions de moins d’informations qu’à hautes températures.

Il serait également judicieux de transposer l’approche proposée par Biscchop et van


Mier [17], Szcześniak et Burlion [26], concernant l’utilisation de matériaux modèles à
l’étude hautes températures. Ceci permettrait de mettre en évidence l’effet des granulats
sur la fissuration, et notamment l’effet de la teneur, de la taille et de la distribution granu-
laire et de valider les résultats obtenus numériquement durant cette thèse. Des premières
études pour mettre en place cette expérimentation sont en cours et devraient aboutir dans
les prochains mois à la réalisation de ces expériences au LMT.

De plus, pour l’étude de la déformation thermique transitoire en température, les si-


mulations effectuées nous amènent à penser que la déformation thermique transitoire ne
s’explique pas en deçà des 400˚C par les incompatibilités. En effet, aucun endommage-
ment lié aux incompatibilités n’est observé en deçà des 400˚C. La déformation thermique
transitoire de la pâte de ciment relaxe les contraintes de traction de la pâte de ciment, si
on suppose que la déformation thermique transitoire dans la pâte en traction est identique
à celui en compression. Ces résultats nécessitent donc d’être validés expérimentalement.

Dans notre travail nous avons fait l’hypothèse que toutes les déformations différées
étaient identiques en compression et en traction. Ainsi, les déformations de fluage per-
mettent alors effectivement de relaxer les contraintes. Cette hypothèse nous semble cor-
recte. Toutefois, elle nécessite une validation expérimentale (pas disponible à notre connais-
sance actuellement à température ambiante pour des bétons matures). De plus, aucun
résultat concernant les déformations thermiques transitoires n’est disponible dans la littéra-
ture.

Du point de vue de la modélisation du séchage et de la température, il nous parait


judicieux de modéliser la fissuration macroscopique induite au sein du matériau, par une
approche discrète (tout en gardant une approche fissuration répartie pour les microfis-
sures). En effet, ceci permettrait un couplage naturel entre la fissuration et les transferts
de fluide (perméation).

De plus, dans ces travaux l’influence de l’auréole de transition n’a pas été étudiée. Il

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
178 Conclusion & Perspectives

s’avère donc nécessaire d’intégrer cette troisième phase dans notre étude. Etant donné la
faible épaisseur de cette auréole, il nous parait pertinent d’utiliser des éléments d’inter-
face, avec un critère de type Mohr-Coulomb. Ceci permettrait également de rendre compte
des décohésions aux interfaces de façon plus réaliste. Des premiers travaux ont démarré
sur ce sujet.

Il est aussi nécessaire pour être plus prédictif d’envisager des calculs 3D (e.g. comme
ceux réalisés pour des études comparables sur la RAS [23]), ainsi qu’une approche proba-
biliste, étant donné que les mésostructures sont générées aléatoirement.Ce type de simu-
lations nécessite des moyens de calcul assez importants. Cette approche semble encore
délicate, à l’heure actuelle.

Pour le cas de l’étude à hautes températures, il est nécessaire de prendre en compte les
transferts de phase et de prendre en compte la physico-chimie de façon plus réaliste (par
l’intermédiaire d’un degré de déshydratation, dépendant de la vitesse de montée/descente
de la température).

Dans le cas du séchage, nous avons souligné le manque de représentativité de nos


résultats. Les effets capillaires n’ont pas été pris en compte explicitement. Toutefois, à
partir de nos connaissances actuelles, la prise en compte de ces effets, via une approche
mécanique des milieux poreux insaturés ne constitue pas une approche viable, car dans ce
cas, aucune fissuration par gradient ou incompatibilité de déformation ne serait prédite,
ce qui n’est pas non plus en accord avec l’expérience. Il faudrait, à notre avis, analyser
plus précisément la répartition des contraintes à l’échelle microscopique, générées par
l’apparition des contraintes capillaires. Cette étape nécessite la prise en compte (lors du
maillage, si un calcul élément fini est envisagé) de la distribution de la taille des pores, et
d’y appliquer la pression capillaire, sur les pores ” concernés ” uniquement (en fonction
de la taille et de l’humidité relative). Ce type d’approche nécessite une quantité de travail
conséquente.

Enfin, les mésostructures générées sont encore éloignées de l’image d’un béton réel
à cette échelle. Une approche réellement multi-échelle reste à développer. Toutefois,
nous soulignerons, que même sous un chargement statique à température ambiante, la
modélisation mésoscopique peut conduire à des résultats aberrants : i.e une diminution
des résistances mécaniques lorsque la teneur en granulats augmente, liée probablement
aux concentrations de contraintes !

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Annexe A : Algorithme de résolution
numérique

L’ensemble des simulations réalisées durant la thèse sont effectuées sur le logiciel de
calcul aux Eléments finis Cast3M, développé par le Commissariat à l’Energie Atomique.

L’algorithme de résolution numérique utilisé dans le cadre du comportement des bétons


à température ambiante est le même que celui utilisé dans [63]. Il n’est pas détaillé ici.
De même, la résolution numérique des équations non linéaires pour le modèle EPEO (al-
gorithme de Newton) est présenté dans [63].

L’objectif de la résolution mécanique incrémentale est de déterminer σn+1 et Dn+1 ,


les contraintes apparentes et l’endommagement au pas de temps n + 1 pour chaque point
de Gauss des éléments finis connaissant les mêmes données au pas de temps n.

L’algorithme de résolution numérique adopté est explicité ci-après, en prenant pour


exemple l’étude à hautes températures (pour la détermination des déformations interve-
nant dans le calcul).

1. Détermination de ∆εtn+1 :

L’incrément de déformation thermique libre est obtenu comme suit :

∆εtn+1 = α(Tn+1 ).(Tn+1 − T0 ) − α(Tn ).(Tn − T0 ) (4.3)


Où T0 est la température initiale ambiante.

2. Détermination de ∆εtm
n+1 :

L’incrément de déformation thermique sous charge (DTT) est calculé en utilisant


l’équation suivante :

∆εtm ∗
n+1 = M.∆Tn+1 .σ̃n+1
(4.4)
avec σ̃∗n+1 = (1 − η).σ̃n + η.σ̃n+1

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
180 Annexe A : Algorithme de résolution numérique

Où σ̃n et σ̃n+1 représentent les contraintes effectives aux pas de temps n et n + 1,
et 0 ≤ η ≤ 1 (η = 0 pour un schéma numérique explicite, η = 1 pour un schéma
implicite). On prendra η = 1 par la suite.

Ceci revient donc à résoudre l’équation suivante :

∆εtm
n+1 = M.∆Tn+1 .[(1 − η).σ̃n + η.σ̃n+1 ]
tm (4.5)
∆εn+1 = M.∆Tn+1 .(σ̃n + η.∆σ̃n+1 )

3. Détermination de ∆σ̃n+1 :

Cet incrément est recalculé à partir de la relation suivante :

∆σ̃n+1 = E(Tn+1 ).∆εen+1 (4.6)


En utilisant l’expression des déformations élastiques dépendant des déformations
totales, les déformations thermiques et les déformations thermiques sous charge
(déformations thermiques transitoires), nous pouvons en déduire l’équation sui-
vante :

∆σ̃n+1 = E(Tn+1 ).(∆εn+1 − ∆εtn+1 − ∆εtm


n+1 ) (4.7)

En remplaçant les variables des déformations thermiques libres et des DTT par les
expressions précédemment données (voir eq. 4.3 et 4.5), l’équation 4.7 peut être
résolue pour obtenir l’incrément de contraintes effectives ∆σ̃n+1 à la fin du pas de
temps n :

∆σ̃n+1 = f1 .(∆εn+1 − f2 − f3 .σ̃n ) (4.8)


avec :
f1 = (1 + η.E(Tn+1 ).M.∆Tn+1 )−1 .E(Tn+1 )
f2 = α(Tn+1 ).(Tn+1 − T0 ) − α(Tn ).(Tn − T0 ) (4.9)
f3 = M.∆Tn+1

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Annexe A : Algorithme de résolution numérique 181

4. Détermination de σ̃n+1 :

Les contraintes effectives au pas de temps n + 1 sont obtenues en utilisant l’expres-


sion suivante :

σ̃n+1 = σ̃n + ∆σ̃n+1 (4.10)

5. Determination of εen+1 :

Les déformations élastiques au pas de temps n + 1 sont obtenues grâce à l’équation


suivante :

εen+1 = E(Tn+1 )−1 .σ̃n+1 (4.11)

6. Détermination de Dn+1 :

La variable d’endommagement au pas de temps n + 1 est obtenue à partir de εen+1 ,


en utilisation la description du modèle mécanique adoptée (équations du modèle
EEI ou EPEO).

7. Détermination de σn+1 :

Les contraintes apparentes au pas de temps n+1 sont obtenues à partir des contraintes
effectives.

σn+1 = (1 − Dn+1) ).σ̃n+1 (4.12)

Les algorithmes de résolution généraux pour les deux modèles sont fournis sur les
figures 4.53 et 4.54.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
182 Annexe A : Algorithme de résolution numérique

1. Calculs de f1 , f2 and f3 (Eq. 4.9)


2. Calculs de l’incrément de contrainte effective
∆σ̃n+1 et σ̃n+1 (Eq. 4.8 and 4.10)


3. Calcul de la déformation élastique εen+1 (Eq. 4.11)

4. Calcul de la déformation équivalente ε̂ (Eq. 2.22)

5. Calcul du critère d’endommagement f (Eq. 2.21)

❄ ❄
¡
¡ ❅
❅ ¡ ❅
¡ ❅
¡ ❅ ¡ ❅
¡ f >0 ❅ ¡ f ≤0 ❅
❅ ¡ ❅ ¡
❅ ¡ ❅ ¡

❅¡¡ ❅
❅¡¡



6.a Calcul de la variable
d’endommagement Dn+1 6.b Dn+1 = Dn
(Eq. 2.23 and 2.24)


7. Calcul des contraintes apparentes
finales σn+1 (Eq. 4.12)

F IG . 4.53: Algorithme de résolution numérique pour le modèle d’endommagement


élastique isotrope EEI.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Annexe A : Algorithme de résolution numérique 183

1. Calculs de f1 , f2 and f3 (Eq. 4.9)


2. Calculs de l’incrément de contrainte effective
∆σ̃n+1 et σ̃n+1 (Eq. 4.8 and 4.10)


3. Calcul des déformations plastiques cumulées
τc et τ̂t


4. Calcul des critères de
Drucker-Prager et Rankine (Eq. 2.27)

❄ ❄
¡❅
¡ ❅ ¡❅
¡ ❅
¡ ❅ ¡ ❅
¡ Fc > 0 ❅ ¡ Fc ≤ 0 ❅
❅ ou Ft > 0 ¡ ❅ et Ft ≤ 0 ¡
❅ ¡ ❅ ¡
❅❅¡ ¡ ❅ ❅¡ ¡


6.a Calcul de Kn+1 , ❄
puis de la variable
6.b Dn+1 = Dn
d’endommagement Dn+1
(Eq. 2.23 and 2.24)


7. Calcul des contraintes apparentes
finales σn+1 (Eq. 4.12)

F IG . 4.54: Algorithme de résolution numérique pour le modèle d’endommagement


élasto-plastique orthotrope EPEO.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
184 Annexe A : Algorithme de résolution numérique

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Bibliographie

[1] R.F. Feldman and P.J. Sereda. The model for hydrated portland cement as deduced
from sorption-length change and mechanical properties. Materials and Construc-
tion, 1 :509–520, 1968.
[2] P.K. Mehta. Concrete, structure, properties and materials. In Englewood Cliff, New
Jersey : Prenctice-Hall, 1986.
[3] M. Regourd. Le béton hydraulique, chapter L’eau. Presse de l’ENPC, 1982. 59–68.
[4] J. Stark and B. Wicht. Dauerhaftigkeit von beton der baustoff als werkstoff. Wei-
mar, 2001. Bau Praxis.
[5] I. Soroka. Portland cement paste and concrete. Londres, 1979. Macmillan.
[6] F.J. Ulm, F. Le Maou, and C. Boulay. Creep and shrinkage coupling : new review
of some evidence. Revue Française de Génie Civil, 3 :21–37, 1999.
[7] J. Piasta. Heat deformation of cement phases and microstructure of cement paste.
In Materials and structures : research and testing, RILEM, volume 17, pages 415–
420, Paris, 1989.
[8] Y. Collet. Etude des propriétés du béton soumis a des températures élevées entre
200 et 900 ˚ c. Annales des Travaux Publics Beiges, (4) :332–338, 1977.
[9] M. Castellotea, C. Alonsoa, C. Andradea, X. Turrillasa, and J. Campoc. Compo-
sition and microstructural changes of cement pastes upon heating, as studied by
neutron diffraction. Cement and Concrete Research, 34 :1633–1644, 2004.
[10] Z. P. Bažant and W.J. Raftshol. Effect of cracking in drying and shrinkage speci-
mens. Cement and Concrete Research, 12 :209–226, 1982.
[11] A.N. Noumowe. Effet des hautes températures (20-600 ˚ C) sur le béton. Cas par-
ticulier du béton à hautes performances. PhD thesis, INSA, Lyon, 1995.
[12] I. Hager. Comportement à haute température des bétons à haute performance -
évolution des principales propriétés mécaniques. PhD thesis, Ecole Nationale des
Ponts et Chaussées & Ecole Polytechnique de Cracovie, 2004.
[13] G. Mounajed and W. Obeid. Modélisation du comportement thermo-hygro-
mécanique des bétons à hautes températures - rapport intermédiaire pour le
livre bhp 2000. Technical report, CSTB, division MOdélisation CAlcul et
Développement MOCAD, Juin 2001.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
186 Bibliographie

[14] C. La Borderie, C. Lawrence, and A. Menou. Approche mésoscopique du com-


portement : Apport de la représentation géométrique. Revue Européenne de Génie
Civil, 2007. Soumis après sélection à RUGC’2006.
[15] F.A. Grondin. Modélisation multi-échelles du comportement thermo-hydro-
mécanique des matériaux hétérogènes. Applications aux matériaux cimentaires
sous sollicitations sévères. PhD thesis, Université Pierre et Marie Curie - Paris
VI, 2005.
[16] R. Le Roy. Déformations instantanées et différées des bétons à hautes perfor-
mances. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 1996.
[17] J. Bisshop and J.G.M. van Mier. Effect of aggregates on drying shrinkage mi-
crocracking in cement-based composites. Materials and Structures, 35 :453–461,
2002.
[18] T.Z. Harmathy. Fire safety design. 1993.
[19] E. Schlangen, G. Leegwater, and E.A.B. Koenders. Modelling of autogenous shrin-
kage of concrete based on paste measurements. Quebec city, Canada, September
2006.
[20] P.E. Roelsftra, H. Sadouki, and H. Wittmann. Le béton numérique. Materials and
Structures, 18 :309–317, 1985.
[21] F.-X. Hubert, N. Burlion, and J.-F. Shao. Drying of concrete : modelling of a hydric
damage. Materials and Structures, 36 :12–21, 2003.
[22] G. Mounajed. Exploitation du nouveau modèle ”béton numérique” dans sym-
phonie - concept, homogénéisation du comportement thermomécanique des bhp
et simulation de l’endommagement thermique. Technical report, CSTB, division
MOdélisation CAlcul et Développement MOCAD, septembre 2002.
[23] I. Comby Peyrot. Development and validation of a 3D computational tool to des-
cribe damage and fracture due to alkali silica reaction in concrete structures. PhD
thesis, Ecole des Mines de Paris, 2006.
[24] D. Cianco, C.M. Lopez, I. Carol, and M. Cuomo. New results in mesomechani-
cal modelling of concrete using fracture-based zero-thickness interface elements,
chapter Computational Modelling of Concrete Structures ; Proc. intern. symp. St.
Johann im Pongau, Balkema, March 2003.
[25] M.G.A. Tijssens, L.J. Sluys, and E. van der Giessen. Simulation of fracture of
cementitious composites with explicit modelling of microstructural features. Engi-
neering Fracture Mechanics, 68 :1245–1263, 2001.
[26] M. Szcześniak, N. Burlion, and J.F. Shao. An experimental study of the roles of
water saturation degree and aggregate size in the mechanical response of cement
based composites. Italy, 2007. FraMCoS-6.
[27] A.N. Noumowe, S. Aggoun, and R. Cabrillac. Influence du type de granulats sur
les propriétés de bétons à matrice hautes performances soumis à une température
élevée. Annales du bâtiment et des travaux publics, 2001.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Bibliographie 187

[28] P. Acker and F.-J. Ulm. Creep and shrinkage of concrete : physical origins and
practical measurements. Nuclear Engrg. Des., 203 :143–158, 2001.
[29] F.H. Wittmann. Creep and shrinkage of concrete structures, chapter Creep and
shrinkage mechanisms. Londres, Londres, 1982.
[30] J. Mazars. Application de la mécanique de l’endommagement au comportement
non linéaire et à la rupture du béton de structure. PhD thesis, Univ. Paris 6, ENS
Cachan, 1984.
[31] L.M. Kachanov. Introduction to continuum damage mechanics. Martinus Nijhoff
Publishers, Dordrecht (The Netherlands), 1986.
[32] J.C. Maso. La liaison entre les granulats et la pâte de ciment hydraté. In 7ème
Congrès International de la chimie des ciments, Rapport principal, Paris, 1980.
[33] H. Viallis-Terrisse. Interaction des Silicates de Calcium Hydratés, principaux
constituants du ciment, avec les chlorures d’alcalins. Analogie avec les argiles.
PhD thesis, Université de Bourgogne, 2000.
[34] T.C. Powers. The thermodynamics of volume change and creep. Materials and
Constructions, 1(6), 1968.
[35] I. Guénot-Delahaie. Contribution à l’analyse physique et à la modélisation du
fluage propre du béton. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 1997.
[36] F.H. Wittmann. Fundamental principles of a model describing the characteristic
properties of concrete. Schriftenreihe Deutscher Ausschuss für Stahlbeton, 290,
1977.
[37] J. Baron and J.P. Ollivier. La durabilité des bétons. Presse de l’Ecole Nationale
des Ponts et Chaussées, Paris, 1992.
[38] V. Baroghel-Bouny. Caractérisation des pâtes de ciment et des bétons. Méthodes,
analyse, interprétation. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 1994.
[39] T.C. Hansen. Physical structure of hardened cement paste. a classical approach.
Materials and Structures, 19(114) :423–436, 1986.
[40] Z. P. Bažant. Thermodynamics of hindered adsorption and its implications for
hardened cement paste and concrete. Cement and Concrete Research, 2 :1–16,
1972.
[41] G. Dreux. Guide pratique du béton. Collection de l’ITBTP, 1970.
[42] F. de Larrard. Structure granulaire et formulation des bétons. LCPC, 2000.
[43] P.J.M. Monteiro. Modélisation unidimensionnelle des transferts couplés de chaleur,
air et eau dans un milieu poreux : le béton soumis à un processus de déshydratation.
In 8th ICCC, volume 3, page s.433, Rio de Janeiro, 1986.
[44] R. Zimbelman. Cement and Concrete Research, 17(4) :S.651, 1987.
[45] S. Diamond. The microstructure of cement paste in concrete. In VII International
Cong. Chem. Cem., volume 1, pages 113–121, Rio de Janeiro, 1986.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
188 Bibliographie

[46] Y. Malier. Les bétons hautes performances : caractérisation, durabilité, applica-


tions. Presse de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 2ème édition edition,
1992. 673 p.
[47] P.C. Aitcin. The durability characteristics of high performance concrete : a review.
Cement and Concrete Composites, 25 :409–420, 2003.
[48] A.M. Brandt. Cement-based composites : materials, mechanical properties and
performance. In E & FN Spon, London, UK, 1995.
[49] O. Coussy, V. Baroghel-Bouny, P. Dangla, and M. Mainguy. Evaluation de
perméabilité à l’eau liquide des bétons à partir de leur perte de masse durant le
séchage. Revue Française de Génie Civil, pages 269–284, Mai 2001.
[50] M. Mainguy, O. Coussy, and V. Baroghel-Bouny. Role of air pressure in
drying of weakly permeable materials. ASCE Journal of Engineering Mechanics,
127(6) :582–592, 2001.
[51] P. Acker. Comportement mécanique du béton : apport de l’approche physicochi-
mique. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, Rapport de recherche
LCPC n˚152, 1988.
[52] J.F. Daı̈an. Evaluation des propriétés de transfert dans les matériaux cimentaires.
Revue Française de Génie Civil, pages 179–202, Mai 2001.
[53] V. Baroghel-Bouny, M. Mainguy, T. Lassabatere, and O. Coussy. Characteriza-
tion and identification of equilibrium and transfer moisture properties for ordinary
and high-performance cementitious materials. Cement and Concrete Research,
29 :1225–1238, 1999.
[54] A. Alnajim. Modélisation et simulation du comportement du béton sous hautes
températures par une approche thermo-hygro-mécanique couplée. Application à
des situations accidentelles. PhD thesis, Université de Marne-La-Vallée, 2004.
[55] D. Gawin, F. Pesavento, and B.A. Schrefler. Modelling creep and shrinkage of
concrete by means of effective stresses. Materials and Structures, 40 :579–591,
2007.
[56] M. Thiery, V. Baroghel-Bouny, N. Bourneton, G. Villain, and C. Stéfani.
Modélisation du séchage des bétons - analyse des différents modes de transfert
hydrique. Revue Européenne de Génie Civil, 11(5) :541–577, 2007.
[57] M. Mainguy. Modèles de diffusion non-linéaires en milieux poreux. Applications à
la dissolution et au séchage des matériaux cimentaires. PhD thesis, Ecole Natio-
nale des Ponts et Chaussées, 1999.
[58] Z. P. Bažant. Thermodynamics of interacting continua with surfaces and creep
analysis of concrete structures. Nuclear engineering and design, 20 :477–505,
1972.
[59] Z. P. Bažant and J.K. Kim. Consequences of diffusion theory for shrinkage of
concrete. Materials and Structures, 24 :323–326, 1991.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Bibliographie 189

[60] Y. Xi, Z.P. Bažant, L. Molina, and H.M. Jennings. Moisture diffusion in cementi-
tious materials : moisture capacity and diffusivity. Advanced Cement Based Mate-
rials, 1 :258–266, 1994.
[61] F.H. Wittmann. Le séchage et le retrait de dessiccation du béton. pages 15–26,
Strasbourg, France, 1997. Expérimentation et Calcul en Génie Civil EC97. Recueil
de publications.
[62] R. Witasse. Contribution à la compréhension du comportement d’une coque
d’aéroréfrigérant vieilli : définition d’un état initial, influence des effets différés
sous sollicitations hydromécaniques. PhD thesis, INSA de Lyon, 2000.
[63] F. Benboudjema. Modélisation du comportement différé du béton sous solicitations
biaxiales. Applications aux enceintes de confinement de bâtiments réacteurs des
centrals nucléaires. PhD thesis, Université de Marne-La-Vallée, 2002.
[64] Z. P. Bažant and L.J. Najjar. Non linear water diffusion in non saturated concrete.
Materials and Structures, 5(25) :3–20, 1972.
[65] O. Coussy, V. Baroghel-Bouny, P. Dangla, and M. Mainguy. Evaluation de
perméabilité à l’eau liquide des bétons à partir de leur perte de masse durant le
séchage. In actes du séminaire Transferts 2000, pages 97–108, Paris, France, 2000.
[66] R. Mensi, P. Acker, and A. Attolou. Séchage du béton : analyse et modélisation.
Materials and Structures, 21 :3–10, 1988.
[67] S. Brunauer, J. Skalny, and E.E. Bodor. Adsorption on nonporous solids. Journal
of Colloid and Interface Science, 30(4) :546–552, 1969.
[68] M. Th. van Genuchten. A closed-form equation for predicting the hydraulic
conductivity of unsaturated soils. Soil Science Society of America, 44 :892–898,
1980.
[69] P. Aitcin, A. Neville, and P. Acker. Les différents types de retrait du béton. Bulletin
des Laboratoires des Ponts et Chaussées, 215 :41–51, 1998.
[70] F.H. Wittmann. Surface tension, shrinkage and strength of hardened cement paste.
Materials and Structures, 1(6) :547–552, 1968.
[71] W. Obeid, G. Mounajed, and A. Alliche. Experimental identification of biot’s
hydro-mechanical coupling coefficient for cement mortar. Materials and Struc-
tures, 35 :229–236, 2002.
[72] Z. P. Bažant and Y. Xi. Drying creep of concrete : constitutive model and new
experiments separating its mechanisms. Materials and Structures, 27 :3–14, 1994.
[73] L. Granger. Comportement différé du béton dans les enceintes de centrales
nucléaires. Analyse et modélisation. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et
Chaussées, 1996.
[74] F. Meftah, J.M. Torrenti, W. Nechnech, F. Benboudjema, and C. De Sa. An elasto-
plastic damage approach for the modelling of concrete submited to the mechanical
induced effects of drying. In ed. Rilem, editor, recueil de publications de Shrinkage
2000, 2000.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
190 Bibliographie

[75] Schrefler B.A., Simoni L., and Majorana C.E. A general model for the mechanics
of saturated-unsaturated porous materials. Materials and Structures, pages 323–
334, 1989.
[76] O. Coussy. Mechanics of porous continua. Edition John Wiley and Sons, 1995.
[77] W.G. Gray and B.A. Schrefler. Thermodynamic approach to effective stress in
partially saturated porous media. European Journal of applied Mechanics in Solids,
20 :521–538, 2001.
[78] A.W. Bishop and G.E. Blight. Some aspects of effective stress in saturated and
partly saturated soils. Géotechnique, 13 :177–197, 1963.
[79] L. Dormieux. Application des méthodes d’homogénéisation au transport des mi-
lieux poreux. In Transfert2006, Lille, France, 2006.
[80] W. Ruetz. An hypothesis for the creep of the hardened cement paste and the in-
fluence of simultaneous shrinkage. Londres, 1968. 365–387.
[81] F.J. Ulm and P. Acker. Le point sur le fluage et la recouvrance des bétons. Bulletin
de liaison des Ponts et Chaussées spécial XX, pages 73–82, 1998.
[82] R.P. Lohtia. Mechanism of creep in concrete. Roorkee University Research Jour-
nal, 1-2(12) :37–47, 1970.
[83] Z. P. Bažant, A.B. Hauggaaed, S. Baweja, and F.J. Ulm. Microprestress-
solidification theory for concrete creep. i : Aging and drying effects. Journal of
Engineering Mechanics, 123(11) :1188–1194, 1997.
[84] Z. P. Bažant and J.C. Chern. Concrete creep at variable humidity : constitutive law
and mechanism. Materials and Structures, 18(103) :1–20, 1985.
[85] F. Benboudjema, F. Meftah, J.M. Torrenti, and G. Heinfling. Analyse des essais de
fluage propre réalisés sur des pâtes de ciment, mortiers et bétons, avec mesures des
déformations principales. Rapport interne EDF, page 88 p., octobre 2000.
[86] R. Le Roy and L. Granger. Calcul des déformations instantanées et de fluage propre
du béton à partir de celles de la pâte de ciment. Bulletin de liaison des Ponts et
Chaussées, pages 67–78, 1995.
[87] G. Pickett. The effect of change in moisture content on the creep of concrete under
a sustained load. J. of the Am. Concrete Inst., 38 :333–355, 1942.
[88] M. Buil. Etude numérique simplifiée de l’influence de l’effet de fissuration super-
ficielle du béton dans des essays de fluage de desiccation récents. Materials and
Structures, 23 :341–351, 1990.
[89] A. Gens and S. Olivella. Thm phenomena in saturated and unsaturated porous
media. In RFGC, 5(6), Environmental Geomechanics, pages 693–717, 2001.
[90] T.Z. Harmathy. Thermal properties of concrete at elevated temperatures. ASTM
Journal of Materials, 5 :132–142, 1970.
[91] U.-M. Jumppanen. Effect of strength on fire behavior of concrete. Nordic Concrete
Research, 8 :116–127, 1989.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Bibliographie 191

[92] G.A. Khoury. Strain components of nuclear-reactor-type concrets during first heat
cycle. Nuclear Engineering and Design, 156 :313–321, 1995.
[93] J. Sliwinski and W. Ehrenfeld. Déformation thermiques des pâtes et des mortiers
avec ajout de fumée de silice à haute température. pages 83–88, University of
Zilina, Slovaquie, 1998. Concrete and Concrete Structures.
[94] A. Menou. Etude du comportement thermomécanique des bétons à haute
température : Approche multi-échelles de l’endommagement thermique. PhD the-
sis, Université de Pau et des pays de l’Adour, 2004.
[95] S.L. Meyres. Thermal expansion characteristics of hardened cement paste and of
concrete. In Proceedings of the Highway Research Board, volume 30, pages 193–
203, 1950.
[96] L.J. Mitchell. Thermal properties. In ASTM Special Technical Publication, number
169, pages 129–135, Philadelphia, 1953.
[97] Z. P. Bažant and M.F. Kaplan. Concrete at high temperatures, material properties
and mathematical models. Concrete Design and Construction Series, °Longman
c
Group Limited, 1996.
[98] G.A. Khoury, B.N. Grainger, and G.P.E. Sullivan. Strain of concrete during first
heating to 600 ˚ c under load. Magazine of concrete research, 37 :195–215, 1985.
[99] F. Lea and R. Stradling. The resistance of fire of concrete and reinforced concrete.
Engineering, 110 :293–298, 1922.
[100] G.A. Khoury, P. Sullivan, and B. Grainger. Transient thermal strain of concrete :
literature review, conditions within specimen and behaviour of individual consti-
tuents. Magazine of Concrete Research, 37 :131–144, 1985.
[101] U. Schneider. Concrete at high temperatures : A general review. Fire Safety Jour-
nal, 13 :55–68, 1988.
[102] Y. Anderberg and S. Thelandersson. Stress and deformation characteristics of
concrete at high temperature. Internal rep. number alba15/04-01, Lund Institute of
Technology (Sweden) : Division of Structural Mechanics and Concrete Construc-
tion, 1973.
[103] U. Schneider. Behaviour of concrete at high temperatures. Technical report, RI-
LEM, Report to Committee n˚44-PHT, Paris, 1982.
[104] T.C. Hansen and L. Eriksson. Temperature change on behavior of cement
paste, mortar and concrete under load. Journal of American Concrete Institute,
63(4) :489–504, 1966.
[105] L.T. Parrot. A study of transitionnal thermal creep in hardened cement paste. Ma-
gazine of Concrete Research, 31(107) :99–103, 1979.
[106] U. Diederichs, U. Jumppanen, and V. Fenttala. Behaviour of high strength concrete
at elevated temperatures. In Report 92, page 72, Helsinki University of technology,
Departement of structural Engineering, 1992.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
192 Bibliographie

[107] P. Kalifa and M. Tsimbrovska. Comportement des bhp à hautes températures, etat
de la question et résultats expérimentaux. Cahier de CSTB, 3078, 1998.
[108] Y. Anderberg, L.T. Phan, N. J. Carino, D. Duthinh, and E. Garboczi. Spalling phe-
nomena of hpc and oc. Technical report, International Workshop on Fire Perfor-
mance of High Strength Concrete, NIST Special Publication 919, February 1997.
[109] N. Hearn. Effect of shrinkage and load-induced cracking on water permeability of
concrete. ACI materials journal, pages 234–241, 1999.
[110] J. Bisshop, L. Pel, and J.G.M. van Mier. Effect of aggregate size and paste volume
on drying shrinkage microcracking in cement-based composites. In Z.P. Bažant eds
F. Ulm and F.H. Wittmann, editors, Creep, Shrinkage and Durability Mechanics
of Concrete and other Quasi-Brittle Materials, pages 75–80, MIT, Boston, USA,
2001. Proc. of CONCREEP-6 @MIT.
[111] D. Perraton and P.C. Aı̈tcin. Perméabilité du béton de peau. le choix du granu-
lat peut-il s’avérer un élément plus déterminant que le rapport e/c ? Bulletin des
laboratoires des ponts et chaussées, 232 :59–72, 2001.
[112] F.H. Wittmann. Einflu ? des feuchtigkeitsgehaltes auf das kriechen des zement-
steines. Rheologica Acta, 9(2) :282–287, 1970.
[113] J.J Brooks and A.M. Neville. A comparison of creep, elasticity and strength
of concrete in tension and in compression. Magazine of Concrete Research,
29(100) :131–141, 1977.
[114] P. Dantec and G. Terme. Séchage et comportement différé du béton : influence de
la cinétique de dessiccation sur le comportement mécanique des bétons. Technical
report, Rapport 1.41.02.5 du LCPC, 88 p., 1996.
[115] V. Kanna, R.A. Olson, and H.M. Jennings. Effect of shrinkage and moisture content
on the physical characteristics of blended cement mortars. Cement and Concrete
Research, 18(10) :1467–1477, 1998.
[116] N. Burlion, F. Bourgeois, and J.-F. Shao. Effects of desiccation on mechanical
behaviour of concrete. Cement & Concrete Composites, 27 :367–379, 2005.
[117] I. Yurtdas, H. Peng, N. Burlion, and F. Skoczylas. Influences of water by cement ra-
tio on mechanical properties of mortars submitted to drying. Cement and Concrete
Research, 36 :1286–1293, 2006.
[118] S.E. Pihlajavaara. A review of some of the main results of a research on the aging
phenomena of concrete : effect of moisture conditions on strength, shrinkage and
creep of mature concrete. Cement and Concrete Research, 4(5) :761–771, 1974.
[119] J.M. Torrenti. Comportement multiaxial du béton : Aspects expérimentaux et
modélisation. PhD thesis, ENPC, 1987.
[120] J.A. Hanson. Effects of curing and drying environments on splitting tensile strength
of concrete. Journal of the American Concrete Institute, 65(7) :535–543, 1968.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Bibliographie 193

[121] B. Fouré. Note sur la chute de résistance à la traction du béton léger consécutive
à l’arrêt de la cure humide. Technical report, Annales de l’Institut Technique du
Bâtiment et des Travaux Publics, 1985.
[122] F. de Larrard and J.L. Bostvirronois. On the long term losses of silica fume high
strength concretes. Magazine of Concrete Research, 43(155), 1991.
[123] P. Pimienta. Evolution des caractéristiques des bhp soumis à des températures
élevées (tranche 1), résistances en compression et modules d’élasticité. Technical
report, Rapport BHP 2000, 1999.
[124] J.C. Maréchal. Variations of the modulus of elasticity and poisson’s ratio with
temperature. In Concrete for nuclear reactors, volume 1, pages 495–503, Detroit,
1972. Americain Concrete Institute SP.
[125] Z. P. Bažant and C. Prat. Effect of temperature and humidity on fracture energy of
concrete. ACI Materials Journal, 1988. Technical paper Title no 85-M32.
[126] G. Heinfling. Contribution à la modélisation numérique du comportement du béton
et des structures en béton armé sous sollicitations thermomécaniques à hautes
températures. PhD thesis, INSA Lyon Univ. Lyon I,, 1998.
[127] T. Harada, J. Takeda, S. Yamane, and F. Furumura. Strength, elasticity and thermal
properties of concrete subjected to elevated temperatures. In Concrete for nuclear
reactors, number 39, pages 179–203, Detroit, 1996. Americain Concrete Institute
SP.
[128] J. Lemaitre and J.-L. Chaboche. Mécanique des matériaux solides. 2ème édition
Dunod, 1988.
[129] J.W. Ju. On energy-based coupled elastoplastic damage theories : constitutive mo-
deling and computational aspects. Int. J. Solids Struct., 25(7) :803–833, 1989.
[130] C. La Borderie. Phénomènes unilatéraux dans un matériau endommageable :
modélisation et application à l’analyse de structures en béton. PhD thesis, Univ.
Paris VI, 1992.
[131] F. Benboudjema, F. Meftah, and J.M. Torrenti. A viscoelastic approach for the as-
sessment of the drying shrinkage behaviour of concrete. Materials and Structures,
40(2) :163–253, 2007.
[132] Petersson P. E. Hillerborg A., Modeer M. Analysis of crack formation and crack
growth in concrete by means of fracture mechanics and finite elements. Cement
and Concrete Research, 6 :773–782, 1976.
[133] N. Moes, J. Dolbow, and T. Belytschko. A finite element method for crack growth
without remeshing. International Journal of for Numerical Methods in Enginee-
ring, 46 :131–150, 1999.
[134] E.L. Wilson, R.L. Taylor, W.P. Doherty, and J. Ghaboussi. Numerical Computer
Models in Structural Mechanics, chapter Incompatible displacement models. Aca-
demic Press, New York, 1973.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
194 Bibliographie

[135] E. Schlangen and J.G.M. Van Mier. Simple lattice model for numerical simulation
of fracture of concrete materials and structures. Mater. Struct., 25 :534–542, 1992.
[136] S. Melnyk, M. Hautefeuille, J.B. Colliat, and A. Ibrahimbegovic. Failure model for
heterogeneous structures using structured meshes and accounting for probability
aspects. Comp. & Struct. accepté pour publication.
[137] L. Granger and Z.P. Bažant. Effect of composition on basic creep of concrete and
cement paste. Journal of Engineering Mechanics, 121(11) :1261–1270, 1995.
[138] Y. Xi and H.M. Jennings. Shrinkage of cement paste and concrete modeled by
a multiscale effective homogeneous theory. Materials and Structures, RILEM,
30 :329–339, July 1997.
[139] A.M. Alvaredo and F.H. Wittmann. Shrinkage as influenced by strain softening
and crack formation, Creep and Shrinkage of Concrete. E & FN Spon, London,
1993.
[140] G. Meschke and S. Grasberger. Numerical modelling of coupled hygromechanical
degradation of cementitious materials. Journal of engineering mechanics, 4 :383–
392, 2003.
[141] D. Gawin, C.E. Majorana, and B.A. Schrefler. Numerical analysis of hygro-thermal
behavior and damage of concrete at high temperature. Mech. Cohes.-Frict. Mater.,
4 :37–74, 1999.
[142] S. Dal Pont. Lien entre la perméabilité et l’endommagement dans les bétons à
haute température. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 2004.
[143] Schrefler B.A., Brunello P., Gawin D., Majorana C., and Pesavento F. Concrete
at high temperature with application to tunnel fire. Computational Mechanics,
29 :43–51, 2002.
[144] W. Nechnech. Contribution à l’étude numérique du béton et des structures en
béton armé soumises à des sollicitations thermiques et mécaniques couplées : Une
approche thermo-élasto-plastique endommageable. PhD thesis, INSA, Lyon, 2000.
[145] H. Sabeur. Etude du comportement du béton à hautes températures. Une nouvelle
approche thermo-hygro-mécanique couplée pour la modélisation du fluage ther-
mique transitoire. PhD thesis, Univ. de Marne-La-Vallée, 2006.
[146] A. Feraille Fresnet. Le rôle de l’eau dans le comportement à haute température
des bétons. PhD thesis, ENPC, 2000.
[147] F.J. Ulm, O. Coussy, and Z.P. Bažant. The ”chunnel” fire. 1 : Chemoplastic sof-
tening in rapidly heated concrete. the ”chunnel” fire. 2 : Analyses of concrete da-
mage. Journal of Engineering Mechanics °ASCE,
c 125(3) :272–289, 1999.
[148] Z. P. Bažant and S.T. Wu. Rate-type creep law of ageing concrete based on maxwell
chain. Materials and Structures, pages 45–60, 1974.
[149] S. Thelandersson. Modelling of combined thermal and mechanical action in
concrete. ASCE J. Engng. Mech. Div., 113 :893–906, 1987.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
Bibliographie 195

[150] C.J. Pearce, C.V. Nielsen, and N. Bicanic. Gradient enhanced thermo-mechanical
damage model for concrete at high temperatures including transient thermal creep.
Numerical and Analytical Methods in Geomechanics, 2004.
[151] F. Benboudjema, F. Meftah, and J.M. Torrenti. Interaction between drying, shrin-
kage, creep and cracking phenomena in concrete. Engineering Structures, 27 :239–
250, 2005.
[152] Z. P. Bažant and B. Oh. Crack band theory for fracture of concrete. RILEM Mate-
rials and Structures, 16 :155–177, 1983.
[153] J.G. Rots. Computational modeling of concrete fracture. Technical report, Disser-
tation, Delft University of Technology,, Pays-Bas, 1988.
[154] P.H. Feenstra and R. de Borst. A composite plasticity model for concrete. Int. J.
Solids Struct., 33(5) :707–730, 1996.
[155] D.P. Bentz. Guide to using cemhyd3d : A three-dimensional cement hydration and
microstructure development modelling package. Technical report, NISTIR 5977,
1997.
[156] R. Hill. Journal of the Mechanics and Physics of Solides, 11 :357–372, 1963.
[157] M.F. Thorpe and I. Jasiuk. Proc. Roy. Soc. London, A(438) :531–544, 1994.
[158] Z. Vegard. Phys., 5(17), 1921.
[159] J.N. Goodier. Phil. Mag. Series, 7(23) :1017–1032, 1937.
[160] S.E. Pihlajavaara. An analysis of the factors exerting effect on strength and other
properties of concrete at elevated temperature. In Temperature and concrete, vo-
lume 1, pages 347–354, Detroit, 1972. Americain Concrete Institute SP.
[161] J. Bisshop and J.G.M. van Mier. How to study drying shrinkage microcracking in
cement-based materials using optical and scanning electron microscopy ? Cement
and Concrete Res., 32 :279–287, 2002.
[162] V. Sicard, R. François, E. Ringot, and G. Pons. Influence of creep and shrinkage on
cracking in high strength concrete. Cement and Concrete Res., 22 :159–168, 1992.
[163] H. Colina and P. Acker. Drying cracks : kinematics and scale laws. Materials and
Structures, (33) :101–107, 2000.
[164] F. Bourgeois, N. Burlion, and J.F. Shao. Creep, Shrinkage and Durability Me-
chanics of concrete and other Quasi-Brittle Materials, chapter Elastoplasticity and
anisotropic damage due to drying shrinkage in concrete, pages 171–177. Elsevier,
Cambridge, 2001.
[165] J. Marchand. Résistance et module des pâtes de ciment à hautes performances.
Technical report, rapport interne LCPC, 1992.
[166] V. Baroghel-Bouny and P. Mounanga. Effects of self-dessiccation on autogeneous
deformations, microstructure and hygral behavior. In Proceddings og the 4yh Int.
Seminar on Self-dessiccation and its importance in concrete technology, pages 21–
48, Gaithersburg, USA, 20 juin 2005 2005. Ed. B Persson, D. Bentz, L. O Nilsson.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation
196 Bibliographie

[167] B. Bissonnette, P. Pierre, and M. Pigeon. Influence of key parameters on


drying shrinkage of cementitious materials. Cement and Concrete Research,
29(10) :1655–1662, 1999.
[168] G. Pickett. Effect of aggregate on shrinkage of concrete and a hypothesis concer-
ning shrinkage. Journal of ACI, 27(5) :581–590, 1956.
[169] D. Gawin, F. Pesavento, and B.A. Schrefler. Hygro-thermo-chemo-mechanical
modelling of concrete at early ages and beyond. part ii : shrinkage and creep
of concrete. International Journal for Numerical Methods in Engineering,
67(3) :332–363, 2006.
[170] N.S. Martys and E.J. Garboczi. Length scales relating the fluid permeability and
electrical conductivity in random two-dimensional model porous media. Physical
Review B 46, pages 6080–6090, 1992.
[171] T. Kanstad. Evaluation of material models for shrinkage and creep of concrete.
Nordic concrete research, 10 :93–104, 1991.
[172] Day R.L., P. Cuffaro, and J.M. Illston. The effect of drying on the drying creep of
hardened cement paste. Cement and Concrete Research, 14(3) :329–338, 1984.
[173] W.H Press, S.A. Tenkolsky, W.T. Vetterling, and R.P. Flannery. Numerical recipes
in Fortran : The art of scientific computing. Cambridge University Press, second
edition edition, 1994. 963 p.
[174] L.T. Phan and N.J. Carino. Effects of test conditions and mixture proportions on
behavior of high-strength concrete exposed to high temperature. ACI Materials
Journal, 99(1) :54–66, 2002.
[175] A. Delaplace and S Ghavamian. Modèles de fissuration de béton - projet MECA,
vol 7(5). Revue Française de Génie Civil, 2003.

Etude hydro-mécanique et thermo-mécanique du béton. Influence des gradients et des


incompatibilités de déformation

Vous aimerez peut-être aussi