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Splendeurs
et misères
de la littérature
Ou la démocratisation
des lettres, de Balzac
à Houellebecq
Ce volume est issu d’un séminaire qui s’est tenu
au sein de la Fondation des Treilles en juin 2017.
Ces journées d’études, comme le volume qui en
est tiré, ont été soutenues par cette fondation
à laquelle tous les contributeurs tiennent à
adresser leurs remerciements les plus chaleureux.
Les auteurs 7
Introduction 13
Conclusion 453
Bibliographie 471
Les auteurs
1. Voir Roger Chartier, Lectures et lecteurs dans la France d’Ancien Régime, Paris,
Seuil, 1987, p. 256.
2. Voir le volume collectif sur Les Mutations de la lecture, Bordeaux, Presses uni‐
versitaires de Bordeaux, 2012.
3. Voir Jean-Marc Chatelain, La Bibliothèque de l’honnête homme, Livres, lecture
et collections en France à l’âge classique, Paris, BNF, 2003.
Introduction 15
1. Voir Jacques Rigaud, La Culture pour vivre, Paris, Gallimard, 1975, p. 30-36.
18 Splendeurs et misères de la littérature
1. Voir John Lough, L’Écrivain et son public, Paris, Le Chemin vert, 1987, Alain
Viala, Naissance de l’écrivain, Paris, Minuit, 1985, Daniel Roche, Les Républicains
des lettres, Gens de culture et Lumières au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1988, Bene‐
detta Craveri, L’Âge de la conversation, Paris, Gallimard, 2002.
Introduction 19
S’il est de bon ton alors dans les cercles lettrés de moquer
cette littérature vendue sur les marchés, dans les villes et les
villages, riche en mystères, affabulations et autres phénomènes
magiques, en vérité, en région, nombreux sont ceux qui s’inté‐
ressent à ce qui est lié aux croyances et aux particularismes de
leurs campagnes, en réaction au snobisme parisien qui s’avère
déjà pesant, si l’on en croit Henri-Jean Martin1…
L’histoire de la Bibliothèque bleue, elle aussi, est bien connue,
grâce à Robert Mandrou, Geneviève Bolleme, Henri-Jean Martin
et Roger Chartier — une histoire qui débute à Troyes dans les
premiers temps du xviie siècle 2, avec un succès d’autant plus
étonnant qu’il contraste avec le marasme relatif de la librairie
à cette période. Contes, calendriers et almanachs, récits mer‐
veilleux, textes de piété, farces composent l’essentiel de ce fonds
qui compte aussi des textes classiques, on l’a dit, tout particu‐
lièrement des pièces de Corneille, des fables d’Ésope, de La Fon‐
taine, quelques traductions de L’Arioste, sans oublier des titres
qui évoquent aussi l’histoire de France sous une forme mytho‐
logique3. Rares sont les romans dans la Bibliothèque bleue
jusqu’à la fin du xviiie siècle. En revanche, récits burlesques et
chansons profanes abondent, tout particulièrement au moment
où la littérature, qui a été si riche de toutes les farces et attrapes
avec Rabelais et tant d’autres goliards ou auteurs de facéties
galantes, se coupe de cette veine sous l’influence des Précieuses.
Le seul domaine où des emprunts voire des transferts directs se
font, pour l’essentiel, est le théâtre, selon Robert Mandrou — des
1. Voir Henri-Jean Martin, Le Livre français sous l’Ancien Régime, Paris, Promodis,
1987, p. 183 et 185.
2. En plus des travaux déjà cités voir Geneviève Bolleme, La Bibliothèque bleue,
La littérature populaire en France du xvie au xixe siècle, Paris, Julliard, 1971 et avec
Lise Andries, La Bibliothèque bleue, Littérature de colportage, Paris, Robert Laf‐
font, « Bouquins », 2003 de même que Robert Mandrou, De la culture populaire
aux xviie et xviiie siècles, Paris, Stock, 1964 sans oublier, sous la direction de
Thierry Delcourt et d’Elisabeth Parinet, La Bibliothèque bleue et les littératures de
colportage, Paris, La Maison du boulanger, 2000.
3. Voir Robert Mandrou, op. cit., p. 46 et 47.
22 Splendeurs et misères de la littérature
1. Ibidem, p. 123.
2. Voir Jean-Jacques Darmon, Le Colportage de librairie en France sous le Second
Empire, Paris, Plon, 1972.
3. Voir Robert Mandrou, op. cit., p. 185-189.
4. Voir Roger Chartier, op. cit., p. 11.
Introduction 23
fortunés, les sources sont moins fiables mais en tout cas « le
religieux ne fait pas le tout de la lecture populaire ». On trouve
à Rouen les Confessions de saint Augustin chez un maître
tailleur, Esther chez un maître tanneur et le Télémaque chez un
épicier, la Clélie et Rabelais respectivement chez un maître
tailleur et un ouvrier monnayeur1…
On sait enfin que la période révolutionnaire intensifiera
encore le désir de lectures, y compris chez ceux pour qui cela
demande de véritables efforts. Tous ont envie de suivre en
temps réel ce qui se passe ici ou là et, dans cette euphorie de
la libéralisation provisoire des parutions, la littérature n’est
pas oubliée puisque le pamphlet politique peut se faire roman
voire conte libertin, comme avec La Messaline française, ce texte
anonyme fameux de la fin des années 1780, très lu, qui raconte
jusqu’où les supposées fureurs utérines de Marie Antoinette
auront pu la conduire dans les jardins du château de Versailles…
Anne Kupiec, évoquant cette période, parle d’un véritable
amour du livre sous toutes ses formes. « On peut aisément cons‐
tituer un florilège de déclarations en sa faveur […] associant
l’imprimerie et le livre ; la raison et les lumières ; la liberté et la
Révolution. » « Au livre est assigné un objectif collectif et précis.
L’ignorance maintient l’homme dans ses fers, elle est jugée
contre-révolutionnaire et doit être combattue au même titre
que la royauté. L’imprimé apparaît comme le recours indispen‐
sable et nécessaire […]. Le livre est convoqué pour assurer l’ins‐
truction et l’éducation de l’homme nouveau exclusivement ; dès
lors les bons livres seront distingués des mauvais2. » Mercier va
plus loin dans l’un des passages les plus célèbres de ses Tableaux
de Paris et nous décrit un peuple plongé dans la lecture :
1. Cité par Daniel Roche dans Le Peuple de Paris, Essai sur la culture populaire au
XVIIIe siècle, Paris, Aubier-Montaigne, 1981, p. 205.
2. Voir Françoise Parent-Lardeur, Les Cabinets de lecture, La Lecture publique à
Paris sous la Restauration, Paris, Payot, 1982.
3. Voir le tome quatrième de la très grande Histoire de l’édition française sous la
direction de Roger Chartier et d’Henri-Jean Martin publié à Paris chez Promodis
entre 1982 et 1986.
4. Voir Albert Collignon, La Religion des lettres, Notes et réflexions d’un lecteur,
Paris, Fischbacher, 1896.
Introduction 25
LE LIVRE ET LA LITTÉRATURE
AU DÉBUT DU XIXe SIÈCLE
Jean-Yves Mollier
1. Ibidem, p. 46-47.
36 Splendeurs et misères de la littérature
1. Les guides imprimés du xvie au xxe siècle. Villes, paysages, voyages, dir. G. Cha‐
baud, E. Cohen, N. Coquery, et J. Penez, Paris, Belin, 2000.
2. M.-F. Cachin, Une nation de lecteurs. La lecture en Angleterre (1815-1945), Vil‐
leurbanne, Presses de l’ENSSIB, 2010.
3. J.Y. Mollier, L’Argent et les Lettres. Histoire du capitalisme d’édition, Paris,
Fayard, 1988, p. 104, et F. Barbier, L’empire du livre. Le livre imprimé et la construc‐
tion de l’Allemagne contemporaine (1815-1914), Paris, Cerf, 1995, p. 76-80.
4. S. Tucoo-Chala, op. cit., p. 211.
5. P. Durand et A. Glinoer, op. cit.
40 Splendeurs et misères de la littérature
LA STANDARDISATION DES COLLECTIONS
ET LA CONSOMMATION DE MASSE
1. J.-Y. Mollier, « De la consécration au pilori, le cas Loti », Revue d’histoire litté‐
raire de la France, mars 2014, n° 1, p. 157-168.
2. C’est le sens de leur tract intitulé « Un cadavre » in Tracts surréalistes et décla‐
rations collectives, t. 1 : 1922-1939, sous la direction de J. Pierre, Paris, Éric Losfeld,
1980, p. 19-26.
3. L. Dumasy, La Querelle du roman-feuilleton, Littérature, presse et politique, un
débat précurseur, Grenoble, ELLUG, 1999.
4. L. Artiaga, Des torrents de papier, Catholicisme et lectures populaires au
xixe siècle, Limoges, PULIM, 2007.
5. Cette loi réactionnaire, dénoncée par le prince-président, Louis-Napoléon
Bonaparte, lui permettra d’apparaître en défenseur du droit de vote après son
coup d’État, perpétré le 2 décembre 1851.
46 Splendeurs et misères de la littérature
LA DOMINATION DU ROMAN
Anthony Glinoer
MASSIFICATION ET STRATIFICATION
DE LA PRODUCTION IMPRIMÉE
1. Je rappelle ici un certain nombre de faits et de chiffres qui ont été avancés
précédemment par James Smith Allen, Popular French Romanticism, Authors,
Readers, and Books in the 19th Century, New York, Syracuse University Press,
1981 ; Christophe Charle, Théâtre en capitales, Naissance de la société du spectacle
à Paris, Berlin, Londres et Vienne, Paris, Albin Michel, 2008 ; Roger Chartier et
Henri-Jean Martin (dir.), Histoire de l’édition française, Paris, Fayard-Cercle de la
librairie, 1990, t. II et t. III ; Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thé‐
renty et Alain Vaillant (dir.), La Civilisation du journal, Histoire culturelle et litté‐
raire de la presse française au xixe siècle, Paris, Nouveau Monde, « Opus
Magnum », 2011 ; Jean-Yves Mollier, L’Argent et les Lettres, Histoire du capitalisme
d’édition (1880-1920), Paris, Fayard, 1988 ; Françoise Parent-Lardeur, Lire à Paris
au temps de Balzac, Les cabinets de lecture à Paris, 1815-1830, Paris, Éditions de
l’EHESS, 1981 ; Élisabeth Parinet, Une histoire de l'édition à l'époque contempo‐
raine, Paris, Seuil, « Points Histoire », 2004.
Être homme de lettres au xixe siècle 55
Toutes les femmes de France lisent des romans, mais toutes n’ont
pas le même degré d’éducation ; de là, la distinction qui s’est éta‐
blie entre les romans pour les femmes de chambre (je demande
pardon de la crudité de ce mot inventé, je crois, par les libraires)
et le roman des salons1.
1. D. Gruffot Papera [Stendhal], « Projet d’article sur « Le Rouge et le Noir » » (18
octobre-3 novembre 1832), dans Le Rouge et le Noir, Chronique du xixe siècle, Paris,
Gallimard, « Folio », 1972, p. 561.
62 Splendeurs et misères de la littérature
1. Ibidem.
2. Gustave Planche, « La journée d’un journaliste », dans Paris ou le livre des cent
et un, Paris, Ladvocat, 1832, t. VI, p. 149-150.
3. Voir Lise Dumasy (éd.), La Querelle du roman-feuilleton, Littérature, presse et
politique, un débat précurseur (1836-1848), Grenoble, ELLUG, 1999.
4. Voir Loïc Artiaga, Des torrents de papier, Catholicisme et lectures populaires au
xixe siècle, Limoges, Presses universitaires de Limoges, « Médiatextes », 2007.
Être homme de lettres au xixe siècle 63
1. Voir Anthony Glinoer et Vincent Laisney, L’Âge des cénacles, Confraternités lit‐
téraires et artistiques au xixe siècle, Paris, Fayard, 2013 ; voir Anthony Glinoer,
La bohème. Une figure de l’imaginaire social, Montréal, Presses de l’Université de
Montréal, 2018.
68 Splendeurs et misères de la littérature
LA RÉVOLUTION
DU ROMAN-FEUILLETON
Pascal Durand
tant du côté des œuvres (et de leur classement) que du côté des
auteurs (et de leurs postures).
DÉMOCRATISATION
ET INDUSTRIALISATION DES LETTRES
1. Idem, p. 4.
2. Sur l’apport spécifique de Théophile Gautier dans ce Rapport, voir Pascal
Durand, « Les progrès de la poésie en 1867, Portrait de Gautier en grand rappor‐
teur », dans L’Invention médiatique de l’histoire littéraire (C. Saminadayar-Perrin
dir.), Bulletin de la Société Théophile Gautier, n° 36, novembre 2014, p. 139-154.
La révolution du roman-feuilleton 77
1. Paul Féval, Rapport sur le progrès des lettres (romans), op. cit., p. 53.
2. Ibidem, p. 55.
3. Idem, p. 56.
4. Idem, p. 60.
5. Idem, p. 40.
78 Splendeurs et misères de la littérature
1. Idem, p. 62.
2. Idem, p. 44.
La révolution du roman-feuilleton 79
1. Idem, p. 45.
2. Sylveste de Sacy, « Discours préliminaire » au Rapport sur le progrès des
lettres, op. cit., p. 30.
80 Splendeurs et misères de la littérature
1. Émile Zola, « Le lecteur du Petit Journal » (1865), dans Contes et nouvelles, éd. R.
Ripoll, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1976, p. 267.
2. Ibidem, p. 268-269.
La révolution du roman-feuilleton 83
1. Numéro spécimen, janvier 1863, du Petit Journal, quotidien, non politique, p. 1.
84 Splendeurs et misères de la littérature
1. Numéro spécimen, janvier 1863, du Petit Journal, quotidien, non politique, p. 1.
88 Splendeurs et misères de la littérature
1. Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain, Essai sur l’avènement d’un pouvoir spiri‐
tuel laïque dans la France moderne (1973), Paris, Gallimard, « Bibliothèque des
idées », 1996.
2. Voir Valérie Stiénon, La Littérature des physiologies, Sociopoétique d’un genre
panoramique (1830-1845), Paris, Classiques Garnier, « Études romantiques et dix-
neuviémistes », 2012.
La révolution du roman-feuilleton 97
Agnès Sandras
1. Pierre Michel, « Les Mauvais Bergers, d’Octave Mirbeau : une tragédie prolé‐
tarienne et nihiliste ». En ligne sur Scibd.com, consultation du 8 avril 2018.
100 Splendeurs et misères de la littérature
1. Ibidem, p. 90.
2. « Arrêté portant institution de lectures publiques du soir », à Paris, 8 juin 1848.
La législation de l'instruction primaire en France depuis 1789 jusqu’à nos jours :
recueil des lois, décrets, ordonnances, arrêtés, règlements... par M. Octave Gréard,
Paris, imprimerie de Delalain frères, 1889-1902, p. 28.
3. Ibidem.
4. Idem.
5. Circulaire du ministre de l'Instruction publique aux professeurs chargés des
lectures publiques du soir, à Paris, relative au programme de ces lectures. La
législation de l'instruction primaire en France depuis 1789 jusqu'à nos jours…,
op. cit., p. 30.
6. Ibidem, p. 29.
104 Splendeurs et misères de la littérature
LA QUESTION DE LA LITTÉRATURE
AU CŒUR DES POLÉMIQUES AUTOUR
DES BIBLIOTHÈQUES POPULAIRES
des ouvrages empruntés) que « la classe la plus lettrée des sous‐
cripteurs1 ». Les archives des bibliothèques de Vernon et d’Éper‐
nay contiennent toutefois des courriers de réclamation, et des
traces d’indiscipline des lecteurs :
1. Voir Agnès Sandras, « Les manuels Roret, hôtes obligés des bibliothèques
populaires ? », communication donnée au symposium international « Le livre, la
Roumanie, l’Europe » (Mamaia, 2012), in Bibliothèques populaires, 09 avril 2017,
https://bai.hypotheses.org/1468 [lien consulté le 22 juin 2021].
2. Voir Agnès Sandras, « D’énormes ballots, avec Féval complet et converti, vont
s’éparpiller dans les bibliothèques paroissiales », Rocambole, 2016.
3. Ils ont malheureusement été détruits pour la plupart (les bibliothèques popu‐
laires ayant parfois vendu leurs archives au poids afin de faire de nouvelles
acquisitions…), et ceux qui subsistent sont généralement trop mal tenus pour en
faire l’analyse.
4. Allocution de Küss, président de la Société des bibliothèques communales du
Bas-Rhin. Assemblée générale du 3 mars 1867, Strasbourg, Typographie de G. Sil‐
bermann, 1867.
128 Splendeurs et misères de la littérature
DE LA DÉMOCRATISATION
DES LETTRES DANS L’ENSEIGNEMENT
Martine Jey
1. En 1930, seule l’entrée en sixième devient gratuite. Par la loi du 31 mai 1933,
la gratuité est étendue aux autres classes du collège.
2. Ce processus de démocratisation se développe sur un temps encore fort long
au xxe siècle. On peut se référer à l’excellent livre de Clémence Cardon-Quint,
Des lettres au français. Une discipline à l’heure de la démocratisation (1945-1981),
Rennes, PUR, 2015, qui en analyse les étapes. Il convient de ne pas oublier certains
chiffres qui rappellent à quel point la démocratisation du secondaire a été lente :
par exemple 20 % d’une classe d’âge seulement entraient en classe de 6e.
134 Splendeurs et misères de la littérature
QUESTIONS DE CORPUS
L’empire du latin1
Le secondaire masculin au xixe siècle ne comporte qu’une
seule filière jusqu’à la réforme de 19022 qui ne change pas de
1. Les horaires donnent la priorité aux langues anciennes. Voir La part scolaire
de l’écrivain. Apprendre à écrire au xixe siècle, Martine Jey et Emmanuelle Kaës
dir., Classiques Garnier, 2020.
2. Ernest Lavisse, « Souvenirs d’une éducation manquée » in L’Éducation de la
démocratie, op. cit., p. 6-7. Et il ajoute plus loin : « Je me rappelle de lamentables
explications de Virgile dont je n’ai senti que bien longtemps après la beauté »
(p. 9).
3. Idem, p. 6.
De la démocratisation des lettres dans l’enseignement 143
1. Idem, p. 7.
144 Splendeurs et misères de la littérature
Il nous faut donc placer notre but non pas selon notre goût mais
selon les besoins évidents de la démocratie et selon la définition
nécessaire de l’éducation démocratique. […] Nous sommes
d’accord pour affirmer que l’éducation, dans une démocratie qui
veut se conduire elle-même, doit former des hommes capables
de se conduire eux-mêmes. Donc des esprits libres, ayant l’amour
passionné du vrai […]1.
1. Idem, p. 161.
2. Revue universitaire, « L’étude des auteurs français dans les classes de lettres »,
1895, II, p. 262.
De la démocratisation des lettres dans l’enseignement 147
QUESTIONS DE MÉTHODE
On s’attache trop au bien dire, pas assez à ce qui est dit de vrai
et de bien. […] L’attention trop exclusive accordée à la forme aux
dépens du fond tend de la sorte à rapetisser l’enseignement
secondaire et ramène au formalisme pur duquel on voulait sor‐
tir. Si l’on s’inspire des vues indiquées plus haut, l’enseignement
sera moins littéraire, plus philosophique et plus humain ; il
deviendra à sa manière une véritable leçon de choses morales
proposées par des écrivains de génie3.
1. Ibidem, p. 25.
2. Idem, p. 27-28.
3. Rapport de la Commission des réformes, Paris, 1890. C’est également le point
de vue de Lanson : « Je dirais volontiers, messieurs, qu’aujourd’hui l’enseigne‐
ment des lettres ne doit pas être littéraire. […] L’étude de la forme, les questions
d’art, l’histoire des écoles et des révolutions littéraires appartiennent plutôt à
l’enseignement supérieur. »
De la démocratisation des lettres dans l’enseignement 151
L’ÉCRITURE ORDINAIRE,
PARAMÈTRE DE LA DÉMOCRATIE
Nelly Wolf1
1. Pour de plus amples développements sur cette question, voir l’ouvrage récem‐
ment paru : Nelly Wolf, Le Peuple à l’écrit : de Flaubert à Virginie Despentes, Saint-
Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2019.
2. Jack Goody, La Raison graphique, Paris, Minuit, 1979 et Pouvoirs et savoirs de
l’écrit, Paris, La Dispute, 2007.
156 Splendeurs et misères de la littérature
1. Ibidem, p. 492.
2. Voir en particulier sous la direction de Jean-Pierre Guéno et Yves
Laplume, Paroles de poilus, Lettres et carnets du front (1914-1918), Paris, J’ai Lu,
« Librio », 1998. Une autre édition est parue simultanément chez Tallandier.
L’écriture ordinaire, paramètre de la démocratie 159
1. Honoré de Balzac, La Fille aux yeux d’or, dans La Duchesse de Langeais, La Fille
aux yeux d’or, Paris, Gallimard, « Folio classique », 1976, p. 285. La première édi‐
tion de La Fille aux yeux d’or date de 1834.
2. Eugène Labiche, Le Voyage de Monsieur Perrichon in Six comédies de Labiche,
Paris, Club du meilleur livre, 1957, p. 14.
160 Splendeurs et misères de la littérature
1. Ibidem, p. 187.
L’écriture ordinaire, paramètre de la démocratie 163
1. Ibidem, p. 1233.
2. Ibidem, p. 1236.
3. Charles Péguy, L’Argent, Paris, Gallimard, 1932, p. 10.
166 Splendeurs et misères de la littérature
1. Voir, entre autres, l’article de Jean-Michel Péru, « Une crise du champ littéraire
français, Le débat sur la « littérature prolétarienne » (1925-1935) », dans Actes de
la recherche en sciences sociales, Paris, vol. 89, n° 1, 1991.
2. Voir l’article de Jean-Paul Morel sur l’auteur dans le Dictionnaire biographique
du mouvement ouvrier français, Paris, Éditions de l’Atelier, 1997, ainsi que le récit
de Poulaille, Le Pain quotidien, qui relate son enfance, Paris, Librairie Valois, 1931.
168 Splendeurs et misères de la littérature
1. Ibidem.
2. Henry Poulaille, Nouvel Âge littéraire, Paris, Librairie Valois, 1930.
3. Maria Chiara Gnocchi, Le Parti Pris des périphéries, Les « prosateurs contem‐
porains français » des Éditions Rieder (1921-1939), Bruxelles, Le Cri-Ciel-ULB-ULG,
2007.
170 Splendeurs et misères de la littérature
1. Détails donnés par Xavier Vigna, L’Espoir et l’Effroi, Luttes d’écritures et luttes
de classes en France au xxe siècle, Paris, La Découverte, 2016, p. 64.
2. Jérôme Meizoz, L’Âge du roman parlant (1919-1939), Genève, Droz, 2001.
L’écriture ordinaire, paramètre de la démocratie 171
1. Jules Renard, Journal, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », Paris, 2005, p. 56 et
aussi, p. 557.
2. Émile Guillaumin, La Vie d’un simple, Paris, Stock, 1905, nouvelle édition, Paris,
Librairie générale française, 1977, p. 29.
3. Jack Goody, La Raison graphique, op. cit. et Pouvoirs et savoirs de l’écrit, op. cit.
L’écriture ordinaire, paramètre de la démocratie 173
1. Voir Henry Poulaille, Le Pain quotidien, Paris, Stock, 1980, p. 330-331 et Les
Damnés de la terre, Paris, Grasset, 1935, p. 276-280.
174 Splendeurs et misères de la littérature
MÉDIAMORPHOSES DE LA CRITIQUE
Marie-Ève Thérenty
SPLENDEURS DE LA CRITIQUE
LITTÉRAIRE AU XIXE SIÈCLE
bien qu’en mon enfance, mon père, dans sa toute petite ville,
attendait le feuilleton de Janin, qu’il recevait, à son tour, selon
l’usage provincial, lui, treizième ou quatorzième. Tout le monde
en raffolait et c’était comme un éblouissement. La grave Univer‐
sité elle-même s’était laissé prendre. Et je tiens de quelques
contemporains que nombre de professeurs, le lundi, ne man‐
quaient guère de lire à leurs élèves des passages choisis du
feuilleton en vogue. C’était le temps où le faubourg Saint-
Germain boudait les débats, qui avaient patronné la monarchie
de juillet. Mais le faubourg Saint-Germain n’avait pu résister aux
séductions de ce favori de la mode. On s’y arrachait l’article de
Jules Janin, tout comme dans la bourgeoisie lettrée, et le feuille‐
ton, chose presque incroyable, descendait jusqu’à l’atelier, où les
deux célèbres initiales J. J. avaient fait leur trou1.
Pour appuyer ses dires, Daudet cite toute une série de cri‐
tiques, indifféremment attachés à des journaux ou à des revues,
et invite ainsi à revenir sur une partition privilégiée par l’his‐
toire littéraire qui s’est souvenu des critiques des grandes
revues, et notamment de la Revue des deux mondes, comme Bru‐
netière, et a snobé la majorité des feuilletonistes affectés aux
LA DÉMOCRATISATION
MÉDIATIQUE DE LA LITTÉRATURE
1. Sainte-Beuve, « De la littérature industrielle », Revue des deux mondes, 1er sep‐
tembre 1839, p. 678.
2. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, tome II, Paris, Gallimard,
1961, p. 66.
3. Marc Martin, Trois siècles de publicité en France, Paris, Odile Jacob, 1992.
4. Théophile Gautier, Mademoiselle de Maupin, préface, Paris, Charpentier, 1878,
p. 36.
190 Splendeurs et misères de la littérature
1. Pour l’étude de tous ces procédés, nous nous permettons de renvoyer à notre
article « La réclame de librairie dans le journal quotidien au xixe siècle : autopsie
d’un objet textuel non identifié », Romantisme, Paris, Armand Colin, 2012, n°155,
p. 91-103.
Médiamorphoses de la critique 191
1. Bernard Pivot, Les Critiques littéraires, Le procès des juges, Paris, Flammarion,
1968, p. 35.
194 Splendeurs et misères de la littérature
1. « Sartre abandonne son café après avoir lancé une philosophie, une mode et
un quartier », Paris-Match, 8 avril 1949 et « Gide, 81 ans », Paris-Match, 11 mars
1950.
2. Édouard Brasey, L’Effet Pivot, Paris, Ramsay, 1987.
Médiamorphoses de la critique 199
Laurent Demanze
1. Henri Raczymow, La Mort du grand écrivain, Paris, Stock, 1994, voir aussi
Dominique Noguez, Le Grantécrivain & autres textes, Paris, Gallimard, 2000 ou
Antoine Compagnon qui note avec nostalgie « Nous n’avons plus d’écrivains
légendaires. », dans « Comment on devient un grand écrivain français », in Le
Temps de la réflexion, III, Paris, Gallimard, 1982, p. 379.
Mythe et réalité du grand écrivain 203
1. Marc Fumaroli, « La coupole », in Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, tome
II, Paris, Gallimard, 1997 [1984-1992], p. 1927.
2. Ibidem, p. 1926.
3. Cité par Olivier Nora, « La visite au grand écrivain », in Pierre Nora (dir.), Les
Lieux de mémoire, tome II, op. cit., p. 2135.
Mythe et réalité du grand écrivain 205
Le basculement démocratique
1. Pierre Michon, Vies minuscules, Paris, Gallimard, « Folio », 1996 [1984], p. 15-16.
2. Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain, op. cit.
3. Pierre Michon, Les Onze, Lagrasse, Verdier, 2009, p. 47.
212 Splendeurs et misères de la littérature
1. Pierre Michon, Le Roi vient quand il veut, Propos sur la littérature, op. cit., p. 177.
2. Nathalie Heinich, L’Épreuve de la grandeur, Prix littéraires et reconnaissance,
Paris, La Découverte, 1999.
Mythe et réalité du grand écrivain 213
LE CONTEMPORAIN :
POUR UN AUTRE RÉGIME DE GRANDEUR
Sylvie Ducas
1. Jean Bothorel, Bernard Grasset, Vie et passions d’un éditeur, Paris, Grasset, 1989,
p. 133-154.
232 Splendeurs et misères de la littérature
1. Selon son éditeur, Laffont-Versilio, en 2016, Marc Levy demeure l’auteur fran‐
çais contemporain le plus lu à l’étranger. Traduit en 49 langues, ses romans se
sont vendus à quelque cinquante millions d’exemplaires dans le monde.
2. Jonny Geller, « What makes a bestseller ? », TEDxOxford, 19 avril 2016, https:
//www.youtube.com/watch?v=mD-uP2BsVy4 [consulté le 24 juin 2021].
3. Bertrand Legendre, « Évolution technique et mutation des genres éditoriaux,
Le documentaire jeunesse et le livre de poche », Communication et Langages,
2005, vol. 145, n° 1, p. 61-68.
234 Splendeurs et misères de la littérature
1. James F. English, The Economy of Prestige, Prizes, Awards, and the Circulation
of Cultural Value, Cambridge, Harvard University Press, 2008.
2. Ibidem.
3. Sylvie Ducas, La littérature à quel(s) prix ?, Paris, La Découverte, 2013 (voir le
chapitre troisième).
4. Marianne Grangé, « Best-sellers », in Dictionnaire encyclopédique du livre, tome
1, Paris, Cercle de la librairie, 2002.
5. Olivier Bessard-Banquy (dir.), L’Édition littéraire aujourd’hui, Bordeaux,
Presses universitaires de Bordeaux, « Cahiers du livre », 2006.
236 Splendeurs et misères de la littérature
1. Roland Barthes, Mythologies, Paris, Seuil, 1957, rééd. coll. « Points », p. 24-27.
2. David Martens, Jean-Pierre Montier et Anne Reverseau (dir.), op. cit., p. 21.
3. Sylvie Ducas, « La reconnaissance littéraire à l’épreuve du petit écran, Discours
et représentations médiatiques des écrivains lauréats de prix littéraires en
France (1945-2012) », in Ivanne Rialland (dir.), Critique et Médium, Paris, CNRS
éditions, 2016, p. 287-303.
238 Splendeurs et misères de la littérature
1. Pour la seule année 2016, le premier tirage du dernier livre de Musso et Levy
dépasse déjà le tirage final d’un Goncourt.
240 Splendeurs et misères de la littérature
1. Éric Maigret et Éric Macé (dir.), Penser les médiacultures, Nouvelles pratiques
et nouvelles approches de la représentation du monde, Paris, Armand Colin, 2005.
Best-sellers d’hier et d’aujourd’hui 241
Distinction littéraire
et démocratisation culturelle
David Martens
À Jean-Louis Jeannelle
1. Ibidem, p. 257.
2. Antoine Compagnon, La Troisième République des lettres, De Flaubert à
Proust, Paris, Seuil, 1983.
3. Voir Émilien Carassus, Le Snobisme et les lettres françaises de Paul Bourget à
Marcel Proust 1884-1914, Paris, Armand Colin, 1966. Voir également Guillaume
Pinson, Fiction du monde, De la presse mondaine à Marcel Proust, Montréal,
Presses de l’université de Montréal, « Socius », 2008.
4. Frédéric Rouvillois, op. cit., p. 259.
5. Voir, notamment, Olivier Bessard-Banquy, La Fabrique du livre, L’édition litté‐
raire au xxe siècle, Bordeaux-Tusson, Presses universitaires de Bordeaux et Du
Lérot éditeur, 2016.
248 Splendeurs et misères de la littérature
1. Carlo Rim, Le Grenier d’Arlequin, Journal 1916-1940, Paris, Denoël, 1981, cité
par Catherine Helbert, « Frédéric Lefèvre et Les Nouvelles littéraires », sur
Fabula.org, « Les nouvelles littéraires : une idée de littérature ? », sous la direc‐
tion de Bruno Curatolo, Paris, 2012 (http://www.fabula.org/colloques/document
1455.php#bodyftn4 [consulté le 24 juin 2021]).
2. Voir à ce sujet Émilien Carassus, op. cit.
3. Voir notamment Histoire de l’édition française, tome 4, Le Livre concurrencé,
1900-1950 (1986), sous la direction de Roger Chartier et Henri-Jean Martin, Paris,
Fayard-Cercle de la librairie, 1991.
250 Splendeurs et misères de la littérature
1. Gabriel Boissy, « Que sera le théâtre demain ?… Que sera le théâtre pendant
l’Exposition ?… », Comœdia, 1er octobre 1936, p. 1.
2. Voir l’entretien avec Dominique Maingueneau, propos recueillis par David
Martens, sur Fabula.org, dans l’atelier de théorie littéraire, Paris, 2017 (https://
www.fabula.org/atelier.php?Paratopie_et_discours [consulté le 24 juin 2021]).
3. Luc Boltanski et Laurent Thévenot, De la justification : les économies de la
grandeur, Paris, Gallimard, « NRF Essais », 1991.
4. Nathalie Heinich, Des valeurs, Une approche sociologique, Paris, Gallimard,
« Bibliothèque des sciences humaines », 2017, p. 235.
Du snobisme des lettres françaises dans l’entre-deux-guerres 253
1. « Une heure avec M. Louis Bertrand », propos recueillis par Frédéric Lefèvre,
Les Nouvelles littéraires, 17 novembre 1923, p. 2.
2. Ibidem.
3. Henri Béraud, La Croisade des longues figures, Paris, Éditions du Siècle, « Les
pamphlets du siècle », 1924, p. 19.
254 Splendeurs et misères de la littérature
1. Ibidem, p. 17.
2. Idem, p. 13.
Du snobisme des lettres françaises dans l’entre-deux-guerres 255
1. Idem, p. 23.
2. Idem, p. 13.
3. Idem, p. 23.
4. Voir Nathalie Heinich, Être écrivain, Création et identité, Paris, La Découverte,
« L’Armillaire », 2000, ainsi que L’Élite artiste, Excellence et singularité en régime
démocratique, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 2005.
256 Splendeurs et misères de la littérature
GRASSET, LE SNOBISME
AU SERVICE DE LA DÉMOCRATISATION
1. Idem, p. 29-30.
2. Idem, p. VI.
3. Idem, p. 107.
4. Idem, p. VI.
5. Idem, p. VII.
Du snobisme des lettres françaises dans l’entre-deux-guerres 265
J’ai séjourné l’été dernier sur une plage de second ordre. Hôtel
bondé et de quels gens ! La sottise en vacances […] ! Dans le
groupe où je me trouvais, ce jour-là, une jeune femme lisait.
Poussé par ma curiosité d’éditeur et aussi, je l’avoue, par quelque
intérêt pour la liseuse, je l’interrogeai : “C’est le Disraeli de Mau‐
rois, me dit-elle ; mon mari me l’a apporté ce matin de Paris. Puis,
d’un ton semi-résigné qui me fixa assez exactement sur le plaisir
qu’elle y pouvait prendre, elle ajouta : « Il faut bien être au cou‐
rant. » […] À défaut de goût personnel, elle devait posséder ce qui
le remplace chez un si grand nombre, surtout parmi les femmes :
l’intuition de ceux qui le détiennent. Ayant ainsi compris que les
gens de goût aimaient ce livre et qu’il importait qu’elle en pût
parler, elle le lisait. La mode a ses exigences. […] Le plaisir de lire
a fait une large place à la vanité de connaître2.
1. Idem, p. 180.
2. Idem, p. 100-103.
Du snobisme des lettres françaises dans l’entre-deux-guerres 267
L’ENVERS DE LA DÉMOCRATISATION
1. Ibidem, p. 390.
Du snobisme des lettres françaises dans l’entre-deux-guerres 269
À REBOURS DE L’ÉLITISME
Michel Murat
1. Harold Bloom, The Western Canon, The Books and School of the Ages, San Diego,
Harcourt, Brace and Company, 1994.
2. Jorge Luis Borges, « Flaubert et son destin exemplaire », Œuvres complètes,
Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. 1, 1993, p. 268.
À rebours de l’élitisme 277
vivent leur vie, de l’autre les intellectuels font de cette vie une
œuvre d’art ; il n’y a aucune de place pour un tiers état. La satire
touche juste, mais elle n’a aucune considération et même
aucune conscience du rôle social que peut jouer ce que Bourdieu
(dont le point de vue, au fond, n’est pas moins élitiste) appelle
la bonne volonté culturelle, et dont il fait une caractéristique de
la petite bourgeoisie. Une part du problème vient de ce que ce
sont toujours les « highbrow » qui définissent ce qu’il faut
entendre par « middlebrow », ceux-ci en étant supposés inca‐
pables, par cécité ou par mauvaise foi. Il vaudrait par consé‐
quent la peine de s’intéresser aux manifestations de cette bonne
volonté culturelle, faite de sérieux, de bienveillance et de souci
éthique, qui ont rencontré un large écho public. Je pense aux
programmes de radio de la BBC Home Service, aux émissions
« littéraires » (justement, le mot convient-il ?) de la télévision
américaine comme le Book of the Month Club ou le Book Club
d’Oprah Winfrey ; chez nous, à Apostrophes, une émission du
service public dont l’animateur pouvait passer pour un repré‐
sentant typique du « middlebrow » ; et sur un autre plan, à des
entreprises éditoriales comme le Club français du livre ou la
Guilde du livre, qui prospéraient autour des années 1950-1960.
Bernard Pivot n’était pas un intellectuel, et il n’aurait pas fait
carrière à France Culture (où l’on voit plutôt des gens comme
Raphaël Enthoven). Mais Albert Thibaudet, et plus encore Paul
Souday, le très influent chroniqueur littéraire du Temps,
n’étaient pas non plus des intellectuels ; au même titre que
Pivot, ils illustrent les ressources d’une culture et d’une posture
« middlebrow », bien loin de la charge de Virginia Woolf. On le
savait pour Souday, journaliste de faits divers monté en grade ;
quant à Thibaudet, il faut se rappeler à quelle distance le
tenaient de purs intellectuels « highbrow » comme Gide ou Paul‐
han (ce dernier qualifiait les chroniques de Thibaudet de « suite
de bavardages1 »).
1. Jean Paulhan, lettre de novembre 1930 à Marcel Arland, Choix de lettres I :
1917-1936, La littérature est une fête, Paris, Gallimard, 1986, p. 199.
À rebours de l’élitisme 283
1. Joseph Kessel, La Steppe rouge, Paris, Gallimard, 1922 ; L’Équipage, Paris, Gal‐
limard, 1923.
À rebours de l’élitisme 285
1. Marc Levy, Et si c’était vrai, Paris, Robert Laffont, 2000 ; Elle et lui, Paris, Robert
Laffont, 2015 ; Guillaume Musso, La Fille de papier, Paris, XO éditions, 2010.
290 Splendeurs et misères de la littérature
1. Julio Cortazar, « Continuité des parcs » (1956), repris dans Les Armes secrètes,
Paris, Gallimard, 1963. La nouvelle est depuis une dizaine d’années un classique
de l’enseignement du français au lycée.
2. Joël Dicker, La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, Paris, Bernard de Fallois, 2012.
À rebours de l’élitisme 291
avait donné, tant qu’elle avait été très jeune, et même un peu
plus tard, une sorte d’attitude pensive […] Plus tard, quand les
cheveux romanesquement pleureurs commencèrent à grison‐
ner, quand la Mégère se dégagea de la Paméla, la Thénardier ne
fut plus qu’une grosse méchante femme ayant savouré des
romans bêtes1. » Ces romans sont bien-pensants autant que
ceux de Marc Levy ; ni les uns ni les autres ne conduisent néces‐
sairement à l’édification du lecteur. Mais n’oublions pas que
c’est Hugo qui parle et que la Thénardier est un monstre.
Lire de mauvais livres — ceux-ci ne sont quand même pas
très bons — est une expérience profitable. On en vient à bout
assez vite, mais il faut quand même les lire, au moins par
respect pour ceux qui les lisent et les trouvent assez bons pour
eux. L’ignorance ne sert à rien. Il n’en reste pas moins que
la littérature universelle est composée d’ouvrages d’un intérêt
et d’une difficulté très variables, sans que ces deux facteurs
puissent être corrélés de manière stable. De cette corrélation
se dégage cependant, sous un regard empirique, un corpus
d’œuvres qui, pour une difficulté raisonnable, offrent un grand
intérêt ; bon nombre sont en langue anglaise, de Daniel de Foe à
Charles Dickens, mais Camus en est aussi un bon exemple. Il est
raisonnable de s’appuyer sur de telles œuvres pour introduire à
la littérature, et de s’en servir comme d’un palier pour accéder
à de plus complexes et de plus déroutantes, Proust, Faulkner ou
Musil. C’est mettre l’accent sur une littérature moyenne, et je ne
vois pas de honte à cela, ni à ce qu’on s’y tienne : une relative
démocratisation des lettres est à ce prix. Je forme également
des vœux pour que la difficulté de lecture soit valorisée au
même titre que le sont la performance sportive ou la virtuosité
technique. Lire L’Idiot et l’apprécier est aussi exigeant que
d’interpréter correctement la Marche turque, mais aux yeux de
la plupart des enseignants, et de presque tous ceux qui font com‐
merce des livres, la difficulté est un péché sur lequel, lorsqu’on
1. Victor Hugo, Les Misérables, première partie, livre IV, chapitre 2, « Première
esquisse de deux figures louches », Paris, Hachette, 1881, p. 221-222.
À rebours de l’élitisme 293
LES TRADUCTIONS LITTÉRAIRES
Gisèle Sapiro
TRADUCTION ET CONSTRUCTION
DES CULTURES NATIONALES
1. Comme l’ont montré les travaux pionniers d’Itamar Even-Zohar, « The Position
of Translated Literature within the Literary Polysystem », Poetics Today, vol. 11,
n° 1, 1990 ; ceux de Gideon Toury, Descriptive Translation Studies and Beyond,
Amsterdam-Philadelphia, John Benjamins, 1995 ; et, plus récemment, ceux de
Pascale Casanova, « Consécration et accumulation de capital littéraire, La tra‐
duction comme échange inégal », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 144,
2002, p. 7-20.
Les traductions littéraires 297
LIBÉRALISATION ET OUVERTURE
DE L’HORIZON GÉOCULTUREL
1. Gisèle Sapiro, Paris-New York-Paris, Les échanges littéraires entre Paris et New
York à l’ère de la globalisation, étude réalisée dans le cadre d’une convention avec
le MOTif (Observatoire du livre d’Ile-de-France), Paris, CESSP, avril 2010 (en
ligne) ; « Translation and Symbolic Capital in the Era of Globalization : French
Literature in the United States », Cultural Sociology vol. 9, n° 3, 2015, p. 320-346.
Les traductions littéraires 313
1. Voir Claire Ducournau, ibidem ; sur la collection des Caraf Books, voir Gisèle
Sapiro, Paris-New York-Paris, op. cit.
2. Marcella Frisani, « L’invisibilité de la contemporary fiction de langue française
dans le marché britannique de la traduction », in G. Sapiro, Traduire la littérature
et les sciences humaines : conditions et obstacles, Paris, DEPS (ministère de la
Culture), 2012, tout particulièrement le chapitre deuxième.
Les traductions littéraires 315
1. Gisèle Sapiro, « Globalization and Cultural Diversity in the Book Market : the
Case of Translations in the US and in France », Poetics, vol. 38, n° 4, 2010,
p. 419-439.
13
LE POCHE DE L’APRÈS-GUERRE,
UN OUTIL DÉMOCRATIQUE ?
Bertrand Legendre
DE LA DÉMOCRATISATION DE LA LITTÉRATURE…
1. Ibidem.
322 Splendeurs et misères de la littérature
… À LA DÉMOCRATISATION DES SCIENCES SOCIALES ?
LE COMMUN DES INTELLECTUELS
Guillaume Louet
1. J.-B. Pontalis, Frère du précédent, Paris, Gallimard, coll. « L’un et l’autre », 2006 ;
rééd. Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2015, p. 657 ; ibidem, pour la citation sui‐
vante.
334 Splendeurs et misères de la littérature
DROIT AU PROBLÈME
1. Je ne reviens pas sur le lieu commun d’après lequel la littérature se fait avec
des mots et non avec des idées, dérivé de Mallarmé.
2. À propos des intellectuels-artistes Lamartine, Hugo, etc. Cette formule fut
reprise notamment par Pierre Monnier (À l’ombre des grandes têtes molles, Paris,
La Table ronde, 1987), et par Gilles Tordjman dans un bel article sur Emmanuel
Bove, paru dans Les Inrockuptibles en avril 1994, où l’art de ce dernier était loué
au détriment de celui de ces « grandes têtes molles », c’est-à-dire Sartre et Camus.
Le commun des intellectuels 337
1. Traduit de l’américain par René Cleitman, Paris, Fayard, 1999. Il s’agit d’un
recueil de ses textes parus dans le New Yorker en 1980.
2. Le Vol du vampire est peut-être le seul livre de Tournier dont on pense, à tort,
qu’il est épuisé.
340 Splendeurs et misères de la littérature
1. Elles furent rassemblées ensuite en sept DVD. Jean d’Ormesson se servit des
notes qu’il avait prises alors pour écrire les deux volumes d’Une autre histoire de
la littérature française (Paris, NiL, 1997). Les intellectuels détracteurs de Jean
d’Ormesson, s’il s’en trouve, devraient tenter de se livrer au même exercice que
lui afin qu’on puisse comparer leur maîtrise respective de la synthèse, et l’à-
propos des touches personnelles.
2. Il n’est qu’à lire, par exemple, pour s’en rendre compte, la préface de Marc
Porée au tirage spécial de la Bibliothèque de la Pléiade consacré à l’œuvre de
Conrad (voir Au cœur des ténèbres et autres écrits, Paris, Gallimard, 2017, p. xviii).
342 Splendeurs et misères de la littérature
DU GÂCHIS ET DE LA LITTÉRATURE
SÉRIEUSEMENT PÉTILLANTE
lecture de cette revue animée par les esprits peut-être les plus
brillants (mais désormais relativement âgés) de notre époque,
m’est souvent venue la réflexion suivante : même si l’on n’a pas
le recul suffisant pour analyser ce qu’est la littérature
d’aujourd’hui, le refuge dans le classicisme ne traduit-il pas une
frilosité aux effets dommageables ? Songeons à Jean Paulhan,
par exemple, apprécié, semble-t-il, au sein de Commentaire : n’a-
t-il pas fait exactement le contraire à La Nouvelle Revue fran‐
çaise ? Que peut bien vouloir dire, au fond, la littérature, pour
un intellectuel qui sait d’avance qu’il se rangera exclusivement
derrière le choix de la postérité (c’est-à-dire, en toute logique,
qu’il ne lui aura pas été donné l’occasion de faire un choix dans
ce monde-ci) ? Avoir la sagesse de laisser faire le temps qui fera
le tri, soit. Mais l’ignorance des avant-gardes, la méconnaissance
du négatif, d’une radicalité consubstantielle, peut-être, à la lit‐
térature au xxe siècle n’aboutit-elle pas au conformisme plutôt
qu’à une vertueuse prudence ? Et incidemment à une mécon‐
naissance de son temps ?
Depuis le fondement de la revue, la littérature est représen‐
tée notamment par l’un des plus hauts lettrés français, Marc
Fumaroli1, ce qui est évidemment un gage de savoir, une pro‐
messe de juste maintien de la tradition littéraire et de combat
pour la survie des humanités. L’essentiel serait donc sauvé. Il
n’empêche. Y a-t-il des raisons de se féliciter que Pierre Guyotat,
par exemple, n’ait jamais eu la possibilité ou le désir de tonitruer
dans les pages de cette revue où l’intelligence est reine2 ? Des
divergences politiques ? Incontestablement. Esthétiques ? On le
devine — mais Guyotat, lui aussi, pourtant, a quelque chose à
dire au sujet des classiques français3. Il est vrai que je rêve ici
MÉDIATIQUE TOI-MÊME !
d’une série de travaux décisifs sur Robert Musil, sur Karl Kraus,
et sur le pouvoir de la littérature : il a tâché de saisir le type de
connaissance qu’elle délivre. Cette enquête qui n’est pas l’une
de ces creuses défenses de la littérature, qui n’engagent à rien,
a très probablement une longue vie devant elle1. Ainsi, la
connaissance associée à la fermeté de style devrait continuer à
séduire — et à inquiéter. Et à menacer… quand Bouveresse
épingla par exemple la manière littéraire et dilettante avec
laquelle certains intellectuels s’appropriaient des concepts phi‐
losophiques durs en en ignorant les champs d’application et les
propriétés, telle que l’indécidabilité de Gödel, qui se retrouvait
sous toutes les plumes, ignorantes pourtant, apparemment, du
sens du théorème de l’incomplétude forgé par le Viennois et de
son usage restrictif2.
1. Apprenant que le tome III de ses chroniques postées sur les réseaux sociaux
ne serait pas publié par les Éditions Inculte, André Markowicz écrit ceci sur son
compte Facebook : « Je veux dire que le livre que vous lisez, ce n’est pas mon livre
— c’est le livre que vous vous faites vous-même, et c’est une autre des grandes
nouveautés du travail littéraire sur FB : pas le livre à la demande, pas le livre à
la commande, non — le livre qui est là, maintenant, et qui n’a pas besoin d’être
un livre pour être lu. Et un livre, ça va de soi, gratuit. »
Le commun des intellectuels 349
LA GÉNÉRATION DE 1968
ET LA LITTÉRATURE
François Chaubet
DE L’AFFAIBLISSEMENT DÛ AU NOUVEAU ROMAN
ET AU MODÈLE SARTRE
1. Voir François Chaubet, « 10/18 et les colloques de Cerisy : l’élitisme pour tous »,
in Jean-Yves Mollier et Lucile Trunel (dir.), Du poche aux collections de poche,
Cahiers de la paralittérature, n°10, Liège, 2010, p. 113-124.
2. Vincent Kaufmann, op. cit, p. 72 sq.
La génération de 1968 et la littérature 361
1. Voir les témoignages sur les discussions à l’hôtel de Massa par Hubert Lucot,
« Souvenirs hachés » et par Jean-Pierre Faye, « 68 de Paris à Prague », in Écrire
Mai 68, Paris, Argol éditions, 2008, p. 162-165 et p. 107-121. Voir également Boris
Gobille, Le Mai 68 des écrivains. Crise politique et avant-gardes littéraires, CNRS
Editions, 2018. Il sort des discussions de l’Hôtel de Massa, notamment, la question
de la protection sociale de l’écrivain (assurance vieillesse).
2. Patrick Combes, Mai 68, les écrivains, la littérature, Paris, L’Harmattan, 2008,
chapitre cinquième.
3. Citation tirée de Bernard Brillant, Les Clercs de 68, Paris, PUF, « Le nœud gor‐
dien », 2003, p. 274.
362 Splendeurs et misères de la littérature
1. Voir notamment Giovanni Dotoli, Parole et Liberté, La langue de Mai 68, Paris,
Hermann, 2008.
2. Ibidem, p. 61.
La génération de 1968 et la littérature 365
1. Nathalie Quintane, « Au bonheur des scélérats : poésie et presse libre des
années 1970-1980 en province », in Guillaume Désanges et François Piron (dir.),
op. cit., p. 294-305.
366 Splendeurs et misères de la littérature
1. Voir l’analyse de Boris Gobille sur Port Soudan d’Olivier Rolin, « La parabole
du fils retrouvé, Remarques sur le deuil de 68 et la génération de 68 », Mots, n° 54,
mars 1998, p. 27-41.
La génération de 1968 et la littérature 371
1. Ivan Jablonka, L’Histoire est une littérature contemporaine, Manifeste pour les
sciences sociales, Paris, Seuil, 2014.
372 Splendeurs et misères de la littérature
Laurent Martin
L’INJONCTION À LIRE,
UNE INQUIÉTUDE CONTEMPORAINE
1. Ibidem, p. 94.
Quelles politiques publiques… 377
des années 1980, n’aida pas non plus à construire une politique
cohérente du livre et de la lecture publique.
Quoi qu’il en soit, tous les aspects de la politique culturelle
nouvelle sont présents dans le secteur du livre et de la lec‐
ture dans ces années 1980-1990 : augmentation considérable
des moyens ; rapport d’experts ; construction de grands équipe‐
ments parisiens et d’autres, de moindre ampleur, en province ;
aide à la création et à la diffusion ; régulation par la loi. Ajoutons-
y un dernier élément, avec le soutien apporté par le minis‐
tère aux littératures « nouvelles », « alternatives », « jeunes »,
« populaires » (on trouve ces différents vocables dans les docu‐
ments officiels) : c’est le cas, en particulier, de la bande dessinée,
dont la reconnaissance par l’État comme pratique culturelle
légitime commence par la création de l’atelier-école de bande
dessinée à Angoulême (1983), se poursuit avec celle du Centre
national de la bande dessinée et de l’image (1990) et s’achève
avec le Musée de la bande dessinée (1991), intégré aujourd’hui
à une Cité nationale de la bande dessinée et de l’image.
Ce phénomène de reconnaissance symbolique par l’État
culturel, qui vient lui-même achever un processus de légitima‐
tion et d’artification d’un domaine longtemps considéré comme
para, infra ou sous-littéraire, s’inscrit dans un mouvement plus
large d’ouverture culturelle, de prise en compte de nouvelles
formes d’expression qui n’avaient jusqu’alors pas droit de cité.
On peut évidemment — et l’on ne s’en est pas privé — railler
ce « tout culturel » ou dénoncer les dérives induites par la
« confusion culturelle ». On pourrait aussi, de façon moins
polémique et plus pertinente, montrer combien la démocratie
culturelle a été perçue et utilisée comme un moyen de pallier les
échecs patents de la démocratisation entendue comme élargis‐
sement social des publics pratiquant les formes et fréquentant
les institutions de la culture savante.
Que l’on maintienne cet impératif ou que l’on en questionne
le bien-fondé au nom du relativisme culturel, le
constat demeure en tout cas : cet activisme et cet intervention‐
nisme n’ont que ralenti mais pas stoppé le déclin tendanciel de
la lecture des « livres-mots » comme pratique culturelle, relati‐
visée et même « ringardisée » — selon le mot d’Olivier
380 Splendeurs et misères de la littérature
POLITIQUE DE LA LECTURE
PUBLIQUE : LA BIBLIOTHÈQUE AU CENTRE
DE TOUTES LES ATTENTES
1. Thierry Ermakoff, « Le rôle social des bibliothèques » dans Quel modèle de
bibliothèque ? coordonné par Anne-Marie Bertrand à Lyon aux Presses de l'Ens‐
sib, 2008, p. 73.
Quelles politiques publiques… 389
William Marx
1. Idem, entretien avec Christophe Barbier sur LCI, 19 février 2008, http://dis‐
cours.vie-publique.fr.
2. Idem, entretien sur Radio Classique, 5 juin 2008, http://discours.vie-publique.
fr.
3. Idem, entretien sur LCI, 10 juin 2008, http://discours.vie-publique.fr.
Littérature et valeurs démocratiques 403
1. Ibidem, p. 163.
2. Idem, p. 156.
3. Idem, p. 157.
406 Splendeurs et misères de la littérature
Mais Sandoz, assis devant sa table, les coudes parmi les pages
du livre en train, écrites dans la matinée, se mit à parler du
premier roman de sa série, qu’il avait publié en octobre. Ah ! on
Pierre Jourde
LA DÉMOCRATISATION DE L’ÉCRITURE
Alexandre Gefen
1. https://www.wattpad.com/38429865-amitié-vs-amour-amies-dans-la-vie-
ennemies-en [consulté le 29 juin 2021].
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La démocratisation de l’écriture 433
« il n’y a personne pour vous dire “que faites-vous ?”1 ». Que les
femmes et les minorités aient investi ces espaces d’écriture est
un excellent marqueur des phénomènes de démocratisation de
la littérature qui s’y jouent. Cette démocratisation, par l’appro‐
priation de l’écriture comme outil de compréhension symbo‐
lique et de modélisation abstraite de soi, est indissociable d’une
démocratisation par l’appréhension des mécanismes de débat
et d’échange. Autrement dit, les écritures numériques ordi‐
naires, parce qu’elles sont fortement interactives, participent à
leur manière d’un entraînement aux débats démocratiques,
qu’il s’agisse d’interagir avec pertinence dans la fanfiction col‐
laborative pour penser le comportement d’un personnage ou les
conséquences d’une expérience ou de réfléchir dans les forums
de critique amateur au sujet des valeurs littéraires. La pratique
de productions de fanfictions, presque aussi massives que toutes
les parutions sur Wattpad (en 2011, 4 millions d’histoires, 3 mil‐
lions de comptes sur fanfiction.net), a fait l’objet d’importants
travaux critiques, du côté des media studies chez Henry Jenkins
en particulier2 comme de celui de la théorie littéraire avec
Richard Saint-Gelais3 et il faut souligner leur rôle de contre-
discours, où s’élabore, d’en bas, une pensée du monde, comme
la met en scène Emmanuel Pireyre dans Féérie générale :
1. https://www.actualitte.com/article/monde-Édition/fanfiction-les-motivations-
des-auteur-e-s/66750 [consulté le 29 juin 2021].
2. Henry Jenkins, La Culture de la convergence, Paris Armand Colin, 2013.
3. Richard Saint-Gelais, Fictions transfuges, La transfictionnalité et ses enjeux,
Paris, Seuil, « Poétique », 2011.
434 Splendeurs et misères de la littérature
Dominique Viart
MUTATIONS SOCIALES
LITTÉRATURES « ENDOTIQUES »
INVENTIONS FORMELLES
LITTÉRATURES DE TERRAIN
fin d’année, où l’on sait que les volumes de Jules Verne ont été
nombreux1.
Quelles que soient les positions des uns et des autres, alors
que la lecture, on l’a dit, a été jugée dangereuse pour les classes
laborieuses susceptibles de tomber dans des pages empoison‐
nées, politiques ou philosophiques, encourageant au vice une
Emma Bovary, la littérature est jugée de plus en plus formatrice,
des lettres antiques, qui constituent encore, avec la rhétorique,
le cœur de l’enseignement secondaire des humanités dans les
structures de la monarchie de Juillet ou du Second Empire, à la
composition française instaurée à l’épreuve du baccalauréat ès
lettres à partir des années 1880, qui impose nouvellement aux
lycéens de plonger dans les richesses du patrimoine classique.
Les œuvres du Grand Siècle dominent alors un panthéon où les
grands hommes sont aussi des moralistes dont les enseigne‐
ments ou les leçons sont supposés servir la formation des
citoyens d’une France éternelle fière de ses richesses et solide
dans ses valeurs fondatrices, patriote et raide2.
Dans cette société où se mêlent vieille aristocratie convertie
aux affaires et bourgeois avides de réussites, comme dans les
romans de Balzac à Proust, la littérature, en raison de sa force
nutritive et de toutes les sagesses qu’apportent les humanités,
est plus que jamais chose d’importance ; toute l’élite est pétrie
de cette idée, relayée dans la presse et qui fait figure de consen‐
sus social, quand bien même, dès les débuts de la République,
des modernistes veulent en finir avec la tyrannie du grec et du
latin dans les enseignements de l’école secondaire pour pro‐
mouvoir des cours plus pragmatiques où les sciences et les tech‐
niques peuvent avoir plus de place. Un seul et même discours
VOLONTARISMES
VITE, UN LIVRE
Dans cette période d’âge d’or que la crise de 1929 viendra très
sévèrement perturber s’affrontent les nouveaux seigneurs du
livre, Gallimard et Grasset, Denoël et tant d’autres, les grands
éditeurs littéraires, électrisés dans leur rivalité par les enjeux
financiers devenus gros notamment grâce aux prix littéraires,
dans une atmosphère de passion pour les stars des lettres que
le public est encouragé à découvrir ou à fréquenter1. Cette
période sans égale, qui a vu l’essor des plus belles marques de
l’édition parisienne, d’Albin Michel à Flammarion sans oublier
les autres belles plantes de la production intellectuelle ou litté‐
raire française, témoigne d’une sorte de communion autour des
œuvres partout débattues, dans les colonnes des gazettes, mais
aussi dans les antichambres des salons où il n’est pas rare que
Bernard Grasset vienne faire l’article pour ses propres produc‐
tions, quand ce ne sont pas un Cocteau ou un Morand qui
viennent en quelque sorte faire la promotion appuyée d’un
jeune poulain lancé en un soir par un bouche à oreille que plus
rien ne viendra stopper…
En ce sens ne peut-on négliger dans ce processus de démo‐
cratisation tout ce qui relève de l’injonction, pour ne pas dire
parfois de l’intimidation, dont les propos d’un Georges Duha‐
mel dans Défense des lettres sont parmi les plus marquants2.
Dans les journaux, partout, on l’a dit, ce n’est qu’une seule célé‐
bration de la culture classique et dans la presse professionnelle
tout particulièrement, de Toute l’Édition au Bulletin du livre
après-guerre, encore, n’existent, dans le domaine lettré, que les
productions de qualité supérieure3. Très valorisées, les lettres
sont portées par un snobisme au sujet duquel Bernard Grasset
a beaucoup écrit dans La Chose littéraire — David Martens dit
ici même ce qu’il convient d’en penser —, un snobisme typique
1. Voir ce qui en est cité au début du volume collectif sur L’Édition littéraire
aujourd’hui, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2006.
2. Voir Jacques Debû-Bridel, Les Éditions de Minuit, Paris, Minuit, 1945.
Conclusion 463
prééminente des écrivains dans la société afin que les plus favo‐
rables au nouveau pouvoir en place puissent user de leur
néfaste influence et amener les Français à accepter l’inaccep‐
table1. Toute la littérature sur la librairie regorge de remarques
sur les Français qui ne lisent pas assez en comparaison des pays
du Nord ou des pays de culture protestante, alors que la France
pourtant demeure une nation littéraire, un pays où tout ce qui
est lié à la littérature est jugé d’importance et où l’élite politico-
sociale est aussi une élite culturelle. N’est-ce pas le signe que,
quelle que soit la réalité des lectures, il est toujours possible de
faire mieux et d’inciter toujours plus à plonger dans les livres ?
Ce grand mouvement trouve son acmé avec la sortie comme
une fusée du livre de poche dans les années 1950, un objet fruste
pour ne pas dire rustique qui déchaîne pourtant les passions et
qui se trouve acheté avec ferveur par toute la jeunesse du baby
boom. Les tirages sont-ils de 60 000 exemplaires au début des
années 1950 ? Ils sont presque aussitôt épuisés. Même chez
Hachette, opérateur de la marque Le Livre de poche, personne
n’y a cru, ce qui explique qu’il n’y ait pas eu de concurrent pen‐
dant près de dix ans si l’on excepte la marque J’ai Lu, lancée en
1958, qui a pris grand soin de ne pas immédiatement chercher
à venir attaquer sur ses terres la vieille librairie du xixe siècle,
en évitant de donner au public des productions généralistes2. Il
faudra attendre le début des années 1960 pour voir apparaître
les grands opérateurs du livre pour tous, 10/18, Presses Pocket,
Garnier-Flammarion, dans un moment de ferveur ou d’espé‐
rance en faveur d’une vraie démocratisation de la lecture, enfin
parachevée, en quelque sorte, au moment où les collèges et les
lycées se remplissent des jeunes nés dans le feu de la guerre.
1. Voir les travaux pionniers de Pascal Fouché sur ces questions, L’Édition fran‐
çaise sous l’Occupation 1940-1944, deux volumes, Paris, Bibliothèque de littéra‐
ture française contemporaine de l’université de Paris-VII, 1987.
2. Voir sous la direction de Pascal Fouché L’Édition française depuis 1945, Paris,
Cercle de la librairie, 1998, et le travail d’Aurélie Pagnier dans le volume collectif
sous la direction de Jean-Yves Mollier et Lucile Trunel, Du poche aux collections
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464 Splendeurs et misères de la littérature
LOINTAINES INQUIÉTUDES…
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