Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Année 2006-2007
THESE DE DOCTORAT
DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE CACHAN
présentée par
Caroline DE SA
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE CACHAN
Spécialité :
MECANIQUE - GENIE MECANIQUE - GENIE CIVIL
Sujet de la Thèse :
ETUDE HYDRO-MÉCANIQUE ET THERMO-MÉCANIQUE DU
BETON
Influence des gradients et des incompatibilités de déformation
Mes remerciements vont également à Farid Benboudjema. Je lui suis infiniment re-
connaissante pour sa présence, son encadrement et l’apport scientifique qu’il m’a fourni.
Merci aussi Farid pour le dynamisme scientifique dont tu fais preuve et que tu transmets
avec enthousiasme, sourire et gentillesse.
Mes derniers remerciements vont tout simplement à ceux qui plus personnellement
ont partagé ma vie et donc ma thèse, sous un autre angle, et m’ont accompagnée et sou-
tenue durant cette période de ma vie des moins tranquilles, tant professionnellement que
personnellement.
Table des matières
Introduction 7
1 Analyse bibliographique 11
1 Description du béton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.1 Pâte de ciment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2 Granulats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3 Auréole de transition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2 Comportement à température ambiante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.1 Séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2 Retrait de dessiccation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3 Fluage propre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.4 Fluage de dessiccation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3 Comportement à hautes températures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.1 Etude du transfert de chaleur et de masse . . . . . . . . . . . . . 33
3.2 Déformation ”différée” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.3 Mécanismes de dégradation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4 Fissuration et endommagement induits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.1 Description de la fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.2 Evolution des caractéristiques mécaniques . . . . . . . . . . . . . 51
5 Stratégies de modélisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.1 Description de la fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.2 Prise en compte de l’hétérogénéité . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
5.3 Synthèse sur les travaux de modélisation de la littérature . . . . . 66
6 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
2 Modélisation adoptée 69
1 Transfert de masse et de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
1.1 Séchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
1.2 Transfert de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2 Déformations ”différées” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2.1 Sans chargement mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2.2 Sous chargement mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3 Fissuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.1 Modèle d’endommagement élastique isotrope . . . . . . . . . . . 77
3.2 Modèle élasto-plastique endommageable orthotrope . . . . . . . 78
4 Prise en compte de l’hétérogénéité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.1 Approche adoptée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.2 Génération des maillages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.3 Validation de l’approche mésoscopique . . . . . . . . . . . . . . 85
5 Conclusions du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Bibliographie 185
4.17 D(x) (à froid, EEI et EPEO avec DTT, 1˚C/min). . . . . . . . . . . . . . . 141
4.18 D(x) (à froid, EPEO avec DTT, à 250˚C, 1 et 10˚C/min). . . . . . . . . . 141
4.19 σ-ε numérique (EPEO avec DTT, à chaud et à froid, à 400˚C, 1˚C/min). . 142
4.20 Description des simulations de traction bi-axiale (macroscopique). . . . . 143
4.21 D (bi-traction, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . 144
4.22 σ-ε numériques (bi-traction, EEI et EPEO avec DTT, 1˚C/min, 600˚C). . . 145
4.23 Description des simulations sur tunnel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
4.24 D (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . . 147
4.25 D(x) (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . 148
4.26 D (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, P=2 MPa, modèles EEI et EPEO avec DTT). 148
4.27 D(x) (tunnel, 600˚C, P=2 MPa, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . 149
4.28 Pression-déplacement (tunnel, 600˚C, P=2 MPa). . . . . . . . . . . . . . 149
4.29 Description des simulations sur dalle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
4.30 Effort-déplacement (dalle BA, à Tamb , modèles EEI et EPEO). . . . . . . 151
4.31 D (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . . . . . . 152
4.32 D(y) (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . . . . . 152
4.33 D (dalle BA, flexion, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . . 153
4.34 D(y) (dalle BA, flexion, 600˚C modèles EEI et EPEO avec DTT). . . . . . 153
4.35 Effort-déplacement (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO). . . . . . . 154
4.36 Paramètres thermiques de la pâte de ciment. . . . . . . . . . . . . . . . . 155
4.37 Gradient thermique expérimental et numérique à 0,5 et 1,0˚C/min. . . . . 156
4.38 Température de cœur expérimentale et numérique. . . . . . . . . . . . . . 157
4.39 DT expérimentale et numérique (mésoscopique). . . . . . . . . . . . . . 157
4.40 DT, DTSC et DTT expérimentale et numérique de la pâte de ciment. . . . 158
4.41 Courbes σ-ε expérimentale et numérique pour le béton hétérogène. . . . . 160
4.42 D macroscopique et mésoscopique, à 0,1 et 1˚C/min à 600˚C. . . . . . . . 161
4.43 Dégradation de E due au gradient thermique. . . . . . . . . . . . . . . . 164
4.44 Dégradation de fc due au gradient thermique. . . . . . . . . . . . . . . . 164
4.45 Dégradation de ft due au gradient thermique. . . . . . . . . . . . . . . . 165
4.46 Dégradation de E due due aux dégradations physico-chimiques. . . . . . 165
4.47 Dégradation de fc due aux dégradations physico-chimiques. . . . . . . . 166
4.48 Dégradation de E due aux incompatibilités. . . . . . . . . . . . . . . . . 167
4.49 Dégradation de fc due aux incompatibilités. . . . . . . . . . . . . . . . . 167
4.50 Comparaison des trois mécanismes d’endommagement. . . . . . . . . . . 168
4.51 Influence de la taille des granulats sur l’endommagement à 600˚C. . . . . 170
4.52 Influence de la teneur en granulats sur l’endommagement à 600˚C. . . . . 171
4.53 Algorithme de résolution numérique du modèle EEI. . . . . . . . . . . . 182
4.54 Algorithme de résolution numérique du modèle EPEO. . . . . . . . . . . 183
EXPRESSIONS MATHEMATIQUES :
αf Paramètre du modèle EPEO
αg Paramètre du modèle EPEO contrôlant la dilatance
ax Paramètres du modèle EPEO (x=t traction, x=c compression)
Ax Paramètres du modèle EEI (x=t traction, x=c compression)
βf Paramètre du modèle EPEO
bx Paramètres du modèle EPEO (x=t traction, x=c compression)
Bx Paramètres du modèle EEI (x=t traction, x=c compression)
cx Paramètres du modèle EPEO (x=t traction, x=c compression)
D Variable d’endommagement scalaire (modèle EEI)
D Tenseur d’endommagement (modèle EPEO)
Dc Variable d’endommagement en compression (modèle EEI)
Dc Tenseur d’endommagement en compression (modèle EPEO)
Dt Variable d’endommagement en traction (modèle EEI)
Dt Tenseur d’endommagement en traction (modèle EPEO)
E Module d’Young
E Tenseur de rigidité élastique
ε Déformation de traction équivalente
εe Déformation élastique
εp Déformation inélastique (plastique)
f Critère d’endommagement du modèle EEI
Fc Critère de Drucker-Prager en compression
fc0 Résistance en compression uniaxiale à température ambiante
ft Résistance en traction
Fti Critères de Rankine en traction
gfx Densité d’énergie de fissuration
Gfx Energie de fissuration
κ0 Seuil de déformation en traction
κc Déformation plastique cumulée en compression
κ̂ti Déformations plastiques cumulées en traction
λc Multiplicateur plastique en compression
λti Multiplicateur plastique en traction
ν Coefficient de Poisson
φ Porosité
ρx Masse volumique du fluide x
Sx Degré de saturation du fluide x
τ̃c Résistance effective en compression
τ̃ti Résistance effective en traction
T Température
T0 Température initiale ambiante
σ Contrainte
σ̃ Contrainte effective
t Temps
ABREVIATIONS :
PROBLEMATIQUE :
Relativement peu d’études sur l’influence de l’hétérogénéité du béton ont été menées,
pour quantifier la fissuration due aux incompatibilités de déformations. Nous pouvons
citer pour principaux exemples des études sur le retrait endogène [19], le retrait de des-
siccation (béton numérique de Wittmann [20], [21]), le comportement au feu [22] [14], la
RAS [23], le fluage [24], la fissuration [24], le comportement dynamique [25] ...
calcaire
g. siliceux
Pourtant des études expérimentales ont d’ores et déjà été menées concluant sur l’in-
fluence de l’hétérogénéité sur la fissuration du béton, en séchage [17] [26] comme en
température [12] [27]. Ces travaux fournissaient pour certains d’ailleurs des études pa-
ramétriques sur l’influence de la distribution granulaire [17] ainsi que du type de granulats
[27].
OBJECTIFS DE L’ETUDE :
L’objectif des travaux de thèse est de prendre en compte l’hétérogénéité du béton dans
la détermination du comportement de celui-ci face à deux types de sollicitations :
– Le séchage.
– Le comportement à hautes températures.
Dans ces deux cas, on observe en effet un comportement différentiel entre pâte de
ciment et granulats :
– Un retrait de la pâte de ciment et une déformation nulle des granulats (ceux-ci étant
inertes à température ambiante) lors du séchage [28] [29].
– Une dilatation des granulats et un retrait de la pâte de ciment lors d’un chauffage à
des températures supérieures à 150˚C [9].
L’objectif de l’étude est donc de prédire la fissuration induite dans ces deux cas,
partiellement due à ce comportement différentiel, ainsi que les propriétés mécaniques
résiduelles (module d’Young E, résistances en traction ft et en compression fc ).
La description de la fissuration du béton dans ces travaux de thèse s’appuie sur une
modélisation de type endommagement ou fissuration répartie (e.g. [30] [31] ...).
Ce mémoire est composé de quatre chapitres. Le premier chapitre est destiné à décrire
le comportement du béton vis à vis du séchage et des hautes températures, en s’appuyant
sur des travaux de recherche expérimentaux de la littérature. Les différents mécanismes
alors mis en jeu et la modélisation possibles de ces mécanismes sont explicités.
Une synthèse sur les différentes approches possibles pour la modélisation de la fissu-
ration du béton soumis à ces sollicitations est également effectué. Enfin, les stratégies de
modélisation du comportement hétérogène du béton sont également rappelées et concluent
sur le choix de l’utilisation de maillages explicites de cette hétérogénéité.
montrer l’influence des modèles mécaniques sur le comportement prédit, la seconde étude
s’appuyant sur l’échelle mésoscopique et visant à identifier la part de dégradation des pro-
priétés mécaniques du béton due aux hétérogénéités. La fissuration due aux déformations
différentielles entre pâte de ciment et granulats est également observée numériquement.
Analyse bibliographique
1 Description du béton
Le béton est un matériau présentant une forte hétérogénéité. La complexité de sa mi-
crostructure est d’ailleurs une des causes de son comportement mécanique particulier
lorsqu’il est soumis à diverses sollicitations (thermiques, hydriques, mécaniques, chi-
miques...). Il est donc nécessaire de connaı̂tre au mieux cette microstructure, et le com-
portement de chacune des phases présentes afin d’appréhender plus efficacement ensuite,
à l’échelle macroscopique, la réponse du béton face aux sollicitations qu’il peut subir.
En première approche, on peut considérer que le béton est un matériau composite dans
lequel on distingue principalement trois phases (en incluant la porosité dans chacune des
phases) :
– La pâte de ciment durcie, représentant habituellement 25 à 40 % du volume total
du béton et formant la matrice cimentaire du matériau. Celle-ci joue le rôle de liant,
de ”colle” et confère au matériau béton ses propriétés de rigidité et de résistance.
– Les granulats, occupant 60 à 75 % du volume du béton. Ces granulats jouent les
rôles de remplissage atténuateur de variations volumiques (en retrait et en montée
en température), et de source de résistance mécanique (pour certains bétons).
– L’auréole de transition, située à l’interface granulats/pâte de ciment [32], représen-
tant le point faible des bétons soumis à des sollicitations mécaniques (voir §1.3).
Cette phase n’est par contre pas présente dans tous les bétons (voir §1.3).
La pâte de ciment se compose aussi de pores, contenant de l’eau et/ou de l’air. Outre
les hydrates formés, l’eau est un élément essentiel de la pâte de ciment. Elle lui confère
en effet ses propriétés de maniabilité (pour le transport et le moulage avant la prise) et de
résistance mécanique (après avoir réagi avec le clinker). Mais elle est aussi responsable
de ses principaux défauts (augmentation de la porosité et diminution de la résistance
mécanique, présence inhérente d’agents agressifs, possibilité de transport d’agents agres-
sifs, retrait, fluage ...).
Il est donc intéressant de décrire de manière plus fine la constitution du C-S-H, ainsi
que la répartition et le mode de présence de l’eau dans la porosité et la microstructure
de la pâte de ciment (cette eau représentant un élément indispensable dans l’étude du
comportement de la matrice cimentaire).
1.1.1 C-S-H
La structure de la pâte de ciment durcie, principalement composée de plusieurs variétés
de silicates de calcium hydratés, est appelée C-S-H (de composition (CaO)x (SiO2 )(H2 O)y
où les valeurs de x et y dépendent de la teneur en calcium et en silicates dans la phase
aqueuse [33]).
Les C-S-H présentent une grande surface spécifique et une porosité d’environ 28 %
[34]. Les surfaces des C-S-H sont de plus très attractives. Elles adhèrent entre elles et
avec les autres éléments constitutifs du béton (sable, granulats, portlandite...), ce qui ex-
plique le rôle de ”colle” du ciment.
Lamelle Feuillet
Dans ce modèle, les particules de C-S-H se présentent sous la forme de fibres formées
de lamelles enroulées sur elles-mêmes. Chaque lamelle est constituée de 2 à 4 feuillets
simples.
Ces feuillets peuvent avoir un mouvement relatif entre eux, réversible ou non lors du
chargement. Ainsi, la pénétration ou le départ de l’eau des espaces interlamellaires (entre
lamelles) et interfoliaires (entre feuillets) est possible.
On distingue généralement deux familles de pores (les bulles d’air étant omises) :
– La porosité intrinsèque aux C-S-H : porosité intrinsèque aux hydrates (voir §1.1.1),
sa dimension caractéristique, de l’ordre du nanomètre, est beaucoup plus faible que
celle de la porosité capillaire.
– L’eau libre et capillaire : elle n’est pas soumise aux forces d’attraction des sur-
faces solides. Elle se trouve principalement dans les pores capillaires de dimension
supérieure à 10 µm (gros pores et fissures). Cette eau est la première à s’évacuer ou
à s’évaporer (entre 30 et 120˚C) lors d’un séchage ou d’un chauffage.
Espace entre
les feuillets Vides capillaires Cristaux hexagonaux
de C-S-H de Ca(OH)2 et de
Agglomérat de monosulfoaluminate
particules de C-S-H
F IG . 1.2: Répartition des tailles des éléments d’une matrice cimentaire [2].
¦ Physiquement : les forces d’attraction sont de type van der Waals. La structure de
l’eau adsorbée et de la surface adsorbante n’est pas affectée par cette adsorption.
¦ Chimiquement : des électrons sont mis en commun entre l’eau et la surface solide.
Ainsi, la structure de la molécule d’eau est modifiée (dissociation par rupture de
la liaison covalente O-H).
L’eau présente dans les C-S-H et l’eau présente dans les zones d’adsorption empêchée
jouent un rôle majeur dans le comportement différé du béton. Les caractéristiques de ces
eaux jouant un rôle essentiel sont les suivantes :
– Eau dans les C-S-H : A partir de multiples méthodes expérimentales, Sierra (1974
cité par Regourd [3]) a pu identifier dans la structure des C-S-H, la présence de
l’eau sous trois formes, classées ici par ordre décroissant d’énergie de liaison avec
le solide (voir Fig. 1.3) :
¦ L’eau hydroxyle (groupement OH) : elle est liée aux atomes de silicium et de
calcium à la surface des feuillets.
¦ L’eau interfoliaire (ou interfeuillet) : elle est liée aux feuillets par des groupe-
ments hydroxyles. Elle intervient dans la cohésion intrinsèque de la lamelle.
¦ L’eau interlamellaire : elle est soit fixée à la surface des lamelles par un hy-
droxyle, soit liée à d’autres molécules d’eau.
F IG . 1.3: Etat de l’eau dans les C-S-H (Sierra, 1974 cité par Regourd [3]).
– Eau dans les zones d’adsorption empêchée : L’adsorption libre ne peut avoir lieu
lorsque les surfaces adsorbantes sont trop proches. On est alors en zone dite d’ad-
sorption empêchée (voir Fig. 1.4). Dans ces zones, l’eau fortement adsorbée, est
sous pression, dite de disjonction, de l’ordre de 130 MPa [40]. Cette pression s’op-
pose aux forces d’attraction, qui existent entre les particules de C-S-H et qui main-
tiennent la structure du squelette. Cette pression semble être à l’origine également
du retrait de dessiccation et sa relaxation dans le temps semble être responsable de
l’aspect vieillissant à long terme du fluage.
Cette eau est ainsi un élément structurel à part entière du matériau, capable de
transmettre localement les contraintes.
Eau
capillaire pd
πa
πa Adsorption libre
1.2 Granulats
Les granulats jouent un rôle important dans la qualité du béton. Leur influence est très
forte en terme de performances mécaniques : en effet, ceux-ci présentent de meilleures
caractéristiques mécaniques que la pâte de ciment (pour les BO à température am-
biante). Pour obtenir un béton ayant de bonnes caractéristiques, plusieurs paramètres
entrent en jeu dans le choix des granulats : la qualité, la minéralogie, la forme de ces
granulats et une granulométrie appropriée associée.
1.2.1 Granulométrie
La granulométrie des granulats représente la distribution de taille des granulats utilisés
dans un béton donné. Cette distribution doit permettre une réduction du volume des
vides et une optimisation de la compacité du béton.
Cette granulométrie peut être optimisée pour maximiser la compacité du béton en uti-
lisant par exemple la méthode de Dreux-Gorisse [41] ou d’autres approches plus récentes
[42].
Les granulats peuvent être naturels (d’origine minérale sans transformation autre que
mécanique), artificiels (d’origine minérale, transformés, e.g. le schiste expansé ou les
granulats de laitiers ...) ou recyclés (e.g. le béton concassé ou le fraisat d’enrobés bitumi-
neux...). Nous évoquerons plus particulièrement le cas des granulats naturels siliceux ou
calcaires, les plus couramment utilisés dans la construction en béton.
Les granulats conditionnent en grande partie la dilatation thermique des bétons. Les
propriétés d’un bon granulat pour son utilisation à haute température sont [12] :
Il existe plusieurs modèles de description de cette zone de transition [43] [44] ... Sur
la Fig. 1.6 le modèle de Diamond [45] pour un BO est présenté.
4
2 6
granulat
5
30 - 50 µm
0,5 µm 3 µm
On observe, autour des granulats, une zone de pâte hydratée particulière. Sa première
couche, plus proche de la surface des granulats, très compacte est composée de cris-
taux de portlandite orientés perpendiculairement aux granulats [45]. La deuxième couche
d’épaisseur 0,5 µm est composée de feuillets de C-S-H. Après la deuxième couche de
Ca(OH)2 , nous passons dans la zone de forte porosité avec des grains de grande dimen-
sion et de faible cohésion et par conséquent de moindre résistance mécanique que la ma-
trice. Cette zone représente le point faible des bétons soumis aux sollicitations mécaniques
et les premières fissures contournent les granulats et passent à travers la matrice.
Pour les BHP, modifiés par l’ajout de fumée de silice FS, nous pouvons obtenir une
réduction de la porosité et de l’épaisseur de cette zone. En comparant avec le Béton Or-
dinaire, où l’auréole de transition est d’environ 50 µm , son épaisseur pour les BHP est
limitée à 12 µm. Certaines sources [47] signalent même l’absence de la zone de contact
dans les bétons à hautes performances (voir Fig. 1.7 où l’on peut observer pour le BHP
sans fumée de silice des cristaux de portlandite dans la zone de transition orientés perpen-
diculairement aux granulats et pour le BHP avec fumée de silice une absence de la zone
de transition et une homogénéité des C-S-H).
granulat
granulat
La qualité de la zone de transition dépend aussi du rapport E/C. Lorsque E/C aug-
mente, cette zone devient plus épaisse et poreuse, et donc moins résistante [48].
La prise en compte du transport de l’eau au sein du béton est donc d’une grande impor-
tance, le séchage s’accompagnant généralement d’effets structuraux, du fait du gradient
de déformations induit. De plus, l’humidité relative influence de façon très importante les
propriétés de transfert (diffusivité, perméabilité).
Solide
4 1: Diffusion de la vapeur d'eau
Mélange gazeux:
1 Air + vapeur 2: Mouvement darcéen de l'eau
liquide
3
3: Evaporation / Condensation
Eau liquide 4: Absorption / Désorption
2
4
Solide
2.1.2 Modélisation
Une modélisation ”complète” du séchage peut être utilisée, qui reprend la majeure
partie des transferts hydriques et les modélise. Cependant, cette modélisation est délicate
à mettre en oeuvre théoriquement et numériquement. Nous présenterons donc ensuite une
approche plus simplifiée, couramment utilisée par différents auteurs.
a) Modélisation ”complète” :
Coussy et al. [49] et Mainguy et al. [50] ont proposé une analyse physique des
transferts hydriques, et ont choisi de modéliser les modes de transport suivants :
Les vitesses relatives de chacun des fluides sont reliées à la déformation du sque-
lette solide, la perméation, la diffusion et la convection, par les relations suivantes :
Kl
vl = −ρl krl gradpl
µl
Mv pv Kg Γ Mv patm pv
vv = − (krg + )gradpg − Dgrad( ) (1.2)
RT µg pg RT pg
M p K Γ M p p
va = − a a g (krg + )gradpg − a atm Dgrad( a )
RT µg pg RT pg
Où Kx est la perméabilité, krx la perméabilité relative, µx la viscosité dynamique, M
la masse molaire, px la pression, R la constante des gaz parfaits, T la température,
Γ le coefficient de Klinkenberg et D le coefficient de diffusion.
Il semble adéquat de se limiter à une étude en conditions isothermes (ce qui revient
à négliger l’apport d’énergie nécessaire à la vaporisation de l’eau liquide). En effet,
Coussy et al. (1998) estime la diminution de température inférieure à 0,23 ˚C. Cette
approche a été utilisée par plusieurs auteurs [50] [54] [55] [56].
La résolution se fait grâce à un calcul aux éléments finis ou par la méthode des
volumes finis qui convient bien aux calculs de transferts de fluides [57].
Cette modélisation plus complète de tous les modes de transferts hydriques reste dif-
ficile à implanter, coûteuse en temps de calcul et demande l’identification de nom-
breux paramètres (perméabilité relative, diffusivité, perméabilité intrinsèque...). Ils
sont souvent empiriques ou semi-empiriques, dépendent fortement de l’humidité
relative en place et du matériau étudié [53].
b) Modélisation simplifiée :
Une modélisation simplifiée peut très souvent être utilisée pour reproduire les ciné-
tiques de séchage de façon satisfaisante [58] [59] [60] [61] [62] [63]. Une équation
de diffusion non linéaire est ainsi utilisée, avec pour inconnue soit l’humidité re-
lative h, soit la saturation en eau liquide Sl ou encore la teneur en eau w [64] [60].
L’écriture de ces modèles simplifiés repose sur deux hypothèses [65] [50] qui sont :
¦ Une pression du mélange gazeux (air sec+vapeur d’eau) dans les pores qui reste
constante égale à la pression atmosphérique à l’échelle de temps où s’effectue
le séchage.
¦ Un transport de la vapeur d’eau qui se fait essentiellement par diffusion molé-
culaire [60].
On néglige donc d’une part les surpressions de gaz dues aux changements d’état de
l’eau et d’autre part le transfert darcéen de vapeur d’eau (ce qui est justifié dans la
littérature [57] [57] [65]).
∂w
= div(Deq (w)grad(w)) (1.3)
∂t
Où t est le temps, w la teneur en eau.
∂h 1
= ′ div(Deq (h)grad(h)) (1.4)
∂t g (h)
Où h est l’humidité relative à l’intérieur des pores, g′ (h) la capacité hydrique
(pente de la courbe de l’isotherme de désorption) qui s’écrit :
∂w
g′ (h) = (1.5)
∂h
Deq est le coefficient de diffusion équivalent de l’eau, dont plusieurs expressions
sont disponibles dans la littérature [64] [66] [60].
L’hypothèse principale du modèle BET est que l’adsorption d’un gaz sur une sur-
face solide résulte de l’attraction physique entre les molécules de gaz et les molé-
cules du solide en surface. La quantité de gaz adsorbée est alors proportionnelle à
la surface adsorbante.
Dans le cas du béton, cette théorie décrit correctement le phénomène pour une hu-
midité relative comprise entre 0,05 et 40 %, car l’eau n’y est présente dans la pâte
de ciment que sous sa phase vapeur essentiellement.
AkVm h
w(h) = (1.6)
(1 − kh)[1 + (A − 1)kh]
Humidité relative
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Pression de disjonction
Powers (1965)
Pression capillaire
Ishai (1965) Energie surfacique Pression capillaire
Feldman et Serada (1970) Eau interfoliaire Pression capillaire & énergie surfacique
Wittmann (1968) Energie surfacique Pression de disjonction
75
50
2.2.2 Modélisation
Il existe plusieurs modélisations possibles du retrait de dessiccation. Nous allons citer
ici les principales :
a) Modélisations phénoménologiques :
et vapeur) et l’air. Les variables caractérisant ce VER sont considérées comme des
variables ”moyennes” (ce qui permet de s’affranchir de la caractérisation précise
de la microstructure du matériau). Le concept de contraintes effectives σ′ au sens
de Bishop [78] peut être utilisé ou étendu. La contrainte effective est la contrainte
appliquée directement sur le squelette solide.
c) Modèles d’homogénéisation :
Cette décomposition des déformations suppose qu’il n’existe pas d’interaction entre
les différentes composantes de déformations lors de l’essai de fluage propre (ce qui n’est
pas le cas [6]). Par ailleurs, le fluage propre est caractérisé expérimentalement par une
forte dépendance à l’âge du matériau.
La diffusion s’amorce sous l’action des efforts extérieurs. Les contraintes sont re-
transmises à l’échelle microscopique, à travers les produits d’hydratation qui en-
tourent les pores capillaires (voir Fig. 1.11.a). Ce transfert d’effort microscopique
induit localement un déséquilibre thermodynamique entre les molécules d’eau en
adsorption libre dans ces zones de transmission et celles qui sont plus loin (porosité
capillaire).
Pour restituer l’équilibre, les molécules d’eau diffusent dans les couches d’eau ad-
sorbée (diffusion surfacique) vers la porosité capillaire, entraı̂nant la déformation
du squelette solide.
Le fluage propre d’éléments préséchés montre une dépendance à peu près linéaire de
la déformation de fluage propre à l’humidité relative, ce qui rend d’autant plus difficile
l’exploitation des résultats de fluage de dessiccation.
2.3.2 Modélisation
Pour les chargements modérés, pour lesquels on constate une proportionnalité entre
déformation de fluage propre et contrainte, la déformation de fluage propre s’écrit de
façon classique [10] [73] :
Cette relation est valable pour un chargement mécanique constant. Lorsque plusieurs
cas de chargement se superposent, on peut les décomposer en incréments de charge (prin-
cipe de superposition de Boltzmann) :
Z t
ε f p (t,tc ) = J(t, τ).σ̇(τ)dτ (1.9)
tc
Pour des contraintes ne dépassant pas 50 % de la contrainte de rupture, le cadre de
la viscoélasticité linéaire est souvent utilisé pour exprimer le tenseur de complaisance de
fluage [84] [35]...
Pour des contraintes de compression uniaxiales et si le matériau est considéré comme
non vieillissant, la complaisance de fluage peut être obtenue avec une bonne précision en
utilisant une combinaison de chaı̂nes de Maxwell ou de Kelvin-Voigt [84] (voir Fig. 1.12).
η1 η2 ηn
η1 η2 ηn
σ σ
k1 k2 kn
κ1 κ2 κn
σ
a. Chaı̂nes de Maxwell b. Chaı̂nes de Kelvin-Voigt
F IG . 1.12: Modèles de fluage propre.
Bažant et al. [83] ont modifié cette théorie en proposant que la relaxation des
micro-précontraintes dans les zones d’adsorption empêchée, de façon similaire
à l’explication proposée par Wittmann [29] pour le fluage propre à long terme du
béton (voir §2.3.1), serait responsable de cette déformation.
2.4.2 Modélisation
ε̇ f d = λ f d .|ḣ|.σ (1.10)
Avec λ f d constante dépendant du matériau, |ḣ| le taux de variation de l’humidité relative.
Ce modèle peut également être vu comme une simplification du modèle proposé par
Bažant et al. [83], issu de la théorie des micro-précontraintes.
Quand la température augmente dans une structure en béton (e.g. un mur), la pression
d’eau vapeur se forme continuellement dans une zone proche de la surface chauffée. Cette
pression résulte de la rapide évaporation d’eau dans le mur, quand elle atteint et dépasse
le point d’ébullition de l’eau. Les pressions de vapeur sont aussi dues à l’eau qui va être
libérée durant la déshydratation de la pâte de ciment et des granulats. Cette augmentation
de la pression d’eau vapeur dans la région chaude va créer un déséquilibre thermodyna-
mique entre la région chaude et froide (voir Fig. 1.13) d’où des transferts de masse (pour
chercher à rétablir l’équilibre).
5
1
Mélange gazeux:
Air + vapeur
3 4
Solide
5
4
Mélange gazeux:
Air + vapeur
3
1: Flux de chaleur (conduction)
1 2 2: Flux de chaleur (advection)
Eau liquide 3: Enthalpie d'évaporation
4: Flux de chaleur
(convection et advection)
5: Enthalpie de déshydratation
Solide
1
l’échauffement. Dans les composites tels que le béton, elle dépend fortement des pro-
priétés de ces constituants notamment de leur nature et de leur quantité.
Le tableau 1.3 regroupe les valeurs du coefficient de dilatation thermique des roches
fréquemment utilisées comme granulats dans le béton. On peut noter que les coef-
ficients de dilatation thermique des granulats dépendent de la teneur en eau dans la
roche, si les minéraux sont cristallins ou amorphes.
TAB . 1.3: Effet de la température sur le coefficient de dilatation thermique pour les grès,
calcaire et granit [97].
12000
Calcaire
10000 Quartz
ε t longitudinale [µm/m]
Basalte
8000
6000 rupture
4000
2000
0
0 200 400 600
T [°C]
L’analyse des résultats présentés sur la Fig. 1.16 montre que la dilatation thermique
des bétons dépend fortement de la nature des granulats.Les résultats de Hager [12]
montrent également que la déformation thermique du béton est quasi-insensible aux
déformations de la pâte de ciment. On peut constater que :
– Les déformations thermiques du béton sont non linéairement dépendantes de
la température.
– Le facteur prépondérant de la dilatation thermique est la nature des granulats.
– Aux températures dépassant 600-800˚C, on observe la réduction ou l’arrêt
de la dilatation thermique.
20
15
10
ε t [.10-3]
0
0 200 400 600 800 1000
-5
T [°C]
Siliceux Grès
Calcaire Basalte
Argile expansée Pâte de ciment
Quarante ans plus tard, cette apparente contradiction a pu être levée avec la découverte
du fluage thermique transitoire également appelé interaction thermo-mécanique ou
déformation thermique transitoire [100]. Celui-ci est un comportement très particulier
du matériau béton. Le fluage thermique transitoire est la propriété des bétons de se
déformer de façon très importante lorsqu’ils sont simultanément soumis à une solli-
citation mécanique et à une augmentation de la température (essentiellement lors de
la première montée en température).
Les résultats d’essais visualisés sur la Fig. 1.17 montrent la diminution de la déforma-
tion totale avec l’augmentation du chargement, mettant ainsi en évidence l’influence du
chargement mécanique appliqué.
F IG . 1.17: Déformation totale de différents bétons chauffés sous charge constante [101].
Enfin l’importance du chemin de sollicitation mis en place est montré sur la Fig.
1.18.
3.E- 03
A
2.E- 03
1.E- 03
Temps (h)
0.E+ 00
0 1 2 3 4 5 6 7
-1.E- 03
B
-2.E- 03
Cas n° 2 - Eprouvette n°2
Application de la charge
chargée puis chauffée
à l'eprouvette n°2
sous charge constante
F IG . 1.18: Déformation totale mesurée sur des éprouvettes en béton chauffées (contrainte
mécanique appliquée fc = 0.45 fc20 ) [102].
Différentes hypothèses ont été avancées afin d’expliquer cette déformation thermique
transitoire observée :
– Selon Khoury [100], il semblerait que le fluage transitoire adapte les incompatibi-
lités thermiques entre la pâte de ciment et les granulats, spécialement au delà de
100˚C, quand la pâte de ciment rétrécit alors que les granulats se dilatent. De ce fait,
le fluage transitoire provient de la pâte de ciment et il est restreint par le granulat. Il
est principalement dû aux changements de phase moléculaire et de microstructure
qui ont lieu dans la pâte de ciment pendant le chauffage.
– Bažant et Kaplan [97] donnent une autre explication au fluage transitoire dans la-
quelle cet effet est entièrement lié au fluage de dessiccation.
– Selon Schneider [103], ce phénomène s’explique par l’activation du processus de
fluage du béton par la température du fait du départ de l’eau interfolliaire.
– Certains auteurs attribuent également une partie de cet effet à la micro-fissuration
se développant au sein du béton durant le chauffage [104] [105].
TAB . 1.4: Les principales réactions physico-chimiques dans le béton à haute température
[106].
4
Granulats siliceux
3
Granulats calcaires
3 Granulats légers
λ [W/(m.K)]
0
0 200 400 600 800
T [°C]
Sur cette figure on remarque globalement une baisse légère de la masse volu-
mique entre 100 et 400˚C pour le BO et le BHP. Kalifa et Tsimbrovska [107]
expliquent que cette baisse de la masse volumique est liée aux phénomènes d’hy-
dratation complémentaire des anhydres et de carbonatation.
1,0
0,9
0,8
Cp [cal/(g.K)]
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
0 400 800 1200
T [°C]
2,5
M30
M75C
M75SC
M100C
ρ app [g/cm3]
2,4
2,3
2,2
0 100 200 300 400 500
T [°C]
T σ
Traction
x x
Compression
2,0
Granulats
1,5
Dilatation thermique [%]
Pâte de ciment
1,0
0,5
0,0
+ Dilatation
- Contraction
-0,5
-1,0
-1,5
-2,0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
T [°C]
ture, les granulats se dilatent de manière continue, alors que la pâte de ciment se dilate
dans un premier temps, puis se contracte fortement.
Ces deux évolutions divergentes créent à l’interface pâte de ciment/granulats des in-
compatibilités de déformations induisant ainsi des contraintes, de traction au sein de la
pâte de ciment et de compression au sein des granulats (voir Fig. 1.24).
Interface
pâte de ciment / granulat
pdc gr pdc gr
Montée en température
σ
Traction
x
Béton
Compression
Lorsque la température augmente, l’eau qui se trouve dans le béton, que ce soit sous
forme libre ou liée, s’évapore. Une partie de cette eau vaporisée s’évacue vers la surface
chauffée et une autre partie migre vers l’intérieur, où la température est encore faible, et
se condense. Elle forme ainsi une zone quasi-saturée quasi-étanche à la vapeur d’eau
(dite ”moisture clog”). C’est à proximité de cet endroit que la pression des gaz atteint son
maximum. Ce pic peut atteindre des valeurs très importantes (de l’ordre du MPa) et induit
des contraintes de traction internes importantes (voir figure 1.25).
Ces pressions de pores importantes sont particulièrement citées comme étant un des
principaux mécanismes (avec celui lié au gradient thermique) menant à l’écaillage (décollement
de couches superficielles de béton de la structure en béton soumise à une élévation de
température) [108].
L’effet de ces pressions de pores est d’autant plus important que la vitesse de montée
en température est importante (l’eau évaporée n’ayant pas le temps de s’évacuer vers
l’extérieur et formant donc un bouchon hydraulique rapidement) et que la perméabilité du
béton est faible.
T P
x x
a) Echelle de la structure :
Les gradients de teneur en eau au sein d’une structure type en béton sont représentés
(a), montrant des gradients très forts au début du séchage, diminuant progressive-
ment dans le temps.
En (b) est représenté l’évolution du retrait libre δε correspondant à une baisse de
teneur en eau locale. Ce retrait est d’autant plus fort que l’on se rapproche de la
peau. En réalité, les déformations sont empêchées, la peau n’étant pas libre de se
déformer librement par rapport au cœur de la structure.
Des contraintes vont donc être induites visualisées en (c). La contrainte maximale
F IG . 1.26: Effet de structure dû au séchage [10] : a) gradients de teneur en eau dans un
mur qui sèche, b) déformations libres de ”lamelles de mur” fictives, c) état de contrainte
induit et fissuration de peau associée.
de traction est très vite dépassée au niveau de la peau (pour un calcul élastique), ce
qui génère de la fissuration marquée en cet endroit. La fissuration pénètre ensuite
vers le cœur de l’élément selon un réseau parallèle [10].
Cet effet de structure a longtemps été considéré comme représentant la majeure par-
tie de la fissuration liée au retrait de séchage. Des travaux récents ont montré que la
présence d’inclusions rigides constituées par les granulats [17] [26], les grains de
ciment non hydratés ou plus localement les cristaux de chaux génèrerait de nom-
breuses microfissures.
Le béton est composé d’une part de la matrice rétractante et d’autre part d’inclusions
rigides, comme les granulats, les grains de ciment anhydres ou les cristaux de
chaux les granulats, stables dimensionnellement dans le temps. Ces inclusions vont
empêcher le retrait libre des C-S-H. Ce retrait gêné va ainsi induire des tensions
dans la pâte de ciment qui peuvent dépasser les limites de traction et créer de la
fissuration radiale et périphérique [109] [110] et ainsi influer sur les propriétés
mécaniques du béton [26]. La fissuration n’est donc pas seulement due à l’effet de
structure mais répartie autour des inclusions rigides. Elle est de nature diffuse au
cœur du matériau.
Bisschop et al [110] ont montré que le fait d’introduire des inclusions rigides
(billes de verre dont les propriétés mécaniques sont similaires à celles du sable)
dans une pâte de ciment induisait de la micro-fissuration. La figure 1.27 montre
les fissures d’une matrice cimentaire dans laquelle des billes de verre sphériques
de tailles différentes ont été introduites (diamètre variant de 1 à 6 mm).
F IG . 1.27: Effet de la taille des inclusions sur les micro-fissures dues au séchage selon
[110].
Dans la partie basse de la figure sont présentées les orientations et les longueurs
cumulées des micro-fissures, pour chaque cas étudié. On s’aperçoit que plus la
taille du granulat est grande, plus la fissuration est importante et isotrope.
Dans le cas de petits granulats, cette fissuration s’oriente dans la direction du
gradient hydrique et reste superficielle.
a) b)
F IG . 1.28: Fissuration due au séchage : (a) Granulats de type granite, (b) Granulats de
type marbre [111].
a) Micro-fissuration :
La Fig. 1.30 montre des photos de microscopie électronique à balayage pour des
bétons chauffés jusqu’à 600˚C, comprenant différents types de granulats.
calcaire
calcaire
quartz
g. siliceux
C4AF
a) b)
F IG . 1.30: Fissuration de la pâte de ciment pour un béton M100C chauffé à 600 ˚C : (a)
Granulats calcaires et quartz, (b) Granulats silico-calcaires [12].
Le faciès de fissuration visible à l’échelle macroscopique est lui aussi très dépen-
dant du type de granulats. Pour exemple, sur la Fig. 1.31, on observe un nombre
de fissures plus important et réparti sur toute la surface pour des granulats silico-
calcaires [12].
b) Ecaillage :
La Fig. 1.32 montre l’écaillage observé sur les parois du tunnel sous la Manche
observé après son incendie en 1996. Cet écaillage (décollement des couches super-
ficielles de la structure, situées à proximité de la zone chauffée) est principalement
attribué aux effets du gradient thermique et à la formation de pressions de va-
peur dans le matériau. Cet écaillage dépend du type de béton (il est en effet plus
présent pour les BHP que pour les BO), des conditions de montée en température
(plus la vitesse de montée en température est importante, plus l’écaillage est ob-
servé).
c) Rupture de la structure :
Ces différences ne sont pas dues seulement à la nature et au type du béton mais aussi
aux conditions expérimentales comme la durée et le taux de chauffage et de refroidisse-
ment, la géométrie des éprouvettes, la mesure à chaud ou résiduelle des éprouvettes ...
a) Module d’élasticité :
On observe clairement sur ces différents résultats une diminution du module avec la
température (e.g. voir Fig. 1.34). On peut voir également sur cette figure l’influence
forte des conditions de tests, les modules obtenus étant plus faibles pour des essais
résiduels que pour des essais à chaud.
E[GPa]
M100C f=0.9 "à chaud"
60
M100C f=0.9 "résiduelle"
50
40
30
20
10
0
0 200 400 600 T [°C]
F IG . 1.34: Evolution du module d’élasticité apparent obtenu ”à chaud” et ”en résiduel”
sur un BHP M100C fibré ( f = 0, 9kg/dm3 ) [12].
b) Coefficient de Poisson :
c) Energie de fissuration :
1.4
Heinfling & Baker (1997)
1.2
1
0.8
0.6 Bazant (1988), dry concrete
0.4
0.2 Bazant (1988), Moist concrete
0
0 100 200 300 400 500 600
Temperature [°C]
d) Comportement en compression :
e) Résistance en compression :
f) Comportement en traction :
Les essais de traction sont très difficiles à mettre en oeuvre mais permettent l’évalua-
tion de l’énergie de fissuration G f à haute température.
Il est à noter que ces courbes montrent bien l’augmentation de l’aire sous la
courbe au delà de 250˚C et la chute de la résistance en traction en fonction
de la température.
g) Résistance en traction :
La Fig. 1.40 regroupe les résistances en traction déterminées par différents auteurs
(à chaud, à froid, en traction directe ou par fendage...).
120
Fe lice tti et al. 199 5
BO-direct "residual"
BHP-direct "residual"
80
f tT /f t20[° C ][%]
BO-spliting "residual"
RPC direct"Hot"
0 Codes
5 Stratégies de modélisation
5.1 Description de la fissuration
Le béton a un comportement complexe, difficile à représenter. Cette difficulté est liée
notamment à la forte hétérogénéité du béton.
De plus selon la nature et l’intensité de la sollicitation à laquelle il est soumis, le
béton se déforme de manière complexe en faisant intervenir une ou plusieurs combinai-
sons de mécanismes élémentaires : élasticité, endommagement, glissement, frottement,
fissuration... d’où les difficultés dans le choix de modélisation à adopter pour prédire son
comportement.
– Les modèles de fissuration discrète : Ce sont les premiers modèles qui ont été
utilisés pour le béton. Les fissures sont modélisées par une séparation entre les
frontières d’éléments originiellement connectés.
– Les modèles de fissuration répartie : Ce concept de fissuration répartie est apparu
ultérieurement. Le béton fissuré est considéré comme un milieu continu. La des-
cription de la fissuration est prise en compte dans les relations entre contraintes
et déformations.
Ce type d’approche est la plus répandue aujourd’hui, car elle permet de garder le
maillage originel et n’impose pas de contraintes à priori sur l’orientation des fissures.
La description de la fissuration est donc prise en compte par l’intermédiaire des lois
définissant les relations contraintes-déformations.
Plusieurs types de modèles de fissuration répartie existent pour le béton, ayant chacun
leurs spécificités.
Matériau Matériau
sain endommagé
Contraintes Contraintes
apparentes effectives
σ σ σ~
Partie
saine
Partie
fissures endommagée
~ ~
S =S S = S ×(1 − D )
On peut citer en premier lieu le modèle de Mazars [30] le plus connu. Le point
particulier de ce modèle est d’utiliser le critère de déformation comme critère
de fissuration en introduisant la notion de déformation équivalente. Le modèle
prend en compte la dissymétrie du comportement du béton (entre compression
et traction).
Bien d’autres modèles existent encore basés plus ou moins partiellement sur les précé-
dents. Il est à noter que les différences entre les différents modèles sont liées notamment
à la prise en compte ou non de l’anisotropie induite, des déformations inélastiques, de
la dilatance...
Dans les travaux réalisés, deux types de modèles ont été testés, afin de regarder leur
influence sur le comportement du béton : un modèle d’endommagement élastique isotrope
EEI et un modèle d’endommagement élasto-plastique orthotrope EPEO (voir chapitre 2).
Cette approche nécessite donc un changement continu des connexions entre nœuds.
Dans les premières versions, la fissure devait suivre un chemin prédéfini le long des
frontières des éléments. Des techniques de remaillage automatique ont permis par la
suite de modéliser des fissures qui divisent un élément du maillage initial. Dans cette ap-
proche, des éléments d’interface sont nécessaires entre les éléments de béton une fois
la fissure formée, pour rendre compte du comportement de la fissure dans ses différents
modes (ouverture/refermeture et glissements).
La méthode XFEM est une méthode d’enrichissement cinématique des éléments [133].
Elle permet de modéliser la présence d’une fissure sans tenir compte du maillage de la
structure. Le calcul de l’évolution et de la propagation de la fissure est mené sur une
discrétisation indépendante de celle du calcul de structure. Les deux discrétisations sont
cependant reliées : les contraintes calculées sur la structures fissurées régissent l’évolution
de la discontinuité et inversement l’évolution de la discontinuité affecte celle des contrain-
tes déformations et variables cinématiques. La méthode XFEM a pour avantage de per-
mettre la représentation de fissures continues. Par contre, le nombre de degrés de libertés
augmente lorsque la fissure s’ouvre, ce qui induit une taille du problème de plus en plus
importante.
La méthode des modes incompatibles [134] est plus ancienne que la méthode XFEM .
Elle ne permet par contre que la réalisation d’une fissure discontinue. Elle a pour avantage
par contre de ne pas augmenter la taille du problème.
La démarche de la méthode Lattice [135] porte plus loin encore l’approche de discréti-
sation puisque c’est l’ensemble du maillage qui est modélisé de manière discrète, avec des
liaisons entre chaque ”grain” constitutif de la structure qui peut être rompu sous sollicita-
tion.
Une difficulté liée à ces maillages explicites concerne la gestion de l’interface entre
les différentes phases en présence.
Cette méthode est également limitée par le nombre d’éléments finis importants
nécessaires pour la réalisation des maillages multi-phasiques. La taille des struc-
tures est donc limitée (études à l’échelle d’éprouvettes).
Une façon de compenser cette dernière difficulté est d’utiliser des maillages réguliers.
– Maillage régulier :
Les maillages réguliers (e.g. Fig. 1.46 [15]) [94] [136] se basent sur une maille
régulière (en général carrée) et s’affranchissent des interfaces physiques entre les
phases.
A l’échelle mésoscopique, seuls les travaux de Hubert [21] décrivent, à notre connais-
sance, la fissuration due aux incompatibilités de déformation entre pâte et granulats lors
du séchage.
Hubert propose de prendre en compte l’endommagement hydrique Dh (qui affecte de
la même façon le module d’Young et la résistance) à partir d’une relation linéaire avec la
teneur en eau. Cependant, même s’il arrive à déterminer l’évolution de la dégradation du
module d’Young de manière correcte par cette approche, en réalité plus la teneur en eau
décroı̂t, plus le retrait de la pâte de ciment augmente et donc plus l’endommagement lié
aux incompatibilités est important. Cette évolution linéaire n’est donc pas justifiée.
On peut aussi citer des travaux plus anciens sur le béton numérique [20]. Ces travaux
étaient cependant uniquement qualitatifs.
A l’échelle mésoscopique, on peut citer les travaux de Menou [94], Grondin [15],
utilisant des maillages réguliers. Une bonne prédiction des dégradations liées aux incom-
patibilités de déformations entre pâte et granulats est obtenue, mais la séparation vis à vis
des autres mécanismes de dégradations intervenant (gradient thermique, physico-chimie)
n’est pas effectuée.
6 Conclusions du chapitre
Ce chapitre fait le point sur le comportement à température ambiante et à hautes
températures du béton et sur les mécanismes à l’origine de la fissuration dans ces deux
cas. Il montre le rôle plus particulièrement joué par les granulats dans les mécanismes de
fissuration, que ce soit pour le cas du séchage, comme des hautes températures. En effet,
ils sont à l’origine de déformations différentielles à l’interface pâte de ciment/granulat et
génèrent ainsi des contraintes différentielles pouvant amener à la fissuration dans cette
zone.
Nous avons dans nos travaux des modèles de fissuration répartis pour leur simpli-
cité d’implantation dans un code dont nous avons une expérience importante. De plus,
ils permettent de reproduire les comportements observés lors du séchage ou à hautes
températures. D’autre part, ils sont adaptés dès lors que nous ne considérons pas de char-
gement mécanique très sévère (en se limitant aux zones en deçà du pic).
Les modèles discrets constituent une alternative appréciable, dès lors qu’on s’intéresse
à prédire les ouvertures de fissures (par exemple pour estimer les propriétés de transfert).
Le choix du maillage explicite, qui augmente fortement les temps de calcul, est assuré
dès lors que nous nous limitons à un nombre restreint de simulations numériques. Tou-
tefois, ce choix ne nous permet pas de rendre compte parfaitement de la granulométrie
utilisée dans les bétons.
Le prochain chapitre est consacré à la présentation des modèles utilisés pour appréhen-
der le comportement du béton soumis à un séchage (chapitre 3) ou à haute température
(chapitre 4).
Modélisation adoptée
– L’effet de la vitesse de déformation du squelette solide est négligé, ainsi que la dif-
fusion et la convection (vv = va = 0), dans le processus de transport d’eau et d’air.
– La pression de gaz (vapeur et air sec) est peu différente de la pression atmosphérique
lors du séchage [50], et est négligeable par rapport à la pression de l’eau liquide (elle
est de l’ordre de -96 MPa à 50 % HR). Ainsi, la pression capillaire pc est assimilée
à la pression de l’eau liquide pl .
En utilisant alors les Eq. 1.1 (de conservation de la masse, citées dans le chapitre 1) et
2.1, ainsi que les hypothèses précédentes, on obtient l’équation suivante :
∂Sl ∂pc K
= div(krl (Sl ) .grad(pc )) (2.2)
∂pc ∂t µl φ
Le degré de saturation est relié à la pression capillaire à l’aide du modèle de van
Genuchten [68] :
1
pc (Sl ) = a(Sl−b − 1)1− b (2.3)
Où a et b sont des paramètres matériaux. Il est à noter que ce modèle a été élaboré pour
les sols, mais qu’il a été utilisé à plusieurs reprises avec succès pour le béton ([53], [140]).
∂T
+ [φSl ρl C pl vl−s + φ(1 − Sl )(ρvC pv + ρaC pa )vg−s ].gradT + divq
(ρC p )e f f ×
∂t (2.5)
= −(ṁ∆H)vap − (ṁ∆H)deshyd
Pour simplifier l’étude à hautes températures, les transferts de masse (eau et air) n’ont
pas été pris en compte en considérant que pour des vitesses de montée en température
relativement faibles (de l’ordre de 1 ˚ C/min), ces effets sont négligeables.
L’équation simplifiée de la chaleur utilisée durant ces travaux de thèse est donc la
suivante :
Cette approche a été utilisée par de nombreux auteurs [144] et est également proposée
par l’EUROCODE 2.
2 Déformations ”différées”
2.1 Sans chargement mécanique
2.1.1 Retrait de dessiccation
La modélisation du retrait de dessiccation adoptée est basée sur le mécanisme de pres-
sion capillaire, qui semble être prédominant dans la gamme d’humidité relative courante
50-100% [5]. Le cadre de la modélisation est celui de la mécanique des milieux poreux
non saturés (voir chapitre 1 §2.2.2).
La pression capillaire pc est obtenue à partir de la loi de Kelvin : la phase gazeuse (air
sec et vapeur d’eau, pression pg ) est supposée en équilibre avec la phase liquide (pression
pl ) :
ρl RT
pc = pl − pg = ln(h) (2.7)
Mw
Où R est la constante des gaz parfaits, T la température absolue, h l’humidité relative et
Mw la masse molaire de l’eau.
La pression capillaire est supposée agir à une échelle macroscopique sur le squelette
solide, par le biais d’une pression de pore psol (l’effet de la pression de gaz est négligée,
voir Fig. 2.1) :
pg
Gaz (Air + eau
1-Sl
squelette solide
vapeur)
Pore
capillaire
pl Sl
eau liquide
La déformation de retrait de dessiccation εrd peut alors être calculée, sous forme
incrémentale, à partir de la relation suivante (assez proche de celle utilisée par [53]) :
1 − 2ν
dεrd = αrd Sl d pc 1 (2.9)
E
1
ηbc ηbcn
σ~ σ~
1
kbc kbcn
Considérons une chaı̂ne de Kelvin-Voigt i. La déformation de fluage propre εibc (t) est
calculée après résolution de l’équation différentielle suivante :
De même que pour le fluage propre, nous considérerons que les fluages de dessiccation
en compression et en traction sont identiques, faute de données exploitables. De plus,
nous considérons un coefficient de Poisson de fluage de dessiccation égal au coefficient
de Poisson élastique.
β
ε̇tm
ij = × [(1 + νc )σ̃i j − νc σ̃kk δi j ] × hṪ i+ (2.14)
fc0
où fc0 est la résistance en compression uniaxiale à température ambiante, νc est le coeffi-
cient de Poisson de déformation transitoire (pris égal au coefficient de Poisson élastique
dans nos travaux) et β est le coefficient de DTT uniaxial. σ̃ représentent les contraintes
effectives et hi+ est l’opérateur de calcul de la partie positive.
Le premier modèle introduit [149] considérait un modèle linéaire, utilisant un pa-
ramètre β constant.Pour améliorer la description des déformations thermiques transitoires,
un modèle non linéaire [150] a ensuite été retenu, considérant une expression bi-linéaire
de β (voir eq. 2.15) :
½ ∗
2A × T + B pour 0 ≤ T ≤ T
β(T ) = 0.01 × ∗ ∗ ∗
2C(T − T ) + 2A × T + B pour T ≥ T
(2.15)
(T − 20)
avec T= et T ∗ = 470 ˚C
100
∗
Où T est la température adimensionnelle de transition entre les deux expressions. La
3 Fissuration
Deux modèles de fissuration répartie ont été utilisés et comparés durant la thèse. Le
premier est un modèle d’endommagement élastique isotrope (EEI), basé sur le modèle
proposé par Mazars [30]. Le second est un modèle élasto-plastique endommageable or-
thotrope (EPEO) qui a été préalablement développé par Benboudjema et al. [151]. L’uti-
lisation du modèle EEI s’avère plus simple, puisque celui-ci n’utilise, contrairement au
modèle EPEO, que des expressions analytiques.
Gfx
gfx = (2.18)
lc
Où x = c dans le cas de la compression, x = t dans le cas de la traction et lc est la longueur
caractéristique liée à la taille de la zone localisée.
Concernant le séchage, les résultats de Benboudjema [63] montrent qu’il n’y a pas
dépendance de la taille et du type d’éléments finis.
f = ε̂ − κ0 (2.21)
Où κ0 est le seuil de déformation en traction et ε̂ la déformation de traction équivalente
[30] :
p
ε̂ = hεe i+ : hεe i+ (2.22)
D = (1 − γt )Dc + γt Dt (2.23)
Où γt est reliée à la déformation de compression et de traction créée par les contraintes
principales de traction et de compression [30].
Le critère utilisé est ici un critère en déformation équivalente, qui peut être retranscrit
en contraintes comme visualisé sur la figure 2.3. Ainsi, on constate que le modèle s’écarte
sensiblement des résultats expérimentaux en bi-compression. De même, ce modèle ne
permet pas de reproduire les déformations inélastiques observées après déchargement, ni
la dilatance et l’aspect unilatéral.
σ II
ft
ft
σI
fc0
EEI
EPEO
fc0
F IG . 2.3: Surfaces seuils des contraintes effectives principales en espace 2D (σ̃I ,σ̃II ) pour
les modèles EEI et EPEO.
1 − D = (1 − Dc )(1 − Dt ) (2.25)
L’évolution de l’endommagement est considéré comme étant relié à l’ouverture rela-
tive de fissure donné pas les déformations plastiques cumulées κc et κ̂ti (utilisées comme
des paramètres durcissant/adoucissant, i ∈ [1, 3]). Ils s’écrivent :
∂Fti ∂Gc
ε̇ p = ∑ λ̇ti + λ̇c (2.30)
i ∂σ̃ ∂σ̃
Où λti and λc sont les multiplicateurs plastiques en traction et compression, respective-
ment, et sont reliés aux déformations plastiques cumulées par les relations suivantes :
Une loi non associée est utilisée en compression afin de reproduire correctement la
dilatance des bétons (puisque la variable d’endommagement est scalaire en compression) :
p
Gc = 3J2 (σ̃) + αg I1 (σ̃) − βτ̃c (κc ) (2.32)
Où αg est un paramètre matériau qui contrôle la dilatance.
Les deux approches, macroscopique et mésoscopique, vont donc être utilisées et com-
parées dans les travaux présentés. Ces deux approches se différencient par le maillage
utilisé pour réaliser les simulations :
Le matériau pris pour référence dans nos travaux (et testé par Hager [12]) est un BHP
M100C, avec un E/C de 0,3 contenant de la fumée de silice FS. On peut d’ores et déjà
noter que la présence de FS justifie dans nos simulations la non prise en compte d’une
auréole de transition, celle-ci devant être donc d’épaisseur négligeable, voire nulle (voir
chapitre 1 §1.3 sur l’influence de l’ajout de FS sur l’auréole de transition).
a) b)
Les granulats utilisés pour la réalisation de ce béton sont des granulats calcaires avec
un ajout de sable silico-calcaire. L’analyse granulométrique de ce béton est fournie sur la
Fig. 2.5. L’analyse de la composition du béton étudié montre également un pourcentage
de granulats dans le béton d’environ 73 %.
100
90
80
70
Tamis [%]
60
50
40
30
20
10
0
0 5 10 15 20 25
Diamètre [mm]
140,00
20°C
120,00 120°C
250°C
100,00 400°C
σ [MPa] 600°C
80,00
60,00
40,00
20,00
0,00
0 2000 4000 6000
ε [µm/m]
Les évolutions des propriétés thermiques (masse volumique, capacité calorifique, con-
ductivité thermique) de ce béton sont également connues [107]. Aucun résultat n’était par
contre en notre possession concernant les propriétés hydriques de ce matériau.
Les simulations hydro-mécaniques sont donc effectuées par contre sur le béton de
Granger [73]. Une brève description de ses expériences est résumée ci-dessous.
Les essais ont été réalisés sur une éprouvette âgée de 28 jours (BO, avec un rapport
E/C de 0,56), qui a été préalablement protégé de la dessiccation. L’essai de séchage a été
réalisé dans une chambre à température constante (2˚C ± 1˚C). La perte en masse a été
mesurée sur des éprouvettes cylindriques de 16 cm × 15 cm (diamètre × hauteur).
Les essais de retrait et de fluage ont été réalisés sur des éprouvettes cylindriques
de 16 cm × 100 cm (diamètre × hauteur). Les déplacements ont été mesurés sur une aire
de 50 cm située au centre de l’éprouvette. Cela permet de s’abstenir des effets de bord.
Pour les tests de fluage propre et total, une contrainte de compression de 12 MPa
est appliquée. Les propriétés mécaniques mesurées à 28 jours sont : le module d’Young
E = 33, 7 GPa, le coefficient de Poisson ν = 0, 248, la résistance en compression
fc = 41 MPa et la résistance en traction ft = 3, 5 MPa.
H = 100 cm
44
R = 8 cm
Faces σu = 12 MPa
protégées
Les propriétés du béton représenté par ce type de maillage sont obtenues par ho-
mogénéisation :
Nous avons donc considéré dans le cadre de la thèse ce maillage dit explicite.
Pour générer ce type de maillage, plusieurs méthodes ont été utilisées durant la thèse
en fonction des besoins d’étude :
Pour générer le maillage réprésentatif des éprouvettes en béton testées par Hager [12],
nous avons réalisé utilisé le logiciel CEMHYD3D (permettant un contrôle simple de la
granulométrie du béton dans le maillage généré). La courbe granulométrique du BHP
M100C considéré a été respectée, au mieux, lors de la génération du maillage (voir Fig.
2.9).
Pour ce faire, seulement douze tailles de granulats (de diamètre minimum de 3 mm)
ont été conservées pour représenter au mieux l’étendue granulaire souhaitée, afin d’éviter
un maillage EF trop fin (qui aurait entraı̂né des temps de calcul trop importants).
a) b)
100
90
80
70
Tamis [%]
60
50
40
30
20 Tamis Exp Hager M100C
10 Tamis Sim
0
0 5 10 15 20 25
Diamètre [mm]
F IG . 2.9: Granulométrie du béton M100C utilisée lors de la thèse d’I. Hager [12]
conservée pour les simulations.
4.3.1 Mécanique
Pour valider mécaniquement notre approche, nous nous appuyons sur des solutions
analytiques issues des travaux de recherche [156] [157], fournissant les propriétés mécani-
ques homogénéisées d’un matériau bi-phasique à partir des propriétés mécaniques (élasti-
ques) de chacune des phases.
Eho = c1 × E1 + c2 × E2
(2.34)
νho = c1 × ν1 + c2 × ν2
Où Ex est le module d’Young de la phase x, νx est le module d’Young de la phase x, x = ho
pour le matériau homogénéisé, x = 1 et x = 2 pour les phases 1 et 2 constituant le matériau
bi-phasique.
Des simulations ont donc été réalisées avec notre maillage bi-phasique, un essai méca-
nique étant simulé pour déterminer numériquement le module d’Young et le coefficient
de Poisson du matériau homogénéisé numériquement.
4.3.2 Thermo-mécanique
La validation thermo-mécanique de l’approche mésoscopique s’appuie sur les résultats
de Vegards et Goodier [158] [159].
εho = c1 × ε1 + c2 × ε2 (2.35)
Où εx est la déformation thermique de la phase x.
Des simulations thermo-mécaniques ont donc été réalisées avec notre maillage bi-
phasique.
6.71E-04
1.85E-03
5 Conclusions du chapitre
Ce chapitre fait le point sur les modèles hydro-mécaniques et thermo-mécaniques pour
lesquels nous avons opté dans le cas de l’étude respectivement du séchage et des hautes
températures.
Pour ce qui concerne la partie hydrique et thermique, nous avons choisi de travailler
avec des modèles classiques de la littérature, basés sur notamment sur une seule équation
de transport pour le séchage et sur l’équation de la chaleur simplifiée.
La modélisation du retrait de dessiccation adoptée est basée sur le mécanisme de pres-
sion capillaire, la déformation thermique est liée au coefficient de dilatation du matériau.
Les déformations sous chargement mécanique sont modélisées pour le fluage propre à
l’aide de chaı̂nes de Kelvin-Voigt. Pour le fluage de dessiccation, la déformation associée
est fonction de l’humidité relative du matériau. Pour la déformation thermique transitoire,
nous nous appuyons sur le modèle de Pearce et al. [150].
Pour la modélisation de la fissuration, le choix s’est donc porté sur un modèle de
comportement mécanique de type fissuration répartie. Deux modèles d’endommagement
ont par contre été comparés durant les travaux, un modèle d’endommagement élastique
isotrope et un modèle d’endommagement élasto-plastique orthotrope, intégrant des ef-
fets d’orthotropie, de dilatance et de déformations inélastiques. Enfin l’effet du fluage
dans le cas du séchage et de la déformation thermique transitoire dans le cas des hautes
températures sera également étudié par la suite.
Pour montrer l’intérêt de prendre en compte l’hétérogénéité du béton, deux maillages
sont utilisés et comparés, un maillage macroscopique, considérant le béton homogène et
un maillage mésoscopique, tenant compte explicitement des granulats et de la pâte de
ciment dans le béton. Cette dernière approche mésoscopique a tout d’abord été validée,
mécaniquement, puis thermo-mécaniquement.
Etude de la micro-fissuration à
température ambiante
1 Etude macroscopique
1.1 Description des simulations réalisées
L’objectif de ces travaux est d’étudier l’effet du fluage et de différents modèles
mécaniques (isotrope/orthotrope, déformations inélastiques) sur le faciès de fissuration
et les paramètres mécaniques résiduels (module d’Young, résistance en compression et
en traction) après séchage.
Aucune expérience simple (i.e. sur un béton) n’existe, dans la littérature, pour réaliser
de la manière la plus appropriée cette étude. Cependant, un certain nombre d’informations
est disponible de par les essais de Granger [73] et va être utilisé (voir chapitre 2 §4.2.1).
Les simulations sont réalisées dans une configuration axisymétrique utilisant des
éléments finis rectangulaires à 8 noeuds. La discrétisation utilisée et les conditions aux
limites sont présentées sur la Fig. 2.7. Notons qu’un maillage plus fin est réalisé à proxi-
mité de la surface de l’échantillon soumise au séchage.
L’identification des paramètres matériaux est tout d’abord présentée. Ensuite, des si-
mulations numériques prédictives sont réalisées pour atteindre le but souhaité.
a [MPa] b φ K[m2 ]
25 2,08 0,13 1,1×10−21
TAB . 3.1: Paramètres du modèle de séchage utilisé dans les simulations numériques
réalisées.
Degré de saturation
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
Pression capillaire [MPa]
-100
-200
Exp
Sim
-300
-400
3
Perte en masse [%]
1 Exp
Sim
0
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps [jours]
3,5
EEI
3 EPEO
σ T [MPa]
2,5
2
1,5
1
0,5
0
0 100 200 300 400 500
ε [.106]
a. En traction
45
40
35
30
σ C [MPa]
25
20
15
10
5
0
0 500 1000 1500 2000 2500
6
ε [.10 ]
b. En compression
F IG . 3.3: Courbes σ-ε pour les deux modèles EEI et EPEO.
Les Fig. 3.4 et 3.5 montrent les déformations (longitudinales) simulées de fluage
propre et de dessiccation obtenues en fittant la courbe expérimentale, avec le jeu de pa-
ramètres reporté dans le Tab. 3.3.
At Bt Ac Bc κ0 fc0 [MPa] αf
-0,2 5×103 14,4 920 1,04×10−4 16,4 0,14
at bt ct ac bc cc [MPa] βf
8,25×10−3 7,5×103 104 7,87 430 240 0,86
TAB . 3.2: Paramètres mécaniques pour les deux modèles EEI et EPEO.
60
Déformation de fluage
propre [µm.m .MPa ]
-1
50
40
-1
30
20
Sim
10
Exp
0
0 100 200 300 400 500 600
Temps [jours]
2000
Déformation de fluage totale
1500
[µm.m ]
-1
1000
500 Exp
Sim
0
0 100 200 300 400 500 600
Temps [jours]
k1bc [GPa] τ1bc [jours] k2bc [GPa] τ2bc [jours] k3bc [GPa] τ3bc [jours]
169,4 0,1 168 1 157,3 10
4
kbc [GPa] 4
τbc [jours] 5
kbc [GPa] 5
τbc [jours] µ [GPa−1 ] αrd
105,2 100 18,6 1000 0,3 1,2
Le type de modèle mécanique n’a qu’une faible influence sur l’évolution du retrait
de dessiccation.
L’effet du fluage est plus prononcé. En effet, du fait des relaxations de contraintes,
l’endommagement prédit est moins important quand le fluage est pris en compte. Alors,
les contraintes de traction (élastiques et inélastiques) (causée par l’ouverture de fissures)
sont moins importantes. Ceci conduit donc à plus de retrait (apparent) de dessiccation
(déformations de contraction).
600
Exp
Retrait de dessiccation
EEI sans F
EPEO avec F
200
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
Perte en masse [% ]
L’endommagement après 700 jours de séchage est tracé sur la Fig. 3.7 pour trois
modèles différents.
L’effet du fluage est significatif. En effet, le fluage tend à relaxer les contraintes
prédites, ce qui conduit à une épaisseur d’endommagement plus faible. Celle-ci est de
18 mm environ si le fluage n’est pas pris en compte, et d’environ 7 mm si le fluage est pris
en compte. Ceci est relativement faible comparé à l’épaisseur (environ 20 mm pour une
éprouvette de hauteur 4 cm à 30 % HR) observée par [161]. En effet, le retrait empêché
par les granulats n’a pas été pris en compte, ce qui semble jouer un rôle important
dans le développement des fissures durant le séchage (voir travaux réalisés à l’échelle
mésoscopique au §2).
ez 1
EEI sans F
eθ
0,8
EEI avec F
er
0,6 EPEO avec F Dθθ
D
0,2
0
0 2 4 6 8
Rayon [cm]
F IG . 3.7: Endommagement en fonction du rayon après 700 jours de séchage pour tous les
modèles mécaniques (EEI, EPEO, sans F= sans prise en compte du fluage, avec F= avec
prise en compte du fluage). L’endommagement radial Drr est égal à zéro.
vertical et orthoradial, Dzz et Dθθ sont presque identiques. Ceci signifie que la micro-
fissuration à la surface du cylindre est presque isotrope. Ceci est en accord avec les
résultats expérimentaux de Sicard et al [162], reportés sur la Fig. 3.8, associés à l’orien-
tation des valeurs d’endommagement simulées (modèle EPEO avec prise en compte du
fluage). Un résultat similaire concernant la quasi-isotropie de la micro-fissuration induite
en peau a été obtenu par Colina et Acker [163] sur des micro-bétons et des argiles soumis
à la dessiccation.
1
Faciès Orientation des fissures
Dzz
0,5
F IG . 3.8: Orientation des fissures (à gauche, après 400 jours de séchage) et de l’endom-
magement (à droite, après 700 jours de séchage) à la surface de l’éprouvette (pour le
modèle EPEO avec fluage).
TAB . 3.4: Effet du séchage sur les propriétés mécaniques (50 % HR). Influence du type
de modèle mécanique et du fluage.
Plusieurs auteurs (e.g. [139] [140] [21] [116]) ont réalisé des simulations numériques
pour prédire l’endommagement induit par le retrait différentiel ou l’effet du séchage sur
les propriétés mécaniques, sans prendre en compte le fluage. Ceci est un manque impor-
tant, puisqu’il semble que le fluage a un effet significatif selon les résultats de ces simula-
tions. Les conclusions déduites des précédents travaux cités n’étaient de ce fait peut-être
pas tout à fait adéquates.
Le dernier modèle (EPEO avec fluage) peut être considéré comme le plus représenta-
tif du comportement du béton. Malheureusement, les résultats obtenus ne sont pas tota-
lement en accord avec les résultats expérimentaux.
Beaucoup d’auteurs mesurent une décroissance plus importante (entre 4 et 30 %) que
celle prédite ici (entre 2 et 5 %). Concernant la résistance en compression et en traction, il
n’y a pas de consensus. Nos simulations numériques prédisent une diminution respective
de 1 % et 6 %.
Des simulations ont été réalisées pour comparer les réponses obtenues avec celles de
Sicard et al [162]. L’orientation des valeurs d’endommagement prédite par les simula-
tions réalisées (modèle EPEO avec fluage) est reportée sur la Fig. 3.9, pour le séchage et
un chargement en compression appliqué.
1
Faciès Orientation des fissures Après séchage
Dzz Après séchage et fluage
0,5
F IG . 3.9: Orientation des fissures (à gauche, après 400 jours de séchage et un charge-
ment en compression) et de l’endommagement (à droite, après 700 jours de séchage et
un chargement en compression) à la surface de l’éprouvette (pour le modèle EPEO avec
fluage).
D’autres expériences [164] ont également été simulées montrant les manques liés à
l’utilisation d’un modèle d’endommagement isotrope. Considérons une éprouvette carrée
(40 × 40 mm2 , Fig. 3.10), qui sèche sur une face uniquement (Phase 1). Après 700
jours de séchage, l’éprouvette est chargée en compression biaxiale (Phase 2). Les simula-
tions numériques sont réalisées dans des conditions de contraintes planes. La simulation
numérique est basée sur les expériences réalisées par Bourgeois et al [164].
Surface
séchant
30 MPa
40 mm
50 % RH
Les champs d’endommagement sont tracés sur la Fig 3.11 pour les deux modèles
EPEO et EEI. Les champs d’endommagement sont similaires en terme d’amplitude et
de largeur. Cependant, pour le modèle EPEO, la variable d’endommagement Dxx est
égale à zéro. Ceci va considérablement affecter la prédiction des propriétés mécaniques
résiduelles.
EPEO EEI
0
Dyy D
F IG . 3.11: Champs d’endommagement après séchage 700 jours de séchage pour les
modèles EEI et EPEO (avec prise en compte du fluage).
Les courbes contrainte-déformation sont tracées sur les Fig. 3.12 et 3.13. Comme me-
suré expérimentalement, une courbe différente de contrainte-déformation est prédite
pour les deux modèles après séchage. Ainsi, le séchage du béton dans une direction
préférentielle rend le comportement du béton orthotrope.
30
Elastique
25
σyy
20
σ [MPa]
σxx
15
10
0
0 200 400 600 800 1000
ε [µm/m]
Les résultats obtenus avec le modèle EEI ne sont pas physiques, puisque l’on prédit
que le matériau ne sera pas capable de résister sous un chargement horizontal. Ceci est
dû à la présence d’une bande d’endommagement verticale (isotrope), où le matériau est
complètement endommagé (D est égal à 1).
30
Elastique
25
20
σ [MPa]
σyy
15
10
5
σxx
0
0 200 400 600 800 1000
ε [µm/m]
Avec le modèle EPEO, le chargement horizontal n’est pas influencé par la variable
d’endommagement Dyy (la loi initiale contrainte-déformation est retrouvée). Cepen-
dant, les propriétés mécaniques verticales sont légèrement affectées comme précédemment
vu (voir §1.2.2). Ces résultats numériques sont qualitativement similaires à ceux obte-
nus expérimentalement par Bourgeois et al. [164].
2 Etude mésoscopique
2.1 Introduction aux incompatibilités
Le modèle trisphère de Le Roy [16] (voir Fig. 3.14) est utilisé afin de donner un ordre
de grandeur des auto-contraintes générées lors du retrait de dessiccation de la pâte de
ciment, par les granulats. Le Roy a utilisé ce modèle pour prédire les déformations de
retrait endogène, de fluage propre ainsi que les propriétés élastiques des mortiers et des
bétons. Il a également calculé les auto-contraintes générées lors du retrait endogène dans
la pâte de ciment.
Seuls les résultats nécessaires aux calculs des contraintes sont rappelés. Les détails (et
notamment les démonstrations) sont dans la thèse de Le Roy [16].
1-g/g*
Pâte de
ciment
Granulat
g/g*(1-g*)
Le retrait d’une sphère constitué d’un matériau homogène, et produisant le même re-
trait que la sphère composite s’écrit, en considérant que les coefficients de Poisson de la
pâte de ciment et des granulats sont égaux à 0,2 :
2 EEdg (1 − g∗ )
εmin = εp (3.1)
g∗ + EEdg (2 − g∗ )
Où Ed est le module d’Young différé de la pâte de ciment, Eg est le module d’Young des
granulats, ε p est la déformation de retrait de dessiccation de la pâte de ciment et g est la
compacité du squelette granulaire (g∗ compacité maximale). Il s’agit de la valeur mini-
male de retrait correspondant au béton dans lequel les inclusions sont en contact comme
dans un empilement.
Pour une concentration quelconque (en ajoutant une pellicule de pâte qui produit elle
aussi un retrait p), la déformation de retrait du béton εb s’écrit [16] :
E
4 Edg (1−g∗ ) gg∗
(1 + EEdg )(1 − gg∗ ) + E
g∗ + Edg (2−g∗ )
εb = εp (3.2)
1 + gg∗ + EEdg (1 − gg∗ )
Le module différé est relié au module d’Young instantané de la pâte de ciment E p , via
le coefficient de fluage par φ(t) :
Ep
Ed (t) = (3.3)
1 + φ(t)
( εεmin
p
) Eg ( gg∗ + 12 )
σθθ = Ed (3.4)
0, 6 Ed (1 − gg∗ ) + Eg (1 + gg∗ )
Afin de mettre en exergue les auto-contraintes induites lors du retrait de dessiccation,
nous utilisons les résultats obtenus par Le Roy [16] concernant les déformations de fluage
(nous utiliserons la valeur finale de la fonction de fluage).
Les valeurs de module d’Young sont issues de Marchand [165]. Les évolutions du
retrait de dessiccation des pâtes de ciment et la valeur de l’humidité relative suite à l’auto-
dessiccation (à 28 jours) sont issues des travaux de Baroghel-Bouny et Mounanga [166].
Les déformations de retrait de dessiccation sont données pour une humidité rela-
tive comprise entre entre 63,2 et 71,5 %. Elles sont extrapolées, en supposant que la
déformation de retrait de dessiccation est linéaire en fonction de l’humidité relative, pour
obtenir la valeur maximale de retrait de dessiccation (i.e. à 0 % HR). Les données sont
regroupées dans le Tab. 3.5.
Les contraintes orthoradiales sont alors calculées pour ces 2 rapports E/C, avec et sans
prise en compte du fluage. Les résultats sont regroupés dans les Fig. 3.16 et 3.17.
1
Modèle
0,8
Déformation de retrait
Bissonette et al.
(1999)
0,6
relative Pickett (1956)
0,4
0,2
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
g
45
40 Sans fluage
35
Avec fluage
Contraintes [MPa]
30
25
20
15
10
5
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2
Humidité relative
Les contraintes dans la pâte de ciment à hautes performances semblent plus impor-
tantes, car même si cette pâte subit moins de retrait de dessiccation, sa déformation de
fluage est moins importante et la valeur de son module d’Young est plus élevée.
Sur les figures 3.18 et 3.19 sont tracées les évolutions des contraintes orthoradiales à
l’interface pâte de ciment (ordinaire)/granulat en fonction de la teneur en granulat et le
module d’Young différé de la pâte, respectivement.
40
35 sans fluage
30 Avec fluage
Contraintes [MPa] 25
20
15
10
5
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Humidité relative
5
4,5
4
Contraintes [MPa]
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
g
On constate logiquement que plus la teneur en granulats augmente plus les contrain-
tes prédites deviennent importantes. De même, plus le module d’Young de la pâte de
ciment est important, plus les contraintes le sont également.
L’approche proposée pour estimer les auto-contraintes est bien sur critiquable. Du
point de vue mathématique, l’approche par le module d’Young différé n’est pas exacte, il
faudrait plutôt dans le cas de la visco-élasticité linéaire utiliser la transformée de Laplace-
Carson. Malheureusement, le calcul de la transformée inverse n’est pas trivial en général.
25
20
Contraintes [MPa]
15
10
0
0 5 10 15 20
Ed
Du point de vue physique, le séchage induit des pressions capillaires qui ont pour ef-
fet de comprimer triaxialement localement la pâte de ciment. Ainsi, à l’état de contrainte
calculé, il faudrait ajouter la contribution de la pression capillaire. Ceci n’est pas évident
à faire car la retransmission de la pression capillaire au sein du squelette solide est com-
plexe. Toutefois, cette approche permet de prédire, localement, les contraintes de traction
maximales que subirait la pâte de ciment lors du séchage.
σ = σ̃ − bl pc (3.5)
Où bl est le coefficient de Biot qui peut être assimilé, avec une bonne précision, au degré
de saturation selon Obeid et al. ([71], voir Fig. 3.20)
Toutefois, l’analyse réalisée par de Gawin et al. [169] sur les résultats de Baroghel-
Bouny et al. [53] contredit ces résultats.
Dans le cas où on assimile le coefficient de Biot au degré de saturation (hypothèse
faite notamment dans Baroghel-Bouny et al. [53], la relation précédente devient :
σ = σ̃ − Sl pc (3.6)
Valeur du coefficient
0,8 Biot Sl
0,6
0,4
0,2
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Humidité relative
E/C a [MPa] b
0,34 37,5 2,17
Le rapport E/C n’est pas identique à celui du Tab. 3.6, l’objectif est d’estimer les va-
leurs de contraintes de compression apportées par la pression capillaire. Les contraintes
apportées par la pression capillaires sont reportées sur la Fig. 3.21.
Les contraintes finales (somme des contraintes de compression apportées par la pres-
sion capillaire et par l’incompatibilité de déformation) sont reportées sur la Fig. 3.22.
Ces résultats tendraient à montrer que lors du séchage, il n’y aurait pas de fissuration
à l’interface pâte de ciment/granulat.
Pour aller plus loin, si on superpose les effets de la pression capillaire aux contraintes
générées par la déformation différentielle de retrait de dessiccation entre la surface et le
cœur d’une éprouvette, on obtiendrait le même résultat, i.e., il n’y aurait pas de fissuration
en peau.
Or, l’analyse bibliographique montre que l’on observe à la fois une micro–fissuration
en peau et une microfissuration à l’interface pâte de ciment/inclusion.
-5
-15
-20
-25
-30
-35
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Humidité relative
5
Sans Fluage
0
Contraintes [MPa]
Avec Fluage
-5
-10
-15
-20
-25
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Humidité relative
En effet, l’équation 3.6 est issue d’une homogénéisation qui masque l’état de
contraintes complexe au niveau des pores (de forme quelconque) du matériau. Ainsi,
l’état de contrainte ”réel” que subit le matériau à l’échelle locale est compris entre celui
reproduit dans la Fig. 3.17 et celui de la Fig. 3.22
Dans toute la suite, nous négligerons lors de l’étude des incompatibilités de déforma-
tion, l’effet de la pression capillaire, car nous ne sommes pas en mesure, à notre avis,
de l’estimer à l’échelle locale (ce qui ne remet pas en cause, bien entendu l’équation 3.6
justifiable à l’échelle du V.E.R.). Ainsi, nous ne pouvons pas prédire les augmentations
de la résistance en compression lors du séchage.
Les maillages correspondant aux mortiers sont donnés sur la Fig. 3.23. Ils ont été
générés par l’intermédiaire de Matlab °. c Il est à noter qu’en réalité, en faisant une
coupe 2D d’un parallélépipède contenant des sphères, on devrait obtenir des cercles de
diamètre différent (inférieur ou égal au diamètre des sphères). Pour éviter de compli-
quer le maillage et l’interprétation des résultats, nous avons décidé d’utiliser des
cylindres de diamètre égal au diamètre des sphères.
Il est à noter qu’il est difficile de générer un gros pourcentage de billes de verre mono-
taille. Ainsi, la limite numérique est de 45 % (”random jamming limit” [170]). Un pour-
centage supérieur ne peut être atteint que si différentes tailles de billes sont considérées.
Afin d’identifier le plus clairement possible les effets de la taille et du pourcentage des
grains, nous avons volontairement choisi de nous restreindre à ces 3 mésostructures.
Une mésostructure ”plus réaliste” (grains de différentes tailles) sera considérée lors
de l’étude à hautes températures.
a [MPa] b φ K [m2 ]
25 0,44 0,16 8.10−21
Degré de saturation
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0
Pression capillaire [MPa]
-100
-200
-300
hre = 30 %
hri = 97 %
40 mm
40 mm
F IG . 3.25: Géométrie et conditions aux limites des éprouvettes testées par [17] (Les
prismes ont une hauteur de 160 mm).
25
15 Expérience
10 Modèle
5
Temps [jours]
0
0 20 40 60 80 100
La perte en masse des différents mortiers est donnée sur la Fig. 3.27. On constate que
le diamètre des billes de verre n’influe pas sur la courbe de perte en masse, ce qui est
logique et correspond aux observations de Bisschop et van Mier [17].
25 Pdc G4_10
G4_35 G1_10
Perte en masse [%]
20
15
10
5
Temps [jours]
0
0 20 40 60 80 100 120
Pour le fluage de dessiccation, nous avons utilisé, par manque de données, les résultats
obtenus par Day et al. [172]. Les essais de fluage ont été réalisés sur des éprouvettes
d’épaisseur faible, afin de réduire la fissuration induite par la dessiccation. Les éprouvettes,
de rapport E/C égal à 0,47 (inférieur à celui de la pâte de ciment étudiée) ont été chargées
à 75 jours, sont en forme de S et ont une épaisseur de 1,9 mm.
L’identification est issue de Benboudjema [63]. Les valeurs des paramètres matériaux
sont données dans le Tab. 3.9.
k1bc [GPa] τ1bc [jours] k2bc [GPa] τ2bc [jours] k3bc [GPa] τ3bc [jours]
15,85 0,1 54,54 1 82,19 10
4
kbc [GPa] 4
τbc [jours] 5
kbc [GPa] 5
τbc [jours] µ [GPa−1 ]
17,05 100 23,2 1000 0,681
200
Déformation de fluage
propre [µm.m-1.MPa-1]
150
Modèle
100 Expérience (Hummel, 1959)
50
Temps [jours]
0
0 500 1000
450
400 Modèle
dessiccation [µm.m-1.MPa-1]
Déformation de fluage de
350 Expérience (Day et al., 1984)
300
250
200
150
100
50 Humidité relative
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Pour une pâte de ciment durcie de rapport E/C =0,6 (conservation en auto-dessiccation
pendant 1 an), ils obtiennent une déformation de retrait de dessiccation d’environ 800
µm.m−1 entre une humidité relative de 71,5 % et de 63,2 %. Après identification, on ob-
tient αrd = 1,86 (c.f. Eq. 2.1.1).
7000
de dessiccation [µm/m]
Déformation de retrait
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Humidité relative
On obtient une évolution quasi-linéaire, ce qui est conforme aux résultats expérimen-
taux de la littérature (voir chapitre 1).
Ensuite, nous simulons, en supposant chacune des phases du mortier (pâte de ciment
et bille de verre) élastiques linéaires (sans prise en compte du fluage), l’évolution de la
déformation de retrait de dessiccation (à l’équilibre à 30 % d’humidité relative) en fonc-
tion de la teneur en bille de verre. Cette évolution est reportée sur la Fig. 3.31.
1
Modèle trisphère
0,8
Déformation de retrait
Bissonette et al.
(1999)
0,6 Pickett (1956)
relative
0,4 Modèle
numérique
0,2
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
g
Afin de se rapprocher de conditions réalistes tout en n’étudiant que l’effet des incom-
patibilités de déformation, nous allons considérer 2 évolutions d’humidité relatives. Elles
correspondent à l’évolution de l’humidité relative dans une éprouvette de béton 16 × 32
(béton étudié au §1.2) en cœur et en zone de peau (à 5 mm de la surface). Ces 2 dernières
sont tracées sur la Fig. 3.32.
1
0,9 Peau
Humidité relative
0,8 Coeur
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1 Temps [jours]
0
0 2000 4000 6000 8000
du fluage de dessiccation. Elles sont effectuées à partir des évolutions de la Fig. 3.32.
L’humidité relative atteint une valeur de 0,5 à 2070 jours en zone de peau et à 8540 jours
en zone de cœur.
3000
Elastique+fluage - zone de coeur
2500
2000
1500
1000
500
0
0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Humidité relative
At Bt Ac Bc κ0 E [GPa] ν
-1 103 11,5 600 2,08.10−4 12 0,2
At Bt Ac Bc κ0 E [GPa] ν
-1 1,2.103 9,2 500 1,5.10−4 60 0,2
2,5
Contraintes [MPa]
1,5
0,5
Déformations [*106]
0
0 200 400 600
35
30
Contrainte [MPa] 25
20
15
10
5
Déformation [*106]
0
0 2000 4000 6000 8000 10000 12000
10
9
8
Contrainte [MPa]
7
6
5
4
3
2
1 Déformation [*106]
0
0 200 400 600
100
90
80
Contrainte [MPa] 70
60
50
40
30
20
10 Déformations [*106]
0
0 2000 4000 6000 8000 10000 12000
Humidité relative [%] Temps [jours] (En cœur) Temps [jours] (En peau)
90 39,2 0,257
80 619 25,7
70 2120 202
60 4690 761
50 8540 2070
Il est à noter que nous n’avons pas relevé d’endommagement dans les inclusions.
1
G4_35 G4_10 G1_10
On obtient des faciès de fissuration réalistes (cf. Fig. 3.40) : une fissuration à l’interface
pâte de ciment/inclusion qui correspond à une décohésion et une fissuration radiale
entre les inclusions. Toutefois, Bisschop et van Mier, n’ont pas observé d’influence des
incompatibilités de déformation pour les mortiers contenant des billes de verre de 1 mm
(10 % de séchage). Ce n’est pas le cas ici, où la Fig. 3.39 met clairement en évidence,
une fissuration importante, ceci étant probablement du au degré beaucoup plus avancé du
séchage (supérieur à 20 %).
4000
Déformation de retrait de 3500
IED+fluage
dessiccation [µm/m] 3000
Elastique+fluage
2500
2000
1500
1000
500
0
0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Humidité relative
On trace sur les Figures 3.42 et 3.43, les propriétés mécaniques relatives en fonction de
l’humidité relative et du degré de saturation pour la mésostructure G4-35. Le tab. 3.13 re-
groupe les valeurs des propriétés mécaniques relatives pour les différentes mésostructures,
à 50 % d’humidité relative.
G4-35 (En peau) G4-35 (En cœur) G4-10 (En cœur) G1-10 (En cœur)
E/E0 0,1 0,09 0,14 0,18
ft /ft0 0,5 0,46 0,5 0,52
fc /fc0 0,2 0,19 0,2 0,2
Les résultats obtenus montrent que les propriétés mécaniques sont peu sensibles à
l’histoire d’évolution de l’humidité relative (en zone de cœur et en zone de peau pour
Propriétés relatives
0,75
0,5
E
0,25 ft
fc
0
0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Humidité relative
1
Propriétés relatives
0,75
0,5
E
ft
0,25
fc
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Degré de saturation
la mésostructure G4-35). De même, nous avons obtenu que les résistances résiduelles en
compression et en traction sont peu sensibles à la teneur et au diamètre des inclu-
sions. Par contre, nous avons noté que le module d’Young semble sensible à la teneur
et au diamètre des inclusions. En raisonnant, en terme de zone de contact de transition,
nous obtenons que seul le module d’Young y semble sensible. Il est à noter que Szcześniak
et al. [26] n’ont pas observé également d’influence de la zone de contact de transition sur
la résistance en compression. Par contre, ils suggèrent que cette influence existe sur la
résistance en traction, ce que nous n’avons pas observé dans nos simulations.
Il est nécessaire de rappeler, que les effets capillaires ne sont pas pris en compte.
Les contraintes de compression ”apportées” par les pressions capillaires augmentent les
résistances en compression et en traction du matériau. Mais, si nous les prenons en compte
(c.f. §2.1), nous n’aurions pas pu alors prédire de microfissuration qu’elle soit liée au gra-
dient ou aux incompatibilités de déformation, alors que celles-ci ont bien été observées
expérimentalement.
Comme nous l’avons mentionné auparavant, ces résultats sont à confirmer en réalisant
plus de simulations numériques, afin d’obtenir des valeurs statiques (moyenne, écart-type)
exploitables. Toutefois, il est à noter, que la génération du maillage sous Matlab °peut
c
conduire à des maillages distordus, et qu’une vérification manuelle doit être effectuée.
De plus, la convergence nécessite un temps de calcul conséquent (de l’ordre de 1 à 2
jours pour chaque point, sur un PC Intel Core 2 Duo, 2 Ghz, 2 GO de RAM). Ceci com-
plique fortement la réalisation de simulations de Monte Carlo. En outre, les effets tridi-
mensionnels restent à déterminer, puisque les calculs ont été menés avec l’hypothèse des
contraintes planes.
3 Conclusions du chapitre
Ce chapitre fait le point sur l’étude du comportement mécanique et plus particulière-
ment de la fissuration et de l’évolution des propriétés mécanique du béton soumis au
séchage.
Les simulations montrent que la dégradation des propriétés mécaniques associée au
gradient de déformation est très faible (de 1 à 6 % à 50 % HR). En effet, l’épaisseur de la
zone micro-fissurée est faible.
On peut conclure dans un premier temps, compte tenu des travaux réalisés à l’échelle
macroscopique, comparant les deux modèles d’endommagement, que ceux-ci donnent
des résultats similaires, le modèle d’endommagement élastique isotrope étant par contre
plus simple et moins riche en paramètres à identifier.
On observe une différence fondamentale entre les deux modèles uniquement lors d’un
chargement mécanique perpendiculaire à la zone micro-fissurée.
Pour l’étude à l’échelle mésoscopique, l’identification de la dégradation due aux in-
compatibilités de déformations entre la pâte de ciment et les granulats a pu être réalisée.
Une première étude paramétrique visant à montrer l’influence de la taille et de la teneur en
granulat a également été menée, concluant sur une non influence à priori (même si plus de
calculs seraient nécessaires sur de nombreuses génération aléatoires de mésostructures)
de la taille des granulats. Par contre, les premiers calculs réalisés montrent clairement une
influence de la teneur en granulats.
Toutefois, les dégradations prédites sont heureusement fortement surestimées. Ceci est
dû sûrement au fait que la pression capillaire n’a pas été prise en compte. Néanmoins, si
celle-ci est prise en compte en utilisant les équations de la mécanique des milieux poreux
insaturés, aucune fissuration ne serait prédite, ce qui n’est pas en accord avec l’expérience.
Ce point reste à éclaircir.
– Matériaux testés :
Les expériences ont été réalisées sur des éprouvettes en BHP M100C (avec un rap-
port E/C de 0,3 contenant de la FS). Les propriétés mécaniques initiales (à 20˚C)
sont les suivantes : module d’Young E0 = 52 GPa, coefficient de Poisson ν = 0, 2,
résistances en compression et en traction fc0 = 100 MPa et ft0 = 3, 5 MPa.
– Expériences réalisées :
– Mesures réalisées :
Les températures et les déplacements ont été mesurés au centre des éprouvettes
pour s’affranchir des effets de bord. Les températures de surface et de coeur des
échantillons ont été mesurées pour avoir accès aux gradients thermiques induits.
Du fait de la symétrie (de la géométrie, des chargements et des conditions aux li-
mites), seul un quart de l’éprouvette est maillé (pour des gains de temps de calcul). La
discrétisation utilisée et les conditions aux limites sont présentées sur la Fig. 4.1.
75
UY
UX
Surfaces
adiabatiques T= [ 20 à 600°C ] σu=20%fc
Les paramètres de ces lois physiques pour les phases pâte de ciment et granulats
sont identifiés par comparaison à partir des évolutions expérimentales des gradients
thermiques à 0,5˚C/min, en utilisant pour nos simulations un maillage hétérogène et
l’algorithme de Levenberg-Marquardt [173].
Les propriétés du béton sont ensuite déduites en utilisant des lois d’homogénéisation
[18] (voir eq. 4.1 et 4.2).
La loi analytique utilisée est basée sur une moyenne de deux modèles de conductivité :
série et parallèle (voir Fig. 4.2).
1 1 λgr λ pdc
λb = (γgr × λgr + γ pdc × λ pdc ) + ( ) (4.2)
2 2 γgr × λgr + γ pdc × λ pdc
gr pdc
gr
φ
pdc
Cette décomposition (pâte de ciment et granulats) a été adoptée pour l’approche ma-
croscopique afin de pouvoir comparer les résultats obtenus à cette échelle avec ceux ob-
tenus à l’échelle mésoscopique (voir §3).
Après identification (voir Fig. 4.3), nous sommes parvenus à un bon accord entre les
résultats expérimentaux et numériques sur béton (voir Fig. 4.4(a)), à 0,5˚C/min (vitesse
de montée en température avec laquelle a été réalisée l’identification des paramètres de
simulation) mais également à 1,0˚C/min (sans recalage des paramètres pour cette nouvelle
vitesse).
Il semble donc que dans ce cas, les transferts d’eau et d’air (que nous n’avons pas pris
en compte) ont un faible impact sur l’évolution de la température. Un résultat similaire
avait été d’ores et déjà observé par Dal Pont [142].
1500 2
1250
Capp [J/(kg.°C)]
1,5
λ [W/(m.°C)]
1000
750 1
500
0,5
250
0 0
0 100 200 300 400 500 600 0 100 200 300 400 500 600
T [°C] T [°C]
Des simulations numériques ont également été réalisées à 10˚C/min qui ont conclu à
une forte augmentation du gradient thermique avec la vitesse de montée en tempéra-
ture (voir Fig. 4.4(b)). Pour des vitesses de montée en température importantes (≥ à
10˚C/min), la prise en compte des pressions de pores générées lors du chargement ther-
mique (voir chapitre 1 §3.3.4) s’avérerait donc nécessaire.
1.2.2 Paramètre de la DT
La déformation thermique libre DT du béton est liée au coefficient de dilatation
thermique de celui-ci. L’identification est réalisée à partir des essais de chargement
thermiques de Hager [12]. Les résultats de l’identification sont présentés sur la Fig. 4.5
et le Tab. 4.1.
Les résultats sont présentés pour les deux modèles mécaniques (EEI et EPEO), afin
de s’assurer leur même comportement vis à vis de la DT.
50 300
Tsurf-Tcoeur [°C]
Tsurf-Tcoeur [°C]
250
40
200
30
150
20 100
10 50
0 0
0 100 200 300 400 500 600 0 100 200 300 400 500 600
T [°C] T [°C]
Exp 1°C/min Exp 0,5°C/min Sim 0,5°C/min Sim 1°C/min
Sim 1°C/min Sim 0,5°C/min Sim 10°C/min
12
DT Exp
10 DT sim EEI
DT Sim EPEO
8
ε th [µm/m]
0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]
A B C
1 ×10−3 4×10−4 8,5×10−3
800
600
400
200
ε tot-ε el [µm/m]
0
0 100 200 300 400 500 600
-200
-400
-600 Exp
-1200
T [°C]
L’influence de la prise en compte de la DTT est visible sur la Fig. 4.7. Les déformations
totales observables, pour un chargement thermique seul noté ”T”, et pour un chargement
thermo-mécanique noté ”TM”, sont comparées.
10000
Exp T
8000 Sim T variation E
Exp TM
ε tot-ε el [µm/m]
2000
-2000
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]
Le graphique montre une légère diminution entre la courbe indicée ”sim T” et ”sim
TM sans DTT” correspondant à la décroissance du module d’Young avec la tempé-
rature. La valeur de la DTT est beaucoup plus importante (décroissance observée
entre les courbes indicées ”sim TM sans DTT” et ”sim TM avec DTT”).
La Fig. 4.8 réunit les courbes de Déformation Thermique DT pour le chargement ther-
mique seul, de Déformation Thermique Sous Charge DTSC pour le chargement thermo-
mécanique et de Déformation Thermique Transitoire DTT (correspondant à la différence
entre la DT et la DTSC).
15000
DT Exp DT Sim
DTSC Exp DTSC Sim
10000
DTT Exp DTT Sim
ε tot-ε el [µm/m]
5000
-10000
-15000
T [°C]
– L’essai mécanique est ensuite réalisé, en imposant sur la face supérieure de l’éprou-
vette (à la température d’essai souhaitée) un déplacement progressif en traction ou
en compression, ceci en vue d’obtenir l’évolution contrainte-déformation σ-ε. Les
résultats de cet essai sont alors comparés aux résultats expérimentaux et permettent
l’identification des paramètres du modèle mécanique.
L’identification a été réalisée pour les deux modèles EEI et EPEO, avec DTT (en
cherchant à obtenir une similitude la plus complète possible entre les deux modèles).
Le nombre de paramètres mécaniques identifiés s’avère important (voir Tab. 4.3), ce qui a
rendu l’identification compliquée, même en utilisant un algorithme d’optimisation du type
Levenberg-Marquardt. De plus, nous ne possédons pas toutes les données expérimentales
(évolution de la résistance en bi-compression, de la dilatance, des déformations irréversibles
...) pour identifier correctement tous les paramètres matériaux.
Les principales difficultés rencontrées pour obtenir un accord convenable entre les
deux modèles ont concernées la description de la partie post-pic des courbes de traction
et de compression.
Il est important de noter que durant la montée en température, les simulations montrent
l’apparition d’un endommagement mécanique (avant même l’essai mécanique) dû aux
gradients thermiques initiés lors de la montée en température (voir Fig. 4.9). La prise en
compte numérique du chargement thermique expérimental et de la réponse du béton à
celui-ci s’avère donc essentiel.
T [°C] D
246 0
250 0,5
Les résultats (voir Fig 4.10) montrent un bon accord entre les deux modèles identifiés
mécaniquement et les résultats expérimentaux (malgré quelques différences concernant la
courbe post-pic des deux modèles).
TAB . 4.3: Paramètres mécaniques (macros, modèles EEI et EPEO avec DTT).
90
80 250°C Exp
250°C Sim EEI
70 250°C Sim EPEO
60
σ [MPa]
50
40
30
20
10
0
0 2500 5000 7500 10000
ε [µm/m]
1,00
120°C
250°C
0,80
400°C
600°C
0,60
D
0,40
0,20
0,00
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
x [m]
1,00 1,00
0,80 0,80
0,60 0,60
D
D
0,40 0,40
0,20 0,20
0,00 0,00
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
x [m] x [m]
EEI sans DTT EEI avec DTT EEI sans DTT EEI avec DTT
EPEO avec DTT EPEO avec DTT
F IG . 4.12: D(x) (à chaud, EEI sans et avec DTT et EPEO avec DTT, 1˚C/min).
Ces résultats montrent des valeurs d’endommagement mécanique plus faibles pour
le modèle EPEO (différence non négligeable entre les deux courbes pour les modèles EEI
avec DTT et EPEO avec DTT à 250˚C). La différence observée résulte du comportement
statique différent après le déchargement en traction. Pour une déformation de traction
donnée, l’endommagement est plus faible si les déformations inélastiques sont prises
en compte.
D
0
0,5
L’effet de la DTT est encore plus significatif. En effet, il tend à relaxer les contraintes
prédites, ce qui conduit à des épaisseurs et valeurs d’endommagement plus faibles. Il
est également important de noter que la DTT induit une redistribution des contraintes
dans l’éprouvette et donc une nouvelle localisation de l’endommagement à la surface (en
surface) (voir Fig. 4.13). ce ”nouveau” endommagement est lié aux DTT différentielles
entre la peau et le cœur. Il est à noter que l’on n’observe pas ce résultat lors des simula-
tions de séchage (voir chapitre 3).
La prise en compte la DTT dans les simulations à hautes températures s’avère donc
indispensable pour une prédiction réaliste et fiable du comportement du béton.
Des simulations à 10 ˚C/min ont également été réalisées pour estimer l’influence de la
vitesse de montée en température sur le développement de l’endommagement. L’endom-
magement augmente de manière significative avec la vitesse de montée en température,
comme on peut le constater sur l’exemple de la Fig. 4.14.
1
à 1°C/min
0,8 à 10°C/min
0,6
D
0,4
0,2
0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
x [m]
Un exemple de l’effet du chauffage à 400 ˚C sur les propriétés mécaniques est donné
dans le Tab. 4.4 pour trois modèles mécaniques différents et comparé à des résultats
expérimentaux [174] [12].
4 140
3,5 120
3 100
σ C [Mpa]
σ T [Mpa]
2,5
80
2
60
1,5
1 40
0,5 20
0 0
0 1000 2000 3000 0 2000 4000 6000 8000 10000
ε [µm/m] ε [µm/m]
20°C 120°C 250°C 20°C 120°C 250°C
400°C 600°C 400°C 600°C
F IG . 4.15: σ-ε (T) numériques (macroscopique, EPEO avec DTT, à chaud, 1˚C/min).
– Si la DTT n’est pas prise en compte, une forte diminution du module d’Young et
des résistances en compression et traction est prédit (de 35 à 65 %). Ces résultats
ne sont pas en accord avec les résultats expérimentaux.
– Quand la DTT est prise en compte, mais pas les déformations inélastiques ni l’or-
thotropie induite, une décroissance légèrement plus faible est prédite (de 33 à 63 %).
Ces résultats montrent la nécessité de prendre en compte la DTT pour prédire cor-
rectement l’endommagement induit par le gradient de déformation thermique (même si la
différence n’est pas très élevée). Dans ces exemples, un simple modèle d’endommage-
ment élastique isotrope semble suffisant. Le même résultat a été observé dans le cas du
séchage (voir chapitre 3).
TAB . 4.4: Dégradation des propriétés mécaniques à chaud, 1˚C/min, à 400˚C. Effet du
modèle mécanique.
1 1
0,8 0,8
0,6 0,6
D
D
0,4 0,4
0,2 0,2
0 0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
x [m] x [m]
A chaud A froid A chaud A froid
Une influence similaire (à celle observée à chaud) de la vitesse de montée en tempéra-
ture sur l’endommagement mécanique est observée pour des cycles de chauffage/refroi-
dissement (voir Fig. 4.18).
1 1
0,8 0,8
0,6 0,6
D
D
0,4 0,4
0,2 0,2
0 0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
x [m] x [m]
EEI avec DTT EPEO avec DTT EEI avec DTT EPEO avec DTT
1
at 1°C/min
0,8 at 10°C/min
0,6
D
0,4
0,2
0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
x [m]
2,5 100
2 80
σ C [Mpa]
σ T [Mpa]
1,5 60
1 40
0,5 20
0 0
0 1000 2000 3000 0 2000 4000 6000 8000 10000
ε [µm/m] ε [µm/m]
F IG . 4.19: σ-ε numérique (macroscopique, EPEO avec DTT, à chaud et à froid, à 400˚C,
1˚C/min).
TAB . 4.5: Dégradation des propriétés mécaniques, modèle EPEO avec DTT, 1˚C/min, à
400˚C. Effet du refroidissement [12] [174].
La chute des propriétés mécaniques est beaucoup plus importante après refroi-
dissement (chutes des propriétés variant de 48 à 67 % après refroidissement pour 33,3 à
66,1 % après chauffage). L’effet du refroidissement est plus prononcé en compression
qu’en traction.
Ces résultats peuvent aussi être comparés aux résultats expérimentaux de Hager [12]
(pour un autre type de béton, le BHP M100C avec des fibres, f = 0, 9). Ces comparaisons
concluent à un bon accord entre nos simulations et les résultats expérimentaux. Ce-
pendant, les simulations semblent surestimer les propriétés du matériau après chauffage
et surtout après refroidissement.
La différence entre les résultats à chaud et à froid peut résulter de différents phénomènes
apparaissant durant la phase de refroidissement [12] :
– Le gradient thermique induit durant la phase de refroidissement, qui induit des
contraintes thermiques de signe opposé en comparaison avec la phase de chauffage.
L’absence de DTT durant la phase de refroidissement ne permet pas de relaxer les
contraintes entre la pâte de ciment et les granulats.
– L’augmentation du volume de pâte de ciment, due à la transformation de chaux en
portlandite (voir chapitre 1 §4.2.2) générant de la micro-fissuration.
UY
Phase 1 Phase 2
Traction bi-axiale Traction bi-axiale UX
Les champs d’endommagement sont tracés sur la Fig. 4.21 pour les deux modèles EEI
et EPEO (avec prise en compte de la DTT).
D
0.
0.5
1.
Les résultats obtenus avec le modèle EEI ne sont pas physiques, puisque l’on prédit
alors que le matériau ne sera pas apte à résister à un chargement horizontal. Ceci est dû à la
présence d’une bande d’endommagement (isotrope) verticale pour laquelle le matériau
est complètement endommagé (D approximativement égal à 1).
Avec le modèle EPEO, le chargement horizontal n’est pas autant influencé par la
variable d’endommagement Dyy (la loi initiale σ-ε est retrouvée) et donc on obtient
deux comportements similaires pour les deux directions de chargement. ce même
résultat a été observé dans le cas du séchage (voir chapitre 3 §1.5).
1,4
1,2
1
σ [Mpa]
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 1000 2000 3000 4000
ε [µm/m]
EEI UX EEI UY
EPEO UX EPEO UY
1,4
1,2
1
σ [Mpa]
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 30 60 90 120
ε [µm/m]
EEI UX EEI UY
EPEO UX EPEO UY
F IG . 4.22: σ-ε numériques (bi-traction, EEI et EPEO avec DTT, 1˚C/min, 600˚C).
des simulations sur éprouvette. En effet, l’objectif est de comparer la réponse des
deux modèles, les paramètres matériaux étant identifiés sur les mêmes résultats
expérimentaux.
Les conditions des tests numériques réalisés sont fournies sur la Fig. 4.23.
4m
45 cm UX
D Dxx Dyy
Modèle EEI Modèle EPEO Modèle EPEO
1
EEI sans DTT
EEI avec DTT
0,8 EPEO Dxx
EPEO Dyy
0,6
D
0,4
0,2
0
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30 0,35 0,40 0,45
x [m]
F IG . 4.25: D(x) (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, modèles EEI et EPEO avec DTT, en partie basse
du tunnel).
D Dxx Dyy
Modèle EEI Modèle EPEO Modèle EPEO
F IG . 4.26: D (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, P=2 MPa, modèles EEI et EPEO avec DTT).
Des simulations ont également été réalisées sur une dalle en béton armé, afin de re-
garder l’effet des deux modèles mécaniques sur la réponse de cette dalle à un chargement
thermique.
1
EEI sans DTT
EEI avec DTT
0,8 EPEO Dxx
EPEO Dyy
0,6
D
0,4
0,2
0
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30 0,35 0,40 0,45
x [m]
F IG . 4.27: D(x) (tunnel, 600˚C, 1˚C/min, P=2 MPa, modèles EEI et EPEO avec DTT).
600000 600000
Pression [Pa]
Pression [Pa]
400000 400000
200000 200000
0 0
0 10 20 30 40 50 0 200 400 600 800 1000
EEI sans DTT EEI avec DTT EEI sans DTT EEI avec DTT
EPEO avec DTT EPEO avec DTT
Ces simulations comparant les prédictions de différents modèles peuvent être com-
parées aux études réalisées dans le cadre du benchmark MECA, qui visaient à compa-
rer différents modèles pour prédire le comportement mécanique de différentes structures
(dont des études réalisées sur des poutres en flexion) à température ambiante uniquement
[175].
– Nous avons repris les mêmes propriétés matériaux du BHP M100C de Hager
[12]. La structure testée est une dalle en béton armé.
– Pour des raisons de symétrie et de gain de temps de calcul, l’étude est réalisée en
2D, en configuration de contraintes planes, sur la moitié de la dalle.
La description des essais numériques réalisés est effectuée sur la Fig. 4.29.
2,45 m
Maillage 0,03 m
adopté
UX
Surfaces
Convection adiabatiques
UY
Chargement
Thermique
T= [ 20 à 600°C ]
F
Chargement
en flexion
40
EEI BA
EPEO BA
30
F [kN]
20
10
0
0 5 10 15
UY [mm]
modèle EEI 0
modèle EPEO
Dxx
modèle EPEO
Dyy 1
1
EEI D
EPEO Dxx
EPEO Dyy
0,8
0,6
D
0,4
0,2
0
0,00 0,05 0,10 0,15
y [m]
F IG . 4.32: D(y) (dalle BA, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT).
EEI par rapport au modèle EPEO. Mais la différence de comportement reste faible comme
dans le cas du chargement thermique seul.
On peut également voir l’évolution de l’endommagement après montée en température
jusqu’à 600 ˚ C pour les deux modèles mécaniques EEI et EPEO sur la hauteur de la dalle
sur la Fig.4.34.
Les observations sont les mêmes avec effort de flexion que pour le chargement ther-
mique seul.
Les courbes effort-déplacement sont tracées sur la Fig. 4.35 après chargement ther-
mique pour les deux modèles. On ne note pas de différence fondamentale entre les deux
modèles.
modèle EEI 0
modèle EPEO
Dxx
modèle EPEO
Dyy 1
F IG . 4.33: D (dalle BA, flexion, 600˚C, modèles EEI et EPEO avec DTT).
1
EEI D
EPEO Dxx
EPEO Dyy
0,8
0,6
D
0,4
0,2
0
0,00 0,05 0,10 0,15
y [m]
F IG . 4.34: D(y) (dalle BA, flexion, 600˚C modèles EEI et EPEO avec DTT).
8000
EEI Arrêt de la
EPEO
convergence globale
6000
F [N]
4000
2000
0
0 1000 2000 3000 4000 5000
UY [µm]
Les mêmes données expérimentales de la thèse de Hager ont été utilisées pour iden-
tifier les paramètres de notre modèle dans le cas du maillage hétérogène, pour les phases
pâte de ciment et granulats.
Le protocole, les conditions expérimentales respectées lors de nos simulations, et
les essais numériques effectués pour l’identification des paramètres sont également les
mêmes que ceux dores et déjà utilisés lors de l’étude macroscopique (voir §1).
Notons aussi que nous utiliserons dans le cadre des études réalisées à l’échelle mésosco-
pique le modèle EEI avec DTT.
Comme nous l’avons déjà expliqué au §1.2.1, les propriétés thermiques, conductivité
thermique λ et capacité calorifique Cp, des deux phases, pâte de ciment et granulats, ont
été identifiées à partir des évolutions expérimentales des gradients thermiques à 0,5˚C de
Hager [12], en utilisant pour l’algorithme d’optimisation de Levenberg-Marquardt.
– Pour la pâte de ciment, des lois d’évolutions physiques ont été considérées :
¦ La capacité calorifique apparente suit une évolution marquée par deux pics, cor-
respondant à l’évaporation de l’eau et à la déshydratation de la portlandite
et des C-S-H.
3500 1,4
3000 1,2
Capp [J/(kg.°C)]
λ [W/(m.°C)]
2500 1
2000 0,8
1500 0,6
1000 0,4
500 0,2
0 0
0 100 200 300 400 500 600 0 100 200 300 400 500 600
T [°C] T [°C]
Cp [J/(kg.˚C)] λ [W/(m.˚C)]
518,23 1,0961
Après identification (voir Fig. 4.36 et Tab. 4.6), nous obtenons un bon accord entre
les résultats expérimentaux et numériques sur pâte (voir Fig. 4.37), à 0,5˚C/min (vitesse
de montée en température avec laquelle a été réalisée l’identification des paramètres de
simulation) mais également à 1,0˚C/min (sans recalage des paramètres pour cette nou-
velle vitesse). Les résultats sont de plus similaires entre le modèle macroscopique
précédemment étudié et ce modèle mésoscopique.
60
Exp 0,5°C/min Exp 1°C/min
50 Sim Ho 0,5°C/min Sim Ho 1°C/min
Sim He 0,5°C/min Sim He 1°C/min
Tsurf-Tcoeur [°C]
40
30
20
10
0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]
3.2.2 Paramètres de la DT
La déformation thermique du béton est lié aux coefficients de dilatation thermique
de la pâte de ciment et des granulats. L’identification a été réalisée à partir des essais de
chargement thermiques de Hager [12]. Les résultats de l’identification sont présentés
sur la Fig. 4.39 et les Tab. 4.7 et 4.8.
600
Exp 0,5°C/min
Sim He 0,5°C/min
300
Sim He 1°C/min
200
100
0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]
12000
Pdc DT Exp
Pdc DT Sim
Gr DT Exp
8000 Gr DT Sim
Beton DT Exp
Beton DT Sim
ε th [µm/m]
4000
t
0
0 100 200 300 400 500 600
-4000
T [°C]
4000
2000
ε tot-ε el [µm/m]
0
0 100 200 300
-2000
-4000
A B C
3,5×10−3 1,5×10−4 10×10−3
On note une assez bonne prédiction de la DTSC jusqu’à 300˚C, mais pas de la
DTT. Le problème est lié à l’utilisation du même modèle de DTT que pour le béton
(modèle phénoménologique qui n’est pas adapté à la pâte de ciment).
De ce fait l’identification de la pâte de ciment ne permet pas une très bonne représenta-
tion à l’échelle macroscopique du comportement du béton. Ceci est notamment accentué
par des problèmes de convergence numériques rencontrés lors des simulations jusqu’à
600˚C pour le béton hétérogène.
Les données expérimentales référence pour l’identification sont les courbes de com-
pression expérimentales et les courbes de traction type issues de la littérature. Les pa-
ramètres mécaniques à déterminer pour les deux phases sont :
– Le coefficient de Poisson des deux phases est pris constant égal à 0,2.
– Les paramètres du modèle EEI sont considérés identiques pour les deux phases,
évoluant en température.
Les paramètres mécaniques pour le modèle EEI sont alors identifiés par optimisation
avec l’algorithme de Levenberg-Marquardt [173] et aboutissent à un accord partiel entre
les résultats expérimentaux et de simulation.
Le Tab. 4.10 regroupe les paramètres mécaniques identifiés pour l’étude à l’échelle
mésoscopique.
6,00 90
Exp Exp
80
5,00 Sim
Sim 70
4,00 60
σ c [MPa]
σ t [MPa]
50
3,00
40
2,00 30
20
1,00
10
0,00 0
0 200 400 600 800 1000 0 1000 2000 3000
ε [µm/m] ε [µm/m]
D D
0 0
1 1
homogène, alors que pour le béton hétérogène, cette influence semble plus faible.
Il faut noter cependant que l’endommagement prédit ici dans le cas du béton hétéro-
gène est probablement surestimé du fait de la non prise en compte des décohésions aux
interfaces pâte de ciment/granulats.
De plus, au sein des granulats, l’endommagement est nul ou très faible. Un modèle
élastique non endommageable pour les granulats semble donc suffisant.
à différentes échelles :
Ces trois mécanismes, liés aux trois échelles d’observation du béton sont difficilement
différentiables expérimentalement. L’étude réalisée, utilisant les approches macrosco-
pique et mésoscopique vise donc à rendre leur identification et leur séparation possible à
l’aide de simulations numériques d’essais ”virtuels” non réalisables expérimentalement,
l’objectif à long terme étant d’aboutir à des lois macroscopiques décrivant ces différents
endommagements pour le calcul de structures.
Pour isoler ces différents mécanismes d’endommagement, des simulations aux élé-
ments finis sont réalisées correspondant à des essais ”virtuels” (e.g. essai avec chargement
thermique uniforme au sein d’une éprouvette en béton), tenant compte explicitement ou
non de la composition hétérogène du béton à l’échelle mésoscopique.
Les transferts de masse (eau et air) ne sont toujours pas considérés, notre étude étant
centrée sur des faibles vitesses de montée en température (de l’ordre de 1˚C/min). Ces ef-
fets (et plus particulièrement les montées en pression de gaz) sont alors supposés faibles.
De plus, l’auréole de transition n’est pas prise en compte puisque nous étudions un béton
à hautes performances contenant de la fumée de silice (voir chapitre 1 §1.3).
Pour chacune de ces simulations, l’effet de la DTT sur ces trois mécanismes d’endom-
magement identifiés est également étudié.
Les Fig. 4.43, 4.44 et 4.45 représentent l’effet du gradient thermique sur l’évolution
des propriétés mécaniques du béton en température.
1
0,9
0,8
F IG . 4.43: Dégradation du module d’Young due au gradient thermique (0= tous les
phénomènes sont pris en compte, sans δ= gradient thermique non pris en compte :
température uniforme).
1
Arrêt de la
0,9 convergence globale
0,8
fc0(T)/f csans δ(T)
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 Sans DTT
0,95
ft0(T)/f tsans δ(T)
0,9
0,85
Sans DTT
Avec DTT
0,8
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]
1
0,9
Esans δ,γ (T)/E sans δ,γ (20°C)
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 Sans DTT
0,1 Avec DTT
0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]
1
0,9
La DTT étant lié au gradient thermique, son introduction n’a ici aucune influence sur
l’endommagement lié à la déshydratation et aux réactions chimiques induites lors de
la montée en température (le gradient thermique étant nul).
1
0,9
0,8
1
0,9
0,8
fcsans δ(T)/f csans δ,γ (T)
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2 Sans DTT
La fig. 4.50 permet de comparer les trois mécanismes d’endommagement du béton ob-
servés précédemment sur la dégradation du module d’Young. L’effet des réactions chi-
miques intervenant au sein de la pâte de ciment et des granulats est prépondérant,
le caractère hétérogène du matériau ayant un effet non négligeable pour les hautes
températures.
1
0,9
0,8
0,7
0,6
E/E0
0,5
0,4
0,3 Gradient Thermique
0,2 Physico-chimie
0,1 Incompatibilités pdc/gr
0
0 100 200 300 400 500 600
T [°C]
Afin d’étudier plus particulièrement l’influence sur l’endommagement dû aux in-
compatibilités de déformations entre pâte de ciment et granulats (lié au caractère
hétérogène du béton), des simulations ont été réalisées soumettant ces 3 mésostructures à
une montée en température uniforme sur tout le maillage jusqu’à 600˚C.
Il est à noter que l’endommagement lié aux incompatibilités des granulats n’a été ob-
servé sur ces mésostructures qu’à 600˚C, il aurait fallu effectuer des simulations pour des
températures comprises entre 400 et 600˚C pour voir l’endommagement lié aux incompa-
tibilités à leur apparition entre 400 et 600˚C.
Cette observation nous amène à conclure qu’il ne nous semble pas, contrairement à
l’approche proposée par Mounajed [22], que la déformation thermique transitoire s’ex-
plique en deçà de 400˚C par les incompatibilités de déformation. En effet, en deçà de
400˚C, nous n’observons pas de d’endommagement lié à ces incompatibilités.
G1-10 G4-10 D
0
Le Tab. 4.12 permet de visualiser l’influence de la taille des granulats sur la dégradation
des propriétés mécaniques du béton due aux incompatibilités de déformations entre pâte
de ciment et granulat. Ces résultats ont été obtenus en réalisant des simulations avec
montée en température uniforme et prise en compte ou non de la dilatation des granulats
et de la pâte de ciment (coefficients de dilatation nuls ou non).
TAB . 4.12: Dégradation des propriétés mécaniques. Effet de la taille des granulats.
G4-35 G4-10 D
0
La dégradation des propriétés mécaniques est très affectée par la teneur en gra-
nulats, avec une dégradation très importante du module d’Young et des résistances en
compression et en traction.
La teneur en granulats a donc, par comparaison des Tab. 4.12 et 4.13, un effet bien
plus important que la taille des granulats. Ce résultat est similaire à ce qui a été observé
lors du séchage (voir chapitre 3). Par contre, contrairement aux résultats observés lors
du séchage, on note ici une dégradation plus importante des résistances, par rapport au
module d’Young.
4 Conclusions du chapitre
Ce chapitre fait le point sur l’étude du comportement mécanique et plus particulière-
ment de la fissuration et de l’évolution des propriétés mécanique du béton soumis aux
hautes températures.
On peut conclure dans un premier temps, compte tenu des travaux réalisés à l’échelle
macroscopique, comparant les deux modèles d’endommagement, que ceux-ci donnent
des résultats similaires, même pour l’étude de ”structures” (poteaux, poutres, dalles, tun-
nels,...), le modèle d’endommagement élastique isotrope étant par contre plus simple et
moins riche en paramètres à identifier. Les principales différences constatées sont liées en
fait à des chargements de type bi-axiaux, pour lesquels l’intérêt du modèle orthotrope est
alors observé.
Pour l’étude à l’échelle mésoscopique, l’identification de la dégradation due aux in-
compatibilités de déformations entre la pâte de ciment et les granulats a pu être réalisée.
Une première étude paramétrique visant à montrer l’influence de la taille et de la teneur
en granulat a également été menée, concluant sur une non influence à priori de la taille
des granulats. Néanmoins, nous devrions mettre en œuvre des simulations numériques de
Monte Carlo, en générant beaucoup plus de mésostructures pour pouvoir s’assurer de nos
bonnes conclusions sur la non influence de la taille des granulats. Par contre, les premiers
calculs réalisés montrent clairement une influence de la teneur en granulats.
On peut donc remarquer le même type de conclusions que pour le cas du séchage,
hormis le fait que l’on observe ici une plus grande dégradation des résistances par rapport
à celle du module d’Young.
CONCLUSIONS :
Les travaux menés et explicités dans ce mémoire visaient donc à séparer les effets
intrinsèques physico-chimiques des autres effets (gradients et incompatibilités de défor-
mation) dans l’étude du comportement mécanique du béton lors du séchage et de la
montée en température (jusqu’à 600˚C), cette séparation étant difficile, voire impossible
à réaliser expérimentalement.
Ainsi, le rôle des incompatibilités s’avère important pour le séchage et les températu-
res. Concernant le séchage, nous observons une dégradation du comportement mécanique
assez rapidement lorsque l’humidité relative décroı̂t, alors qu’en température, la dégra-
dation des propriétés mécaniques est n’observée qu’au delà de 400˚C). Dans le cas du
séchage, la dégradation des propriétés mécaniques ne semble pas être liée, de façon pro-
portionnelle, au degré de saturation ou à l’humidité relative. L’étude paramétrique nous
suggère que la fissuration est fortement dépendante de la teneur en inclusions. Par contre,
nous n’avons pas noté d’effet significatif de la taille des inclusions (et donc du rapport
surface de contact/volume). Toutefois, il faut souligner que l’étude sur le séchage a révélé
des résultats en contradiction avec l’expérience (heureusement !). Les dégradations cal-
culées sont très importantes !
Les effets des gradients s’avèrent eux négligeables pour le séchage, dès que les défor-
mations de fluage sont prises en compte. Si celles-ci ne sont pas considérées, une plus
grande épaisseur endommagée ainsi qu’une dégradation associée des propriétés mécani-
ques plus importante sont observées. L’étude thermo-mécaniques montre elle-aussi une
influence importante des déformations thermiques transitoires, mais également de la vi-
tesse de montée en température. En effet, les déformations différées ont tendance à relaxer
les contraintes générées.
De plus, les études menées sur le modèle de fissuration répartie mènent aux résultats
suivants : les deux modèles d’endommagement élastique isotrope et d’endommagement
élasto-plastique orthotrope donnent des résultats similaires dans plusieurs cas, que ce soit
à l’échelle de l’ ”éprouvette” comme à l’échelle de la ”structure”. Les seules différences
de comportement observées entre ces deux modèles concernaient l’étude de chargements
bi-axiaux forts, qui ne sont rencontrés que rarement en réalité.
D’une manière générale, ces deux modèles fournissent des résultats similaires, alors
que le modèle EEI s’avère beaucoup plus simple au niveau de son implantation numérique
(toutes les équations locales sont analytiques), de la rapidité de calcul et de l’identification
des paramètres matériaux (relativement peu de données sont à introduire).
Cette comparaison entre ces 2 modèles nous semble pertinente, car nous n’avons pas
trouvé de comparaisons de modèle de fissuration dans la littérature, lors d’étude du com-
portement du béton soumis au séchage ou à des hautes températures.
Cette étude réalisée sur les modèles mécaniques adaptés à la prédiction du compor-
tement en séchage ou à hautes températures est une des premières réalisées, même si
d’autres travaux avaient été menés auparavant sur la prédiction du comportement méca-
nique du béton sans sollicitation environnementale particulière [175].
PERSPECTIVES :
On peut distinguer deux voies de perspectives possibles pour la poursuite de ces pre-
miers travaux réalisés sur l’approche mésoscopique pour l’étude en séchage et à hautes
températures.
Du point de vue expérimental, il est nécessaire pour identifier au mieux les paramètres
des modèles de disposer de beaucoup plus d’informations sur le béton, la pâte de ciment
et les granulats pour un même ciment (courbe complète contrainte-déformation, séchage,
retrait, fluage ...). Cette démarche est surtout essentielle pour l’étude de séchage, pour
laquelle nous disposions de moins d’informations qu’à hautes températures.
Dans notre travail nous avons fait l’hypothèse que toutes les déformations différées
étaient identiques en compression et en traction. Ainsi, les déformations de fluage per-
mettent alors effectivement de relaxer les contraintes. Cette hypothèse nous semble cor-
recte. Toutefois, elle nécessite une validation expérimentale (pas disponible à notre connais-
sance actuellement à température ambiante pour des bétons matures). De plus, aucun
résultat concernant les déformations thermiques transitoires n’est disponible dans la littéra-
ture.
De plus, dans ces travaux l’influence de l’auréole de transition n’a pas été étudiée. Il
s’avère donc nécessaire d’intégrer cette troisième phase dans notre étude. Etant donné la
faible épaisseur de cette auréole, il nous parait pertinent d’utiliser des éléments d’inter-
face, avec un critère de type Mohr-Coulomb. Ceci permettrait également de rendre compte
des décohésions aux interfaces de façon plus réaliste. Des premiers travaux ont démarré
sur ce sujet.
Il est aussi nécessaire pour être plus prédictif d’envisager des calculs 3D (e.g. comme
ceux réalisés pour des études comparables sur la RAS [23]), ainsi qu’une approche proba-
biliste, étant donné que les mésostructures sont générées aléatoirement.Ce type de simu-
lations nécessite des moyens de calcul assez importants. Cette approche semble encore
délicate, à l’heure actuelle.
Pour le cas de l’étude à hautes températures, il est nécessaire de prendre en compte les
transferts de phase et de prendre en compte la physico-chimie de façon plus réaliste (par
l’intermédiaire d’un degré de déshydratation, dépendant de la vitesse de montée/descente
de la température).
Enfin, les mésostructures générées sont encore éloignées de l’image d’un béton réel
à cette échelle. Une approche réellement multi-échelle reste à développer. Toutefois,
nous soulignerons, que même sous un chargement statique à température ambiante, la
modélisation mésoscopique peut conduire à des résultats aberrants : i.e une diminution
des résistances mécaniques lorsque la teneur en granulats augmente, liée probablement
aux concentrations de contraintes !
L’ensemble des simulations réalisées durant la thèse sont effectuées sur le logiciel de
calcul aux Eléments finis Cast3M, développé par le Commissariat à l’Energie Atomique.
1. Détermination de ∆εtn+1 :
2. Détermination de ∆εtm
n+1 :
∆εtm ∗
n+1 = M.∆Tn+1 .σ̃n+1
(4.4)
avec σ̃∗n+1 = (1 − η).σ̃n + η.σ̃n+1
Où σ̃n et σ̃n+1 représentent les contraintes effectives aux pas de temps n et n + 1,
et 0 ≤ η ≤ 1 (η = 0 pour un schéma numérique explicite, η = 1 pour un schéma
implicite). On prendra η = 1 par la suite.
∆εtm
n+1 = M.∆Tn+1 .[(1 − η).σ̃n + η.σ̃n+1 ]
tm (4.5)
∆εn+1 = M.∆Tn+1 .(σ̃n + η.∆σ̃n+1 )
3. Détermination de ∆σ̃n+1 :
En remplaçant les variables des déformations thermiques libres et des DTT par les
expressions précédemment données (voir eq. 4.3 et 4.5), l’équation 4.7 peut être
résolue pour obtenir l’incrément de contraintes effectives ∆σ̃n+1 à la fin du pas de
temps n :
4. Détermination de σ̃n+1 :
5. Determination of εen+1 :
6. Détermination de Dn+1 :
7. Détermination de σn+1 :
Les contraintes apparentes au pas de temps n+1 sont obtenues à partir des contraintes
effectives.
Les algorithmes de résolution généraux pour les deux modèles sont fournis sur les
figures 4.53 et 4.54.
❄
2. Calculs de l’incrément de contrainte effective
∆σ̃n+1 et σ̃n+1 (Eq. 4.8 and 4.10)
❄
3. Calcul de la déformation élastique εen+1 (Eq. 4.11)
❄ ❄
¡
¡ ❅
❅ ¡ ❅
¡ ❅
¡ ❅ ¡ ❅
¡ f >0 ❅ ¡ f ≤0 ❅
❅ ¡ ❅ ¡
❅ ¡ ❅ ¡
❅
❅¡¡ ❅
❅¡¡
❄
❄
6.a Calcul de la variable
d’endommagement Dn+1 6.b Dn+1 = Dn
(Eq. 2.23 and 2.24)
❄
7. Calcul des contraintes apparentes
finales σn+1 (Eq. 4.12)
❄
2. Calculs de l’incrément de contrainte effective
∆σ̃n+1 et σ̃n+1 (Eq. 4.8 and 4.10)
❄
3. Calcul des déformations plastiques cumulées
τc et τ̂t
❄
4. Calcul des critères de
Drucker-Prager et Rankine (Eq. 2.27)
❄ ❄
¡❅
¡ ❅ ¡❅
¡ ❅
¡ ❅ ¡ ❅
¡ Fc > 0 ❅ ¡ Fc ≤ 0 ❅
❅ ou Ft > 0 ¡ ❅ et Ft ≤ 0 ¡
❅ ¡ ❅ ¡
❅❅¡ ¡ ❅ ❅¡ ¡
❄
6.a Calcul de Kn+1 , ❄
puis de la variable
6.b Dn+1 = Dn
d’endommagement Dn+1
(Eq. 2.23 and 2.24)
❄
7. Calcul des contraintes apparentes
finales σn+1 (Eq. 4.12)
[1] R.F. Feldman and P.J. Sereda. The model for hydrated portland cement as deduced
from sorption-length change and mechanical properties. Materials and Construc-
tion, 1 :509–520, 1968.
[2] P.K. Mehta. Concrete, structure, properties and materials. In Englewood Cliff, New
Jersey : Prenctice-Hall, 1986.
[3] M. Regourd. Le béton hydraulique, chapter L’eau. Presse de l’ENPC, 1982. 59–68.
[4] J. Stark and B. Wicht. Dauerhaftigkeit von beton der baustoff als werkstoff. Wei-
mar, 2001. Bau Praxis.
[5] I. Soroka. Portland cement paste and concrete. Londres, 1979. Macmillan.
[6] F.J. Ulm, F. Le Maou, and C. Boulay. Creep and shrinkage coupling : new review
of some evidence. Revue Française de Génie Civil, 3 :21–37, 1999.
[7] J. Piasta. Heat deformation of cement phases and microstructure of cement paste.
In Materials and structures : research and testing, RILEM, volume 17, pages 415–
420, Paris, 1989.
[8] Y. Collet. Etude des propriétés du béton soumis a des températures élevées entre
200 et 900 ˚ c. Annales des Travaux Publics Beiges, (4) :332–338, 1977.
[9] M. Castellotea, C. Alonsoa, C. Andradea, X. Turrillasa, and J. Campoc. Compo-
sition and microstructural changes of cement pastes upon heating, as studied by
neutron diffraction. Cement and Concrete Research, 34 :1633–1644, 2004.
[10] Z. P. Bažant and W.J. Raftshol. Effect of cracking in drying and shrinkage speci-
mens. Cement and Concrete Research, 12 :209–226, 1982.
[11] A.N. Noumowe. Effet des hautes températures (20-600 ˚ C) sur le béton. Cas par-
ticulier du béton à hautes performances. PhD thesis, INSA, Lyon, 1995.
[12] I. Hager. Comportement à haute température des bétons à haute performance -
évolution des principales propriétés mécaniques. PhD thesis, Ecole Nationale des
Ponts et Chaussées & Ecole Polytechnique de Cracovie, 2004.
[13] G. Mounajed and W. Obeid. Modélisation du comportement thermo-hygro-
mécanique des bétons à hautes températures - rapport intermédiaire pour le
livre bhp 2000. Technical report, CSTB, division MOdélisation CAlcul et
Développement MOCAD, Juin 2001.
[28] P. Acker and F.-J. Ulm. Creep and shrinkage of concrete : physical origins and
practical measurements. Nuclear Engrg. Des., 203 :143–158, 2001.
[29] F.H. Wittmann. Creep and shrinkage of concrete structures, chapter Creep and
shrinkage mechanisms. Londres, Londres, 1982.
[30] J. Mazars. Application de la mécanique de l’endommagement au comportement
non linéaire et à la rupture du béton de structure. PhD thesis, Univ. Paris 6, ENS
Cachan, 1984.
[31] L.M. Kachanov. Introduction to continuum damage mechanics. Martinus Nijhoff
Publishers, Dordrecht (The Netherlands), 1986.
[32] J.C. Maso. La liaison entre les granulats et la pâte de ciment hydraté. In 7ème
Congrès International de la chimie des ciments, Rapport principal, Paris, 1980.
[33] H. Viallis-Terrisse. Interaction des Silicates de Calcium Hydratés, principaux
constituants du ciment, avec les chlorures d’alcalins. Analogie avec les argiles.
PhD thesis, Université de Bourgogne, 2000.
[34] T.C. Powers. The thermodynamics of volume change and creep. Materials and
Constructions, 1(6), 1968.
[35] I. Guénot-Delahaie. Contribution à l’analyse physique et à la modélisation du
fluage propre du béton. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 1997.
[36] F.H. Wittmann. Fundamental principles of a model describing the characteristic
properties of concrete. Schriftenreihe Deutscher Ausschuss für Stahlbeton, 290,
1977.
[37] J. Baron and J.P. Ollivier. La durabilité des bétons. Presse de l’Ecole Nationale
des Ponts et Chaussées, Paris, 1992.
[38] V. Baroghel-Bouny. Caractérisation des pâtes de ciment et des bétons. Méthodes,
analyse, interprétation. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 1994.
[39] T.C. Hansen. Physical structure of hardened cement paste. a classical approach.
Materials and Structures, 19(114) :423–436, 1986.
[40] Z. P. Bažant. Thermodynamics of hindered adsorption and its implications for
hardened cement paste and concrete. Cement and Concrete Research, 2 :1–16,
1972.
[41] G. Dreux. Guide pratique du béton. Collection de l’ITBTP, 1970.
[42] F. de Larrard. Structure granulaire et formulation des bétons. LCPC, 2000.
[43] P.J.M. Monteiro. Modélisation unidimensionnelle des transferts couplés de chaleur,
air et eau dans un milieu poreux : le béton soumis à un processus de déshydratation.
In 8th ICCC, volume 3, page s.433, Rio de Janeiro, 1986.
[44] R. Zimbelman. Cement and Concrete Research, 17(4) :S.651, 1987.
[45] S. Diamond. The microstructure of cement paste in concrete. In VII International
Cong. Chem. Cem., volume 1, pages 113–121, Rio de Janeiro, 1986.
[60] Y. Xi, Z.P. Bažant, L. Molina, and H.M. Jennings. Moisture diffusion in cementi-
tious materials : moisture capacity and diffusivity. Advanced Cement Based Mate-
rials, 1 :258–266, 1994.
[61] F.H. Wittmann. Le séchage et le retrait de dessiccation du béton. pages 15–26,
Strasbourg, France, 1997. Expérimentation et Calcul en Génie Civil EC97. Recueil
de publications.
[62] R. Witasse. Contribution à la compréhension du comportement d’une coque
d’aéroréfrigérant vieilli : définition d’un état initial, influence des effets différés
sous sollicitations hydromécaniques. PhD thesis, INSA de Lyon, 2000.
[63] F. Benboudjema. Modélisation du comportement différé du béton sous solicitations
biaxiales. Applications aux enceintes de confinement de bâtiments réacteurs des
centrals nucléaires. PhD thesis, Université de Marne-La-Vallée, 2002.
[64] Z. P. Bažant and L.J. Najjar. Non linear water diffusion in non saturated concrete.
Materials and Structures, 5(25) :3–20, 1972.
[65] O. Coussy, V. Baroghel-Bouny, P. Dangla, and M. Mainguy. Evaluation de
perméabilité à l’eau liquide des bétons à partir de leur perte de masse durant le
séchage. In actes du séminaire Transferts 2000, pages 97–108, Paris, France, 2000.
[66] R. Mensi, P. Acker, and A. Attolou. Séchage du béton : analyse et modélisation.
Materials and Structures, 21 :3–10, 1988.
[67] S. Brunauer, J. Skalny, and E.E. Bodor. Adsorption on nonporous solids. Journal
of Colloid and Interface Science, 30(4) :546–552, 1969.
[68] M. Th. van Genuchten. A closed-form equation for predicting the hydraulic
conductivity of unsaturated soils. Soil Science Society of America, 44 :892–898,
1980.
[69] P. Aitcin, A. Neville, and P. Acker. Les différents types de retrait du béton. Bulletin
des Laboratoires des Ponts et Chaussées, 215 :41–51, 1998.
[70] F.H. Wittmann. Surface tension, shrinkage and strength of hardened cement paste.
Materials and Structures, 1(6) :547–552, 1968.
[71] W. Obeid, G. Mounajed, and A. Alliche. Experimental identification of biot’s
hydro-mechanical coupling coefficient for cement mortar. Materials and Struc-
tures, 35 :229–236, 2002.
[72] Z. P. Bažant and Y. Xi. Drying creep of concrete : constitutive model and new
experiments separating its mechanisms. Materials and Structures, 27 :3–14, 1994.
[73] L. Granger. Comportement différé du béton dans les enceintes de centrales
nucléaires. Analyse et modélisation. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et
Chaussées, 1996.
[74] F. Meftah, J.M. Torrenti, W. Nechnech, F. Benboudjema, and C. De Sa. An elasto-
plastic damage approach for the modelling of concrete submited to the mechanical
induced effects of drying. In ed. Rilem, editor, recueil de publications de Shrinkage
2000, 2000.
[75] Schrefler B.A., Simoni L., and Majorana C.E. A general model for the mechanics
of saturated-unsaturated porous materials. Materials and Structures, pages 323–
334, 1989.
[76] O. Coussy. Mechanics of porous continua. Edition John Wiley and Sons, 1995.
[77] W.G. Gray and B.A. Schrefler. Thermodynamic approach to effective stress in
partially saturated porous media. European Journal of applied Mechanics in Solids,
20 :521–538, 2001.
[78] A.W. Bishop and G.E. Blight. Some aspects of effective stress in saturated and
partly saturated soils. Géotechnique, 13 :177–197, 1963.
[79] L. Dormieux. Application des méthodes d’homogénéisation au transport des mi-
lieux poreux. In Transfert2006, Lille, France, 2006.
[80] W. Ruetz. An hypothesis for the creep of the hardened cement paste and the in-
fluence of simultaneous shrinkage. Londres, 1968. 365–387.
[81] F.J. Ulm and P. Acker. Le point sur le fluage et la recouvrance des bétons. Bulletin
de liaison des Ponts et Chaussées spécial XX, pages 73–82, 1998.
[82] R.P. Lohtia. Mechanism of creep in concrete. Roorkee University Research Jour-
nal, 1-2(12) :37–47, 1970.
[83] Z. P. Bažant, A.B. Hauggaaed, S. Baweja, and F.J. Ulm. Microprestress-
solidification theory for concrete creep. i : Aging and drying effects. Journal of
Engineering Mechanics, 123(11) :1188–1194, 1997.
[84] Z. P. Bažant and J.C. Chern. Concrete creep at variable humidity : constitutive law
and mechanism. Materials and Structures, 18(103) :1–20, 1985.
[85] F. Benboudjema, F. Meftah, J.M. Torrenti, and G. Heinfling. Analyse des essais de
fluage propre réalisés sur des pâtes de ciment, mortiers et bétons, avec mesures des
déformations principales. Rapport interne EDF, page 88 p., octobre 2000.
[86] R. Le Roy and L. Granger. Calcul des déformations instantanées et de fluage propre
du béton à partir de celles de la pâte de ciment. Bulletin de liaison des Ponts et
Chaussées, pages 67–78, 1995.
[87] G. Pickett. The effect of change in moisture content on the creep of concrete under
a sustained load. J. of the Am. Concrete Inst., 38 :333–355, 1942.
[88] M. Buil. Etude numérique simplifiée de l’influence de l’effet de fissuration super-
ficielle du béton dans des essays de fluage de desiccation récents. Materials and
Structures, 23 :341–351, 1990.
[89] A. Gens and S. Olivella. Thm phenomena in saturated and unsaturated porous
media. In RFGC, 5(6), Environmental Geomechanics, pages 693–717, 2001.
[90] T.Z. Harmathy. Thermal properties of concrete at elevated temperatures. ASTM
Journal of Materials, 5 :132–142, 1970.
[91] U.-M. Jumppanen. Effect of strength on fire behavior of concrete. Nordic Concrete
Research, 8 :116–127, 1989.
[92] G.A. Khoury. Strain components of nuclear-reactor-type concrets during first heat
cycle. Nuclear Engineering and Design, 156 :313–321, 1995.
[93] J. Sliwinski and W. Ehrenfeld. Déformation thermiques des pâtes et des mortiers
avec ajout de fumée de silice à haute température. pages 83–88, University of
Zilina, Slovaquie, 1998. Concrete and Concrete Structures.
[94] A. Menou. Etude du comportement thermomécanique des bétons à haute
température : Approche multi-échelles de l’endommagement thermique. PhD the-
sis, Université de Pau et des pays de l’Adour, 2004.
[95] S.L. Meyres. Thermal expansion characteristics of hardened cement paste and of
concrete. In Proceedings of the Highway Research Board, volume 30, pages 193–
203, 1950.
[96] L.J. Mitchell. Thermal properties. In ASTM Special Technical Publication, number
169, pages 129–135, Philadelphia, 1953.
[97] Z. P. Bažant and M.F. Kaplan. Concrete at high temperatures, material properties
and mathematical models. Concrete Design and Construction Series, °Longman
c
Group Limited, 1996.
[98] G.A. Khoury, B.N. Grainger, and G.P.E. Sullivan. Strain of concrete during first
heating to 600 ˚ c under load. Magazine of concrete research, 37 :195–215, 1985.
[99] F. Lea and R. Stradling. The resistance of fire of concrete and reinforced concrete.
Engineering, 110 :293–298, 1922.
[100] G.A. Khoury, P. Sullivan, and B. Grainger. Transient thermal strain of concrete :
literature review, conditions within specimen and behaviour of individual consti-
tuents. Magazine of Concrete Research, 37 :131–144, 1985.
[101] U. Schneider. Concrete at high temperatures : A general review. Fire Safety Jour-
nal, 13 :55–68, 1988.
[102] Y. Anderberg and S. Thelandersson. Stress and deformation characteristics of
concrete at high temperature. Internal rep. number alba15/04-01, Lund Institute of
Technology (Sweden) : Division of Structural Mechanics and Concrete Construc-
tion, 1973.
[103] U. Schneider. Behaviour of concrete at high temperatures. Technical report, RI-
LEM, Report to Committee n˚44-PHT, Paris, 1982.
[104] T.C. Hansen and L. Eriksson. Temperature change on behavior of cement
paste, mortar and concrete under load. Journal of American Concrete Institute,
63(4) :489–504, 1966.
[105] L.T. Parrot. A study of transitionnal thermal creep in hardened cement paste. Ma-
gazine of Concrete Research, 31(107) :99–103, 1979.
[106] U. Diederichs, U. Jumppanen, and V. Fenttala. Behaviour of high strength concrete
at elevated temperatures. In Report 92, page 72, Helsinki University of technology,
Departement of structural Engineering, 1992.
[107] P. Kalifa and M. Tsimbrovska. Comportement des bhp à hautes températures, etat
de la question et résultats expérimentaux. Cahier de CSTB, 3078, 1998.
[108] Y. Anderberg, L.T. Phan, N. J. Carino, D. Duthinh, and E. Garboczi. Spalling phe-
nomena of hpc and oc. Technical report, International Workshop on Fire Perfor-
mance of High Strength Concrete, NIST Special Publication 919, February 1997.
[109] N. Hearn. Effect of shrinkage and load-induced cracking on water permeability of
concrete. ACI materials journal, pages 234–241, 1999.
[110] J. Bisshop, L. Pel, and J.G.M. van Mier. Effect of aggregate size and paste volume
on drying shrinkage microcracking in cement-based composites. In Z.P. Bažant eds
F. Ulm and F.H. Wittmann, editors, Creep, Shrinkage and Durability Mechanics
of Concrete and other Quasi-Brittle Materials, pages 75–80, MIT, Boston, USA,
2001. Proc. of CONCREEP-6 @MIT.
[111] D. Perraton and P.C. Aı̈tcin. Perméabilité du béton de peau. le choix du granu-
lat peut-il s’avérer un élément plus déterminant que le rapport e/c ? Bulletin des
laboratoires des ponts et chaussées, 232 :59–72, 2001.
[112] F.H. Wittmann. Einflu ? des feuchtigkeitsgehaltes auf das kriechen des zement-
steines. Rheologica Acta, 9(2) :282–287, 1970.
[113] J.J Brooks and A.M. Neville. A comparison of creep, elasticity and strength
of concrete in tension and in compression. Magazine of Concrete Research,
29(100) :131–141, 1977.
[114] P. Dantec and G. Terme. Séchage et comportement différé du béton : influence de
la cinétique de dessiccation sur le comportement mécanique des bétons. Technical
report, Rapport 1.41.02.5 du LCPC, 88 p., 1996.
[115] V. Kanna, R.A. Olson, and H.M. Jennings. Effect of shrinkage and moisture content
on the physical characteristics of blended cement mortars. Cement and Concrete
Research, 18(10) :1467–1477, 1998.
[116] N. Burlion, F. Bourgeois, and J.-F. Shao. Effects of desiccation on mechanical
behaviour of concrete. Cement & Concrete Composites, 27 :367–379, 2005.
[117] I. Yurtdas, H. Peng, N. Burlion, and F. Skoczylas. Influences of water by cement ra-
tio on mechanical properties of mortars submitted to drying. Cement and Concrete
Research, 36 :1286–1293, 2006.
[118] S.E. Pihlajavaara. A review of some of the main results of a research on the aging
phenomena of concrete : effect of moisture conditions on strength, shrinkage and
creep of mature concrete. Cement and Concrete Research, 4(5) :761–771, 1974.
[119] J.M. Torrenti. Comportement multiaxial du béton : Aspects expérimentaux et
modélisation. PhD thesis, ENPC, 1987.
[120] J.A. Hanson. Effects of curing and drying environments on splitting tensile strength
of concrete. Journal of the American Concrete Institute, 65(7) :535–543, 1968.
[121] B. Fouré. Note sur la chute de résistance à la traction du béton léger consécutive
à l’arrêt de la cure humide. Technical report, Annales de l’Institut Technique du
Bâtiment et des Travaux Publics, 1985.
[122] F. de Larrard and J.L. Bostvirronois. On the long term losses of silica fume high
strength concretes. Magazine of Concrete Research, 43(155), 1991.
[123] P. Pimienta. Evolution des caractéristiques des bhp soumis à des températures
élevées (tranche 1), résistances en compression et modules d’élasticité. Technical
report, Rapport BHP 2000, 1999.
[124] J.C. Maréchal. Variations of the modulus of elasticity and poisson’s ratio with
temperature. In Concrete for nuclear reactors, volume 1, pages 495–503, Detroit,
1972. Americain Concrete Institute SP.
[125] Z. P. Bažant and C. Prat. Effect of temperature and humidity on fracture energy of
concrete. ACI Materials Journal, 1988. Technical paper Title no 85-M32.
[126] G. Heinfling. Contribution à la modélisation numérique du comportement du béton
et des structures en béton armé sous sollicitations thermomécaniques à hautes
températures. PhD thesis, INSA Lyon Univ. Lyon I,, 1998.
[127] T. Harada, J. Takeda, S. Yamane, and F. Furumura. Strength, elasticity and thermal
properties of concrete subjected to elevated temperatures. In Concrete for nuclear
reactors, number 39, pages 179–203, Detroit, 1996. Americain Concrete Institute
SP.
[128] J. Lemaitre and J.-L. Chaboche. Mécanique des matériaux solides. 2ème édition
Dunod, 1988.
[129] J.W. Ju. On energy-based coupled elastoplastic damage theories : constitutive mo-
deling and computational aspects. Int. J. Solids Struct., 25(7) :803–833, 1989.
[130] C. La Borderie. Phénomènes unilatéraux dans un matériau endommageable :
modélisation et application à l’analyse de structures en béton. PhD thesis, Univ.
Paris VI, 1992.
[131] F. Benboudjema, F. Meftah, and J.M. Torrenti. A viscoelastic approach for the as-
sessment of the drying shrinkage behaviour of concrete. Materials and Structures,
40(2) :163–253, 2007.
[132] Petersson P. E. Hillerborg A., Modeer M. Analysis of crack formation and crack
growth in concrete by means of fracture mechanics and finite elements. Cement
and Concrete Research, 6 :773–782, 1976.
[133] N. Moes, J. Dolbow, and T. Belytschko. A finite element method for crack growth
without remeshing. International Journal of for Numerical Methods in Enginee-
ring, 46 :131–150, 1999.
[134] E.L. Wilson, R.L. Taylor, W.P. Doherty, and J. Ghaboussi. Numerical Computer
Models in Structural Mechanics, chapter Incompatible displacement models. Aca-
demic Press, New York, 1973.
[135] E. Schlangen and J.G.M. Van Mier. Simple lattice model for numerical simulation
of fracture of concrete materials and structures. Mater. Struct., 25 :534–542, 1992.
[136] S. Melnyk, M. Hautefeuille, J.B. Colliat, and A. Ibrahimbegovic. Failure model for
heterogeneous structures using structured meshes and accounting for probability
aspects. Comp. & Struct. accepté pour publication.
[137] L. Granger and Z.P. Bažant. Effect of composition on basic creep of concrete and
cement paste. Journal of Engineering Mechanics, 121(11) :1261–1270, 1995.
[138] Y. Xi and H.M. Jennings. Shrinkage of cement paste and concrete modeled by
a multiscale effective homogeneous theory. Materials and Structures, RILEM,
30 :329–339, July 1997.
[139] A.M. Alvaredo and F.H. Wittmann. Shrinkage as influenced by strain softening
and crack formation, Creep and Shrinkage of Concrete. E & FN Spon, London,
1993.
[140] G. Meschke and S. Grasberger. Numerical modelling of coupled hygromechanical
degradation of cementitious materials. Journal of engineering mechanics, 4 :383–
392, 2003.
[141] D. Gawin, C.E. Majorana, and B.A. Schrefler. Numerical analysis of hygro-thermal
behavior and damage of concrete at high temperature. Mech. Cohes.-Frict. Mater.,
4 :37–74, 1999.
[142] S. Dal Pont. Lien entre la perméabilité et l’endommagement dans les bétons à
haute température. PhD thesis, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 2004.
[143] Schrefler B.A., Brunello P., Gawin D., Majorana C., and Pesavento F. Concrete
at high temperature with application to tunnel fire. Computational Mechanics,
29 :43–51, 2002.
[144] W. Nechnech. Contribution à l’étude numérique du béton et des structures en
béton armé soumises à des sollicitations thermiques et mécaniques couplées : Une
approche thermo-élasto-plastique endommageable. PhD thesis, INSA, Lyon, 2000.
[145] H. Sabeur. Etude du comportement du béton à hautes températures. Une nouvelle
approche thermo-hygro-mécanique couplée pour la modélisation du fluage ther-
mique transitoire. PhD thesis, Univ. de Marne-La-Vallée, 2006.
[146] A. Feraille Fresnet. Le rôle de l’eau dans le comportement à haute température
des bétons. PhD thesis, ENPC, 2000.
[147] F.J. Ulm, O. Coussy, and Z.P. Bažant. The ”chunnel” fire. 1 : Chemoplastic sof-
tening in rapidly heated concrete. the ”chunnel” fire. 2 : Analyses of concrete da-
mage. Journal of Engineering Mechanics °ASCE,
c 125(3) :272–289, 1999.
[148] Z. P. Bažant and S.T. Wu. Rate-type creep law of ageing concrete based on maxwell
chain. Materials and Structures, pages 45–60, 1974.
[149] S. Thelandersson. Modelling of combined thermal and mechanical action in
concrete. ASCE J. Engng. Mech. Div., 113 :893–906, 1987.
[150] C.J. Pearce, C.V. Nielsen, and N. Bicanic. Gradient enhanced thermo-mechanical
damage model for concrete at high temperatures including transient thermal creep.
Numerical and Analytical Methods in Geomechanics, 2004.
[151] F. Benboudjema, F. Meftah, and J.M. Torrenti. Interaction between drying, shrin-
kage, creep and cracking phenomena in concrete. Engineering Structures, 27 :239–
250, 2005.
[152] Z. P. Bažant and B. Oh. Crack band theory for fracture of concrete. RILEM Mate-
rials and Structures, 16 :155–177, 1983.
[153] J.G. Rots. Computational modeling of concrete fracture. Technical report, Disser-
tation, Delft University of Technology,, Pays-Bas, 1988.
[154] P.H. Feenstra and R. de Borst. A composite plasticity model for concrete. Int. J.
Solids Struct., 33(5) :707–730, 1996.
[155] D.P. Bentz. Guide to using cemhyd3d : A three-dimensional cement hydration and
microstructure development modelling package. Technical report, NISTIR 5977,
1997.
[156] R. Hill. Journal of the Mechanics and Physics of Solides, 11 :357–372, 1963.
[157] M.F. Thorpe and I. Jasiuk. Proc. Roy. Soc. London, A(438) :531–544, 1994.
[158] Z. Vegard. Phys., 5(17), 1921.
[159] J.N. Goodier. Phil. Mag. Series, 7(23) :1017–1032, 1937.
[160] S.E. Pihlajavaara. An analysis of the factors exerting effect on strength and other
properties of concrete at elevated temperature. In Temperature and concrete, vo-
lume 1, pages 347–354, Detroit, 1972. Americain Concrete Institute SP.
[161] J. Bisshop and J.G.M. van Mier. How to study drying shrinkage microcracking in
cement-based materials using optical and scanning electron microscopy ? Cement
and Concrete Res., 32 :279–287, 2002.
[162] V. Sicard, R. François, E. Ringot, and G. Pons. Influence of creep and shrinkage on
cracking in high strength concrete. Cement and Concrete Res., 22 :159–168, 1992.
[163] H. Colina and P. Acker. Drying cracks : kinematics and scale laws. Materials and
Structures, (33) :101–107, 2000.
[164] F. Bourgeois, N. Burlion, and J.F. Shao. Creep, Shrinkage and Durability Me-
chanics of concrete and other Quasi-Brittle Materials, chapter Elastoplasticity and
anisotropic damage due to drying shrinkage in concrete, pages 171–177. Elsevier,
Cambridge, 2001.
[165] J. Marchand. Résistance et module des pâtes de ciment à hautes performances.
Technical report, rapport interne LCPC, 1992.
[166] V. Baroghel-Bouny and P. Mounanga. Effects of self-dessiccation on autogeneous
deformations, microstructure and hygral behavior. In Proceddings og the 4yh Int.
Seminar on Self-dessiccation and its importance in concrete technology, pages 21–
48, Gaithersburg, USA, 20 juin 2005 2005. Ed. B Persson, D. Bentz, L. O Nilsson.