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et

r res
arbustes
256 illustrations en couleurs

..
GRUND
Arbres
et arbustes
Texte de Vaclav Vêtvicka
IUustrations de Vlasta Matousova

, GrÜnd .

Garantie de J'édi teur

Pour vous parvenir l son plU5 juste prix. cel ouVl'1l.gc: a fail
l'objet d'un g.ros tirage. M aigri 10U$ les soÎns I1pPOrtts
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la nature du dffaui c::omtal~. Dans l'un ou l'autre cas,
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Librairie Gründ - 60. rue Mazarine - 75006 Pari$

Septième tirage 199\


TClUC de Vklav Vt lvitka
Adaptation fnmçllise de GeurgCli ShlVr~k
lIl ustrB tions de Vlasta Malotdcwll
Auteur des dessins : Jan Mdek
Amaoscmcn l graph ique par Fnlnlikk Pmkd
rc 1990 b)' AVEJ'Io'TINUM. Prague
(Première édition publiée par les Èdilions Ania en 19M)
Tou le reproduction d ' un ex trai l quclcooquc tic cc livre parqu.t:lquc
proa!dt que oc: !'iCI;'. e l I10Ilmmenl par pholoropte ou microfilm. CSI
s lric1emcnl Înlcrdiu: 5IIns autorisation krile des Editions Aven -
tiourn.
El pour le IUle français:
CI 1984 br GRÛND. Pari~
ISBN 2-1000-1511.1
~pOl légal : septe mb re 1YI'l4
lmprimt en Tchécoslovaquie par Neografia. Martin
3/ 13/08153-01
Table

Arbres et arbustes
- oeuvres architecturales de la nature 7

Par quoi les essences ligneuses se


diffé re ncient·ellcs des a utres végétaux? 14

D e la vie de l'arbre 20

Témoin vivant du temps 24

Aucun a rbre n'est seul 25

Au service de l'homme 37

D escriptions illus trées 47

Bibliographie sommaire 305

Index des noms français 307

Index des no ms latins 309

5
Arbres et arbustes - oeuvres architecturales de la nature

Dès le premier contact, les essences ligneuses et (/runcus) est enti~rement lignifié e t dé pourvu de
surtout les arbres captent notre int6r!t par leurs tiges, branches dans sa partie basse. 11 se ramifie en haut en
leur tronc, leur houppier et le urs branches. eo somme , fonnant un houppie r (corona) . La hauteur habituelle
par J'ensemble de leurs parties a6riennes. Leur beaut6 des es~ces sert ~galement de crit~ re de classement .
majestueuse, leur richesse omementaJe est souvent Les es~ces qui poussent jusqu'à sept m~tres de
telle que J'homme doit se rendre à J'évidence: leur hauteur sonl considérées comme de petits arbres,
architecture dépasse la sienne. celles qui atteignent de sept à quinze m~tres comme
Enfin. combien d'oeuvres conçues el érigées par des arbres bas, celles de quinze à vingt·cinq m~tTes
l'homme pourraient-elles rivaliser, tant du point de oomme des arbres moyens et celles de vingt·cinq
vue fonctionne l qu'esthétique, avec les arhres ? à cinquante m~tres comme des arbres hauts. Enfin , les
Cest donc J'aspect extérieur de l'es~ce dans son arbres qui dépassent cinquante mè tres sont consid~r~s
ensemble qui captive en premier lieu notre attention. comme de très grands arbres.
La oonstruction du houppier de chaque espèce répond - Liane ligneuse (liana) : essence ligneuse ayant
à des règles héréditaires tr~ strictes, bien que les une tige entièrement Jigni{i~e mais souple, qui né
influences écologiques extérieures puissent causer de dispose pas de suffisamme nt de force propre pour
graves changeme nts dans la fonne finale de l'espèce pousser seule vers le haut sans J'aide d' un support o u
individuelle. On constate alors que la tige (tenne qui d'un tuteur. Alors, elle s'accroche à ses supports soit
désigne ici l'ensemble des parties a~rienn es. qui lie les par des sarments (comme, par exemple, le pied de
organes nutritifs, les racines e t les feuilles) est la partie vigne) soit par r adh~re n ce de ses racines adventives
la plus mall~able et aussi la plus changeante du corps (comme, par exemple, le lierre). E lle peut aussi
v~g~tal . pre ndre appui sur un v~g~ tal voisin à l'aide de petites
Les essences ligneuses sont des v~g~taw: ayant des branches latérales de soutien ou d'~pines à crochet
tiges et des racines lignifi~es. Elles vivent longtemps, (oomme certaines roses). Les lianes ~piphytes grim·
de plusieurs années à plusieurs d~cennies. produisent pent en ha uteur en tournant autour de leur tuteur
souvent des fruits, et leurs troncs sont eo g~n~raJ (comme le Ol~vrefeuille grimpant).
ramifiés en plusieurs branches. Suivant leur mode de - Arbrisseau Urulex) : essence ligneuse dont les
croissance, on peut les classer en plusieurs types ; tiges enti~rement ligni{i~es se ramifient dès la base
- Arbre (arbor) : essence ligneuse dont le tronc (par exemple, le Prunellier) . Les différentes fonne s de

Les types de croissance


des essences ligneuses les
plus friquenl!i ; a - ar·
buste: b - liane ligne use j
c - arbre.

• c

7
~:
1
b

Même pendant l'hiver, on peut différencier les essences des écailles protectrices. Les bourgeons des essences
ligneuses suivant la structure caractéristique de leurs ligneuses poussent exceptionnelIement à nu comme
bourgeons: a - les bourgeons nus de Viburnum lantana ; ceux de la Viorne ou à demi-nu comme ceux du
b - les bourgeons alternes du Hêtre, couverts d'écailles ;
c - les bourgeons compacts et opposés, noirs et satinés du Sureau. Ils se trouvent à l'extrémité des tiges (bour-
Frêne; d - les grands bourgeons opposés du Marronnier geons terminaux) ou latéralement sur la tige, dans
d'Inde avec des cicatrices bien apparentes, laissées par les l'aisselle des feuilles (bourgeons latéraux ou bour-
feuilles; e - les bourgeons alternes des Chênes groupés aux geons d'aisselle). Les essences ligneuses angiospermes
extrémités des rameaux ; f - jeune branche de l'Orme lisse portent un bourgeon d 'aisselle presque derrière cha-
avec des bourgeons alternes ; g - une branche plus ancienne
de l'Orme lisse avec des bandes de liège. que feuille, tandis que les essences gymnospermes
(conifères) en portent dans l'aisselle de peu de
feuilles.
ramifications engendrent des arbrisseaux de type Les bourgeons jouent un rôle important dans les
différent : par exemple à tige unique, à plusieurs tiges essences ligneuses : ils ont une fonction de protection,
ou buissonnants. et sont la base même des tiges nouvelles. A partir de
- Sous-arbrisseau (hemixyla) : plante dont seules leur emplacement sur la tige-mère, l'on peut prévoir la
les parties basses des tiges se lignifient, les parties manière dont les branches se développeront . En hiver,
supérieures qui assurent le floraison restant ils permettent de déterminer l'espèce, surtout lorsque
herbacées: c'est le cas de la Pivoine Paeonia arbores- les arbres ont perdu leur feuillage, du fait de leurs
cens. caractères propres suivant la famille ou l'espèce. En
La ramification est une propriété naturelle des tiges général, ils occupent sur la tige l' une des trois positions
des essences ligneuses : c'est par ce moyen qu 'elles suivantes: en alternance, en contre-plan ou contre-
utilisent au mieux l'espace et qu 'elIes peuvent exposer position, ou en verticille.
au soleil l'ensemble de leur feuillage . Outre ces bourgeons, des bourgeons adventifs ou
Les branches poussent à partir des bourgeons de la des bourgeons de remplacement peuvent se former
tige- mère. Les bourgeons sont des excroissances sur la plante. Chez les essences ligneuses, des bour-
saillantes qui portent en puissance les futures tiges et geons « dormants» peuvent se réveiller dans le cas
feuilles. Ils sont protégés contre les intempéries par d ' une blessure de l'arbre : ils forment alors des

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pousses très caractéristiques. Les bourgeons dormants l'on appelle ramification cimaise, possède plusieurs
peuvent atteindre jusqu'à cent ans chez les essences variantes. Parfois, la tige secondaire s'accroît telle-
ligneuses à longue durée de vie comme les Chênes ou ment qu'elle prend la place de la tige-mère, la
les Hêtres. repoussant de côté. Le résultat 'final se présente
Mais, tous les bourgeons ne donnent pas naissance comme un houppier à tige unique, mais le tronc ou la
à de nouvelles tiges ou de nouvelles branches. Ceux tige-mère est, en réalité, formé de tiges successives
qui n'ont pas poussé peuvent se transformer en superposées. Ce genre de ramification est appelé
bourgeons dormants. sympodium. Du premier coup d 'oeil, nous voyons que
La majeure partie des essences ligneuses possède, ces types de ramification se différencient suivant la
principalement, deux formes de branches: leur position de leurs feuilles et de leurs tiges latérales.
nombre et leur emplacement respectif déterminent Tandis que chez le houppier à tige unique les tiges
l'architecture du houppier : latérales poussent dans les aisselles des feuilles , dans
- Les branches d 'allongement ou macroblastes l'autre cas les tiges « latérales » qui sont, en réalité,
sont des pousses longues qui croissent longtemps ; des tiges-mères repoussées, poussent en contre-plan
leurs articulations sont très longues et les bourgeons de la feuille. Ce type de ramification des branches est
latéraux s'y trouvent placés à une grande distance les caractéristique par exemple pour les Tilleuls, les
uns des autres. Ils poussent habituellement à partir des Ormes et les Charmes.
bourgeons terminaux et très rarement à partir des La ramification des troncs et la relation e ntre les
bourgeons latéraux. Ces branches sont à la base de la
formation du houppier chez presque toutes les jeunes
essences ligneuses et quelques essences ligneuses
adultes: c'est le cas du Sarothamnus scoparius et de
quelques variétés de saules.
- Les petites branches raccourcies, branches d'une
croissance limitée ou brachyblastes ont des articula-
tions très courtes : elles mesurent souvent quelques
dixièmes de millimètres. Leur surface est très rugueu-
se (chez le Ginkgo, par exemple). Les aspérités sont
provoquées par les cicatrices provenant de la perte des
écailles protectrices et des feuilles. Ces branches ne
portent souvent qu 'un bourgeon terminal, à partir
duquel pousse une articulation très courte. Les
brachyblastes vivent plusieurs années, de dix à quinze
ans, moins longtemps toutefois que les macroblastes.
Souvent, les brachyblastes ne sont destinées qu 'à une
fonction spéciale : chez les Mélèzes, les Cèdres et les
Pins, elles portent les faisceaux d'aiguilles ; chez les
Pommiers, les Poiriers et autres rosacées elles sont les
seules qui portent les fleurs . Chez quelques autres
essences ligneuses, comme le Prunellier, les épines
partant de la tige sont des brachyblastes transfor-
mées. "
L'ensemble des pousses se ramifie, en général, de
deux manières: soit le bourgeon terminal prolonge la
tige-mère formant ainsi la tige principale. Sur elle
poussent, à partir des bourgeons laté raux, des tiges
latérales plus faibles qui ne dépassent pas la tige
principale ni ne la prolongent. Cette forme de
ramification, dite uviforme, est commune pour toutes
les es ences résineuses à houppier pyramidal ou
conique. Soit les tiges secondaires sont plus fortes et La petite branche de prolongement, le macrobla te long (a)
plus longues que la tige-mère, comme chez les et ra petite branche raccourcie à croissance limitée, le
Aesculus, par exemple. Ce genre de ramification, que brachyblaste (b) .

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différentes petites branches, l'angle des branches et tions des houppiers « idéaux ». Nous pouvons citer
l'épaisseur des branches inférieures ou supéritures pour exemple les houppiers pencijés unilatéralement
déterminent l'allure définitive et la texture de l'essen- d'un côté chez les feuillus situés en bordure de forêt ou
ce ligneuse et de son houppier. Par ailleurs, l'essence au-dessus d'une étendue d 'eau, chaque végétal réagis-
ligneuse s'efforce toujours de capter, même dans le sant en outre à la lumière réfléchie par la surface de
cas d' un houppier superposé, le maximum de lu- l'eau. La couronne de nombreux résineux forme une
mière. surface voûtée et arrondie. C'est la réaction du végétal
La forme définitive du houppier est déterminée non pendant sa croissance à la lumière du soleil: il tente de
seulement par les propriétés anatomiques et morpho- créer les meilleures conditions afin d'en profiter le
logiques de la plante mais aussi par l'influence des plus possible. Quand plusieurs essences ligneuses
facteurs extérieurs et, avant tout, par la lumière et le poussent en petit groupe, elles réagissent ensemble
vent. Les végétaux terrestres et surtout les résineux à la lumière et forment une surface arrondie ou
aiment en général la lumière. Les différentes condi- héliodynamique, comme s'il s'agissait d' un végétal
tions de luminosité apportent différentes déforma- unique. L'effet de la lumière du soleil change suivant
la latitude: plus la distance par rapport à l'équateur
s'allonge, plus la surface voûtée des houppiers devient
convexe. Elle se penche toujours vers le soleil, vers le
sud dans l'hémisphère Nord et vers le nord dans
l'hémisphère Sud.
Les déformations du houppier idéal sont provo-
quées, outre par la différence de luminosité, par les
vents (surtout quand ils soufflent dans une direction
déterminée comme en bord de mer ou en haute
montagne où l'on observe la formation de couronnes
« flottantes »), ou par l'ombre que portent des cons-
tructions ou d 'autres arbres. L 'angle d 'inclinaison de
la terre, de même que sa structure, c'est-à-dire le
degré suivant lequel elle réfléchit les rayons du soleil
peuvent être d'autres causes de déformation.
La plupart des déformations évoquées ne concer-
nent que les résineux qui poussent isolément. D ès que
b
les essences ligneuses poussent en formation
compacte, elles réagissent avant tout à la concurrence
des essences ligneuses environnantes.
Nous ne parlons de couronne ou de houppier que
dans le cas d'un arbre. Dans le cas des arbrisseaux, qui
ne possèdent pas de couronne, nous parlerons d 'habi-
tus. Le houppier d'un arbre est formé d' un ensemble
de branches qui poussent à partir du tronc, et il se
compose:
- des branches structurelles ou branches d'ossature
qui jouent un rôle déterminant dans l'ossature du
houppier. Il s'agit de branches assez grandes, assez
fortes qui prolongent, en général, les pousses à fonc-
tion végétative.
- des branches de remplissage, pousses de prolon-
gement moins fortes ou brachyblastes raccourcies qui
c d
garnissent le houppier. Elles remplissent des fonctions
tant végétatives que génératives, et occupent presque
L'épaisseur et le type des houppiers des arbres ; toute la place sur la surface extérieure du houppier.
a - houppier porté bas ;
b - houppier porté haut ; Les différentes sortes d 'essences ligneuses portent
c - houppier éclairci ; des houppiers de densité variable, caractéristiques
d - houppier épais. selon chaque espèce. Cette densité peut être très

10
a b

.. e

Les formes des cimes des essences ligneuses peuvent être termes de géométrie: conique, pyramidal, cylindri-
comparées aux formes géométriqnes: a - pyramidale que, en brochette, ovoïde, ellipsoïdal ou sphérique.
(conoïde) ; b - en broche étroite; c - ellipsoïdale ; Dans certains cas, on a recours à des dénominations
d - ovoïde ; e - sphérique ; f - paraploïdaJe ; g - irrégu-
lière. plus spécifiques: paraploïdal pour celui du Pin,
pleureur pour le Salix x sepulcralis, flottant sous
l'influence du vent, à étages séparés ou combinés dont
la forme évoque plusieurs petits houppiers superpo-
faible, même avec les feuilles, chez les Gleditschias sés, comme chez le Tremble, ou encore irrégulier
par exemple ou, au contraire, très dense et devenir, comme chez certains vieux Chênes.
pendant l'été quand le feuillage est le plus développé, De la même manière, l'habitus des arbrisseaux peut
presque impénétrable pour les rayons du soleil (chez être ovoïde, sphérique, pendant, étendu, aligné,
le Hêtre ou le Tilleul) . Si la hauteur du tronc dépasse attaché, gerbé ou revêtir d'autres formes irrégu-
ceBe du houppier, nous parlons d 'un houppier haut lières.
placé (superposé) et si le tronc est plus court que le Pour les essences ligneuses de la zone tempérée
houppier, nous parlons d ' un houppier bas. Cette (évoquées, pour la plupart, dans cet ouvrage), la
caractéristique n'est pas particulièrement liée au construction du houppier n'est pas très compliquée,
genre de l'essence ligneuse, mais plutôt aux influences bien que les différentes espèces se distinguent au
extérieures : si elle pousse seule ou si elle fait partie premier coup d ' oeiL
d 'un ensemble (chez les Pins ou chez les Hêtres) .

L 'architecture et la construction des houppiers des
On définit la forme du houppier en utilisant des essences ligneuses atteignent leur plus grand dévelop-

11
périodes de repos, ou d 'une manière ininterrompue?
Ses branches continuent-elles à se ramifier? Quelle
est la position des fleurs ou de la floraison : terminale
ou latérale? Il faut toujours prendre en considération
le fait qu'caucune de ces caractéristiques n'est isolée
mais qu'elle apparaît combinée avec les autres. Ainsi
est née l'échelle des modèles architecturaux des
essences ligneuses. Ces modèles portent le nom de
ceux qui les ont établis: modèle de Cook, modèle de
Prévost par exemple. Bien que cette classification très
récente, qui n'a été publiée qu'en 1978, concerne
a surtout les essences ligneuses de la zone tropicale,
certaines essences ligneuses de la zone tempérée
peuvent s'y rattacher. Par exemple, toute une série
d 'essences résineuses (Araucaria excelsea, les Sapins,
les Ifs) correspondent au modèle de Massart, tandis
que l'Araucaria araucana et la plupart des pins,
y compris le Pin forestier, de même que les Érables, les
Chênes, les Frênes, correspondent au modèle de
Rauh . Il en va de même d 'autres espèces à feuilles,
comme les Hêtres, les Tilleuls, les Ormes, qui répon-
dent au modèle de Troll, tandis que nombre d 'arbris-
seaux, tel le Sureau, croissent selon le modèle de
b Champagnat.
Les racines, presque cachées à l'oeil humain, sont
un organe très important des essences ligneuses. Elles
dépendent de certains facteurs : subissant aussi les
influences de l'environnement, elles sont beaucoup
plus déformées que la partie aérienne par les condi-
tions extérieures. L 'ensemble des racines, ou appareil
radiculaire, fixe le végétal en terre et y puise les
solutions nutritives. Suivant les différentes essences
ligneuses et leur appareil radiculaire, on rencontre
deux types d 'enracinement : dans l'enracinement
profond, la racine principale ou pivot pénètre à la
verticale profondément à l'intérieur de la terre (sa
c longueur peut alors égaler la hauteur de la partie
aérienne de l'espèce, ce qui est le cas du Chêne
printanier). Ou bien, dans l'enracinement peu pro-
L'architecture des essences ligneuses selon le système de fond, les racines latérales pénètrent horizontalement
Hallé, Oldemann et Tomlinson : juste sous la surface de la terre, ce qui est le cas des
a - modèle de Massart ;
b - modèle de Rauh ; Épicéas.
c - modèle de Troll. Les arbres à enracinement profond ne se déracinent
pas sous les effets du vent, mais ils peuvent se casser,
tandis que les arbres à enracinement peu profond
pement dans les zones tropicales. Les critères de base peuvent être déracinés. Selon leurs critères morpholo-
de leur système de classification sont très simples: giques, les systèmes d 'enracinement sont de trois
Les pousses sont-elles ramifiées, comme chez les types différents. Dans le premier cas, la racine
essences ligneuses pluriaxiales, ou non ramifiées, principale verticale est la plus développée; elle est, en
comme chez les essences monoaxiales ? S'agit-il d ' une général, assez forte et se dirige pratiquement à la
essence à tige unique ou d'un sympodium ? L'essence verticale le plus profondément possible en terre. Dans
ligneuse croît-elle par périodes suivant un certain le deuxième cas, un plus grand nombre de racines
rythme, la croissance étant interrompue par les d 'égales dimensions se dirigent vers le bas soit

12
b

L'organisation des systèmes de racines possède aussi ses laire entre en symbiose avec le mycélium d ' un
règles : champignon ou avec certains micro-organismes. On
a - systè me de racines à racine principale unique en pieu ;
désigne cette cohabitation sous le nom de mycorhize.
b - système de racines à plusiews racines fortes et obliques,
sans aucune racine principale (système radiculaire Elle est connue chez les bouleaux, les chênes, les
cordiforme) ; frênes, les pins, chez les bruyères, ainsi que chez toute
c - système de racines où les racines principales se une série d 'arbrisseaux. Les champignons et les
développent parallè lement à la surface du sol et ne sont pas racines des végétaux supérieurs vivent en symbiose
très profondes.
étroite, ce qui est profitable pour les deux organismes.
Selon les types morphologiques, les mycorhizes se
subdivisent en mycorhizes ectotrophes - les filaments
des champignons se trouvent à l'extérieur des racines
verticalement soit en biais, et l'on ne distingue aucune sur lesquelles ils forment une épaisse enveloppe
racine principale proprement dite: il s'agit d 'un systè- protectrice - et en mycorhizes endotrophes - les
me d 'enracinement dit cardioïdal. Enfin, dans le filaments des champignons se trouvent, ce tte fois,
dernier cas, plusieurs racines latérales d 'égale vigueur à l'intérieur de la plante-hôte. Les essences ligneuses
se dirigent parallè lement à la surface de la terre, dans connaissent surtout le premier type de symbiose.
des couches très peu profondes : ce sont des racines Cette liaison peut être détectée au premier coup
latérales principales. Ici, peu de racines et de radicel- d 'oeil: dans la forêt, on sait que certaines sortes de
les pénètrent plus profondément en terre. Les deux champignons ne poussent que sous certains arbres. La
premiers types, à racines profondes, sont solides ; le coexistence entre le champignon et l'essence ligneuse
troisième , très peu profond, est peu stable. n'est pas seulement utile aux deux espèces, mais aussi
Mais les racines peuvent aussi s'éloigner du système à l'humanité : on peut constater, en effet, que partout
d'enracinement classique: c'est le cas des racines où les influences de la civilisation ont fait reculer les
adventives, de celles qui poussent latéralement à la champignons, la surface boisée diminue.
base du tronc, obliquement, en direction des terres Pour des raisons techniques, les différents systèmes
marécageuses, comme chez l'Aulne; c'est aussi le cas d'enracinement des essences ligneuses ne sont pas
des racines-échasses des Mangroves. De même, les aussi bien explorés que leurs parties aériennes, ce qui
crampons aériens (radix alligans) sont des racines n'empêche pas de trouver suffisamment de types
adventives qui fixent des lianes à leur surface caractéristiques pour les différents genres et pour les
d'appui. différentes espèces.
Un groupe distinct est formé par les racines Certaines essences ligneuses, notamment les arbris-
aériennes (pneumatophores) qui, poussant à l'air seaux, forment habituellement des ensembles qui se
libre, assurent un apport d 'oxygène aux parties propagent à partir d 'une espèce individuelle, les
enterrées : c'est le cas du Cyprès chauve (Taxodium parties souterraines et aériennes s'agençant selon une
distichum) . organisation classique. Elles se propagent d'une
Chez certaines essences ligneuses, l'appareil radicu- manière très dynamique: à partir des bourgeons

13
adventifs, elles créent de no uvelles pousses aé riennes rieur, ils peuvent ressembler à un ensemble formé par
ve rgées que l'on ne peut di!rérencier, par leur aspect plusieurs espèces, bien qu' il s'agisse en ~a lit é d' une
extérieur, de la première espèce qui a grandi à partir seule plante individuelle. On désigne ces e nsembles
d' une graine. Les ensembles ainsi créés occupent sous le terme de polycormones : appartiennent à ces
généralement une surface plus étendue. De l'exté· formations la Rose galloise ou la Rose frisée.

Par quoi les essences ligneuses se différencient-eUes


des autres végétaux?

Selo n une vieille cncyclopédie savante, le terme considérer les étapes antérieures à J'évolution des
d 'essences ligneuses (1i8IJOSal!, (i8IJidae. holoxylae), espèces. n faut remonter jusqu'au début du cambrien,
- .. ces végétaux dont l'e nsemble des tiges se Lignifi e il y a environ quatre cent vingts miDions d 'années,
et persiste » - recouvre d 'abord les arbres et arbris· quand se sont produits de grands changements clima-
seaux, mais aussi des sous-arbrisseaux et des lianes tiques. A cette époque, les premières plantes terres·
ligneuses. Elles se subdivisent, selon des critères tres commencent à apparaître: quîttèrent·elles le
multiples, en feuillus, résineux, essences fru itières, milieu aq uatique pour venir se fixer sur la terre
essences forestières, o u, suivant les zones géographi· ferm e? Nous désignons ces plantes sous le terme de
ques où elles se trouve nt , d'après la hauteur à laquelle psilophytes. Elles se sont développées très rapidement
elles poussent, par exemple. La discipline scientifique dès le début pour donner naissance à des formes
qui traite de ces végétaux lignifiés se nomme la nouve lles et à de nouvelles branches d'évolution. La
dendrologie, science des essences ligneuses. branche la plus progressive des végétaux poussant sur
Dans un sens plus restreint, no us considérons la terre ferme commença à se différencier en racines,
comme essence ligneuse tous les végél'aux qui tiges et feuilles et à crée r un système de vaisseaux.
comportent une tige lignifiée durable avec des bour· Ainsi sont apparues des plantes riches en vaisseaux,
geons de reproduction sur les pousses lignifiées situées les plantes vasculaires. Ces végétaux ont en commun.
au-dessus de la terre : les bourgeons reproducteurs, se dans leurs cellules, la présence de chJorophylle et de
trouvant à une hau teur d' au moins vingt-cinq centi- carOlénoïdes qui assurent la photosynthèse, le même
mètres au-dessus du sol, sont entièrement ex-posés aux- système de multiplication el la même construction de
intempéries pendant les périodes de repos végétal. E n leurs faisceaux de vaisseaux. Le corps de la plante est
haute mo ntagne ou dans le Grand Nord. on trouve couvert par une cuticule comportant des tro us d'air
certaines exceptions ; Salir relieu/ola atteint à peine qui permettent l'échange des gaz.
dix centimètres de haut . Les plantes vasculaires sont des organismes plun·
Ce sens restreint n'englobe pas les sous-arbrissea ux ce llulaires avecdesceUules bien d ifférenciées, tant par
dont seules les parties basses des pousses se lignifient la fo rme que par la fonction. En règle générale, les
tandis que les parties haul'CS qui supportent la ensembles cellulaires se différencient suivant leurs
noraison restent herbacées. Les petits arbustes, ces fo nctions en divers tissus disti ncts. Les tissus sont des
plantes basses et persistantes qui poussent souvent en ensembles de cellules rapprochées entre lesq uelles des
plaques compactes avec beaucoup de branchages échanges se produisent . Le terme même de tissu nous
à pousses lignifiées, oomme les bruyè res, les airelles vient du tout début de l'anatomie des plantes. A celle
ou les myrtilles {orment également une catégorie époque, on a considéré comme les parties les plus
à pan . Bien que, du point de vue anatomique, ils impon antes de la cellule les parois ceDulaires qui
correspondent à la définitio n des essences ligneuses, apparaissaient au microsoope oomme une sorte de
ils présentent néanmoins beaucoup de caracléristi· (ilet de tissu ou de fer. Chez les plantes supérieures,les
quesspéciales, ce qui no us aconduit à ne pas les trai ter différents lissus s'assemblent pour former des unités
dans cet ouvrage. supérieures, que l'on peut cl:lSSer en deux groupes :
Afin de mieux expliquer des termes tels que les tissus à ccllules jointives dits méristèmes et les
l'essence ligneuse, le bois, la lignification, il faut tissus durables.

14
Les tissus à cellules jointives o nt dans la vie d 'une la plante possède habitue lle me nt des pellicules exté-
plante une fo nctio n essentie lle e t irre mplaçable, Le ur rie ures hypertro phiées c n cellulose. q ui sont impré·
présence assure la croissance illimitée de la plupart gnées de cutine e t couvertes par une mince couche de
des plantes pluricellulaires pendant to ute la d urée de çutine, la cuticule . Ce d ispositi! protège le corps de la
le ur vie, Ces pla ntes se composent de cellules q ui on t pla nte contre les déperditio ns d'eau. Souvent , les
gardé leu.r divisibilité. Chacune de ces cellules s'appel- pellicules cellulaires sont e ncore imprégnées o u re·
le la ce llule initiale . Qua nd e lle se trouve a u sommet couvertes de cires fo rma nt à la surface de l'épide rme
de la plante, il s 'agit d 'une cellu.le initiale uniq ue de fin es membranes comme la pruine des fru its, les
désignée sous le nom de ce llule te rmina le. A partir aiguilles des résine ux, o u a utres. Les bourgeons
d'elle, se d istribue ntlesce llules-segme nlSqui fo rme nt d' hiver de nom~re ux arbres ajouten t e ncore sur
il leur to ur les mé ris tè mes te rminaux . Ces de rniers l'é pide rme une couche de résine , Les cires et les
sont logés a u sommet des organes c t sur leurs faces résines re mplissent surto ut une fo nctio n de protcÇlion
latérales. Ainsi, par la segme ntatio n des cell ules pour les plantes.
te rmina les, se crée le mé ristè me primaire , à partir Po urtant, si l'e nsemble du corps de la plante é tait
duquel se fo rme nt c t se diffé re ncie nt successive me nt he rmé tiqueme nt dos, les plantes ne se raie nt pas e n
les tissus durables. Sous l'extré m ité de la tige, le mesure de remplir le ur foncti o n essentielle de pho to·
méristème primaire sc diffé rencie e ncore e n trois: synth èse, Ainsi. afin de garantÎr un échange de gaz
- le méristè me de surface, dermatogène à couche surtisant e ntre l'atmosphère c t les espaces in tercell u-
unique à partir duq ue l se fo rme l'épiderme; laires, l'épiderme des pla ntes possède plusieurs paires
- le péri blè ne , placé é troite me nt sous le pre mie r, de ce llules ré niformes, séparées par une fe nte. L'cn-
q ui se compose de plusieurscouchcs, e t à partir d uq ue l semble de ce d ispositif s'appelle le sto ma te . Les
se forme l"écorce primaire ; sto mates assure nt les écha nges gazeux des plantes
- le ple uron o u méristè me infé rie ur çylindriq ue. supérieures en perme ll ant la respirat ion, la pho tosyn·
qui se diversifie e n fibres porteuses e t e n moe lle . thèse e t la transpiratio n. Ce dispositif assure l'existe n-
Les fe uilles préscm e nt un cas spécial de r e mplace- ce des plantes sur la te rre ferme. Le nombre de
me nt du méristème dans le corps d' une plante, El lesse sto mates et leur e mplaceme nt sont d iffé re nlS e t
fo nne nt très près d u somme t , e n tant que petites typiques pour chaque plante, e t selo n le milieu où c lic
aspérités qui naissent dc la séparatio n de l"écorce . se tro uve : sec ou humide , On tro uve e nviron cent
Ensuite , seule me nt le de rma togène se divise . Le fo nd à trois cenIS sto ma tes pa r mè tre carré. Les ce llules
de la fe uille sc compose d 'un tissu mé ristê mique . ré nifo rmes réagissent a ux innue nce s de l'extérieur
To ute fois, la transfo rmation c n cellules durables soil e n OUVT3nt soit en ferma nt la fe nte du sto mate ,
comme nce à pa rtir de la pointe de la fe uille pour se La surface extérieure de no mbreuses plant es est
terminer à sa base d'où c ite disparaît . C'est pour celt e souvent couverte par des fo rm ations de poils . Ces
raison que les fe uilles n'ont , à la d iffé rence des tigeset fo rma tio ns sc créent à partir d 'une seule cellule de
des racines, qu 'une croissance limit ée. l'é piderme (les tricho mes). o u de plusieurs (l'é me r-
Parmi les tissus durables, no us pouvons e ncore ge nce), Le plus souvent , ces poi ls remplisse nt des
distingue r, selo n le urs e mplacemen ts e t le urs fo nc· !onctions de couverture e t de pro tectio n. Mais il e n
tions, trois e nsembles de base : est , par exemple sur les g raines, q uj perme tte nt ln
- les tissus d'épide rme o u de protectio n : pro pagatio n des plantcs, comme pour les graines dcs
- les tissus porteurs : les faisceaux e t, dans les liges peupliers et des saules,
à croissance seconda ire , le bois c t le liber qui se Dans la vic de bon no mbre de pla ntes survie nt une
fo rment grâce à l'activité du cambium : période où même les cellules du tissu durable recom-
- les tissus de base, c'est-d-dire tous les aUlres qui me ncent à sc diviser pour sc changer e n ce llules
remplissent rinté rie ur des o rga nes. jointives. Ainsi, peut se créer dans un o rgani sme dé jà
Les tissus de protectio n ne se limitent pas à couvrir défi nitif un no uveau mé ristè me , le mé ristè me secon-
l'e nsemble du corps de la pla nte , mais ils protègent dllire . Citons· e n pour exemple le tissu q ui fo rme. le
aussi to uS les a utres tissus des infl uences exté rie ures e t liège, le phe llogène par lequel une écorce secondai re
ils servent d'inte rmédiaire e nlre le corps de la pla nte se forme sur les tiges des essences ligne uses.
et l'e nvironne me nt e xté rie ur. Le premie r tissu de Toutes les essences ligne uses vivent plusie urs an-
protection est l'épide rme (epidemlis) , fo rmé le plus nées, Toutes les part.ies de leur organisme qui suppor-
souvent par une couche uniq ue de cellules aplaties, te nt le change ment e ntre les périodes dc croissance
liées très é troitement e ntre c lics, sans espace intercel- intensive et de repos végétatif possèdent une couçhe
lulaire. L'épiderme q ui couvre les parties aé rie nnes de secondai re de tissu de protectio n, unc écorce secon·

15
daire, le peridermis. Le phellogène travaille soit dans contraire, les essences ligneuses comme le Hêtre, chez
deux directions: il produit le liège vers l'extérieur et, lesquelles le phellogène remplace le liège qui tombe
vers l'intérieur, une écorce verte, le phelloderme, soit en petites écailles dès la croissance du tronc, consti-
dans une seule direction et il ne produit alors que du tuent une exception. Il s'agit en général d'essences
liège. Mais, dans les deux cas, l'ensemble entier ligneuses à écorce lisse.
s'appelle écorce secondaire. Dans le cas des autres essences ligneuses, surtout
Lors de la croissance secondaire de la tige, le liège chez les arbres, le premier phellogène limite au bout
reprend, après la détérioration de l'épiderme, des d' un certain temps son activité pour l'arrêter ensuite
fonctions de couverture et de protection. Il se compo- complètement. Mais, en mê me temps, on assiste à la
se de cellules en plaques sans espaces intercellulaires. formation d' une nouvelle couche de phellogène plus
Les membranes des cellules du liège comportent profonde, qui produit de nouvelles couches de liège.
plusieurs couches, et la couche intérieure, la lamelle, Cette coïncidence du dépérissement et de la nouvelJe
est habituellement lignifiée et couverte étroitement de création du phellogène se répète périodiquement car,
deux côtés par des couches tubéreuses absolument le liège étant imperméable, l'ensemble des couches
hermétiques tant pour l'air que pour l'eau. Cet é tat extérieures dépérit rapidement. Cette superposition
amène, après un temps assez court, le dépérissement des couches, formée par le dépérissement des tissus
des cellules du tissu du liège qui restent vides, remplies primaires et secondaires, souvent très épaisse, se
uniquement d'air. Outre l'air, les cellules mortes du trouve à l'extérieur de la couche de liège et on la
liège contiennent d'autres matières comme les tannins désigne sous le terme d 'écorce externe ou rhyti-
ou les résines. Le contenu des cellules influe souvent dome.
sur la teinte d'ensemble de l'écorce secondaire. Par De même que le tronc épaissit, le rhytidome
exemple, la blancheur des écorces de bouleau est s'élargit. Mais, comme il s'agit d'un tissu mort, il réagit
causée par la bétuline qui remplit les cellules sous la à la croissance du tronc en se craquelant et e n se
forme d 'une matière blanche, finement granuleuse. fendillant. Ces craquelures, ainsi que la perte de
Le liège se crée chez les essences ligneuses de la couches anciennes du rhytidome caractérisent certai-
zone tempérée à la fin de l'été, mais le tissu qui le nes espèces d'arbres.
forme , le phellogène, apparaît déjà en juin et en Les troncs vieillis de la plupart des essences
juillet. La formation du liège dans les jeunes branches ligneuses ont une teinte brune, que l'on peut expliquer
se manifeste le plus souvent par le brunissement des par la présence de dérivés de tannins dans les couches
pousses nouvelles encore vertes. De même que le liège du rhytidome.
reprend progressivement les fonctions de tissu de L'écorce et le liège ne sont pas seulement des termes
protection, parallèlement, l'écorce primaire dépérit anatomiques des plantes, mais aussi des termes
elle aussi et finit par se détacher du tronc. Cependant, techniques. Dans l'ensemble, le terme d'écorce englo-
si l'ensemble de la surface durable des essences be, du point de vue technique, l'ensemble des tissus
ligneuses était hermétiquement enfermé dans les que l'on peut séparer du bois. Il comprend l'écorce
couches de liège, bon nombre de fonctions essentiel- primaire et secondaire, mais également le liber. Le
les pour la vie des plantes seraient bientôt bloquées. "liège désigne aussi la matière première que l'on
Ainsi, comme les autres couches de l'épiderme obtient à partir du Chêne-liège méditerranéen (Quer-
possèdent des fentes, le liège comporte des formations eus suber) ou d'autres Chênes de cette région.
lenticulaires, les lenticelles : elles sont remplies de
tissus qui empêchent la pénétration des corps étran-
gers à l'intérieur de la plante, tout en permettant les
échanges de gaz. Les lenticelles ont leur dynamique
La moelle blanche du Sureau
annuelle propre. A l'automne, elles sont refermées
noir constitue un bon exemple de
par une mince pellicule en liège qui se rompt au moelle molle.
printemps, dès que les lenticelles reprennent leur
croissance. Les lenticelles sont souvent caractéristi-
ques suivant les essences ligneuses. Habituellement,
elles dépassent la couche de liège environnante sous
forme de petites aspérités, ou elles créent des dessins
sur la surface de l'écorce, comme sur le Bouleau.
Néanmoins, le liège ne sert pas de tissu de couvertu-
re à toutes les essences ligneuses leur vie durant. Au

16
Veines et réticules :
a - formation de la trachée
à partir d'une colonne de
cellules ;
b - trachéides avec des parois
renforcées de manière sphérique
ou en spirale ; '. ~

c - réticule formé à partir des , i'


cellules vivantes avec des parois { .
perforées.

.'
'.

b, c,

Les tissus de base remplissent le corps de la plante L'eau contenant des solutions de matières inorgani-
entre les tissus porteurs et les tissus de protection. ques monte à partir des racines vers le haut, en
Outre leur fonction de remplissage, ils peuvent jouer direction des feuilles d 'où elle s'évapore (c'est le
d'autres rôles. Us permettent la photosynthèse, peu- courant transpiratoire) et, en sens inverse, à partir des
vent constituer également les tissus de réserve (par feuilles, les solutions qui sont le produit de la
exemple dans les racines) ou servir de réservoirs d'eau photosynthèse descendent vers les organes de stocka-
dans certains cas. Ces tissus de base forment aussi , ge et les racines (c'est le courant d 'assimilation). Ce
dans les tiges, organes cylindriques du corps de la flux se réalise à l'intérieur de cellules allongées dont
plante, des tissus localement différenciés, comme les parois intérieures sont très obliques, ou même
l'écorce parenchymaire, les fibres médullaires et la complètement diluées. A la fin , ces cellules forment
moelle. L'écorce parenchymaire se trouve entre les des petits canaux compacts qui traversent l'ensemble
tissus de protection et les tissus porteurs, tandis que les du corps de la plante. Le faisceau de ces canaux
rayons des fibres médullaires partent du centre de la contient les vaisseaux et le parenchyme de bois. Les
tige, vers la circonférence : ils séparent les faisceaux vaisseaux sont des cellules mortes allongées et vides,
de la moelle qui se trouve dans la partie centrale du avec des parois lignifiées et renforcées d 'une certaine
tronc. Dans le langage populaire, on désigne souvent manière. Nous distinguons les vaisseaux selon le fait
la moelle comme l'âme de l'arbre. Et l'on pense à la qu'ils conservent ou non les parois en trachées et en
moelle blanche et tendre du Sureau. trachéïdes. Les trachées sont des tubes assez longs qui
Dans l'espace entre les cellules et les tissus, se se sont formés à partir des cellules placé es en série les
forment souvent des ensembles d'espaces intercellu- unes derrière les autres ; leurs parois intérieures se
laires, comme les canaux résineux des essences sont dissoutes soit complètement soit en grande partie
résineuses par exemple. Quand l'espace intercellulai- et leur contenu cellulaire a disparu. Les trachées
re se crée à partir de l'affaissement de l'ensemble d 'un dominent chez les essences ligneuses à feuilles qui sont
tissu mort, on observe souvent la formation d'une tige souvent complètement dépourvues de trachéides
creuse: c'est le cas des Forsythias. (voir les Frênes et les Platanes). Les trachéides, par
Le tissu le plus significatif des plantes vasculaires est contre, conservent l'ensemble des parois obliques.
le faisceau de vaisseaux, tissu porteur qui traverse les Ces vaisseaux sont caractéristiques de l'ensemble des
différents organes et distribue dans l'ensemble de la essences ligneuses résineuses.
plante de l'eau et des solutions de matières anorgani- La longueur et l'épaisseur des vaisseaux varient. On
ques, ainsi que les produits résultants de la photosyn- a trouvé chez les frênes des vaisseaux allant de la
thèse . Les tissus porteurs distribuent des solutions racine jusqu'à la couronne ; chez les chênes, on
à l'intérieur des végétaux sur des distances relative- a mesuré des vaisseaux atteignant près de quatre
ment grandes, principalement dans deux directions. mètres dont le diamètre était de 0 ,25 millimètres. Les

17
parois de ces vaisseaux sont d 'épaisseur inégale et nent parfois que pendant une seule période de
renforcées soit en cercle, soit en spirale, soit en grille. croissance. A la fin de cette période, le tamis est
Ces renforcements se lignifient, les autres parties des obstrué par une matière spéciale. Ainsi, au début du
membranes cellulaires restant en cellu lose et permet- printemps suivant, il dépérit, comprimé sous la
tant l'interpénétration des solutions à partir des pression des tissus environnants, pour ê tre remplacé
vaisseaux vers les cellules et en sens inverse. Même par un tamis neuf et vivant.
dans le cas où les parois des cellules s'épaississent Les tamis et les vaisseaux sont, en règle générale,
entièrement, il reste encore, dans les parois, des accompagnés d'un parenchyme conducteur, tissu
alvéoles et des points non épaissis qui permettent la formé de cellules vivantes qui permettent le transport
circulation des solutions dans les deux sens. La des différentes solutions sur des distances plus
fonction principale des vaisseaux consiste cependant courtes.
à véhiculer l'eau et les solutions de matières inorgani- Chez les dicotylédones d'essence ligneuse, les fais-
ques (courant transpiratoire), tandis que le renforce- ceaux sont organisés dans la tige. Lors de la coupe
ment du corps de la plante reste une fonction transversale du corps, ils apparaissent organisés en
secondaire. cercle. Entre eux, nous voyons les rayons des fibres
La partie en liber des faisceaux se compose d'un médullaires et au milieu du tronc apparaît la moelle.
tamis molléculaire et de cellules parenchymes et Les faisceaux passent de la feuille à la tige juste au
sclérenchymes. Le tamis est formé de cellules vivan- point d'attache des feuilles . Ils traversent ensuite
tes, de forme allongée, dont les parois sont percées de obliquement les différentes couches de l'écorce pour
nombreuses ouvertures. Elles se présentent ainsi sous prendre enfin leur place, en cercle intérieur, entre les
la forme d'un tamis. Les cellules qui constituent le autres faisceaux. D'abord, ils passent parallèlement,
tamis gardent sur leurs parois la pellicule cytoplasmi- puis ils s'unissent entre eux en formant une bifurca-
que, bien que leurs noyaux disparaissent très tôt. tion , ou une ramification en fourchette . Ainsi se crée
L 'intérieur des cellules est rempli par une grande tout un réseau interdépendant de faisceaux.
vacuole centrale contenant les matières protéiformes Les tiges des essences ligneuses ne croissent pas
et les glucides. Les parois des cellules qui forment le seulement en longueur, mais elles prennent aussi de
tamis ne se lignifient pas. Les tamis transportent l'épaisseur. Nous avons déjà décrit la croissance
surtout les matières organiques et elles ne fonction- secondaire des couches de couverture et de protection
qui forment l'écorce secondaire. Sa formation est
assurée par le phellogène qui produit le liège. Les
houppiers des arbres qui ne cessent de se développer
a
ont besoin d'un apport constant en matières nutriti-
ves, ainsi que d' un renforcement mécanique. Dans la
zone tempérée, chez la plupart des essences ligneuses,
le réseau de tissus porteurs ne tient que de trois à cinq
ans, et, plus ils vieillissent, moins bien ils distribuent
les solutions transportées. Us doivent donc être
constamment remplacés par des éléments nouveaux.
Le tissu secondaire divisible qui se charge de cette
fonction pendant la durée de vie d'une plante vivace
s'appelle le cambium.
Le cambium forme , sur la coupe transversale de la
tige, un cercle continu et fermé: il passe entre la partie
lignifiée et la partie en liber des faisceaux et traverse la
moelle. Il produit des tissus neufs dans deux direc-
tions, vers l'extérieur et vers l'intérieur de la tige. Il
génère du bois sur sa face interne et du liber sur sa face
h
externe. En traversant la moelle, le cambium produit
le parenchyme, lâche et riche en air.
Sous les latitudes où le temps change pé riodique-
Coupe transversale d 'un tronc de Tilleul âgé de 3 ans :
a - derme ; b - ]jège ; c - écorce primaire ; d - liber ; ment selon les saisons, le cambium fonctionne égaIe-
e - cambium ; f ·- bois de la première jusqu'à la troisième ment en suivant ce rythme. Dans la zone tempérée, il
année ; g - moelle ; h - rayons médullaires. ne travaille que du début du printemps à l'automne.

18
La porosité du bois constitue un bon indice de L'organisation du bois chez les conifères et chez les
différenciation : feuillus:
a - exemple de bois poreux en rond (le Frêne) ; a - l'organisation du bois d'Épicéa ;
b - exemple de bois à porosité diffuse (l'Aulne). b - l'organisation du bois de Chêne.

Nous pouvons observer l'activité périodique du cam- qui est composé des fibres sclérenchymatiques en
bium sur une coupe transversale d'essence ligneuse : partie lignifiées. La couche de liber secondaire est très
on voit alors les couches d'accroissement annuelles. faible par rapport à la couche de bois. Ceci provient du
La caractéristique principale des essences ligneuses fait que le cambium produit beaucoup moins de liber
est la création du bois. L 'anatomie du bois est assez que de bois. Les réticules du liber secondaire ne
compliquée et les différences qui président à sa fonctionnent en moyenne que deux ans (quatre chez
formation permettent aux spécialistes de déterminer les tilleuls). Ensuite ils dépérissent et les autres tissus
avec une grande précision son origine déjà à partir de les écrasent. Aussi, la différenciation annuelle des
très petits échantillons. Sous le terme général de bois, couches de liber n'est-elle pas aussi significative que
nous désignons l'ensemble de la matière qui est créée
par le cambium vers le centre du tronc.
a
Sur la coupe transversale d'une tige, nous pouvons
habituellement observer une moelle peu significative
au milieu : souvent, elle ne dépasse guère un
millimètre ; seulement chez le Sureau, elle peut
atteindre environ dix millimètres. La moelle est
entourée d 'une fine couche de bois primaire, puis
d' une couche épaisse de bois secondaire ancien dont
les vaisseaux ne fonctionnent déjà plus. Cet ensemble
s'appelle le noyau. Le noyau est souvent d'une teinte
plus foncée, colorée par le produit des matières c
tannantes qui y sont stockées. La couche extérieure
plus claire s'appelle l'aubier. On appelle bois à noyau
ceux où l'on peut différencier le bois du noyau et
de l'aubier, les autres comme le Hêtre, s'appellent
splints. Associé aux fibres et aux cellules ligneuses,
l'ensemble des trachées et des trachéides déjà évo-
quées forme le bois.
Chez les essences ligneuses, le liber secondaire se
forme de la même manière que le bois secondaire. Il se
compose d' un réticule, de cellules d 'accompagne- Coupes de bois : a - transversale ; b - réflexive (en
ment, de parenchyme de liber et, enfin, de liber dur miroir) ; c - tangentielle (en madrure).

19
chez le bo is e t les accro issements annu e ls ne sont pas racines, en deho rs de leurs fo ncti o ns ph ysio logiques,
apparents. Le cambium produit le libe r enco re consistent à stabiliser, à fixer, e t à re nfo rcer l'arbre qui
lo ngtemps après le début de l'hive r, tant qu e les pèse souve nt plusieurs to nnes, dans le sol. Le système
conditio ns mé téo ro logiques le pe rm ette nt. radiculaire de certains arbres, bie n qu e caché à nos
Les fibres sclé rencb ymatiqu es du liber o nt un e yeux, pe ut atteindre les mê mes dim ensio ns q ue les
certaine va leur écono mique parce qu'e lles participe nt couro nnes visibles très lo in.
à la prod uctio n du libe r technique. E n E uro pe, o n La constructio n an ato mique du corps, surto ut de sa
utilise le libe r du TiUe ul , mais le libe r du jardinie r pa rtie ligneuse est do nc une q ualité typique, commune
vient d' un e palme de la famille des R aphia. aux essences ligne uses, ma is e Ue n'est pas le priviJège
L'épa ississe me nt secondaire qui se produit éga Ie- d 'un gro upe spécifique , à l'exceptio n des résine ux et
ment lo rs de la cro issa nce des racines est assuré par le no us tro uvo ns les essences ligneuses à feuilles da ns
cambium de la racine. Les fo nclio ns principales des plusie urs séries de plantes dicotylédo nes.

De la vie de l'arbre

Les essences ligne uses so nt e n gé né ral vo lumineuses, matière d 'explo rati o n bio logiq ue. La science qui trai te
en particulier les arbres. Ils dé tie nnent de no mbre ux ce suj et s'appelle la bio lo gie de la {Io raison. O n
records: ils compte nt parmi les plus gros o rganismes comme nce à s'apercevo ir que la classüicatio n tradi-
viva nts de no tre mo nde . Les E ucalyptus d' Austra lie tio nn elJe des essences ligneuses en ané mo philes e t
mesurent plusieurs d ~ain es de mètres, les Séqu o ias ento mophi les ne suffit plus, de même que la division
d 'Amé riqu e et les arbres de la même fa mi lle dépas- entre les essences ligneuses à flo raison dioïque et
sent souvent cent mètres de hauteur. Par rappo rt à ces à flo raison mo noïque ne suffit plus. Lors d 'une
espèces, les essences ligneuses d'Euro pe o nt l'air de explo ratio n un peu plus poussée, no us constato ns
« petits arbres ». Les arbres se d iffé re ncient égaIe- l'appa ritio n d 'exce ptio ns no uve lles. le car actère de la
ment des autres espèces pa r le ur durée de vie . Il flo raiso n change no n seuleme nt suivant les conditions
y a te lle ment de cente naires qu'on ne peut pas les ex té ri eures, mais aussi suivant l'âge des arbres. No us
é numérer to us. Ceux qui vivent jusqu 'à cinq cents a ns po uvons citer par exe mple les fl eurs de l'érable qui
sont déjà mo ins no mbre ux. E n E uro pe , ce sont e n sont généralement considé rées comme dioïques, bien
géné ra l, les chênes. Mais il existe des arbres qui vivent que l'on ai t tro uvé des fle urs avec des é tamines
e ncore beaucoup plus lo ngtemps. Pe nd ant de lo ngues rabo ugri es, fe me lles par fo nctio n et des fleurs avec un
années, o n a pensé que c'étaient les Séquo ias qui pistil pe u déve lo ppé, do nc mâles. De mê me, dans
viva ient le plus lo ngte mps. Us peuvent devenir de ux l'inflo rescence des chato ns des saul es, o n a tro uvé des
fo is millé naires ! Ces arbres qui so nt encore debo ut fle urs mâles parmi les fle urs fe melles e t vice versa,
auraient « vu » la naissance du C hrist, les dé buts de no tamme nt cbez le Saule gr is, Salix cinerea. Les Pins
l'ère chré tie nne et la fin de l'Empire ro main si ces ne fo rme nt souvent , dans les premiè res années de leur
événeme nts avaie nt e u lieu sur le contine nt am éri cain . flo ra ison, q ue les fleurs feme lles, tandis que les fle urs
. Mais, malgr é cela, ils ne so nt pas les plus âgés. Le mâ les ne commence nt à appa raître qu e plus tard .
record est dé tenu pa r Pinus arisrara, un a rb re très La fo rm ati o n des [leurs est é tro itement liée à l'âge
discret, qui po usse dans les régio ns sèches des de l'arbre et à sa maturité, à l'influence des conditio ns
É ta ts-Unis. On a évalué so n âge qui pe ut atte indre de exté rie ures et à la conditio n pro pre à chaque arbre au
4000 à 4700 ans ! mo ment a ù il se prépar e à fleurir. E n gé néral, il est
La vie de chaque arbre comme nce pa r l'unio n d'un e établi qu 'un ctima t sec et chaud juste ava nt l'été , au
ceUul,e mâle avec un e cellule fe me lle qui do nne mo is de juin , favorise l'établisseme nt des fleurs po ur
l'e mb ryon de la grai ne e t du fruit. M ais, pour y arrive r, l'année suivante. Ceci est surto ut valab le po ur les
il fa ut que la gé né ratio n précédente ait atteint la arbres fruitiers et po ur ceux qui ne fle urissent pas
flo raison. Celle-ci représente un e ma nifestatio n très réguliè rement to us les ans, comme le Hêtre .
importante de la vie des végétaux supérieurs et elle Beauco up d'arbres appartie nnent a ux essences
apporte to uj o urs des conna issan ces no uvelles en ligneuses anémo philes. Cela signifie un e surproduc-

20
tio n de polle n qu i est profitable pour les arbres. Pa r afin de conserve r une chance de perpétue r l'espèce.
exemple, les pins conifè res prod uisent jusqu 'à q uatre Une po pulati on de pins a produit, sur un hectare, plus
fois plus de po lle n que ce qu' ils a ura ie nt dû . Les de de ux millio ns de graines, de même qu 'une popula-
essences ligneuses anémo philes fle urissent très tô t au tio n d 'épicéas, pe ndan t que les mé lèzes en pro dui -
printemps, bie n avant l'appari tion des fe uilles, ai nsi le saient de 5 à 10 millio ns et les bouleaux 103 millio ns,
ve nt qui transpo rte le po Uen peut pénétrer plus e t les chênes, en revanche, 230 000 se uleme nt. Ces
faci leme nt dans les couro nn es des arbres, mê me dans do nnées qui no us vienne nt d'Euro pe de l'Est e t d' Asie
une fo rêt compacte. Les cônes femelles des essences représentent évidemme nt des estimatio ns globales de
Ijgncuses conifères se trouve nt dan s les parties supé- limites maximales, mais e Ues sont malgré to ut inté res-
rie ures de la couro nne et les cônes mâles plutô t ve rs le santes.
bas, ce qui perm e t aux nuages de po llen déplacés pa r Mê me lorsque la graine arrive à maturité e t se
le ve nt de peign er véritablement l'arbre e t de féconde r sépare de l'arb re. le processus n'est pas encore
ainsi les fle urs fe melles. Ma is 1 à e Ue seule , la surpro- e nclenché . La vie no uve lle ne peut germe r que dans
duction de pollen ne suffit pas à assurer la fo rm atio n des cond itio ns favorables. Le pouvoir germinatif
des graines. Celle-ci dépe nd encore de no mbreux d 'une gra ine dépe nd avant tout de sa maturité .
autres facteurs extérieurs, co mme le gel. La germin a- Cert ajnes grajnes sont capables de ge rme r to ut de
tion du pollen pe ut mê me ê tre limitée par un o rage de suite après le ur ma turité (le Pe uplie r, le Sa ule ,
printemps avec son cha mp électrique. l'Orme), tandis que d'autres o nt e nco re besoin d 'une
Chez quelque essences ligneuses (chez les Pins par cert a ine pé riode de repos végé tatif dans de bonnes
exemple) un temps relative me nt lo ng s'écoule entre la conditio ns po ur po uvoir commencer à germ er. Cette
pollinisati o n e t la féconda tio n. L'évo lutio n de péri ode de repos végétatif, causée souve nt pa r la
l'embryon se termin e après une période de plus d' un présence de substances inhibitives, est une mesure
an et les cônes ne mûrissent qu'au bo ut de deux ou défensive qui assure le début de la germin atio n dan s
trois ans. L'évolutio n des gr aines dé pe nd égaleme nt les conditio ns les plus favo rables po ur le végétal qui
d'un e lo ngue séche resse en é té qui pe ut être la cause germe. C hez les bo uleaux, les pre mières graines
d'une chute précoce. précoces germe nt immé di a teme nt, tandis q ue celles
Bon no mbre d'essences ligneuses ne fJ eurisse nt pas plus tardives «se repose nt » environ six mois e t
to us les ans. et l' inte rvalle entre les pé riodes de atte ndent, pour germe r, les conditio ns favo rables de
floraison pe ut être plus ou moin s long. Parmi celles qui l'année sui vante. D 'autres essences lign euses prod ui-
fleurissent e t produisent chaque a nnée, o n tro uve, sent des germ es q ui peuve nt rester e n pé riode de repos
cntre autres, le Bo ulea u, le Charme, le Cormier. Les végéta tif pe nd ant plus d 'un a n : les graines de l'If, si
années à graines survienne nt tous les trois ou qua tre e lles ne sont pas semées immédi ate ment après leur
ans chez les P in s, les Sapins e t chez les É picéas. C hez maturité. ne germ ent qu 'après un e période q ui peut
le Chêne, la pause dure de cinq à six ans; chez les durer de deux à qua tre ans.
Hêtres, e lle pe ut aller de six à huit ans. Ces indicatio ns Les essences ligne uses se ma intie nn ent et se propa-
ne sont évidemment pas valables dan s l'absolu. Il ge nt dans la nature le plus souvent par multipl.icatio n
existe toujo urs beaucoup d 'exceptio ns. Ma is e lles sont sexuée. M ais, dans certains cas, o n peut o bserver une
importantes pour to us ceux qui s'occupe nt des forêts pro pagation, plu tô t q u'un e reproduction, par la voie
ou qui o nt la respo nsabilité de produire des jeun es végétati ve. Par exemple, en E uro pe centrale, les
plantes pour les fo rêts e t po ur les jard ins d'agréme nt. populations de la rose de ma i se propagent souve nt au
Au cours de ces derniè res années, au mo me nt o ù la lo ng d es vo ies d'eau, pa rce que les ino ndations
pollution globale de no tre pla nète ne fai t que s'accro Î- périodiques arrachent des blocs entie rs de végétatio n
tre, no us observo ns que la pause entre deux pé ri odes qu'elles déposent plus lo in dans des endro its plus
de prod uctio n des graines chez les arbres a ugmente calmes. On pe ut raprocher ce cas de la propagatio n
elle aussi. D ans les zones les plus exposées, les a rbres végéta tive des essences ligne uses dans les couloirs
ne produisent plus de puis plus de dix ans. d'avalanche e n ha ute mo ntagne . C hez les autres
Po ur la créatjo n des espèces, po ur la fo rm atio n essences ligneuses, o n pe ut vo ir d es branches co urbées
d'une population e t po ur la conserva ti o n de l'espèce jusqu'à terre, ainsi que leurs pousses, qui comme ncent
en un endro it do nné, Je no mbre de gra ines co mpte à s'enraciner (Juniperus horizontalis) o u, chez les
également aussi. La productio n de graines, chez saules, des branches cassées vivantes.
certaines essences Hgne uses sylvestres, calculée pour La petite plante qui a à peine germé, po rt e déjà e n
un hectare est très intéressante . E lle no us renseigne eUe les signes caractéristiqu es de son appartenance.
sur l'effort d'engorgement que la na ture do it fo urni.f Les essences ligne uses à fe uilles sont des végé taux

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dicotylédones. Ainsi, voit-on apparaître Sur la graine seule dominante : par exemple, les Hêtres, les Frênes,
qui germe, e n premier lieu, les deux fe uilles de la les É picéas et les Sapins poussent « d'un seul coup ».
matrice et, ensuite seulement , la formation des vraies La longue ur des accroissements quotidiens dépend
fe uiUes. Les premières feuilles de certaines essences d irectemen t de l'intensité et la d urée totale de la
ligne uses sont souvent très différentes des feuiUes plus période d'accroissement. Les essences ligneuses
tardives. Chez les essences ligneuses à fe uilles comple- à forte augmentation quotidienne croissent pendant
xes, les premières feuiJJes sont parfo is simples et non un e période plus courte. Celles qui grandissent plus
encore séparées : c'est le cas de la rose. Les résineux lo ngte mps, pe uvent croître pendant .au maximum tro is
ont parfois un plus grand nombre de fe uiLles primaires mois. La pé riode moyenne de croissance chez les
très regroupées; les minces aiguilles caractérisent la essences ligneuses de la zone te mpérée va de tre nte
période juvénile des conifères, mê me chez ceux donl à quarante jours. ou de cinquante à soixante jours si
les feuilles définitives sont plutôt écai.llées ( Thuja). l'on compte à partir du réveil des bourgeons. Le plus
Le jeune arbre qui pousse dans des conditions grand apport de matière no uvelle se fait pendant les
no rmales se distingue par une poussée intensive vers he ures du jour (66 % ), le reste pend ant la nuit
le haut. La croissance de certaines espèces dans le ur (34 %).
prime je unesse est souve nt très caracté ristique pour Chez que lques essences ligne uses, après la période
chaque espèce, tant par le ur aspect extérieur que par printanière de croissance inte nsive, survient une
le ur rapidité. Pe nda nt les dix premières années de leur courte période d'accalmie, puis la croissance repre nd
vie, les Bo uleaux et les Aulnes sont les arbres qui, en e n juillet. A cette période apparaissent les pousses
Europe, poussent le plus rapide ment. Les Frênes, les d'é té, dites de la Saint-Jean, qui so nt habituelleme nt
Tilleuls, les Chênes, les Mé lèzes et les Pins poussent mo ins longues que les pousses de printemps.
plus lenteme nt, tandis que les Hê tres, les Épicéas e t Ce type de croissance des arbres que nous venons de
les Sapins poussent très lentement. Panni les essences décrire est lié aux conditions climatiques de la zone
Ugneuses e uropéennes, l'If est, dans sa jeunesse, tempérée. Sa principa le caractéristique est la périodi-
l'arbre qui se développe le plus lente me nt : a u bout de cité qui dé pe nd de l'évolutio n mé téorologique e t de la
dix ans, il ne dé passe guè re 75 centimè tres, tandis que, latitude. A ces conditions est aussi étroite ment liée la
pendant la même période, le Sapin atteint 95 centimè- période de repos végétatif qui dure plus ou moins
tres, l'Épicéa 100 centimètres, le Hêtre 180 centimè- longtemps, suivant les essences ligneuses. Cette pério-
tres, le Chêne 270 centimètres, l'Érable 280 centimè- de est fixée génétiquement et elle se manifeste d'une
tres, le Frêne 285 centimè tres, le Pin 300 centimè tres, manière très significative chez les essences Hgne uses
le Mé lèze 340 centimètres, le Tilleul 350 centimè tres que l'on fait pousser so us d'autres latitudes. Même
e t l'Aulne 400 centimètres. La croissance en haute ur da ns des conditions très différentes, les espèces
ne dépend pas se ule me nt du type de l'essence garde nt le urs biorythmes annue ls. C ito ns le cas du
ligne use: elle change non seule me nt pendant toute la Robinier qui vient d'Amérique du Nord e t qui est
vie, mais égale me nt au cours d'une année. Les maintenant cultivé e n Europe: il est presque le
essences ligneuses se classent suivant le ur dynamique dernier, parmi les essences lign euses cultivées, à bour-
de croissance au cours d'une année en essences geonner. Parfois, il suffit par contre de reproduire
ligneuses à croissance périodique et à croissance certaines conditions climatiques, e n mettant par
ininlerrompue. Mais les conditio ns sont rare ment exemple. au mois d'août, certajnes plantes o u au
ré unies pou,r permettre une croissance du deuxième moins certaines de le urs parties dans une période de
type. Nous en trouvons des exemples dans la forêt repos végétatif apparent. Dans ce cas, on voit , avec
tropicale humide . Les essences ligne uses à croissance éto nn eme nt, des Marronniers d'Inde e t des Weigela
périodique poussent de la manière la plus inte nsive florida fleurir au débu t de l'auto mne. E n gé néral, o n
pendant les mois de mai e t de juin. Pendant cette parle, lors de cette floraison d'automne, de refle uris-
période, qu elques essences sont ca pab les de grandir seme nt.
de 1 à 3 cm par jo ur. C'est aussi pe ndant cette période Les essences ligneuses ne se développent pas
qu'eUes pompent la plus grande qu antité d'ea u. Mais seuleme nt e n hauteur, e Ues s'épaississent aussi. Nous
cette période de croissance intensive n'est pas très avons déjà traité du fo ndeme nt anato mique de
lo ngue: elle dure, e n général, de de ux à tro is l'é paississement. Cependant, iJ se produit, dans le
semaines. La plus gra nde partie des no uve lles pousses volume de la tige, des changements qui ont d'autres
se form e égaleme nt à ce moment-là . Les essences causes que la croissance e t la séparation des tissus. Le
ligneuses de la zone tempérée, connaissent, pour la volume des bra nches e t du tron c change pendant la
plupart, une période annueUe de croissance à une journée. n change aussi suivant les conditions météo-

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rologiques. Bien que ce ne soient pas des changements l'âge de dix à vingt ans; les Érables, les Tilleuls et les
aussi grands que ceux occasio nnés par la cro issance, et Charmes produisent e ntre vingt et trente ans et les
qu'ils ne soient pas aussi durables, ils n'en existe nt pas espèces à croissance plus lente à trente o u quarante
moins. Chaq ue tro nc a, le matin , avant le lever du ans seulement. Parmi les essences ligne uses européen-
soleil, la plus grande circonférence. [J rétrécit par la nes qui o nt une importance pour la forêt, ce sont les
suite, à cause de sa transpiratio n. Mais, il suffit d'une Hêtres et les Sapins qui arrivent le plus tard
petite averse, les tissus de couve rture aspire nt de à maturité: il le ur faut atte ndre d'avoir cinquante
l'eau, s'enfle nt et le vo lume du tro nc est à no uveau ans.
différe nt. La circonfé rence du tronc se ré trécit égaIe- Celui qui cultive des plantes d'apparte me nt sait bien
ment en hiver, quelquefo is même d'une maniè re très que s'il e xpose un Clivia à une pé riode sèche
significati ve, comme chez l'Aulne (2,5 %). Le rétré- pro lo ngée, il se me t bie ntô t à fle urir, tandis que s'il
cissement lo rs des grands gels peut même conduire l'arrose normale ment, il peut vivre sans fleurir même
jusq u'à la formation de fêlures de gel. Les mê mes pendant quelques années. La même chose pe ut se
fêlures peuvent ê tre provoquées en été par de fo rtes produire chez certaines essences ligne uses: des in-
vagues de chaleur. flue nces exceptio nnelles o u l'état de santé peuvent
Si les tiges aériennes de l'arbre poussent très innue r non seule me nt sur le dé but de la période
rapide ment, les jeunes racines se dévelo ppe nt égale- producti ve, mais aussi sur la fréquence des années de
ment très vite. La dynamique de la cro issance des productio n et sur le no mbre de fleurs produites.
racines représente, d'une certaine manière, le facte ur Les arbres vivent très lo ngtemps e t, du point de vue
déterminant pour la croissance de l'essence Ligneuse bio logique, leur cro issance n'est jam ais terminée. En
dans son ensemble . Po ur pre uve, comparo ns les tro is théorie, ils auraie nt pu vivre « indé finim ent JO comme
essences ligneuses parmi les plus importantes de nos no us le pro uvent les très vie ux clo nes, cultures
forêts européennes: le Sapin, l'Épicéa e t le Pin. Le d'arbres fruitiers do nt les tissus sont mainte nus d'une
plus vivace e t le plus adaptable est, bien évidemment, manière artificie lle p~ nd ant des siècles e t même des
le Pin. La comparaison de ces essences ligneuses pe ut millénaires. Po urtant , ils sont mo rte ls eux aussi.
nous expliquer bie n des choses: le système radiculaire L'arbre subit aussi le vie illissement e t le dépérisse-
des Épicéas est de ux fois plus long que celui des Sapins ment. Et, s'il est vrai que la plupart des arbres finissent
et celui des Pins est six fois plus long que celui des sous la hache o u la scie, ils n'échappe nt pourtant pas,
Épicéas. O n sait que les Bo uleaux sont capables de à la mo rt nature Ue o u aux maladies diverses. Les
pousser n'importe o ù, dans la mo indre fe nte, même causes de dépérisseme nt les plus fréquentes sont le
dans un mur o u de rriè re une cheminée. Hs y sont aidés pourrissement des noyaux et l'affaiblisseme nt général
par un système radiculaire fantastjque . Les racines du tro nc qui fini ssent par amener un effo ndre me nt
d'un jeune bouleau d'un an mesure nt déjà en tout mécanique, J'alté ratio n de la statique, le dé racine ment
150 cm ! La cro issance des racines est aussi périodi- o u la fracture d 'un tronc peu stable sous l'effe t d'un
que, mais e lle dépend mo ins des conditio ns climati- coup de vent. La pourriture des racines qui te rminent
ques que les parties aériennes des essences ligneuses. leur vie e n général beaucoup plus tôt que les parties
Les racines peuvent croître même lo rsque le sol atte int Lignifiées de la partie aérie nne est encore une cause
des températures re lative ment basses, de 5 à 6 degrés fréquente de dé périsseme nt. La dépérissement de
environ. La te mpérature maximale à laque lle les grandes parties du système radiculaire se manifeste,
racines poussent encore est de 32 degrés. D ans les d'une faço n secondaire, par le dessècheme nt d'une o u
pays où la te rre ne gèle pas très e n profondeur, on de plusieurs parties de la couro nne o u de que lques
a constaté que les racines restent actives pendant to ute branches. Si quelques branches se cassent, la statique
l'année et elles poussent même en hiver bie n que plus de l'arbre est détério rée, ce qui provoque de no uvelles
lentement. ru ptures e t effo ndrements et o uvre la voie à une
Les essences Ligne uses sont des o rganismes avec une in vasio n de maladies cryptogamiques. La pourriture
durée de vie très lo ngue . Po ur cette raison, e Ues et le dessècheme nt représente nt les causes les plus
n'accède nt pas à la maturité aussi vite que les végétaux fréque ntes de dépérissement des a rbres. Mais le ur
qui vivent mo ins lo ngte mps. L'arrivée à la maturité et innue nce dé pend directement de la santé et de la
à l'âge de la reproduction diffè re selon les espèces. Les fo rme de l'arbre, ainsi que de son âge. Elles se
essences ligneuses à cro issance rapide dans le ur pro pagent plus vo lo ntie rs au début du vieillisseme nt
jeunesse (Bouleaux, Aulnes, Trembles) commencent de l'arbre. Cette période arrive quand la cro issance de
à fleurir e l à produire très tô t, mais certains Épicéas e t l'arbre a atteint son apogée e t quand e Ue comme nce
certains Mé lèzes comme ncent aussi à pro duire dès peu à pe u à se ralentir. Il est é to nnant que ce la se

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produise déjà pendant le premier dixiè me de la durée ment le cas avec la graphiose des o rmes qui a déjà
de vie de l'arbre. Même les arbres qui vive nt plusie urs anéanti en Eu_rope des populatio ns entières d'ormes et
siècles termine nt leur période de cro issance inte nsive , qui risque de les anéantir to tale ment, si l'on ne prend
déjà pe ndant le premie r siècle de leur existe nce. pas immédiate ment des mesures pane uropéennes.
Cependant, tant que les diffé re ntes pa rties de l'a rbre, Les essences ligneuses ne vieillissent pas seuleme nt
de l'arbrisseau, du sous-arbrisseau o u de la plante ne en tant qu 'individu mais leur é vo lutio n e n tant que
sont pas en équilibre fo nctionnel, il est prématuré de taxon, compris comme une branche phylogéné tique,
parle r de vie illissement de l'espèce. a son début , son sommet e t son re pli. Comme preuve ,
Les arbres ne sont évidemment pas épargnés par les no us pouvo ns voir les de rnie rs vestiges qui témo ignent
maladies qui peuve nt conduire à un dépérissement d' une flo re ancienne (Gin kgo, M erasequoia) ou
prématuré de l'individ u. Que lques-unes de ces mala- d'autres encore comme Je Sapin blanc qu i sont en train
dies présentent même de telles caracté ristiques de disparaître sous nos yeux et do nt o n cherche, au
qu'clles peuve nt mettre en danger l'existence d'une cours de discussio ns inte rminables, les causes du
espèce do nnée sur un continent entie r : c'est actue lle- dépérisseme nt.

Témoin vivant du temps

Beaucoup de poè tes ont chanté les arbres comme des recommence à produire des cellules à paro is minces et
symboles de stabilité, de fidé lité , d 'endurance e t de ainsi se fo rme la séparatio n très ne tteme nt pe rceptible
force. Les arbres sont devenus des objets de cu.lte et ils entre la no uvelle couche et le bois de J'année
fo nt ainsi partie des e mblè mes nationaux et des précéde nte. Ces frontières nettes, que l'on voit très
blasons. L'ho mme ne s'arrê te pas souve nt sous leur distincte me nt sur une coupe transversale, s'appellent
couro nne grandiose, sauf pour se reposer un instant, couches d'accro isseme nt annue l.
majs i.I reste éto nné de vant le ur majesté . Po urtant, il La cro issance de l'arbre est d'abord influe ncée par
est lo in de savoir que le tro nc recèle e n lu i un vé ritable son enviro nnement, par les changements successifs de
cale ndrier viva nt , la plus vie ille chronique o ù le te mps température , la fréque nce des pluies e t par beaucoup
e t l'arbre ont consigné e nsemble - comme des d'autres facteurs que la scie nce moderne est encore en
appareils de haute précisio n - des do nnées qui train de découvrir. Malgré cela, le rapport étro it e ntre
servent e ncore aujo urd'hui pour l'explo rati on de les influe nces météoro log'iques et la fo nnat io n des
J'espace cosmique . couches annue lles de cro issance est connu depuis fort
Ces do nnées sont inscrites da ns les diffé rentes longtemps. Léonard de Vinci en parl ait déjà. Plusieurs
couches de cro issance de l'arbre e t e lles augme nte nt siècles plus tard, en Suède , Linné remarqu a que les
d 'année e n a nnée. Cette qua lité est caracté ristique chênes fo nnaient des couches de cro issance annuelle
surtout pour les arbres de la zone tempérée e t e Ue larges pendant les années chaudes e t é troites pe ndant
résulte de l'acti vité des tissus ré novateurs, le cam- les années plus fro ides. Les arbres sont ainsi nos plus
bium . L'activité du cambium est périodique. Au anciens o bservato ires rné téoro logiques et les faits
printemps, c'est surto ut la fo rmatio n du bois qui se ainsi constatés représente nt les plus anciennes don-
compose de ceUules à membranes minces e t fin es et de nées dendroclirnatiques.
cellules plus grosses. Avec le temps, la fo rmation du La dendroclimatologie observe l'influe nce des fac-
bois faiblit , les cellules du bois sont de plus e n plus te urs variables de la météorologie, déduit les varia-
pe tites, mais le urs membranes épaississent e t, ava nt la tio ns passées e n fo nctio n de la cro issance des arbres de
fin de l'é té , e n août, la productio n de bois cesse la fo rêt, et prédit les variatio ns futures. Cette science
complè te me nt. Proportionne llement, quand la pro- a ré veillé la curiosité des astro no mes. U n astro no me
ductio n de bo is diminue, la fo rmatio n de liber tchèque, Beev"r, en collaboration avec un mé téorolo-
augmente : le liber perme t l'ache mine me nt des matiè- gue tchèque éga lement, Hanzlfk, o nt été parmi les
res issues du processus d'assimilatio n dans les feuilles. premiers à publie r une étud e traitant de l'influence de
fi est actif jusqu'à la fin de la période de végétation l'activité solaire sur la cro issance des arbres. Cette
chez les résin eux . Au printe mps suivant, le cambium discipline scie ntifique a connu un essor considé rable,

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surtout dans la deuxième moitié du x:xe siècle. pousse dans le Sud-Ouest du contine nt amé ricain.
Suivant la lecture des couches de croissance a nnue lle , E Ue couvre une période qui va du sixiè me miUé naire
o n est parve nu à é tablir un calendrier des années jusqu'à nos jo urs sans interruption. En Europe, les
sèches jusqu'à l'an 2000 pour la région de la Volga. En courbes les plus anciennes qui existe nt sont é tablies
Amé rique du Nord, o n a dressé des cart es des par l'école de Huber à Munich pour les Chê nes de
anomalies de la cro issance sur des pério des de dix ans l'Allemagne du Sud-Ouest qui dépassen t le lXe siècle
en les compa rant aux anomalies climatiques des de no tre è re. Pour les Pins e t les É picéas des régions
périodes corresponda ntes. Selo n la reconstruction des septentrionales de la partie e uropéenne de l' U nion
périodes du passé par )a météoro logie, suivant sa soviétiqu e, e lles re mo nte nt égale me nt jusqu 'à cette
périodicité et en liaison avec l'activité solaire, no us époque. Ces données pe rme ttent surto ut aux archéo-
pouvo ns préj uge r de l'é volution climatique de l'hé- logues e t aux histo riens de l'art de mie ux date r le urs
misphè re Nord de cette planè te. découve rtes qui comportent des restes de bois. Le
Ce processus d'apprentissage des connaissances père de cette discipline scientifique est le professeur
n'est nulleme nt facile, il nécessite que l'o n compare A . E. Douglas, professeur d 'astro no m.ie à J' Unive rsité
un e gra nde quantité d'échantillons de bois avec des de Tusco n en Arizona. Au début du siècle, il étudi a les
microscopes spéciaux. L'o n doit, e n o utre, tenir périodes dites intervalles de o nze a ns des taches
compte des nombreux facteurs qui influencent la sola ires et leur influence sur la météorologie . E n
formatio n des co uches de croissance a nnue lle . Po ur liaison avec ces travaux, iJ s'inté ressa aux couches
cela, il fa ut examiner bon no mbre d'écha ntillo ns de annue lles de croissance de Pillus ponderosa dans les
bo is provenant de la même région . C 'est seule me nt régions sèches de l'Arizona et il réussit à prouver la
après avoir éliminé toutes les irrégulari tés comme la sim ilitude e ntre les différents passages des troncs de
fo rmation de fausses couches de croissan ce annuelle bois des anciennes constru ctio ns indie nn es et les
après un été sec o u l'absence éventue lle d'une co uche co upes du mê me bois contemporain. O n put ainsi
de croissance annuelle, que l'o n peut étab Hr une dater, à partir des arbres do nt o n connaissait l'âge, les
courbe standard de la fonnation des couches de anciennes constructions indiennes. La no uve lle mé -
croissance annuelle po ur une période donnée. Po ur thode a connu un succès très rapide et e lle a donné
établir cette courbe, o n utilise les coupes transversales na issance à une no uvelle science, la de ndrochro no lo-
des troncs, ma is aussi des mo rceaux de bo is dé jà gie . Le premier laboratoire qui ana lyse les co uches de
travaillé, surtout des poutres de constructio ns ancie n- croissance annue lle est le Tree Research LaboralOry
nes. Les morceaux de bois de constructio ns dont o n de l' U niversité de Tuscon en Arizo na . Po ur pro pager
connaît la date du dé but des trava ux o nt le plus de cette no uvelle méthode, e Ue a créé une société
va leur à cet égard . Dans plusie urs cas, o n est parve nu savante , la Tree-Ring Society, qui édite une publica-
à me ttre au point un e courbe de croissance pour une tion spécialisée, le Tree- Ring Researclr Bulletin .
région e t pour une époque do nnées suivant la [o rma- La derniè re applicatio n de la dendrochrono logie est
tia n des co uches de cro issance annuelle, seul eme nt la de ndroécologie qui é tudie, entre au tres, les influen-
après ce travail « archéologique JO minutieux. Avec ces né fastes de la civi lisation sur la fo rm a ti o n des
cette courbe, o n compare les morceaux de bo is couches de croissance annuelle . Les couches de
tro uvés plus tard, e t o n les « date JO avec une très croissance annue lle prouvent l' influe nce des émis-
grande précision. La co urbe standard la plus ancienne sions de poussières dans l'atmosphère et les domma-
que l'on soit parvenu à réaliser concerne le Pin q ui ges a insi causés aux plant es de la forêt.

Aucun arbre n'est seul

On voi t en certains endroits, tel un soldat isolé, un encore il a é té planté dans cet endro it isolé à dessein,
arbre se dresser se ul. Il s'agit d 'un endroit te lleme nt pour une occasion spéciale, comme les croix et les
désolé qu'il e mpêche l'évolution nat ure lle d 'un e chapelles que l'on trouve dans les champs, les fronti è-
popul ati o n d 'arbres, o u bien cet arbre est le surviva nt res e ntre les cultures et les champs, les carre fours. Les
d 'une popu latio n déj à étei nte depuis lo ngtemps, o u a rbres qui marq ue nt une limite ou une fronti è re
,
25
a

La forêt pluviale tropicale (a) se distingue d'une manière d'arbres ne forme pas nécessairement une forêt. Les
singulière de la forêt mjxte (b) de la zone boréale tempérée ensembles de plantes qui vivent dans un endroit donné
aussi bien par sa densité que par ('utilisation de son espace. ne se sont pas formés au hasard . Les combinaisons de
plantes sont caractéristiques de certaines epêces. Ces
ensembles qui se retrouvent dans la nature se nom-
représentent en Europe un cas très fréq ue nt. Ils ment communautés de végétaux ou phytocénoses : la
bénéficient alors non seuleme nt d'une grande consi- phytocénose ayant la structure intérieure la plus
dération de la part de la population, mais ils consti- compliquée est la forêt .
tue nt également des points marquants du paysage. Les arbres diffé rencie nt donc la forêt de toutes les
La surproduction abondante de graines permet autres communautés végétales mais, pour cela, il Caut
d'affirmer qu'il est rare de voir pousser, dans un qu'un certain nombre d'autres conditions soit égale-
endroit donné, un seul pe tit arbre. Lors de la ment re mpli. Les arbres libres poussent aussi en
reproduction nature lle, en règle générale, on voit dehors de la forê t, dans les savanes, dans les toundras
pousser e nsemble, pendant un certain temps, plu- et ailleurs. La condition de la fo rmation d'une forêt est
sieurs jeunes plantes. C'est un peu plus tard seulement la croissance d'une grande quantité d'arbres au même
que les conditions et ta concurre nce naturelles per- endroit. Par ailJeurs, la surface doit ê tre assez grande
mettent la formation d 'un taillis. Ce taillis se dévelop- pour que J'on puisse constater l'influence du milieu. [l
pe selon une dynamique donnée e t, quand l'ensemble faut aussi une certaine densité d'arbres sur une surface
des facteurs attein t un équilibre dyna mique, l'ho- déterminée, ainsi qu'une liaison e ntre les houppiers de
méostase, le taillis se stabilise e t peut survivre même ces arbres.
très longtemps dans un endroit déterminé. Ses diffé- La densité d'arbres dans une forêt est très relative.
rentes parties pe uvent même se re nouve ler suivant E lle ne change pas seulement pa r rapport au type de
une certaine périodicité. Ainsi, le tapis naturel de la forêt, mais aussi par rapport à son âge. Pour une
végétation est-il le résu ltat d'une évolution très longue culture d'épicéas, par exemple, on plante 10 000
et la forê t est, en général, considérée comme la plus pousses afin de pouvoir obtenir 800 arbres à exploite r
haute expression de la vie végétale organisée. lorsqu'ils arrivent â l'âge de la coupe. Un autre trait
Mais, de même que que lques touffes d'herbe ne caractéristique différe ncie le formations de la forêt
constitue nt pas e ncore un pré, un que lconque groupe des autres formations végétales : la phytocénose de la

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fO'rêt est formée de plusieurs étages. Une couverture o bserver des zones de végétation et dégager quelques
végétale au sol et des arbres représentent l'exemple le règles sur leur emplaceme nt. Les différents types de
plus simple de la vie en é tage dans la forêt. Et, plus il végétation se présentent par zones. E n Europe, on
y a d'étages dans une forêt, « meille ure» eUe est e t pe ut dé nombre r, de la Méditerranée à la Scandinavie,
mieux e Ue exploite son espace. Les plus développées les zones de végétation suivantes : la forêt méditerra-
sont les phytocénoses des forêts tropicales qui possè- néenn e à feuilles dures, la forêt fe uillue décidue, la
dent plusieurs étages. En géné ral, no us parlons d'un e forê t bO'réale de résineux e t, e nfin, la toundra. Nous
« meilleure » fO'rêt lorsqu'elle utilise au rn_ieux son pouvons observer le même caractère zonal e n Afrique
espace. C'est la raisO'n pour laque Ue O'n estime tropicale où il dépend égale me nt de la la titude
meilleures les forêts mélangées constituées de plu- géographique: de l'Équate ur vers le Sahara, nous
sieurs espèces d'âge diHérent. vO'yons la forêt sempervirens, la forêt qui perd ses
Mais on ne peut trouver un cümat forestier, fe uilles vertes partie Uement suivant la pluie, la forêt
c'est-à-dire un endroit prO'pice pour qu'une fO'rêt de savane e t, enfin, la forêt de la savane semi-déser-
puisse se dévelo pper, n'importe où. Bie n que l'Europe tique.
centrale ait un climat propice à la fO'rmatiO'n de forê ts Cette végétation zonale est un peu perturbée dans
(sans l'influence de la culture , son territO'ire en seraü les régio ns côtières par les océans qui exercent de
aujourd'hui couvert en majeure partie), il n'en va pas moins e n moins leur influence vers l'inté rie ur du
de même pour les pays situés à 10 0 seuleme nt au nO'rd , continent. Ainsi, sur une ügne aUant d'est e n ouest,
ni po ur les pays situés à la mê me latitude à l'inté rieur aux e nvirons du 50' parallèle, de l'Europe de l'Ouest
du continent amé ricain e t e ncore moins pO'ur les pays jusqu 'à l'Asie centrale, on pe ut observer des change-
se trouvant à la mê me latitude da ns l'hé misphère Sud. ments de formation : la forêt feuillue sempervirens, la
Bien que la fo rêt représente le milieu naturel le plus savane et la zone semi-désertique.
favO'rable à la croissance des essences ligne uses, elle Les lati tudes géographiques influe ncent le caractère
ne constitue pas un type unique, une formation zonal de la végétation sur des espaces très larges. Au
exclusive des essences ligne uses qui se soit fO'nnée njveau local, ces mêmes zones sO'nt influencées par
d'elle-même sur notre planè te. leur haute ur par rapport au niveau de la me r. La
Quand nO'us nO'us représentons les différentes couverture végétale ne se caractérise pas seulement
formatiO'ns SUI une carte du monde, nous pouvO'ns par ces zones géographiques, il existe égale ment un e

27
Forê ts tropi cales pluviales

diffé renciation verticale qui présente des qualités Les forêts tropicales (fo rê ts vie rges) poussent da ns
analogues. Les zones les plus hautes sont très la zone tropicale propre, zone de pluies abondantes
semblables aux zones les plus septe ntrio nales. réguliè rement espacées tout au long de l'année, sans
La co mposition des forê ts, leur architecture, le ur périodes de séche resse prononcée ni grandes varia-
structure changent alors e n raison de leur position tions de la te mpé rature. La forê t tTopicale pluv iale est.
géographique, et de la co nfiguratio n de la surface du point de vue écologique, le plus haut degré de la
te rrestre, mais aussi selon la qualité du sol, de la roche biocénose. Dans son sein vivent de 40 à 50 % de
de base et les conditions cJimatiques. Suivant ces l'ensemble des plantes et des animaux existant sur la
critères complexes, o n pe ut distingue r diffé rents types te rre. bien que sa surface ne dé passe guère 6 % de la
de forêts d 'après qu elques types de base: surface terrestre. Malheureuseme nt, mainte nant, à la
fin du XX e siècle, la forê t tropicale pluviale semper-
virens se trouve en grand danger. La coupe du bois,
Forêts non décidues Forêts décidues ainsi qu'une exploitation outrancière de la fo~ê t
Forêts tropicales pluviales tropicale pluviaJe aux Philippines, e n Malaisie et e n
Forêts de lauriers sempervirells Afrique de l'Ouest est d' une telle rapidité que ce type
Forêts xérophiles à feuilles dures de fo rê t disparaîtra probableme nt de ces zones à la fin
Forêts de mousson pe rdant des années 80. Les fo rê ts du même type e n Amé rique
leurs feuilles pendant
centrale e t e n Indonésie ne survivront guère plus
la période sèche
Forêts décidues de la longtemps : si l'on maintient le rythme d'exploitatio n
zone tempérée actue l, o n compte qu'elles disparaîtront à l'aube des
Forêts de résineux années 9 0. Même le changement de la zone amazo-
nienne en zone cultivée devrait surve nir d'ici la fin de
ce mjllé naire. Ainsi, dans la seule zone tropicale de
Les forê ts s'étendent jusqu'aux to undras au nord et l'Amé rique du Sud, e nviro n 10 000 espèces de pla ntes
dans les zones où les pluies se raréfi ent, avec les et d'animaux se trouve nt en danger.
steppes et les déserts. Ce sort, tristement prévisible pour la forê t tropicaJe

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plu via le , risque e n o utre d 'amene r le dé pé risseme nt réfléchissent la lumiè re. Aussi, la taille de ces arbres
de no mbreuses espèces pa rmi les essences ligne uses. est- c ite e n gé né ral assez réduite , leur tro nc ado ptant
D u point de vue de l'ex plo itati o n écono mique , la forêt des formes to rtue uses qui ne sont pas se ule me nt
1ropicale ne r~ prése n te pas la me ille ure va rié té de causées par la conHgurati o n du te rrain ma is par
fo rêt. La gra nde dive rsité des espèces qu 'e lle ab rit e, d' a utres facte urs éga le me nt , comme le pacage des
leur diffé rence d 'âge et l' inégalité de leu rs tro ncs, a insi chè vres par exemple. La pro du cti o n de bio mase n'est
qu e bie n d'autres ava ntages bio logiques re nd ent , e n pas très élevée da nsce type de fo rê ts, mais e lles jo ue nt
vé rité, son ex plo itatio n plus difficile . un aut re rô le également très impo rt ant e n empêchant
Les fo rê ts de la uri e rs sempervirens, ainsi que les un e dévastatio n du paysage e t un e é rosio n du sol. E n
fo rêts xérophi les à feuill es dures se différe ncie nt très ce rt ains e ndro its, e lles se transfo rm e nt en taillis de
ne tt ement des fo rêts tropicales. Ce gro upe englo be un végétati o n basse et d 'arbrisseaux, très difficiles d'ac-
grand no mbre de fo rê ts assez différe ntes. La plus cès. Ce sont des végéta ti o ns de re mplace ment fo rmées
observée pe ut-être est la forê t méd ite rranéenn e après la dispariti o n d es fo rê ts dé vastées q ui les o nt
« sèche ». Elle s'est fo rmée sous l'influe nce millé naire précédées: o n les appe lle des garri gues.
de l'ho mme , surto ut dans les régio ns côtières de la Bien que certa ines zones de la Méd ite rranée puis-
Méditerranée. No us y trouvons parmi les essences sent ê tre considérées comme ex trê mement sèches
ligne uses hautes, à part les Lauriers e t les Oliviers, des (Athènes ne reçoit que 384 mm de pluie par a n po ur
Chê nes à feuilles persistantes, des Cyprès et des un e te mpé rature moyenn e de + 17,4 OC), o n ne pe ut
G enévri ers et, dans certaines zones également, les pas considé re r les co nditio ns clim atiques comme le
Pinus pinea e t Pinus p inas/er. La plupart de ces se ul facteur qui empêche le déve lo ppe me nt de la fo rê t
fo rmatio ns so nt formées par des végétaux xéro philes dans cett e zone . La plupa rt des spéci alistes e n
q ui aime nt un climat chaud et sec. Ces plantes se bo tanique considère nt qu e, sans l'inte rve ntio n huma i-
caractérisent par des feuilles fe rm es et durables, ne , les bo rds de la Médit e rranée sera ie nt res tés
sempervirens. So uve nt de fo rme é troite. elles sont couve rts de fo rêts assez denses. bie n qu e de mo indre
co uvert es d 'une couche de cire e t de résine qui réduit impo rtan ce qu e celles de la zone te mpé rée: le type
l'évaporatio n o u bie n, de couleur très claire, e Ues do mina nt de végéta ti o n qu e )'o n y rencontre ra it serai t

,.
Ô
Forê ts de lauriers sempervirells

29
()

Forê ts de mo usson perdant leurs feuilles pendant la période sèche

une fo rêt pas trop haute semper virefls, avec une seulement l'hi ver, comme en E urope. D ans les zones
surface des fe uilles réduite et des troncs à écorce forte chaudes subtro picales et tropicales, un autre type de
et compacte qui empêcherai ent une évaporati on trop forêt s'est fait j our qui, lors des changements entre la
impo rt ante. Ce genre de fo rê t a uraü pu être lié d 'une saison sèche et la saison des pluies, se repose et change
maniè re plus o u moins é tro ite avec les arbrisseaux et ses feuilles. Ce type de forêt reste vert même en hiver,
les arbustes, allant jusqu'à form er une garrigue à la diffé rence des fo rêts de la zo ne te mpérée, vertes
prima ire . Cependant , la popula tio n fo restière la plus en été seulement. La période pluvieuse et vente~e ne
ha ute de ces fo rê ts n'aura it pas dépassé 20 m et survi e nt en E urope que pendant l' hiver. Da ns ce type
encore, seulement sur les terres les plus profo ndes. La de forêts, nous ne trouvons pas seulement des espèces
meilleure péri ode pour l'expansion de ces forêts étai t décidu es, mais aussi d'autres espèces qui gardent leurs
la période hum ide du quate rnaire, e ntre le dixiè me e t fe uilles pendant la période sèche également. Les plus
le deuxième millénaire de notre ère. M ais, pendant connues parmi ces forêts se trouvent en Asie du
cette période, dans la région méditerranéenne, l'âge Sud-Est.
du bro nze se développait déjà , des états à fo rte densité La plupart des essences ligneuses que l'on trouvera
de population sc form aient et les géobiocénoses dans cet ouvrage se développent dans les zones
commençaient alors à reflu er. Ce reflux s'est poursuivi géographiques qui se caracté risent par un déca lage
jusqu'à nos j ours. Sui vant les sources disponjbles, les entre un été chaud et pluvieux et un hiver froid et
fragments de forêts hautes ne se sont conservés qu'en enneigé.
certains endroits: sur l'île de Mljet près des cô tes Les représentants typiques des essences ligneuses
dalmates, sur l'île d'E ubée, sur la presqu 'île de de la forêt tempérée sont des arbres à feuilles vert vif,
Chalci dique en mer Égée, ainsi qu'en certains endroits mais molles et minces, tombant à la fin de la saison
difficilement accessibles de Corse et, enfin , au M aroc, chaude. Au début de la nouvelle saison chaude, ces
dans le Moyen-Atlas. arbres créent des nouvelles feuilles. A insi les ar bres
Les changements clim atiques, qui se répè tent pério- reno uve lle nt réguli è reme nt chaq ue a nnée leur fe uilla-
diquement, ont conduit à l'évolution des forê ts ge. La to mbée des feuilles est re ndue possi ble par une
décidues. M ais la cause du repos végé tatif n'est pas couche spéciale de sé paratio n située à la base de la tige

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de chaque feu ille, qui est fo rm ée de cellules à me m- te mpé rée, avec la pé ri od e sèche . E n E urope ce ntrale,
bra nes minces. Cette co uche se co nstitue un peu avant le mo is de févri e r est le mo is le plus sec de tou te
la tombée d es fe uilles ma is, chez q ue lques espèces l'a nnée. E t même si les fe uilles re lati vement minces e t
à fe uilles déjà p liées, lors de le ur bourgeonnement. faibles support e ra ie nt bien les basses te mpé ra tures, les
A l'emplaceme nt d e la couche de sép ara tio n, les plantes souffriraient de la sécher esse physiologiq ue
faisceaux sont très pe u re nforcés e l les co uches de puisqu 'il le ur serait impossible d e se procurer de l'ea u
tiss us mécaniq ues réduites. Lorsque la te m pé ra ture à partir de la te rre gelée, ta ndis qu e la transpira tio n e t
baisse e n a ut o mne, la ma tiè re intercellulaire de la l'évapora tio n co ntinue raie nt à se pro duire à partir des
couche de sép a ratio n d evie nt muque use e t les cellules fe uilles pendant la jo urn ée, mê me e n hi ver. Cett e
de son tiss u se détachent: la feuille ne lie nt que par les séche resse ph ysio logique est so uve nt la cause du
faisceaux q ui se détachent lors d'un coup de vent ou d épérisseme nt de ce rtain es plantes cultivées, surt o ut
sous l'effet de la pluie e t elle to mbe . C hez ce type des bruyères qui, garda nt des feuilles to ut l'hi ver,
d 'essences ligne uses, des matiè res de cro issa nce, les so uffre nt lo rs d es jo urnées d'hiver e nsole illées d' un
auxin es, sont présentes dans le corps de la plant e, manque d 'ea u, bien que se tro uve nt dans le ur e nviron -
préparent e t influe ncent la tombée des feuilles. Les ne me nt d es plaques d e ne ige e n train de fo ndre . C'est
feuilles cha nge nt également de coul eur ava nt de se pourquo i l'o n couvre ce rtai nes plantes avec des
dé tache r. La di spa riti o n de la chlorophylle par désin- ramilles de résineux: no n pour les p rotéger du froid
tégra ti o n des chloroplastes d a ns les cellules d u tiss u mais, paradoxalement, du soleil d' hi ver! La ne ige agit
des feuilles donne a ux feu illes. dès l'auto mn e, le ur comme un autre facteur qui influe nce J'évolut io n d es
be lle teinte ro uge o u j aun e. Le contenu humide des essences ligne uses décidues. Pe nd a nt les hi vers ri ches
fe uilles se colore alo rs sous l'effe t d es gou tt es d e en ave rses . ne igeuses. dans Jes zo nes te m pérées
carotè ne e t de xa ntophyle qui proviennent de la d'Europe et d'A mériq ue du Nord , les houppiers
dés intégra tio n des plastid es. majestue ux des fe uiUus so uffriraie nt de la ne ige qui se
L'évolutio n des essences ligne uses qui se dé fe uillent dé pose rait sur les branches provoquant le ur rupture .
est donc surt o ut influ e ncée par les co nditio ns climati- C'est pou rqu o i la plupart des forêts septen trio na les
ques. La période d' hiver coïncide, dans la zo ne est co nstitu ée de résineux , not a mme nt d'Épicéas. Les

0'"

o
Forêts décidues de la zone te m pérée

31
(}

Forê ts de résine ux

masses de neige glisse nt le lo ng de le urs branches sans que de péné tre r vers l' intérieur des terres. La plupart
ca user de dommages à l'arbre . Les fo rê ts d'arbres des forê ts de ce type, sur le continent américain, se
décidus de la zo ne tempé rée existent, dans leur forme si tue nt surtout dans sa partie o rientale, tandis qu 'en
vé ritable , sur les contine nts de l'hé misphère Nord A sie, le centre de ces forêts se trouve au no rd du
seuleme nt, parce que dans les zones correspondantes fleuve Yang-tse u-Kiang, en C hine, en Corée, au sud
de l'hémisphè re Sud, no us ne tro uvo ns que la partie la du fleuve Amour, ainsi qu'au Japon .
plus é tro ite de l'Amérique du Sud où l'influence des Les différentes formations de fo rêts avec des
de ux océans provoqu e la formation de forê ts d' un feuillus décidus qui se défeuillent périodiquement ,
a utre type e t do nne une au tre forme de végéta tio n, sont très é loignées les unes des a utres et cette isolatio n
Pa r contre, le même type de co uve rture végétale s'est relative trouve son expression surt o ut dans le ur
fo rm é sur la côte Est de l' Australie, sur une bande composition . Dans la zone tempérée, la formati o n du
re lativement é troite, située du nord au sud e ntre 30° corps de l'ensemble des essences ligne uses sylvestres
de latitude Sud et au tour de 150' de longitude Es t. es t, bien sûr, simiJaire sur de nombre ux poi nts. Dans la
La fo rê t d'arbres décidus de la zo ne tempérée plupart des cas, leurs bourgeons sont protégés pa r des
représente une formation végétale qui s'adapte par- écailles résineuses e t couvertes de poils et la plupart
faitement au change me nt des saiso ns e ntre l'hive r e t des espèces sont anémophiles. La composition des
l'é té. Cette forma tio n apparaît sur les parties des feuilles est, cont rairement à la variété de celles des
continents qu.i sont les plus rapproch ées des océans. Sa fo rêts tro picales, assez uniforme, bien qu'elle compte
fro ntiè re no rd e n Europe se tro uve sur une ligne située en son sein des essences ligneuses comportant" ssi
entre 50' et 60' de latitude Nord , bien que près de bien des fe uilles simples que des fe uilles composées.
"Atla ntique e lle s'éte nde e ncore un peu plus au nord. La forê t décidue de la zo ne tempérée est typiqueme nt
E n Amérique du Nord, la situation est beaucoup plus une fo rêt à é tages. mais le nombre d'étages n'est pas
compliquée du fait des grands massifs montagneux très é levé: il évolue entre deux et so uvent, quatre . Le
qui, se trouvant dans le sens des mé ridiens (montagnes sous-bois arbustif ne se form e pas du to ut ou bien il se
Rocheuses), empêchent l'influence du climat océani- concentre aux abords des forêts. Un grand nombre

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d'essences Ligneuses de ce type de forêt fo rme nt les face inférieure munie d'o rifices é tai t à l'origine la
cultures dites propres. On pe ut en cite r pour exemple face supérieure, tandis que la face supérieure é tait
les forêts de Hêtres des Carpates, o u bien l'ossat ure à l'origine la face inférie ure.
n'est fo rm ée q ue par qu elques essences ligne uses Les aiguilles possèdent un appa re il de pho tosyn thè-
principales. Chê nes ou Charmes, les autres essences se moins productif que les fe uilles plates. Mais la
ligneuses étant mino ritaires. Les fo rêts de feuillus moindre activité de photosynthèse des conifères est
typiqueme nt européens se concentrent dans les compe nsée par de ux agents importants :
vallées avec des A uln es, des C hênes et des Charm es - Pendant l'année, la durée de la pho tosynthèse
mélangés; o n tro uve aussi des fo rêts d'Érables et de acti ve est plus lo ngue de tro is à quatre mo is que chez
T illeuls, o u de Hêtres e t de Chê nes. E n Amérique du les feuillus, l'activi té de la pho tosy nthèse n'étant
Nord, o n tro uve plutô t des mélanges d'Érables e t de interro mpue qu e pendant la période de gel la plus
Hêtres, des fo rê ts d 'Érables e t de Tilleuls, des rigoureuse.
chêneraies avec des Hk korys (noyers très résistants) , - La surface de contact des aiguilles avec la lumière
et des châtaigneraies avec des Chê nes. Chaque type de q ui arrive est sensible ment plus grande q ue chez les
forêt possède ses caractéristiques propres, en rapport feuillus. Selo n Tiren, un hectare de forêt de Hêtres
avec son environne ment et la composition des espèces possède un e surface de fe uilles de 7,5 hectares, tand is
qui forment ses différents étages. Souvent, elles ont qu' un hectare de fo rêt de Sapins possède 12,8
une faune semblable, à l'exceptio n de q uelques hectares d'aiguilles!
espèces d'animaux bien définies. A_insi, du [ai t que « le ur te mps de trava il », ainsi que
Les fo rê ts de résineux se tro uvent to ut naturelle- « le ur surface de travail », sont supérieurs à ceux des
ment dans les zones climatiques fro ides o ù l'hi ver est feu mus, les conifères arrivent à compenser le handi-
lo ng et où la couverture ne igeuse reste très lo ngtemps, cap d' une mo indre activité de pho tosynthèse e t le
o u encore sur les hauteurs plus élevées des zones plus rés ultat fin al est sensibleme nt égal. Sur un e période
méridionales. Ces forêts couvrent une régio n très d'un siècle, la fo rmatio n de matière o rganique sur un
vaste de l' hémisphère No rd . De grandes parti es de hectare de fo rêt d'épicéas, o u de hêtres, o u encore de
l'E urope, de l' A sie et de l'Amérique du No rd so nt sapins es t presque identique. Les essences Ligneuses
couvertes par des bois de résineux, surto ut en Alaska à aiguilles savent f!1ieux gérer leurs réserves d'eau e t
et au Canada et, au sud, de no mbreux massifs leur évaporatio n est moindre que chez les feuillus.
montagneux (mo ntagnes R ocheuses, A lpes, Carpates Cela, bien sûr, vient de la forme de le urs organes
et mê me grandes mo ntagnes des tropiques) . d'assimilatio n, les aiguilles.
La fo rm e réduite des organes d'assimilation, des Les arbres d'une fo rê t de conifères comporte nt des
feuilles-aiguilles des conifères est très caracté ristiqu e tro ncs très hauts, pas très épais, souvent sans ramifica-
chez les résineux. Ces organes sont, en général, tions, et ils atteignent en général de très grandes
petits. D 'une fo rm e simple, ils adhèrent soit hauteurs. La masse produite par ce genre de fo rêts est
directement, soit ils n'ont qu'un pétio le très court la plus importante sur te rre . E lle surpasse même la
en forme d'aiguille o u d'écaille. La fo rme étroite pro duction d'essences ligneuses de la fo rêt tropicale .
des aiguilles e t le ur rigidi té révèlent l'adapta tio n des Les ensembles de pins et de sapins, hauts enviro n de
conifères aux climats secs. A l'époque de leur fo rm a- 50 à 70 m , produisent habitue lle me nt 1000 mètres
tio n, le climat devait se rapprocher du climat tro pical, cubes de bois à l'hectare, e t les fo rê ts de D ouglas e n
comme nous Je prouve la permanence de la coule ur Amé rique do nne nt environ 3000 mètres cubes de bois
verte chez le urs fe uilles-aiguilles, ainsi que la durée de à l'hectare.
maturation de leurs graines. La compositio n des Les fo rêts de résineux fo nnent souvent des recrûs
aiguilles et leur position sur de petites branches très. pro pres, surto ut dans des condi tio ns difficiles,
constituent des traits caracté ristiques chez les diffé- tandis que, dans de meilleures conditio ns, les peuple-
rentes familles des espèces de résine ux. Les aiguilles ments de résine ux sont péné trés par d'autres essences
de la famille des Sciadopitys est très particuliè re, mais ligne uses. Il est exceptio nne l que des recrûs de
même les aiguilles des pins de la famille Picea ne sont résineux soient fo rmés par plus q ue cinq espèces
pas sans intérê t. Elles se présentent habitue lleme nt d'essences Ligneuses, tandis que la péné tratio n de
sous fo rme de tétraèd re. E lles possèdent des o rifices conifères dans les fo rê ts de feuillus décidus de la zone
soit sur les quatre faces, soit sur la partie o rie ntée vers te mpérée est bien mie ux ré ussie . Aussi, le sous-bois
la terre seulement. Ceci est lié à l'orientatio n des des fo rêts de résine ux n'est-il pas très riche e n géné ral.
aiguilles du pin : pendant leur évo lutio n, e lles to ur- Souvent, il se Limite à des populatio ns d'arbrisseaux o u
nent de 1800 au to ur de l'axe lo ngitudinal. A insi, leur de plantes de la famille des bruyères o u à des co lo nies

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d'e mpétracées. Bie n q ue les fo rêts de résineux ne no rd, des fe uillus mêlés de Pinus strobus e t de Tsuga
soient pas très variées dans leurs espèces, leur valeur canadensis.
tant bio logique qu'esth étique est très grande . La fo rê t Néanmo ins, e n bie n des endro its, la fo rê t se
la plus beUe n'est autre , pe ut-être, qu e la taïga termine : no n pas la Ligne où la fo rê t s'arrête dans le
sibérie nne qui couvre une surface d'enviro n 5 millio ns sens écono mique, mais celle qui ma rque vra iment la
de km carrés o ù do minent des Mé lèzes, des Pins limite derri ère laque lle certaines circonstances e mpê-
sylvestres et Pin us cembra, des É picéas avec des che nt la fo rm atio n e t l'évo lutio n vé rit able de la fo rê t
espèces mino ritaires comme les Bo ulea ux, les continue. Ces fro ntières naturelles so nt, e n fait,
Pe uplie rs, les So rbie rs e t les Me risiers sa uvages. do ubles: d'un côté se tro uve la fro ntière supé ri eure
To ute fois, la forêt de résine ux ne présente pas de la fo rêt dans les mo ntagnes (front iè re alpine) e t, de
pa rto ut le caractè re de la taïga du no rd o u de la l'a utre, la fro ntière d u no rd (frontiè re polaire) . D ans
mo ntagne. Le litto ral o uest de l'Amé riqu e du Nord, une certaine mesure, la situa tion de ces de ux fro ntiè-
de l'Alaska jusq u'au centre de la Califo rnie, da ns un e res est simila ire : les cond itio ns extérie ures y sont
zo ne assez étro ite do nt l'humidité de l'air est élevée du d ures. Dans les deux cas, il ne s'agit pas, à proprement
fait de l'océan Pacifique e t do nt les te mpé ratures parler, d 'un e Ligne dans le vrai sens du terme , mais
vari ent pe u, no us mo ntre le peupleme nt d'un e forêt plutô t d' un e zone plus ou moins large. Les de ux zones
pluviale de résine ux dans la zone te mpérée. Formée fro ntalières o nt des points communs : mo ind re densi-
surt o ut de résine ux, e lle est po urtant très diffé re nte de té et moindre hauteur des a rbres. Si, dans une vallée
la fo rêt de résine ux du type no rdiqu e. Une très gra nd e de mo ntagne, un épicéa mesure 30 m, son frè re du
pluviosité, po uva nt atte indre pa r e ndro its 3800 milli- même âge, po ussant à 1400 m dans cette zo ne-fro n-
mètres pa r an, e t un e fréquente fo mlatio n de tiè re, ne mesure plus que 2 m. Ainsi, plus la ha ute ur
bro uillards, pe rme tt e nt l'existence de toute une séri e augmente , plus les végéta ux ralentisse nt leurcro issan-
de végé ta ux, surt o ut des é piphytes, sur les tro ncs ce et plus le bois devient de nse. C'est aussi la raison
d 'arbres. Les essences ligneuses les plus caracté risti- pour laquelle les arbres qui pousse nt près de la limite
ques de ces fo rm ati o ns sont le Do ugl as, le Sapin géa nt, su péri eure de la fo rêt produisent un bois épais et
le Thuya e t le Tsuga . E n allant ve rs le sud, s'y ajo ute nt régulier. avec des couches de cro issance annueUe très
les séquo ias sempervirens e t vers le no rd les Picea fines. Ce bois est très appro prié à la fabricatio n des
sitchensis. instrume nts de musique (bois de résonance).
Les bois de pins, les fo rê ts de résine ux des pla ines du Dès qu e la fo rêt perd de sa haute ur, dès que les
sud-ouest d u litto ral, qui rappe llent plutô t par le urs ho uppiers de ses arbres ne fo rm e nt plus une couve rtu -
habitus les fo rê ts de fe uillus de la zone tempérée. que re compacte, elle perd ses attributs de base et se
les fo rê ts typiques de résineux sont l'une des curiosités termine. Cela ne signifie pas eependant que des arbres
du contine nt no rd-américa in . So uvent exclusivement individuels ne peuvent pas pénétrer plus haut. C'est
formées par un e espèce d 'épicéa Pinus australis, ces e ncore bien a u-dessus de la tim.ite de la fo rêt qu e se
fo rê ts présente nt le caractè re durable d 'un paysage situe cette Ligne imaginaire infranchissable même par
cult1vé e t ouve rt o ù les fréquents incendies de des arbres individue ls: la fro ntière supérieure des
sous-bois ne pe rm e ltent pas la pé né tra tio n des essen- arbres.
ces Ligne uses feuillues. Cette limite supérieure n'est pas influencée unique-
Mais la ligne de partage e ntre les diffé rentes ment par la température et par l'altitude, mais aussi
fo rmatio ns n'est pas très stricte . Les passages de l'un e par la présence des champs lo ngtemps eouve rts de
à l'autre sont souples: différents élé me nts de deux neige, pa r les vents fo rts et persistants, par les te rrains
form atio ns diffé re ntes s'interpénètre nt, o u le contact rocheux e t escarpés, avec un re lief difficile d 'accès, et
entre deux fo rmatio ns provoque la créatio n d'un par l'activité humaine qui fait reculer cette limite .
espace intermédiaire qui contient to ute une séri e L'activité humaine est à l'o rigine du déboisement : il
d'espèces des de ux fo rm atio ns o utre les espèces to ut y a déjà plusie urs siècles, l'ho mme déboisa de vastes
à fai t typiques de cette région. L 'espaee intermédiaire surfaces placées en haute altitude, ce qui a réduit les
co ntient une plus grande densité d'espèces individue l- limites de la forêt d'une maniè re tellement considéra-
les. Ce phéno mène , souvent désigné comme phé no- ble que son reto ur n'est plus possible.
mène du bord de la forêt , est donc surto ut visible dans Sur la définition de la limite no rd de la forêt influent
une régio n de culture en bordure de forêt. En non seulement les conditio ns clima tiques particulière-
Amérique du Nord, on observe, entre les forê ts de ment dures, mais aussi la présence de terres boueuses
feuillus décidus et les forêts nordiques de résineux, la et tourbeuses. La frontière nord de la fo rê t suit en
formation d 'une zone de transitio n qui compre nd, au général le tracé du cercle polaire septentrional avec

34
des variatÎo ns locales. C'est en Sibérie qu 'elle pénètre persistantes. Dans la même catégorie e nt rent égaie-
le plus au no rd e t sa limi te mé ridi o nale se situe près de ment les populatio ns de re mplace ment de la région
Terre-Neuve. Elle oscille ainsi sur un e zone qui méd ite rran éenne, les ga rrigues. Les popu la ti o ns de
dépasse 200 km . On a constaté une similitude très rési neux rabougris constituent une fo rmatio n spéciale
significat ive de cette ligne limite avec le tracé de la qui n'est pas encore une forêt. Il s'agit des Pins e t des
ligne de l'isoth e rm e du mois de juillet, qui est de Genévriers du bassin du Colo rado: le pays a le
+ 10 oc. caractè re d'un parc, les di fférentes essences ligneuses
La limite de la forê t n'est peuplée que par quelques poussant assez loin les unes des au tres e t la issant e nt re
essences ligneuses. Celles qui la dépassent et arrivent elles assez de place pour la végétati o n he rbacée.
jusq u'à l'endro it où ne croisse nt que des indi vidus Les essences ligneuses o nt également trouvé su r
isolés sont e ncore plus limitées. Dans les Sudètes, par no tre plan è te de grandes possibilités de développe-
exemple, cette essence ligne use qui peuple les frontiè- me nt et assez de place pour survivre. Mais, aujour-
res supérieures est l'Épicéa commun. Dans les Alpes. d"hui. il ne reste guère d"e ndroits qu i ne soie nt pas
c'est le Mélèze et l'AroUe, Pinus cembra. En certains influencés par l' ho mme. Nous le constatons notam-
endroits, c'est le Pin sylvestre qui arrive à la franchir . ment da ns les fo rm atio ns de forêt feu illue décidue qui,
Dans les Balkans, il s'agit des pins à l'écorce blanche dans la zone tempé rée. a perd u plus de 75 °/0 de sa
et, plus exceptionnellemen t, de Pùzus pel/ce. Dans les syrface antérieure: e lle a été remp lacée par les
massifs montagneux situés plus au sud, poussent sur la habitations humaines; par la steppe de cu lture ou par
limüe supérie ure de la forê t des es pèces te lles qu e le les forê ts de culture. Néa nm oins, mê me le paysage
Sapin de Grèce o u encore le Sapin du Caucase. Dans dont la forêt a disparu héberge encore de nombreuses
d'autres montagnes d'Europe (Vosges et Carpates) , espèces d'essences ligneuses sans lesq uelles nous ne
on trouve le Hê tre forestier q ui dépasse la fronti è re pouvons même pas imaginer notre enviro nnement
supérieure. habi tu el.
Les Pins et les Épicéas pénè trent le plus ava nt dans Le re lie f nature l descendant du paysage a é té
la frontière polai re. E n Amérique, on trouve le plus travaillé depuis longtemps. On y a implanté tout un
souvent l'Épicéa blanc et Picea sitchensis, e n E urope résea u de communicati ons e t on y a ga rdé le lit des
du Nord, l'Épicéa commun e t le Pin forestier, en A sie rivières et des ne uves. E n tous ces endroits po ussent
l'Épieêa de Sibérie, le Pin d'Ajanie et le Mé lèze de des végétaux, notamme nt des arbrisseaux . Ce tapis
Sibérie. La limite polaire est aussi, en général, peuplée vert dispersé joue da ns le paysage cult ivé un grand
de boulea ux aussi bien en E urope. qu 'en Asie o u en rô le parce qu 'i l représente pour des millie rs d 'ani-
Amé rique du Nord, ce qui n'cst pas le cas pour la ma ux un mil_ie u de vie de re mplacement. La fo rê t ou
limite supérieure . Au no rd de l'Euro pe, a ux e nviro ns les broussailles ne constituent pas se ule men t un
du 68° degré de latitude Nord, le bou leau re mplace e nsemble d'essences l_igneuses, mais un système très
progressivement les forêts de pins pour, ensuite, céder é laboré de donneurs et de receveurs d'énergie, ainsi
la place à des végétations d'arbustes assez tord us, que le lie u de vie d'un grand no mbre de végétaux e t
hauts d'environ 'S m. Ces populations d'arbustes sont d'animaux. Les popul ations d'essences ligneuses
encore, par endroi ts, acco mpagnées de sa ul es, d'aul - créent un milieu idéa l de vie po ur l'existence des
nes et de trembles. o rga nismes vivant sur la terre fe rm e . U n seul arbre
Bien sûr, les essences ligneuses ne poussent pas au d'Europe centrale re présente une unité très complexe
sein des fo rêts se ulement. Pa rto ut où les conditio ns e t il abrite la vie de bo n nombre d'autres organismes.
exté rieures ont empêché la formation de la Co rê t, Ses racines, ento urées du mycéli um de d ivers champi-
forme la plus organisée de la phytocénose, o n vo it gno ns, fo rme nt des mycorhizes. E ntre ses racines,
apparaître di verses fo rma tio ns d'arbustes o u des lapins, blairea ux ou rena rds peuvent vivre. Sur son
populatio ns d'herbes, parsemées d'essences ligneuses écorce, dans ses pousses, ent re ses aiguilles et à l'inté -
éparpil1ées. Il s'agit, par exemple des savanes tropica- rieur de son tro nc vivent des insectes à des phases
les avec le urs acacias e t le urs baobabs, des cao ut- différentes de leur é vo lutio n. Us détériorent évidem -
choucs et des palmiers ; des déserts chauds de me nt l'organisme qui les héberge, mais, tant que leur
Californie avec leurs pe tits arbrisseaux, ou e ncore des colo nie ne croît pas d 'un e maniè re dé mesurée, ils fo nt
désens fro ids de l'État de Washingto n. Dans les partie de l'ensemble de la biocénose. Dans les cavités
régions à climat te mpéré ayant un été sec e t un hiver des arbres, vive nt également de petits mammifè res
humide comme la Californie o u l'Australie du Sud, les comme les écureuils, les gasté ropodes, o u les chauves-
couvertures végétales se fo rm e nt également à partir so uris, e t le ho uppier abrit e des nids d'oiseaux . Si
de petits arbres et d'arbrisseaux à fe uilles dures et l'atm osphère n'est pas trop polluée par les é missio ns

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de déchets industriels, le même arbre peut encore bois. De plus, les forêts d'Europe et d'Amérique du
accueillir des lichens sur son écorce ou, si eHe est Nord constituent le domicile d'espèces d'organismes
humide, une espèce d'algue verte de la famille des qui ne sont pas liés seulement à une espèce mais
chlorelles. Dans certains cas extrêmes, quand des à l'ensemble de la formation de la forê t. Ce sont, avant
parties creuses de l'arbre retiennent un peu de bois tout, plusieurs espèces d'oiseaux, ensuite les mammi-
pourri ou encore de l'humus, on peul même voir fères petits et grands, les reptiles, les amphibiens, ainsi
pousser d 'autres espèces de végétaux supérieurs ; en qu'une grande quantité d'invertébrés. La couche la
outre, les parties du tronc, aussi bien celles qui plus variée est, sans conteste, la faune qui évolue au
dépérissent que celles qui sont vivantes, sont entou- sol. Là, le nombre d'espèces dépasse des centaines et
rées par les fibres de champignons destructeurs du le nombre d'individus des millions.

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Au service de l'homme

Le proverbe qui affirm e que le bois accompagne nature elle-même . La forêt se renouve lait d'elIe-mê-
l'homme dès son berceau jusqu'à sa mise en bière, me, par les graines qui arrivaient à maturité sur place.
sans le quitter tout au long de sa vie, n'a ricn perdu de Dès la deuxième moitié du siècle dernier, l'on put
son actualité même après l'apparition des matiè res observer un reboiseme nt voulu et planifié . Bie n que
plastiques. Au contraire, passée la premiè re période cette interventio n soit, au fo nd, positive , elle a aussi
de séduction par ce qui est nouveau, l'homme revien t créé de no mbreux facte urs négatifs pour les fo rêts
de plus en plus vers les matières tradi tionne lles e t e uropéennes. Les graines de la forêt furent ramassées
surtout vers le bois. là où o n les trouvait e t vendues où o n les demandait.
La forê t a servi à J'ho mme en tant que premier lieu Ainsi, le semois cessa-t-i1 d'être homogène, et a-t-on
de vie, premier refuge, c'est la première source où il fini par semer des graines d'origines différentes dans
trouva les matiè res dont il lira sa subsistance. Jusq u'à les conditions e l aux endroits qui n'étaient pas
la péri ode des bouleversements néolithiques, l'hom - to ujours les plus favo rables. A la place des forêts
me a vécu en équilibre avec la fo rê t. Mais, dès qu'il eut nature lles, on a donc semé des cultures artificieUes.
labouré le prem.ie r sillo n, la fo rêt n'a cessé d'en pâtir, Ces ligni-cultures se composaient le plus souvent
bien que cette révolution se soit produite e n Europe d'une seule espèce d'essence ligneuse. Ce procédé
justement pendant la période o ptimale pour l'évolu- avait, bien sûr, apporté e n soi beaucoup d'avantages
tio n de la forêt feuiUue. Malgré cela, dès l'aurore de techniques (les cultures du même âge étaient plus
l'histoire, les fonnations sylvestres o nt couvert encore facile s à soigner et à exploiter) et mê me, pour les
la plupart des paysages européens. La fo rê t située au pre mières géné rations, il représentait un succès éco-
nord des Alpes a été atte inte beaucoup plus tard que la nomique, mais il entraînait la dégradation des sols et
région méditerranéenne qui était habitée depuis entraînait d'autres dangers qui guettent les monocul-
longtemps déjà. tures, notamment les grandes invasions de para-
Les périodes cruciales qui ont beaucoup influencé sites.
l'étendue et la qualité des forê ts européennes se Les responsables de la culture des forêts se tro uve nt
situent lors des grandes vagues de la colo nisatio n actuellement confrontés à des tâches redoutables. Ils
humaine. Ces vagues qui allaient d'ouest e n est, do ivent mainte nir la surface actuelle des fo rêts et
débutèrent au XTI' siècle. Ainsi, les fo rêts de la région te nter de la renouveler de manière qu'elle se rappro-
méditerranéenne et des zones limitro phes, qui fourni- che le plus possible de sa formule naturelle . Ils ne
rent le bois nécessaire à la construction des habitations doive nt pas o ublier que la forêt n'est pas une usine
et des bateaux, et au chauffage, commencè rent à bo is, mais qu'e lle re mplit par ailleurs beaucoup
à reculer sous la pression des nouveaux arrivants qui d'autres fonctio ns souvent irremplaçables, no tam -
obtinrent de la sorte de la terre à laboure r, mais aussi me nt dans les domaines hydrologiques et de défense
les matières premjères nécessaires à l'évolu tion de des sols. On ne compare pas inutilement les forê ts aux
l'activité miniè re naissante et au fonctionne ment des champignons. Les fo rê ts pompent J'eau aussi rapide-
premières forges. Les forê ts reculèrent les unes après ment que des champignons e t eUes ne la distribuent
les autres pour se mainte nir, après la seconde grande que petit à pe tit. Malhe ure usement, on ne constate
vague de déboisement aux XVII' et XVIII' siècles, souve nt cette vérité que dans ses conséquences
dans les endroits impropres à J'explo itatio n agricole. négatives, au moment, o ù une forêt disparaît dans une
Les forêts naturelles d 'Amérique du No rd disparais- certaine zone, par exemple, sous l'influence des
sent d'une manière beaucoup plus soudaine et plus é missions industrielles nuisibles.
énergique. Sur ce contine nt, o n a déboisé, au cours des Parmi toutes les formes de couverture végétale de la
quatre derniers siècles, environ 540 millio ns d'hecta- terre, la forêt est no n seulement la plus ré pandue, mais
res de fo rêt. Une intervention aussi rapide et aussi surto ut celle qui possède la plus grande valeur. Selon
étendue a apporté des changements non seulement la FAD, la surface to ta le des forêts couvrait en 1974
d;lns le climat local, mais e lle a surto ut provoqué une enviro n 30 % de l'é tendue de la terre ferme, soit
importante érosio n par l'eau et par les vents de la 4 milliards d'h ectares dont l'ensemble des réserves de
terre. bo is représente 350 millia rds de mè tTes cubes. E n
Jusqu'à la fin de la première mo itié du XIX' siècle, 1977 , en matière d'explo itatio n de bois de résineux
on a laissé le soin du renouvellement de la forêt à la l'Union Soviétique arrivait en tête avec 3 19 millions

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de mè tres cubes, puis les Étals-Unis avec 258,7 L'ho mme utilise le bois en tant que matière
millio ns de mètres cubes, e nfin venait le Canada avec naturelle classiq ue dans l'e nsemble de ses acti vités
13 3,8 millions de mè tres cubes. Me ntionnons encore dep uis la construction jusqu 'a ux créations artistiques.
la Suède avec 41,7 millions de mè tres cubes et la Le bois est aussi une matiè re première qui permet dlen
Finlande avec 26,3 millio ns de mètres cubes. Pe ndant fabriquer beaucoup d'autres. Dans la masse du bois,
ce temps, l' Indo nésie ex ploitait 140,8 millions de plus précisément dans sa partie. sèche, se trouvent
mè tres cubes de bois feuillu , le Brésil 130,7 millio ns presque 99 % de matières organiques combustibles et
de mè tres cubes et l' Inde, e nfin , 128,6 millions de seule ment 1 % de cendres. Les relations exactes entre
mètres cubes. L'ensemble des réserves de matiè re les matières organiques du bois dépendent de plu-
organique de la forêt re présente environ 82 % de la sie urs facteurs relatifs a u genre du bois, à son âge, aux
quantité totale que possède notre planète, soit e nv iron conditions de sa croissance, etc. En géné ra l, il est vrai
1960 milliards de tonnes. L'accroissement an nuel es t que plus le bois contient de cell ulose , moins il a de
estimé à 100 milli ards de to nnes. Dans ce nombre, on lignine et vice versa. Tandis que le sapin conti en t
compte l'ensemble de la productio n végétale d'essen- environ 57 % de cellulose et 27 % de lignine , la
ces ligneuses y compris les rési nes et les sucres. On proportion po ur le chêne est de 40 % de cellulose
estime que l'homme fabrique, à parti.r de la masse pour 35 % de lignine. Le bois contient encore des
o rganique produite par la forêt, au moins 20 000 a mido ns, des sucres, des graisses, des esse nces natu-
produits différents. De plus, les forêts en tant que relles, des résines, des mati ères azotiques et des
producteur de la masse organique représentent en substances colo rantes.
même temps une source d'énergie nouvelle pour les La matière la plus importante pour l'exploitation
besoins de l'humanité. industrielle du bois est la cellu lose qui se trouve
Le bois représente la matière la plus importante surtout dans les parties jeunes des essences ligneuses.
produite par les essences ligne uses. Le crit è re le plus La cellulose de bois reste, jusqu'à présent, la matière
souvent utiljsé pou r mesurer la qualité e t l' utilité du la plus importante pour la fabrication du papier ; c'est
bois est sa résistance, sa dureté. On la mesure, en aussi l'industrie papetière qui en es t la plus grande
général, par sa résistance à la pression et on l'exprim e conso mmatrice. La cellulose est également un produit
en mégapascal MPa . Les bois les plus durs qui de base à partir duquel nous fabriquo ns d'autres
supportent une pression de plus de 150 MPa so nt les produits comme la soie artificielle et quelques fibres,
bois exotiques, qui proviennent so uve nt des tropiques le Celluloïd, la poudre explosive sa ns fumée , les
et des régions subtropicales. Dans le commerce, o n les laques de nitrocellulose, les émaux, la Cellophane,
désigne habituellement comme bois de « fer ». etc. Par d'autres procédés chim iques, nous obteno ns,
Dans une deuxième catégorie, les bois exceptio n- à partir du bois, de l'acétone, de l'acide citrique et
nellement durs, qui supportent une pression allant de aussi de la no urriture pour animaux. La vieille
100 à 150 MPa, compre nne nt par exemple le Charme mé thod e de djstillation du bois à sec nous procure
amé ricain de Virginie, classé également dans les bois e ncore mieux, avec la techno logie moderne, le char-
de « fer » et, e n E urope, le Buis, le Cornouiller, le bon de bois, le vinaigre de bois, le go udron et le gaz de
Troène et certains C hênes. Les essences ligneuses bois.' Par extractio n, no us obtenons e ncore à partir du
à bois dur (de 65 à 100 MPa) sont très no mbre uses. bo is des matières tanna ntes, des résines et des
Parm i les plus connus on peut citer l' If, le Chê ne , le substances colorantes.
Noyer, l'Érable , le Hê tre, le Charme, le Sorbier et Le bois de différents arbres contie nt aussi des
toute une série d'essences ligne uses fruitières dont le substances nuisibles pour l'organisme huma in : le bois
Po irier, le Po mmie r, le Prunier e t le Censier. Les bois « empoisonné » pour l'homme, parmi les essences
à résistance moyenn e supportent une pression de 50 ligne uses e uropé en nes, par exemple , l'If. Les ouvriers
à 65 MPa. Ce sont, par exemple, le Marro nnie r, le américains o nt souffert de difficultés de la vessie
Platane, l'Orme et le Noisetier. Les essences ligneuses qua nd ils travaillaient le Genévrier de Virginie. Cette
molles sont les Aulnes, les Bouleaux, les Osiers essence ligneuse contient une substance toxique, le
blancs, les Merisiers, ma is égale men t quelques essen- sab inole, qui pé nèt re dans " organism e par inhalation
ces ligneuses conifères comme le Mélèze, Ie..Sa pin de lorsq u'on coupe ce bois.
Douglas, ou le Pin. Elles supportent une pressionde36 Mais le bois n'est pas la seule matière que les
à 50 MPa, tandis que les esse nces ligne uses à bois très essences ligneuses proposent à l' homme. Les tissus
mou peuvent ê tre détériorées dès que la pression secondaires de protection, notamment le liège, ser-
dépasse 35 MPa, ce qui est le cas des Saules, des vent à l' ho mme depuis. très lo ngte mps. A pa rtir de ces
Peupliers e t des Tilleuls. matière~ . il prépare no n se ulement des bouchons,

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mais aussi le vrai Ijno lé um et, à partir des d échets de l'Églantie r do nn e nt no n se uleme nt du sucre , mais ils
liège, il presse des plaques isolantes. fournissent a ussi de la vitamine C .
Quelques esse nces ligne uses fe uillues contiennent Les fle urs e t les fruits du sureau con tiennent des
dans le urs racines un po urcent age très élevé de sucres substances azotées no n alcaloïdes co mme d es cyanhy -
liquides. La rec he rch e de sucre, à partir des bouleaux drides qui, administrées à petites doses, facilite nt la
e n train de bourgeonner, é tait la pratique la plus digesti o n.
répa ndue e n Russie . Pour ce faire, o n e nfo nçait, pas La plupart des tissus des esse nces lign e uses contie n-
très profondément, un tube dans le tronc de l'arbre, ou ne nt des substa nces a ro ma tiques utilisées par la
on y tranchait un e petite cavité. Avec le jus o bte nu , o n méd ecine. L 'écorce de plusie urs sa ul es, te ls le Saule
préparait le p lus souvent , un « thé » . E t le jus d e bla nc, le Saule fragile , le Sau le po urpre e t le Saule
bouleau reste jusq u'à ce jour une boisson très a rborescent contienne nt des ma ti è res mo no phé no lées
popul aire e n U nj o n Soviétique. Le sucre de l' É ra ble très effi caces contre les rhumatismes e t les refroidisse-
canadie n si connu s'obti e nt d'une ma ni è re a nalogue, me nts. On utilise surt o ut l'écorce séchée des je unes
par un e e nt a ille du tro nc de l' É rab le a méricain . On branches de ces arbres. Les fl e urs de tilleu ls, en
fai t cuire le liquide ai nsi obtenu, e t o n l'épaissit, afin E urope, e t les fe uilles d 'aubép ine co ntie nne nt
d'obtenir un liquide sirupe ux qui se rt pour sucrer. Le d 'au tres substances phénolées, les flavo no ls. Les
jus contie nt de 2 ,5 à 5 % de sucres e t l'o n pe ut e n écorces de que lques a utres arb res et arbustes contie n-
obte nir jusq u 'à 20 o u 25 litres à partir d'un se ul arbre. nent diffé re nt es quino nes. Le juglon se tro uve d a ns les
Les immigrants o nt découvert cette pratique e n feuilles du Noyer d 'Italie, les a nthraquino nes dans
observant les tribus d ' Indiens Algonquins qui ont l'écorce de la Bourdaine e t les dérivés d 'a nthracite
désigné dans le ur la ngue le mo is de la cue ille tte du jus dans les fruits du Nerprun. Ces substan ces représe n-
comme le mois de l'Érable dans leur calendrier. Les te nt des laxat ifs très puissa nts.
jus sucrés sont fréquents chez plusie urs espèces Les tissus des essences ligneuses compo rte nt so u-
d 'é rables. On les ex trai t d'une manière industrielle vent beaucoup de ma tières tannantes. Leur capacité
dans tro is républiques soviétiques a uto no mes: e n de coaguler les a lbumines est le fo nd e me nt mê me de
Bachkirie, chez les Tcho uvaches et chez les Tatars. leur effe t bacté ricide. La méd ecine classique, a ussi
Les O rm es possèdent égale me nt des jus sucrés mais bien que la médecine populaire, utilisent les ma tières
ces jus se co mpose nt su rtout de manüe e t o n ne les ta nn an tes non seule me nt e n dermatologie, m~i s a ussi
utilisait co mme éd ulco rant que locale me nt (la comme médica me nts inte rn es. Dans la zo ne tempé-
ma nn e). rée, o n recherche ces ma ti è res le p lus so uve nt dans
De la mê me ma niè re, on ob tie nt a ussi les résines l'écorce des chê nes e t da ns les feuilles de l'hamamélis,
à partir des arbres vivan ts. Le plus souve nt, on les mais on peut a ussi les obtenir à partir d es feuilles de
ex trait des co nifè res, su rt o ut des pins, e n faisant une noye r, de ro nce e t de fra mboisier.
e ntaille e n forme de V sur la partie basse du tro nc de Bea ucou p d'essences ligneuses renferment a ussi des
l'arbre. Le mê me système est a ppliqué a ux hévéas lo rs essences naturelles e t diffé ren ts produits de ces
de la co Uecte du latex na ture l. Les coulées de résine esse nces. Les esse nces nat ure lles so nt des liquides
sont recueillies dans des récipients préparés à l'avan- huile ux, insolubles d a ns l'eau mais solubles, par
ce. A partir des résines ainsi rec ue iŒes, o n prépare le contre, dans les graisses e t d a ns les solva nts o rga ni-
plus souvent de la térébe nthine et de l'arcanso n o u qu es. Elles forme nt le mê me gro upe avec les résines.
colophane. A vec les résines, e lles na isse nt dans les ceUules e n
Les cultures de Noye rs, de Sorbi ers, de Groseillie rs pa rallè le, cô te à côte, comme des matières réact ives
et de Cassis sont a ussi très a ncie nnes . D a ns la régio n o u mo ins réactives. Les rési nes, a près plusie urs
de la zone tempé rée, o n utilisait surto ut ce ux de la tra nsfo rm ations, se forment à pa rtir des ma tières
fa mille des pruniers. Ce genre de gomme n 'était pas réacüves e t les matières mOÎ ns réactives donnent
seule me nt employé pour imiter la go mme ar a bique naissa nce a ux esse nces na ture lles liquides. E nsemble,
recueillie à pa rtir du tronc blessé des acacias. elles forment les baumes: l'essence de térébenthine e t
D 'autre part, la ma nn e obte nue à partir de la résine l' arcanson e n sont un exe m ple. Les esse nces na ture lles
du frêne était, jadis, un médicament utilisé surto ut par son t so uve nt le résultat d ' un e sy nthèse de nombreux
les pédia tres. E Ue avait un goût sucré et des propriétés composa nts difficilement sé parab les. On les utilise
laxatives. Le Frêne n 'é tait pourtant pas la se ule non seulem e nt e n pharmacie majs a ussi en cosmé to lo-
esse nce Hgne use qui fournissait des médica me nts gie où e lles co ncurre nce nt to uj o urs avec succès les
naturels. Parm i les essences ligne uses de la zo ne différentes ma tières synthétiques. Le ur solubilité dans
te mpé rée, il yen avaü beaucoup d 'a utres. Les fruits de les graisses le ur pe rm et de pénétrer très facilement

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dans l'épiderme où elles agissent en tant qu'excitants librement dans la nature fournissent des fruits utilisa-
et désinfectants. Par voie orale , eUes excitent les reins bles. A part les églantiers, nous pouvons mentionner
et exercent une action diurétique. Les essences les framboises, les mûres, les noisettes et, de l'autre
ligneuses les plus riches en essences naturelles se côté de l'océan, les airelles canadiennes (Vaccinium
trouvent surtout dans les familles de conifères e t de corymbosum) .
lauracées. La fameuse feuille de laurier bien connue L'histoire de l'humanité est é troitement liée avec la
dans les cuisines comporte jusqu'à 3 % d 'essences cuJture des essences ligne uses. Quelques-unes de ces
nature lles ; le baume de térébenthine, isolé à partir de essences ligneuses sont même pour l'homme d'un
plusieurs espèces de pins, renferme mê me jusqu'à intérêt vital. La première é tape de la domestication
20 % d'essences naturelles e t 70 % de résines. Le des végétaux se caractérisait tout au début plutôt par
baume du Canada, qu 'o n peut obtenir non seulement la transplantation des espèces, à la différence de
à partir du Sapin baumier mais aussi à partir du Sapin l'introductio n directe que nous connaissons aujour-
de Fraser, comporte e nviron 25 % d 'essences nature l- d'hui. Les gens o nt naturellement essayé tout d'abord
les et 70 % de résines et de leurs dérivés. On l'utilise de cultiver les espèces de végétaux qui vivaie nt dans
surtout e n optique et en technologie microscopique . leur enviro nneme nt immédiat. Et ce mode de culture
Les jeunes bourgeons du Pin sylvestre nous fourni s- qui ne modifie pas le milieu naturel de la plante se
sent a ussi les essences naturelles que l'on utilise pour nomme transplantation. Par contre, no us parlons
les bains médicaux lors du traitement de maladies d' introduction lorsqu'on implante un végétal en de-
rhumatismales. hors de son habitat d'origine, dans un milieu nouveau.
Parmi les essences ligneuses dont les tissus recèlent Souvent, no us réussissons mais, parfois, les conditions
des saponines, le bouleau compte comme l'un des plus nouvelles sont tellement différentes de celles de son
importants. Ses feuilles exercent une action diuréti- milieu naturel que la plante n'arrive pas à s'y adapter.
que. On les utilise souvent dans le traitement des Le processus d'adaptation aux nouvelles conditions de
maladies des voies urinaires. vie s'appelle aussi l'acclimatation . On juge du degré
Certaines essences ligneuses servent également en de réussite du processus d'accümatation d'après les
tant que source de nourriture pour l'homme. Parmi les réactions ultérieures de la plante. Souvent eUe ne croît
essences ligneuses de la zone tempérée, il s'agit pas, ne fait que végéter, puis elle dépérit. Nous parlons
surtout des essences ligneuses fruitières. Ce sont celles de degré d'acclimatation supérieur lorsque la plante
que l'homme cultive depuis très longtemps déjà. commence à fleurir dans son nouveau milieu, et
Quelques espèces, d'ailleurs, n'existent qu'en tant que maximum quand elle donne des fruits et que ses
végétaux cultivés et on ne les connaît pas sous leur graines sont capables de germer. Enfin, le degré
forme sauvage. Le centre d'origine de la plupart des d 'acclimatation optimal est atteint lorsque l'essence
arbres fruitiers est une zone relativement large, située ligneuse arrive à se reproduire dans son nouveau
entre les montagnes du Caucase d'une part et de la milieu, pendant plusieurs générations.
Syrie et de l'Asie Mineure d'autre part. De là, ils se Le degré de réussite du processus d'acclimatation
sont propagés à l'époque hellénique et sous l'Empire a été, pour la plupart des espèces d 'essences ligneuses
romain, d'abord vers l'ouest et ensuite vers le nord. traditionnellement cultivées, supérieur. Les essences
L'arbre fruitier le plus ancien d'Europe est probable- ligneuses fruitières, le Noyer et la Vigne peuvent
ment le Pommier. On a trouvé déjà dans les vestiges servir de preuve de la réussite de ce processus. Une
des constructions ovales de l'ère néolitique des petites nouvelle étape d'introduction d 'essences ligneuses
pommes carbonisées et une espèce de pommes culmina pendant la période des civilisations anciennes
séchées. La culture des Poiriers date presque de la de la région méditerranéenne. Mais, avec le déclin de
même époque, suivie de peu par les cultures de l'Empire romain, une rupture se produisit. Pratique-
Cerisiers, de Griottiers, d'Abricotiers et de Pêche rs. ment jusqu' à la fin du Moyen Age, nous manquons
Les cultures ne Noyers, de Sorbiers, de Groseilliers et d'informations concernant un quelconque accroisse-
de Cassis sont aussi très anciennes. Dans la région ment des essences ligneuses cultivées. Mais ce fait
méditerranéenne, on cultive, en outre, d'autres espè- n'.e st valable que pour l'Europe qui nous sert de
ces d 'essences ligneuses utilitaires, comme le Figuier, référence. Au Japon et en Chine, on cultivait à cette
l'Olivier et la Vigne . Les cultures de Mûriers et époque et depuis longtemps déjà beaucoup d'essences
d'Élégnacées sont également très anciennes, bien ligneuses d 'agrément parmi lesquelles de nombreuses
qu 'aujourd'hui, elles deviennent marginales et que ces espèces étaient rapportées de pays différents. L'an-
espèces reviennent à l'état sauvage. cienneté de l'art du jardinage japonais en soi-même
Cependant, les essences ligne uses qui croissent en témoigne.

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Les grands voyages d'exploration outre-me r, la 1576, de mê me que Prunus /aurocerasus. Cory/us
découverte du Nouveau Monde, ainsi que le dévelop- eolurna arrive e n 1582, Ribes alpinum e n 1588,
pement général de la société européenne ont, bie n sûr, Amelanchier o va/is et le Faux-pistachier o u Staphylier
contribué au réveil et au no uve l essor de la culture des (Staphy lea pinnata) en 1596.
plantes et du jardinage en général. Ce fure nt d'abo rd A la fin du siècle, aux enviro ns de l'année 1600,
différentes Hautes Écoles et Universités qui, en apparaissent e n Europe les Hibiscus ( Hibiscus syria-
collaboration avec les ministè res, fondèrent les jardins eus) et enfin, e n 1638, le Cèdre du Liban . C'est
botaniques. Puis, plus tard, eUes furent imitées par la seule me nt à partir du XVIl' siècle, que les plantes
noblesse. Les résidences des seigne urs, les villes e t les introduites d'outre-me r, surtout de l'Amé rique du
différentes sociétés de jardinage ont puissamment Nord, commencent à être majoritaires. Le premier
contribué au réveil puis à l'essor de l'intérê t pour la végétal impo rté d 'Amé rique au XVII' siècle fut le
culture des plantes utilitaires, et exotiques. Mais, les Robinier faux-acacia ( Robinia pseudoaeacia) , la pre-
conditions climatiques d'Europe occidentale n'ont mière fo is en ) 603 e t la deuxième fo is e n 1636. Parmi
permis le succès que pour une culture de végétaux les essences ligneuses pJus connues, on importa e n
originaires de la zone te mpé rée de l'hé misphè re Nord Europe, au cours de la première moitié du XVIIe
qui forment, jusqu'à nos jo urs, la plupart des popula- siècle entre autres: le Sumac ( Rhus glabra) en 1620,
tions des jardins cultivés. la Vigne vierge (Parthenoeissus quinquefolia) en
Les premières sources qui font état d'introductions ) 622, l' Amé l anc~ier (Amelanehier eanadensis) en
nouvelles d'essences ligne uses étrangè res ne datent 1623, le Sumac vé né neux ( Rhus typhina), le Caryer
que du XVIe siècle, si nous omettons la première (Carya ovaUJ) et Padus sero fina e n 1629, le Noyer
vague d'implantations de l'époque antique, déjà (Juglans cinerea) en 1633, Rubus odoratusen 1635, Ie
mentionnée. Une quarantaine d'années après la Micocoulier (Celtis oecidentalis) en 1636, le Cyprès
découverte de l'Amérique. on a importé en Europe la chauve (Taxodium distichum) , la Bigno ne (Campsis
première essence ligneuse conifère étrangère, le radicans) , Cercis canadensis e t les Platanes ( Platanus
Faux-Cyprès. Selon certaines sources, c'est J. Cartier occidenra/is) en 1640. Ces essences ligneuses n'é taient
qui l'apporta e n 1534 du Canada en France. Selon la que les précurseurs d 'importatio ns futures qui allaient
tradition, cette plante comptait panni les remèdes venir en géné ral du continent américain.
favoris des marins qui, lors des longs voyages en mer, Au cours du XVIIe siècle, l'importation en prove-
craignaient le scorbut: ils donn èrent mê me à cet arbre nance de J'A sie était presque inexistante. C'est
le nom d'Arbre de vie (Arbor vitae). Mais l'utilisation se ulement au début du XVIlI' siècle que commencè-
de ces faux-cyprès contre le scorbut restait assez rent à arriver en Europe les premiè res essences
problé matique. En effet , cette plante contient, en ligneuses asiatiques. Une partie venait de Sibérie,
outre, du thuyone toxique qui excite la peau, provo- d'Asie centrale et du Caucase. Cornus a/ba est arrivé
que des nausées e t détériore les reins. Cette associa- en 1741 , Lonicera tatarica et l'Arbre de Karaganda
tion étrange avec J'arbre de vie trouve peut-être son (Caragana arborescens) en 1752, Sorbaria sorbifolia
origine dans le fait que la forme de ses branches et la en 1759, le Charme de Zelka (Zelkova carpinifolia)
texture du feuillage différaient à cette époque des en 1760 et enfin Pterocary a fraxinifolia en 1782.
houppiers des essences ligne uses connues jusque-là e n L'introduction des essences ligne uses de l'Extrême-
Europe. Mais l'introduction de cett~ nouvelle espèce Orient commença par des essences ligneuses d'origine
d'essence ligneuse d'outre-mer resta pendant chinoise bien que la premiè re d'entre elles, le Ginkgo
longtemps un cas isolé, à une exception près, difficile biloba, soit venue en Europe par le Japon e n 1730.
à vérifier, l'introduction du Pin de Weymouth en D'autres essences ligne uses d'origine chinoise ont
France, aux environs de l'année 1550. suivi, comme le So phora (Sophorajaponica) en 1747,
Au cours du XVIe siècle, les jardins européens le mûrier à papier (Broussonetiapapyrifera) e n 1750,
enrichissaient l'assortiment des espèces cultivées sur- Thuja orienralis en 1752, Koe/reuteria panieu/ara en
tout par l'apport d'essences ligneuses originaires du 1763 , Torreya nucifera e n 1764, le Gené vrier chinois
sud de l'Europe ou du Moyen-Orient et de l'Asie (Juniperus chinensis) en 1767, l'Ailanthe (Ailanthus
Mineure. Depuis 1560, on cultive Philadelphus eoro- altissima) en 1784 et, e nfin, le Magno lia ( Magnolia
narius et le Cytise (Labumum anagyroides) et, à partir denudata) en 1789.
de 1570, le Baguenaudier (Colutea arboreseens) et Le tableau suivant présente l'introduction successi-
Jasminum fruricans. Le Marronnier d'Inde, jadis ve du nombre d'espèces exotiques e n provenance
introuvable ailleurs que sur un pe tit territoire des d' Asie et d'Amé rique, de la fin du XVI' siècle
Balkans, se cultive dans les jardins d'Europe depuis jusqu 'au début du XX' siècle:

41
..
Amérique du Nord A$k prit part à la première expédition de Cook (les Pins de
Annêc
Banks, Banksia et Pinus banksiana).
par 20 par 20
par siècle par siècle John Bartram (1699- 1777), premier botaniste amé-
ans a ns
jusqu ·à 1600 1 7
ricain, fo ndateur du premier jardin bo tanique améri -
cain à Philade lphie. 11 collectionna su rtoultes essences
1620 2
1640 14 1 ligne uses des mo ntagnes américaines.
1660 5 39 - 3 Henry Compton, évêq ue de Londres dans les années
1680 2 - 1675-17 13, qui rassembla dans son propre jardin
1700 16 2
à Fulham e nviro n 400 espèces d'essences ligne uses
1720 3 - importées.
174 0 32 2
1760 15 69 10 24 J. Cu nningham , médecin anglais qui travailla vers ...
1780 5 5 1700 en C hine. On lui doit le Cryplom eria et le
1 ~0 11 14 7 Cunninghamia.
1820 14 10 P. A . David ( 1826- 1900), missionnaire français qui
1840 24 17
1860 21 42 découvrit , entre a utres, Pinus armandia. Il travailJa en
1880 Il 74 55 150 Chine e t les espèces de Buddleia davidii et Rosa
1900 4 26 davidii rendent ho mmage à son no m .
après 1900 3 -' 39 39 J . M. Delavay (1834- 1895), missionn aire fra nçais
à qui o n doit la découverte de plusieurs conifères en
Nature llement, ce tableau ne peut pas contenir Chine. En so n ho mmage, un membre de la famille des
l'ensemble des essences ligne uses impo rtées. Il se sapins porte le nom d'Abies delavayi.
contente de mentionner les espèces les plus importan- D . Douglas (1798- 1834), jardinier qui collectionna
tes cu ltivées j usqu 'à nos jours. Il no us renseigne les nouveautés pour la Royal Horticultural Socierye n
toutefois su.r les vagues d'introduction successives. La Amérique du Nord. Il apporta plusieurs espèces de
vague américaine. bien qu 'assez éq u.ilibrée, culmina conifères no rd -américains, tels le Sapin géan t (Abies
à la fin de la première moitié du XVIIIe siècle, ta ndis grandis) et Pin us ponderosa. Pseudolsuga menziesiiou
que la plupart des essences ligne uses d'Asie orientale Pseudotsuga douglasii.
ne sont arrivées que pendant la deuxième moitié du G. E ngelmann ( 1809- 1884) , médecin et botaniste
XIX e siècle. Ces introductions de no uve lles espèces qu i travailla en Amérique du Nord . Il contribua à la
furent surto ut rendues possibles grâce aux grandes taxologie de nombre uses espèces nouvelles de conifè-
expéditions d'explora ti on dont les plus importantes res ( Picea engelmannit).
o nt sûrement été celles de Wilso n, entre 1900 e t P. P. Farges, a découvert plusieurs espèces de
1910. plan tes ligneuses en Ch ine, au cours de la 21: moitié
Les premiers végétaux furent sûremen t ramassés un du XJXe siècle. Decaisnea fargesii perpétue son
peu au hasa rd par des curi eux. Ma is bientôt les nom.
premiers missio nna ires, les médecins et, plus tard G. Forrest ( 1873-1932), Anglais qui importa de
aussi, les botanistes e t les jardiniers se mire nt à J'ou- Chine un bon no mbre de conifères.
vr age. La coUecte devint vo lontaire e t systématique. Jo hn Fraser (1752 - 1811), Anglais qu i découvrit et
Le but étai t avant tout d'enrichir les jardins e uropéens collectio nna des essences ligneuses, travaillait depuis
et, plus tard , de rechercher a ussi des essences ligneu- 1780 e n Amérique du Nord. E n une vingtaine
ses pour repeuple r les forêts e uro péennes. De d'années, iJ réalisa 12 expéditions. Un magnolia e t un
no mbreux explorateurs trava iUaie nt directement pour sapin portent so n nom, M agnolia fraseri et Abies
les ent reprises d 'horticulture célèb res, comme Vilmo- fraseri.
rin en France, Veitch en Angleterre, Lawson en P. Hugo alias P. Hugh SeaUen, missionnaire en Chine.
Écosse et beaucoup d'autres enco re, des sociétés U ne rosacée porte son nom, Rosa hugonis.
am éricaines comme Arnold Arborerum ou la Royal D 'lncarviUe (1706 - 1757), missio nnaire français en
Horticultural Sociery e n Angleterre. Chine, qui apporta entre au tres un thuya, Thuja
Les essences ligne uses qui o rn ent a ujourd' hui les orientait!; (Incarvillea).
jardi ns tant publics que privés n'y auraient jamais J . Je ffrey, membre en 1850 d 'une expéd itio n su r le
po ussé san s des ho mmes comme (entre parenthèses litto ra l de l'océan Pacifique d"où il envoya e n
se trouvent les genres et espèces d'essences ligneuses Angleterre beaucoup de germes d'essences lign euses
dé no mmées d'après celui qui les a découvertes) : américaines. Une espèce de pin porte son no m (Pùzus
Sir Joseph Banks (1743 - 1820), botaniste anglais qui jeffreYI).

42
E. Kaempfer (1651 - 1716), médecin hollandais qui mélèze: Larix occidentalis. Un hortensia arborescent
séjourna pendant une courte période au Japon et porte son no m : Hydrangea sargentiana dénommé
décrivit de nombre uses plantes de ce pays. Un mé lèze aussi Hydrangea aspera ssp. sargentiana.
porte son nom : Larix kaempferi. P. F . von Siebold (1796 - 1866), médecin allemand
W. Kerr qui séjourna au début du XIX< siècle en qui travailla au Japon dans les années vingt du XIXe
Chine, d'où il introduisit les essences ligneuses siècle, pour le compte de la Compagnie holla ndaise de
feuillues et conifè res (Kerria japonica). l'Inde Occidentale. 11 collabo ra à l'o uvrage Flora
T. Lobb, coUectio nneur de la société anglaise Vei tch , japonica et créa de grandes pé pinjè res à Leid en, aux
partit en A sie tro picale à la fin de la première mo itié Pays- Bas, spécialisées en essences ligneuses japonai-
du xrxe siècle. Il envoyait e n Angleterre des plantes ses. L'un des tsugas perpétue son no m - Tsuga
du jardin bo tanique de Java. sieboldii.
W. Lobb (1809- 1863), a entrepris quatre voyages e n C. P. Thunberg (1743 - 1822), médecin suédois, élève
Amérique e t coUectionnait pour la société Veitch de Linné, qui travaiUa pour le compte de la Compa-
à Exeter. C'est lui qui envoya les premières graines gnie hoUandaise de l' Inde Occidentale. 11 tra ita de
d'Araucaria araucana d'Am érique du Sud et qui manière très complexe la flo re japonaise e t découvrit
apporta d'Amérique du Nord des spécime ns vivants toute une série d'essences Ugne uses. U n pin et une
de séquoias majestueux. Berbé ridacée perpétuent son nom : Pinus thunbergii
K. 1. Maxi movitch (1827-1891), botaniste russe, qui et 8 erberis thunbergii.
explo ra la régio n du fleuve Amour et le Japon. Un J . Torrey (1743 - 1822), botaniste amé ricain, confo n-
épicéa et un bouleau portent son nom: Picea maximo- dateur de la floristique amé ricaine . U n genre de
wiczii et Betula maximowiczii. végétaux porte son nom : les torreyas.
Ch. Maries (1851 - 1902), collectionneur po ur la John Tradescant senior (+ e n 1652) et Jo hn Trades-
société anglaise Veitch, no tamment e n Chine e t au cant junio r (+ e n 1662) vécurent au XVII' siècle. Le
Japon. Un sapin porte son nom : Abies mariesJÏ. père explora Je Proche-Orie nt , le fils , la Virginie, e n
A. Menzies (1754-1842), médecin anglais qui con- Amérique du No rd, d'où il rapporta un Noyer
tourna l'Amérique du Sud avec une no ttille anglai- (Juglans cinerea), un Érable (A cer rubrum) et un
se e t chercha de no uveUes espèces sur les bo rds de Micocoulier (Cellis occidenlalis). U n genre de
l'océan Pacifique de l'Amérique du Nord. Il découvrit Commélinacées, les Tradescantia, rend hommage
beaucoup de no uvelles essences ligneuses, comme à leur no m.
Sequoia sempervirens. Le Sapin do uglas porte aussi J . C. Veitch (1839 - 1870), frè re du propriétaire de la
son nom : Pseudotsuga menziesii. société du m ê m ~ no m, explo ra en 1860 le Japon d'où
W . Murray, explorateur écossais de la société Lawson il rapporta to ut un e nsemble d'essences ligneuses. Il
et fils d'Edimbourg. li apporta entre autres le Cyprès découvrit , sur les pentes du Fuji- Varna, le Sapi.n de
de Lawson (Chamaecyparis lawsoniana). U n pin porte Veitch - Abies veitchii.
son nom : Pinus murrayana. E . H . Wilson (1867-1930), Américain qui travailla
John Parkinson (J 567 - 1650), pharm acie n lo ndo nie n aussi bien pou r le compte de la société Veitch que
au service du roi Jacques 1e r. Il propagea l'introduction pour l'Arnold Arboretum aux États-Unis. C'est l'un
des essences ligneuses américaines en Europe. des explo rateurs les plus chanceux qui ait travaillé en
Ch. Parry ( 1823- 1890), explorateur anglais e n Amé- Chine. Le rësultat de ses explo rations fut commenté et
rique du Nord, qui est à l'origine de la découverte du publié pa r le professe ur Ch. S. Sargent. L 'Épicéa de
pin d'Amérique, Pinus aristata e t d'autres espèces. Wilson (Picea wilsonit) no us rappelle son no m .
William Purdon (1880-1921), Anglais qui explo ra Ces explo rateurs n'étaient naturelleme nt pas les
l'Asie orien tale e t la Chine pour le compte de la seuls. [] y en e ut avant e t après eux encore beaucoup
société Veitch et pour Arnold Arboretum. 11 rapporta d'autres connus o u inconnus.
une viorne ( Viburnum farren). La derniè re grande découverte en dendro logie fut
Jean Robin (1550-1629), botaniste, explorateur et celle de l'espèce vivante d'un grand arbre de Chine,
jardinier des rois Henri [JJ et Louis XIll . Il apporta en Melasequoia glyplOslroboides, en 1941 , e n Chine
Europe les premiers robiniers. Ce genre d'essence (T .. Kan, T. Wa ng). Cette découverte rendit possible
ligneuse porte son no m : Robinia. une implantatio n, en ] 948, presque simultanée de
Ch. S. Sargent (1841 -1927), dendrologue amé rica in ce tte espèce dans plusie urs jardins botaniques du
qui découvrit, pour les besoins de la botanique, mo nde. L'espo ir qu 'on puisse e ncore découvrir dans
plusieurs collections. Il séjourna pendant une courte la zone tempé rée de no uve lles espèces d'essences
période au Japon e t il fit connaître e t importe r un ligne uses in connues est pratiquement inexistant.

43
Quant aux déviatio ns, il y e n aura toujours. Mais, qui re pre nd la fo nctio n de l'ancienne cour d'honneur.
malgré cela, o n ne cultive pas e ncore to ut ce qui peut Le palais devient une iUustratio n de l'espace du jardin
germer et pousser dans la zone te mpérée de l'hé mis- conçu comme une cour où l'in érieur n'est qu'un
phère Nord. Plusie urs espèces n'y sont même pas parterre résolume nt régulier, entouré d'une clôture
encore introduites. L'Asie centrale soviétique et les verte de plantes bautes. Quant au choix d'essences
pays limitrophes, surtout la Chine, présente nt de ce ligne uses pour la composition de ces jardins, les
point de vue une grande source de ces apports principaux critères n'étaie nt pas tant les caractéristi-
to uj o urs possibles. ques individueUes des espèces, que leur adaptabilité
Les plantes qui se partagent la planè te, résultent et, surtout, le ur adaptation à la coupe. Les jardins
d'un lo ng processus d'évolutio n de la nature . Les classiques utilisaient souvent les essences ligneuses
jard ins publics, qui permettent à l'homme du XX' européennes, les Tille uls et les Channes, taillés même
siècle vivant dans un paysage urbanisé et civilisé, sur des hauteu rs de plusieurs mè tres (comme au palais
d'avoir la sensation d'un contact avec le milieu de Schonbrunn à Vienne) o u enco re les essences
naturel, n'ont vu le jour que grâce à l'effort de ligneuses à feuilles persistantes comme l'If o u le Buis
no mbreux explorateurs e t collectionneurs, grâce qui ne forment pas seulement des bordures, mais aussi
à le urs mécènes et à d'autres investisseurs. L'homme, le dessin principal de l'inté rieur, souvent e n pre nant
depuis toujours, aspire à avo ir près de chez lui au des formes non naturelles, créées artificiellement,
moins un petit morceau de la nature pleine de cônes, boules ou prismes. L'Épicéa commun y trouva
couleurs, de parfums, de beauté. Les jardins sont un aussi sa place, bien que des blocs de ces espèces
peu l'expression de ce désir. Nous n'avons que des fussent taillés d'une manière bien curieuse. On
informations fragmentaires sur les jardins du Moyen coupait ses branches à l'aide de sabres et de longues
Age. Mais il semble que l'architecture des jardins était épées, à partir d 'échafaudages montés sur des plates-
plutôt centrée sur les sensations spiritue lles et sur formes de chariots de ferme .
l'utilisation de petits détails du milieu naturel, te l Le jardin classique apporta dans l'architecture e t
l'effet de couleurs obtenu par la culture des fleurs. Les dans la composition des espaces verts quelques
plans de jardins é taient plutôt mécaniques, sans é léments qui ont atteint leur ple in épanouissement
grande rech erche plastique. On disposait aussi d 'un dans les parcs aménagés selon le relief naturel de
nombre limité de plantes. l'endroit : de longues clairières qui utilisent non
Il subsiste également peu de jardins de l'époque de seulement des configurations du terrain mais aussi les
la Renaissance, tels qu'ils étaient à l'origine. Cepen- surfaces de l'eau. Cependant, l'apport principal du
dant, les jardins de la Renaissance ont changé dans le jardin classique fut la fusion du jardin avec le milie u
style global. C'étaient déjà des oeuvres d'architecture naturel environnant. Cette interpénétration n'est
complexe qui utilisaient les ensembles dynamiques qu'exceptionnellement forcée : le plus souvent, elle se
des éléments naturels. Ils recherchaient et respec- réalise peu à peu, le jardin se fond tout d 'un coup dans
taient surtout l'harmonie entre le lieu d'habitation et la nature par ses longues aUées, parfo is même par
la composition du jardin . Ces jardins de la Renaissan- l'inte rmédiaire de petites constructions d'agrément,
ce n'étaient plus le privilège exclusif de la noblesse: placées parfois à l'extérieur du jardin.
les villes prospères commençaient déjà à fonder leurs Le jardin classique à la française se caractérise par
pro pres parcs e t jardins publics. La composition des les formes géométriques et harmonieuses de la végé-
essences ligneuses de cette époque se fondait encore tatio n, l'accent étant mid sur l'utilisatio n de plans
sur les essences ligneuses domestiques, mais elle était d'eau tranquilles et la présence de statues imitées de
déjà influencée en plusieurs endroits par les essences l'Antiquité. Par contre, le jardin classique à l'italienne
ligneuses nouvellement introduites. souligne beaucoup plus souvent les accidents du
Le jardin classique était avant tout conçu comme un terrain . Il s'impose dans le paysage par des passages
lieu de représentatio n. Le jardin devint également, en raffinés et il utilise l'eau en mouvement en construi-
ce temps-là, une partie bien intégrée à la construction sant des cascades et des fontaines. Les jardins de
de la résidence, tant pour les châteaux, que pour les Lichtenstein en Moravie du Sud (200 hectares à Led-
résidences urbaines ou les cloîtres. Le motif principal nice, en Tchécoslovaquie) restent typiques pour leur
du jardin classique se fonde sur l'axe strictement harmonie et leur accord avec la nature qui les
subordonné à t'architecture et à la puissance de la environne, bien qu 'ils puissent aussi être rattachés à la
construction principale: le palais devient l'aboutisse- pé riode romantique. Ils sont les précurseurs de grands
ment de l'axe principal du jardin. Le centre de gravité ensembles de parcs paysagers, des parcs du type
du palais repose sur la façade fro ntale face au jardin anglais.

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Ce jardin anglais, qui comme nce à apparaître vaq uie. Le premier fut fo ndé po ur le compte du prince
dès la deuxième mo itié du XVIIIe: siècle, transforme von Pückler-Muskau dans les années 1815 - 1845 et le
d'abord le jardin classique po ur atteindre son apogée second par le comte A. E . Sil va-Taro uca, e n 1885.
au XIXe: siècle. Il exp rime pleinement la tendance du (Les essences ligneuses du parc de Pcû ho nice o nt servi
retou r à la nature et le raproche me nt le plus étroit pour la plupart des illustrations de cet o uvrage.)
avec l'environne me nt naturel immédiat. La composi- Les créate urs de ces deux parcs naturels on t eu par
tion aba ndo nne la fo rm ation de parterres réguliers liés rappo rt à leurs prédécesseurs un gra nd ava ntage :
à l'architecture des maisons. E Ue se lance dans à cette époque, J'Europe possédait déjà la plupart des
l'espace nature l afin d'essayer, selo n les idées de essences ligne uses introd uites d' Asie et d'Amérique
l'époque, de l'utiHser a u mieux o u de le retoucher. e t o n créa e t cultiva beaucoup d'espèces de plantes du
Les règles de conceptio n du jardin irrégulier o u, jardin , so uvent très a ttrayantes pour leurs couleurs
mieux, du parc anglais du XIXc siècle se fo nde nt su r la pendant toute l'année. De plus, les connaissances
tradition anglaise. Ces règles influencent J'Europe détaillées de la dendrologie devenaient non seuleme nt
presque dans son ensemble, enrichies dans chaq ue une mode, ma is une nécessité. Les promoteurs de ces
pays par les élémen ts locaux . Les no uve lles découver- jardins o nt souven t employé les meilleurs dendrolo-
tes de la révolution industrielle en cours et beauco up gues de l'époque ou ils étaient au moins liés d 'amitié
d'autres faits de civilisation de J'époque poussent la avec eux . Souvent, ils so nt eux- mêmes deve nus des
pe nsée gé né rale vers le rationalisme mais, en contre- dendroJogues de renom dont les o uvrages spécialisés
partie. on voit appar aître un ardent désir d'évasion servent e ncore aujourd 'hui de manuels de base po ur la
dans la nature, comme en témo igne si bien l'engoue- dendrologie, comme le livre d'E . A. Silva-Tarouca e t
ment po ur la peinture paysagiste du temps. de C. Schneider : Unsere Freilandnadelholzer, Vien-
Ainsi, nous voyo ns éme rger au cours du XIX!: siècle, ne, 1923. Ces jardins cessent d'être un e oe uvre d'art
un e liaison très é tro ite entre la pe inture paysagiste e t exclusive; iJs so nt mo ins encore l'expressio n d'un luxe
l'architecture florale du jardin, qui a si profondément particulier, pour devenir des réserves na tu relles d 'ar -
influencé, d'une manière très positive, les fo ndate urs bres, dirigées d'une manière scient ifiq ue . fis renfe r-
de no mbre ux parcs e uro péens qui subsistent e ncore ment jusqu'à nos jours d 'immenses valeurs docume n-
auj ou rd 'hu i. Les deux parcs les plus intéressants sur le taires et didactiques. Aujourd'hui. les architectes des
continent européen aujourd'hui se tro uvent, le pre- jardins peuvent y puiser no n seule me nt l'inspiration,
mier à Muskau, près de Cottbus, en R . D. A . e t le mais aussi le matériel végé tal concret.
deuxième à Prüho nice, près de Prague, e n T chécoslo-

45
Descriptions illustrées
Ginkgoales
Ginkgoaceae Ginkgo
Ginkgo biloba L.

Le Ginkgo forme le dernier maillon d'une


longue chaîne d'évolution des Ginkgoales
qui débuta peut-être déjà au dévonien,
mais sans nul doute au permien pour
atteindre son apogée au trias et au jurassi-
que. Après, il y eut une rupture et,
aujourd'hui, il ne reste qu'une seule espè-
ce vivante de la classe des Ginkioinées, le
Ginkgo biloba. TI est considéré comme le
plus ancien « fossile» vivant sur la terre.
TI fait partie de la couverture végétale de
la terre depuis plus de 200 millions
d'années. Encore pendant l'ère tertiaire,
le Ginkgo couvrait l'ensemble de l'hémis-
phère Nord assez largement jusqu'au
Groenland. Dans les temps plus récents,
on ne le trouve dans la nature à l'état
« sauvage» que dans une région au Sud-
Est de la Chine. C'est une très vieille
plante de culture d'Extrême-Orient où
elle faisait jadis l'objet d'un culte. Elle
était cultivée à proximité des habitations,
près de monastères. L'arbre individuel
peut atteindre jusqu'à 2000 ans d'âge.
L'Europe importa les premiers Ginkgos
entre 1717 et 173 ,l'Angleterre en 1758
et les États-Unis en 1784. Depuis cette
époque, il est cultivé dans beaucoup de
jardins, non seulement botaniques.
Ses feuilles flabelliformes ont une ner-
vation dichotone. Le Ginkgo est une
essence ligneuse dioïque à feuillage déci-
du : on n'en trouve qu'exceptionnelle-
ment des espèces monoïques. Le Ginkgo
biloba fleurit en juin ; ~ur les pieds mâles;
chaque chaton est une fleur de 4 cm de
long environ qui pousse sur les rameaux,
les pieds femelles étant des pédoncules
ovulifères, avec les ovules diposés par
deux, qui poussent sur les mésoblastes.
Habituellement un seul ovule arrive à ma-
turité. Les graines sont rondes, longues
généralement de 3 cm.
Cet arbre à houppier pyramidal atteint
40 m de hauteur: mais on cultive aussi des
espèces plus petites avec des houppiers
taillés en forme d'ombrelle. Cet arbre,
d'une grande valeur esthétique, représen-
te une curiosité botanique.

silhouette de G. bi/oba
• Pragense'

49
If commun Taxacées
Taxaceae
Taxus baccata L.

Les Taxacées représentent une branche


évolutive des essences ligneuses conifères
qui s'est différenciée très tôt des autres
groupes. L'apogée de leur évolution se
situe dans l'ère tertiaire t notre époque
n'en connaît que des restes bien appau-
vris. Le genre Taxuscomprend huit espè-
ces et, là encore, il ne s'agit peut-être que
des variations géographiques d'une race
collective survivante de l'ère tertiaire. L'If
commun vit en Europe au nord jusqu'à la
Norvège, au sud jusqu'à l'Afrique du
Nord, à l'est jusqu'en Asie Mineure, en
Syrie et au Caucase. Son rhytidome de
couleur rougeâtre s~ tégule par bandes
comme chez les platanes. Ses feuilles
disposées en rangées doubles sur les
rameaux vivent environ huit ans, puis elles
tombent. L'If commun est dioïque. Les
fleurs mâles de forme sphérique poussent
individuellement dans l'aisselle des aiguil-
les. Les fleurs femelles sont des ovules
individuels soutenus par une ou même
plusieurs formations de feuilles. La cou-
pole de soutien sous l'ovule se transforme
au cours du processus de maturation de la
graine en arille d'u~ e couleur rouge très
prononcée. Cet arille est le trait caracté-
ristique qui différencie l'if des autres
conifères. C'est la seule partie de cette'
essence ligneuse qui ne soit pas vénéneu=
se. Ses substances toxiques sont des alca-
loïdes qui contiennent de la taxine, matiè-
re qui dérange l'appareil digestif, stoppe
la respiration et arrête le coeur. Une
décoction préparée avec . seulement 50
grammes d'aiguilles est mortelle! Dans le
passé, on eut recours à l'if au cours des
procédés abortifs. Aujourd'hui, cette es-
pèce est, en de nombreux endroits, proté-
gée par la loi. Cet arbre jouit d'une grande
longévité: on dit qu'il peut vivre 3000 ans,
en tout cas, certainement 2000, Pas, très
haut, il atteint le plus souvent de 10
à 12 m, et parfois 20 avec un tronc
cannelé, et un houppier à rameaux larges ;
les boutures sont arbustives.

50
Taxacées
Taxaceae Torreya de Californie
Torreya californica TORR.

Les Torreya sont des essences ligneuses


affiliées aux Taxacées auxquelles elles
face inférieure de la petite
ressemblent. Ce sont des arbres toujours branche de T. nI/citera
verts, qui n'atteignent souvent, hors de
leur aire de diffusion, qu'une croissance
arbustive. Ils sont assez vulnérables aux
basses températures, aussi ne peut-on les
cultiver que dans les endroits protégés des
zones plus chaudes. La plupart des genres
connus commencèrent à être cultivés vers
la moitié du XIXe siècle (1851 pour le
Torreya de Calliornie). Torreya nucifera
du Japon, de la même mille, fut intro-
duit en culture plus tôt, bien avant 1764.
Les feuilles (aiguilles) du Torreya sont
en général regroupées en .une forme
hélicoïdale mais, sur les branchages laté-
raux, elles sont disposées en deux rangées,
de façon très linéaire. Elles persistent trois
ou quatre ans sur l'arbre. Longues de 12
à 60 mm, elles sont rigides, fermes et
pointues. Elles possèdent des faisceaux
sous lesquels se trouve la trachée à résine.
Quand on les écrase elles dégagent une
odeur fortement aromatique. Les fleurs
mâles poussent individuellement dans
l'aisselle des feuilles, les cônes 'femelles
ont le sommet rabougri. Les graines mû-
res sont habituellement entourées d'un
arille qui fait corps dans sa partie basse
avec le tissu de fondement. Le Torreya de
Californie fleurit de mars à mai. La forme
de ses graines l'a fait appeler en Grande-
Bretagne "le muscat de Californie", bien
qu'ils n'aient ensemble rien de commun.
Le Torreya de Californie est commun
dans les régions occidentales des Etats-
Unis. Il vit au bord des rivières dans le
fond des vallées, mais il peut aussi monter
jusqu'à 1500 m. Il résiste moins bien en
Europe que Torreya nucifera, le Torreya
à noix, originaire du centre et de l'Est du
Japon . Ses fruits comestibles produisent
des effets laxatifs et vermifuges.
Le Torreya de Californie atteint jusqu'à
20 m de hauteur. Le Torreya du Japon,
plus haut encore, peut atteindre 25 m . Ces
essences ligneuses, cultivées exception-
nelJement , sont pourtant très décoratives.

graines de T. nI/cit era

51
Araucariacées
Araucaria Araucariaceae
Araucaria araucana (MOLINA) K. KOCH

Le genre Araucaria représente dans le


pomme de pin e n maturation cadre des autres conifères un groupe
indépendant et isolé. Son aire de propaga-
tion d'origine était très étendue. On
connaît ses empreintes de l'époque créta-
cée même en Europe. Ce n'est que pen-
dant la période tertiaire qu'il resta confiné
dans l'hémisphère Sud. Aujourd'hui, il vit
en Amérique du Sud, en Australie, en
Nouvelle-Calédonie, aux îles Vanuatu (ex
Nouvelles-Hébrides) et d s le Norfolk.
C'est un arbre assez majestueux avec des
aiguilles toujours vertes. Ses cônes ovales
sont grands et sans tiges. A la maturité, ils
se désarticulent.
L'Araucaria (Araucaria araucana) sup-
porte le mieux le climat des jardins
européens, bien que sa patrie d 'origine se
situe au Chili et dans l'Ouest de l'Argenti-
ne, où il forme des forêts à galeries qui
bordent les rivières, mais qui peuvent
aussi s'implanter sur les Cordillères mari-
times jusqu'à 1600 m. Cet arbre est culti-
vé depuis 1795. L'Araucaria est un arbre
haut avec des branches habituellement
verticillées d'une manière régulière. Sur
les branches, poussent des feuilles très
rigides et pointues, presque épineuses
(aiguilles). Les arbres sont en général
dioïques. La floraison mâle se forme sur
les brachyblastes, elle peut ê tre longue de
presque 15 cm et produire une grande
quantité de fleurs organisées en spirale.
Les cônes femelles sont grands et globu-
leux avec beaucoup de feuilles de soutien.
Les graines individuelles se nichent dans
l'aisselle des écailles. Elles contiennent de
l'amidon et sont comestibles.
En Europe, on cultive souvent l'arbre
du bonheur, Araucaria heterophylla, une
plante ornementale d 'appartement ou de
jardin originaire de l'île de Norfolk.
Dans leur patrie d'origine, ces arbres
peuvent ateindre de 30 à 60 m de hauteur
et ceux de A . heterophylla jusqu'à 65 m.
Ces essences ligneuses résistent très mal
aux basses températures.
jeune exemplaire
dans un jardin botanique

vieux spécimen faisant partie d' un


peuplement continu dans son aire
d 'origine e n Am~rique du Sud
......... ,. -

52
Pinacées
Pinaceae Sapin de Veitch
Abies veitchii LlNDL.

Le Japon est le foyer de quelques beaux


sapins. L'un d'eux a été découvert en
1860 pour le reste du monde par John G.
Veitch sur les pentes du célèbre Fuji-Ya-
ma. Ce sapin fut vraisemblablement intro-
duit en Europe en 1845. Au Japon, il
occupe des espaces montagneux, surtout
sur l'île de Honshu. Cette essence ligneuse
domine les forêts sur les hauteurs entre
1300 et 2300 m où eUe se mélange
à d'autres conifères. Son bois sert surtout
à la fabrication de la ceUulose.
Le Sapin de Veitch est un arbre avec des
branches courtes, organisées en verticilles
. typiques. Son rhytidome de couleur gris-
blanc clair est, chez les espèces isolées, en
général caché par un épais système de
branches très ramifiées. Ses jeunes ra-
meaux sont aussi bien gris que bruns ou
verts, imperceptiblement couverts de
poils. Ses bourgeons de forme sphérique,
prennent une teinte rouge violacé si on les
plonge dans la résine glacée. Les aiguilles
poussent sur les branches d'une manière
très dense en forme de V assez ouvert.
EUes sont larges en général de 2 mm et
peuvent mesurer jusqu'à 25 mm de long;
eUes se terminent à l'extrémité en ambly-
gone. Leur face supérieure lustrée est
d'une couleur vert foncé, et leur face
inférieure blanche. Les cônes du Sapin de
Veitch sont cylindriques, larges d'environ
3 cm et d'une longueur de 5 à 7 cm.
D'abord presque violets, ils deviennent
par la suite d'un gris sale. Leurs écailles,
petites e denses, sont compactes. Les
écailles de soutien sont de même longueur
que ceUes des graines ou eUes dépassent
de très peu. Les graines portent des ailes
courbées de même longueur qu'eUes. Ce
sapin vit sur une terre d'humus à humidité
égale, mais il admet des exceptions. Il se
reproduit très bien à partir de graines
cueillies dans les cônes juste avant leur
éclatement. Le Sapin de Veitch est un
arbre très décoratif, aussi bien en solitaire
qu'en groupe. A sa maturité, il atteint
environ 25 m, avec un houppier pyrami-
dal. C'est le plus petit des sapins du Japon.

53
Pinacées
Sapin Nikko Pinaceae
Abies homoLepis SIEB. et Zucc.

Le Sapin Nik.ko est parfois désigné


comme l'arbre national du Japon. Son aire
de diffusion naturelle se situe dans les
montagnes du centre du Japon, entre le
36° et le 38° degré de latitude Nord sur des
hauteurs de 650 à 2000 mètres. TI forme le
plus souvent des forêts mixtes avec le
Mélèze du Japon et le Hêtre japonais. En
basse altitude, il se mêle encore à Abies
firma, tandis qu'en haute altitude il côtoie
le Sapin de Veitch. Sa première introduc-
tion en Europe date de 1854. Il s'adapta
très bien en Europe centrale et en Europe
occidentale. TI croît d'une manière régu-
lière et résiste très bien aux gelées.
Cet arbre au tronc élancé est régulière-
ment ramifié: ses branc es s'élancent en
général en biais vers le haut. Dans sa
jeunesse, il forme ainsi un houppier
conoïde absolument régulier, et, plus tard,
entre quatre-vingts et cent ans, le sommet
de ce houppier s'aplatit d'une manière
très significative. Ses jeunes branches qui
comportent un cannelage profond le dif-
férencient des autres sapins, dont les
jeunes branches, pour la plupart, sont
lisses. Ses bourgeons résineux sont ovales,
en forme de cylindre obtus. Les aiguilles
latérales, en général plus longues, mesu-
rent jusqu'à 3 cm, tandis que les aiguilles
centrales n'atteignent que 1 à 2 cm. Leur
extrémité est oblique; la face supérieure
d'un vert foncé est lustrée, tandis que la
face inférieure est marquée par deux
bandes blanches bien apparentes. Ses
cônes cylindriques sont rétrécis vers le
haut et ont 3 x 10 cm de longueur. Jeu-
nes, ils sont d'un violet pourpre, plus âgés
ils deviennent bruns. Les écailles repro-
ductives sont compactes ; les écailles de
soutien cachées sont plus courtes. Les
graines de couleur rougeâtre portent des
ailes aussi longues qu 'elles.
Cet arbre majestueux peut atteindre
40 m de haut. D 'une haute valeur esthéti-
que, il est jusqu'à présent très résistant.
Après le Sapin du Colorado (Abies conco-
Lor), il est le plus joli des sapins.

partie d ' une je une bra nche


avec son écorce ridée

54
Pinacées
Pinaceae Sapin d'Espagne
Abies pinsapo BOISS.

L 'aire de diffusion naturelle du Sapin


d 'Espagne est très restreinte. C'est une
essence ligneuse très répandue de la
pointe sud de la péninsule ibérique. n
forme à l'ouest de Malaga, de 1100
à 2000 m d'altitude, de petites forêts ou
des populations mêlées avec des chênes et
des pins. Malgré cela, c'est une essence
ligneuse très résistante qui supporte bien
le froid , ce qui lui donne une place méme
dans les parcs situés beaucoup plus au
nord. Les premières graines ont été en-
voyées en France par Boissier qui le
découvrit en 1837. Deux ans plus tard, il
était cultivé en Suède et en 1845
à Sychrov en Bohême. Aujourd'hui, il
pousse aussi dans le sud de la Norvège et
de la Suède. Mais il ne prospère que dans
des endroits où le sol et l'air sont suffisam-
ment humides. La terre doit être bien
drainée.
Le Sapin d 'Espagne est très facile à re-
connaître par la disposition caractéristi-
que de ses aiguilles qui s'écartent des
rameaux dans tous les sens, formant un
angle de presque 90°. Ces aiguilles sont
très rigides et piquantes à l'extrémité, la
forme obtuse restant l'exception. Elles
sont en général d' un gris-vert cendré avec
des bandes apparentes un peu plus claires.
La face supérieure de l'aiguille est légère-
ment voûtée. Les canaux de résine sont
logés un peu plus profondément dans le
parenchyme mais, chez les arbres jeunes
et sur les branches basses, ces mêmes
canaux adhèrent au tissu extérieur.
Les cônes d'un brun - pourpre sont
larges de 3 à 5 cm et peuvent atteindre
15 cm de long. Ses bractées reproductri-
ces sont triangulaires et arrondies en
haut; ses écailles de soutien, plus petites,
sont cachées. Les graines, longues d 'envi-
ron 7 cm, possèdent une aile claire
à membrure.
L'arbre peut atteindre 25 m de haut.
Son houppier très large et épais avec des
branches régulières est de fonne pyrami-
dale. On ne le cultive jusqu'à présent que
comme curiosité, bien qu 'il mérite une
propagation plus vaste.

55
Sapin de Grèce Pinacées
Pinaceae
Abies cephalonica LOUD .

Le Sapin de Grèce couvrait presque l'en-


semble des montagnes de Grèce, surtout
dans leur partie méridionale, sur la pres-
qu'île du Péloponèse. Au nord, son aire de
croissance naturelle s'étendait jusqu'au
lac d'Ochrid. Les peuplements les plus
connus se trouvent sur l'île de Céphalonie
qui lui a donné son nom. Jadis, ces sapins
y ont formé une large forêt d'environ
20 km de diamètre. Aujourd'hui, elle qe
subsiste que par endroits. Habituelle-
ment, de 800 à 1700 m d'altitude, le Sapin
de Grèce forme des peuplements mixtes
avec des Hêtres, des Pins noirs, des
Marronniers et des Érables. Les premiè-
res espèces qui furent cultivées hors de
leur aire d'origine arrivèrent en 1824 en
Angleterre. Bientôt, ce sapin a conquis
une grande diffusion grâce à sa croissance
régulière avec des branches abondantes et
un houppier régulier. Malheureusement,
il résiste moins bien au froid que le Sapin
pectiné (Abies alba), bien que les gelées
tardives ne l'abîment pas trop, parce qu'il
bourgeonne plus tardivement. Mais le
recul des sapins, général en Europe, vient
de l'atteindre aussi.
Les aiguilles du Sapin de Grèce, dispo-
sées sur les branches en écouvillon, se
dirigent vers l'avant. Pouvant mesurer
jusqu'à 28 cm, elles ont une pointe acé-
rée. Leur face supérieure est vert foncé
tandis que l'envers est parcouru de deux
bandes blanches. Les cônes mâles sont
comme chez la plupart des sapins d'un
violet-pourpre, les pommes sont cylindri-
ques, larges de 5 cm et longues de 20 cm.
Elles sont brunes et couvertes de résine.
Leurs bractées reproductrices sont on-
doyantes et couvertes d'écailles de protec-
tion qui les dépassent et les retournent
vers l'arrière. Ce sapin fleurit d 'avril
à mai, ses pommes éclatent en septembre.
Les graines, d 'une longueur de 7 mm ,
possèdent une aile d'environ 15 mm.
Dans la nature, il peut atteindre une
trentaine de mètres de hauteur et son
tronc est très large. En culture, en Angle-
terre, il pousse jusqu'à 35 m, le tronc
pouvant mesurer 500 cm de circonféren-
ce. Ses branches épaisses poussent à l'ho-
rizontale.

56
Pinacées
Pinaceae Sapin du Caucase
Abies nordmanniana (STEVEN) SPACH.

Les sapins vivant en Europe et sur les


territoires limitrophes en Afrique du
Nord, au Proche-Orient et au Caucase
forment pour la plupart des peuplements
isolés. C'est le Sapin du Caucase qui vit le
plus à l'est. TI croît dans les montagnes du
littoral de l'est de la mer Noire, de
Colchide jusqu'au Caucase et en quelques
endroits d'Asie Mineure. Cette espèce fait
partie de forêts très étendues a ec l'Epi-
céa d'Orient et le Hêtre oriental. TI fut
introduit en Europe occidentale dès sa
découverte, en Angleterre dans les années
1810-1848, en Bohême à Sychrov en
1845, peut-être même plus tôt. Sene ta le
mentionne en Pologne déjà en 1806. TI fut
d'abord cultivé individuellement; plus
tard, on entreprit sa culture en recru, et on
l'introduisit également dans les peuple-
ments des forêts en tant que substitut du
Sapin argenté en déclin.
Les bourgeons du Sapin du Caucase
sont ovales, protégés par des écailles sans
résine. Ses aiguilles sont disposées en bas
en brosse, en haut elles tendent légère-
ment vers l'avant, quelquefois en double
rangée apparente. La face supérieure des
aiguilles est d'un vert foncé brillant, l'en-
vers est marqué par deux bandes
blanches. Les aiguilles très denses mesu-
rent jusqu'à 3 cm de long et 2,5 mm de
large. Leur sommet est tronqué et émargi-
né. Elles sont molles. Les éônes mâles sont
rougeâtres, ils poUinisent en mai. Les
pommes ont à leur maturité une forme
cylindrique. Elles peuvent atteindre jus-
qu'à 15 cm. Ces pommes brun foncé
répandent beaucoup de résine. Les brac-
tées sont cunéiformes; les écailles de
soutien les dépassent et leurs pointes se
dirigent vers le sol. Elles éclatent en
novembre. Le Sapin du Caucase peut être
facilement croisé avec d'autres sapins
d'Europe . C'est un arbre à tronc élancé et
à houppier pyramidal mince. TI atteint de
50 à 60 m de haut. Le diamètre de son
tronc va de 150 à 450 cm. C'est une
essence ligneuse utilisable en des endroits
menacés par des émissions nuisibles.

57
Pinacées
Sapin pectiné, Sapin blanc Pinaceae
Abies a/ba MILL.

L'aire de diffusion naturelle du Sapin


pectiné est la plus large parmi les sapins
d'Europe. A l'origine, c'était une essence
ligneuse d' une longévité considérable qui
pouvait vivre de quatre à cinq cents ans et
produisait une masse considérable de
bois. Ces spécimens de 60 m de haut
pouvaient donner jusqu'à une soixantaine
de mètres cubes de bois. Mais, aujour-
d'hui, il est presque impossible de rencon-
trer un sapin de cette taille. Les premières
mentions concernant le recul du sapin
datent du début du xrx e siècle, mais une
aggravation très rapide s'est produite au
cours des vingt-cinq dernières années. Les
causes de ce déclin sont multiples, il ne
s'agit pas d'un seul parasite comme pour
le dépérissement des ormes. Heureuse-
ment, en dehors de son aire de diffusion
naturelle, il prospère bien dans les cultu-
res expérimentales dans le Nord-Ouest de
l'Europe et sur le littoral de la Baltique.
Le Sapin pectiné a une écorce gris clair,
longtemps lisse, qui ne s'écaille que tardi-
vement, sur les troncs imposants. Les
jeunes rameaux sont gris-brun , glauques,
les bourgeons sont rarement résineux. Les
aiguilles sont disposées sur les branches en
brosse ; elles tendent vers l'extérieur et
vers le haut. Elles sont obtuses et émargi-
nées au sommet; elles atteignent de 15
à 30 cm de longueur, les aiguilles supé-
rieures étant un peu plus courtes que
celles du bas. La face supérieure est d' un
gris foncé, l'envers étant marqué par deux
bandes blanches. Elles sont pectinées, sur
un fond ovale. Le cône mâle est jaune, les
pommes poussent verticalement sur les
branches auxquelles elles sont attachées
par un court pétiole. A leur maturité , elles
atteignent 16 cm de long. Les graines
portent une aile qui fait le double de leur
longueur.
Cette essence ligneuse, très importante
pour les forêts européennes, forme de
grands arbres de 30 à 60 m de haut à tronc
droit et élancé. Leur houppier pyramidal
étroit devient plus obtus au sommet avec
le temps.

58
Pinacées
Pinaceae Sapin baumier
Abies balsamea (L.) MILL.

Le Sapin baumier peuple actuellement


une grande partie du Canada et pousse
partiellement aux États-Unis. Son aire de
diffusion naturelle est peut-être la plus
étendue de tous les sapins. TI aime les
terres humides, tourbeuses mais sans eau
stagnante, et il pousse de 0 à 1500 m
d'altitude. Dans la forêt, il se mêle avec
des pins (Picea glauca et P. mariana), des
Thuyas (Thuja occidentalis), des Érables
à sucre (Acer saccharum) et avec des
Bouleaux (Betula papyrifera). Toutefois,
le milieu humide entraîne souvent la
putréfaction de son bois, ce qui fait qu 'il
dépasse rarement cent cinquante ans. Son
introduction en Europe fut très précoce:
il arriva en Angleterre vers 1697. Dans les
autres pays d'Europe, on le cultive depuis
le xrxe siècle. Sa culture produit le baume
du Canada, qui contient 70% de résine et
25% d 'essences naturelles. On l'obtient
en piquant les canaux de l'arbre avec des
piques creuses qui recueillent le liquide
qui s'écoule ensuite dans des pots
à anse .
L'écorce du Sapin baumier est gris clair
avec des ampoules de résine. Chez les
jeunes arbres, elle est lisse, plus tard elle
s'écaille. Ses bourgeons, petits et brillants,
sont rougeâtres, noyés dans la résine. Ses
rameaux sont cendrés et duveteux. Ses
aiguilles supérieures sont perpendicu-
laires, celles du bas sont disposées en
brosse, arrondies au sommet et fortement
échancrées. Elles mesurent de 15
à 25 mm de long. Leur face supérieure est
vert foncé , tandis que l'envers est marqué
par deux minces bandes blanches. Après
le broyage, elles dégagent une forte odeur
d 'essences naturelles. Les chatons mâles
sont soit jaunes soit rougeâtres. Les cônes,
d'une longueur de 4 à 7 cm, vont d'abord
du violet poupre au violet verdâtre, plus
tard ils brunissent. Les graines possèdent
une longue aile avec une membrure fine .
Le Sapin baumier est un arbre à tronc
mince avec un houppier conoïde pointu,
atteignant 15 à 25 m de haut. Cette
essence ligneuse croît sur les larges éten-
dues des te rres arides de l'Amé rique du
Nord . (a muie avec ses bourgeons arrosés
pa r la résine

59
Pinacées
Sapin géant Pinaceae
Abies grandis LINDL.

Le Sapin géant est vraisemblablement


l'espèce la plus imposante parmi les sa-
pins. Son aire de diffusion d'origine, se
situe dans les vallées et les montagnes de
l'Amérique du Nord. Du Nord de la
Californie jusqu'à Vancouver, il couvre
des altitudes allant de 0 à 2100 m. Les
plus grosses espèces vivent justement sur
le littoral de l'océan. Ce sapin atteint de
30 à 100 m de haut. Son houppier conoïde
est assez creux, ses branches poussent en
coude. il forme rarement des peuple-
ments homogènes, plus souvent il vit en
forêt mixte surtout avec d'autres conifè-
res. On l'a introduit en Angleterre en
1831.
Le Sapin géant croît très rapidement,
c'est peut-être la raison pour laquelle son
bois ne compte pas parmi les bois de
qualité. TI ne vit pas non plus très
longtemps, de deux cents à deux cent
cinquante ans. L'écorce du tronc est, dès
son jeune âge, assez résineuse, pleine
d'ampoules. Plus tard, elle devient brun
foncé et entaillée. Les jeunes branches
sont vert olive, d'abord duveteuses et
pelées par la suite. Les bourgeons sont
ovoïdes, résineux et vitreux. Les aiguilles
sont toujours organisées en double
brosse, elles sont plates et longues, celles
du bas étant toujours plus longues que
celles du haut. Elles sont vert clair, bril-
lantes, les deux bandes blanches qui mar-
quent l'envers sont d 'un blanc mat assez
pâle. Après le broyage, elles dégagent une
odeur agréable. Les cônes sont cylindri-
ques, rétrécis vers le sommet, d'abord de
couleur verte, bruns à la maturité, d'une
longueur de 5 à 10 cm. Les bractées larges
d'environ 3 cm cachent des écailles de
soutien plus petites. Les cônes éclatent
déjà en octobre. Les graines peuvent
atteindre 9 mm de long et leurs ailes le
double. Le Sapin géant est une essence
ligneuse exploitée dans de nombreux
pays, y compris en Europe centrale. Cette
essence ligneuse à croissance rapide pro-
duit une importante masse de bois. Sa
valeur est non seulement économique,
mais égaiement ornementale.

60
Pinacées
Pinaceae Sapin du Colorado
Abies conc%r (GORD.) ENGELM.

Le Sapin du Colorado, ce magnifique


spécimen, fut introduit assez tardivement
en culture européenne. Pourtant, il
conquit rapidement une place importante
non seulement comme le sapin le plus
cultivé en collection mais aussi en tant
qu'élément important de la composition
florale des parcs et jardins. Ce sapin, bien
que son aire de diffusion naturelle se situe
dans les régions chaudes du Sud-Ouest
des États-Unis, est bien capable de résis-
ter dans les régions situées beaucoup plus
au nord. Bien sûr, il vient des régions
montagneuses, à 3000 m d 'altitude. TI
supporte presque la même sécheresse que
le Sapin commun d 'Europe et, jusqu'à
présent, il est même plus résistant en
milieu urbain que les autres conifères.
Dans sa jeunesse, il croît très rapidement,
plus tard moins vite, mais toujours d'une
manière très régulière. C'est une essence
ligneuse très plastique du point de vue
écologique, et c'est pourquoi on peut la
trouver en Europe, de la Baltique jus-
qu'aux bords de la mer Noire ou de la
Méditerranée.
Le rhytidome gris-brun clair des jeunes
arbres est lisse et, avec l'âge, il devient
rugueux et écaillé. Les branches s'écartent
du tronc d'une manière bien équilibrée et
les jeunes pousses sont gris-jaune. Les
bourgeons sphériques sont résineux. Les
aiguilles s'organisent irrégulièrement sur
les rameaux : en général, elles sont cour-
bées en demi-cercle et tendent vers le
haut. Elles sont très longues (jusqu'à
6 cm) de couleur embruinée gris-bleu.
Les cônes, longs de 7 à 12 cm, ovales et
cylindriques, rétrécissent vers les deux
extrémités. D 'abord, ils sont vert-pour-
pre ou de coloris différents allant du vert
au violet ; plus tard, ils deviennent gris-
brun. Les bractées, larges de 2,5 cm,
cachent les écailles de soutien. Les cônes
n'éclatent qu'à la fin d'octobre et en
novembre. Les graines d'une longueur
d'environ 13 mm ont une aile oblique. Le
Sapin du Colorado est un arbre dont le
houppier conoïde descend souvent jus-
qu'au sol. C'est une essence ligneuse
d'une très grande valeur pour les compo-
sitions du jardin. Elle est aussi très résis-
tante.

61
Pinacées
Sapin noble Pinaceae
Abies procera REHD .

Au cours de son expédition d'exploration


en 1825 à travers ce qui est devenu
aujourd'hui l'Etat de l'Oregon, David
Douglas découvrit, dans le massif monta-
gneux des Cascades, non loin de la rivière
Columbia, un sapin si beau et si majes-
tueux qu'il lui donna comme nom de
famille Pinus nobilis. Aujourd'hui, on
l'appelle aussi Sapin bleu ou Sapin de
l'Oregon. Son aire de diffusion naturelle
s'étend outre l'Oregon, sur une bande
étroite entre les Etats de Washington et de
la Caroline du Nord avec des pointes
jusqu'à la Colombie britannique. Dans les
massifs montagneux des Siskia et des
Cascades, il forme des peuplements mix-
tes avec le Thuya géant (Thuja plicata), le
Tsuga de Mertens (Tsuga heterophylla),
Pinus montico/a et avec d'autres essences
ligneuses, couvrant des altitudes de 600
à 2600 m. On l'importa en Angleterre en
1830. Dans la nature, il peut vivre jusqu'à
six cents ans.
L'écorce du Sapin noble est, surtout
chez les exemplaires âgés, rouge-brun et
sillonneuse. Ses bourgeons ovoïdes, peu
résineux et peu voyants, se cachent dans
les aiguilles. Ses aiguilles pointues et
embruinées sont de couleur bleu-vert,
pour la plupart cerclées vers le haut. A la
différence du Sapin du Colorado, les
aiguilles sont moins longues et, avant de
pointer vers le haut, elles suivent d'abord
la direction du rameau. Elles sont très
denses et irrégulières.
Les chatons mâles sont plutôt rougeâ-
tres. Les cônes, cylindriques et longili-
gnes, comptent parmi les plus gros chez les
sapins (de 14 à 25 cm de long et jusqu'à
8 cm de large). Verts d'abord, ils devien-
nent ensuite brun-pourpre. Leurs écailles
de soutien sont assez remarquables, car
elles dépassent les bractées en se retour-
nant vers l'arrière. Les graines, d'une
longueur de 12 cm environ, ont des ailes
crénelées. L'arbre peut atteindre jusqu'à
80 m de haut. Son tronc est élancé. Son
houppier, conoïde au début, devient plat
avec l'âge. C'est une essence ligneuse
d'une haute valeur esthétique que l'on
essaie parfois de cultiver (notamment en
Angleterre) en forêt .

62
Pinacées
Pinaceae Douglas vert
Pseudotsuga menziesii (MIRB.) FRANCO

L'aire de diffusion naturelle du Douglas


vert s'étend des rivages du Pacifique ramule de P. menziesii var. glauca
jusqu'au massif montagneux des Cascades avec un cône
et des montagnes Rocheuses, autrement
dit du 50° degré de latitude Nord des rives
de la rivière Skeena jusqu'au Sacramento
en Californie. Ce sapin, parfois appelé
« le roi des forêts de la Côte Pacifique »
aux États-Unis, est devenu une importan-
te essence ligneuse, introduite également
dans les forêts européennes. TI fut décou-
vert en 1792 par l'expédition du capitaine
Vancouver. Les premières graines furent
introQuites en Europe en 1827. En 1867,
on établit un ordre indépendant Pseudo-
tsuga Carr. : le genre a reçu son nom
(Sapin de Douglas, Pseudotsuga douglas-
sil) en hommage au botaniste écossais P.
Douglas. Aujourd'hui, on utilise le nom
Pseudotsuga menziesii, d 'après le nom de
A. Menzies, membre de l'expédition du
capitaine Vancouver, qui l'a découvert.
Le genre des Pseudotsuga est aujour-
d'hui représenté par trois genres dans
l'Ouest de l'Amérique du Nord et par cinq
dans l'Est de l'Asie. TI s'agit d'un genre
très ancien, apparenté aux genres des
mélèzes (Larix) et des pins (Pinus) , qui
remonte au début de l'ère tertiaire.
Le Douglas vert est le conifère améri-
cain le plus important du point de vue
économique. Son écorce externe gris-
vert, résineuse au début, devient avec
l'âge très sillonneuse. Ses aiguilles plates
sont molles, d' une longueur de 15 à
35 cm, distribuées vers les côtés. Elles
rétrécissent vers la base. Elles sont vert
foncé, rarement bleu-vert. La couleur des
aiguilles sert de critère principal de dis-
tinction entre deux variétés. Le Sapin de
Douglas du littoral est vert clair, celui des
montagnes bleu-vert. Dans les monta-
gnes, il monte jusqu'à 3000 m. TI peut
vivre jusqu'à mille ans. C'est un arbre
robuste, à croissance rapide, qui peut
atteindre jusqu'à 60 m de hauteur.

floraison mâle en fo rmation

63
Pinacées
Tsuga du Canada Pinaceae
Tsuga canadensis (L.) CARR.

Les Tsugas sont des conifères semper


face inférieure d'une ramule avec virens au tronc élancé profondément sillo-
des floraisons mâles en formation
neux et à l'écorce de couleur cannelle.
Leurs branches poussent à partir du tronc
d' une manière irrégulière, presque à l'ho-
rizontale, parfois pendantes. Les chatons
mâles poussent individuellement dans les
aisselles des branches de l'année précé-
dente. De forme sphérique ou cylindri-
que, ils ont des pétioles très courts. Les
chatons femelles poussent aux extrémités
des rameaux de l'année précédente : indi-
viduels e t très menus, ils poussent vertica-
lement. A leur maturité, ils n'éclatent pas,
mais restent suspendus. Les écailles de
soutien sont plus petites que les bractées.
Les cônes et les graines mûrissent à l'au-
tomne de la première aimée, mais ils
restent encore sur l'arbre l'année suivante
ou, au moins, jusqu'au printemps. Les
graines ont des ailes et une petite alvéole
de résine. Une dizaine de variétés de
Tsuga vivent dans l'Est de l'Asie et en
Amérique du Nord. Pendant le tertiaire,
le Tsuga vivait aussi en Europe, notam-
ment en Pologne et dans les Carpates.
Le Tsuga du Canada a des aiguilles vert
foncé, sans trachées sur la face supérieure.
Elles sont assez larges à la base et rétrécis-
sent vers le sommet. L 'envers porte une
double bande blanche formée par les
trachées. Les bourgeons ovoïdes sont
pointus au sommet.
Le Tsuga du Canada est commun dans
les États de l'Est des États-Unis, dans une
zone allant du Sud-Est canadien jusqu'en
Caroline et en Alabama, et vers l'Ouest
jusqu'aux montagnes Rocheuses. Il croît
dans les forêts mixtes jusqu'à 750 m
d'altitude, de préférence sur des terres
froides et humides. Ses premières graines
sont arrivées en Angleterre dès 1736,
mais l'introduction générale dans les fo-
rêts européennes ne date que du xrx e
siècle. Le bois du Tsuga est mou mais
solide. Son écorce, riche en tannins, était
utilisée pour le tannage. Dans sa patrie, on
exploite son bois ; en Europe, on ne s'en
sert que pour l'ornementation. L 'arbre
atteint 30 m de haut : son houppier est
large et conoïde, avec de longues branches
en surplomb. C'est une bonne essence
ligneuse solitaire pour les parcs.

64
/
Pinacées
Pinaceae Epicéa commun
Picea abies (L.) KARST.

L'Épicéa commun est probablement l'es-


sence ligneuse la plus importante en
Europe du point de vue économique. Ce
genre se caractérise par une morphologie
très changeante, comme toutes les essen-
ces dont l'aire de diffusion naturelle est
très étendue. Son aire d'origine est l'Eu-
rope du Nord et l'Europe centrale, où il
forme en altitude des peuplements très
vastes. En Laponie et dans le Nord de
l'Union Soviétique, il atteint presque la
limite supérieure des forêts. Les peuple-
ments forestiers d'épicéas ne croissent pas
seulement dans les montagnes ; on les
trouve également en des endroits où le sol
contient une forte concentration d'eaux
souterraines, ou encore à des altitudes
moindres où ils forment des forêts de
culture. Dans ce cas, ils subissent non
seulement les influences négatives du
climat, mais aussi les ravages causés par de
nombreux parasites et, comme toute mo-
noculture, tous les effets néfastes de la
civilisation.
Les Épicéas sont des arbres semper
virens avec une écorce écaillée et avec des
branches disposées' en verticilles. Les
branches portent des coussins d 'aiguilles
très caractéristiques, séparés par des raies.
Les aiguilles poussent d'une manière héli-
coïdale. De profil, elles sont quadrangu-
laires avec des trachées sur les quatre
faces. Les bourgeons étroits en forme de
cône sont non résineux avec des écailles période juvénile de l'évolution
du cône d ' É p icéa
serrées. Les chatons mâles sont rouge-
pourpre, longs d 'environ 2,5 cm; les
cônes femelles poussent aux extrémités
des pousses de l'année précédente pour
former ensuite des pommes cylindriques
aux écailles dures, d' une longueur pou-
vant atteindre 16 cm. Les jeunes pommes
ont une coloration de fond brun clair, qui
vire au brun foncé à leur maturité. Les
graines sont brun foncé , pointues vers le
bas ; elles possèdent une aile trois fois plus
longue qu'elles. Les Épicéas sont des
arbres puissants, hauts de 50 m, avec un
houppier pyramidal étroit. C'est une es-
sence ligneuse d 'une haute valeur écono-
mique.

détail de la ra mi ficatio n silho ue tte de l' É pioêa silhouette de l' É picéa


e n crête à ramification en crê te à ramification e n plaq ue

65
/

Epicéa d'Orient Pinacées


Pinaceae
Picea orientalis (L.) LINK.

L'Épicéa d'Orient est une essence ligneu-


se typique du massif du Caucase où il
couvre environ 500 000 hectares. On peut
le trouver jusqu'à 2100 m d 'altitude. On
le trouve aussi sur la chaîne Pontique et en
certains endroits au sud du littoral de la
mer Noire à des altitudes avoisinant
1300 m. Il accompagne souvent le Sapin
du Caucase et forme, avec lui , des peuple-
ments mixtes de même qu'avec le Charme
et le Hêtre d'Europe. Mais il supporte
mieux les sols secs, où il croît avec le Pin
forestier. Partout, l'arbre atteint une bon-
ne hauteur, jusqu'à 50 m.
Malgré une certaine puissance, l'Épicéa
d'Orient est une essence ligneuse assez
élancée, à l'écorce brune et écailleuse, qui
devient grisâtre avec l'âge. Les rameaux
sont rougeâtres, brillants et très poilus.
Les bourgeons, ovoïdes et pointus, sont
non résineux et de couleur poupre. Son
trait caractéristique réside en ses aiguilles
courtes (de 4 à 10 mm) , raides et au
somm et obtus. De profil, elles sont qua-
drangulaires et plates. Elles poussent en
spirales très denses dans . le sens des
rameaux, qu 'elles couvrent presque. Les
cônes, bruns, cylindriques et hélicoïdaux,
ne sont pas très longs : de 5 à 10 cm
seulement.
Cette espèce a été introduite en Europe
occidentale relativement tôt : on le
connaît en Angleterre depuis 1770 et,
d'après des documents de l'époque, on
sait qu 'il a été cultivé en Pologne (à
Cracovie) depuis 1808 et en Bohême
depuis 1813. C'est, après P. pungens et P.
omorika, l'arbre le plus cultivé dans les
parcs européens. On l'a également utilisé,
surtout pendant la deuxième moitié du
XXe siècle, dans des peuplements fores-
tiers des zones menacées par le dévelop-
pement industriel.
C'est un arbre haut de 30 à 50 m, à la
cime conoïde et mince. Cette essence
ligneuse ,a une grande valeur esthétique
que l'on apprécie autant pour les parcs
que pour le peuplement forestier.

66
Pinacées '"
Pinaceae Epicéa noir
Picea mariana (MILL.) B.S.P.

L'Amérique du Nord n'est pas très riche


en espèces d 'épicéas, mais les trois espè-
ces qui y vivent (en grande partie d'une
manière transcontinentale et dans les
zones de l'est) sont bien colorées : le
rouge est l'Épicéa rougeâtre (P. rubens) ,
celui qui tire sur le bleu est l'Épicéa
glauque; enfin, le noir est représenté par
l'Épicéa noir. Ces désignations se rappor-
tent à la couleur de l'écorce ou du bois de
ces espèces.
L'Épicéa noir couvre presque tout le
Canada. Il s'étend jusqu'en Alaska et
dans la zone des Grands Lacs : vers le Sud,
il suit le pourtour du massif des Appala-
ches jusqu'au Nord de la Virginie. La
plupart du temps, l'Épicéa noir ne forme
que des arbres de petite taille; mais on
connaît dans l'île du Prince Edouard des
spécimens qui atteignent 60 m de hau-
teur. C'est une essence ligneuse qui se
développe dans les zones tempérées
froides: eUe s'adapte aux sols humides,
tourbeux et paludéens.
L'Epicéa noir aurait été introduit en
Angleterre (à Fulham) en 1700. C'est un
arbre à croissance très lente : dans les
zones très septentrionales, il se développe
très peu (à l'âge de cent cinquante ans, il
n'atteint que 20 m de haut) . Son écorce
rouge-brun est écailleuse; ses bourgeons
ovoïdes sont rouge clair et non résineux.
Ses jeunes rameaux, d 'abord rouge-brun,
foncent ensuite et se couvrent de poils. Ses
aiguilles de couleur bleu-vert mat sont
quadrangulaires, longues de 6 à 18 mm et
leurs extrémités sont pointues ou à angle
obtus. Ses rameaux, même broyés, ne
dégagent presque pas d 'odeur et ne possè-
dent pas de coussins d'aiguilles lignifiées.
Ses cônes sont petits, ovoïdes et longs de
3,5 cm à peine. D 'abord pourpre foncé , ils
prennent ensuite une teinte gris-brun. Les
graines de cet épicéa, longues d 'environ
3 mm, possèdent une aile de 6 à 9 mm .
On l'utilise pour la fabrication de la pâte
à papier.
C'est un arbre à croissance lente, avec
une cime pyramidale, atteignant des hau-
teurs de 18 à 30 m . Ses branches poussent
à l'horizontale. Il a une valeur de coUec-
tion et résiste bien aux basses températu-
res, ainsi qu'à l'humidité.

67
'"
Epicéa glauque Pinacées
Pinaceae
Picea glauca (MOENCH) Voss

L'Épicéa glauque représente l'une des


plus importantes essences ligneuses d'A-
mérique du Nord non seulement pour la
qualité de son bois mais aussi pour ses
réserves de masse ligneuse. Il s'étend sur
l'ensemble du Canada, de l'Alaska jus-
qu'au Labrador, et plus loin au sud-est
dans les États du Montana, du Minnesota
et de New York. Il couvre ainsi une vaste
région comprise entre le 45° et le 70°
degré de latitude Nord. L'amplitude de sa
distribution est également large, de 0 jus-
qu'à 1600 m, partout sur des sols suffi-
samment humides, mais non bourbeux ni
inondés. Il forme des peuplements homo-
gènes ou il se mêle aux autres espèces. Son
beau bois blanc est souvent résonnant, et
on l'utilise pour la fabrication d'instru-
ments de musique. Mais la plus grande
partie de sa masse ligneuse est utilisée de
manière industrielle pour la fabrication de
meubles, d'emballages et surtout de la
pâte à papier.
L 'Épicéa glauque a une écorce gris-
brun légèrement écailleuse, les jeunes
rameaux sont gris-blanc. Ses courts bour-
geons ovoïdes sont écaillés au sommet ;
ses aiguilles, d' une longueur de 10
à 25 mm, sont bleu-gris, pointues et sou-
vent courbées. Si on les broie, elles
dégagent une odeur forte. Ses cônes, longs
d 'environ 5 cm, sont cylindriques avec des
bractées souples et « ailées » peu denses.
Les jeunes, d ' une couleur verte devien-
nent brun clair à leur maturité.
La première introduction en Europe
date de la fin du XVIIe siècle, mais sa
culture plus intensive dans les parcs euro-
péens ne date que du xrxe siècle. Sa
forme rabougrie dite ' Conica ' est la plus
prisée : d'une hauteur d'un mè tre, avec un
branchage très dense, elle ne manque
plus, aujourd'hui, dans aucun alpinum. Il
s'agit d 'une forme pathologique, repro-
duite d' une manière végétative, trouvée
dans la nature près du Lac Laggan,
à Alberta au Canada, en 1904.
L'arbre normal, avec un ho~ppier pyra-
midal très dense, d 'une haute ur de 15
à 30 m, représente une essence ligneuse
économiquement très,importante pour le
Canada.

68
Pinacées "
Pinaceae Epicéa du Colorado
Picea pungens ENGELM.

L'Épicéa du Colorado, appelé aussi Épi-


céa bleu, est peut-être le genre d'épicéa le
plus cultivé dans les parcs et les jardins
d'Europe. Pourtant, il n'a été découvert
au Colorado, en pleine nature, qu'en
1862. Les premières graines ont été en-
voyées en Europe dès l'année suivante
mais, malheureusement, elles étaient mé-
langées avec les graines d'un épicéa très
semblable, l'Épicéa d'Engelmann. Tous
deux ont des aiguilles gris cendré, mais on
peut les différencier assez facilement. Les
aiguilles de l'Épicéa d'Engelmann ne sont
pas aussi piquantes et elles sont plus
serrées vers les rameaux qui sont clairs.
Ses bourgeons sont résineux. L'Épicéa du
Colorado est une essence ligneuse de
montagne qui croît entre 2000 et 3000 m
d'altitude, dans les peuplements mêlés
avec le Sapin du Colorado (Abies conco-
Lor), Pinus ponderosa et le Sapin de
Douglas (Pseudotsuga menziesiz). C'est
une essence ligneuse extrêmement adap-
table, très tolérante pour les sols. Elle
résiste à l'atmosphère polluée, pas aussi
bien cependant qu'on l'espérait lorsqu'on
l'a cultivée massivement pour remplacer
d'autres espèces dans certains massifs
montagneux de l'Europe, qui étaient
touchés par les émissions de déchets.
L 'organisation des branches de J'Épicéa
du Colorado est bien régulière ; son tronc
a une écorce gris-brun sillonneuse. Ses
rameaux sont jaune-brun. Ses bourgeons
non résineux, ronds et obtus, bourgeon-
nent plus tard que chez les autres genres
d'épicéas. Les jeunes aiguilles bleu clair
sont molles, tandis que les aiguilles plus
âgées sont très rigides, piquantes, qua-
drangulaires, courbées et disposées de
tous Jes côtés. Leur couleur est très
changeante : certaines espèces cultivées
tirent même sur le bleu argenté. Les cônes
longilignes, d'une longueur de 5 à 10 cm,
sont d'abord verts et deviennent gris-bei-
ge à leur maturité; ils restent sur l'arbre
jusqu'à J'année suivante. Les bractées
sont molles, souples et comme ondulées
au sommet.
Les branches de cet arbre de 30
( - 50) m de haut sont denses et courtes.
Cette essence ligneuse conifère reste très
prisée dans toutes ses variantes.

69
/
Pinacées
Epicéa de Sitka Pinaceae
Picea sitchensis (BONG.) CARR.

Les aires de diffusion des épicéas sont


beaucoup plus étroites dans l'Ouest que
dans l'Est de l'Amé rique du Nord. L'Épi-
céa de Sitka, baptisé d 'après l'île de Sitka
située près de la côte ouest des États-
Unis, croît dans une région large de
100 km à peine, entre l'Alaska et la
Californie; il suit donc les bords du
Pacifique et subit son influence climati-
que. Il monte des bords de l'Océan
jusqu'à des hauteurs de 900 m et forme
des peuplements mixtes avec bon nombre
d'autres essences ligneuses, comme le
Thuya géant, le Cèdre de l'Alaska et le
Sapin géant. C'est une essence ligneuse
à long cycle de vie qui peut vivre jusqu'à
huit cents ans. On l'a introduite en Europe
e n 1831. Elle se plaît dans les endroits
humides ; en Europe on l'a parfois utilisée
comme essence de substitution pour les
reboisements. Les forestiers allemands,
surtout, l'ont plantée dans les régions de la
Baltique. L'Épicéa de Sitka se plaît parti-
culièrement sur les îles britanniques où on
l'a utilisé, de concert avec le Sapin de
Douglas, pour reboiser les versants des
massifs montagneux déboisés en
Écosse.
L'Épicéa de Sitka est un arbre avec un
houppier très large, formé de branches
horizontales, qui ne restent toutefois du-
rablement sur le tronc que si l'arbre est
solitaire. Ses rameaux sont dénudés, jau-
nâtres et profondément sillonnés. Ses
aiguilles, longues de 15 à 25 cm, sont
remarquablement serrées et très pointues.
Sur la face inférieure elles comportent
5 à 6 rangées de stomates argentés, tandis
que l'envers est vert et brillant. La face
supérieure des aiguilles tend vers la
branche, leur face latérale tendant vers
l'extérieur. Les cônes, longs de 6 à 10 cm,
sont d'abord jaune verdâtre, puis beiges.
Les bractées au sommet creux sont minces
et mobiles. Les graines, longues de
2 à 3 mm, ont une aile remarquablement
longue (12 mm).
Cet arbre à cime pyramidale a une base
très large. TI mesure de 60 à 90 m, et reste
le plus haut de tous les épicéas. Cette
essence ligneuse, valable pour les jardins,
peut être exploitée économiquement.

70
Pinacées "
Pinaceae Epicéa Omorika
Picea omorika (PAN Clé ) P U RKYNE

Cette espèce compte parmi les plus belles


essences ligneuses. On l'appelle aussi
Sapin de Serbie. L'Europe est la patrie de
deux genres d'épicéas: l'Épicéa commun
dont l'aire de diffusion naturelle couvre
presque l'ensemble du continent, et l'Épi-
céa Omorika qui ne vit que sur les ter-
res calcaires des cours moyen et supérieur
de la rivière Drina qui baigne la Bosnie-
Herzégovine, en Yougoslavie. Peut-être
y fut-il trouvé en 1875 par le professeur
Pancic qui a envoyé ses graines dans les
jardins botaniques d'Europe. TI ne vit que
sur les versants nord et nord-est, mêlé
à d'autres arbres. Les botanistes le consi-
dèrent comme un héritage du tertiaire,
puisqu'on dispose de fossiles de cette
espèce datant du tertiaire pratiquement
sur l'ensemble du territoire européen. TI
est apparenté avec les épicéas nord-amé-
ricains (l'Épicéa de Sitka et l'Épicéa de
Brewer), et avec quelques épicéas
d'Asie.
L'Épicéa Omorika est un arbre élancé
et mince dont les branches courtes sont
presque horizontales. Son écorce s'écaille
en plaques circulaires. TI port~ des bour-
geons ovoïdes, non résineux et brun
foncé ; le bourgeon terminal a de longues
écailles en forme d'alène. Ses aiguilles
sont remarquablement aplaties. Leur face
inférieure comporte deux bandes
blanches, la face supérieure étant foncée ,
d'un vert brillant. Les aiguilles sont den-
ses, tombantes, légèrement en brosse vers
le bas. Les chatons mâles sont rouge clair,
les chatons femelles pourpres. Les jeunes
cônes violet foncé ou bleuâtres devien-
nent brun clair à maturité. TIs mesurent
jusqu'à 6 cm de long, et leurs bords sont
sinueusement édentés. Les graines possè-
dent une aile longue de 8 mm. Son bois
réputé excellent était depuis longtemps et
jusqu'au Moyen Age très recherché pour
la fabrication des mâts et des charpentes
de bateaux.
C'est un arbre à cime remarquable,
étroite et élancée, haut de 30 à 50 m . TI
représente l'une des essences ligneuses les
plus recherchées au cours de ces dernières
années pour l'ornementation de parcs.

71
"
Epicéa de Brewer Pinacées
Pinaceae
Picea breweriana s. W A TS.

De même que J'espèce Omorika en Euro-


pe, l'Épicéa de Brewer ne vit que dans un
territoire réduit en Amérique du Nord:
on le trouve en quelques endroits isolés
des Monts Siskiyou, près des sources de la
rivière Illinois, dans le Nord de la califor-
nie. il a été découvert aux environs de
1863 par le botaniste califomien W . H .
Brewer. En 1897, il fut planté pour la
première fois en Angleterre, au jardin de
Kew où il donna les premières graines en
1920.
La cime de l'Épicéa de Brewer possède
une structure très caractéristique : ses
larges branches fondamentales, verticil-
lées, se ramifient en petites branches
supérieures molles et flasques, qui pen-
dent en brosse des branches principales.
Certaines, qui forment très peu de bour-
geons latéraux, peuvent mesurer jusqu'à
25 cm . Les jeunes rameaux duveteux
sont rouge-brun: les bourgeons sont
conoïdes. Les aiguilles, dont la longueur
peut atteindre 35 mm , sont en général
droites et rigides, de forme légèrement
aplatie. Vues d'en haut, elles sont vert
foncé , légèrement convexes ; leur envers
est marqué de bandes blanches. Les cônes
sont étroits (ils peuvent atteindre jusqu'à
12 cm de longueur mais n'ont que
2 à 3 cm de largeur). Verts, teintés de
violet tout d'abord, ils prennent ensuite
une coloration brun vif. ils restent large-
ment ouverts par temps sec.
Le bois de cet épicéa compte parmi les
plus lourds ; il est brun clair et brillant.
Mais sa rareté absolue empêche son ex-
ploitation économique.
Son aspect « pleureur » n'est pas uni-
que, une croissance analogue est connue
non seulement chez l'Épicéa commun,
mais aussi chez les épicéas himalayens
P. spinulosa et P. smithiana.
L 'arbre avec son houppier très caracté -
ristique atteint de 30 à 40 m de hauteur.
C 'est une essence ligneuse unique d'une
grande valeur de collection qui mérite une
propagation plus poussée.

72
Pinacées
Pinaceae Mélèze d'Europe
Larix decidua L.

Les Mélèzes forment au sein des Pinacées


un groupe indépendant. C'est une sous-
famille évolutive très ancienne formée de
trois genres : le Mélèze (Larix), le Cèdre
(Cedrus) et le Faux-Mélèze (Pseudolàrix).
cés essences ligneuses ont aussi bien des
auxiblastes que des brachyblastes. Les
deux portent des aiguilles mais, sur les
brachyblastes, elles forment des touffes
caractéristiques. Les Mélèzes sont des
essences ligneuses conifères à feuilles
caduques, leurs aiguilles plates et hachu-
rées comportent deux canaux baumiers
latéraux. Les jeunes aiguilles sont molles,
vertes et luisantes, elles jaunissent à l'au-
tomne avant de tomber. Les chatons
mâles poussent séparément aux extrémi-
tés des forts rameaux latéraux. Les cha-
tons femelles se dressent aux extrémités
des brachyblastes sur une couronne d'ai-
guilles. Les bractées avec deux ovules
poussent dans l'aisselle des écailles de
soutien, colorées habituellement en rou-
ge. Les cônes à pétiole très court ont des
formes très changeantes suivant les ré-
gions géographiques. ils mûrissent en
automne ou au printemps de l'année
suivante, et ils perdurent très long~emps
encore sur l'arbre même après l'éclate-
ment et la tombée des graines. Les graines
triangulaires ont une longue aile membra-
neuse. Le Mélèze d 'Europe vit entre 1000
et 2500 m d'altitude, dans les systèmes
montagneux des Alpes et des Carpates,
mais il apparaît aussi ailleurs dans les
plaines. Le caractère variable du mélèze
et ses différentes exigences écologiques
ont conduit forestiers et botanistes à le
subdiviser en plusieurs variétés.
Le Mélèze d 'Europe est une essence
ligneuse de grande valeur, non seulement
pour son bois avec son dessin rouge
caractéristique, mais aussi pour sa valeur
ornementale. On le cultive depuis des
siècles ailleurs que dans sa zone d'origine .
En Angleterre, il a été introduit avant
1629.
Avec l'âge, cet arbre devient irréguliè-
rement verticille. TI a une cime large et
mesure presque 35 m de haut. C'est aussi
une essence ligneuse importante du point
de vue économique.

73
Pinacées
Mélèze du Japon Pinaceae
Larix kaempferi SARG.

L 'un des plus jolis mélèzes, le Mélèze du


Japon vivait à l'origine avec d'autres
épicéas, tsugas et bouleaux et avec le
Sapin de Veitch sur les versants du massif
montagneux volcanique de l'île Honshu,
au Japon, Son altitude optimum se situe
entre 1300 et 2500 m. De là, il a été
vraisemblablement importé en Angleter-
re en 1861. Les archives des anciennes
résidences en Pologne et en Bohême
signalent que sa prerruère introduction en
Europe est peut-être plus précoce: en
1816 en Pologne et en 1845 en Bohê~e.
Le Mélèze du Japon est un conifère
à feuilles caduques avec des branches
horizontales droites. L 'écorce, d'un brun
un peu rougeâtre, est profondément sil-
lonnée. Les rameaux sont d' un brun
rougeâtre ou orange, tandis que chez le
Mélèze d'Europe ils sont plus mIDces,
jaunâtres et pendants. Ses aiguilles, vert
bleuté, peuvent mesurer jusqu'à 3,5 cm.
Dans les touffes, il yen a parfois 40 à 50 et
elles jaunissent à l'automne. Les chatons
mâles sont ovales ; les chatons femelles,
longs d'environ 8 mm, ont des écailles de
soutien vert bronze dont le contour est
pourpre, Les cônes ont une largeur égale
à leur longueur (environ 1,5 à 3 cm). Les
bractées légèrement velues sont arrondies
et leurs bords se retournent vers l'inté-
rieur. A la maturité, les cônes s'ouvrent
très largement. Le Mélèze du Japon fut
souvent introduit non seulement dans les
parcs d'Europe, mais aussi dans les forêts,
à cause de son bois de qualité, de sa
croissance rapide et de sa résistance au
froid. TI croît maintenant dans les forêts
d'Europe où son origine exotique se
remarque surtout par la couleur bleuâtre
de ses aiguilles. Au Japon, il est très prisé,
surtout comme essence ligneuse cultivée
en pots pour faire les fameux bonsaï.
L 'hybride du Mélèze du Japon avec le
Mélèze d'Europe, L. x eurolepis, créé
vers 1900, est considéré comme une
essence ligneuse résistante de l'avenir.
Le Mélèze du Japon, haut de 35 m ,
a une cime conoïde, qui s'élargit beaucoup
avec l'âge, avec des ramifications horizon-
tales. Cette essence ligneuse très impor-
silho uette d 'un arbre jeune tante du point de vue économique a aussi
une très grande valeur architecturale.

74
Pinacées
Pinaceae Cèdre du Liban
Cedrus libani LO UD.

Le Cèdre du Liban, l'arbre biblique,


autrefois très utilisé, reste l'emblème de
son pays d 'origine, le Liban. Cette essence
ligneuse peuplait autrefois la montagne
libanaise. Aujourd'hui, il n'en reste que
des reliquats près du Bscherre. On estime
que ces cèdres y vivent depuis deux ou
trois mille ans, mais cette estimation nous
paraît très exagérée. Cependant, la cir-
conférence de quelques-uns de ces arbres
atteint jusqu'à 12 m . On le trouve encore
dans la nature dans les monts Taurus et
Antitaurus, où il croît entre 1300 et
2000 m d'altitude, souvent déjà à l'étage
subalpin avec la couverture neigeuse de
plusieurs mois et avec des points de gel
dépassant moins 30 oc. Il est donc assez
résistant aux hivers en Europe. La pre-
mière espèce aurait été introduite en
Angleterre en 1638 ou, selon d'autres
sources, en 1670 ou 1680. Toutefois,
c'était l'unique cèdre connu de Ch .
Linné .
Les cèdres ont des aiguilles persistantes
comportant deux canaux résineux laté-
raux. Elles forment des touffes par 30 ou
40 ; elles sont rigides et pointues, longues
de 15 à 30 cm. L 'écorce des arbres âgés
est fissurée, brun-gris. Les graines de
pollen des chatons mâles comportent
deux alvéoles aérées. Entre la pollinisa-
tion et la fécondation , s'écoule environ un
an et demi . Les cônes d' une forme carac-
téristique arrivent à maturation seule-
ment entre la deuxième et la troisième
année. Dressés sur les rameaux, ils sont
tonnelés, un peu serrés au sommet, non
éclatants. Les graines sont triangulaires et
possèdent une aile membraneuse longue
de 25 mm . Le bois du Cèdre du Liban
compte parmi les plus précieux. Le mot
grec kedros désignait le bois des résineux
en général ; aujourd'hui on l'utilise, dans
le domaine commercial, pour désigner
aussi le bois des autres arbres et non plus
seulement celui du cèdre.
Son large houppier conoïde devient
paraploïdal avec l'âge. Le Cèdre du Liban
mesure de 20 à 40 m de haut et son faîte se
courbe de côté en biais. C'est une essence
ligneuse de valeur historique, partielle-
ment résistante lorsqu'elle est cultivée en
Europe centrale et occidentale.

75
Arolle, Pin cembro
Pinacées
Pinaceae
Pinus cembra L.

Les pins sont des conifères avec deux


sortes de rameaux: les auxiblastes à crois-
sance continue qui ne portent que des
phyllomènes écaillés, membraneux et non
verts, et les brachyblastes, rameaux plus
courts, qui terminent leur croissance dès
la première année et qui possèdent au
sommet un nombre fixe d'aiguilles dura-
bles.
L'aire de diffusion naturelle de l'Arolle,
appelé aussi Pin cembro, !,!st particulière-
ment étendue, si l'on réalise que l'Arolle
d'Europe et l'Arolle de la forêt sibérienne
ne représentent qu'une seule espèce. Par-
fois on sépare le Pin de Sibérie (Pinus
sibirica) de sa variété européenne pour le
considérer comme un genre indépendant.
Mais les différences sont minimes, seule-
ment dans la grandeur et la forme des
cônes. L'Arolie d'Europe représente l'es-
sence ligneuse principale des Alpes
moyennes, il croît jusqu'à 1600 ou
2250 m d'altitude, exceptionnellement
jusqu'à 2500 m, seul ou mêlé avec le
mélèze. TI prospère le mieux sur les sols
argileux. Il vit aussi, mais d'une façon plus
isolée, dans le massif des Carpates, dans
les Tatras, et dans les Alpes de Transylva-
nie. Le Pin de Sibérie représente la
principale essence ligneuse de la taïga
sibérienne; il croît dans une zone qui va
de la partie européenne de l'Union sovié-
tique jusqu'au cours supérieur du fleuve
AIdan près de la montagne du même nom
et, au sud, jusqu'à la Mongolie .
Les principaux traits qui permettent de
distinguer le Pin cembro sont d'abord ses
aiguilles vert foncé , denses et rigides, en
touffes par cinq, et ses rameaux feutrés
d'un jaune rouille. Les cônes (5 x 8 cm)
se dressent sur les rameaux. Ils n'arrivent
à la maturité qu 'au cours de la troisième
année. Les graines, qui n'ont pas d'ailes,
sont comestibles. La dénomination
cembra tire son origine du vieux nom
italien de l'aroUe. On le cultive, en dehors
de son aire d 'origine, en E urope depuis
1652 et en Angleterre depuis 1746.
C'est un arbre à cime ovoïde conique,
les graines haut de 25 à 40 m .

76
Pinacées
Pinaceae Pin de Macédoine
Pinus peuce GRISEB .

Les essences ligneuses du genre Pinus ont


une organisation des aiguilles assez carac-
téristique. Elles poussent sur les brachy-
blastes soit par cinq soit par deux ou trois,
à l'exception de P. monophylla qui porte
des aiguilles solitaires.
Ce pin' a été découvert en 1839 par
Grisebach. Ses graines sont arrivées
à Komik en Pologne en 1858 et en
Allemagne à Erfurt en 1863. Depuis cette
date, il est cultivé dans les jardins botani-
ques et les parcs d'Europe. Il est très
répandu en Bulgarie (Rhodope, Rila,
Pirin), dans le Monténégro, en Yougosla-
vie du sud et en Albanie, où il croît en
général mêlé avec les épicéas, les sapins et
d'autres pins forestiers de 800 à 2300 m
d'altitude.
Les aiguilles du Pin de Macédoine, qui
peuvent mesurer jusqu'à 10 cm, poussent
en touffes par cinq. Très pointues, elles
sont vert-gris. Les rameaux sont verts,
pelés. Les cônes se forment au sommet
des rameaux soit individuellement soit en
groupe par trois ou quatre. Ils .ont un
pétiole court, mais peuvent être écartés ou
pendants. De forme ovoïde cylindrique,
ils mesurent 3 à 4 cm de large et peuvent
atteindre 15 cm de long. Brun clair, ils
rappellent les cônes du Pin Weymouth,
mais en plus large. Les bractées à rainures
longitudinales sont plus épaisses sous la
pointe. Les graines ont une aile longue de
1,5 cm.
L'habitus du Pin de Macédoine est
semblable à l'arolle, mais il diffère par la
forme , la dimension des cônes, et par ses
rameaux nus. Il est apparenté avec le Pin
pleureur (P. griffithù) , ainsi qu'avec le Pin
de Weymouth (P. strobus).
Cet arbre pas très haut (entre 10 et
25 m) , à cime élancée, est presque cylin-
drique dans la nature et ses branches vont
jusqu'au sol. C'est une essence ligneuse
très valable pour l'architecture d'un
jardin.

77
Pinacées
Pin pleureur Pinaceae
Pinus griffithü Mc CLELLAND

Dans les très hautes altitudes de l'Hima-


laya, entre 2000 et 4000 m, de l'Afghanis-
tan jusqu'au Népal, pousse le Pin pleureur
qui représente, après le Cèdre de l'Hima-
laya (Cedrus deodara), l'arbr~ le plus haut
de l'Himalaya. Il forme des populations
mixtes avec ce dernier ainsi qu 'avec les
conifères Abies pindrow et Picea smithia-
na, éventuellement avec le Bouleau de
l'Himalaya (Betula utilis). Cette espèce
a été introduite dans les jardins d'Europe
en 1823. Son bois est très prisé non
seulement en menuiserie, mais aussi dans
la construction . Sa résine est également
précieuse, on en distille la térébenthine.
Son aspect extérieur le prédispose à une
utilisation plus large dans l'arrangement
des jardins. Toutefois, jusqu 'à présent, on
ne l'a pas souvent cultivé en tant qu'essen-
ce d'ornement des parcs.
L'écorce du Pin pleureur est dans sa
jeunesse lisse et polie, elle ne se craquelle
et ne se détache en plaques que plus tard .
Les jeunes arbres ont une croissance
rapide; leur système de branche verticille
est régulier. Les bourgeons sont ovoïdes
et longilignes, résineux et blancs. Les
rameaux bleu-vert sont nus, couverts d'u-
ne mince pellicule de cire. Les aiguilles
par groupes de cinq sont d'abord dressées
puis pendantes. Bleu-vert, elles peuvent
mesurer jusqu'à 18 cm de long et perdu-
rent sur l'arbre pendant trois ou quatre
ans.
Les chatons mâles sont roses. Les cônes
poussent soit individuellement soit en
groupe jusqu'à cinq. De forme cylindri-
que et incurvée, larges d 'environ 3 cm et
longs de 27 cm, ils sont attachés par un
long pétiole. Ils sont habituellement très
résineux et collants. Ils arrivent à maturité
en deux ans ; pendant la deuxième année ,
les groupes de cônes rappellent encore des
régimes de bananes vertes. Les bractées se
terminent par un bouclier brun foncé . Les
graines brunes ont des rebords tranchants
et une aile coupée en biais.
C'est un arbre haut qui mesure jusqu 'à
50 m, à cime large et pyramidale. On le
considère comme une essence ligneuse
d'avenir pour l'architecture et la composi-
tion des jardins.

78
Pinacées
Pinaceae Pin du Lord, Pin de Weymouth
Pinus strobus L.

Le Pin de Weymouth est ongmaire de


l'Est de l'Amérique du Nord . La limite
Nord de son aire de diffusion naturelle est
formée par le 50° paraJJèle Terre-Neuve
jusqu'à la province du Manitoba,
à l'Ouest il pousse jusque dans le Minne-
sota, l'Iowa, l'Illinois et, au Sud, jusqu'en
Géorgie du Nord. Une de ses variantes vit
aussi au Guatemala et au Mexique. On l'a
introduit en Europe relativement tôt, vers
1705, et il est devenu une essence ligneuse
que l'on trouve couramment dans les
parcs. Parfois, on l'exploite aussi comme
essence ligneuse forestière pour améliorer
les sols argileux, pauvres et tourbeux,
quelquefois même bien au-delà du 50°
parallèle. 11 ne gèle pas même autour de
Léningrad. Du point de vue écologique, il
est assez plastique, peut-être même résis-
te-t-il au climat des villes. Mais il souffre
de nombreuses maladies, dont la plus
grave est la rouiJJe de Weymouth (Pari-
dermium strobt) , ce qui relativise son
exploitation. Malgré cela, son bois est
recherché, bien qu'il soit relativement peu
dur. On l'utilise surtout en menuiserie.
L'écorce gris-vert des jeunes arbres est
entièrement lisse, eUe se craquelle plus
tard chez les arbres âgés . Les plus jeunes
rameaux sont singulièrement fins , flexi-
bles, d'abord duveteux, ensuite nus . Les
petits faisceaux d'aiguilles, groupés par
cinq , sont longs de 5 à 15 cm, mous au
toucher, bleu-vert, et souvent pendants.
Les cônes se forment au sommet des
branches par un , deux ou trois sur de longs
pétioles. Ils sont étroits, longs de 10
à 15 cm, et pendants. Ils répandent de la
résine . Les cônes d'un brun sale à la
maturité restent parfois sur l'arbre même
après la tombée des graines ailées.
Le Pin de Weymouth est un arbre
robuste à cime d'abord pyramidale puis
large, presque paraploïdaJe, avec des ver-
ticilles de branches bien apparents. Il
atteint une taiJJe de 50 m . Cette essence
ligneuse , importante en Amérique du
Nord, est souvent cultivée dans les un fa isceau de cinq aiguilles
parcs.

79
Pinus aristata ENGELM .
Pinacées
Pinaceae

Cette espèce est une essence ligneuse


intéressante. Ce pin est originaire des
hautes altitudes des montagnes Rocheu-
ses, où il croît à plus de 2400 m, à la limite
supérieure de la forêt. Il vit également
dans les monts San Francisco dans le Nord
de l'Arizona, en général sur un sol sec,
aride et presque stérile, où il résiste aussi
bien à la chaleur qu'aux gelées excessives.
On l'a trouvé également en 1945 dans le
massif des White Mountains en Arizona.
Les spécimens qu'on y a découverts n'é-
taient pas très hauts (de 4 à 9 m à peine),
mais avec des circonférences respectables
de 120 cm. On a calculé que l'âge de trois
exemplaires remontait à 4700 ans . Ce
sont donc les arbres vivants les plus âgés
sur terre. P. aristata a une croissance
extraordinairement lente : l'apport an-
nuel sur la coupe d'arbres âgés d'une
trentaine d'années ne mesurait que quel-
ques dixièmes de millimètres! C'est un
arbre, ou plutôt un arbuste, avec un
système de feuillage caractéristique : ses
aiguilles poussent en faisceaux par cinq,
elles sont longues de 2 à 4 cm, vert foncé,
pointues, à bords pleins qui portent sur
leur face inférieure des petites graines de
résine. Leur disposition sur les rameaux
(elles sont denses et attenantes) rappelle
un peu une queue de renard, d'où leur
nom local de Foxtail Pines. L'espèce
apparentée, le Pin en queue de renard
(Pinus balfouriana), ne possède pas de
graines de résine sur les aiguilles.
Ce pin a reçu le nom d'aristata à cause
des pommes qui ont les plaques des
un arbre plus âgé bractées convexes avec une épine appa-
rente, longue d'environ 8 mm. Le premier
P. aristata de culture fut planté à Arnold
Arboretum aux États-Unis, en Europe il
n'est cultivé que depuis 1863. Selon D . K.
Bailey, les peuplements de cette espèce,
qui se trouvent à Utah, au Nevada et en
Californie, sont si différents de P. aristata
qu'ils devraient former une espèce indé-
pendante, P. longaeva.
'C'est un arbre à croissance arbustive,
qui atteint de 5 à 15 m de haut, avec un
tronc souvent tordu ou couché. Cette
un arbre jeune essence ligneuse digne d'intérêt convient
même aux petits jardins.

80
Pinacées
Pinaceae Pin sylvestre
Pinus sylvestris L.

Le Pin sylvestre est probablement sans


concurrents parmi les conifères quant à
l'étendue de son aire de diffusion. TI
pousse d 'une façon transcontinentale de
l'Écosse jusqu'aux bords du fleuve
Amour et sur le littoral de la mer
d'Okhotsk , au nord, en Norvège, il dépas-
se d'environ 300 km le cercle polaire. Au
sud, il touche les Pyrénées, les Apennins
et les Balkans jusqu'en Asie Mineure d'où
il continue en contournant la mer Noire
à travers le Caucase par l'Asie centrale
jusqu'à la ville de Tcheliabinsk. Il passe
ensuite au nord des monts Altaï en Mon- période
golie jusqu'au cours inférieur de la rivière juvénile
Boureïa. Sa représentation est tout aussi de l'é vo lutio n
du cône
variée dans les différentes altitudes,
y compris en haute montagne. Une éten-
due aussi large suppose des conditions
écologiques très variées, que le Pin sylves-
tre a parfaitement assimilées en formant
plusieurs variétés géographiques et écolo-
giques se différenciant aussi bien par leur
hauteur que par leur caractère ou la
couleur de leurs aiguilles et par la forme
des cônes ou par bien d 'autres détails.
C'est une essence ligneuse forestière très
importante pour l'exploitation, qui croît
dans des peuplements homogènes ou mê-
lés. Son bois est d'excellente qualité; ses
couches d'accroissement annuelles sont
bien dessinées.
L'écorce des jeunes arbres et des jeunes
branches, d'une couleur ocre caractéristi-
que, est luisante et s'écorche en écailles
qui rappellent du papier. L'écorce des
vieux troncs est gris-brun à l'extérieur,
craquelée, rouge-brun sur la coupe. Les
aiguilles vert bleuâtre poussent par deux,
elles sont rigides, un peu tordues, lon~es
de 2 à 4 cm, pointues et aux bords
dentelés ; elles persistent sur l'arbre envi-
ron trois ans. Les chatons mâles sont
ovoïdes, jaunes, parfois rougeâtres ; les
cônes soit individuels soit par deux ou
trois, peuvent être pétiolés ou presque
sessiles, d'une forme ovoïdo-conoïde. Les
graines ont une aile rouge-brun.
Ce sont des arbres hauts de 25 à 45 m,
en général avec un tronc plus qu'à moitié
nu et une cime arquée bien aérée. C'est
une essence ligneuse européenne parmi
les plus importantes.

81
Pin de montagne Pinacées
Pinaceae
Pinus mugo TuRRA

Pinus mugo regroupe un ensemble de


pins, mais présente une grande diversité
dans les traits caractéristiques. En gros, on
peut diviser cette espèce en deux varié-
tés : le Pin nain des montagnes (Pinus
mugo var. mughus) et le Pin à crochets
(Pinus mugo var. uncinata) .
Le Pin nain des montagnes est une
essence ligneuse des montagnes d'Europe
centrale. Il croît à l'étage subalpin et alpin
des Alpes de l'est, dans le Jura, dans les
monts de Bohême, dans les Sudètes et
dans l'ensemble de la courbe des Carpates
jusqu'aux Alpes transylvaniennes. Il at-
teint aussi la Yougoslavie. Il forme des
peuplements caractéristiques, très denses
et arbustifs. Il est très résistant à la rigueur
des climats de montagne. Ses aiguilles,
accolées par deux, portent de longues
graines. Ses bourgeons sont résineux. Ses
cônes sont symétriques, ovoïdes, presque
sphériques. La partie supérieure de la
plaque des bractées est cambrée, la partie
inférieure concave, le bouclier est rentré
sous le centre. Il croît, en général, dans
une basse formation arbustive.
Le Pin à crochets (P. mugo var. unci-
nata) a des cônes dissymétriques. Sur la
partie éclairée, les plaques sont un peu
plus ascendantes, tout au moins sur leur
base, ou bien prolongées en forme de
cône. Leur bouclier quadrangulaire est
recourbé vers le bas. Cette espèce possède
en général une tige unique avec un houp-
pier pyramidal étroit. Elle croît dans les
Pyrénées espagnoles, dans les Alpes tyro-
liennes, et sur les tourbes du Nord et du
Sud de la Bohême.
Pinus mugo est cultivé depuis 1779,
l'autre variété seulement depuis le début
du XIXe siècle. Les deux variétés, et plus
particulièrement le Pin nain des monta-
gnes comptent parmi les essences ligneu-
lnflorescence mâle ses décoratives de jardin. Cultivées dans
de Pillus mugo de meilleures conditions que celles de la
haute montagne, elles poussent plus
abondamment, ce qui nuit à leur aspect
extérieur. Les deux variantes se croisent
avec le Pin sylvestre.

Pin à crochets

82
Pinacées
Pinaceae Pin noir
Pinus nigra ARNOLD

Le Pin noir englobe un vaste ensemb1e de


sous-espèces qui vivent surtout dans le
sud de l'Europe. Ses limites, au nord, sont
l'Autriche et les Carpates du sud, à l'est
l'Asie Mineure et la presqu'île de Crimée,
à l'ouest, il pénètre en Espagne et en
France. On le cultive presque partout en
Europe. C'est une importante essence
ligneuse de remplacement, surtout pour
les zones sèches et pour les régions mena-
cées par l'activité industrielle. Dans les
cultures, il apparaît depuis 1759.
Le Pin noir a une écorce caractéristique
gris-noir. Les bourgeons ovoïdes sont peu
résineux. Les rameaux nus sont de couleur
brun orangé. Les aiguilles, longues de
5 à 19 cm, vont par deux ; le plus souvent
de couleur vert foncé , elles sont rigides ent
parfois courbées. Les propriétés anatomi-
ques des aiguilles sont très changeantes,
elles sont devenues même un instrument
de différenciation des sous-espèces. Les
cônes sont habituellement brun foncé,
luisants et presque adhérents. Les plaques
des bractées sont légèrement carénées, et
le bouclier a une courte épine . Le bois des
Pins noirs, résineux bien qu 'assez noueux ,
est très prisé et on l'exploite dans le sud de
l'Europe. II croît très le ntement , on ne
l'abat que lorsqu 'il a dépassé cent cin-
quante ans.
La plus fo urnie parmi les sous-espèces
du Pin noir est celle qui croît en Autriche ,
en Italie centrale, en Yougoslavie et en
Grèce (P. nigra ssp . nigra) . Dans le sud de
la France et en Espagne, on rencontre une
sous-espèce du pin noir, ssp. salzmannii,
avec des aiguilles qui ne piquent pas. En
Corse, en Sicile et en Calabre, on trouve le
Pin Laricio à aiguilles épaisses. En Dal-
matie, croît la sous-espèce ssp . da lmatica
e~ , dans les B alkans et en Crimée, on
rencontre la sous-espèce ssp. pallasiana.
Ce sont des arbres assez majestueux,
qui peuvent atteindre de 20 à 40 ou 50 m
de haut. Cette essence ligneuse est très
importante tant du point de vue économi-
que que pour la culture des jardins.

petit faiscea u de deux aiguilles

83
Pinacées
Pin jaune de l'Ouest Pinaceae
Pinus ponderosa DOUGL. ex LA WS .

Cette espèce est très répandue dans les


régions occidentales de l'Amérique du
Nord, de la Colombie britannique jus-
qu 'au Mexique et, à l'est, jusqu'à une
ligne passant entre le Dakota du sud et le
Texas. Dans les cultures européennes, il
apparut la première fois en 1826 en
Angleterre. C'est un arbre majestueux,
bien implanté dans son aire d'origine, où il
forme des populations homogènes comme
c'e t le cas sur les versants occidentaux de
la Sierra Nevada. Entre 1300 et 2000 m
d 'altitude, il domine, avec le Sapin du
Colorado, la végétation forestière . C'est
un arbre haut à tronc élancé qui vit
souvent jusqu'à trois cents ans, parfois
même jusqu'à cinq cents. Cette essence
ligneuse économiquement importante,
donne un bois relativement dur, assez
ferme et résineux.
L 'écorce de P. ponderosa sur les troncs
imposants est rouge cannelle. Très épaisse
(jusqu 'à 10 cm) , elle se fissure aussi bien
en long qu 'en large. Ses aiguilles poussent
le plus souvent par trois et persistent
environ trois ans. Longues de 12 à 25 cm,
vert foncé , elles sont courbées' avec des
bords dentelés. A la maturité, les cônes
atteignent jusqu'à 15 cm de long, ils sont
de couleur brun jaunâtre. Le bouclier des
bractées possède une forte épine courbée.
Les graines, qui mesurent 1 cm de long,
possèdent une aile longue de 2 à 3 cm.
Dans la zone située entre la Californie
et l'Oregon, croît également, entre 2000
et 3000 m d'altitude, une espèce proche,
le Pin de Jeffrey (Pinus jeffreYl) d 'allure
très semblable. Mais ses rameaux possè-
dent une mince pellicule cireuse et, si on
les brise, ils dégagent une odeur d'essence
citronnée, tandis que les rameaux de P.
ponderosa sentent la térébenthine. Les
structures chimiques des résines comptent
parmi les principaux critères de différen-
ciation grâce à la taxonomie chimique.
Ce sont de grands arbres, dont la taille
peut atteindre de 50 à 70 m, avec une
cime très haute . . Ils représentent une
essence ligneuse d'une grande importance
économique en Amérique occidentale,
ainsi qu'une haute valeur esthétique pour
P. jeffreyi: jeune arbre les grands parcs.
cône de P. jeffreyi
P. po nderosa: je une arbre ( 18 cm)

84
Pinacées
Pinaceae Pin maritime
Pinus pinaster SOLAND. apud Arr.

Le Pin mantlme est un grand arbre


à écorce fissurée, épaisse, brun-rouge, qui
porte de grands bourgeons non résineux
de 35 mm. Ses aiguilles poussent par
deux, elles sont longues de 10 à. 25 cm,
rigides, piquantes, d'un vert frais. Les
cônes poussent par groupes de 2 à 4, ils
sont de forme ovoïdo-conique, remarqua-
blement longs : de 9 à 18, voire même
22 cm, pour 8 cm de largeur. Leurs pla-
ques sont rhomboïdes avec une quille
tranchante et un bouclier bien apparent
à pointe crochue. Le Pin maritime est très
répandu sur le littoral ouest de la Méditer-
ranée et dans la partie sud des rivages
européens de l'océan Atlantique, de la
France jusqu'au PortugaL Cultivé, même
en Angleterre, il est utilisé non seulement
pour le reboisement et la fixation des
terres de dunes, mais surtout pour l'ex-
ploitation de son bois et de ses résines.
C'est surtout l'aspect extérieur des deux
essences ligneuses qui captive l'attention
de ceux qui viennent visiter le bassin
méditerranéen : les Cyprès et les Pins
parasols (Pinus pinea), avec leur cime en
forme de parapluie. A l'origine, le Pin
parasol était très répandu dans les zones
du littoral de l'Espagne, de la France, de
l'Italie, des Balkans, de l'Asie Mineure,
de l'est de la mer Noire et des côtes du
Proche-Orient. Malheureusement, on ne
peut plus aujourd'hui déterminer avec
précision la zone d'origine et la zone de
culture, parce qu'il s'agit d'une essence
ligneuse plantée depuis les temps les plus
anciens. Le Pin parasol, appelé aussi Pin
pignon, n'était pas cultivé seulement pour
son bois, mais aussi pour ses fruits ; ces
graines dures renferment une amande
comestible, le pignon, utilisée en pâtisse-
rie. Ses graines ont été peut-être la raison
de son introduction dans les régions plus
septentrionales.
Le Pin maritime (P. pinaster) forme des
arbres hauts d'une trentaine de mètres
à cime aplatie, tandis que le Pin pignon (P.
pinea) atteint une hauteur de 25 m . Ce
sont des essences ligneuses remarquables
et importantes dans leur zone d'origine ;
ailleurs, elles sont peu résistantes.

85
Pinus rigida MILL
Pinacées
Pinaceae

Il est très répandu dans le Nord-Est de


l'Amérique du Nord, du Nouveau-
Brunswick jusqu'à la Géorgie. A l'ouest,
la limite de sa diffusion naturelle est
formée par une ligne allant du nord du lac
Ontario par l'Ohio, le Kentucky, le Ten-
nessee et l'Alabama, jusqu'en Floride.
C'est une espèce écologiquement assez
adaptable ; il croît aussi bien sur les sols
secs et sablonneux où il forme des forêts
très étendues que sur les sols humides et
tourbeux. TI fournit un bois lourd et
résineux (pour cette raison on l'appelle
Pitch Pine) surtout sur les sols secs d'où il
tire son nom ; tandis que le bois coupé sur
les sols tourbeux est léger et peu dur : on
l'appelle alors Sap Pine. Le bois du pin
a présenté un intérêt considérable : on
l'utilisait aussi bien pour la fabrication des
traverses de voies ferrées que pour la
préparation du charbon de bois, et comme
combustible. Son introduction en Angle-
terre date des années 1743-1750, et,
dans les autres pays d'Europe, du XIXe
siècle.
Cette espèce présente un trait caracté-
ristique : sur les vieux spécimens, on peut
observer les rameaux tordus et les aiguil-
les agglomérées et, sur les troncs mêmes,
ont voit pousser des touffes d'excroissan-
ces qui rappellent des touffes d'herbe. Ses
bourgeons sont très pointus et résineux.
Ses aiguilles poussent par trois et ne
persistent sur l'arbre que deux ans ; d' une
longueur de 8 cm, elles sont soit claires
soit vert jaunâtre, courbées, presque tor-
P. rigida se caracté rise pa r la dues. Les cônes poussent individuelle-
fo nnatio n des aiguilles e t des
ment ou par groupes latéraux de trois
courtS ramules directement
à partir du tro nc à cinq. Longs de 3 à 9 cm, ils sont
ovoïdo-coniques réguliers. La plaque des
bractées est rhomboïde à quille tranchan-
te et son bouclier se termine par une petite
épine. Les graines sont ailées.
C'est un arbre plutôt petit (de 15
à 30 m) , à cime irrégulière. Cette essence
ligneuse, importante du point de vue
économique dans l'est de l'Amérique du
Nord, ne revêt dans les jardins qu 'une
valeur de collection .

86
Pinacées
Pinaceae Pin de Banks
Pinus banksiana LAMB .

Les chercheurs d'or et les pionniers ont


souvent campé dans les grandes forêts de
pins du Grand Nord du Canada. Ces
forêts leur ont fourni du bois en abondan-
ce. Le seul pin qui tolérait les conditions
climatiques locales très dures était le Pin
de Banks. Son aire de diffusion transcon-
tinentale va de la vallée de la rivière
Mackenzie et des bords du Grand lac de
l'Ours jusqu'à la Nouvelle-Écosse. Il s'é-
tend donc sur plus de 20 degrés de
latitude. Souvent, il croît sur des terres
sablonneuses, des roches nues et des
pentes rocheuses en basse aVitude ne
dépassant pas 400 m. C'est aussi le pre-
mier arbre qui occupe les terres dévastées
par les incendies.
Le Pin de Banks vit relativement peu
longtemps, une centaine d'années, excep-
tionnellement deux cent cinquante ans.
Son bois fragile pourrit rapidement en
milieu humide. Par son aspect extérieur, il
rappelle un peu le Pin sylvestre mais, à la
différence de celui-ci, ses branches sont
irrégulières, parce que le Pin de Banks
forme parfois plus d 'un verticille par an .
Les cônes surtout présentent une très
nette différence: chez le Pin de Banks, ils
poussent en général par deux. Grands de
3 à 5 cm, ils sont soit dressés, soit ils
s'écartent, mais ils sont souvent remar-
quablement tordus. Ils persistent sur l'ar-
bre plusieurs années et leur couleur bru-
nâtre initiale tourne au gris, puis gris
délavé. Leurs bractées se composent de
plaques luisantes, rhomboïdes et plates ;
le bouclier ne comporte pas d 'épine. Ses
aiguilles poussent par deux . Ce genre de
pin résiste non seulement au froid mais
aussi à la sécheresse ; il a été utilisé de
manière expérimentale pour le reboise-
ment des terres arides et des vieux terrils.
Dans les jardins, il est cultivé depuis
environ 1783.
Cet arbre plutôt petit, mesure de
8 à 25 m de haut, et sa croissance. est
irrégulière. C'est une essence ligneuse
pionnière. un r ameau avec
.J'infloresce nce mâle

87
Taxodiacées
Sciadopitys verticillata SIEB. e tZUCc. T axodiaceae

Sciadopitys verticillata représente un


conifère très intéressant. A l'origine, il
envahissait les forêts des massifs monta-
gneux dans les îles Honshu et Shikok, au
Japon. Le premier endroit où il ·a été
cultivé en dehors de son aire d'origine est
l'île de Java. Le premier exemplairè fut
introduit en Angleterre en 1853, mais il
a dépéri rapidement". Nous trouvons un
texte daté de 1859 le concernant en
Bohême. Dans les années 60, on a im-
porté ses graines plusieurs fois en Europe.
Mais sa culture reste problématique, car il
tolère malles rigueurs de l'hiver.
Le genre Sciadopitys verticillata diffère
beaucoup des autres conifères. Ses
« feuilles » forment des ensembles que
l'on définit diversement : soit on les
considère comme des doubles aiguilles
unies, parce qu 'elles présentent à la coupe
deux vaisseaux et quatre canons de bau-
me, soit on y voit de petits rameaux
à croissance limitée devenus des feuilles;
l'on observe parfois que la « feuille » se
ramifie en fourche au sommet pour for-
mer un nouveau verticille de « feuilles ».
La face supérieure des aiguilles, luisante,
représente, du point de vue morphologi-
que, la face inférieure des aiguilles indivi-
duelles. S. verticillata est une essence
ligneuse monoïque. Les chatons mâles
sont denses, pommés ; les chatons femel-
les sont individuels. Les cônes, dressés et
tendus, sont ovoïdes, obtus, gris-brun,
longs de 7 à 10 cm. Ils mûrissent au cours
de la deuxième année, et persistent sur
l'arbre. Les graines, longues d 'environ
1 cm, sont entourées d 'une aile membra-
neuse.
Cet arbre semper virens, avec un tronc
puissant, peut mesurer jusqu'à 40 m de
haut. Il constitue une curiosité qui a une
grande valeur de collection.

88
Taxodiacées
Taxodiaceae M etasequoia glyptostroboides
Hu et CHENG

Cette espèce représente un fossile vivant


parmi les conifères. On le classait habi-
tuellement parmi les Séquoias (Sequoia)
ou parmi les Taxodiacées (Taxodium). Ce
n'est qu'en 1941 que le Japonais S. Miki
a constitué le ,genre indépendant des
Metasequoias : mais il est resté persuadé
que ce genre ne comprenait que des
espèces disparues depuis longtemps. Tou-
tefois, la même année, T. Kahn a décou-
vert, dans la province chinoise de Sseu-
tch 'ouan, des arbres vivants qui présen-
taient toutes les caractéristiques du Meta-
sequoia fossile . En 1948, l'expédition de
E. D . Merrill et Chaney a pu collecter
dans cette région (plus précisément, dans
une population d ' un millier d 'individus,
dans la vallée de Shui Sa) des graines
qu'elle a envoyées dans les jardins botani-
ques du monde entier. Les exemplaireS
obtenus à partir de ces germes dans le
parc de Pruhonice (Tchécoslovaquie) me-
suraient 12 m en 1984 et le diamètre de
leurs troncs était de 35 cm.
C'est un arbre à feuillage caduc, dont
l'écorce s'étiole en plaques très minces.
Ses rameaux sont de deux sortes : les
longs, à croissance illimitée, situés aux
extrémités des branches et au sommet du
tronc, et les mésoblastes, à croissance
ümitée, qui se situent dans les aisselles des
auxiblastes poussant en contre-plan. Ces
derniers peuvent atteindre une longueur
de 8 cm. Les aiguilles sont décidues, soit
droites, soit courbées en serpe, longues de
10 à 35 mm. L 'endroit est bleuâtre, l'en-
vers étant vert-gris cendré. Elles sont
aussi placées en contre-plan. Les cônes,
longs de 18 à 25 mm , sont formés par
environ 25 écailles en contre-plan croi-
sées. Derrière chaque écaille, il y a de
5 à 8 graines à aile double. Metasequoia
est une essence ügneuse qui aime les sols
humides, d 'où sa dénomination locale en
« sapin des eaux » .
Cet arbre, haut de 35 m qui peut même
atteindre 50 m , à cime pyramidale pres-
que arrondie, représente une curiosité
botanique et constitue une essence ligneu-
se d 'avenir dans la culture des parcs.
l'arbre avec son fe uillage l'arbre sans son fe uillage
(e n é té) (en hi ver) .. ~

89
Cyprès chauve Taxodiacées
Taxodiaceae
Taxodium distichum RICH.

Le Cyprès chauve est une essence ligneuse


très ~ractéristique des forêts qui se for-
inflorescence mâle ment sur les substrats tourbeux, inondés
enfonnauon
et difficiles d'accès surtout dans le Sud des
États-Unis, sur le pourtour du Golfe du
Mexique. Mais il croît également près des
rivières au nord du Delaware jusqu'en
Floride. Cette espèce forme des peuple-
ments propres, homogènes, presque mo-
notones. Elle s'est bien adaptée aux inon-
dations prolongées par la création d'ex-
croissances droites, les pneumatophores,
hauts souvent de ·presque 1 m, qui dépas-
sent toujours le niveau du sol tourbeux ou
de l'eau. Bien qu'il s'agisse d'une essence
ligneuse hygrophile, son bois résiste aux
attaques des champignons : il est très
durable, bien que peu dur. Il ne se réduit
pas en séchant et est très approprié pour
les constructions hydrauliques où il dure
très longtemps. T. distichum vit de cinq
à six cents ans, avec des exceptions qui
remontent à 3000 ans. Dans le sud-est des
États-Unis, cette essence ligneuse repré-
sente une valeur d'exploitation. C'est
aussi l'une des espèces qui ont été intro-
duites très tôt en Europe, déjà en 1640.
Elles supportent très bien les rigueurs de
l'hiver européen.
Les jeunes arbres ont une ramification
profonde, les vieux spécimens ne sont
ramifiés que dans le tiers supérieur. L'é-
corce des troncs est craquelée et elle
s'écaille. Les rameaux sur les jeunes
branches sont d'abord verts, ensuite
bruns, et ils abritent des bourgeons ; les
rameaux inférieurs ne sont pas très longs,
10 cm à peine, ils sont dépourvus de
bourgeons et deviennent caducs en au-
tomne, de même que les feuilles . Les
aiguilles sont molles et plates. D 'un vert
clairuru sur les de~ faces, elles poussent
par deux. Les aiguilles écailleuses. sont
disposées sur les rameaux persistants en
forme d'hélices. Les cônes sont sphéri-
ques, longs de 2,5 à 3 cm et formés de 10
à 12 bractées. Les graines sont disposées
par deux derrière chaque écaille.
Cet arbre à feuillage caduc, de 40
à 50 m de haut, à la cime d'abord étroite et
vieil arbre jeune spécimen pyramidale ensuite paraploïdale et sphé-
avec son feuillage avec des sans son feuillage rique est une essence ligneuse exploitée
pne umatophores (en hive r)
dans le Sud-Est des États-Unis.

90
Taxodiacées
Taxodiaceae Séquoia à feuilles d'if
Sequoia sempervirens (LAMB.) ENDL.

Les essences ligneuses du genre Sequoia


vivent depuis toujours seulement dans
l'hémisphère Nord. Ils ont atteint leur
apogée pendant le Crétacé et, depuis, leur
nombre ne fait que diminuer. Aujour-
d'hui, ne subsistent que deux espèces: le
Séquoia à feuilles d'if (Sequoia sempervi-
rens) et le Séquoia géant ou Wellingtonia
(Sequoiadendron giganteum). Le Séquoia
à feuilles d'if est originaire d'une région
relativement petite en Californie qui
forme une bande étroite le long du littoral
du Pacifique. Il croît jusqu'à 900 m d'alti-
tude, sur les sols en pente, peu profonds,
et sur les terres alluviales profondes des
rivières. Il forme souvent des populations
mixtes avec le Sapin de Douglas, le Sapin
de Sitka, le Sapin géant et le Cyprès de
Lawson, mais rarement des peuplements
homogènes. En Europe, on le cultive
depuis environ 1840. Il résiste peu à la
rigueur de l'hiver continental et gèle
souvent. On peut néanmoins voir de
beaux arbres en Rhénanie, au Danemark
(à Laaland), en Irlande, en Cornouailles
et dans l'Invernesshire en Angleterre.
Les Séquoias à feuilles d'if sont des
arbres toujours verts, dont l'écorce rouge-
brun se détache en fibres et en écailles. Ils
ont des feuilles qui diffèrent en alternance
: s~ les pousses principales, elles sont
écailleuses, en position hélicoïdale ; sur
les rameaux latéraux en double. Elles sont
hachurées et ressemblent aux aiguilles du
Cyprès chauve. Sur la face intérieure, elles
portent deux bandes blanches formées par
les trachées. Ce sont des plantes monoï-
ques avec des cônes ovoïdes courts et
bruns, longs d'environ 2 cm, composés de
12 à 20 écailles. Ils arrivent à maturité
pendant la première année. Les graines
ont deux ailes spongieuses. Le bois du
Séquoia a une très grande valeur. C'est
une essence ligneuse d' une grande impor-
tance économique. Le Séquoia vit très
longtemps (plus de six à huit cents ans) .
De plus, il a une très grande capacité de
régénérescence et il est très résistant'aux
incendies de taillis.
C'est un arbre très haut qui peut mesu-
rer jusqu'à 110 m, et dont le tronc peut
atteindre des circonférences impression-
nantes alla nt jusqu 'à 25 m .

91
Taxodiacées
Séquoia géant, Wellingtonia Taxodiaceae
Sequoiadendron giganteum (LINDL.) BUCHH .

Jusqu 'à ce qu 'on ait découvert l'âge de


Pinus aristata, le Séquoia géant était
considéré comme l'arbre vivant le plus âgé
au monde. Pour mettre en valeur sa taille,
on a souvent utilisé les photos d'une
automobile passant au milieu de sa base
imposante ou encore un grand salon de
musique avec 40 personnes et un piano.
Le Séquoia géant, big tree américain, est
un arbre de montagne. Les restes de ses
peuplements ne subsistent aujourd'hui
qu 'au centre de la Californie, sur les
versants du massif de la Sierra Nevada. Il
y croît dans des altitudes avoisinant 1400
à 2400 m, en des endroits humides avec
une grande pluviosité, et à l'endroit où la
couche neigeuse persiste assez longtemps
pendant l'hiver. Le peuplement CaJave-
ras, où il a été découvert en 1841, se situe
dans la zone la plus septentrionale de son
aire de diffusion d'origine. Les premières
graines ont été envoyées en Écosse en
1852 et en Angleterre en 1853. Aujour-
d'hui, il croît dans plusieurs parcs d'Euro-
pe où les arbres les plus anciens ont
environ cent ans. Dans la nature, il vit de
quatre cents à mille cinq cents ans. Les
assertions qui avancent l'âge de quatre
mille ans demeurent discutables.
Les Séquoias géants ont des troncs très
hauts, la base de leur cime s'élargissant
d' une maruere caractéristique. Leur
écorce rouge-brun est d 'une épaisseur
remarquable pouvant atteindre jusqu'à
60 cm, profondément sillonneuse. Elle est
très molle, on peut la déformer par simple
pression de la main ; elle s'écaille en fines
écailles. Les branches sont organisées en
alternance. Les jeunes rameaux sont d'a-
bord bleu-vert, puis rouge-brun. Les ai-
guilles poussent sur les rameaux en triples
rangées d 'une manière hélicoïdale. Lon-
gues de 8 mm, eUes sont pointues et
adhèrent aux branches. Les cônes, d' une
forme typique ovoïdo-sphérique, peuvent
mesurer jusqu'à 8 cm. Leurs bractées
lignifiées sont très dures. Derrière chaque
écaille, se forment cinq graines ayant
chacune deux minces ailes.
Ce sont des arbres très hauts qui mesu-
rent de 90 à 145 m, dont la cime d 'abord
étroite et pyramidale, devient avec l'âge
ovoïde et obtuse, presque irrégulièr·e.

92
Taxodiacées
Taxodiaceae Cryptomeria japonica (L.f.)D.DON

Cette espèce est originaire du Japon et de


la Chine. Au Japon, son aire d'origine
s'étend sur l'île de Kyüshü et au nord de
l'île de Honshü, où elle forme des peuple-
ments homogènes en basse altitude, de
200 à 400 m, où des forêts mixtes (avec,
par exemple, Chamaecyparis obtusa ou
Thujopsis dolabrata) . En Chine, elle est
très répandue dans les provinces de Fu-
jian et Zhejiang. Cette essence .ligneuse
compte, à côté des épicéas, parmi les
essences les plus cultivées dans les jardins
chinois et japonais et elle est souvent
cultivée autour des anciens palais et des
lieux de culte. Cryptomeria japonica est
cultivé depuis des siècles, ce qui a bien sûr
influencé sa position actuelle dans la
nature. Les Cryptomerias originaires du
Japon et de la Chine sont souvent divisés
en deux variétés. La variété japonaise,
japonica, est cultivée dans le jardin
botanique de Kew depuis 1842, tandis
que la variété chinoise, sinensis, fut intro-
duite par la Royal Horticultural Society en
1844.
C'est une essence ligneuse toujours
verte, à branches verticillées, avec une
écorce compressible qui se détache par
bandes. Ses aiguilles poussent en écouvil-
lon, formant en apparence cinq rangées
verticales. Elles sont légèrement cour-
bées. Les chatons mâles oblongs forment
de courts épis à l'extrémité des petites
branches. Les chatoris femelles poussent
également au sommet des branches cour-
tes, mais individuellement. Les cônes sont
sphériques, ils mûrissent dès la première
année et persistent sur l'arbre après le
relâchement des graines. Le cône est
formé d'une trentaine de bractées ligni-
fiées avec des excroissances rigides et
pointues sur le bord supérieur. Bien qu'il
s'agisse d'une essence ligneuse assez peu
résistante, on peut la cultiver en Europe,
dans des endroits protégés, où elle arrive
même à produire des graines viables. Ce
sont des arbres assez majestueux dont la
taille atteint de 30 à 50 m, avec un tronc
fort et une cime pyramidale et dense.
L'espèce a une valeur de collection.

93
Thujopsis dolabrata (L. f.) SIEB. et Zucc.
Cupressacées
Cupressaceae

Bien qu'il reste difficile de différencier


les nombreuses espèces et même les
nombreux genres de la sous-famille des
Thuyacées, Thujopsis dolabrata du Japon
représente une exception remarquable.
La construction de ses feuilles est bien
caractéristique : elles sont écailleuses,
rigides, placées en contre-plan, dessus
vert foncé et luisantes, avec un dessin
blanc clair en dessous formé par les taches
blanchâtres des trachées. Ses rameaux
sont très aplatis; ses branches sont dispo-
sées à l'horizontale. Les cônes mâles
foncés sont terminaux, de même que les
chatons femelles, formés de 8 à 10 brac-
tées dont les plus hautes et les plus basses
sont improductives. Les cônes sont pres-
que sphériques, formés de 8 bractées
lignifiées avec une bosse courbée. Les
graines sont ailées.
Cette espèce est originaire du Japon où
elle est présente en deux variantes : la
variété hondai se présente comme un
arbre qui vit au nord et au centre de l'île de
Honshü , où il forme des forêts unies. La
variété dolabrata est plus petite, plutôt
arbustive, et elle vit surtout au sud de l'île
de Honshü. Cette dernière est aussi plus
cultivée que la première. La première
plante vivante de cette espèce fut intro-
duite en Hollande à Leiden en 1853, mais
seules les plantes introduites plus tard, en
1859 et 1861, ont survécu. Thujopsis
do/abrata est une plante ornementale, qui
se développe au maximum sur les sols
humides et nutritifs. TI résiste aux basses
températures, mais supporte moins bien
le climat des villes. En Europe, il se
multiplie surtout de manière végétative,
à partir des pousses coupées, mais il forme
rarement une tige unique que l'on peut,
cependant, obtenir en donnant la préfé-
rence à une seule pousse.
C'est soit un arbre à cime pyramidale,
qui peut atteindre une trentaine de mètres
de haut, soit un arbuste touffu.

94
Cupressacées
Cupressaceae Faux-Cyprès, Thuya d'Occident
Thuja occidentalis L.

Le Thuya d'Occident représente vraisem-


blablement l'essence ligneuse d'Améri-
que du Nord la plus répandue dans les
parcs, les jardins et les cimetières d'Euro-
pe. Sa propagation si importante est sans
doute le résultat de son introduction
précoce en Europe. C'est une des premiè-
res essences ligneuses importées du Nou-
veau Monde en Europe (probablement en
1536 en France). A l'origine, il était
répandu seulement dans l'est de l'Améri-
que du Nord, en Nouvelle-Écosse et au
Manitoba jusqu'au massif des Appala-
ches, en Virginie, en Caroline du Nord et
dans l'lllinois. C'est une essence ligneuse
hygrophile, qui croît sur les terres bour-
beuses et alluvionnaires, soit dans des
populations homogènes, soit mêlée avec
des frênes, des érables, des épicéas noirs,
des sapins baumiers et des bouleaux
jaunes. Pour sa culture en Europe, il ne
faut pas oublier sa préférence pour les
substrats humides. L'espèce Thuja occi-
dentalis est assez changeante, on cultive
plusieurs formes horticoles qui se diffé-
rencient tant par leur taille que par leur
couleur et leur système de feuillage.
Le Thuya d'Occident se différencie des
autres essences ligneuses surtout par ses
cônes: à la maturité, ils s'ouvrent par lé
sommet. Les graines ont deux rebords
étroits et pelliculaires. L 'écorce du Thuya
d'Occident est rouge-brun et elle s'écaille
en longues bandes. Les rameaux sont
plats, vert plus foncé sur le dessus, vert
clair sur le dessous, mats et sans texture.
Ses feuilles sont écailleuses, acuiformes au
stade juvénile, sur la branche principale,
elles sont assez espacées, assez rappro-
chées sur les branches latérales, portant
souvent des glandes résineuses bien visi-
bles. Les cônes sont allongés, longs d'en-
viron 8 mm, brun clair ; ils ont 8 à 10
bractées. Son bois est très apprécié. TI ne
réduit pas et on l'utilise pour la construc-
tion navale et pour la construction hy-
draulique en général. C'est un arbre aussi
bien à tige unique qu'à tiges multiples,
avec une cime ovoïde et des branches
étendues, qui peuvent mesurer 20 m de
haut.

95
Thuya géant, Thuya de Lobb
Cupressacées
Cupressaceae
Thuja plicata D . DON

Il est très répandu en Alaska et dans l'île


de Sitka, en Colombie britannique, ainsi
que dans l'Oregon et l'Etat de Wa-
shington jusqu'en Californie (entre le 60·
et le 40 e parallèle). A l'Ést, il va jusqu'au
Nord du Montana et de l'Idaho, où il se
mêle souvent avec le Sapin de Douglas.
Ces deux espèces constituent les essences
ligneuses les plus exploitées dans l'Ouest
des États-Unis. Son bois est clair et sec,
assez aromatique, facile à travailler et
assez durable. Les populations de Thuya
géant ont dû subir de grands assauts
d'exploitation au début du siècle; ce bois
représentait en effet, une source presque
unique de matière première pour la fabri-
cation de poteaux télégraphiques et des
traverses de voies ferrées . Il croît sur les
sols humides, souvent près des marais,
jusqu'à des altitudes avoisinant 2100 m
dans les montagnes Rocheuses .
L'écorce du Thuya géant, rouge-brun,
couleur cannelle, s'écaille en longues ban-
des . Ses branches horizontales sont relati-
vement petites, surtout par rapport à la
hauteur de l'arbre. Ses rameaux sont
presque ovales, fournis en feuilles écail-
leuses en contre-plan croisé. Sur les
branches principales, elles sont plus poin-
tues que sur les branches latérales. Les
feuilles sont, sur le dessus, luisantes, vert
foncé, comme vernies et, sur l'envers,
mates avec une texture blanche bien
apparente. Après le broyage, elles déga-
gent une odeur agréable de résine. Ses
cônes sont semblables à ceux du Thuya
d'Occident, mais plus grands. Brun clair,
longs d'environ 12 mm, ils arrivent à ma-
turité dès le printemps de la première
année. Les graines sont serrées, bordées
de deux ailes étroites.
Le T huya géant fut introduit en Europe
au cours des années 1853-1854.
C'est un arbre assez robuste avec un
système de branches plissé, à cime pyra-
midale et étroite, qui atteint jusqu'à 60 ID
de hauteur. Cette essence ligneuse, im-
jeune exemplaire portante du point de vue économique,
a aussi une valeur ornementale.
vieil a.rbre vivant au sein d 'un
peuplement continu dans son aire
de distribution d 'origine en
Amérique du Nord

96
Cupressacées
Cupressaceae Thuya d'Orient
Thuja orientalis L.

On classe parfois le Thuya d'Orient dans


un genre indépendant, le Biota, parce qu'à
la différence du Thuya d'origine, ses cônes
sont plus charnus et ses graines dépour-
vues d'ailes. Ses rameaux sont, en général,
verticaux, et d'une couleur presque uni-
forme. L 'écorce est mince, rouge-brun, et
s'écaille en bandes sur les troncs plus âgés.
Ses feuilles écailleuses sont les plus petites
parmi les thuyas : elles sont étroites, très
pointues, et n'ont aucune pellicule cireu-
se. Sur les branches latérales, elles adhè-
rent très étroitement; sur les branches
principales, elles se terminent par une
pointe écartée. Ses cônes sont ovoïdes,
longs de 1,5 à 2,5 cm : d'abord bien
pulpeux, d'une couleur bleuâtre, ils se
dessèchent par la suite. Généralement, ils
sont formés par 6 fortes bractées, dont
chacune se termine par une épine
crochue. Derrière chaque écaille il
y a deux graines.
Le Thuya d'Orient est très répandu en
Chine et sur la presqu'île de Corée. Il a été
introduit en Europe (à Leiden, aux Pays-
Bas) en 1690, mais sa culture massive ne
date que du milieu du XIX e siècle. En
Orient, par contre, cette essence ligneuse
est cultivée depuis des temps très anciens,
surtout dans les jardins japonais. En
Europe, il est très prisé pour la composi-
tion des jardins à l'Est de la Méditerranée
et dans les pays riverains de la mer Noire.
li est moins résistant en Europe de l'Ouest
et du Nord, où il est souvent remplacé par
le Thuya d'Occident. Son bois est rigide et
odoriférant, mais son exploitation est peu
rentable, à cause de la minceur de ses
troncs. C'est un arbre de taillis ou plutôt
de taille arbustive, possédant un ou plu-
sieurs petits troncs, haut de 5 à 10 m. En
Angleterre, il atteint jusqu'à 15 m.

97
Cupressacées
Cèdre de Californie Cupressaceae
Libocedrus decurrens TORR .

Cette essence ligneuse élancée qui res-


un cône m ûr ouvert semble au cèdre si bien que, dans le
langage courant, elle porte son nom, non
seulement en franr;ais mais aussi en alle-
mand - des Fluszeder, et en anglais
- Incense cedar, n'a en réalité rien de
commun avec celui-ci, de même que le Pin
cembro et ses fruits. Libocedrus decurrens
est originaire de l'Ouest des États-Unis,
des massifs montagneux de la Californie
et de l'Oregon, et en partie aussi du
Nevada et de la partie mexicaine de la
presqu'île californienne. TI croît sur les
sols humides aussi bien au fond des vallées
que jusqu'à 2700 m d 'altitude, souvent
mêlé avec le Sapin du Colorado. Son bois
est utilisé comme matière première pour
la fabrication de crayons (d'où la désigna-
tion de ce bois comme « bois de cèdre du
type Incense cedar », ou seulement bois
incense), à la place du Genévrier de
Virginie déjà rare (Eastern red cedar), uti-
lisé jadis sous la dénomination de « bois
rouge de cèdre » . L. decurrens diffère des
au tres espèces du genre par ses graines qui
ont deux ailes différentes, la plus longue
étant beaucoup plus allongée. Les cônes,
qui ressemblent à ceux de!! thuyas, ne
portent que deux bractées fertiles, les
autres restant stériles. Les cônes longs
d'environ 2 cm sont pendants, et leurs
écailles portent, sous le sommet, une
petite épine. Les rameaux ne sont larges
que de 2 mm ; ils sont vert foncé et plats.
Les feuilles, couvertes d'écailles, sont
adhérentes, elles s'écartent seulement un
peu au sommet et deviennent plus poin-
tues. Après le broyage, leur odeur rappel-
le celle de la Sabine. Le Cèdre de Califor-
nie n'est cultivé que depuis la deuxième
moitié du xrx e siècle (en Angleterre
depuis 1853). C'est une essence ligneuse
d'une très grande valeur pour les cultures
de jardin, avec un habitus remarquable
qui rappelle les cyprès majestueux de la
Méditerranée. TI supporte des gelées
allant jusqu'à -30 oc.
C'est un arbre élancé qui dresse sa belle
pyramide jusqu'à 45 m de haut.

98
Cupressacées
Cupressaceae Cyprès commun
Cupressus sempervirens L.

Le Cyprès commun est l'une des essences


ligneuses les plus connues de la Méditer-
ranée. C'est le symbole éternel de cette
région d 'où il est par~ dans presque tous
les pays chauds du monde. C'est une
essence ligneuse d 'une grande longévité
qui vit plus longtemps que les.civilisations
où elle a germé : certaines sources men-
tionnent des individus âgés de presque
deux mille ans. -
On considère comme sa zone d'origine
le Nord de l'Iran, l'Asie Mineure et les îles
de Chypre, de Crète et de Rhodes. C'est
une essence ligneuse phylogénétiquement
très ancienne. Elle a vécu déjà pendant le
Pliocène, comme le prouvent des décou-
vertes faites en Bulgarie et en Pologne.
Le rhytidome des Cyprès, gris-brun,
mince est peu craquelé. Leurs rameaux se
différencient des autres cupressacées par
leur forme : à la coupe, ils apparaissent
quadrangulaires. Les feuilles sont allon-
gées, obtuses, déprimées et imbriquées,
de couleur vert foncé. Les cônes sont aussi
grands que des noix du Noyer commun;
de forme ovoïdo-sphérique, ils pendent
sur les rameaux courts. Ils sont formés par
8 à 14 écailles. Chaque bractée porte plus
de deux graines qui sont munies d' une aile
étroite et ronde. Sa croissance la plus
connue, en colonne étroite, n'est pas une
forme unique de croissance des vrais
cyprès. C'est l'apparence de la variété
stricta, tandis .que l'habitus de la variété
horizontalis rappelle plutôt les cèdres. Ils
sont cultivés depuis des ~illénaires mais,
dans les zones septentrionales, ils ne
supportent pas les rigueurs de l'hiver. On
les fait alors pousser dans des serres.
Toutefois, ils ont été cultivés à l'air libre
à Kew, en Angleterre, et dans l'île de
Mainau, sur le lac de Constance.
C'est un arbre haut de 20 à 30 m, à cime
soit étroite et pyramidale, soit large et
presque paraploïdaJe.

habitus pyramidal,
le plus connu , du Cyprès

habitus nature l,
moins connu, du Cyprès

99
Cupressacées
Cyprès de N ootka Cupressaceae
Chamaecyparis nootkatensis (D.DoN) SUDW.

Les principaux traits de différenciation


entre les genres Chamaecyparis et Cu-
pressus, assez proches, résident dans leurs
cônes. Les cônes des · Chamaecyparis sont
petits, ils arrivent à la maturité, pour la
plupart, déjà la première année et, derriè-
re chaque bractée, il n'y a que deux
graines avec des ailes assez larges et fines .
Les rameaux aussi diffèrent : chez les
Chamaecyparis, ils sont, à la coupe, re-
marquablement aplatis.
Le Cyprès de Nootka possède des
petites branches rondes ou faiblement
quadrangulaires, toujours organisées sur
le même niveau. Leurs feuilles sont d'un
vert égal des deux côtés, écailleuses,
parfois un peu pâles en dessous. Les
branches, montantes, sont étendues ; les
petites branches supérieures, pendantes,
sont habituellement organisées à la verti-
cale, si bien que, de loin', elles peuvent
donner l'impression de larges franges. Les
feuilles écailleuses adhèrent d'une maniè-
re très étroite, elles ne s'écartent que sur
les ramules supérieurs. Leur crête est soit
comme une quille, soit ovale. Les chatons
mâles sont jaunes, les cônes sphériques,
longs d'environ 1 cm, rouge-brun,
poudrés. Ils arrivent à maturité au prin-
temps de l'année suivante. Ils sont formés
par 4 à 6 écailles avec des excroissances
droites et pointues. Le bois du Cyprès de
Nootka présente des propriétés excep-
tionnelles. Il est très durable, jaune et
odorant.
Le Cyprès de Nootka vit sur le littoral
Ouest du Grand Nord américain. Il croît
abondamment autour de la baie de
Nootka, sur les îles du Nord et sur le
littoral de l'Alaska, en Colombie britanni-
que et près des bords de l'Oregon. Plus
loin à l'intérieur des terres, il croît aussi
dans le massif des Cascades, au 44° degré
de latitude Nord, habituellement sur les
sols humides, sablonneux et sur les terres
alluviales. Il n'est venu en Europe que
dans les années 1850- 1854, en Angleter-
re. Il est cultivé assez souvent dans les
parcs. C'est un arbre haut d'environ 40 m,
à cime pyramidale étroite, qui a des
petites branches pendantes, disposées à la
verticale. Cette essence ligneuse est éco-
nomiquement importante pour l'Alaska.

100
Cupressacées
Cupressaceae Cyprès de Lawson
Chamaecyparis lawsoniana (A. MURR.) PARL.

Le Cyprès de Lawson compte parmi les


cyprès qui ont la face inférieure des dessin sur le revers
feuilles marquée par une texture bleuâtre.
Les feuilles situées sur les bords des
ramules sont plus grandes, carénées, l'en-
semble est bien adhérent avec les pointes
écartées. Les taches blanches, pas tou-
jours apparentes, suivent les rebords des
feuilles latérales. Les branches de ce
cyprès sont écartées, mais relativement
courtes. Les petites branches supérieures
sont distribuées à l'horizontale, de maniè-
re superficielle. Ce trait de différenciation
assez caractéristique le distingue des
cyprès semblables, comme le Cyprès de
Nootka dont les branches présentent une
distribution plus verticale. Le Cyprès de
Lawson diffère également par ses chatons
mâles qui sont rouges. Les jeunes chatons
femelles sont d'un vert métallique. Les
cônes sont sphériques, grands de
8 écailles, avec des excroissances pointues
retournées vers l'arrière. Les graines pres-
que sphériques sont ailées. Son bois est
léger, durable et odoriférant. Il contient
une huile qui était utilisée jadis comme
substance médicale diurétique. Elle agit
même par simple inhalation pendant les
travaux de façonnage de ce bois! Le
Cyprès de Lawson est originaire de
l'Ouest de l' Amérique du Nord, d'une
petite région près du Pacifique, située au
Sud-Ouest de l'Oregon et au Nord-Ouest
de la Californie. Il est très répandu dans
les vallées de montagnes qui sont encor~
accessibles à l'air humide de l'océan. Il fut
introduit en Europe en 1854 dans les
jardins de culture de Lawson à Edim-
bourg. C'est une essence ligneuse assez
variable, aussi bien dans sa croissance que
dans la forme de son feuillage. Jusqu'à
présent, on a décrit plus de 200 de ses
formes horticoles.
Cet arbre pyramidal et étroit, haut de
40 à 60 m, est une essence ligneuse
ornementale remarquable, qui résiste aux
basses températures, utilisable également
pour les cultures forestières dans les pays habitus du solitaire des parcs
à climat océanique.

habitus des peuple ments naturels

101
Cupressacées
Cyprès Hinoki Cupressaceae
Chamaecyparis obtusa (SlEB. et ZUCc.) ENDL.

La plupart des Européens ne connaissent


cette espèce que dans sa forme horticole
'Nana Gracilis' (voir le détail en cou-
leurs) . Dans la nature, il croît comme un
arbre robuste, surtout dans le massif
montagneux de Kisso au Japon. Il
y pousse au fond des vallées, sur les
substrats volcaniques désagrégés et sur les
terres siliceuses. Il compte parmi les
5 essences ligneuses les plus importantes
du point de vue économique au Japon .
Son bois servait à la construction de lieux
de culte et des paJais de la noblesse. Ses
formes naines sont très appréciées en
Europe mais surtout au Japon, parce qu 'il
fait partie des essences ligneuses souvent
feuillage agrégé du cultivar · Nana utilisées pour la formation des bonsaï. Il
. . . .~ Gracilis'
est parvenu en Europe en 1861, en
Angleterre en même temps qu'en Hollan-
de. La face inférieure de ses feuiUes porte
des marques blanches bien apparentes en
forme de X. Ses feuilles d'une forme
manifestement obtuse, vert foncé sur le
dessus, adhèrent bien sur les ramules. Ses
branches sont souvent disposées en forme
d'éventail. Mais les feuilles situées sur les
petites branches principales de croissance
sont plus longues, plus pointues, parfois
même courbées en forme de serpe. Les
cônes poussent individuellement sur de
courts pétioles. Ils sont sphériques, ne
dépassent pas, à la maturité, la longueur
de 1 cm. Brun orangé, ils sont formés de
8 à 12 bractées, aplatis au sommet, ils
portent une courte pointe. Les graines ont
une aile étroite.
A Formose, croît une variété très haute,
formosana, qui n'est que rarement culti-
vée en Europe (à Bayfordbury, en Angle-
terre, depuis 1910). Jusqu'à présent, on
dessin typique de la face inférieure a formé une soixantaine de formes horti-
du ranleau
coles surtout au Japon, tandis qu'en Occi-
dent 15 de ces formes seulement se
maintiennent dont 13 naines. C'est un
arbre largement pyramidaJ, haut d'envi-
ron 40 m. Au Japon, cette essence ligneu-
se revêt une importance économique
considérable.

102
Cupressacées
Cupressaceae Cyprès à pois
Chamaecyparis pisifera (SIEB. et Zucc.) ENDL.

Le nom même de cette espèce évoque un


trait de différenciation très caracté-
ristique : ses petits cônes, longs d'environ ra mule d u cultivar ' Filife ra '
6 mm, rappellent des petits pois. Ce gen-
re, dans sa forme naturelle, se distingue
très facilement des autres espèces parce
que ses feuilles sont presque identiques
sur les faces et sur les bords des petites
branches. Elles adhèrent librement et sont
les plus pointues de toutes. La texture de
la face inférieure est aussi la plus
apparente; ce sont des taches triangulai-
res blanches et non seulement des tracés
en forme de X. Les feuilles broyées
dégagent une odeur de résine. Le rhytido-
me des troncs plus âgés, rouge-brun, reste
lisse, mais il s'écaille en fibres et en bandes
très étroites. Les cônes sont formés par 10
à 12 bractées, un peu enfoncées, avec un
petit mamelon.
Le Cyprès à pois est une essence ligneu-
se des montagnes japonaises où il croît
entre 400 et 1700 m d'altitude sur les
0 0
latitudes Nord situées entre les 30 et 34
parallèles. C'est une plante trèshydrophi-
le qui vit dans la nature sur les terres
alluvionnaires au fond des vallées. Il a un
beau bois rouge-jaune, moins prisé ce-
pendant que celui du Cyprès Hinoki. Il
était jadis utilisé aussi bien pour la con-
struction navale que pour la construction
hydraulique et qu 'en menuiserie. li a trou-
vé également sa place dans les cultures des
bonsaï.
Il est arrivé en Europe avec le Cyprès
Hinoki. C'est une essence ligneuse très
changèante. On l'utilise à des fins orne-
mentales dans les jardins. O n dénombre
déjà, uniquement en Europe, une soÏJl'an-
taine de cultivars, parfois de forme assez
bizarre, parfois avec des systèmes de
feuilles différents (voir les groupes de
cultivars 'Filifera' et 'Plumosa').
C'est un arbre largement pyramidal
avec des branches espacées qui atteint,
dans la nature, des hauteurs de 25 à 50 m.

ramule du cultivar ' Plumosa '

103
Cupressacées
Genévrier commun Cupressaceae
Juniperus communis L.

Les Genévriers sont des essences ligneu-


ses à feuilles aculéiformes qui diffèrent
des autres conifères surtout par leurs
pseudo-fruits: les écailles des inflorescen-
ces femelles sont charnues, semi-pulpeu-
ses et rappellent des globules. Elles ont
une dénomination spéciale : les galbules
(ga/bu/us). Ses parois se sont formées par
une croissance jointe des écailles qui
enveloppent directement les graines. Les
Genévriers se divisent en une soixantaine
d'espèces qui vivent dans l'hémisphère
Nord où ils dépassent même le cercle
polaire, en Amérique Centrale et au
Nyassaland en Afrique.
Le Genévrier commun appartient à la
section des oxycèdres (Oxycedrus). L'en-
semble de ses membres a des feuilles
aculéiformes, formées en triples verticil-
les. Elles ont toutes la face supérieure
marquée par les bandes blanches des
trachéides. Ces bandes forment chez le
Genévrier commun une texture unie plus
large que les rebords verts de l'aiguille.
Les branches de ce genre de plante sont
pour la plupart redressées et les aiguilles
piquantes. Les fleurs sont dioïques. Les
pseudo-fruits verts pelliculaires sont
sphériques, longs de 5 à 9 mm. Ils arrivent
à maturité dès la deuxième ou la troisième
année. Ils sont alors bleu-gris cendré et
enferment trois graines triangulaires et
obtuses. Ils contiennent des essences na-
turelles, des résines, des acides, des sucres
et des acides organiques. L'essence natu-
relle ainsi que le bois ont des effets
diurétiques, on les utilise pour désinfecter
les voies urinaires ..
Le Genévrier commun vit sur l'ensem-
ble de la zone tempérée de l'hémisphère
Nord, au sud jusqu'en Afrique du Nord ,
au sud-est jusqu'à l'ouest de l'Himalaya.
Il forme plusieurs races géographiques qui
sont parfois considérées comme des espè-
ces indépendantes. La première trace qui
concerne sa culture, date de l'année 1560.
C'est un arbre élancé à troncs multiples,
qui atteint jusqu'à 12 m de haut, mais qui
vit le plus souvent dans sa forme arbusti-
ve. C'est une essence ligneuse pionnière
très importante dans la formation des
reliefs naturels, assez plastique du point
de vue écologique.

104
Cupressacées
Cupressaceae Genévrier de Chine
Juniperus chinensis L.

Juniperus chinensis est un genre de la


section des Sabina qui présente une
double forme de feuillage. Il possède à la ramule fructifè re

fois des feuilles aculéiformes qui poussent


par trois tout au long des petites branches
et des feuilles à écailles. Les feuilles
aculéiformes poussent, en général, sur les
ramules plus jeunes, les feuilles à écailles
sur les petites branches plus âgées. Les
feuilles aculéiformes sont rigides et pi-
quantes longues de 8 à 16 mm. Les
feuilles à écailles ont un sommet obtus et
elles adhèrent sur les petites branches à la
coupe ovale. C'est une essence ligneuse en
général dioïque, ou monoïque par excep-
tion. Ses fruits ont des formes très chan-
geantes. Ils sont poudreux, de couleur
bleu-blanc. Ils arrivent à maturité pen-
dant la deuxième année et contiennent
2 ou 3 graines.
Juniperus chinensis est originaire d'une
zone qui couvre les provinces chinoises de
Cu-peï, Shen-si, Sseu-tch'ouan, de Mon-
golie, de Mandch9urie, la Corée et le
Japon. C'est une essence ligneuse cultivée
déjà depuis des siècles, surtout dans ses
formes arbustives et naines. Ch. Linné
a décrit cette espèce selon l'exemplaire
qui vivait déjà avant 1767 dans son jardin
à Uppsala. Le jardin de Kew, en Angle-
terre, possède le premier exemplaire de-
puis 1804. Aujourd'hui, on distingue au
moins une soixantaine de ses formes
horticoles, dont par exemple 'Pfjtzeriana'
compte parmi les espèces les plus cultivées
dans nos jardins.
L'horticulteur américain Van Melle
étudia minutieusement J. chinensis ainsi
que ses différentes formes horticoles. Il
est arrivé à la conclusion qu 'une partie de
ceux-ci sont des hybrides résultant de
croisements avec le J. sabina. lis dégagent
une odeur typique de sabinène. Ces hybri-
des ont reçu alors le nom de Genévriers
intermédiaires (J. x media) , parmi les-
quels on classe 'Pfitzeriana'. silho ue tte de J. x m edia
Juniperus chinensis se présente soit
comme un arbre élancé, mince et pyrami-
dal, soit comme un arbuste assez large.
C'est une essence ligneuse ornementale,
qui peut être aussi très appropriée, dans
quelques-uns de ces cultivars, pour les
régions où l'atmosphère est polluée. silho ue tte de J. chinensis

105
Cupressacées
Genévrier de Virginie Cupressaceae
Juniperus virginiana L.

On a décelé très tôt, après la découverte


de l'Amérique, que le bois de l'espèce
Eastern red cedar rouge saumâtre avait
très grande valeur. En effet, bien qu'il soit
fragile, il est très durable. On l'a utilisé
pour la fabrication des crayons classiques,
en cosmétique, en ébénisterie et en revê-
tement mural. Une partie de son bois était
utilisée également pour la distillation d 'u-
ne huile dite « huile de cèdre », parce
qu'on l'appelle d ' une manière populaire
et impropre « Cèdre de Virginie ». Ainsi,
ces peuplements, jadis très étendus dans
l'Est de l'Amérique du Nord entre la baie
d 'Hudson et la Floride, jusqu'au Nou-
veau-Mexique, et aux montagnes Ro-
cheuses, se sont dangereusement réduits.
Mais, dans l'immédiat, cette espèce n'est
pas encore en danger d 'extinction, car elle
croiÎt actuellement dans presque tous les
jardins de la zone tempérée de la planète,
non seulement dans sa forme d'origine
mais aussi dans les nombreuses formes
horticoles dont on compte une soixantai-
ne environ. Ce genévrier aurait probable-
ment été introduit en Europe avant 1664.
Plus tard, on l'expérimenta aussi comme
culture forestière de remplacement sur les
terres des ducs de Lichtenstein, en Mora-
vie du Sud.
Ce genévrier possède deux types
d 'aiguilles: des aiguilles aculéiformes qui
poussent sur les ramules en. général par
deux, et des feuilles à écailles acérées. Les
petites branches cylindriques sont remar-
quablement étroites, d'une épaisseur de
1 mm à peine. Quelques formes horticoles
de cette espèce ont une propriété très
caractéristique: pendant la période qui
marque la fin de l'hiver et le début du
printemps, ses petites branches terminales
prennent une couleur rougeâtre. Ses fruits
sont petits et menus, longs d'environ
5 mm. De forme ovoïdo-sphérique, bleus
et poudreux, ils arrivent à maturité la
première année et ne renferment qu'une
ou deux graines. C'est un arbre haut d'une
trentaine de mètres, à cime pyramidale
étroite, parfois désagrégée . Ses formes
horticoles ne sont souvent qu'arbustives.
Cette essence ligneuse revêt une impor-
tance économique dans l'Est des États-
Unis.

106
Cupressacées
Cupressaceae Juniperus horizontalis MOENCH .

Cet arbrisseau a soit de courtes branches


latérales qui montent en oblique, soit un
ensemble de branches disposées plus ou
moins près du sol. On l'a trouvé en
Aménque du Nord où il se répand de la
Nouvelle-Écosse jusqu'à la province
d 'Alberta, et, au Sud, jusqu'au New Jer-
sey, au Minnesota et au Montana. n
pousse sur des sols sablonneux ou rocheux
soit sur les bords de grands lacs ou de
fleuves. Ses feuilles en général squatéifor-
mes se terminent en pointe ou en arête.
Pendant la saison de croissance, elles sont
bleu-vert ou d'un gris-bleu métallique,
tandis que pendant l'hiver et juste avant le
printemps, elles deviennent soit de cou-
leur bronze, soit rougeâtres aux extrémi-
tés. Mais sur les arbrisseaux poussent
également des feuilles aculéiformes qui
descendent plus souvent par deux que par
trois le long des branches. Ses fruits, longs
de 6 à 9 mm, se situent sur les ramules
pendants. Ils arrivent à maturité au cours
de la deuxième année et contiennent de
2 à 3 graines. Ce genévrier représente une
essence ligneuse assez changeante. On
dénombre, aujourd'hui déjà, une vingtai-
ne de ses formes horticoles. Il fut introduit
en Angleterre aux environs de 1830. C'est
un genre que l'on cultive assez souvent. n
est utilisé comme plante de couverture,
surtout pour les remblais, les pentes des
jardins et autres endroits similaires. Les
Genévriers se multiplient en général très
bien d ' une manière végétative, par les
coupes de pousses de préférence en juillet
et en août. Dans les cultures modernes
bien équipées, on peut le couper toute pousses jeunes, en hiver
ro uge- violet
l'année pour obtenir des pousses. Chez
J. horizontalis, on voit parfois les vieilles
branches s'enraciner. Elles peuvent ainsi
être très facilement" séparées de l'ensem-
ble d'origine. Cet arbrisseau avec des
branches qui se redressent ne dépasse
toutefois qu'exceptionnellement la hau-
teur de 1 m.

107
Cupressacées
Sabine Cupressaceae
Juniperus sabina L.

La Sabine est une plante qui était souvent


cultivée dans les jardins des monastères.
On en trouve des preuves indiscutables
déjà avant 1580. Son utilisation comme
plante médicù;1ale pose de nombreux pro-
blèmes, parce qu'elle compte parmi les
plantes abortives abondamment utilisées.
Elle provoqua le sabinisme, intoxication
grave, accompagnée d'hémorragies des
voies digestives et de lésions rénales.
L'essence naturelle du genévrier contient
un agent réactif, le sabinole. TI suffit de
6 gouttes seulement pour provoquer la
mort. Les extrémités des jeunes ramules
séchées servaient égaJement comme dro-
gue ; on les ajoutait aussi dans l'ab-
sinthe.
La Sabine est très répandue dans les
massifs montagneux d 'Europe, des Pyré-
nées, en passant par l'Europe centrale et
méridionale jusqu'en Crimée, au Caucase
et, par l'Oural, au Sud de la Sibérie et en
Mongolie. En Europe centrale, on le
considère comme un « survivant » de la
période interglaciaire Riss Würm.
C'est un arbrisseau bas qui forme de
larges populations de corps multiples. il
a des branches ascendantes avec de petites
branches supérieures denses, couvertes de
feuilles squamiformes adhérentes, en
contre-plan, longues de 5 à 6 mm. Les
feuilles aculéiformes n 'apparaissent que
sur quelques petites branches. Elles sont
alors en triple verticille. Après le broyage,
les ramules sentent le sabinole d'une
manière assez typique. La sabine est en
général dioïque, moins souvent monoï-
que. Ses fruits globuleux, longs de
5 à 7 mm , couverts d' une cire, se placent
sur les petites branches pendantes. ils
arrivent à maturité pendant le printemps
de l'année suivante et renferment de
1 à 4 graines. La sabine est souvent
utilisée dans les jardins. Il existe déjà une
vingtaine de cultivars environ dont le plus
connu est sûrement le 'Tamariscifolia',
arbrisseau assez bas, de 80 à 100 cm, avec
des branches qui se redressent en courbes.
Attention, il est vénéneux !

108
Magnoliacées
Magnoliaceae Magnolia de Soulange
Magnolia x soulangeana SOUL.

Bien que la plupart des Magnolias, qui


forment environ 35 espèces, soient origi-
naires d'une part d'Amérique centrale et
d'Amérique du Nord, d'autre part de l'Est
de l'Asie et de l'Himalaya, ces plantes
restent très étroitement liées avec la
France. Leur nom même rend hommage
à Pierre Magnol, directeur du Jardin des
Plantes de la ville de Montpellier, qui
y vécut de 1638 à 1715. Le plus connu des
Magnolias, le Magnolia de Soulange, est
un hybride créé à Fromont, dans le jardin
de M. Soulange-Bodin, par le croisement
de M. denudata et de M. liliiflora.
Le Magnolia de Soulange est un arbuste
à feuillage caduc. Ses feuilles, longues de
10 à 15 cm sont ovales, presque ellipti-
ques, duveteuses en dessous. Mais la plus
grande qualité ornementale de cet arbuste
réside dans ses fleurs dressées droites en
forme de tulipes, qui poussent bien plus
tôt que les feuilles. Elles sont bisexuées,
à rayonnement régulier, avec des périan-
thes remarquables. Composées habituel-
lement de neuf pétales, elles poussent
d'une manière hélicoïdale, mais les péta-
les sont tellement serrés qu'ils apparais-
sent comme organisés en trois cercles. La
face inférieure des pétales extérieurs est
blanche, mais en général marquée par une
mince bande de couleur violette. Les fruit en forme de cône
pétales intérieurs sont en général violets (
à la base et leur bande centrale est aussi 1

plus large. A l' intérieur de la fleur, de l


nombreuses étamines sont disposées de
manière hélicoïdale, de même que les
pistils situés au sommet de la fleur, qui
sont également très nombreux. Le fruit se
présente comme une vésicule; l'ensemble
de ces vésicules compose le fruit final
en forme de cône.
Les Magnolias sont des essences ligneu-
ses à multiplication très difficile. Les
graines, après leur période de repos ger-
ment très lentement. Les cultivars de
Magnolia x soulangeana ne se multiplient
que par croisement ou, dans les jardins
horticoles modernes, à partir des pousses
coupées.
Il forme soit un petit arbre, soit un
arbuste à tiges multiples, dont la taille
atteint 3 à 9 m. Cette essence ligneuse
craint les gelées tardives.

109
Magnolia de Bullbay Magnoliacées
Magno/iaceae
Magnolia grandiflora L.

Les Magnolias sont des arbres et arbustes


semper virens ou à feuillage caduc. Les
feuilles simples poussent en alternance,
les fleurs sont individueUes. EUes se for-
ment sur les dernières articulations des
tiges. Les fleurs de tous les Magnolias sont
bissexuées et bien apparentes. Les Ma-
gnolias sont spontanés dans deux régions
distinctes; ils ont donc deux centres
d'évolution. Les plus anciens et plus
originaux viennent d 'Asie, et les plus
jeunes d'Amérique. Le Magnolia d'Amé-
rique à grandes fleurs, M . grandi/Lora,
présente en plus une caractéristique inté-
ressante. C'est un arbre à feuilles semi-dé-
cidues. Ses jeunes branches sont brunes et
duveteuses. Ses feuilles elliptiques et
pointues, longues de 12 à 20 cm, ont la
face supérieure brillante, membraneuse
vert foncé, la face inférieure est parfois
brune, couleur canneUe. Les feuilles per-
sistent jusqu'à la deuxième année. Les
fleurs, peut-être les plus grandes de tous
les magnolias, sont d'un blanc laiteux, très
odorantes et eUes atteignent, en pleine
floraison, jusqu'à 20 cm de diamètre.
Magnolia grandiflora fleurit de mai à sep-
tembre. Ses cônes bruns peuvent attein-
dre jusqu'à 10 cm. Ce genre était très
répandu à l'origine, dans le sud-est des
États-Unis, en Caroline du Nord, au
Texas et en Floride. On le cultive depuis
1734, mais il ne tolère pas les rigueurs de
l'hiver européen. On le cultive donc le
plus souvent en serre. Toutefois, il tolère
l'hiver des îles britanniques, mais il n'y
croît que très lentement. Il pousse très
bien sur la Côte d'Azur.
Par contre, le genre M . kobus, originai-
délail de la fle ur d e M . k obus re du Japon et de Corée, s'habitue très
bien aux rigueurs de l'hiver en Europe. Sa
floraison est précoce. Il fleurit avant
l'apparition des feuilles dès la deuxième
moitié du mois d'avril. On distingue nette-
ment son calice et sa coroUe. Il est cultivé
depuis 1865. M . grandi/Lora forme des
arbres semi-décidus qui peuvent atteindre
une trentaine de mètres de hauteur ; M.
kobus à feuillage décidu peut atteindre
jusqu'à 25 m.
fruit de M . grandi/fora

110
Magnoliacées
Magnoliaceae Tulipier commun
Liriodendron tulipifera L.

La zone d 'origine du tulipier s'étend sur


les terres situées aujourd'hui entre le
Massachusetts, le Wisconsin, la Floride et
le Missouri. Les peuplements les plus
typiques se situaient dans le massif d'Al-
legheny. Les tulipiers ont pris assez tôt le
chemin de l'Europe. Ils comptent parmi
les premières essences ligneuses introdui-
tes du Nouveau Monde. Leur introduc-
tion en Europe date de l'année 1663. L 'un
des premiers arbres fut cultivé à Fulham
en Angleterre.
Les tulipiers sont des essences ligneuses
assez anciennes. On connaît des fossiles
d'Amérique du Nord et de l'île Sakhaline
qui datent des formations du Crétacé.
Pendant le Paléogène, ils poussaient aussi
en Europe. Aujourd'hui, ne subsistent
que deux genres, le Tulipier commun,
d'Amérique du Nord (L. tulipifera), tan-
dis que la seule autre espèce, le Tulipier
chinois (L. chinense), ne pousse qu'en
Chine. Le Tulipier possède des feuilles
alternes, déci dues, en forme de selle, qui
forment deux lobes de chaque côté. Les
fleurs terminales, en forme de cloche, ont
trois pétales intérieurs et six pétales corol-
laires. Les étamines sont nombreuses, de
même que les carpelles disposés en forme
de toit. Le fruit final qui en résulte
rappelle, par sa forme, les cônes des
Conifères. Le bois de tulipier a une très
grande valeur. C'est un bois de coeur qui
prend en vieillissant une couleur foncée .
On le désigne comme « peuplier ». Le
bois des arbres jeunes est blanc (White
Pop la r) , celui des arbres plus âgés est
jaune (Yellow Pop/ar) , et enfin celui des
très vieux spécimens est « bleu » (B/ue
Pop/ar) . En ébénisterie, le bois de placage
dit « des îles Canaries » (Canary Wood,
Kanarien Holz) était très recherché. Ce
bois est aussi le bois du tulipier, on
l'obtient à partir des parties basses du
tronc.
Le tulipier est un arbre à cime conoïde
qui peut même atteindre des hauteurs de
60 m . C'est une essence ligneuse d ' une
valeur exceptionnelle aussi bien pour les
jardins que pour les grands parcs, la plus
appropriée pour les terres alluvionnaires
des littoraux. couleu r de la feuille e n auto mne

111
Lauracées
Laurier sauce Lauraceae
L'aurus nobilis L.

Dans les conditions climatiques de l'Euro-


pe centrale ou occidentale, il est presque
impossible de rencontrer un Laurier sauce
en liberté. On les trouve plutôt dans les
halls d 'hôtel, dans les serres ou, plus
prosaïquement, dans les cuisines. Pour-
tant, les Lauracées comptent parmi les
plantes fort anciennes. Le genre Laurus
ne fut contraint à se cantonner dans la
zone chaude méditerranéenne qu'à l'épo-
que glaciaire, et, même là, il est considéré
comme un reliquat du Tertiaire. Cepen-
dant, le Laurier sauce accompagne l'hom-
me déjà depuis le début de son ère, et
depuis ces temps-là, il fait l'objet d'une
culture intentionnelle, non seulement
pour son apparence extérieure et pour ses
vertus médicinales, mais surtout pour ses
qualités culinaires. Ses fruits et ses feuilles
contiennent environ 3% d 'essences natu-
relles et 30% de matières grasses. En le
pressant, on obtenait un mélange suscep-
tible de provoquer des congestions.
Dans l'Antiquité, le Laurier sauce était
une essence ligneuse vénérée, consacrée
à Apollon ; ses prêtres portaient des
couronnes de laurier. La pythie de Del-
phes rendait les oracles en mâchonnant du
laurier. Plus tard, le laurier fut considéré
comme un remède universel contre la
peste et comme le plus efficace des fungi-
cides. Les branches et des couronnes de
laurier étaient destinées aux poètes et aux
vainqueurs. Les étudiants de l'Antiquité
étaient décorés de branches de laurier
portant des fruits - bacca laurea coronati,
Ainsi est né le baccalauréat. Afin d'avoir
toujours assez de laurier pour toutes ces
occasions, on le cultivait en monoculture,
ces plantations s'appelaient des laureta
(d'où le nom de lorette) ; l'une d'elles se
trouvait également sur la montagne ro-
maine d'Aventinum.
Le Laurier sauce est un arbuste semper
virens. Ses fleurs vert-blanc à quatre
pétales forment des ombelles serrées. Ses
fruits vert foncé , puis noirs, sont en forme
de globules, longs parfois de 2 cm.
Le Laurier sauce forme soit des arbus-
tes assez robustes soit des arbres qui
peuvent atteindre la hauteur de 10 m.
C'est une essence ligneuse d'une grande
valeur historique.

112
Renonculacées
Ranunculaceae Clematis vitalha L.

Les vignes blanches sont des essences


ligneuses doublement belles, d'abord au
moment de la floraison et, pour la deuxiè-
me fois, quand les graines arrivent à matu-
rité. Ses akènes ont des appendices plu-
meux qui leur servent à la dissémination.
Les akènes forment de grands ensembles
brillants e t argentés ce qui donne l'im-
pression d 'une deuxième floraison. La
vigne blanche forme souvent des lianes
ligneuses rampantes, parfois, mais moins
souvent, grimpantes, avec des feuilles
disposées en contre-plan.
e. vilalba représente l'essence ligneuse
la plus répandue parmi les clématites. Ses
ramules sont d 'abord duveteux, plus tard
nus ; ses feuilles sont composées-pennées,
formées de trois à cinq folioles longs et
pointus. Ses fleurs placées soit à la racine
des feuilles, soit au sommet des rameaux,
forment de grandes inflorescences. Les
fleurs fleurissent de juin à septembre, on
trouve alors sur la même plante les akènes
arrivant à maturité et des fleurs tardives,
à peine écloses. Les fleurs à longs pétioles
sont odorantes, mais elles ne sont formées
que d 'un calice ouvert en forme de cou-
ronne, tandis que de vrais pétales man-
quent. e. vita/ba est très répandue surtout
dans les régions chaudes de l'Europe
centrale et méridionale et sur le littoral de
l'Atlantique, ainsi qu'en Afrique du Nord.
Elle atteint même le Caucase. On la
cultive depuis des siècles, par endroits elle
est redevenue sauvage. Les pétioles de ses
feuilles s'enroulent autour de tout
support : ainsi, parvient-elle à grimper
parfois jusqu'à la cime des arbres. En
Suisse, près de la ville de Davos, e. vila/ba
avait formé un petit peuplement d 'envi-
ron 500 m 2 , très dense, avec de grands
épicéas allant jusqu'aux cimes, qui est
devenu un parc naturel protégé. TI en va
de même de la ville de Sonderheim,
en Rhénanie.
Clematis vita/ba est une liane ligneuse,
haute de 3 à 10 m, avec une tige dont
l'écorce s'écaille en fibres.

113
,
R enonculacées
Clématite tangutica Ranunculaceae
Clematis tangutica (MAx.) KORSH.

Les clématites sont des plantes ayant une


aire de diffusion considérable. Bien que
de 230 à 400 espèces vivent en grande
partie dans la zone tempérée de l'hémi-
sphère Nord, quelques-unes vivent aussi
en Tasmanie, en Nouvelle-Zélande et en
Amérique du Sud. La Mongolie et la
Chine du Nord-Ouest abritent l'une des
plus belles clématites, la clématite à peti-
tes fleurs, C. tangutica. Cette clématite
n 'est arrivée en Europe qu'en 1890, mais
elle est devenue très rapidement la plus
prisée de son espèce, qui forme des fleurs
jaunes. Elle a des feuilles pennées, parfois
même bipennées, avec des folioles à bords
dentés. Ses fleurs, grandes de 5 à 8 cm, en
forme de clochettes poussent individuel-
lement sur des pétioles remarquablement
longs. Ce sont surtout les pétales qui
attirent l'oeil : d 'un jaune doré éclatant,
ils sont effilés et se terminent en pointe.
Les pétales de la couronne manquent.
Cette clématite fleurit la première fois en
juin et souvent une deuxième fois à la fin
du mois d 'août et en septembre. C 'est une
liane ligneuse très résistante dont les fruits
font des touffes argentées lorsqu'ils arri-
vent à maturité. Dans les cultures, elle se
multiplie à partir des graines.
Aux environs de 1860, l'établissement
Jackman à Woking, en Angleterre, est
parvenu à former quelques jeunes hybri-
des résultant d'un croisement expérimen-
tal entre les clématites C. lanuginosa et C.
x hendersonii hort. Ce cultivar qui a reçu
le nom de C. x jackmanii est à l'origiDe
d'un grand nombre de clématites à gran-
des fleurs, bien que l'on ait pu assister
à la formation, en parallèle, de nombreux
cUltivars et hybrides produisant des fleurs
encore plus grandes avec des couleurs
beaucoup plus attrayantes. Les fleurs des
vieux spécimens du genre C. x jackmanii,
à 4 ou 6 pétales ou plus, sont en général
d 'un bleu-violet. Elles commencent
à fleurir dès le mois de juillet et durent
parfois jusqu'au mois d'octobre.
Cette liane ligneuse à tiges multiples,
longues de 3 m et plus, convient pour tous
les jardins.

silho uette de C. umgutica


détail de C. x jackmanii en fle~

114
/
Berbéridacées
Rerberidaceae Epine-vinette
Rerberis vulgaris L.

Tandis que l'ensemble de la famille des


Berbéridacées compte parmi des espèces
très anciennes du point de vue phylogéné-
tique, ayant ses origines au Crétacé, nous
ne trouvons les premiers fossiles du genre ramule en hiver
Rerberis proprement dit que dans les
couches qui datent du Néogène assez
tardif.
Le genre Rerberis est très diversifié.
Plusieurs centaines d'espèces de ce genre
vivent en Asie, en Amérique du Nord et
du Sud, en Afrique et en Europe. L 'Épi-
ne-vinet te constitue le représentant euro-
péen le plus répandu. C'est l'essence
ligneuse décidue la plus commune des
pentes et des plaines ensoleillées et elle
forme des peuplements arbustifs très ca-
ractéristiques. Chez cet arbuste épineux,
les épines tripartites très caractéristiques
sont à l'origine des feuilles transformées
en épines. De leur base poussent alors de
très courts rameaux axillaires, les brachy-
blastes, avec des feuilles vertes, réunies en
faisceaux, qui assurent la photosyn-
thèse.
L'Épine-vinette est une plante dont
l'usage médical a une longue tradition.
Elle contient toute une série d'alcaloïdes,
surtout la berbérine, l'oxyacantin et la
berbamine, surtout dans son écorce. Une
administration de petits morceaux de
cette écorce, en petites quantités, provo-
que des réactions laxatives, polyurétiques
et biliaires, mais, en grande quantité, elle
peut provoquer une paralysie des centres
respiratoires et moteurs. Naturellement,
on ne peut l'utiliser que sur avis médical.
On la cultivait également pour ses fruits,
globules rouges ovales, qui contiennent
une petite quantité de vitamine C et
d'acides organiques. Mais même l'utili-
sation de ces fruits exige une certaine
attention, bien qu'on soit arrivé à sélec-
tionner quelques clones à grands fruits qui
servent même à la préparation des confi-
tures. Le rhytidome de l'Épine-vinette est
aussi utilisé dans la tannerie qui l'emploie
comme colorant jaune.
L'Épine-vinette forme des arbustes
épars à cime irrégulière, qui peuvent
atteindre une hauteur de 2,5 m. C'est une
essence ligneuse des lisières de forêts et
des terrains ouverts.

115
Berberis thunbergii De.
Berbéridacées
Berberidaceae

Dans nos jardins, on cultive très souvent


Berberis thunbergii, originaire de l'Est de
l'Asie. Le premier Européen qui ait men-
tionné son existence était un médecin
suédois, Thunberg, qui l'avait remarquée
en 1794 au Japon. Pourtant, cette espèce
ne fut pas introduite en Europe avant
1864.
Les jeunes rameaux de cette espèce
sont pelés, les fleurs sont groupées en
faisceaux de 2 à 4 , pendant sur des
pétioles élancés. Elle fleurit en mai et en
juin. Ses fleurs sont, comme chez l'ensem-
ble des berbéris, hermaphrodites réguliè-
res, allant par trois. Chaque fleur possède
6 pétales corollaires et 6 pétales de
tégument qui ont, sur leur face supérieure,
près de la base, deux cycles internes
nectarifères. Les faisceaux de feuilles
poussent en alternance sur les brachyblas-
tes. Les feuilles sont épineuses, à pointe
relevée, vert clair, souvent rougeâtres.
Les colorants rouge et violet apparaissent
très nettement sur les feuilles du cultivar
'Atropurpurea' (illustration principale).
La couleur des feuilles contraste alors
singulièrement avec la couleur jaune des
fleurs. TI est intéressant de noter que la
prédisposition des feuilles à devenir rouge
foncé est génétiquement héréditaire: on
la voit chez les graines des individus
à feuilles rouge foncé.
Les Épines-vinettes décidues sont des
essences ligneuses très ornementales.
Mais elles ont toutefois une propriété
assez désagréable: outre le fait qu'elles
contiennent les alcaloïdes des Épines-
vinettes, elles hébergent la rouille du blé
(Puccinia graminis). TI faut donc éviter de
les planter près des champs de blé.
Berberis thunbergii forme un arbuste
à cime compacte et fermée atteignant
parfois 2,5 m de hauteur. C'est une essen-
ce ligneuse de valeur pour les jardins,
surtout dans la forme de son cultivar
à feuilles rouges.

116
Berbéridacées
Berberidaceae Berberis julianae c. K. SCHNEIDER

On compte parmi les Épines-vinettes plus


de 20 espèces semper virens ou semi-déci-
dues. L 'espèce chinoise Berberis julianae
semble être le plus prisée dans les parcs et
jardins occidentaux. C'est une essence
ligneuse très ornementale à feuilles alter-
nes, tannées et remarquablement dentées.
Leur face supérieure est d'un vert foncé
brillant, la face inférieure étant beaucoup
plus claire. Elles sont ovales et lancéolées.
Tant que l'arbuste n'est pas touché par de
fortes gelées, les feuilles persistent au-de-
là d'une période végétative. Les feuilles
plus anciennes se différencient par leur
couleur des feuilles jeunes. Les jeunes
ramules, gris-brun jaunâtre, sont faible-
ment quadrangulaires. Le bois de cette
espèce est aussi d'une couleur jaune très
prononcée, beaucoup plus que chez les
autres Épines-vinettes : c'est pourquoi
l'on appelle parfois B. julianae l'Épine-
vinette à bois jaune. Elle fut découverte
par l'expédition de Wilson en Chine
centrale et introduite en Europe en 1900
seulement. Elle est devenue très vite
populaire parce qu 'elle vraiment très per-
sistante. Cet arbuste est aussi remarqua-
ble, outre la texture intéressante de ses
feuilles, pendant la période de la maturité
de ses fruits gris-bleu et pelliculaires. En
culture, elle se reproduit bien à partir de
ses graines.
Les épines de ces épines-vinettes sont
cependant assez dangereuses. On devrait
donc éviter de les planter à proximité des
espaces de jeux réservés aux enfants.
Certaines personnes supportent aussi as-
sez mal l'odeur de ses fleurs, qui attire, par
contre, les insectes qui viennent toucher
les étamines qui sont, chez l'ensemble des
épines-vinettes, éjectables. Après l'exci-
tation, elles se soulèvent brusquement en
se resserrant. De cette manière, le trans-
fert du pollen est assuré par les insectes.
L'excitation des étamines peut être pro-
voquée également artificiellement avec
une aiguille.
Cette épine-vinette semper virens
forme un arbuste à ramification large, qui
peut mesurer environ 2 m, bien approprié
pour la formation de groupes et de
haies.

117
Berbéridacées
Mahonia Berberidaceae
Mahonia aquifolium (PURSH) NUTT.

Le Mahonia possède en commun avec le


Houx non seulement la fonne de ses
feuilles et de ses folioles, d'où son nom,
mais il accompagne de la même manière
l' homme dans sa vie. Ses feuilles orne-
mentales, rigides, tannées et imparipen-
nées font indiscutablement partie inté-
grante et indissociablé des bouquets et des
couronnes de fleurs. Tandis que le Houx
fait plutôt partie de la décoration florale
des fêtes de Noël, les Mahonias ne doivent
pas manquer dans la composition des
bouquets et des couronnes florales funé-
raires. A l'origine, le Mahonia est très
répandu dans la zone proche du Pacifi-
que de l'Amérique du Nord , Colombie
britannique, Oregon, Californie, jusqu'à
l'Arizona. Sa culture, pas encore très
ancienne, date seulement de 1823. Son
nom lui vient d'un jardinier américain
célèbre d 'origine irlandaise, Bernard
M'Mahon (1775-1816).
Les Mahonias sont des essences ligneu-
ses à feuillage persistant, avec des fleurs
hermaphrodites et régulières, organisées
selon la loi de trois : neuf pétales de
tégument par trois dans les trois cercles,
six pétales corollaires en deux cercles ;
même les étamines forment deux triples
cercles. Les fleurs fécondées se transfor-
ment en globules pulpeux bleu foncé . Le
jus de ces fruits servait en Amérique du
Nord, dans la préparation d 'un « vin » po-
pulaire. On l'utilisait aussi parfois comme
adjuvant à la coloration du vin rouge.
Dans la nature, le Mahonia pousse sur
les sols humides et perméables, souvent
aussi dans les éboulis rocheux et dans les
fentes rocheuses bien pourvues en eau.
Ses exigences écologiques doivent égaIe-
ment être respectées lors de sa culture. Il
supporte bien les basses températures et
les émissions nuisibles; il repousse bien
après la coupe. Toutefois, comme les
berbéris, il peut héberger la rouille de
blé.
C'est un arbrisseau assez bas, à feuillage
persistant, qui atteint de 0,5 à 1 m, il
convient pour les haies basses et pour la
garniture des sols.

118
Aristolochiacées
Arist%chiaceae Aristoloche
Aristolochia macrophylla LAM.

On a trouvé des fossiles de représentants


des Aristolochiacées dans les couches des
terrains secondaires en Amérique du
Nord. Les Aristoloches ont vraisembla-
blement des ancêtres communs avec les
Magnolias, bien qu'aujourd' hui les plan-
tes de ces deux familles diffèrent sensible-
ment. Les aristoloches sont des plantes
grimpantes aussi bien ligneuses qu'herba-
cées ou, mieux, des plantes enveloppan-
tes. Leurs feuilles sont alternes, pétiolées,
à lames simples entières, cordilormes et
cartilagineuses. Leur tissu recèle des ses-
qui terpènes, des terpènes cycliques et des
glucosides, telle carbonate de la quinine,
etc. L 'aristoloche herbacée d'Europe est
une plante médicinale, dont la fane accé-
lère la guérison des plaies. Aristolochia
macrophylla pousse en Amérique du
Nord. Son aire de diffusion couvre la zone
qui s'étale entre les États de Pennsylvanie,
de Géorgie, et à l'Ouest jusqu'au Minne-
sota et au Kansas. Elle fut introduite en
Angleterre en 1783. On la cultive en tant
que liane décorative qui convient comme
plante de couverture des murs, des arca-
des et des tonnelles. Mais pour cela, il faut
lui préparer des structures d 'appui parce
qu'elle ne possède pas de rhizomes adven-
tifs. Elle ne peut monter qu'en envelop-
pant sa construction de soutien. Ses gran-
des feuilles forment un toit compact. Elles
provoquent toujours une impression d 'e-
xotisme. Elles abritent dans leurs aisselles
des fleurs intéressantes du point de vue
biologique. En forme de pipe, elles sont
hermaphrodites et symétriques. Au mo-
ment de la floraison , ces plantes émettent
une odeur peu agréable qui attire les
insectes. Ceux-ci essaient de pénétrer
à l' intérieur de la fleur en forme de siphon.
Cette fleur les retient pour un moment
prisonniers à l' intérieur et facilite ainsi la
pollinisation. L 'Aristoloche fleurit en
mai. Ses fruits ont la forme de capsules
rappelant une poire.
L'Aristolochia macrophylla est une lia-
ne qui grimpe en tournant et qui peut
atteindre de 3 à 10 m de long. C'est une
essence ligneuse de couverture, très résis-
tante, convenable pour les substrats plus
humides. d étail de la OeUT

silhouette en hiver silhouette en été

119
Cercicliphyllacées
Cercidiphyllum japonicum SŒB. etZUCc. CercidiphyLLaceae

Il Y a des essences ligneuses qui captent


notre attention par leur croissance,
d'autres par la texture ou la couleur de
leurs feuilles, d 'autres encore par la beau-
té et le parfum de leurs fleurs ou même par
leurs fruits. Mais il n'y a qu'une essence
ligneuse qui soit remarquable par la chute
de ses feuilles. Les feuilles tombées sont
pendant quelques heures après leur chute
très odoriférantes. C'est une odeur inat-
tendue dans la nature : l'odeur délicieuse
d 'un gâteau frais, sortant juste du four.
Cette odeur nous permet de trouver
CercidiphyLLum japonicum même au fond
de la forêt, même caché dans un peuple-
ment très dense.
CercidiphyLLum japonicum est un arbre
à feuilles caduques, originaire de l' Est de
l'Asie. Il pousse au Japon et, dans sa
variété chinoise (sinense) , en Chine. Le
premier arbre fut introduit en Europe en
1865, sa variété chinoise fut découverte
en 1910 par l'expédition de Wilson. Les
deux produisent des arbres hauts et ma-
jestueux. L 'expédition de Wilson trouva
même un spécimen avec 16 m de circonfé-
rence de tronc, ainsi que des individus
dont la hauteur dépassait 40 m .
Ses feuilles, arrondies, cordiformes,
pointues, à longs pétioles, rappellent les
feuilles de l'arbre de Judas (de la famille
des Cercis, d 'où son nom) . Ses feuilles
sont opposées ou presque opposées, au
sommet des ramules presque alternes. Les
jeunes feuilles sont brun-bronze, puis vert
clair pour devenir, avant la chute, jaune
doré. Les fleurs sont unisexuées, les cha-
tons mâles presque sessiles, avec de min-
ces filaments et des anthères singulières,
roses et hachurées. Les fleurs femelles ont
de longs styles. Elles fleurissent avant
l'apparition des feuilles, en même temps
que les érables. Les fruits sont des vésicu-
les à plusieurs graines.
C. japonicum forme , dans ses aires
d'origine, des arbres hauts et majestueux
(40 m) ; en culture, il ne dépasse pas
encore une vingtaine de mètres. C 'est une
essence ligneuse ravissante, plantée en
général en solitaire.

120
Hamamélidacées
H amamelidaceae Hamamélis de Chine
HamameLis mollis OUY.

Les ancêtres du genre HamameLis vi-


vaient, il y a environ une soixantaine de
millions d'années, sur les territoires de la
France d'aujourd'hui et en Amérique du
Nord. Le premier Hamamélis récent fut
introduit en culture il y a 250 ans. C'était
l'Hamamélis américain, H. virginiana.
L'Hamamélis de l'Est de l'Asie, H. mollis,
appelé improprement aussi Noisetier de
sorcière, est cultivé depuis 1879. Les
Hamamélis sont très prisés dans les jar-
dins et dans les parcs non seulement pour
leur apparence mais aussi à cause de
l'époque de leur floraison qui est assez
inhabitueUe. Hamamelis virginiana fleurit
en automne, avant la tombée des feuilles
et HamameLis mollis à la fin de l'hiver, en
février et en mars.
HamameLis mollis est un arbuste décidu
à feuiUes simples et alternes, cordiformes
à la base, à pétioles courts. Quelques
arbrisseaux jaunissent en automne, les
autres deviennent brun-rouge. Les ramu-
les, les bourgeons et les feuilles sont très
velus, presque feutrés. Les fleurs réguliè-
res vont par quatre. De couleur jaune
doré, eUes sont hermaphrodites et possè-
dent de minces pétales coroUaires, longs
de 2 à 3 cm. Hamamelis mollis est très
répandu dans l'Est de l'Asie et dans les
provinces chinoises de Hupeh et Kiang'si .
n pousse entre 1300 et 2100 m d'altitude.
Au XX e siècle, on a croisé H. mollis avec
H. japonica. L 'hybride ainsi créé (H.
x intermedia) compte parmi les espèces
les plus cultivées d 'hamamélis dont on
élève aujourd'hui une trentaine de culti-
vars.
H. virginiana était une plante médicina-
le des Indiens. n fait partie, jusqu'à nos
jours, des plantes utiles pour la médecine.
La substance qu'il recèle, le folium hama-
meLidis, contient 10% de tanin d'hama-
mélitane, qui a des effets antiseptiques et
astringents. H. virginiana forme soit des
arbustes bien ramifiés, soit des arbres bas,
d'une hauteur de 4 à 10 m. C'est une
essence ligneuse d'ornement.

dé ta il de la ramule e n Oe urs
de H . virginiana

121
Fothergilla gardenii MURRAY
Hamamélidacées
H amamelidaceae

Les essences ligneuses du genre Fothergil-


la sont des arbustes à feuillage caduc. Ses
feuilles alternes rappellent un peu par leur
forme les feuilles des aulnes. Charles
Linné lui donna ce nom en hommage
à John FothergiUes, médecin anglais du
XVIIIe siècle qui avait importé en Europe
beaucoup de plantes exotiques. Les repré-
sentants fossiles de ce genre sont connus
comme venant des formations du Crétacé
même en Europe. L 'aire de diffusion
naturelle de ses quatre espèces récentès
se limite seulement au Sud-Est de l'Amé-
rique du Nord, à la Virginie, la Caroline et
la Géorgie.
Bien que les fleurs des Fothergillas
soient sans corolle, elles sont très orne-
mentales. Un grand nombre d'étamines
possède des filaments blanchâtres termi-
nés par des anthères jaunes. Les fleurs
forment des inflorescences terminales très
denses qui rappellent les osiers. Les fruits
sont discrets, en forme de capsules
feutrées.
Fothergilla gardenii est cultivé dans les
jardins depuis 1765. F. major est une
espèce très proche, bien que considérée
seulement comme une variante. Les diffé-
rences entre ces deux arbustes sont mini-
mes, tant dans la grandeur des feuilles que
dans leur croissance. lis poussent bien sur
les emplacements ensoleillés, sur des
terreaux humides et acides. On peut les
multiplier en coupant des pousses au mois
de juin. Arbuste compact, F gardenii est
parfois sinueux.
F. gardenii monte jusqu'à 1 m, tandis
que l'espèce F. major peut atteindre 3 m .
Ce sont des arbustes de collection.

122
Hamamélidacées
H amamelidaceae Copalme d'Amérique
Liquidambar styraciflua L.

Le genre Liquidambar comprend quatre


espèces qui vivent en Amérique du Nord,
en Amérique centrale, en Asie Mineure,
en Extrême-Orient, en Chine et à Formo-
se. Ce sont des arbres à feuillage caduc,
dont les feuilles ressemblent aux feuilles
d'érables. Mais, à la différence des feuilles
d'érables articulées et disposées en
contre-plan, les feuilles des copalmes, qui
possèdent de 3 à 7 lobes, sont alternes.
L 'écorce du Copalme d'Amérique, seule
espèce qui vit encore dans les zones un
peu plus froides, est profondément sillon-
née et elle a parfois des liteaux de liège.
Ses feuilles lobées et articulées, longues
de 10 à 18 cm sont larges et pelées. Leurs
lobes sont très pointus et les pétioles longs
de 6 à 10 cm. Les fleurs forment des
inflorescences en forme de chou. Elles
fleurissent en mai et n'ont ni périanthe ni
calice et couronne. Les fruits de couleur
brune ont la forme de capsules.
Le Copalme d'Amérique est cultivé
depuis 1681, après son introduction des
États-Unis. En automne, il est vraiment
splendide, quand ses feuilles se teintent de
pourpre violacé et de jaune. Malheureu-
sement, il craint beaucoup les rigueurs de
l'hiver en Europe centrale, surtout ses
jeunes arbres, qui gèlent. L 'autre espèce,
le Copalme d'Orient (L. orientalis) origi-
naire d'Asie Mineure et du Proche-
Orient, est encore plus fragile. Liquidam-
bar orientalis répand, après l'entaille, un
baume très odorant, le styrax, qui contient
jusqu'à 50% d 'alcool de résine, de l'acide
cinnamylique, de l'alcool cinnamique, de
la vanilline et encore beaucoup d'autres
substances. On l'utilisait comme médica-
ment. Son odeur était souvent comparée
à celle de l'encens. Liquidambar signifie,
en espagnol, ambre liquide. Les feuilles
broyées de L. styraciflua dégagent un
parfum suave de résines odoriférantes.
Les Copalmes qui atteignaient, à l'origi-
ne, 45 m de haut, poussent en Europe
jusqu'à 25 m. Cette essence ligneuse or-
nementale mais fragile résiste mal aux
basses températures.
fruit se desséchan t

123
Platane d'Occident Platanacées
Platanaceae
Platanus occidentalis L.

Bien que la taille de ces arbres et la forme


de leurs feuilles portent un observateur
non averti à chercher la parenté des
Platanacées avec les érables, les platanes,
ces arbres majestueux , ont plutôt des
ancêtres communs avec des essences li-
gneuses de la famille des Hamamélida-
cées. On les classe en général en tant
qu 'ordre indépendant, avec une seule
famille ayant un seul genre. On recense
environ 6 ou 7 espèces de platanes qui
vivent sur la côte Est de l'Amérique du
Nord, jusqu'au Mexique, puis au Sud-Est
de l'Europe, des Balkans jusqu'en Asie
centrale et en Inde. On connaît des
espèces fossiles des Platanacées qui vien-
nent du Crétacé. A cette époque, ils
vivaient même dans les zones qui sont
devenues aujourd'hui arctiques. Plus tard,
pendant le Tertiaire, les Platanacées ont
couvert presque l'ensemble de l'hémi-
sphère Nord .
Le plus connu parmi les platanes nord-
américains est le Platane d'Occident (P.
occidentalis). A l'origine, il était répandu
sur la côte Est de l'État du Maine,
jusqu'en Floride, et, vers l'Ouest, jus-
qu 'au Texas. Les peuplements les plus
grands se situaient sur le littoral du
Mississippi où ils atteignaient même des
hauteurs de 60 m. Cette espèce est culti-
vée depuis 1640. Cependant, le Platane
d 'Occident n'est cultivé, pour la plupart,
qu'aux États-Unis. La majorité des plata-
nes cultivés en Europe est considérée soit
comme des descendants, soit comme ap-
partenant même à l'hybride nommé Pla-
tanus x hybrida.
Le Platane d 'Occident a des feuilles qui
ressemblent aux feuilles d'érable, qui ont
de 3 à 5 lobes mais découpés d 'une
manière peu profonde. Ses fleurs sont
mâles et femelles. Les arbres sont monoï-
ques, les inflorescences denses et sphéri-
ques pendent sur de longs pétioles. Les
fleurs vont par 3 à 8 . Les fruits sphériques
se composent d'une grande quantité de
noisettes à une seule graine. Son écorce se
détache par petites plaques. Les Platanes
sont des arbres majestueux, qui peuvent
atteindre de 40 à 50 m de haut, avec une
cime large. C'est un arbre d 'une haute
valeur pour les grands parcs.

124
Platanacées
Platanaceae Platane à feuilles d'érable
Platanus x acerifolia (AIT.) WILLD .

Ce platane est le plus répandu en Europe.


On ne connaît pas exactement la date de
sa création, mais il est vraisemblable qu'il
a été créé avant 1700 par le croisement
entre le Platane d 'Occident et le Platane
d 'Orient (Platanus orientalis), connu aussi
à tort comme le sycomore. Originaire du
Sud-Est européen et de l'Asie Mineure,
en dehors de sa zone d 'origine, où il est
également abondamment cultivé, il n'est
que peu· représenté dans les parcs euro-
péens. Ses caractéristiques principales
sont d 'abord son écorce qui se détache par
grandes plaques, ses feuilles qui sont
profondément lobées, et surtout son fruit
sphérique: en général, ses fruits pendent
par 3 ou 4 sur le même pétiole.
Le Platane à feuilles d 'érable porte les
caractéristiques de ses deux parents. Les
fruits sont groupés par deux, remarqua-
blement hérissés par leurs poils qui dépas-
sent. Les lobes de ses feuilles se situent,
par leur forme, entre les lobes du Platane
d 'Occident et du Platane d 'Orient, son
rhytidome se/détache en plaques média-
nes. Toutefois, toutes les caractéristiques
sont très variables.
Les Platanes ont un bois très dur, très
persistant. Leur rhytidome se détache en
plaques, mettant à nu une écorce souvent
encore vivante, de couleur gris-vert clair,
ce qui provoque une marqueterie bien
typique des arbres. Les Platanes font
souvent partie des parcs et ils bordent des
. allées non seulement à cause de leur
croissance majestueuse mais aussi à cause
de la texture de leur cime. Mais cette
culture entraîne aussi un risque non
négligeable : les poils des jeunes feuilles
et des fruits se répandent et peuvent
provoquer, chez certaines personnes, des
phénomènes allergiques profonds, des
conjonctivites et des inflammations des
centres respiratoires. On doit éviter de
planter les platanes à proximité des
terrains de jeux des enfants.
Au cours des dernières années les
recherches botaniques ont prouvé que le
seul nom correct pour le Platane à feuilles
d'érable soit Platanus hispanica Mill. ex détail de l'écorce
Münch. TI semblerait qu'il s'agisse d'une
espèce d'origine, descendant du platane
Platanus aceroides (Goepp.) Heer.

125
Ulmacées
Orme diffus Ulmaceae
Vlmus laevis P ALL.

L 'Orme diffus représente une essence


ligneuse européenne typique dans les
forêts humides et peuplements mêlés au
bord des rivières. Il est aussi, depuis des
siècles, un arbre de culture, très prisé dans
les grands parcs et jardins non seulement
à cause de sa cime large mais aussi pour la
couleur de son feuillage qui devient en
automne d'un jaune doré remarquable.
Ses feuilles décidues sont alternes, à lames
singulièrement asymétriques. Les Oeurs
se forment avant la pousse des feuilles en
faisceaux. Elles ont de longs pétioles, et
elles sont pendantes et hermaphrodites.
Le périanthe est campanulé avec 6 à 8 pé-
tales non différenciés et avec 6 à 8 éta-
mines. Les fruits sont des akènes entou-
rés par des gaines membraneuses poilues.
Cette espèce est très répandue dans le
centre et au Sud de l'Europe et dans les
régions proches de l'Asie. L 'orme le plus
proche de cette espèce est l'Orme d'Amé-
rique (u. americana), originaire de la zone
nord-américaine située entre Terre-Neu-
ve et la F1oride, allant vers l'ouest jus-
qu'aux montagnes Rocheuses. Les deux
ormes présentent beaucoup de similitudes
du point de vue morphologique. Mais les
feuilles de l'Orme diffus sont plus larges
dans la partie haute de leur lame. Elles
sont, au moins pendant leur jeunesse, très
duveteuses. Les bourgeons sont longs et
pointus. Les feuilles de l'Orme d'Améri-
que sont plus larges dans leur partie
médiane et, dessous, elles sont le plus
souvent presque pelées. L'Orme d'Amé-
rique est cultivé depuis 1752.
L'Orme diffus résiste assez bien à la
graphiose. Il se multiplie mieux de maniè-
re générative, bien que ses graines per-
dent, à la maturité, la faculté de germer
pendant quelques jours.
Ce sont de grands arbres: l'espèce
européenne peut atteindre une hauteur de
30 m et l'espèce américaine un peu plus
de 40 m, à cime très large, avec des
groupements singuliers de jeunes pousses
à la base du tronc.

fruit de U. laevis

126
Ulmacées
Ulmaceae Orme lisse
Ulmus minor MILL. emend. RICHENS

L'Orme lisse était autrefois une essence


ligneuse de la plus haute importance. TI
fournissait à l'ébénisterie un bois de pla-
cage de grande valeur grâce à sa texture
caractéristique. L'Orme lisse est très ré-
pandu dans les dépôts alluviaux où on le
trouve en peuplements mixtes avec le
Chêne, l'Aulne et le Peuplier noir. Les
Ormes coexistèrent pendant des millénai-
res a~ec des hôtes indésirables, des coléo-
ptères du genre des Scolytidés, et ils se
protégeaient toujours contre les invasions
des champignons parasites qui propa-
geaient la maladie hollandaise de l'Orme
(Ceratocystis ulm,) que les coléoptères
transmettaient aux tissus conducteurs des
ormes. Mais les dix premières années du
XXe siècle ont vu déferler la première
grande vague de maladie des Ormes, la
graphiose, provoquée par ces champi-
gnons. On ne réussit à l'enrayer que
partiellement, et la deuxième vague qui_
survint entre les années 60 et 80 provoqua
des catastrophes. En 1975, quelques pays
ont été amenés à constater le dépérisse-
ment de 98% de l'ensemble de leurs
Onnes lisses. La graphiose sévit d'abord
dans les plaines puis, plus tard, elle
atteignit même des peuplements monta-
gneux. Elle frappait non seulement
l'Orme lisse, mais aussi d'autres espèces
d'ormes. Les pronostics demeurent pessi-
mistes bien que, dans certains pays, on ait
employé des moyens considérables pour
en venir à bout. En Grande-Bretagne, on
a tenté de protéger les arbres par des
injections de fongicides, sans grand succès.
L'Orme lisse est une essence ligneuse
décidue à feuilles alternes, asymétriques
et nues. Les ramules sont également
dénudés. Les samares sont des fruits aux
ailes membraneuses qui mûrissent en mai.
En Angleterre, U. procera constitue l'es-
pèce la plus répandue. Ses akènes sont
également placés dans la bordure mem-
braneuse près du sommet, mais la face
.supérieure de ses ramules duveteux est le
plus souvent rugueuse.
Les Ormes sont des arbres hauts.
L'Orme lisse atteint 30 m de haut, Ulmus
procera de 40 à 50 m . Ce sont d'importan-
tes essences li~euses d'Europe, aujour-
d'hui sur le déclin. silhouette de U. minor silhouette de U. proct!ra

127
Orme à larges feuilles Ulmacées
Ulmaceae
Ulmus glabra Huns.

L 'Orme à larges feuilles représente la


deuxième espèce européenne d 'ormes at-
teints par la graphiose, bien qu 'il arrive
encore, par endroits, à lui résister. Sa
résistance est favorisée par le fait qu' il
s'agit d ' une essence ligneuse d 'altitude qui
croît par exemple dans le massif monta-
gneux des Carpates à une hauteur de plus
de 1000 m . TI était à l'origine, très répan-
du dans la majeure partie de l'Europe du
Nord et du centre, y compris en Grande-
Bretagne, surtout dans les terres acciden-
tées et rocheuses, dans les forêts mixtes,
mais en général d 'une manière éparse
seulement. L'altitude élevée, ainsi que ses
peuplements épars, constituèrent, dans la
première phase de l'épidémie, autant de
facteurs naturels de protection. Les carac-
téristiques typiques de cette espèce se
retrouvent dans ses différentes
dénominations : glabra désigne son
écorce bien lisse, le synonyme scabra
désigne ses feuilles rugueuses et montana
les emplacements montagneux où il
vivait.
L 'Orme de montagne possède un tronc
fort, qui rétrécit un peu en hauteur. Ses
ramules brun-rouge sont couverts de poils
et ses jeunes branches sont dépourvues de
liège. Ses feuilles caduques et alternes
sont minces et molles, arrondies à la base
et asymétriques. Longues de 9 à 15 cm,
elles portent un grand nombre de paires
de canaux latéraux Uusqu'à 20). Dente-
lées sur leur pourtour, elles ont souvent
trois lobes près du sommet. Ses fleurs
réunies en inflorescence sont sessiles, elles
s'ouvrent avant les feuilles, au début du
mois d 'avril. Elles sont hermaphrodites et
ont de 4 à 6 pétales de périanthe et de
5 à 6 étamines. Les samares arrivent
à maturité très tôt en juin. L 'akène se
trouve le plus souvent au milieu d 'une aile
membraneuse ou placé à une distance
environ du double de la grandeur de la
graine par rapport à la bordure frontale de
l'aile et germe tout de suite.
Cet arbre à cime haute atteint parfois
40 m de haut. C 'est une essence ligneuse
forestière européenne très importante,
surtou t pour l'utilisation de son bois.

128
Ulmacées
Ulmaceae Micocoulier
Cellis occidentalis L.

La dénomination antique des arbres


à fruits sucrés a servi de point de départ
pour déterminer le nom scientifique du
genre Cellis. Pourtant, seuls les fruits de
l'autre micocoulier (Cellis australis) sont
partiellement sucrés, ce qui n'est pas le cas
des autres espèces.
Le Micocoulier est une essence ligneuse
à feuilles caduques dans les zones tempé-
rées, ou à feuilles persistantes dans les
zones tropicales. EUes ont une structure
veineuse bien caractéristique: de la base
de la feuille , près de l'emplacement du
pétiole, partent les trois veines principa-
les. L 'écorce du Micocoulier est excentri-
quement écailleuse et profondément sil-
lonneuse. Les ramules sont peu poilus,
tachetés de blanc. Les feuilles alternes,
longues de 6 à 12 cm, sont faiblement
cordiformes à la base, fortement dente-
lées. Le bord reste entier et uni seulement
près du sommet. Leur face supérieure est
dénudée, la face inférieure reste duveteu-
se seulement sur les veines. Les fleurs
à pétioles longs vont par six et sont
bisexuées ; parfois on observe des fleurs
mâles séparées. il fleurit à la fin du mois
de mai. Les fruits sont des drupes sphéri-
ques, longs environ de 1 cm ; à la maturi-
té, ils deviennent brun orangé.
Le Micocoulier est originaire d'Améri-
que du Nord d'une zone située entre les
provinces du Québec et du Manitoba ; au
Sud, il pousse jusqu'en Alabama, au
Kansas et en Caroline du Nord. On le
cultive depuis 1636. il pousse mieux que
Cellis australis qui est un arbre très prisé
dans plusieurs pays européens en tant
qu'arbre d 'alignement. Cellis australis ·
a un tronc lisse, semblable au tronc du
Hêtre. Ses ramules sont couverts de poils,
ses feuilles rigides et ses fruits sont d 'un
violet-noir et foncé. Le bois de Micocou-
lier est épais et lourd, souple, flexible et
résistant. il est utilisé pour la fabrication
des instruments de musique à vent et des
cannes, ainsi que des rames et des cannes
à pêche.
Cet arbre peut mesurer 20 m de haut en
Europe et 40 aux États-Unis. C'est un
excellent arbre d 'alignement dans les zo-
nes chaudes.

129
,
Ulmacées
Zelkova carpinifolia (PALL.) K. KOCH Ulmaceae

Zelkova carpinifolia est une essence li-


gneuse typique du Caucase et de l'Iran.
Elle est introduite en culture européenne
depuis 1760. C'est à cette époque qu'on
a planté le premier Zelkova dans le
célèbre jardin botanique anglais de Kew.
W . J. Bean en parle encore au cours des
vingt premières années du XXe siècle, soit
cent soixante ans plus tard, comme d'un
arbre vivant. La classification de Zelkova
carpinifolia n'était pas très facile . La-
marck (1785) supposait qu'il s'agissait
d'un chêne, Pallas (1788), le considérait
comme étant du genre Frangula ; Aiton
(1796) le classa parmi les ormes. Le genre
Zelkova est peu nombreux, il compte de
4 à 5 espèces habitant aussi bien à l'Est
qu'à l'Ouest de l'Asie. Pendant le Tertiai-
re, les Zelkova vivaient même en Europe
centrale. Un « survivant» de cette épo-
que, Zelkova cretica, subsiste encore en
Crète, mais rarement.
Le Zelkova carpinifolia n'est pas seule-
ment l'arbre le plus planté dans les jar-
dins. Il fut également cultivé comme
essence ligneuse forestière. TI s'est même
acclimaté si bien dans les zones les plus
chaudes de l'Europe qu'il arrive à s'y
renouveler d'une manière naturelle. Ses
feuilles caduques, alternes, crénelées, lon-
gues de 2 à 9 cm, ont de 6 à 8 paires de
veines. Le~ face supérieure est dénudée,
leur face inférieure duveteuse sur les
veines. Les fleurs sont insignifiantes, elles
se forment en même temps que les
feuilles, en général, et créent des inflores-
cences. Parfois, elles restent aussi seules.
Elles se situent à l'intérieur des aisselles
des feuilles supérieures. Les fruits aptères
forment de petites noisettes à pétiole,
d'environ 5 mm. Le bois de Zelkova
ressemble au bois des ormes. Il a des fibres
fines et on l'utilise en ébénisterie.
C'est un arbre de collection, à cime
mince et ovale, qui peut atteindre une
hauteur de 25 m.

130
Moracées
Moraceae Figuier
Ficus carica L.

Le Figuier est le seul représentant


« européen » du genre Ficus qui
comprend plus de 650 espèces vivant,
pour la plupart, sous les tropiques ou dans
les zones subtropicales. Quelques-unes
sont de véritables curiosités de la nature,
telles les véritables plantes-étrangleurs,
les arbres à racines aériennes rampantes
qui deviennent des troncs secondaires ou
les arbres qui donnent de la gomme, du
bois, du latex, etc. Le Figuier ne fait pas
exception. Le monde entier connaît bien
cette essence ligneuse fruitière . Ses fa-
meuses figues naissent d'une protubéran-
ce du pétiole, par son approfondissement
en forme de coupelle et enfin, par sa
croissance autour de la fleur originale.
Mais c'est seulement l'union des fleurs
individuelles qui donne d'abord naissance
à une inflorescence et par la suite, à la
formation d 'un réceptacle charnu et creux
qui rétrécit en forme de poire, gardant une
ouverture à l'endroit le plus étroit. Cette
cavité renferme les akènes menus qui sont
ses véritables fruits. Ce type de formation
des sycones est unique dans l'ensemble
des végétaux. D'ailleurs, unique reste
aussi la symbiose du Figuier avec un
hyménoptère parasite, le blastophage
(Blastophaga grossorum) . Bien qu'Aris-
tote ait déjà pressenti que l'existence des
figuiers était liée à un insecte, c'est seule-
ment la biologie moderne des XIXe et
x:xe siècles qui a mieux éclairé ce proces-
sus. Le Figuier possède des fleurs compo-
sées et différenciées qui sont adaptées au
cycle de vie du blastophage. La vie
commune des blastophages et des figuiers
nous montre l'exemple d'une adaptation
réciproque très étroite entre deux espèces
qui s'assurent l'une à l'autre l'existence .
Màis, l'homme 'a réussi à produire des
figuiers qui donnent des figues, sans avoir
recours aux blastophages. Ces fruits sont
cependant stériles, sans graines.
Le Figuier est peut-être originaire de la
Méditerranée et du Sud-Ouest de l'Asie.
Il accompagne l'homme dans son histoire
depuis le début de la civilisation.
Ce petit arbre décidu qui peut atteindre
jusqu'à 10 m de hauteur, est une essence fo nne arbusti ve de F. carica
ligneuse fructifère très importante tant du
point de vue historique que biologique.

131
Moracées
Mûrier blanc Moraceae
Morus alba L.

Les Mûriers sont des essences ligneuses de


la zone tempérée de l'hémisphère Nord.
Leurs fruits ont joué un grand rôle dans
l'histoire des habitants originaires des
massifs montagneux d 'Asie centrale, sur-
tout des anciens Tadjiks. Ils servaient de
nourriture hautement calorique, surtout
en tant qu 'édulcorant. Les fruits frais du
Mûrier blanc ont un goût peu savoureux.
Mais, contenant 22% de sucres, ils peu-
vent être facilement séchés et ainsi
conservés d ' une mamere naturelle.
Séchés, on peut en faire une sorte de
farine à ajouter dans les pâtes. Les soroses
du Mûrier noir (M. nigra) , d 'un rouge
foncé presque violet, ont par contre une
saveur excellente. On ne les utilisait pas
seulement comme nourriture immédiate,
mais aussi dans la préparation des sirops
et du vin de fruits .
Le Mûrier blanc est originaire de Chine
et des zones avoisinantes de l'Asie, où sa
culture, servant de support pour le ver
à soie, a une tradition millénaire. En
Europe, surtout dans le Sud, sa culture est
également très ancienne. Les plus fameux
de réputation étaient les jardins de mû-
riers en Dalmatie. Le Mûrier noir est
peut-être originaire des terrains acciden-
tés d 'Asie centrale. Il n'est venu en
Europe qu'assez tardivement, vraisem-
blablement au milieu du XVIe siècle.
Les mûriers ont des feuilles caduques,
alternes, qui sont parfois profondément
lobées. Les fleurs forment de courts cha-
tons dans les aisselles des feuilles. Les
quatre pétales du périanthe des fleurs
femelles deviennent pulpeux en mûrissant
et ils forment de faux fruits pulpeux, les
soroses. Le bois des mûriers est parfois
comparé au bois des ormes. Il est dur et
durable.
Les mûriers forment des arbres pas très
hauts, de 10 à 15 m . C'est une essence
ligneuse de culture ancienne, convenable
pour les zones plus chaudes.

132
Moracées
Moraceae Oranger des osages, Bois d'arc
Maclura pomifera (RAF.) SCHNEID.

Le Bois d 'arc est l'unique espèce du genre


Maclura. TI était très répandu sur une zone
limitée de l'Amérique du Nord, couvrant
le Texas, l'Arkansas et l'Oklahoma. Dé-
couvert en 1817, il fut classé scientifique-
ment et introduit un an plus tard en
culture. Depuis cette date, on le cultive
non seulement comme essence ligneuse
d 'ornement exotique dans les zones plus
chaudes, mais également comme arbre
utile qui fournit un bois de valeur, assez
ferme, brillant et soyeux, classé parmi les
bois jaunes. Le bois jaune n'est, bien sûr,
qu'une dénomination commerciale beau-
coup plus large, comme le terme « bois de
fer » .
Le rhytidome de Maclura pomifera,
brun-orange foncé , est assez sillonneux.
Les petites branches latérales sont cou-
vertes d 'épines. Les feuilles ovoïdes, pres-
que lancéolées, sont longues de 5 à 12 cm,
cordiformes à la base et brillantes sur leur
face supérieure. C 'est une essence ligneu-
se dioïque. Les arbres femelles qui fleuris-
sent en mai et en juin, présentent une
inflorescence singulière qui, de loin, a l'air
de boules velues se changeant au cours de
l'été en fruits vert-jaune qui ressemblent
à une orange, grande de 10 à 14 cm. D ans
leur aire d 'origine, les fruits prennent
vraiment la couleur des oranges; en
culture, surtout dans les zones plus froi-
des, ils n'arrivent même pas à maturité.
Malheureusement, ils ne sont pas comes-
tibles. Les Maclura furent utilisés très tôt
aux États-Unis, et plus tard, aussi en
Europe centrale, pour la formation des
haies. Cependant, les jeunes plantes crai-
gnent le gel, tandis que les spécimens plus
âgés repoussent bien même après une
gelée assez rigoureuse.
Ces arbres à cime sphérique assez basse,
atteignent des hauteurs de 20 m . C'est
une essence ligneuse exotique qui présen-
te une valeur de collection.

133
Fagacées
Hêtre commun Fagaceae
Fagus sylvatica L.

Le Hêtre commun est une essence ligneu-


se décidue qui a des feuilles simples et
alternes. L 'écorce de cet arbre est assez
caractéristique : son grand tronc lisse de
couleur gris-argent est très rarement cra-
quelé. Une dizaine d 'espèces de hêtres est
naturellement très répandue dans la zone
tempérée de l'hémisphère Nord. On dé-
nombre aussi une vingtaine de fossiles qui
vivaient, pour la plupart, pendant le Ter-
tiaire.
Le Hêtre commun est une essence
ligneuse dominante dans les forêts déci-
dues, situées en légère altitude dans l'Eu-
rope centrale. Nous pouvons trouver en-
core aujourd'hui, dans de nombreux pays,
des restes des grandes « forêts vierges »,
presque intactes, où domine justement le
Hêtre commun. Les peuplements qui ont
le plus de valeur se trouvent dans le massif
des Carpates. En Europe, le Hêtre
commun croît jusqu'au 60° degré de .
latitude Nord. Dans les pays du Sud, il est
plus lié à l'altitude. Dans l'Est de l'Euro-
pe, il est souvent remplacé par des espèces
apparentées, comme le Hêtre d 'Orient.
Le Hêtre est une essence ligneuse monoï-
que. Les chatons mâles ont 5 à 6 pétales de
périanthe et 8 à 12 étamines groupées en
faisceaux pendants. Les fleurs femelles
tripartites poussent par deux au sommet
des pousses annuelles dans une cosse
quadrilobée qui s'ouvre à maturité. Elles
contiennent un akène triangulaire. Les
feuilles du Hêtre commun sont vertes et
brillantes, pourvues de 5 à 9 paires de
veines. Elles sont entières ou dentelées,
les jeunes feuilles sont soyeuses et velues.
Plus tard, les poils ne subsistent qu 'au
bord et ils sont plus longs et plus clair-
semés.
En Amérique du Nord, du Nouveau-
Brunswick et de l'Ontario jusqu'en Flori-
de et au Texas, croît le Hêtre américain
(Fagus grandifoUa) . Ses feuilles vert fon-
cé, qui atteignent 12 cm de long, sont
dentelées et elles possèd~nt de 9 à 12
paires de veines. n forme des arbres
majestueux, hauts de 30 et 40 m , à cime
large. Les troncs peuvent atteindre une
circonférence de 10 m . C 'est une essence
ligneuse très importante du point de vue
économique.

134
Fagacées
Fagaceae Châtaigner
Castanea sativa M .I LL.

Dans la zone tempérée de l'hémisphère


Nord, vivent aujourd'hui entre 10 et 14
espèces de Châtaigniers. Ces essences
ligneuses sont parfois vieilles de plusieurs
siècles. Les feuilles ornementales, oblon-
gues et profondément dentelées, attei-
gnent de 12 à 20 cm de long. Les fleurs
mâles et femelles apparaissent en juin,
portées sur de longs chatons verticaux.
Les fruits sont de grosses noix brunes et
coriaces, enveloppées par deux ou par
trois dans une bogue verte, enveloppe
recouverte de piquants qui éclate, à l'au-
tomne, en deux ou quatre lobes.
Les châtaignes comestibles contiennent
jusqu'à 35% d'amidon, des albumines,
des dextrines, de la saccharose, de l'huile
et d 'autres matières nutritives. La richesse
de ses fruits fait cultiver le châtaignier
depuis des millénaires. On peut en trouver
des preuves en Italie du Nord, dans des
fortifications circulaires datant de l'épo-
que du bronze, mises au jour par d-es
fouilles ; en Espagne on les conn'aît depuis·
le Néolithique. Le site d'origine du Châ-
taignier semble être tout le bassin médi-
terranéen, les pays du Proche-Orient jus-
qu'en Iran. Dans ces civilisation, on dési-
gnait les châtaignes comme des « noix
d'Hêraklion », des « glands de Sar-
daigne» ou encore des «noix de ca-
taignier ». Beaucoup de langues nationa-
les désignent le Châtaignier par un nom
qui rappelle sa dénomination latine
- Castanea. Au cours des millénaires, on
a sélectionné des espèces à grands fruits,
les Marronniers. A partir de ces fruits, on
entreprit jadis, à Lyon, de préparer les
premiers nougats: châtaignes, miel et
caramel. Le Châtaignier est une essence
ligneuse qui aime les climats chauds, mais
ses cultures ont depuis longtemps franchi
leur frontière nord, la Drave, affluent du
Danube. En Europe centrale, les châtai-
gneraies les plus anciennes datent de
1679, quelques spécimens de vieux arbres
y vivent encore jusqu'à nos jours. Les
Châtaigniers sont des arbres majestueux
à cime large, hauts d 'une trentaine de
mètres, avec des troncs forts pouvant
atteindre jusqu'à 10 m de circonférence.
C'est une essence ligneuse économique- capsule épineuse avec un chaton
desséché qui Yest aœroché
ment importante.

135
Fagacées
Chêne commun Fagaceae
Quercus robur L.

Le Chêne commun domine, avec le Chêne


rouvre (Q. petraea), les forêts décidues de
la zone tempérée. Leurs aires d 'origine
coïncident dans la plus grande partie de
cette zone. Mais le Chêne commun repré-
sente plutôt l'arbre des plaines, il monte
rarement plus haut que 1000 m d'altitude,
tandis que le Chêne rouvre couvre des
terrains accidentés et plus hauts. A ce
couple, s'ajoute ensuite le Chêne pubes-
cent (Q. pubescens) qui vit dans les zones
plus chaudes de l'Europe méridionale, de
la Méditerranée et de l'Asie Mineure.
L'ensemble de ces trois espèces forme un
élément important des forêts européen-
nes décidues et mixtes. Leurs traits dis-
tinctifs habituels so~t des ramules duve-
teux chez le Chêne pubescent et dénudés
chez les deux autres qui se différencient
surtout par l'insertion des glands. Le
Chêne commun a des glands pétiolés, le
Chêne rouvre des glands sessiles. Les
feuilles du premier ont des pétioles courts
et les feuilles du second, de forme plus ou
moins ovale, ont des pétioles longs. Les
deux espèces se croisent d'une manière
spontanée. Dernièrement, on a remarqué
que plusieurs chênes apparentés ont pé-
nétré dans les chêneraies d'Europe cen-
trale surtout à partir du Sud-Est de
l'Europe, des espèces comme Q. dale-
champii et Q. polycarpa.
Les Chênes européens ne constituent
pas seulement un ornement typique de
nos paysages et une dominante de nos
forêts, mais ils représentent aussi des
essences ligneuses d 'une haute valeur
économique. Leur bois bien connu trouve
des utilisations multiples. De plus, l'é-
corce du Chêne commun et du Chêne
rouvre offre une substance importante
pour l' industrie pharmaceutique. Elle re-
cèle presque 20% de matières tannantes,
de l'amidon, des colorants rouges, etc. On
l'utilise surtout en dermatologie lors des
maladies chroniques, dans l'art vétérinai-
re, ainsi que pour le tannage des peaux.
Les chênes sont des arbres majestueux,
d ' une grande longévité, hauts de 30
à 40 m. Irrégulièrement ramifiés, ils for-
ment l'un des éléments rustiques du pay-
sage.

136
Fagacées
Fagaceae Chêne des marais
Quercus paLustris MUE NCHH .

Jusqu'en 1770, ce chêne ne vivait que près


des rivières et sur les terres marécageuses,
mais hors des marais, dans le Massachu-
setts et le Delaware et, à l'Ouest, jusqu'au
Wisconsin et en Arkansas. Ainsi, ses
origines se situent-elles dans la moitié Est
des États-Unis actuels. C'est un arbre
élancé et pyramidal. La texture de son
feuillage et surtout ses couleurs automna-
les ont provoqué assez tôt son introduc-
tion dans les cultures, non seulement dans
les jardins botaniques et les parcs d'agré- .
ment, mais parfois, formant des aligne-
ments dans les rues des villes. TI compte,
surtout s'il est assuré de. ne pas manquer
d'eau, parmi les essences ligneuses à crois-
sance rapide, surtout chez les arbres
jeunes. Un trait le caractérise particuliè-
rement, et le fait peu apprécier des
jardiniers: les branches des étages infé-
rieurs de la cime se dessèchent et tom-
bent.
Le Chêne des marais peut parfois être
pris pour un genre très proche, le Chêne
écarlate (Q. coccinea) . Les feuilles de ces
deux espèces se ressemblent beaucoup.
Longues de 8 à 12 cm, elles sont profon-
dément découpées et lobées. Leurs glands
sont profondément enfoncés dans leur
cupule. Des différences minimes appa-
raissent seulement si l'on compare les
deux espèces alors qu'elles sont placées
très près l' une de l'autre. Le Chêne
écarlate est également originaire de l'Est
des États-Unis et il est cultivé depuis
1691. C'est un arbre assez imposant avec
le feuillage le plus joliment teinté des
Chênes d'Amérique.
n forme des arbres hauts d'environ
25 m, exceptionnellement il peut attein-
dre jusqu'à 40 m.

137
Fagacées
Chêne blanc Fagaceae
Quercus alba L.

Le Chêne blanc, ou White Oak américain,


est une essence ligneuse importante non
seulement du point de vue économique,
mais aussi du point de vue de la formation
des jardins. On l'apprécie à cause de son
port majestueux et d' une grande variété
dans la forme de ses feuilles, ce qui influe
finalement sur son aspect extérieur. Ses
feuilles sont peu ou plus profondément
lobées, parfois larges ou encore singuliè-
rement minces. D 'un vert brillant, elles
prennent en automne de riches couleurs
rouges teintées de pourpre presque violet.
Et même quand la face supérieure des
feuilles devient brune, leur face inférieure
garde encore longtemps une teinte brun
violacé, ce qui donne à l'arbre, surtout
dans le vent, des nuances magnifiques. Ses
fleurs mâles forment des chatons bas assez
typiques. Les fleurs femelles sont plus ou
moins sessiles et très discrètes. Le Chêne
blanc fait partie des chênes dits annuels
dont les fleurs femelles et les glands se
forment sur les pousses annuelles. Le
gland pointu est logé dans une cupule
plate qu'il dépasse de 3 ou 4 fois. n est soit
sessile, soit à pétiole très court et fleurit en
mai et en juin.
Le Chêne blanc peuple les forêts natu-
relles des États du Maine et du Minnesota
jusqu'en Floride et au Texas. n fut in-
troduit en Europe dans les années
1724-1728. Toutefois, l'acclimatation
du Chêne blanc ne fut pas aussi réussie
que dans le cas d 'autres chênes d'origine
américaine.
Cet arbre, haut de 30 m environ, a une
valeur de collection.

138
Fagacées
Fagaceae Quercus imbricaria MICHX.

Le genre Quercus forme un groupe assez


nombreux d'essences ligneuses ayant
beaucoup de qualités en commun et pour-
tant très variées. On estime le nombre
d'espèce récentes à environ 600. Le
nombre d'espèces fossiles est également
élevé. En général, ce sont des arbres assez
imposants dont les fleurs fleurissent au
moment où se forment les feuilles. Les
chatons mâles sont pendants, ils ont habi-
tuellement de 4 à 8 pétales de périanthe,
6le plus souvent, et de 4 à 12 étamines, le
plus souvent 6 également. lis poussent
à partir des bourgeons situés sur les
pousses de l'année précédente. Les fleurs
femelles, triplées et individuelles sont
placées dans une cupule. Les fruits sont
des glands typiques; les akènes sont logés
dans une cupule.
Un autre trait typique des chênes, à part
les glands, sont leurs feuilles simples qui
servent de symbole ou d'emblème à de
nombreux États. Quelques chênes possè-
dent même des feuilles persistantes. Q. im-
bricaria est un exemple de l'espèce de
chêne dont les feuilles échappent à la
forme habituelle. Elles sont longues, lan-
céolées, larges de 2 à 5 cm, longues de
7 à 15 cm, brillantes et rigides. En autom-
ne, elles prennent une teinte rouge foncé.
Cette espèce est spontanée dans le centre
des États-Unis, en Pennsylvanie et en
Géorgie et vers l'Ouest jusqu'au
Nebraska et en Arkansas. li fut introduit
en Europe en 1786, mais il était déjà
cultivé en Amérique depuis 1724. Cette
essence ligneuse de valeur fait plutôt
l'objet de collections. Jeune, l'arbre est
d'abord pyramidal, puis à cime irrégulière
et bifurquée. li peut atteindre de 20
à 30 m de haut.

139
Chêne rouge d'Amérique Fagacées
Fagaceae
Quereus rubra L.

Le Chêne rouge d 'Amérique a, depuis


longtemps, dépassé les limites de sa zone
d'origine qui se trouve dans l'Est des
États-Unis, de la Nouvelle-Écosse, jus-
qu 'en Floride et du Minnesota jusqu'au
Texas. Il fut introduit en Europe déjà au
début du xvrn e siècle (peut-être en
1724) et, après les premières cultures
dans les jardins botaniques et dans les
grands parcs privés, on le planta dans les
forêts d'Europe. Plantés en grand nombre
comme essence ligneuse forestière depuis
la première moitié du XX e siècle, pour
leurs excellentes qualités de croissance,
pour la qualité de leur bois, et pour leur
port esthétique, les Chênes rouges d 'A-
mérique s'acclimatèrent très vite. Leur
degré d'acclimatation en Europe est si
élevé que même les peuplements plantés
d'une manière artificielle se multiplient
d'eux-mêmes.
Le nom scientifique de cet arbre, Quer-
eus rubra, rend bien compte de la colora-
tion automnale typique de ses feuilles
caduques, profondément lobées. C'est
surtout cette coloration qui présente un
grand attrait pour la culture de ce chêne
dans les parcs et les jardins des villes. Il
diffère des espèces proches, Chêne des
marais (Q. pa/ustris), Chêne écarlate (Q .
eoecinea) et Chêne quercitron (Q. ve/uti-
na), surtOut par ses feuilles à la surface
remarquablement mate. Les autres espè-
ces ont des feuilles brillantes. La forme de
sa cupule, large et peu profonde, et de son
gland, est également très caractéristique.
colo ratio n de la fe uille penda nt Ses fleurs sont unisexuées. Les chatons
la période végé tale
mâles sont pendants et groupés, tandis
que les fleurs femelles individuelles sont
sessiles ou à pétioles courts. Dans les
conditions européennes, il fleurit en géné-
ral en mai, sur les jeunes arbres âgés de
vingt-cinq à trente ans. Cet arbre majes-
tueux, atteint habituellement 25 m, ex-
ceptionnellement 50 m. C'est une essence
ligneuse hautement esthétique, aussi bien
forestière que d 'ornement.

140
Fagacées
Fagaceae Chêne chevelu
Quercus cerris L.

Le Chêne chevelu est un exemple parfait


de chêne du Sud de l'Europe à feuilles
caduques dont l'aire de diffusion d'origine
va jusqu'en Asie Mineure et qui a trouvé,
dans les conditions favorables, sa place
dans la culture de jardins situés bien plus
au Nord. On le cultive depuis 1735. Son
habitus, la texture de sa cime et son
feuillage vert rigide et brillant font hon-
neur à chaque parc. Dans les régions plus
chaudes, même situées au Nord des Al-
pes, il peut encore devenir une essence
ligneuse forestière . Mais son bois est un
peu sous-estimé par rapport au bois des
autres chênes, peut-être à juste titre. n est
dur, mais peu dense, trop perforé, peu
souple et peu résistant, sauf peut-être, s'il
se trouve en permanence sous l'eau. On
l'a utilisé occasionnellement pour la fabri-
cation des traverses de voies ferrées.
Le houppier de ce chêne est d'une faible
densité, il est élancé. L 'écorce est écailleu-
se en longueur, ses anneaux de croissance
annuelle sont feutrés, d 'apparence angu-
laire. Ses bourgeons entourés de verticil-
les hachurés sont assez typiques. Pendant
l'hiver, on a l'impression que les ramules
ne se terminent pas par les bourgeons
mais par des brosses courtes. Ses feuilles
longues et ovales sont irrégulièrement et
peu profondément lobées, à base souvent
cunéiforme. EUes sont brillantes et vert
foncé. Les chatons mâles atteignent par-
fois 8 cm de long et les fleurs femelles
forment des pelotes. Un autre trait carac-
téristique réside dans les cupules écailleu-
ses de ses glands. Ces écailles de protec-
tion lancéiformes sont larges et duve-
teuses.
Le Chêne chevelu représente une sorte
de trait d' union entre les chênes décidus et
les chênes semper virens. Deux de ses
hybrides le confirment: Q . x kewensisest
persistant et Q. x hispanica est semÏ-dé-
cidu. rameau en hiver
Le Chêne chevelu est un arbre élancé,
qui atteint jusqu'à 35 m de haut. C'est un
élément rustique du Sud-Est de l'Europe
et un arbre de valeur pour les grands parcs
et jardins.

141
Bouleau blanc Bétulacées
Betulaceae
Betula pendula ROTI-l.

Le genre Betula compte environ 120


espèces vivantes et une quarantaine de
fossiles . Depuis le Paléocène, les Bétula-
cées sont très répandues dans l'ensemble
de l'hémisphère Nord, surtout en Asie.
Les bouleaux actuels continuent à vivre
exclusivement dans cet hémisphère. Le
Bouleau blanc est peut-être l'arbre le plus
adaptable et, du point de vue écologique;
le plus plastique. TI croît dans l'ensemblë '
de l'Europe, en Sibérie jusqu'au massif de
l'Altaï. TI s'accroche même dans des
conditions presque impossibles. On le
cultive aussi depuis très longtemps, ç'est
l'essence ligneuse qui a le plus de grâce.
Le Bouleau fait partie de nombreux peu-
plements naturels et il forme des mono-
cultures assez étendues. TI a des bour-
geons ciliaires, des feuilles très changean-
tes avec de longs pétioles, et des jeunes
feuilles ainsi que des ramules velus. Les
chatons mâles mesurent de 30 à 60 mm ,
les chatons femelles en fleurs 20 mm
seulement. Ceux-ci se renforcent par la
suite et deviennent retombants. Les fruits
sont des akènes à aile membraneuse.
Le bois de bouleau est flexible et raide
mais peu porteur. Le bois de placage
obtenu à partir des parties basses des
troncs de bouleaux ayant vécu en des
endroits exposés (sur les roches, au bord
des peuplements), est le plus recherché .
Par la carbonisation de son bois et de son
écorce, on obtient le goudron de bouleau
rameau de
B. p ubescens pour l'imprégnation des peaux et pour
l'imperméabilisation des chaussures. La
suie de bouleau servait également pour la
préparation de l'encre noire d ' imprime-
rie. Le goudron de bouleau (pix betulae)
est aussi une matière importante en phar-
macologie. Les jeunes feuilles ont un effet
diurétique. Sur les prairies tourbeuses et
à l'étage montagneux (entre 1000 et
1500 m) , nous trouvons une espèce
proche, le Bouleau pubescent (B. pubes-
cens) avec des feuilles et des ramules
légèrement feutrés et velus.
Les Bouleaux peuvent atteindre des
hauteurs de 20 m. C 'est une essence
ligneuse éminemment esthé tique et rus-
silho ue tte de silhoue tte
tique.
B . pubescens de B. p endula

142
Bétulacées
Betulaceae Betula humilis SCHRANK

Les hommes s'imaginent le bouleau en


général comme un arbre élancé avec une
écorce blanche. Le bouleau nain va à l'op-
posé de cette représentation. C'est un
arbuste. Son habitus prend la forme d ' un
chaudron. Ses branches dressées, ainsi
que ses raomles, sont pourvus de longs
poils; ses feuilles déci dues et ovoïdes sont
fortement dentelées. Les jeunes feuilles
ont des poils épars. Les chatons mâles sont
formés de verticilles qui portent, dans
leurs aisselles, les fleurs mâles: allant par
trois, elles ont chacune deux pétales de
périanthe et de 2 à 3 étamines séparées.
Les fleurs femelles forment également des
inflorescences par 2 ou 3. Leur verticille
de soutien se confond avec les verticilles
dans une écaille à 3 lobes qui devient, à la
maturité, un akène membraneux et léger
comme ·d u papier. Étroit, il sert d 'appareil
de dissémination des graines. Les chatons
femelles, courts et cylindriques, se for-
ment en mai et en juin.
B. humilis est une essence ligneuse
d'origine euro-sibérienne qui croît jus-
qu'au Nord de l'Asie et jusqu'aux monts
Altaï. TI pousse surtout sur les sols tour-
beux faisant partie intégrante des peuple -
ments de taillis décidus. En Amérique du
Nord, nous trouvons une espèce
semblable et arbustive, B. pumila. L'espè-
ce probablement la plus petite est B . nana
qui approche des régions polaires, dans le
Nord de l' Asie, en Europe, au Groenland,
au Labrador, à Terre-Neuve et en Alaska.
B. nana atteint à peine 0 ,5 m et il croît sur
les sols tourbeux de montagne et sur les
prairies nordiques.
B. humilis forme des arbustes hauts de
2 à 3 m. li a une valeur de collection.
L 'ensemble de bouleaux nains de monta-
gne mérite une protection accrue.

143
Bétulacées
Bouleau à canots Betulaceae
Betula papy rifera MARSH .

La plupart des bouleaux sont connus pour


leur écorce blanche, mais c'est l'écorce du
Bouleau à canots qui est la plus caractéris-
tique. Bien qu'elle garde, sur les jeunes
pousses, sa couleur brune et noire, partout
ailleurs elle est blanche, décorée de lenti-
cules transversales. Elle est formée de
couches très minces qui s'exfolient comme
du papier. Sa couleur blanche s'explique
par la présence de cristaux de bétuline
dans les couches supérieures de son
écorce. Son bois contient aussi des résines
combustibles, ce qui explique la combus-
tion facile du bois vert de bouleau.
Le Bouleau à canots est une espèce
nord-américaine dont l'aire de diffusion
s'étend du Nord du Labrador et de la
Colombie britannique jusqu'en Pennsyl-
vanie, au Michigan, au Nebraska et au sud
du Montana. On le cultive depuis 1750. TI
est très résistant, parce que ses origines lui
ont appris à endurer les rigueurs du
climat. Les Indiens utilisaient son écorce
à des fins multiples, pour couvrir leurs
habitations, pour fabriquer des récipients
pour conserver des liquides. On l'utilisait
aussi pour le placage des canoës, d'où son
nom.
Les jeunes branches du Bouleau à ca-
nots sont en général duveteuses et peu
veinées. Les feuilles sont ovoïdes, à
base cordiforme ou obtuse, longues de
4 à 10 cm. Les chatons femelles se trans-
forment en cônes cylindriques, longs jus-
qu'à 5 cm. De même que le Bouleau
blanc, cette espèce est très adaptable. Elle
tolère aussi bien les sols secs qu 'humides
ou arides. Le Bouleau à canots se multi-
plie par semis effectués très tôt au prin-
temps, en mars et en avril. Quelques
horticuleurs sèment les graines du bou-
leau déjà « sur la neige » . On l'utilise
également comme support de boutures
pour les Bouleaux à grandes feuilles .
C'est un arbre assez grand, haut de 30,
parfois 40 m. TI représente une essence
ligneuse qui a son importance pour la
composition des grands parcs.

144
Bétulacées
Betulaceae Betula maximowicziana REG.

Les Bouleaux sont des essences ligneuses


à pollinisation aérienne qui ont des
feuilles simples, alternes et décidues. Elles
sont monoïques, les fleurs sont unise-
xuées. Les fleurs mâles se réduisent à deux
pétales corollaires et à deux étamines.
Mais ces dernières sont fendues en deux
anthères. Les fleurs femelles sont totale-
ment dépourvues de périanthe, elles ont
deux styles et un ovaire faussement
double qui ne renferme, à la maturité,
qu 'une seule graine. Les cônes élancés des
inflorescences femelles renferment, der-
rière le verticille de protection, trois fleurs
nues. Mais seule celle du milieu possède
des vertic~es qui s'unissent avec le verti-
cille de soutien en une écaille à trois lobes.
En hiver, à la maturité des graines, les
cônes se désarticulent et les akènes ailés
avec leurs écailles de protection se dissé-
minent dans la nature.
Les cônes de cette espèce sont cylindri-
ques et retombants, longs de 8 à 14 cm.
Les ailes des akènes sont beaucoup plus
larges que les graines. Les feuilles grandes
de 8 à 14 cm rappellent un peu les feuilles
des Tilleuls. Elles possèdent de 10 à 12
paires de veines. Cette espèce est originai-
re du Japon et elle fut introduite en
Europe dans les années 1888-1893 .
Le Bouleau jaune (Betula alleghanien-
sis) compte parmi les bouleaux dont les
feuilles possèdent le plus grand nombre de
veines (11 paires). Originaire des régions
situées entre Terre-Neuve, le Minnesota,
la Géorgie et le Tennessee, il est entré
dans les cultures depuis 1800. n fournit un
excellent bois dit bois jaune. L'écorce de
ce bouleau est jaune-brun et ses feuilles
dégagent une odeur aromatique après le
broyage. Ces bouleaux sont des arbres
dont la hauteur peut atteindre 30 m . Ce
sont des essences ligneuses de valeur pour
la composition des jardins.

ch ato ns de B. alleghaniensis

145
Bétulacées
Aulne vert Betulaceae
A/nus viridis (CHAIX in WILL.) De.

L 'Aulne vert forme , dans quelques mas-


sifs montagneux d 'Europe comme les
Carpates et les Alpes, des peuplements
homogènes et sinueux qui rappellent les
peuplements de pins alpestres. Parfois
même, ils les remplacent en certains
endroits, comme dans les Carpates.
Ailleurs, surtout en moindre altitude, ils
ont probablement été plantés intention-
nellement, bien que certains chercheurs
considèrent la possibilité d 'une propaga-
tion naturelle à partir des massifs monta-
gneux. Les peuplements situés dans la
forêt de Bohême et ailleurs ont des
caractéristiques semblables.
L 'Aulne vert est une essence ligneuse
arbustive qui ressemble au bouleau. La
première classification scientifique le ran-
geait d'ailleurs parmi ces derniers. Bien
que De Candolle ait reconnu en 1805 qu'il
s'agissait d'un aulne, on envisagea encore
une cinquantaine d 'années plus tard de le
détacher encore des aulnes car il différait
beaucoup des autres espèces. Ainsi, en
1852, on a créé un genre indépendant dit
Duschekia Opiz que la botanique actuelle
tente de rendre à nouveau usuel. Les
premiers Aulnes verts de culture datent
des années 1820. L 'Aulne vert d 'Europe
a des feuilles largement ovoïdes, presque
elliptiques, décidues. Leur face inférieure
est, en général, plus pâle que la face
supérieure et elle est duveteuse sur les
veines. Les chatons mâles individuels ou
par paire sont sessiles ; les fleurs femelles
vont par trois ou par cinq. Elles passent
l'hiver entourées d 'écailles, contraire-
ment à l'ensemble des autres aulnes véri-
tables et elles poussent en même temps
que les feuilles. TI doit son qualificatif vert
à ses jeunes ramules vert-jaune. En Amé-
rique du Nord, vit un aulne très proche qui
était souvent classé avec lui dans le même
taxon. TI a des feuilles cordiformes à la
base et il est souvent détaché du genre
indépendant A/nus crispa.
L 'Aulne vert est un arbuste à croissance
sinueuse, rarement dressé, qui peut at-
teindre 2 m de hauteur. C'est une essence
ligneuse de montagne très importante.

146
Bétulacées
Betulaceae Aulne commun
A/nus g/utinosa (L.) GAERTN.

L' Aulne commun dit aussi Aulne gluti-


neux n'est pas considéré comme une
essence ligneuse de grande valeur. Son
bois est très fragile, il rompt souvent et se
détériore très vite. Toutefois, placé défini-
tivement dans l'eau, il devient noir, plus
dur et presque indestructible, comme le
chêne. Mais l'Aulne commun est utile
d'une autre manière. Ses feuilles et son
écorce contiennent des matières tannan-
tes (presque 9% dans l'écorce) et des
anthraquinones. Elles ont des effets as-
tringents et la médecine populaire l'appli-
quait aussi contre les fièvres et les refroi-
dissements. Les feuilles broyées se sont
révélées un excellent remède pour soula-
ger les gerçures chez les mères qui allai-
taient.
L 'Aulne commun prend une importan-
ce considérable dans la nature européen-
ne. II forme , dans des conditions écologi-
ques bien déterminées, dans les endroits
où la nappe phréatique atteint un niveau
fluctuant ou élevé, des peuplements typi-
ques, les aulnaies. Les Aulnes qui pous-
sent à ces endroits prennent une forme
singulière en créant des racines additives
qui ressemblent aux racines adventives de
certaines espèces d'essences ligneuses des
tropiques.
L 'Aulne commun a des feuilles alter-
nes, décidues, à sommet obtus presque
échancré. Les jeunes feuilles sont gluti-
neuses, d 'où son nom usuel. Les chatons
mâles ont des écailles de soutien rougeâ-
tres, les fleurs femelles , d'une composi-
tion caractéristique, se lignifient à la
maturité du fruit et persistent sur
l'arbre.
L 'Aulne de montagne ou l'Aulne blanc
(A/nus incana), le deuxième en Europe
par son importance, est une essence li-
gneuse qui vit plutôt au bord des cours
d'eaux de montagne, mais il tolère aussi
des sols plus secs. TI diffère du premier
surtout par ses feuilles plus pointues et par
ses cônes oblongs et ovoïdes.
Les Aulnes sont des arbres hauts de 20
à 25 m , à cime ovoïde. Ils représentent
d'importantes essences ligneuses des sols
humides. L 'Aulne blanc peut aussi être
utilisé pour le reboisement des dé-
charges.

147
Corylacées
Noisetier, Coudrier Corylaceae
CorylU,!i avellana L.

Le Noisetier ou Coudrier représente une


essence ligneuse quj accompagne l'hom-
me depuis très longtemps. Le Noisetier
n'est pas recherché uniquement pour ses
fameuses noisettes, pour lesquelles on
a formé plusieurs cultivars, mais aussi
pour son bois facile à tailler, fleJÙble et
résistant: on l'a utilisé en vannerie, en
tonnellerie, ainsi que pour la fabrication
de cannes et de traverses. On l'utilisait
même pour la fabrication de la laine de
bois, bien que ce bois ne soit pas très
persistant et qu'il ne soit utilisable qu 'en
milieu sec.
Le Noisetier est spontané dans l'ensem-
ble de l'Europe, au Nord il va jusqu'au 63 0
degré de latitude et, à l'Est, jusqu'à
l'Arménje. A l'époque postglaciaire, le
Noisetier représentait l'essence ligneuse
dominante dans les tajllis des forêts d'épi-
céas. Par endroits, les peuplements de
noisetiers ont même empêché le renou-
vellement de la forêt d'épicéas pour for-
mer à la place des peuplements
homogènes: on en trouve des preuves
dans les traces de pollen conservé dans les
couches de tourbe. Les Noisetiers
comptent parmi les essences ligneuses
à floraison très précoce (février, mars).
Les chatons mâles sont simples, longs
parfois de 6 cm. Derrière chaque verticille
de soutien, il n'y a qu' une seule fleur sans
périanthe avec des étammes. Les fleurs
femelles ont un périanthe rétréci et elles
sont serrées dans les bourgeons d'où ne
dépassent que les stigmates rouges. Les
feuilles décidues et alternes ont des poils
courts et sont, très souvent, asymétriques.
Les Noisetiers aiment les sols argileux et
sablonneux, mais ils sont assez plastiques
du point de vue écologique. Ils peuvent
vivre aussi bien en plein soleil qu 'à
l'ombre. Dans les cultures, on les multi-
plie par marcottage ou bouturage.
Le Noisetier forme des arbustes à plu-
sieurs tiges, parfois des petits arbres. Il
peut atteindre des hauteurs de 5 et 7 m.
C'est une essence ligneuse aussi bien
rustique qu'économiquement impor-
tante.

148
Corylacées
Corylaceae Noisetier de Byzance
Corylus colurna L.

L 'origine du Noisetier de Byzance est une


grande partie de l'Asie Mineure d'où son
aire de distribution s'étend encore plus
loin vers l'Est. Mais, il est aussi très
répandu dans le Sud-Est de l'Europe,
surtout dans les massifs montagneux des
Balkans. TI supporte aussi merveilleuse-
ment bien les étés chauds que les hivers
rigoureux. Dans les parcs et les jardins
d 'Europe, il est cultivé depuis la fin du
XVIe siècle, en Amérique il arriva un peu
plus tard. Le Noisetier de Byzance était
parfois utilisé aussi comme arbre d'aligne-
ment grâce à son port majestueux, bien
dressé, quelquefois presque pyramidal.
Mais il est aussi devenu la source d ' un bois
de qualité, régulièrement rougeâtre. A la
fin du XIXe siècle et au début du XXe
siècle, on l'utilisait pour le placage de
meubles de qualité. Ses branches ser-
vaient non seulement à la fabrication des
cannes mais aussi des longs tuyaux de
pipes.
Le Noisetier de Byzance diffère du
Noisetier commun surtout par sa croissan -
ce droite - il forme même une cime
- puis par son écorce grise et liégeuse. Ses
feuilles grandes, largement ovoïdes, peu-
vent atteindre 12 cm de long, lisses dessus
et duveteuses sur les veines en dessous. Il
diffère aussi par ses chatons remarquable-
ment longs. Ses' fruits, les noisettes, sont
entourés' d 'une enveloppe foliacée , pro-
fondément segmentée et dépassant de
beaucoup la noisette. Les coquilles sont
très dures, difficiles à écraser. Le semis de
plusieurs espèces groupées assure une
production fruitière plus importante.
Le Noisetier de Byzance est une essence
ligneuse peu exigeante. En culture, elle ne
se multiplie, en général, que par semis. On
l'utilise aussi comme arbre porteur des
boutures de cultivars de noisetiers
communs plus productifs.
Cet arbre pyramidal, haut de 25 m,
représente une essence ligneuse convena-
ble pour les parcs et les allées.

149
Corylacées
Charme commun, Charmille Corylaceae
Carpinus betulus L.

Le Charme commun représente l'une des


essences ligneuses qui dominent les forêts
feuillues et mixtes d'Europe centrale. Son
aire de diffusion naturelle va de l'Europe
centrale à l'Est jusqu'à l' Asie Mineure et
l'Iran. Ce genre compte environ 25 espè-
ces qui vivent dans la zone tempérée de
l'hémisphère boréal: en Amérique, ce
genre est représenté par le Charme d 'A-
mérique (c. caroliniana Walt.). La plu-
part des autres charmes sont originaires
ramule en hiver
d'Asie.
C'est une essence ligneuse à feuillage
caduc. Son écorce est marquée d ' une
manière typique par des bandes plus
foncées sur un fond gris clair. Ses feuilles
simples et alternes, régulièrement dente-
lées se froissent d 'une manière singulière
juste après avoir poussé. En automne,
elles se teintent de jaune chaud. Le
Charme commun fleurit en avril. Les
inflorescences se forment sur les pousses
de l'année précédente. Les fleurs mâles,
nues et sans périanthe, ont un nombre
différent d 'étamines et eUes forment une
inflorescence retombante. Les fleurs fe-
meUes forment des inflorescences assez
éparses et tombantes également. Leurs
vrillières se prolongent pour former des
involucres qui portent les noisettes à l' in-
térieur. A cette époque, le Charme
commun semble être aussi bien décoré
qu ' un arbre de Noël. La noisette possède
une aile trilobée qui lui sert pour la
dissémina tion.
Le Charme commun est cultivé depuis
des siècles comme essence ligneuse fores-
tière. Il tolère aussi bien la taille, ce qui
a amené son utilisation dans la formation
de haies vives dans les parcs et les jardins.
Le bois de Charme commun, gris-blanc
propre et mat, sans noyau foncé, était
utilisé, pour la fabrication des manches
d'outils. Il est impropre pour les travaux
de menuiserie. Cet arbre de hauteur
moyenne peut atteindre jusqu'à 20 m
avec une cime large et des branches qui
poussent du tronc à angle aigu . C'est une
importante essence ligneuse.

150
Corylacées
Corylaceae Charme-houblon européen
Ostrya carpinifolia ScoP.

Le Charme-houblon est une essence li-


gneuse à bois dur, de même que le bois de
son cousin américain, O. virginiana. Le
bois de Charme-houblon servait jadis
pour la fabrication des roues dentées,
comme le bois d'acacia. Mais le bois du
Charme-houblon est rougeâtre ce qui le
différencie de celui du Charme blanc
auquel il ressemble beaucoup par ailleurs.
Le Charme-houblon est originaire de
l'Europe méridionale et de la Méditerra-
née, il croît même jusqu'au Liban. Son
nom scientifique dérive de la vieille déno-
mination grecque qui désignait les arbres
à bois très dur. On le cultive depuis
1724.
C'est un arbre à feuillage décidu. Ses
feuilles alternes sont ovoïdes et double-
ment dentelées, avec un grand nombre de
veines (de 11 à 15 paires). Les fleurs
mâles forment des chatons étroits et
entrecoupés qui fleurissent en général en
avril et en mai, en même temps que la
formation des feuilles. Les inflorescences
femelles sont plus courtes, dressées; elles
portent des fleurs par paire, placées dans
les aisselles des verticilles décidus. Après
la pollinisation, se forment des noisettes
nervurées, enfermées dans des formations
qui ressemblent à des strobiles pendants
d'où le nom de Charme-houblon. Les
Charmes-houblons sont des essences li-
gneuses moins exigeantes quant au sol et
à l'environnement que les Charmes. Ce
sont des arbres hauts jusqu'à 20 m, à cime
large, avec des branches longues et bien
ramifiées ; ils conviennent à tous les
parcs.

151
Noyer commun J uglandacées
luglandaceae
luglans regia L.

Le Noyer commun n'est pas seulement


une plante de culture très ancienne. Ses
origines phylogénétiques sont également
très anciennes. Des espèces fossilisées
vivaient même pèndant le Crétacé et le
Tertiaire sur le territoire actuel de l'Euro-
pe du Nord et ils ne furent évincés que par
les grands froids de l'ère Glaciaire. Les
débuts de la culture du Noyer se situent
quelque part dans la région du Caucase
d'où elle est venue d'abord dans la zone
méditerranéenne, puis vers le Nord des
Alpes. Déterminer aujourd'hui dans la
nature les noyers autochtones est presque
chose impossible, bien qu'il puisse très
vraisemblablement en pousser en Grèce,
en Asie Mineure, en Iran et en Afghanis-
tan et même, selon certains spécialistes,
sur les bords de la Tisza en Hongrie.
Le Noyer commun est le seul parmi les
noyers dont les feuilles entières sont
imparipennées. Les fleurs mâles, avec
trois pétales et de nombreuses étamines,
forment des chatons typiques. Les noix se
forment à partir des fleurs femelles qui
vont par paire et sont sessiles. La noix est
entourée par son réceptacle pulpeux vert
et amer ; sa coque dure est divisée en deux
parties séparables. Le corps de la noix est
la graine qui forme deux matrices, épais-
ses, lobées et huileuses. L'utilité de cet
arbre et de ses fruits est assez connue. On
connaît la valeur de son bois, mais on peut
utiliser même ses feuilles qui contiennent
du folium juglandis entrant dans la
composition de certains médicaments.
Cette substance provoque des réactions
astringentes. On l'utilise pour les mala-
dies gastriques et en dermatologie. Le
Noyer était dans l'Antiquité le symbole de
la fécondité. Son nom même nous vient de
la Grèce antique, il dérive de la forme des
noix, comparée à la glande de Jupiter
(glans lovis - lu-glans) .
Le Noyer est un arbre haut de 10
à 30 m, avec une cime soit .continue, soit
fourchue . C'est une essence ligneuse d 'u-
ne haute valeur historique.

un ram eau en h.i ver avec des


fle urs fe me lles débuts de chato ns mâ les
\ .....
~ . ~.

152
Juglandacées
Juglandaceae Noyer gris
Juglans cinerea L.

Le Noyer gris contrebalance l'utilité du


Noyer commun par sa haute valeur esthé-
tique. C'est une excellente essence ligneu-
se très appropriée par son apparence pour
les grands alignements dans les grands
parcs et les allées. Elle peut aussi former
des groupes de grands arbres dans les
grands parcs. Ses feuilles imparipennées,
formées de Il à 13 pétales dentelés, sont
finement duveteuses sur la face supérieu-
re, velues et veineuses sur l'envers . Ses
fruits qui ont une surface extérieure gluti-
neuse et duveteuse poussent, en général,
en grappes. La noix est oblongue et
ovoïde, elle a quatre nervures bien appa-
rentes et quatre autres moins prononcées,
avec une structure pleine de petites arêtes
entre elles. Elle a une coquille très dure :
ses deux « moitiés » ne se séparent pas.
C'est une merveilleuse matière première
pour la fabrication de bijoux populaires,
de colliers et bracelets sculptés à partir de
la coupe transversale de ses coquilles.
Le Noyer gris est très répandu dans
l'Est des États-Unis, du Nouveau-
Brunswick jusqu'en Géorgie et, à l'Ouest,
jusqu'au Dakota et à l'Arkansas. li est
cultivé déjà depuis 1633. L'autre espè-
ce de noyer d'Amérique, le Noyer noir
(J. nigra) est entré en culture quelque
cinquante ans plus tard. Originaire lui
aussi de l'Est des États-Unis (du Massa-
chusetts à la Floride et à l'Ouest, jusqu'au
Minnesota et au Texas), il porte des fruits
dénudés, largement ovoïdes, plus larges
que longs, à nervure irrégulière. C'est un
excellent arbre d'alignement, magnifique
dans les parcs. Son bois' est d'une grande
valeur.
Le Noyer gris ne dépasse pas la hauteur
de 30 m tandis que le Noyer noir peut
atteindre 50 m .

les noix de J. nigra serve nt


à sculpter des bijoux populaires si lho uette de J . c;nerea
~ ....,-....

153
Juglandacées
Noyer du Caucase Juglandaceae
Pterocarya fraxinifolia (POIRET) SPACH.

Les représentants du genre Pterocarya


ont, semble-t-il, leur âge d'or déjà derriè-
re eux. Pendant le Tertiaire, ils étaient très
répandus dans l'ensemble de l'hémisphè-
re boréal, aujourd'hui il n'en subsiste que
8 espèces dont 6 vivent en Chine, une au
Japon et une dans l'Ouest de l'Asie. Le
Noyer du Caucase donne le bois de
placage le plus précieux pour l'ébéniste-
rie. Ce bois de placage a une texture fine
et dynamique qui permet de construire les
formes les plus belles. Les premières
graines de Pterocarya, arrivées en Europe
vers 1782, provenaient de la Perse. Ces
premières introductions sont sûrement
à l'origine des beaux arbres dont parle W.
J. Bean au début du siècle, qui se trouvent
à Claremont, dans le Surrey, en Angleter-
re et à Vienne, en Autriche.
Le Noyer du Caucase est un arbre
. décidu, ses feuilles alternes, imparipen-
nées, longues parfois jusqu'à 45 cm, sont
formées d'une vingtaine de petites feuilles
lancéolées oblongues et ovoïdes. Ses
fleurs sont monoïques. Elles fleurissent en
mai en créant des chatons prolongés et
entrecoupés. Les arbres produisent un bel
effet non seulement par leur feuillage
mais aussi par leurs grappes de curieuses
noix ailées. En culture, on les multiplie le
plus souvent par semis de leurs graines
stratifiées et, plus exceptionnellement,
par bouturage ou marcottage sur de jeu-
nes sujets, en hiver.
Cette essence ligneuse atteignant 30 m
de haut, convient pour les cultures dans
les sols généreux, près de l'eau.

154
Juglandacées
Juglandaceqe Noyer blanc d'Amérique
Carya avata (MILL.) K. KOCH.

Les essences ligneuses de la famille des


Juglandacées se caractérisent en général
par la bonne qualité de leur bois. Et le
Noyer blanc d'Amérique est peut-être le
meilleur et le plus connu. On le cultive
autant pour la saveur de ses fruits que
pour son bois flexible et résistant avec
lequel on fabriquait des skis, des traÎ-
neaux, des manches d'outils. TI ne fut
détrôné par les matières nouvelles qu'au
cours de la deuxième moitié du x:xe
siècle. Le Noyer blanc d'Amérique est
cultivé déjà depuis 1629, aussi pour ses
noix sucrées et d' un goût excellent.
C'est un arbre à feuilles alternes, impa-
ripennées, composées en général de
5 à 7 petites feuilles dentelées. Ses ramu-
les et ses pétioles sont presque dénudés ou
peu duveteux. L 'écorce gris clair est ru-
gueuse. Lès fleurs monoïques s'ouvrent
au moment où poussent les feuilles, ou
même un peu avant. Les fleurs mâles
forment des chatons et les inflorescences
femelles forment des épis peu fournis en
fleurs. Les fruits sont plus ou moins ronds,
longs de 3 à 6 cm, de couleur beige clair.
Ils ont des parois très minces. La surface
des noix est lisse, le péricarpe s'ouvre à la
maturité par quatre valves.
Le genre Carya compte, en outre, envi-
ron 18 autres espèces qui vivent, pour la
plupart, en Amérique du Nord, une seule
étant originaire de la Chine et une de
l'Indochine. C. avata a une aire de diffu-
sion qui comprend les régions nord-amé-
ricaines situées entre la province du Qué-
bec jusqu'au Minnesota et allant au Sud
jusqu'en Floride et au Texas. En culture, il
se multiplie le plus souvent par semis. Les
graines ne commencent parfois à germer
qu'après 2 ou 3 ans .
Les caryers sont des arbres hauts de
40 m. C'est une essence ligneuse qui peut
avoir une importance économique. En
Europe elle a valeur de collection.

fruit de C. avala

155
Actinidiacées
Actinidia kolomikta (MAxIM. et RUPR.) MAXIM. A ctinidiaceae

Pour les peuples de l'Asie du Sud-Est, les


fruits de Actinidia représentent la même
chose que les fruits de l'Énglantier ou du
rameau fleuri de A. argula Cassissier pour les Européens, c'est-à-
dire une excellente source de vitamine C.
Ses fruits globuleux, riches en sucre,
contiennent 13 fois plus d'acide ascorbi-
que que les citrons. En plus, il s'agit
d'essences ligneuses résistant au gel, qui
remplissent à merveille la fonction de
couverture végétale des endroits peu
agréables à regarder. Les Actinidia sont
des lianes très ramifiées, grimpantes. Elles
sont très décoratives non seulement par le
système de leur feuillage, mais aussi, en
juin, par leurs fleurs blanches et agréa-
bles.
Les feuilles de l'Actinidia sont simples,
décidues, longuement pétiolées. Ses fleurs
sont dioïques ou plurisexuées. Elles peu-
vent être seules ou former des inflorescen-
ces cymaises. Les fleurs mâles ont un
grand nombre d'étamines avec des anthè-
res jaunes (A. koLomikta) ou rouges (A.
arguta). Les fleurs femelles se remarquent
surtout par leurs stigmates organisés
comme les rayons d'une étoile. Ces rayons
ont même donné le nom à la famille (actis
veut dire en grec rayon). Les deux espèces
sont entrées dans l'histoire de l'horticultu-
re européenne grâce au fameux horticul-
teur russe, 1. V . Mitchourine, qui avait
créé beaucoup de variantes résistant au
gel et produisant jusqu'à 50 kg de fruits.
L'espèce A . k%mikta est originaire de
Mandchourie, de Chine et du Japon . EUe
n'est venue dans les cultures européennes
qu 'en 1855, suivie une vingtaine d'années
plus tard par l'espèce A. arguta. On peut
les multiplier d'une manière végétative
par bouturage des jeunes pousses en juin,
que l'on place sous châssis ou, en autom-
ne, après la tombée des feuilles.
Ce sont des lianes grimpantes, longues
au moins de 7 m . Actinidia k%mikta est
une essence ligneuse à fruits, convenable
aussi en tant que plante de couverture,
prospère surtout dans les terres humides,
près de l'eau.

rameau de A. ko lo miktaportant
ses fruits

156
Hypéricacées
Hypericaceae Millepertuis
Hypericum calycinum L.

Le nom de Millepertuis évoque, pour la


plupart des Européens, d'abord des plan-
tes jaunes et brillantes qui vivent sur les
pentes herbeuses des montagnes. Mais,
parmi les Millepertuis, il existe plusieurs
espèces ligneuses. Et c'est le cas de H .
calycinum. A l'origine, c'est une espèce
d'Asie Mineure, très répandue dans la
zone située entre le Sud-Est de la Bulgarie
et l'Anatolie du Nord en Turquie. Ce
millepertuis fait partie d'un groupe libre
de millepertuis à grandes fleurs, qui vivent
pO,ur la plupart dans la zone méditerra-
néenne, dans les zones subtropicales d'O-
rient et puis seulement dans les hautes
altitudes des Andes sud-américaines.
H . calycinum est un petit semi-arbris-
seau avec des drageons. Ses feuilles oppo-
sées, sessiles et plus ou moins persistantes
sont lancéolées, rigides, pleines, à som-
mets obtus. Les boutons sur les arbris-
seaux, longs environ de 2,5 cm sont déjà
remarquables. ils forment des corymbes
à cinq sépales. Ses fleurs jaunes briIJantes
se forment pendant tout l'été, de juillet
à septembre, groupées par deux ou trois.
EIJes sont très grandes, de 7 à 8 cm . Le
pistil a 5 styles avec des stigmates bruns
orangés. Les fruits sont des capsules
longue environ de 3 cm.
H . calycinum est une plante assez résis-
tante, très ornementale par ses feuilles et
par ses fleurs . Avec le temps, eIJe est
capable de former un tapis vivant qui
couvre parfaitement le sol. EIJe crée très
rapidement des rejetons. Dans une situa-
tion serni-ombragée, eUe peut être combi-
née avec des conifères.
Le Millepertuis se multiplie aussi bien
par semis que par boutures (en juillet et en
août) ou encore par séparation des
touffes. C'est un semi-arbrisseau haut de
40 à 60 cm, qui drageonne. Cette plante
ligneuse, d'une haute valeur esthétique,
convient à tous les types de jardins.

157
Tamaris Tamaricacées
Tamaricaceae
Tamarix gallica L.

Les Tamaris ont marqué l' histoire de


l'humanité vraisemblablement par l'utili-
sation de la variété T. manifera, originaire
de la presqu'île du Sinaï et des montagnes
de l'Arabie. En effet, l'écorce de ses
petites ramules, piquées par un insecte, la
cochenille (Eriococcus mannifer), produit
des gouttes de résine qui se solidifient
pendant les nuits froides en gouttes caout-
chouteuses. Ces dernières donnent un
mucilage sucré, la manne du Sinaï.
Dans les jardins d'Europe, on cultive
d'autres espèces de Tamaris. Us sont très
répandus dans le Sud mais, au Nord des
Alpes, il yen a déjà moins, parce que les
conditions climatiques sont moins favora-
bles. Le Tamaris, d'origine méditerra-
néenne, est très résistant. Les premières
traces prouvant sa culture datent de 1596.
Mais il n'est pas certain que la zone
méditerranéenne constitue la véritable
patrie des tamaris. Quelques botanistes
supposent qu'il n'y est que naturalisé et
que sa zone d'origine se trouve soit en
Afrique du Nord, soit même en Chine.
Les Tamaris sont vraisemblablement une
espèce assez jeune, caractéristique des
formations ouvertes des steppes et des
déserts. Les fossiles connus de Tamaris ne
datent que du Quaternaire. Le Tamaris
possède des branches ligneuses ainsi que
des petites branches herbacées, couvertes
de petites feuilles squamiformes. C'est
une manifestation typique de son adapta-
tion à une extrême sécheresse. Les bra-
chyblastes, ces petites branches herba-
cées, tombent en automne. Ses fleurs, très
menues et roses se dressent en épis au
sommet des ramules. EUes sont herma-
phrodites et régulières. EUes fleurissent
d'abord en mai et souv'e nt aussi une
deuxième fois à la fin du mois d'août.
Ce sont des arbrisseaux drageonnants,
hauts de 5 à 10 m, fins et très ornemen-
taux. ils tolèrent les terres salées près des
usines et dans les villes.

158
Symplocacées
Symplocaceae Symplocos paniculata (THuNB:)MIQ.

Le genre Symplocos est l' unique genre de


la famille des Symplocacées, très proches
des Ebénacées. Bon nombre des 400
espèces du genre Symplocos vivent dans
les régions tropicales et subtropicales.
Mais jadis, pendant l'Oligocène et le
Pliocène, 15 espèces du genre vécurent
aussi en Europe. Aujourd'hui , Symplocos
paniculata s'est très bien adapté. Il est très
répandu dans l'Himalaya, en Chine et au
Japon. S. paniculatafut introduit en Euro-
pe en 1875, après avoir été introduit aux
États-Unis dans les années 1870.
Il a des feuilles décidues, bien dente-
lées, oblongues-elliptiques sans stipules,
à la face inférieure duveteuse et poilue.
Les petites fleurs blanches forment, tant
à l'extrémité des brachyblastes que dans
les aisselles des feuilles, des inflorescences
composées. Ses fleurs sont agréablement
odoriférantes. Mais le principal ornement
de Symplocos, ce sont ses fruits singulière-
ment colorés. Ce sont des drupes d'un
bleu très prononcé. La couleur des fruits
est très décorative. Dans l'Arboretum
d'Arnold aux États-Unis, sa couleur est
classée comme bleu outremer brillant. En
culture, on le reproduit à partir des semis.
Les graines sont collectées avant leur
maturation complète. Les Symplocos
craignent les sols calcaires.
Ces arbrisseaux denses et irréguliers,
hauts de 2 à 5 m, sont très ornementaux.
Ils ont également une valeur de collec-
tion.

159
H alesia carolina L.
Styracacées
Styracaceae

En Angleterre, à Bekesbourne dans le


Kent, vers 1670, on ne se doutait pas, à la
naissance de Stephen Hales, que cet
homme aUait laisser derrière lui une
oeuvre si considérable pour son époque,
Vegetable staticks, ni que, pour perpétuer
son souvenir, on donnerait son nom à un
joli arbuste, malheureusement très peu
cultivé. C'est Linné qui le cite dans son
Systema Naturae en 1759. Linné a même
donné le nom de cette espèce à l'ensemble
du genre.
Le genre Halesia est très répandu dans
le Sud-Ouest des États-Unis (Virginie
occidentale, Floride et Sud du Texas. Ce
sont des arbustes dressés, décidus avec des
feuilles dentelées, grandes jusqu'à 10 cm.
Leurs fleurs , remarquables, pendent en
clochettes et se forment en faisceaux dans
les aisselles sur les pousses des ramules de
l'année précédente. Us fleurissent en avril
et en mai et produisent des fruits intéres-
sants, à quatre ailes, longs de 2 à 3,5 cm.
H. carolina s'appelle aussi parfois H .
tetraptera. Les drupes renferment de
1 à 3 graines.
C'est uJ).e essence ligneuse assez élégan-
te qui croît aussi bien en Europe, mais elle
ne tolère pas les températures très varia-
bles en hiver. A Pruhonice, en Tchéco-
slovaquie, elle a bien supporté, en
1978-1979, une baisse de température
jusqu'à moins 30 oC tandis que les tempé-
ratures trop variables au-dessous et au-
dessus du zéro, de l'hiver 1981-1982
l'ont endommagée. Dans les cultures, où il
est encore très peu pratiqué, H . carolina
se multiplie à partir des semis, rarement
par des boutures. C'est soit un arbre, soit
un arbuste, qui peut atteindre dans la
nature des hauteurs de 5 à 10 m, en
culture de 3 m seulement. Cette essence
ligneuse est très ornementale.

160
Styracacées
Styracaceae Pterostyrax hispida SIEB. etZUCc.

Pendant les premières années qui ont suivi


sa découverte en 1839, ainsi qu'après
l'introduction de Pterostyrax en culture
(P. corymbosa en 1850 et P. hispida en
1875), on a longtemps considéré ces
essences ligneuses seulement comme des
espèces d'halésias, originaires de l'Est de
l'Asie. Pourtant, les différences sont plus
que marquées: Pterostyrax est originaire
du Japon et de la Chine, ses inflorescences
forment des panicules pendantes, longues
jusqu'à 25 cm.
Pterostyrax forme des arbustes vigou-
reux ou encore de petits arbres à plusieurs
troncs . Leurs feuilles alternes et caduques
sont allongées, longues jusqu'à 17 cm et
tomenteuses au revers. Leurs inflorescen-
ces agréablement odoriférentes se for-
ment à partir des rameaux latéraux. Elles
fleurissent en juin. Les pétales de la
corolle, blanchâtres, sont presque lâches,
unis légèrement seulement vers le bas. Les
fruits sont des drupes, à 1 ou 2 noyaux,
allongées, ailées en nervures, qui se dessè-
chent.
Pterostyrax hispida est une essence li-
gneuse à croissance relativement rapide
qui convient pour les endroits plutôt
ensoleillés ou semi-ombragés. Bien qu'il
soit capable de vivre pendant des années
à l'ombre d'autres essences ligneuses près
des étendues d'eau, il n'aime pas l'excès
d'humidité. De plus, il n 'est pas très
résistant aux basses températures ; toute-
fois , après les gelées, il est capable de
repousser assez régulièrement. Il se multi-
plie assez bien à partir de ses graines,
qu 'on n'est pas obligé de stratifier, seule-
ment, il faut les conserver dans un endroit
sec pendant l'hiver. On peut le multiplier
aussi en juillet par des boutures vertes.
Son qualificatif hispida se rapporte à ses
inflorescences qui sont glanduleuses et
tomenteuses.
Pterostyrax hispida est soit un arbuste
dressé, soit un arbuste à plusieurs troncs,
qui peut atteindre jusqu'à 15 m de hau-
teur. Il a une haute valeur esthétique.

un je une fruit

161
Salicacées
Saule arborescent Salicaceae
Sa/ix pentandra L.

Le Saule arborescent a une position spé-


ciale dans le genre Sa/ix parce que ses
caractéristiques le différencient nette-
ment des autres saules à feuilles étroites.
Ses feuilles sont plus larges, très luisantes.
Les glandes des pétioles forment, en
automne, des bandes de couleur rouge-
brun, laquées et luisantes. Les feuilles,
surtout .celles qui se fanent, sont forte-
ment odoriférantes. L'odeur rappelle
celle des amandes amères. L 'écorce et le
bois coupé dégagent la même odeur qui
provient des baumes, résines et essences,
plus concentrés dans les bourgeons,
comme chez les Peupliers. Nous pouvons
encore mentionner le plus grand nombre
d'étamines et les grandes écailles de sou-
tien des fleurs. Le Saule arborescent
fleurit le dernier parmi les grands saules,
en mai et en juin, après le plein dévelop-
pement de ses feuilles . Les chatons mâles
sont jaunes, longs environ de 7 cm, les
chatons femelles verdâtres et plus courts.
Les chatons femelles productifs persistent
dans le houppier jusqu'à l'automne, mo-
ment où les graines arrivent à maturité.
Les graines sont menues, duveteuses,
d'une couleur blanc argenté, et les capsu-
les qui s'ouvrent dans les chatons rappel-
lent des petites touffes de coton. Les
graines ne se disséminent que pendant
l'hiver ou au printemps suivant et ne
germent que pendant la nouvelle période
végétative. Leur période de germination
est la plus longue parmi l'ensemble des
saules : il leur faut presque six mois. Son
milieu naturel sont les prairies humides et
tourbeuses qui vont des plaines jusqu'en
altitude, à la limite de la forêt . Actuelle-
ment, le Saule arborescent est sur le déclin
dans son milieu naturel qui est de plus en
plus exploité pour d'autres cultures. C'est
une essence ligneuse d'Europe, diffusée
jusqu'au Caucase. Ce saule porte de 6 à 12
étamines chez les fleurs mâles, tandis que
son hybride qui provient d ' un croisement
avec le Saule fragile , Sa/ix x tinctoria, en
porte 5.
Cet arbre peut atteindre une hauteur de
15 m ; il est assez rustique. C'est aussi une
essence ligneuse dont l'écorce peut être
.--.-..- ... . .
;.' ~_ ._ ." ........... exploitée par l'industrie pharmaceutique .

162
Salicacées
Salicaceae Saule fragile
Salix fragilis L.

Le Saule fragile est considéré comme le


plus commun des saules européens
à feuilles lancéolées et minces. A l'excep-
tion des régions arctiques, de la Sicile et
des Balkans, on le trouve partout en
Europe et en Asie Mineure d'où il conti-
nue vers l'Asie Centrale. Mais il est
souvent confondu, dans l'ensemble de son
aire de diffusion naturelle, avec le Saule
blanc (Salix alba) et, en Europe occiden-
tale, avec l'hybride du Saule blanc et du
Saule fragile, S. x rubens. Pourtant, ces
deux saules ne risquent pas de se rencon-
trer dans leurs aires de diffusion naturelle
respectives. Le Saule fragile est une essen-
ce ligneuse plutôt d'altitude, il aime les
climats plus froids et vit surtout dans le
voisinage des cours d'eau de montagne.
Mais il tolère aussi des températures
extrêmement basses. On peut le distin-
guer du Saule blanc surtout par sa plus
petite taille (jusqu'à 15 m) , par son
penchant à former plusieurs troncs et par
ses cimes éparses, par ses branches qui se
cassent facilement (d'où son nom fragilis) ,
s'écartant du tronc en formant un angle
aigu ou un angle droit. TI fleurit avant la
formation des feuilles, en mars et en avril,
et ses fleurs femelles ont deux glandes
nectarifères, tandis que le Saule blanc
n'en possède qu'une. Le Saule blanc est
un arbre haut à tronc unique. Ses feuilles
sont poilues et ses branches jaunâtres se
dressent à angle aigu . Ses feuilles pren-
nent en automne une teinte grise.
Le Saule fragile, le Saule blanc et le
Saule pourpre fournissent une matière
médicinale, le cortex salicis, qui est utilisée
contre les fièvres , les rhumatismes et
différentes névralgies, contre les refroi-
dissements et pour provoquer la transpi-
ration .
Le Saule fragile est un arbre à croissan-
ce large et arbustive, assez rustique, il
accompagne les cours d'eau. TI est impor-
tant pour l'industrie pharmaceutique.

163
Salicacées
Saule marsault Salicaceae
Salix caprea L.

La grande variabilité des caractéristiques


chez les saules est proverbiale, de même
que leur capacité à se croiser entre eux.
C'est surtout valable pour les Saules
à feuilles étroites mais aussi pour les
autres . Le Saule marsault est choisi
comme exemple des saules à feuillage
large. Bien qu'il présente moins de varié-
tés, on peut trouver des caractéristiques
différentes dans l'ensemble de son aire de
distribution naturelle, aussi bien dans la
forme de ses feuilles que dans leur coloris
et dans la densité de leurs poils. Le Saule
nordique, connu pour sa floraison tardive,
est souvent séparé dans une espèce dis-
tincte (s. coaetanea) qui se différencie
aussi d'une autre variété semblable, le
Saule de Silésie (S. silesiaca) par la face
inférieure de ses feuilles qui est abondam-
ment poilue, comme ses pistils. Le Saule
marsault est répandu presque dans l'en-
semble de l'Europe, jusqu'au Nord-Est de
l'Asie et au Nord de l'Iran. Il dépasse de
très loin la limite supérieure de la forêt :
dans les Carpates, il monte jusqu'à
1780 m. Souvent, il occupe aussi des
terrains secondaires comme les remblais
des routes et les anciennes carrières. Il est
très tolérant et supporte aussi bien les sols
secs qu 'humides. Il fleurit très tôt au
printemps, en mars. Ses chatons sont
courts et larges et leurs vrilles rigides ne
retombent pas. C'est une essence ligneuse
très importante pour l'apiculture. EUe
représente la première nourriture printa-
nière des abeilles. Bien que l'on puisse
très bien multiplier presque tous les saules
par des boutures lignifiées, plus la bouture
est forte, meilleur est le résultat. Le Saule
marsault ne s'enracine presque pas. On ne
peut multiplier de cette manière que
quelques-uns de ses clones. Dans les
silho ue tte de S. cinerea plaines, près de lacs, croît abondamment
le Saule cendré (S. cinerea) qui est une
variété nettement acidophile. On le dis-
tingue surtout par sa forme d'arbuste et
par la présence de liteaux lignifiés sous le
rhytidome, qui sont absents chez'le Saule
marsault.
Il forme soit un arbuste haut, soit un
arbre bas, d'une hauteur qui peut attein-
dre 10 m. C'est une essence ligneuse
rustique, très importante en apiculture.

164
Salicacées
Sa/icaceae Salix reticulata L.

Salix reticulata nous montre l'extraordi-


naire capacité d 'adaptation de cette espè-
ce d'essences ligneuses. Il s'est adapté
à merveille à la haute montagne. Il a une
propagation circumpolaire en Europe, au
Nord de l'Asie et en Amérique du Nord .
Mais cette aire de diffusion originale
a beaucoup de dépassements, en Europe:
il est très répandu élans les Alpes et dans
les Carpates, aussi bien que dans les
massifs montagneux au Nord des Balkans.
Sa croissance est partout liée à la présence
de soIs assez riches et nutritifs, comme par
exemple, les sols calcaires ou les mylonites
qui lui assurent suffisamment de matières
nutritives.
C 'est un saule assez régulier dans ses
caractéristiques et très différent des
autres. A part sa croissance grimpante, ce
sont surtout ses feuilles sphériques et
profondément réticuléesqui lui ont donné
son nom, S. reticulata. De plus, ses feuilles
sont longuement pétiolées, tandis que
chez les autres les pétioles sont presque
absents. L 'emplacement de ses fleurs dif-
fère également. Presque tous les Saules
fleurissent à partir des bourgeons laté-
raux, mais S. reticulata a des chatons
terminaux. Ses chatons se forment en
même temps que ses feuilles, mais ses
fleurs ne s'ouvrent qu 'après le développe-
ment complet des feuilles. Les chatons
mâles sont fort rouillés. Ils n'ont que deux
étamines. Les chatons femelles sont
étroits et délicats. S. reticulata fleurit,
selon l'altitude, de juin à septembre. Il se
multiplie très bien à partir des boutures
ligneuses. C 'est une essence ligneuse très
appréciée dans les alpinums, elle est
cultivée déjà depuis 1789.
Cette essence ligneuse naine, haute
à peine de 10 cm, a une très grande valeur
en sciences naturelles.

dé tail du ramule e n fle ur

165
Salicacées
Peuplier blanc de Hollande Sa/icaceae
Populus alba L.

Les peupliers blancs forment dans le


genre Populus une section spéciale qui se
divise elle-même en deux sous-groupes :
les Trembles et les véritables peupliers
blancs. Ces derniers ont des feuilles plus
grandes, elliptiques et ovales, de trois
à cinq lobes, grossièrement dentelées.
Lors de la pousse, les jeunes feuilles sont
tomenteuses, puis elles se dénudent et, sur
les ramules plus longs, leur face inférieure
devient feutrée et blanchâtre. Les pétioles
sont sphériques à la coupe, non aplatis. Le
trait commun de l'ensemble des Peupliers
blancs est le tronc bien lisse sans entailles
et sans écailles qui reste jusqu'à un âge
avancé gris clair (<< blanc ») .
L'ensemble des Peupliers blancs forme
des essences ligneuses dioïques à croissan-
ce rapide. Les peupliers forment unique-
ment, soit des fleurs mâles, soit des fleurs
femelles, mais on peut les multiplier en
culture assez facilement et les maintenir
comme des clones. Les fleurs mâles et
femelles ont, à la base, une sorte de
coupelle oblique et glanduleuse, et elles
forment des inflorescences du type des
chatons. Les chatons mâles du peuplier
blanc sont assez épais, longs de 3 à 7cm,
leurs fleurs ont de 6 à 8 étamines avec des
anthères roses. Les chatons femelles sont
plus courts, leurs verticilles ont la couleur
de la rouille, peu ciliés, ils ont deux styles
rouges et deux stigmates jaunes. Ils fleu-
rissent, comme la majorité des peupliers,
très tôt au printemps, en mars et en juin.
Aujourd'hui, le Peuplier blanc est régu-
lièrement distribué presque dans l'ensem-
ble de l'Europe, mais sa région d'origine
semble être plutôt l'Europe méridionale
et la Méditerranée, y compris l'Afrique du
Nord . Après son introduction aux États-
Unis, dont la date est inconnue, il s'y est
naturalisé.
C'est un arbre haut d'environ 30 m,
à cime majestueuse, bien large, qui peut
atteindre souvent 25 m de diamètre. Il est
aussi remarquablement rustique .

166
Salicacées
Salicaceae Tremble
Populus tremula L.

Le groupe des Trembles se différencie des


autres peupliers « blancs» par leurs
feuilles sur de longs pétioles qui bougent
sans cesse au moindre souffle de vent.
L'aire de sa propagation naturelle en
Europe est la plus étendue parmi tous les
peupliers indigènes d 'Europe . A l'excep-
tion de l'extrême Sud de l'Espagne, il croît
partout jusqu'à dépasser le 70° degré de
latitude Nord, aussi bien dans les plaines
que dans les montagnes (dans les Alpes, il
monte jusqu'à 2000 m) , aussi bien dans
les milieux secs qu 'humides, sur le littoral
et dans la puszta hongroise. C'est une
essence ligneuse particulièrement résis-
tante, pionnière, qui apparaît, avec ·Ies
bouleaux et quelques saules, en premier
sur les terrains nus, sur les clairières et sur
les remblais des voies de communication
marquant ainsi le retour progressif de la
forêt. Mais c'est une essence ligneuse qui
aime la lumière; dans les peuplements
homogènes, elle se retire vers les lisières
d'où elle continue son expansion végétati-
ve intensive par de nouvelles pousses
à partir de ses racines. Elle croît assez
rapidement mais, dès l'âge de trente
à quarante ans, elle est atteinte par la
putréfaction du duramen ce qui la dépré-
cie pour une utilisation pratique. Le
Tremble est le dernier des peupliers euro-
péens à fleurir à la fin du mois de mars et
en avril. n ne craint pas alors les gelées
tardives et produit chaque année assez de
graines. Les chatons mâles sont habituel -
lement longs de 10 cm et ils ont des
verticilles tomenteux et argentés. Les
chatons femelles sont plus courts, les
stigmates et les étamines sont rougeâ-
tres.
Le Tremble est un arbre haut de 30 m
environ, à cime irrégulière qui forme
souvent de larges polycormones. C'est
une essence ligneuse pionnière et rus-
tique.

167
Salicacées
Peuplier noir, Peuplier d'Italie Sa/icaceae
Populus nigra L.

Le Peuplier d'Italie appartient avec les


autres peupliers noirs à la section Aigeiros
qui se caractérise par la forme de ses
feuilles . EUes sont luisantes, glabres, avec
les bords translucides et des pétioles plats.
Les Peupliers noirs sont très répandus
dans l'ensemble de l'Europe centrale et
méridionale, en Afrique du Nord, ils
atteignent même l'Asie centrale et vivent
aussi en Amérique du Nord. Leur milieu
nature l : les prairies et les littoraux situés
entre le 30e et le 50e degré de latitude
Nord mais, en Amérique du Nord, ils
descendent encore plus au Sud. Du point
de vue écologique, ils sont moins plasti-
ques et leur variabilité n'est pas très
considérable. Mais ils se croisent volon-
tiers non seulement entre eux (de manière
spontanée même dans les cultures), mais
aussi avec d'autres peupliers et leurs
hybrides.
Le Peuplier d 'Italie est le seul représen-
tant de cette section sur le continent
eurasiatique. Il a des feuilles cordiformes,
presque rhomboïdes, avec une longue
pointe. Les jeunes ramules ont des feuilles
plutôt rhomboïdales et les arbres en fleurs
des feuilles plutôt cordiformes. Les an-
neaux de croissance annueUe sont ronds .
Dans sa jeunesse, le Peuplier d'Italie croît
plutôt lentement, puis plus vite. Il vit
normalement jusqu'à cent ans ; mais on le
coupe vers quarante ou cinquante ans. Ses
bourgeons renferment une matière médi-
cinale (gemmae popull) qui renforce la
capacité diurétique. Bien que P. nigrasoit
une essence ligneuse éminemment rusti-
que, il est, au XX e siècle, sur le déclin.
Dans de nombreux pays, il est remplacé
par différents hybrides. Citons parmi les
plus anciens, le Peuplier de Lombardie,
cultivé pour sa cime pyramidale. Le
Peuplier noir, dans sa variété iullica, existe
seulement comme le clone mâle et il n'est
pas originaire d'Italie mais d 'Asie centra-
le. On le connaît depuis 1750 ; aux
États-Unis, il n'est cultivé que depuis
1784.
Le Peuplier noir est un arbre à cime
irrégulière et large, haut de 30 à 40 m. Le
à droite , Peuplier de Lombardie, pyramidal, peut
la fe uille rhomboïde atteindre une hauteur de 30 à 35 m.
silho ue tte de P. nigra d' une branche je une silho ue tte de
à cro issance nonnale P. nigra var. italica

168
Salicacées
Sa/icaceae Peuplier baumier
Populus balsamifera L.

Le Peuplier baumier est l'unique repré-


sentant de l'ensemble de la section des
peupliers baumiers américains, appelée
Tacamahaca. Ce peuplier se caractérise
par un fort épanchement de résine dan,s
ses bourgeons. Ce fait est très significatif
surtout pendant leur poussée, dans la
phase la plus intensive de leur croissance.
Pendant cette époque, les Peupliers bau-
miers ne sont pas seulement fort odorifé-
rants, mais leurs bourgeons sont très
glutineux. Ils fournissent une matière
médicale importante (gemmae popull) .
Elle est utilisée en usage externe sur les
blessures et pour les bains antirhumatis-
maux. Administrée par voie interne, elle
est un diurétique puissant qui désinfecte
les voies urinaires. Le baume des inflorescence
femeUe
peupliers est également utilisé en apicul -
ture (le propolis, le mastic apicole).
Les Peupliers baumiers sont très répan-
dus en Amérique du Nord et au Sud de
l'Asie, des régions subtropicales jusqu'à la
toundra nordique, dans les forêts prairia-
les aussi bien que dans les régions se mio-
désertiques, dans les hautes montagnes et
même en Sibérie. Le Peuplier baumier
était distribué sur une aire naturelle très
large, allant du Labrador jusqu'à l'Alaska
au Nord où il suivait le tracé de la limite
Nord de la forêt, et, au Sud, jusqu'aux
États de New York, du Michigan, du
Nebraska, du Nevada et de l'Oregon,
surtout sur les sols alluvionnaires et sur les
littoraux. Il est cultivé depuis 1689, mais
c'est seulement au XX e siècle que ces
cultures sont devenues importantes. Il
croît très rapidement et atteint l'âge de
cent ans. Ses branches rondes et ses jeunes
ramules dénudé~ sont ses traits typiques.
L 'écorce est rugueuse, assez écailleuse sur
les vieux spécimens. Ses feuilles ont la face
supérieure vert foncé et la face inférieure
blanchâtre à bords non transparents.
Le Peuplier baumier est un arbre
à croissance rapide, qui peut atteindre
30 m de haut. C'est une essence ligneuse
forestière d'avenir et la source d' une
drogue pharmaceutique importante.

169
Ericacées
Rhododendron dauricum L. Ericaceae

La plupart des gens pensent que les


Rhododendrons ne peuvent être que des
arbustes hauts et persistants. Mais le
genre Rhododendron est beaucoup plus
riche et varié, il compte également beau-
coup de plantes qui ont des caractéristi-
ques différentes. C'est Linné qui a choisi
le nom du genre ; il s'agit d'une vieille
dénomination grecque, qui désignait à l'o-
rigine un oléandre, bien connu déjà dans
les écrits de Dioscoride et de Pline. Bien
qu 'on ait proposé, dans le passé, beau-
coup d 'autres noms pour ce genre, la
dénomination Rhododendron a bien ré-
sisté et eUe englobe aujourd'hui même les
espèces jadis séparées et groupées dans un
autre genre indépendant, celui des Aza-
lées (Azaleae) .
L'aire de distribution natureUe du Rho-
dodendron dauricum est très vaste. EUe
va de la Sibérie à l'Extrême-Orient et à la
Mongolie et couvre des altitudes de 300
à 1500 m au-dessus du niveau de la mer.
Ses feuilles caduques sont elliptiques,
arrondies des deux côtés, longues d'envi-
ron 4 cm et fortement tégumenteuses
à l'envers. TI représente un bon exemple
du groupe des sous-genres des Lépido-
dendrons (Lepidotae), qui ont des feuilles
couvertes d 'écailles. Ses fleurs du rose au
pourpre clair se forment très tôt au
printemps, bien avant l'apparition des
feuilles (quelquefois déjà au mois de
mars) en bouquets de 1 à 3. On peut très
bien les faire « avancer », si on les coupe
et qu'on les place dans un vase.
R . dauricum fut importé de Sibérie en
Angleterre en 1780. On l'avait utilisé
directement dans l'horticulture d'orne-
ment, mais aussi en tant que taxon - por-
teur des boutures pendant la recherche
de variations nouveUes. D . Davis avait
obtenu, dès 1855, en le croisant avec
R. ciliatum, un nouveau rhododendron ,
R. X praecox qui fut présenté pour la
première fois en public en Angleterre,
en 1861 , dans le cadre de la Société
royale d ' horticulture.
R . dauricum est un arbuste aéré, haut de
1 à 2 m, assez résistant. n convient même
pour les petits jardins.

170
Ericacées
Ericaceae Rhododendron smirnowii TRAUTW.

Ce rhododendron est l'une des 9 espèces


du genre qui vivent dans la partie occiden-
tale du continent d 'Eurasie. Par rapport
au nombre des membres de ce genre, ils ne
représentent qu'une partie infime, bien
qu'aujourd'hui, les Rhododendrons ne
manquent presque plus dans aucun jar-
din botanique d'Europe. C'est surtout
R. smirnowii qui a légué sa résistance
à bon nombre d'espèces cultivées. A l'ori-
gine, il ne vit qu'en de rares endroits, au
sud du massif du Caucase. Il se partage ces
rudes montagnes entre la Géorgie et la
Turquie avec une espèce très proche, R.
ungernii. Ces endroits sont toujours humi-
des, le niveau annuel des précipitations
atteint jusqu'à 2500 mm. Les deux espè-
ces furent découvertes en 1885 et 1886.
Rhododendron smirnowii est un ar-
buste à feuillage persistant. Son trait le
plus typique est le revêtement feutré et
épais de ses jeunes pousses et de ses
feuilles. La surface des jeunes feuilles est
ainsi farineuse et blanchâtre. Les feuilles
plus anciennes ont une couleur rouille
bien apparente. La face supérieure de ses
feuilles est corroyée, vert foncé, et, par
endroits, tomenteuse. Les feuilles, lon-
gues de 6 à 12 cm, ont des sommets
à pointes obtuses. Les inflorescences assez
lâches, sont formées de 10.à 12 fleurs. Les
corolles de ces fleurs sont rose violacé, en
forme d'entonnoir à cinq coins et aux
bords ondulés. Ce rhododendron fleurit
pendant la deuxième moitié du mois de
mai; d 'abord irrégulièrement, puis chez
les individus plus âgés, d'une manière très
régulière.
Bien que les conditions de sa croissance
naturelle soient presque extrêmes, Rho-
dodendron smirnowii est très adaptable. Il
résiste aux basses températures, ausi bien
qu'aux pollutions industrielles et à la
sécheresse. Ces qualités l'ont fait souvent
choisir pour l'hybridation d 'espèces de
rhododendrons de culture.
C 'est un arbuste à feuilles persistantes,
haut de 1,5 à 2 m , il peut même convenir
pour les parcs de ville.

171
Rhododendron x hybridum hart.
Ericacées
Ericaceae

L'histoire de la création des espèces horti-


coles de rhododendrons est très variée ;
les variétés d 'aujourd 'hui furent en géné-
ral créées à partir de plusieurs espèces
rustiques. Les Rhododendrons sont en
général subdivisés selon leur système to-
menteux en trois groupes de sous-genres:
les Lépidotées (Lepidotae), les Velus
(Villosae) et, enfin, les Floconeux (Floc-
caceae). La plupart des variétés cultivées
sont originaires du troisième groupe. Ce
sont toujours des espèces persistantes
à grandes feuilles et à grandes fleurs .
Les débuts de l'hybridation européenne
furent influencés par l'introduction en
Angleterre des espèces nord-américaines
de Collins et par les expéditions et les
collections, françaises, hoUandaises et
russes, en Amérique et en Asie, 'tout au
long du XVIIIe siècle. L'Angleterre est
devenue le centre naturel de ces tentati-
ves, favorisée par ses conditions climati-
ques très favorables. La culture des Rho-
dodendrons commença avant tout dans le
Jardin botanique royal de Kew, pour
devenir ensuite, au cours du XIXe siècle
une mode dans les jardins de la noblesse.
Le premier hybride intentionnellement
créé (en 1817) est probablement Rhodo-
dendron X hybridum qui avait eu pour
parents l'espèce semper virens R . maxi-
mum et R. viscosum à feuilles caduques.
La deuxième vague est venue après les
expéditions fructueuses en Chine, dès la
moitié du XIX e siècle, jusqu'aux vingt
premières années du XX e siècle. Le
mérite historique de la création des varié-
tés réellement résistantes revient à la
famille Siedel, originaire de Grungrab-
chen. La quarantaine de variétés qu 'ils ont
créées, dont les couleurs vont du blanc au
violet foncé, ont jeté les bases d'une
véritable culture de rhododendrons qui
vivent aujourd' hui même au sud de la
Suède.
Ce sont des arbustes persistants, hauts
de 2 à 5 m.

172
Ericaceés
Ericaceae Groupe 'Azalea mollis'
Rhododendron molle (BL.) G. DON

Le groupe de rhododendrons qui se carac-


térise, en général, par un feuillage caduc,
couvert soit de poils individuels, soit de
glands, est désigné sous le nom de rhodo-
dendrons velus, Villosae. Le langage po-
pulaire les appelle Azalées: c'est leur
dénomination traditionnelle qui date de
l'époque où le genre Rhododendron était
divisé en deux genres, et les espèces
à feuilles caduques classées sous le genre
Azalea (du grec azalos: sec, aride,
peut-être à cause du fait que les Azalées
donnent l'impression d'être sèches pen-
dant toute la partie de l'année où leur
feuillage est tombé).
Parmi les Azalées d'extérieur les plus
connues, se comptent surtout les espèces
de rhododendrons à corolles jaunes, plus
rarement blanches qui ont toutes une
grande tache soit jaune soit orange. Elles·
vivent aussi bien à l'Est de l'Asie qu'à
l' Est de l'Europe ou en Amérique du
Nord. Depuis 1792, on cultive aussi un
rhododendron jaune, originaire de l'Est
de l'Europe et du Caucase (R. luteum) et,
depuis 1823, la culture s'est enrichie
d' une autre espèce à feuilles caduques et
à fleurs jaunes, originaire de Chine, Rho-
dodendron molle. Enfin, en 1861 , on
a importé du Japon une autre espèce
rouge saumon. Ainsi, la culture des rho-
dodendrons a pu provoquer une véritable
explosion de couleurs par la création
d' hybrides qui remportent un grand suc-
cès encore aujourd'hui. Mais l'horticultu-
re pratique les nomme souvent très diffé-
remment. Le plus souvent, on parle du
groupe des hybrides 'Azalea mollis', bien
connus par leur large éventail de couleurs
pastel. Us sont issus de croisements entre
R . molle et R. japonicum, réalisés par F .
de Coninck de Gand, en Belgique. La ville
de Gand est devenue également un centre
de culture qui a donné naissance aux
Azalées de Gand, réalisées à partir d'es-
pèces américaines et du Rhododendron
jaune déjà cité, qui a les fleurs les plus
agréablement parfumées de tous les rho-
dodendrons.
Les Azalées du groupe 'Azalea mollis'
sont des arbustes à feuillage caduc, hauts
de 1 à 2 m .

173
Ericacées
Enkianthus campanulatus (MIQ.)NICHOLS Ericaceae

Un simple regard sur E. campanulatusqui


fleurit, nous apprend qu 'il s'agit d' une
essence ligneuse liée à la culture d 'Extrê-
me-Orient. Il est fin, délicat comme un
souffle d'air. On l'avait importé en Angle-
terre, en 1880, du Japon qui est sa patrie.
Son nom de genre est formé par deux
racines grecques : egkyein : riche, fécon-
de, singulière et anthos : fleur. Il est aussi
vrai que quelques Enkianthus produisent
des inflorescences vraiment abondantes
ou que l'ensemble de leurs fleurs rappelle
les fleurs biologiques. Une dizaine d'espè-
ces vit, en dehors du Japon, au Nord-Est
de l'Asie et dans l'Himalaya. Presque
toutes ne furent introduites en Europe
qu 'à la fin du XIX e siècle et au début du
XXe , mais Enkianthus campanulatus était
cultivé dans les jardins japonais depuis
longtemps déjà.
Dans l'ensemble, les Enkianthus sont
des arbustes moyens, leur feuillage est, en
général, caduc et leurs petites branches
forment une sorte de verticilles. Leurs
feuilles alternes sont groupées au sommet
des rameaux, elles possèdent des pétioles
et sont dentelées. Leurs limbes, ellipti-
ques ou presque rhombiques, longs de
3 à 7 cm, sont tomenteux sur le dessus,
ainsi que sur les veines, sur l'envers. Leurs
fleurs ont des· couronnes en forme de
clochettes à 5 pointes, sans aspérités. La
couronne longue, qui peut mesurer jus-
qu'à 12 mm, est jaune orangé avec des
veines rouges. Les fleurs forment des
grappes en corymbes pendant sur un
pédoncule long d'environ 2 cm. Elles
fleurissent en mai, après l'apparition des
feuilles . Les fruits sont des capsules
à 5 compartiments. Ils se multiplient très
bien à partir des graines (en hiver, il faut
les placer sous verre, sur de la tourbe
mêlée avec du sable), mais aussi par des
boutures d'été, au mois d'août, ou encore
par la coupe de ses pousses annuelles. Il
croît bien dans les sols humides, riches et
acides.
Enkianthus campanulatus est un ar-
buste dressé ou un petit arbre (surtout
dans la nature) : en culture il ne pousse
qu'à une hauteur de 2 à 5 m. Il est très
convenable pour les marais de culture et
les sous-bois de conifères.

174
Tiliacées
Tiliaceae Tilleul à petites feuilles
Tilia cordata MilL.

Les Tilleuls sont, en général, classés dans fruit d e T. cordata


l'ordre des Malvales qui comptent le plus
ancien fossile de plante angiosperme trou-
vé à ce jour, la Furcula, qui date du Trias
avancé. Les fossiles des Tilleuls les plus
anciens datent du Pliocène avancé, il
y a une vingtaine de millions d'années.
C'est peut-être grâce à cette ancienneté
que les Tilleuls bénéficient d'un grand
respect et qu'ils sont parfois devenus des
symboles nationaux.
Le Tilleul à petites feuilles est un arbre
majestueux avec des feuilles relativement
petites à longs pétioles. Elles mesurent de
4 à 7 cm ; cordiformes et oblongues, elles
sont très dentelées sur leur circonférence.
Leur face supérieure est glabre et vert
foncé, la face inférieure est gris-bleu.
Elles ont, dans les aisselles, des touffes de
poils de couleur rouille. Les inflorescen-
ces fourchues sont formées de 3 à 16
fleurs. Le pétiole des inflorescences est
accompagné, à la base, par une feuille
étroite et membraneuse qui forme par la
suite l'appareil de dissémination des petits
fruits . Les fleurs vont par cinq, les pétales
des téguments sont blanc jaunâtre, et les
akènes à parois minces sont sphériques.
Le Tilleul à petites feuilles croît dans les
forêts décidues, claires, ainsi qu'indivi-
dueIJement, aussi bien dans les plaines
qu'en altitude, presque partout en Euro-
pe. Il est cultivé déjà depuis des siècles.
L'espèce européenne qui s'en rapproche
le plus est le Tilleul à grandes feuilles (T.
platyphyllos) qui croît pratiquement sur partie d ' une branche fle urie de
les mêmes territoires, mais qui préfère les T. platyphyllos

régions plus chaudes. Il se différencie par


ses feuilles plus grandes et plus fines,
à face inférieure verte. Ses akènes ont des
parois dures. Il fleurit parmi les premiers,
déjà en juin, tandis que le Tilleul à petites
feuilles le suit, seulement 3 ou 4 semaines
plus tard.
Ce sont des arbres majestueux, hauts de
20 à 40 m. Le Tilleul à petites feuilles est
une importante essence ligneuse euro-
péenne, utilisée en pharmacologie, en
apiculture et en sculpture sur bois.

175
Tiliacées
Tilleul commun Tiliaceae
Tilia x vulgaris HA YNE

Dans l'hémisphère Nord, vivent une qua-


rantaine de genres de Tilleuls. ils forment
facilement des hybrides entre eux. Ainsi,
le nombre des Tilleuls déjà répertoriés est
beaucoup plus grand. Aujourd 'hui, il est
assez difficile de trouver dans les forêts et
dans les vallées européennes des Tilleuls
à petites feuilles ou des Tilleuls à grandes
feuilles , mais on y rencontre beaucoup
plus souvent leur hybride, le Tilleul
commun (T. x vulgaris). Ces deux espè-
ces ainsi que d 'autres se croisent très
facilement , formant alors de grands en-
sembles d'hybrides assez féconds et très
changeants dans leurs caractéristiques.
Souvent, leurs feuilles mesurent entre 6 et
10 cm, la face supérieure étant plus fon-
cée, non luisante et la face inférieure d 'un
vert plus vif ou plus gris. Elles sont
largement ovoïdes et grossièrement den-
telées. Les fleurs forment des inflorescen-
ces fourchues et retombantes par 5 à 10
fleurs et leurs akènes ont un périanthe dur
qui renferme de 1 à 3 graines. Les
différents hybrides du Tilleul commun
fleurissent dès la mi-juin jusqu'à la fin du
mois de juillet. Les tilleuls européens et
leurs hybrides, comme le Tilleul commun,
contiennent dans leurs fleurs des essences
naturelles, des matières tannantes, le mu-
cilage et environ Il glucosides, comme
par exemple, le flavone et le tilliroside. La
fleur du tilleul compte parmi les moyens
les plus prisés de la médecine populaire
qui l'utilise depuis des siècles pour guérir
les refroidissements. Les agents réactif
sont, dans ce cas, le plus probablement les
glucocides. La. fleur du tilleul sert aussi la
médecine allopathique où elle est le plus
souvent prescrite pour les maladies des
voies respiratoires.
Les Tilleuls communs sont des arbres
majestueux, grands, atteignant jusqu'à
40 m, qui trouvent des utilisations multi-
ples dans la sculpture sur bois aussi bien
que dans l'usinage. Cette essence ligneuse
est très importante en apiculture.

176
Tiliacées
Ti/iaceae Tilleul d'Amérique
Tilia americana L.

Le Tilleul d'Amérique ne fut découvert


pour le monde scientifique et horticole
qu'en 1752. Son aire d'origine où il est
très répandu se situe dans le centre et dans
l'Est de l'Amérique du Nord où il vit
depuis la frontière canadienne jusqu'en
Virginie, limité à l'Ouest par une ligne
allant du Dakota du Nord par le Kansas
jusqu'au Texas. C'est un arbre robuste
avec des feuilles très grandes, de 10
à 20 cm, largement ovoïdes et oblongues
avec une base cordiforrne. Elles sont
gro sièrement dentelées, mais leur pétio-
le est relativement court, de 3 à 5 cm.
Elles sont vertes, la face inférieure étant
plus claire. Les fleurs sont également
assez grandes. Elles peuvent atteindre
1,5 cm de diamètre. Elles forment des
inflorescences fourchues de 6 à 15 fleurs,
munies d'une grande feuille qui les aide
à voler. Elles fleurissent en juillet. Les
akènes sont sphériques, elliptiques et
lisses, à parois fortes. Le Tilleul d'Améri-
que diffère des autres espèces américaines
(T. michauxii et T. heterophylla) par ses
feuilles glabres.
En général, les Tilleuls se multiplient
mieux par semis. Les fruits arrivent à ma-
turité déjà à la fin du mois de juillet et en
août. Cependant, les arbres isolés ne
produisent que des akènes vides. Pour
préparer le semis, il faut d'abord humidi-
fier les graines et ensuite les stratifier. On
sème au printemps ou encore après une
nouvelle stratification seulement, pen-
dant la deuxième année. En général, les
Tilleuls vivent bien dans tous les sols
nutritifs, pas très arides, ils tolèrent bien
des niveaux supérieurs d'eaux souter-
raines.
Le Tilleul est un grand arbre à cime
large, haut de 25 à 40 m. Il est convenable
pour les grands parcs, pour l'alignement
dans les allées et pour les collections.

177
Tiliacées
Tilleul argenté Tiliaceae
Tilia tomentosa MOENCH.

Le Tilleul argenté ou feutré a des feuilles


argentées duveteuses et blanchâtres non
seulement sur l'envers, mais aussi sur
l'endroit. Les pétioles, les ramules et les
jeunes branches sont également forte-
ment tomenteux. Cette forte couche to-
menteuse démontre une très bonne adap-
tation écologique aux conditions d 'un
climat cbaud et sec, qui apparaît chez de
nombreuses plantes. Le Tilleul argenté se
répand dans les régions du Sud-Est de
l'Europe, dans les Balkans, dans le Sud-
Ouest de l'Union Soviétique et en Asie
Mineure, surtout sur les terrains acciden-
tés et dans les forêts claires de feuillus. TI
est cultivé en Europe occidentale depuis
1767. TI ne représentait tout d 'abord
qu'une essence ligneuse exotique de col-
lection mais, plus tard, surtout pendant la
deuxième moitié du XXe siècle, il fit ses
preuves comme essence ligneuse particu-
lièrement adaptable dans les villes à l'at-
mosphère polluée, bien qu 'il souffre en
hiver du salage des rues.
Le Tilleul argenté est un arbre majes-
tueux, à cime régulièrement développée,
avec des feuilles décidues, alternes, dont
les pétioles ont une longueur soit égale à la
moitié du limbe, soit un peu plus courte.
Le Tilleul pleureur (T. petiolaris), très
proche, possède des pétioles plus longs
que la moitié de leur limbe. Ses feuilles
sont aussi plus mobiles dans le vent, ce qui
produit un grand attrait de leurs reflets
changeants. Les inflorescences fourchues
du Tilleul argenté, formées de 7 à 10
fleurs , sont pendantes et les akènes ont
une surface légèrement membraneuse. TI
fleurit plus tard que les espèces européen-
nes semblables, pendant la deuxième moi-
tié du mois de juillet. TI est impropre à une
exploitation pharmaceutique. TI se multi-
plie très bien à partir de ses graines et aussi
par des greffes sur des espèces non feu-
trées de tilleuls européens. Sa cime est
beaucoup plus compacte que celle des
autres tilleuls, souvent même avec une
tendance vers une forme pyramidale.
C'est un arbre majestueux, haut de 15
à 30 m, qui supporte la pollution. TI est
très approprié pour les parcs des villes.

178
Buxacées
Buxaceae Buis
Buxus sempervirens L.

Les Buis représentent, dans le domaine


des plantes, une branche évolutive relati-
vement ancienne. Les premiers exemplai-
res fossiles connus datent du Pliocène
et, en France, plus généralement, des
couches interglaciaires du Quaternaire.
Aujourd'hui, il y a dans le monde environ
45 genres de Buis qui vivent dans une
zone allant des îles Canaries et des Aço-
res à l'île de Madère parla Méditerranée,
au Caucase, dans l'Himalaya, jusqu'à
l'Est de l'Asie. Ds poussent même en
Afrique tropicale et aux Antilles, dans les
Caraibes.
En culture, ils accompagnent l'humani-
té depuis très longtemps, bien qu'au début
ils n'aient pas été cultivés comme plantes
ornementales. Ds fournissent le bois euro-
péen le plus dur, utilisé non seulement
pour la fabrication des instruments de
musique (les clarinettes), mais aussi pour
la gravure sur bois. Ses feuilles contien-
nent des alcaloïdes (le buxin), des essen-
ces naturelles et des tannins. TI produit de
légers effets antipyrétiques. Dans le
temps, on l' utilisait aussi comme un subs-
titut de la quinine.
Les Buis sont des arbrisseaux persis-
tants, dressés. Leurs feuilles opposées,
ovales, à bord entier, sont rigides,
corroyées, luisantes et glabres, longues de
15 à 25 cm. Beaucoup de cultivars se
différencient par la couleur et la forme de
leurs feuilles, 'Marginata' et 'Aureo-va-
riegata', par exemple. Les petites fleurs se
forment en faisceaux d'aisselles qui ren-
ferment, au milieu, la fleur mâle entourée
de quelques fleurs femelles. Les fleurs
mâles sont vert-jaune, longues d'environ
2 cm, les fleurs femelles blanchâtres. Les
fruits sont des capsules avec trois excrois-
sances formées par les restes des styles. TI
fleurit de mars en avril.
Le Buis est un arbrisseau compact, haut
de 1 à 3 m, avec des cultivars plus bas ou
plus hauts. D est très approprié pour les
haies de différentes formes .

capsules à maturité avec le urs graines

179
Thyméléacées
Bois-gentil Thymeleaceae
Daphne mezereum L.

Quelques dizaines de Daphnés font partie


de la flore de l'Ancien Monde. L'aire de
distribution du Bois-gentil va de l'Europe
arctique par l'ensemble du continent jus-
qu 'au Caucase et à l'Ouest de la Sibérie.
En certains endroits, il est très menacé.
Dans quelques pays, il est même protégé
par la loi, même s'il semble que sa toxicité
naturelle doive suffire pour le protéger.
Malheureusement, il fait les frais du chan-
gement de son milieu naturel. Ses fruits
contiennent une substance toxique. Les
intoxications se produisent par inatten-
tion des enfants qui goûtent ces drupes
d'une couleur attrayante. Chez certaines
personnes sensibles, le simple fait de
toucher les fruits peut provoquer la for-
mation d 'ampoules sur la peau. L 'absor-
ption de ces fruits provoque une désagréa-
ble sensation de brûlures dans la bouche,
suivie de fortes douleurs d'estomac, de
nausées violentes, et de diarrhées. Un
secours médical immédiat est indispensa-
ble et les séquelles de cette intoxication
persistent encore longtemps après la gué-
rison .
Le Bois-gentil est une essence ligneuse
décidue des forêts feuillues et des prairies
subalpines. TI préfère les sols calcaires. TI
est attrayant surtout par ses fleurs aroma-
tiques et odorantes qui s'ouvrent parfois
déjà en février. C'est surtout pour elles
qu 'on le cultive. La première mention
écrite de sa culture date de 1561, mais on
peut être sûr qu'il était cultivé dans les
jardins des couvents européens bien plus
tôt, même sa variété à fleurs blanches. Ses
drupes juteuses rouge orangé arrivent
à maturité au milieu de l'été. On peut les
utiliser, après stratification, pour le multi-
plier.
Le Bois-gentil est un arbrisseau qui
dépasse rarement la hauteur de 1 m. Son
utilisation dans les jardins publics reste
problématique à cause de sa toxicité.

180
Rosacées
Rosaceae Rosier jaune
Rosa foetida HERRM.

Le Rosier jaune, avec ses fleurs jaunes, est


devenu le symbole du Proche-Orient. Sa Rosa foetida ' Persian Y ellow '
culture dans ces régions est aus~i vieille
que les civilisations y sont anciennes. Les
dates de son introduction en Europe
occidentale, peut-être dans les années
1590-1600, ne peuvent pas être prises en
considération pour déterminer depuis
quand il accompagne l'homme. Depuis
longtemps, on cultive non seulement les
simples roses jaunes, mais aussi deux
variétés distinctes, une 'Persian Yellow',
qui est une rose jaune composée, et la
variété' Austrian Cooper Brier', qui ont la
face intérieure de la fleur rouge brique ou
rouge satin foncé, et seulement l'extérieur
jaune. Parfois, on constate sur les
branches des formations qui peuvent
avoir, par exemple, deux pétales entière-
ment roses et deux autres entièrement
jaunes et le reste est partagé exactement
moitié-moitié. R . foetida a donné naissan-
ce à de nombreux cultivars de roses jaunes
de jardin. C'est un horticulteur français,
Pernet-Duchet, qui introduisit sur le mar-
ché, à partir de 1900, le cultivar 'Soleil
d 'Or', l'unique cultivar fécond de rose
jaune, créé par le croisement du Rosier
jaune et du cultivar Ant. Ducher. L'en-
semble du groupe de rosiers ainsi créé
s'appelle en hommage à l'horticulteur,
« Pernetianas ».
Le Rosier jaune est un arbrisseau dra-
geonnant aéré, avec des branches dressées
qui se recourbent (peut-être une ancienne
liane), avec des pointes courbées ou
crochues. Ses feuilles sont imparipennées.
n fleurit en juin, et ses fleurs ont vraiment
une odeur peu agréable. Les pleines fleurs
de la variété 'Persian Yellow' sont stériles.
Par temps humide, eUes ne peuvent pas
s'ouvrir et « dépérissent » au stade des
boutons.
R. foetida, arbuste d'environ 2 m, est un
vieux rosier historique, d ' une très grande
valeur ornementale.
Rosa foetida '8ioolor '

181
,
Rosacées
Rosa pimpinellifolia L. Rosaceae

Rosa pimpinellifolia est une espèce très


variable, aussi bien dans sa distribution
que dans ses conditions de vie naturelle.
Dans la partie atlantique de l'Europe,
surtout sur les îles (Islande, Grande-Bre-
tagne) , c'est une plante de littoral qui vit
presque aux abords immédiats de la mer,
dans les endroits où l'air est très humide.
Par contre, en Europe centrale et orienta-
le, R. pimpinellifolia représente un élé-
ment qui aime l'air chaud et sec, qui croît
dans les peuplements mêlés des taillis sur
les terres sèches et dans les formations des
steppes avec des géraniums et d'autres
plantes semblables. Ces ôeux lignées éco-
logiques se différencient, semble-t-il,
aussi par la couleur de leur fleur, « la rose
écossaise », à savoir la population du
littoral est plutôt rose, et sa variété conti-
nentale plutôt blanche.
R . pimpinellifolia est un arbuste abon-
damment drageonnant, très épineux, sur-
tout à la base des drageons et des
branches, ce qui lui a valu son autre nom
- R. spinosissima - très épineux ! Ses
feuilles déci dues sont alternes et impari-
pennées, bien arrondies. Ses fleurs indivi-
duelles sont à 5 pétales. TI fleurit tôt, dès le
début du mois de mai. Son grand nombre
d'étamines donne à ses fleurs l'impression
d'une couleur plutôt jaune crème que
blanche. Ses akènes arrivant à maturité
ont une couleur surprenante rouge viola-
cé. Le calice de ses fleurs en inflorescence
est toujours plein. Ainsi, les calices
« couronnent »-ils en permanence le
sommet de l'arbuste.
On le cultive, semble-t-il, depuis 1610,
peut-être même plus tôt. Dernièrement,
c'est surtout la plantation horticole Kor-
des qui l'utilise. Elle a produit plusieurs
cultivars de roses de jardin, par exemple
'Fruhlingsduft', etc.
R. pimpinellifolia est un arbuste dra-
geonnant, haut de 1 m environ, qui forme
des polycormones et qui est assez expan-
sif. On peut l'utiliser pour l'ornement des
pentes des voies de communication et
pour la formation de haies basses.

182
Rosacées
Rosaceae Rosa roxburghii TRAIT.

Fait rare, ce rosier n'est pas décrit dans


son milieu naturel mais selon sa culture,
dans le Jardin botanique de la ville de
Calcutta, où il fut introduit probablement
de Chine à une date indéterminée. Sa
description date de 1820. Il s'agissait d'un
exemplaire à floraison pleine. C'est seule-
ment presque un siècle plus tard, en 1904,
que la première expédition organisée par
Veitch en trouva un exemplaire en liberté
sur le mont Omei, en Chine et, quatre ans
plus tard, en 1908, une autre expédition,
organisée par Wilson, en trouvait deux
dans l'Ouest de la province chinoise de
Sseu-tch'ouan. On l'introduisit 'en Occi-
dent aux environs de 1908.
R. roxburghü est d ' un aspect extérieur
peu typique pour les rosiers. C'est un
véritable arbuste, sans même le semblant
de caractère d 'une liane. Ses branches ont
des formes sinueuses, et ses tiges et ses
vieilles branches possèdent une écorce qui
s'écaille de la même manière que le
rhytidome des platanes. La partie qui
s'écaille est brunâtre et elle s'enroule en
formes tubulaires. Ses feuilles décidues et
alternes sont imparipennées, composées
d ' un grand nombre de petites feuilles.
C'est également la raison d 'un synonyme
qu'on lui a donné: R. microphylla, le
Rosier à petites feuilles . En Europe, il
fleurit à la fin du mois de juin. Ses fleurs
sont normales à 5 pétales, mais ses faux-
fruits constituent, dans le monde des
rosiers, une véritable curiosité. S'ils n'é-
taient pas entourés de restes du calice, ces
faux-fruits épineux feraient penser aux
fruits verts des Marronniers d 'Inde. Ses
fruits sont de menus akènes, longs de
3 à 5 mm .
R . roxburghii compte parmi les rosiers
rarement cultivés, sauf dans quelques
régions chaudes de certains pays, comme
le Sud des États-Unis. Il supporte très
bien les hivers européens.
Ce sont des arbres compacts, épineux,
qui peuvent atteindre une hauteur de

~Ir
2,5 m . Ils ont une valeur de collection.

~ rameau avec écorce qui s'é tio le

183
Rosacées
Rosa mu/tif/ara THuNB. Rosaceae

Rosa mu/tif/ora joue un rôle prépondé-


rant dans l'histoire des rosiers de culture.
M u/tiflora signifie qu'il porte beaucoup de
fleurs. Ce nom d'espèce désigne aujour-
d'hui un grand groupe de rosiers de
jardin.
R. mu/tif/ora a été décrit par Thunberg
dans sa variété japonaise déjà en 1784,
mais l'introduction de ce genre « en
propre» en Europe ne date que de
1868-1875. Pendant très longtemps,
l'Europe ne connaissait que des formes
à fleurs pleines, parce qu'il s'agissait de
plantes qui font au Japon, en Corée et en
Chine, l'objet d'une culture attentive de-
puis des siècles. R. mu/tif/ora démontre
bien le caractère des rosiers proches des
lianes. Il forme des drageons stolons qui
peuvent atteindre dans l'année une lon-
gueur de 4 m, où les pointes crochues
permettent à la plante de s'accrocher à son
support (l'arbre, le rocher). Son trait
dominant: les stipules pennées. Ce trait
persiste chez beaucoup de rosiers de
jardin depuis plusieurs générations. Ses
feuilles sont composées. Les styles de la
fleur s'unissent fermement en une tige
assez haute qui dépasse des étamines et
qui est surtout apparente sur les églants
qui arrivent à maturité. R. setigera est le
seul genre très proche de ce rosier: il vit
en Amérique. En Europe, sur le littoral
atlantique et en Europe centrale jus-
qu'aux Balkans, on trouve R. arvensis, qui
fait partie des forêts ensoleillées et, en
Méditerranée, R. sempervirens.
R. mu/tiflora est une liane avec de longs
drageons (4 à 5 m) ; sans support, ils
forment des arbrisseaux dont la cime
rappelle une fontaine, avec leurs branches
recourbées vers le sol. Sous cette forme ,
ils peuvent atteindre de 2 à 3 m de
hauteur.

184
Rosacées
Rosaceae Rosa sericea LINDL.

Les Rosacées sont, en général, des plantes une branche de R. om eiensis var.
avec des fleurs régulières à 5 pétales, bien
qu'il existe de nombreuses exceptions.
L'une d'elles est précisément R . sericea
dont les fleurs à 4 pétales rappellent la
croix de Malte. Les pétales vont par
quatre non seulement dans le périanthe,
mais aussi dans le calice. On l'a découvert
en 1822 dans l'Himalaya. Ses feuilles sont
composées de plusieurs petites feuilles,
ses fleurs sont blanches et ses églants, qui
ont une base pétiolée et épaisse, sont
rouges.
Sur les versants chinois du massif hima-
layen et surtout dans les provinces de
Sseu-tch'ouan et de Hu-peh, vivent quel-
ques rosiers semblables avec des fleurs de
4 pétales, qui furent classés par certains
botanistes comme appartenant à la même
espèce (R. sericea). Le plus connu est R .
omeiensis dont les feuilles sont composées
de plusieurs petites feuilles, qui a reçu son
nom d'après la montagne où il fut décou-
vert (mont Omei), en 1886, par le mis-
sionnaire Faber. Il ne fut introduit en
Europe qu'en 1901, par l'expédition de
Wilson. Ses feuilles sont composées d'un
grand nombre de petites feuilles (13) et la
base de ses églants est longuement pétio-
lée et épaisse. Sa variété la plus cultivée
est R. omeiensis var. pteracantha. C'est un
rosier avec des pointes inhabituelles. Elles
sont longues et convergentes, aplaties et
feuilletées et, sur les jeunes pousses vertes
annuelles, elles sont transparentes, d'une
couleur rouge bordeaux. Entre elles se
trouvent des verticilles denses et hérissés.
Ce rosier croît à environ 3000 m d'altitu-
de et il supporte aisément les hivers
européens. Il compte parmi les essences
ligneuses horticoles très attrayantes. On
l'a encore croisé avec R. hugonis et cette
descendance est beaucoup plus cultivée
en Europe que les espèces d 'origine.
R. sericea forme des arbustes atteignant
jusqu'à 3 m de hauteur, à cime composée
très large. Il a une haute valeur horti-
cole.

185
Rosacées
Rosa hugonis HEMSL. Rosaceae

La couleur jaune n'est pas si habituelle


chez les roses. La plus jaune est sûrement
R. [oetida. R . hugonis a des fleurs plus
claires. Il est originaire de l'Est de l'Asie.
Le missionnaire Hugh Scallen, plus connu
sous le nom de Père Hugo, l'avait envoyé
en 1899, dans le célèbre jardin anglais de
Kew, d'une des missions en Chine occi-
dentale. Ce rosier qui l'a captivé par ses
fleurs jaunes porte maintenant son nom.
Dans son milieu d 'origine, à l'Ouest de la
province de Sseu-tch'ouan, il croît entre
1300 et 1600 m d'altitude. C'est la seule
rose jaune de l'Ouest de la Chine. Cepen-
dant, la différenciation des rosiers de l'Est
de l'Asie n'est pas très aisée. Les petites
feuilles de R. hugonis sont simplement
dentelées, non glanduleuses et glabres et
les épines sur les tiges sont droites, tandis
que le rosier originaire du Nord de la
Chine, R. xanthina, que l'on confond assez
souvent en Europe avec R . hugonis, pos-
sède des jeunes feuilles tomenteuses et ses
pousses n'ont pas des verticilles hérissés.
La troisième espèce très proche, R. he-
misphaerica, se différencie des deux
autres par ses épines crochues.
R. hugonis est un arbuste très ornemen-
tal non seulement pendant sa floraison.
Ses fleurs individuelles s'ouvrent au début
du mois de mai, presque toutes à la fois sur
l'ensemble de l'arbuste, mais aussi après.
Ses fruits, les églants, ont une base appa-
remment prolongée. R. hugonis est une
plante qui reste belle toute l'année. L'en-
semble de sa texture et de ses feuilles
décidues et pluricomposées avec des peti-
tes feuilles reste toujours intéressant.
R. hugonis est un arbuste haut de 2,5
à 4 m avec des branches droites, dressées.
Il est très apprécié en solitaire, dans les
grands parcs et les jardins.

186
Rosacées
Rosaceae Rosier de France
Rosa gallica L.

Le Rosier de France est un sous-arbris-


seau. C'est une essence ligneuse qui n 'at-
teint que 30 à 50 cm de hauteur. Mais,
hormis sa petite taille, elle a bien tous les
attributs d'une essence ligneuse. Le type
même de sa croissance nous fournit un bel
exemple de la stratégie de croissance des
rosiers. Son aire de propagation naturelle
va de la France jusqu'à l'Oural. Le Rosier
de France vit dans les endroits chauds et
ensoleillés et dans les steppes, en concur-
rence presque exclusive avec des plantes
herbacées, et seulement par exception,
avec d 'autres essences ligneuses. Par
conséquent, ces rosiers se sont adaptés à la
concurrence des plantes herbacées. Ainsi,
forment-ils des riches polycormones bien
ramifiés sous terre, tandis qu'à la surface
on ne voit que des drageons à une tige ou
très peu ramifiés, âgés de 2 à 3 ans. Les
ramifications souterraines n'ont pas un
caractère de racines, mais bien de tiges,
d'organes de la partie aérienne.
Le Rosier de France, avec ses feuilles
caractéristiques, composées par 5 et avec
ses grandes fleurs (8 cm!) rouges, ne
représente pas seulement une plante mé-
dicinale fort ancienne (appelée jadis Rosa
officinalis), mais aussi une plante de culte
qui accompagne l'homme depuis la plus
haute antiquité. Le Rosier de France est
à l'origine d' un grand nombre de rosiers
de culture, entre autres le Rosier de
Provins, de Puteaux, de la Reine Bour-
bon, de la Rose à cent feuilles et de
beaucoup d'autres. Le nombre de ses
différents cultivars se comptait déjà par
centaines pendant la première moitié du
xrxc siècle. L 'impératrice Joséphine en
possédait une collection très importante
dans le jardin du château de Malmaison.
La présence des gènes de ce rosier est
indiscutable dans plusieurs espèces issues
de différents croisements. On la constate
toujours par l'apparition des longs pétio-
les rouges et glanduleux des fleurs, ce qui
est le cas d'un produit de croisement fort
ancien, le Rosier blanc (Rosa X a/ba) .
Le Rosier de France est un petit ar-
brisseau d'aspect herbacé, haut de 25
à 100 cm, avec un dense réseau souterrain
de pousses. Ce rosier est d'une grande
valeur pour l'histoire de ce genre.

187
,/
Rosacées
Eglantier Rosaceae
Rosa canina L.

L 'un des arbustes les plus communs


d'Europe est précisément le Rosier
commun, dit aussi le rosier des chiens.
Mais ce terme général renferme plusieurs
espèces, ce qui n'est pas très surprenant
pour un groupe aussi variable. Il s'agit de
savoir ce que tel ou tel botaniste
comprend par espèce. Le fondateur de la
nomenclature binomique et de la systé-
matique moderne d'aujourd'hui, Charles
Linné, ne différencia que 10 espèces,
tandis que plus d'un siècle plus tard, le
botaniste français Gandoger affirmait
qu'il existait en Europe presque 5000
espèces de rosiers. Les botanistes éprou-
vent les plus grandes difficultés surtout
avec les rosiers eurasiens, proches de
l'Églantier. On cherche à les différencier
par la couverture de leurs feuilles
(glabres, tomenteuses) , par la présence de
glandes dans les feui1les et dans les pétio-
les des fleurs, dans la description des
dentures des limbes des feui1les. Parlois,
quoique moins souvent, on accorde une
valeur à la formation des stèles ou à la
couleur des fleurs et à la forme des
épines.
La plupart des gens pensent que les
rosiers sont de véritables arbustes bien
ramifiés dès l'origine. Mais, en vérité, ils
ne sont devenus arbustes que d ' une ma-
nière secondaire, en général, après le
déboisement des terrains par l'homme.
A l'origine, les rosiers habitaient dans les
forêts et, étant des essences ligneuses qui
aiment la lumière, ils grimpèrent très haut
dans les cimes des arbres. Les églantiers
d'alors étaient des lianes grimpantes. Pour
s'agripper, ils se servent non seulement de
'\ ; leurs courtes branches, mais surtout de

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-..... ;::-j
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.. ~ .,~ .
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leurs épines crochues. Les églants du
Rosier constituent une source de vitamine
\. .. , l .
C à bon marché et très disponible. Pen-
dant très lontemps, le Rosier a aussi
constitué le support presque unique pour
les cultures des rosiers horticoles d'orne-
ment, à grandes feuilles .
Les Rosiers sont soit des lianes grim-
pantes qui montent dans les cimes des
arbres, soit des arbustes dont la forme
rappeUe une fontaine, d 'une hauteur de
1,5 à 3 m .

188
Rosacées
Rosaceae Rosier rugueux
Rosa rugosa THUNB.

L'homme a souvent transformé, par sa


volonté et par ses efforts parfois très
longs, différents rosiers sauvages en plan-
tes de culture noble et gracieuse. Dans le
cas du Rosier rugueux, il n 'était pas
nécessaire de se donner cette peine. Le
Rosier rugueux est l'un des plus beaux
rosiers sauvages. TI est majestueux déjà
par sa taille, sain par ses feuilles rigides et
fin par l'odeur. et par la couleur de ses
fleurs . TI est originaire d'Extrême-Orient,
très répandu dans le nord de la Chine, sur
la presqu'île de Corée, au Japon, aussi
bien que sur l'île Sakhaline et au Kam-
tchatka. Dans des pays de civilisation
aussi ancienne que la Corée, le Japon ou la
Chine, il était sûrement cultivé déjà
longtemps avant l'arrivée des Occiden-
taux, bien que l'on continue à considérer
l'année 1845 comme la date de sa premiè-
re introduction.
L'ensemble des atouts du Rosier ru-
,;
gueux entre autres, la grandeur de ses
églants et sa richesse en vitamine C l'ont,
en fin de compte, amené à être exploité en
horticulture comme la base de plusieurs
croisements aussi bien avec d'autres espè-
ces spontanées qu'avec d'autres cultivars.
Les rosiers qui résultent de ces croise-
ments comptent parmi les plus en vogue
dans les jardins à l'heure actuelle.
Le Rosier rugueux est un rosier forte-
ment épineux. Ses épines sont singulière-
ment tomenteuses. Ses feuilles gaufrées
sont les plus solides et ses fleurs sont
peut-être les plus grandes parmi les roses,
mesurant de 8 à 10 cm. Comme tous les
rosiers, il présente plusieurs variétés dans
la couleur de ses roses. On connaît les
arbustes à roses blanches, roses, rouge
foncé , simples et pleines. TI commence
à fleurir en juin et continue pendant
presque tout l'été. Ainsi, nous pouvons
observer sur la même branche aussi bien
l'églant qui arrive à maturité, que sa rose détail agrandi
à peine ouverte. d' un aiguillo n to menteux

Le Rosier rugueux est un arbuste haut


de 1 à 2 m, peu ramifié, qui forme par ses
pousses souterraines des polycormones
assez étendus. C'est une bonne essence
ligneuse de couverture, utilisable comme
. un tapis de couverture. C'est aussi une
Source de vitamine C.

189
Rosacées
Rosa pendulina L. Rosaceae

Ce rosier d'Europe vit le plus souvent


dans les forêts des massifs montagneux
européens, bien qu'il descende aussi plus
bas comme élément subalpin, près des
cours d'eau. Il est très répandu des Pyré-
nées jusqu'au Caucase. Il vit souvent sur
des éboulis rocheux bien fournis en hu-
mus, étant parfaitement adapté au carac-
tère de ces endroits. Chaque année, il
forme de nombreuses pousses souterrai-
nes qui lui servent non seulement à amé-
liorer et à fixer sa position, mais qui
peuvent aussi lui permettre, après quel-
ques années, de se déplacer vers un
endroit plus convenable. Aussi, dès qu'u-
ne partie d 'éboulis avec son polycormone
est emportée par le courant d'une petite
rivière ou quand elle tombe plus bas sur le
versant, il recommence à pousser
à l'endroit où il s'est agrippé.
R . pendulina est à peu près dépourvu
d'épines, seulement ses jeunes ramules
sont très épineux à la base. Quelques
populations possèdent aussi bien des ra-
mules aiguillonneux que des ramules por-
teurs de fleurs. Ses feuilles composées et
imparipennées sont formées de plusieurs
petites feuilles . Les fleurs de R. pendulina
sont rouge foncé. Il fleurit en mai, parmi
les premiers. Les coins de son tégument
noq séparés se redressent en quelques
jourS après la fin de la floraison. Au
contact des autres rosiers, il se croise assez
facilement et sa descendance ainsi créée
reste féconde . R . pendulina est cultivé
comme plante de jardins depuis des
siècles, bien que son expansion puisse
parfois devenir gênante.
R. pendulina est un arbuste assez haut,
de 1 à 2 m, qui convient comme couvertu-
re des versants ombragés.

190
Rosacées
Rosaceae Rosa moyesii H EMSLEY et WILSON

Le rosier de l'espèce R. moyesii représen- églants de R . m ayesii un rameau de R . davidii


en hiver
te, dans la vaste gamme des formes et des
couleurs oes rosiers sauvages, la lignée des
rosiers originaires de l'Est asiatique qui
ont comme caractéristiques dominantes
les téguments non séparés qui se redres-
sent après la floraison et les aiguillons
infrastipulaires placés par paire. R . moye-
sii et les espèces proches, originaires elles
aussi de l' Est de l'Asie comme R. davidii,
R. setipoda et R. multibracteata, sont
à l'origine les mêmes lianes grimpantes
que leur cousin européen, l'Églantier (R.
canina). Comme lui, ils ne sont devenus
des arbustes qu 'après le déboisement des
terrains.
R . moyesii est un arbuste assez haut
avec des feuilles décidues, alternes et
imparipennées. Ses fleurs en général de
couleur rouge foncé , bien saturée, for-
ment des inflorescences nombreuses. Les
pétioles des fleurs sont assez fortement
glanduleux. Ce rosier fleurit en juin et en
juillet. Ses fleurs dégagent après le broya-
ge, une odeur de térébenthine. Ce rosier
est le seul de son genre à avoir un trait bien
caractéristique: les filets rouges de ses
étamines. Ce trait constitue une dominan-
te héréditaire. Ses fruits sont des akènes
qui se forment à l'intérieur de l'églant en
forme de bouteille, hérissé de fibrilles
épineuses. R . moyesii fut découvert en
1903 dans l'Ouest de la Chine près du
Tibet, par A . E . Pratt. Les premiers
exemplaires fleuris de ce rosier commen-
cèrent à se montrer en Europe en 1908. Ils
portent le nom du missionnaire J. Moyes
qui exerça en Chine occidentale. R. davi-
dii, une espèce très proche, se différencie
par ses aiguillons très grands sur les tiges
et sur les branches. Originaire, lui aussi,
de l'Ouest de la Chine (Sseu-tch'ouan), il
fut découvert et puis introduit en Europe
par l'expédition de Wilson .
Ces rosiers forment des arbustes hauts
de 4 à 5 m. A l'ombre, ils se transforment
en lianes.

inflorescence silho uette


de R . davidii de R. m ayesii

191
Rosacées
Exochorda racemosa (LIND L.) R EHD. Rosaceae

Jusqu'à prése nt, on a décrit quatre espè-


ces d' Exochorda d 'origine: E. racemosa
de l'Est de 11;1 Chine, E. giraldii du
Nord-Est de la Chine, E. serratifolia de
Corée et, enfin, E . korolkowii du Turkes-
tan. L'aire de diffusion d 'origine de ce
genre couvre des régions allant de l'Asie
Centrale jusqu'à la presqu 'île de Corée.
Le premier de ces arbustes à être introduit
dans les jardins européens était E . grandi-
flora (1849) , suivi d' E. korolkowii(1878)
et d'E. giraldii (1897) et enfin, seulement
après 1918, par E. serratifolia.
L 'élément le plus ornemental de ces
arbustes réside dans leurs grandes fleurs
blanches qui sont également la raison de
leur culture. Les pétales de le urs corolles
sont larges de 2,5 à 4 cm et elles sont
légèrement ondulées. L 'ensemble de cette
inflorescence ovoïde composée de 6 à 10
fleurs peu odorantes, aussi bien que l'as-
pect général de l'arbuste feuillu , sont
assez gracieux. n fleurit en mai. Le carac-
tère de ses inflorescences fait qu'on le
rattachait jadis au genre Amelanchier. Ses
fruits sont des capsules assez apparentes
qui persistent sur l'arbre jusqu'à l'année
suivante.
L 'hybride des plus vieux Exochordas
connus, E. racemosa et E . korolkowii, est
un Exochorda à grandes fleurs, E.
x macrantha. Ces arbustes vivent bien
partout où on leur assure suffisamment
d 'espace et de lumière. Us se multiplient
à partir des semis. Les graines arrivent
à maturité même en Europe.
Ce sont des arbustes assez aérés et
étendus, hauts de 2 à 4 m ; ils peuvent
convenir pour une culture en groupe dans
les grands jardins et dans les parcs des
villes.

192
Rosacées
Rosaceae Physocarpus opulifolius (L.)MAxrM.

Les Physocarpus sont des arbustes déci-


dus de l'Amérique du Nord qui en compte
au moins 13 espèces. TI n'y a qu'une seule
espèce originaire de l'Est de l'Asie, Phy-
socarpus amurensis. Aujourd'hui, c'est
l'espèce P. opulifolius qui est la plus
répandue dans le monde. Elle est cultivée
depuis 1687, d'abord dans les environs de
sa région d'origine, sur les territoires du
Tennessee et de Virginie et dans la pro-
vince du Québec. Puis, plus tard, en
Europe: il apparaît en Europe centrale
seulement au début du xrxe siècle. La
facilité de sa culture, ainsi que sa résistan-
ce et surtout sa capacité de se multiplier
(aussi bien à partir des boutures d'hiver
que des boutures vertes d'été, coupées
même sur les jeunes sujets), lui ont donné
une place dans la culture forestière , pour
la cynégétique. Ses peuplements servent
de basse couverture sur les espaces verts
pour les faisans.
Physocarpus opulifolius possède des
feuilles alternes, longues jusqu'à 7 cm,
dentelées et pentalobées. Elles ressem-
blent beaucoup aux feuilles des Groseil-
liers ou plutôt des Viornes. Ses fleurs
forment en juin des inflorescences denses
à plusieurs fleurs . De couleur blanche,
crème ou neige, eUes rappellent les fleurs
des Spirées, ce qui a conduit Ch. Linné
à les ranger dans le genre Spiraea. Les
fruits sont des vésicules dénudées qui
dépassent en longueur le calice. Les Phy-
socarpus tolèrent bien même l'atmosphè-
re polluée, et vivent non seulement dans
tous les sols ou presque, mais également
dans plusieurs si tuations, aussi bien
à l'ombre, sous la cime de grands arbres
qu'exposés directement au soleil.
Ce sont des arbustes hauts de 1 à 3 m,
avec des drageons assez denses. Cette
essence ligneuse est très valable pour la
couverture des sols peu productifs comme
des remblais des voies de communica-
tion .

193
Rosacées
Spiraea media F . W . SCHMIDT Rosaceae

Spiraea m edia est très répandue dans les


montagnes au Sud-Est de I:Europe et eUe ·
pénètre, par le Nord de l'Asie continenta-
le, jusqu'aux régions nordiques (les îles
japonaises et Sakhaline), mais eUe préfère
quand même les endroits ensoleillés,
comme les versants rocheux du cercle des
Carpates. Sa culture dans les jardins
d'Europe date de 1789. C'est une essence
ligneuse convenable pour les couvertures
végétales des versants secs et rocheux . Par
son habitus aéré, eUe arrive aussi à adou-
cir les dimensions très strictes de l'archi-
tecture moderne. EUe possède deux sortes
de branches, d'une part des branches
droites qui ne fleurissent pas et, d'autre
part, des branches courbées en arc vers le
bas qui fleurissent. Ces branches portent
des feuilles elliptiques et rondes assez
changeantes, de la feuille hachurée jus-
qu'à la feuille largement trilobée. EUes
sont assez larges à la base, dentelées près
du sommet, parfois trilobées et sur les
ramules, qui portent des fleurs, quelque-
fois à pleins bords. Les inflorescences sont
très riches Uusqu'à 20 fleurs) sphériques
et prolongées sur les pétioles des fleurs
longs de 2 cm environ. Les fleurs mêmes
sont menues (6 mm de diamètre) , avec
des étamines qui dépassent. Les fruits qui
forment des vésicules sont glabres. Les
Spirées de ce groupe peuvent être aisé-
ment multipliées par des boutures vertes
dès le mois d'avril, ou par séparation des
touffes. Elles prospèrent dans tous les
sols, même en plein soleil. Cependant,
dans les sols très desséchés, eUes souffrent
d'un jaunissement physiologique.
Ce sont des arbrisseaux hauts de
1 à 1,5 m, semi-dressés, parfois ram-
pants.

194
Rosacées
Rosaceae Spiraea salicifolia L.

Bien que cette Spirée représente un élé-


ment qui abonde dans la flore de
nombreux pays d'Europe centrale, il
semble que cet arbuste qui se reproduit
très bien de manière végétative ainsi que
générative, soit bien d'origine asiatique. Il
croît naturellement dans les zones tempé-
rées et boréales partant du Japon vers
l'Ouest. Mais nous ne pouvons considérer
comme son dernier habitat naturel que
les régions est-européennes. L'expansion
plus lointaine est déjà le fait de l'homme.
Les premières traces de son introduction
datent de 1586. Il se naturalise très
facilement et aujourd'hui, il est présent
dans l'ensemble de l'Europe y compris sur
les ües Britanniques, comme, par
exemple, au Nord du pays de Galles. Il
s'agit d'une essence ligneuse très tolérante
pour les eaux souterraines, bien que
d'autres spirées préfèrent les sols secs. On
l'utilise comme essence ligneuse de ren-
forcement des bords des étangs et des lacs.
Les cours d'eaux arrachent parfois des
touffes entières de spirées et les propagent
plus loin. Ainsi, les Spirées sont devenues
un élément de peuplements des aulnaies
et d'autres groupements de bords humi-
des des rivières.
S. sa/icifoUa est un arbuste mou avec des
branches minces. Ses feuilles lancéolées,
comme les feuilles des Saules, sont dente-
lées. Ses inflorescences pyramidales et
étroites se dressent jusqu'à 15 cm de
hauteur. En général, elles sont formées de
petites fleurs roses. Il fleurit de juin
à août. Ses fruits sont des vésicules. Une
espèce très proche, Spiraea doug/asii, ori-
ginaire d'Amérique du Nord , est aussi
abondamment cultivée dans les jardins.
Ses feuilles, plus grossièrement dentelées,
sont feutrées sur la face inférieure.
S. saUcifo/ia est un atbuste drageon-
nant, haut de 1 à 2 m, qui forme des
polycormones. C'est une essence ligneuse
très appropriée pour la consolidation des
terres inondées par des infiltrations sou-
terraines.

195
Spirée de Van Houtte Rosacées
Rosaceae
Spiraea x vanhouttei (BRIOT) ZABEL

Bien que l'hémisphère boréal abrite plus


de 80 espèces de Spirées (en Amérique
jusqu'au Mexique, en Eurasie jusqu'à
l'Himalaya), la Spirée la plus distribuée '
est un hybride, espèce très probablement
créée par l'intervention de l'homme, la
Spirée de Van Houtte (Spiraea x van-
houttel). Cet hybride fut créé vers le
milieu du siècle dernier chez Billiard
à Fontenay. Et sa renommée a encore
grandi surtout au xxe siècle. Aujour-
d'hui, il n'existe peut-être plus en Europe
une seule ville où on ne la cultive pas.
L 'engouement pour cette espèce s'ex-
plique peut-être par la grande richesse de
sa floraison. Dès la fin du mois de mai et
parfois jusqu'à la fin du mois de juin, on
ne voit presque plus les feuilles sur cet
arbuste: ses branches sont tout à fait
submergées par les inflorescences, d'a-
bord plates et puis demi-sphériques, d'u-
ne blancheur éclatante. On ne peut vrai-
ment bien déterminer qui de ses deux
parents, S. cantoniensis, originaire de
Chine et du Japon et S. trilobata, lui ont
légué le plus, bien que la teinte bleuâtre de
l'envers de ses feuilles vertes et une plus
grande résistance aux basses températu-
res parlent en faveur de S. tri/obata.
La Spirée de Van Houtte est un arbuste
peu exigeant, qui fleurit mieux sur les sites
ensoleillés et qui préfère les sols plutôt
calcaires. Elle tolère très bien l'atmosphè-
re des villes et se multiplie mieux par
boutures vertes au début de l'été.
La Spirée de Van Routte est un arbuste
haut de 1,5 à 2 m, très approprié en
groupe, pour les cultures de couverture
ainsi que pour la formation de haies basses
non taillées.

196
Rosacées
Rosaceae Sorbaria sorbifolia (L.) A. BRAUN

Les Sorbaria furent longtemps considérés


comme faisant partie du genre Spiraea.
Mais ils se différencient surtout par leurs
feuilles pennées, longues parfois jusqu'à
30 cm, dont les petites feuilles sont entiè-
rement dentelées. Environ sept espèces
du genre Sorbaria sont originaires
d'Asie.
Sorbaria sorbitolia compte parmi les
espèces les plus cultivées. Il fut introduit
en culture en 1759, à partir de ses régions
d'origine en Asie du Nord, qui vont de
l'Oural au Japon. C'est un arbuste dra-
geonnant bien dressé. Ses feuilles compo-
sées d'un grand nombre de folioles , par-
fois jusqu'à 23, lancéolées et longues
d'environ 10 cm, possèdent toujours au
moins 20 paires de vaisseaux. Ses petites
fleurs sont organisées en inflorescencen-
ces terminales dressées. Singulièrement
grandes, elles peuvent atteindre jusqu'à
25 cm de hauteur. Il fleurit au milieu de
l'été, en juillet. Après un certain temps,
les Sorbarias forment des polycormones
assez étendus, dont l'aspect extérieur est
assez impressionnant et très ornemental.
Bien que cette espèce soit assez résistante,
elle peut être victime des gelées lors des
hivers irréguliers. Mais elle reprend assez
vite à partir de ses racines. Ce sont de
bonnes essences ligneuses de couverture
végétale, convenables pour tous les types
de sols.
Il se multiplie le mieux par séparation
des touffes ou encore par des boutures
vertes. Les exemplaires les plus hauts
vivent sur les sols profonds, humides et
très nutritifs.
Les deux autres espèces, Sorbaria arbo-
rea qui peut atteindre jusqu'à 5 m de
hauteur et S. grandit/ora, sont moins
cultivées dans les parcs et les jardins.
S. sorbifolia est un arbuste d'aspect
herbacé qui peut atteindre jusqu'à 2 m de
haut.

197
Rosacées
Cotoneaster horizontalis DECAISNE Rosaceae

Les Cotoneasters sont des arbustes de


forme tapissante. Ils sont actuellement
utilisés dans les compositions des parcs et
des jardins comme couverture végétale
des espaces plus étendus et des versants.
On les utilise également pour masquer
différents accidents du terrain. Planté
dans un groupe très dense, il peut, dès la
première année, former un beau tapis
vert. Ces essences ligneuses de valeur
furent découvertes pour les horticulteurs
européens et américains il n'y a pas si
longtemps, seulement à la fin du siècle
dernier, par des expéditions d'exploration
dans l'Est de l'Asie et surtout en Chine.
Ainsi, en 1880, est arrivé en Europe
Cotoneaster horizontalis, originaire de
l'Ouest de la Chine.
C'est un arbuste semi-décidu, avec des
feuilles qui persistent longtemps en hiver,
parfois jusqu'au mois de janvier ou pen-
dant les hivers cléments, jusqu'à la nou-
velle saison. Ses branches sont soit dispo-
sées en arêtes de poisson, soit elles s'unis-
sent environ 20 cm au-dessus du terrain.
Les petites branches latérales régulière-
ment disposées par deux, portent des
feuilles alternes longues d'environ 1 cm,
à la face supérieure verte et luisante, ainsi
que des fleurs dont les pétales de la
couronne sont dressés, de couleur saumâ-
tre. Les fleurs sont soit individuelles, soit
réunies en inflorescences peu fournies.
Les fruits qui persistent très longtemps sur
l'arbuste sont des baies globuleuses qui
enferment trois graines. Cotoneaster ad-
pressus représente l'espèce la plus proche
et il est parfois considéré comme une
variété de Cotoneaster horizontalis, mais
ses tiges et ses branches sont entièrement
sessiles sur la terre et ses feuilles sont
ondulées. Une autre espèce d'origine
un dé tail de la branche
chinoise, C~toneaster dammeri, est égale-
ment très intéressante. Les pétales blancs
de sa couronne sont étendus et ses feuilles
sont longues de presque 3 cm. Ce dernier
est récemment devenu l'espèce préférée
comme essence ligneuse de couverture,
même pour des espaces très étendus.
Cotoneaster horizontalis est un petit
arbrisseau sessile, à port retombant ou
rampant, qui peut atteindre 50 cm.

198
Rosacées
Rosaceae Cotoneaster integerrimus MEDIe.

Bien que le monde des Cotoneasters


paraisse bien exotique, la plupart étant
originaires d 'Extrême-Orient, Cotoneas-
ter integerrimus est un véritable européen.
C'est même l'unique espèce qui soit au-
tochtone aussi sur les îles britanniques. TI
est cultivé depuis 1656. C'est un arbuste
très convenable pour les versants arides et
pour les étendues rocheuses. Comme la
plupart des Cotoneasters, il est assidû-
ment visité par les abeilles.
Ce cotoneaster a des branches et des
tiges rampantes, ramifiées et dressées.
Jeunes, elles sont vert-jaune feutrées, plus
tard rouge-brun. Elles portent des feuilles
alternes, caduques, longues de 1 à 4 cm.
Elles sont rondes elliptiques, lancéolées
au sommet et pleines. Sur leur circonfé-
rence, ainsi que sur leur face inférieure,
elles sont clairement feutrées. Les fleurs
poussent en mai et elles forment des
inflorescences groupées en corymbes as-
sez peu fournis (de 1 à 4) sur les pétioles
feutrés . Les fleurs sont pentagonales,
à calice persistant; les pétales de la
couronne sont blanchâtres, presque rose
foncé . Elles portent une vingtaine d'éta-
mines. Les fruits sont des baies rondes un
peu aplaties et rouges, longues d 'environ
7 mm.
Le milieu naturel de Cotoneaster inte-
gerrimus est un endroit rocheux, bien
ensoleillé, surtout sur un sol calcaire. TI
croît dans les forêts claires, dans les
steppes et dans des peuplements en bor-
dure des champs, des pâturages ou dans
les forêts sèches eurosibériennes de
conifères.
C 'est un arbrisseau aussi bien rampant
que dressé, peu dense, haut de 1 à 2 m ,
utilisable surtout pour l'ornementation
des endroits secs et ensoleillés.

199
Néflier Rosacées
Rosaceae
Mespilus germanica L.

Bien que le Néflier soit qualifié d'alle-


mand (germanica), il n'a reçu ce nom que
dans sa deuxième patrie, les jardins des
couvents, surtout en Allemagne où il est
cultivé depuis le Moyen Age. il a passé les
Alpes bien plus tôt, grâce à la Légion
romaine qui l'a importé et cultivé dans ses
différents camps militaires et dans ses
colonies. Les Romains cultivaient le
Néflier depuis environ deux siècles avant
notre ère. Ils avaient repris sa culture des
Grecs qui le connaissaient déjà depuis le
VIlle siècle avant notre ère. Les Néfliers
sont arrivés en Grèce à partir de l'Asie
Mineure qui forme la limite de leur aire de
distribution naturelle qui va jusqu'en Cri-
mée, au Caucase et au Nord de l'Iran. On
n'arrive pas encore à bien identifier la
découverte des néfliers sauvages dans les
Balkans.
Les Néfliers, surtout les espèces rusti-
ques, sont des essences ligneuses épineu-
ses avec de jeunes branches feutrées.
Leurs feuilles longues de 7 à 12 cm,
caduques, à courts pétioles, sont alternes,
faiblement dentelées ou presque entières.
La face supérieure vert mat est peu
tomenteuse, tandis que la face inférieure
l'est plus. Leurs fleurs, assez grandes,
s'ouvrent au début du mois de juin. Elles
poussent sur les brachyblastes en général
individuellement, parfois par deux ou par
trois. La couronne à cinq pétales possède
une quarantaine d'étamines. Les fruits
assez caractéristiques, longs d'environ
4 cm, ont une forme qui rappelle une
poire, entourée d'un calice en train de
sécher. ils sont d'abord durs, ensuite, soit
après les premières gelées soit après le
blettissement, ils deviennent mous et
comestibles. Ils ont un goût agréablement
acide. On les utilise plutôt comme matière
première pour la fabrication des confi-
tures .
Le Néflier est un petit arbre à croissance
arbustive de 5 m de hauteur. C'est une
essence ligneuse fruitière de valeur histo-
rique.

200
Rosacées
Rosaceae Buisson ardent
Pyracantha coccinea RO EMER

Le Buisson ardent est un arbuste aujour-


d 'hui en vogue dans de nombreux jardms.
Ses feuilles persistantes, longues d 'envi-
ron 4 cm sont rigides, à bords dentelés et
avec de courts pétioles. Ses branches sont
sinueuses et elles portent, comme ses
ramules, des épines longues de 2 à 3 cm et
très pointues. En JUill, les fleurs
blanchâtres, possèdant 5 carpelles, appa-
raissent en inflorescences groupées en
corymbes, longues de 4 cm environ, sui-
vies de baies d'environ 6 mm, qui renfer-
ment 5 grames.
Le Buisson ardent est cultivé depuis
1629 surtout pour ses fruits dont on fai-
sait de la confiture. Le contraste entre le
rouge orangé de ses fruits et la verdure
luisante de .ses feuilles constitue la princi-
pale richesse ornementale de cet arbuste.
Les fruits persistent sur l'arbre aussi
longtemps qu'ils ne sont pas cueillis par les
oiseaux. Et c'est justement grâce à ses
couleurs agréables que le Buisson ardent
connaît aujourd'hui un regain d ' intérêt,
parce qu 'il représente un complément
approprié de l'architecture moderne, très
stricte. Il tolère très bien la taille. Ses
arbustes sont souvent dirigés sur les murs
des immeubles qui acquièrent ainsi, en
automne, une apparence très agréable.
Malheureusement, le Buisson ardent
vient d'être atteint, au cours des années
80, surtout en Europe centrale, d ' une
grave maladie qui arrive à détruire totale-
ment l'effet recherché par sa culture. De
plus, les importants changements de tem-
pérature (comme au cours de l'hiver
1978/79 où la différence avait atteint 30°)
provoquent leur gel en série. Ils sont
originaires de la chaude zone méditerra-
néenne (5 espèces viennent d 'Asie, en
majorité de la Chine).
Le Buisson ardent est un arbuste
à feuilles persistantes, haut de 2 à 5 m, très
convenable pour les haies et pour former
un écran devant les maisons.

201
Rosacées
Aubépine Rosaceae
Crataegus monogyna JACQ.

Les Aubépines européennes avec leurs


feuilles profondément lobées et très chan-
geantes sont difficiles à différencier. Dans
presque tous les peuplements, nous pou-
vons trouver des plantes aux fonnes diffé-
rentes. La littérature mentionne le plus
souvent deux noms: C. laevigata et C.
monogyna. Cette dernière est un arbuste
robuste avec des ramules d 'abord feutrés,
puis dénudés brun-rouge, qui portent des
pointes très piquantes, longues d ' envir~n
1 cm. Les limbes de ses feuilles alternes et
décidues sont ovales, plutôt ovoïdes à ba-
se cunéiforme, pennés et profondément
lobés. Leurs lobes, de 3 à 9, sont irrégu-
liers et très profonds. Elle fleurit en mai.
De riches inflorescences en cimes se
forment sur les pétioles glabres. Les péta-
les du périanthe mesurent environ 6 mm ,
les étamines environ 20, mais il n 'y
a qu'un pistil, très rarement 2. Ses drupes
roses arrivent à maturité en septembre et
en octobre. Les Aubépines du groupe
Oxyacantha font très souvent partie des
peuplements mêlés des clairières et des
prairies, ainsi que des versants chauds
pratiquement sur l'ensemble de l'Europe.
Toutes les Aubépines fournissent une
drogue médicinale utile (fios crataegi et
folium crataegi cum flore) . Les fleurs
contiennent des quercétines, des flavones
et des traces d 'essences naturelles. Les
autres matières d ' utilisation médicale se
trouvent dans les feuilles (acides, stéroles,
etc.). On les utilise lors des arythmies
cardiaques et aussi pour réduire la tension
artérielle, mais toujours sous surveillance
médicale. L'Aubépine commune se diffé-
rencie surtout par le nombre de ses
stigmates (2) et par la forme de ses
feuilles.
L 'Aubépine est un arbuste bien é talé,
ram eau fécond dense, haut de 2 à 5 m et de 5 à 8 m pour
de C. laevigata ses cultivars arborescents. C 'est une es-
sence ligneuse importante dans les fonna-
tions ouvertes. Elle est utilisée en tant que
matière première dans l'industrie phar-
maceutique.

202
Rosacées "
Rosaceae Epine ergot de coq
Crataegus crus-galli L.

La classification systématique du genre


des Aubépines (Crataegus) est très diffici-
le parce que ses espèces sont très varia-
bles. Cette classification devient quand
même un peu plus aisée dans le groupe des
aubépines à feuilles non lobées auquel
appartient également l'Aubépine améri-
caine, l'Ergot de coq. C 'est un arbuste
haut qui a des branches et des ramules
complètement dénudés. Sur les petites
branches se trouvent de longues épines,
comparées jadis aux ergots des coqs.
Cette comparaison est entrée non seule-
ment dans la dénomination scientifique de
l'arbuste, mais aussi dans beaucoup de
langues nationales. Ses feuilles décidues
et alternes ont des pétioles courts et sont
cunéiformes et ovoïdes, mais il ne faut pas
oublier que ces feuilles sont, comme chez
la plupart des aubépines, très changeantes
aussi bien dans le peuplement que sur
chaque individu. Les déviations extrêmes
ont été décrites et elles se maintiennent
dans les cultures soit comme des varian-
tes, soit comme des cultivars: c'est le cas
de C. salici/olia avec ses feuilles très
é troites. Les feuilles de l'Epine Ergot de
coq sont très denses. Elles sont très
rigides, presque corroyées. Ses inflores-
cences sont de faible densité, demi-sphé-
riques, formées de beaucoup de fleurs, au
moins d ' une dizaine. Ses fruits sont des
drupes farineuses qui deviennent, à la
maturité, rouges et bruns. ils durent une
bonne partie de l'hiver.
L'Épine Ergot de coq est originaire de
l'Amérique du Nord. Elle est très répan-
due dans la zone allant du Québec jusqu'à
la Caroline du Nord et au Kansas. Elle est
cultivée depuis 1656 ; son introduction en
Angleterre date de 1691. Elle a fait ses
preuves comme excellente essence ligneu-
se d'ornement, non seulement par la
texture de sa cime mais aussi par le jeu de
couleurs que prennent ses feuilles en
automne et par ses drupes qui persistent
longtemps sur l'arbre.
L'Épine Ergot de coq est un arbuste
haut et étendu, parfois même un arbre de
10 m de hauteur. C 'est une essence li-
gneuse très convenable pour la formation
de haies.

203
• Rosacées
Sorbier des OIseaux Rosaceae
Sorbus aucuparia L.

Le Sorbier des oiseaux est une essence


ligneuse typiquement européenne, avec
une aire de propagation très étendue,
pénétrant même profondément jusqu'en
Sibérie. C'est un arbre d'une très grande
facilité d'adaptation comme en témoigne
sa présence dans les différents systèmes
écologiques qui vont des plaines jus-
qu 'aux formations propres à la haute
montagne. Il croît aussi bien sur les
versants secs, ensoleillés et chauds que sur
les terres humides tourbeuses, dans les
peuplements homogènes de même que
dans les formations plus ouvertes. Il est
déjà depuis des siècles un arbre d 'aligne-
ment, surtout dans les régions monta-
gneuses. Ses cultivars à fruits sucrés ('Dul-
cis' et 'Moravica') sont cultivés comme
des essences ligneuses fruitières. On les
a découverts vers 1820, près du village
d'Ostruzna (Moravie), en Tchécoslova-
quie . Le Sorbier des oiseaux est mainte-
nant naturalisé par endroits en Amérique
du Nord.
Le Sorbier des oiseaux est un arbre
droit avec des jeunes branches feutrées,
puis dénudées. Ses feuilles alternes et
imparipennées sont entièrement dente-
lées. Les sorbiers à fruits sucrés n'ont des
feuilles dentelées que dans le tiers supé-
rieur. Ses petites fleurs menues forment
inflo rescence de S. aucuparia des inflorescences groupées en corymbes
listelés. A basse altitude, il commeQce
à fleurir au mois de mai, dans les monta-
gnes un peu plus tard. Ses fleurs sont
suivies des bouquets de baies rouge oran-

, Dé tail de la fe uille de S. aucuparia


cv. Dulcis
gé. On les récolte en août et en septembre
pour les besoins de l'industrie pharmaceu-
tique. Elles contiennent l'acide parasorbi-
que légèrement vénéneux, des glucides,
des pectines, des vitamines, le caroténoïde
sorbusine et provoquent une réaction
légèrement laxative et diurétique.
Une espèce proche, le . Cormier (S.
domestica) , est originaire de la Méditerra-
née et du Sud-Est européen . Ses fruits
servent à la fabrication des confitures et
du moût.
Le Sorbier des oi~eaux, haut de 15
à 20 m, est une essence ligneuse fruitière
fruits de S. domesrica
dans ses cultivars.

204
Rosacées
Rosaceae Alisier des bois
50rbus torminalis (L.) CRANTZ

L 'Alisier fait partie des sorbiers à feuiUes


entières. Ses feuilles également vertes,
alternes et déci dues sont d'abord plutôt
feutrées, puis dénudées à l'exception des
vaisseaux. Le limbe de ses feuilles rappel-
le un peu, par sa forme, les feuilles
d'érable - ses contours sont largement
ovoïdes, avec 4 à 13 paires de lobes
profondément triangulaires, crénelées
à angle aigu, pelucheuses lorsqu'eUes sont
jeunes et glabres par la suite. Ses petites
fleurs forment des inflorescences droites
à longs pétioles, groupées en corymbes. TI
fleurit en mai , soit en même temps que
l'arrivée des feuilles, soit très peu de
temps après. Ses fruits ovoïdes, longs de
1,5 cm, sont d'abord jaune-rouge puis,
à la maturité, bruns et acidulés.
L 'Alisier est une essence ligneuse euro-
péenne qui aime la chaleur, elle est
absente dans les zones nordiques et dans
les Alpes. Ailleurs, son aire de propaga-
tion va jusqu'en Asie Mineure et en
Afrique du Nord. TI croît dans les forêts
feuillues, dans les différents pellplements
des steppes, surtout sur les sols calcaires.
En Europe centrale, on trouve aussi dans
les endroits où se mêlent les Alisiers
blancs (5. aria) et les Alisiers des bois un
hybride de ces deux espèces, 5. x latifolia,
l'Alisier de Fontainebleau, qui présente
des caractéristiques intermédiaires.
L'Alisier des bois est cultivé depuis
1750, mais il semble qu'il fasse partie de la
culture depuis bien plus longtemps, non
pour ses fruits, mais surtout pour son
caractère d'ensemble et peut-être aussi ,
pour le caractère ornemental et la teinte
jaune de ses feuilles en automne.
C'est un arbre à cime qui commence
très bas, haut de 20 à 25 m. TI est
convenable pour les parcs des zones rela-
tivement chaudes.

205
Alisier blanc Rosacées
Rosaceae
Sorbus aria (L.) CRANTZ

Les Alisiers blancs fonnent un groupe


à part parmi les sorbiers. Leurs feuilles
sont simples, à la face supérieure vert
foncé et blanches, farineuses et feutrées
sur l'envers. Les bords des calices persis-
tent sur les fruits.
L 'Alisier blanc est un arbre européen,
à croissance arbustive. Ses jeunes
branches sont d 'abord blanches et
feutrées puis plus tard dénudées. Ses
feuilles cunéifonnes et ovales sont pres-
que sphériques (9 x 14 cm). Leur face
inférieure est très feutrée et blanchâtre.
Elles sont doublement dentelées sur l'en-
semble de leur circonférence, légèrement
lobées et leurs limbes ont plusieurs paires
de vaisseaux latéraux. L 'Alisier blanc
fleurit de mai à juin. n fonne de petites
fleurs, organisées en cory;mbes. Les cali-'
ces sont feutrés et blanchâtres. Ses fruits
globuleux sont rouge orangé, avec une
pulpe farineuse. Les espèces les plus
proches sont S. cretica, aux feuilles large-
ment elliptiques comportant moins de
vaisseaux, qui sont légèrement feutrées en
dessous, et l'espèce S. auStriaca dont les
feuilles ovoïdo-elliptiques sont lobées
seulement jusqu'au premier quart. Leur
face inférieure est feutrée et blanchâtre.
L'Alisier blanc est une essence ligneuse
européenne qui aime la chaleur. EUe est
très répandue surtout dans les milieux secs
et chauds, notamment sur les sols calcai-
res. Comme beaucoup d'autres essences
ligneuses à feuilles tomenteuses, elle tolè-
re assez bien l'atmosphère polluée des
villes, tant qu'il ne s'agit pas d'emplace-
ments froids. Son système de feuillage est
très ornemental, surtout dans le vent qui
soulève ses feuilles, faisant apparaître leur
face blanchâtre.
L 'Alisier blanc est un arbre bas, à crois-
sance arbustive, ou un grand arbuste, haut
de 5 à 8 m . n convient très bien pour les
parcs et pour l'aménagement de toutes
sortes de terrains.

206
Rosacées
Rosaceae Chaenomeles speciosa (SWEET)NAKAl

En 1796, quand on a introduit en Angle-


terre les premiers cognassiers, l'horticul-
ture européenne obtenait un élément
nouveau et très attrayant par ses couleurs,
parfaitement résistant aux rigueurs des
hivers européens. La classification systé-
matique des Cognassiers n'était pas chose
aisée pour les botanistes. D'abord, ils
furent classés parmi les Poiriers (Pyrus
japonica, 1803), puis parmi les Pommiers
(Malus japonica, 1807), ensuite comme
Cydonia (Cydonia japonica, 1817). Le
nom japonica soulignait le pays d'où il
venait, bien que le Cognassier ait été au
Japon, déjà depuis des siècles, une plante
de culture importée de Chine. Ce nom
causa aussi des difficultés d'ordre pratique
pour les horticulteurs lorsqu'on importa
du Japon une espèce apparentée, classée
à l'origine comme le Poirier du Japon
(Pyrus japonica). C'est précisément cette
espèce qui porte aujourd'hui le nom de
Cognassier du Japon (Chaenomeles japo-
nica) , tandis que l'espèce introduite en
premier lieu porte aujourd'hui le nom
scientifique de C. speciosa. Le Cognassier
de la variété speciosa est un arbuste assez
haut, abondamment ramifié et épineux.
Ses branches sont lisses et ses feuilles
fortement dentelées. Ses fleurs , grandes
de 3 à 5 cm, roses ou rouge brique,
forment des groupes dépourvus de
feuilles . ils surgissent en même temps que
les feuilles ou les précèdent de peu. Par
contre, l'espèce C. japonica est un arbuste
bas et drageonnant avec des feuilles large-
ment ovoïdes, grossièrement dentelées, et
des ramules rugueux. Ses fleurs sont
également rouge brique mais eUes n'appa-
raissent, en général, qu'après les feuilles .
Les fruits de ces Cognassiers ressemblent
aux coings qui, selon Thunberg, éclatent.
Cette caractéristique a donné naissance
à leur dénomination scientifique qui pro-
vient du grec: kheinein, fission et melea,
pomme.
Chaenomeles est un arbuste étendu,
haut de 2 à 2,5 m, d'une grande valeur
ornementale pendant la floraison (Ch.
speciosa) ou un arbrisseau drageonnant,
qui peut atteindre jusqu'à 1 m de haut
(Ch. japonica).

207
Rosacées
Cognassier Rosaceae
Cydonia oblonga MILL

Le Cognassier est ongmaire de l'Asie


Centrale (de l'Iran jusqu'au Turkestan),
mais délimiter exactement son aire de
diffusion naturelle est aujourd'hui une
tâche impossible, parce qu'il s'agit d' une
plante de culture fort ancienne. Dans la
Méditerranée, aussi bien qu'au Sud de
l'Angleterre, elle est déjà cultivée depuis
des temps immémoriaux. Son nom de
genre date de Cydonea, ville de Crète ou
d'Asie Mineure où on les cultivait déjà il
Y a fort longtemps. Le vrai Cognassier
a des feuilles caduques, ovoïdes, longues
jusqu'à 10 cm, avec des pétioles feutrés .
Leur face inférieure est très tomenteuse.
En automne, ses feuilles jaunissent. Ses
grandes fleurs (jusqu'à 5 cm) s'ouvrent au
mois de mai, parfois en même temps que
les feuilles, mais plus souvent après. Elles
sont odorantes, l'ovaire est à 5 carpelles.
Son fruit, le coing, est jaune, très odorant
et il a des formes doubles, en fonDe de
poire (ssp. pyriformis) ou de pommes
(ssp. maliformis). L'hybride entre les gen-
res Cognassier (Cydonia) et Poirier (Py-
rus) s'appelle Pyronia. Jadis, on utilisait
les fruits du Cognassier pour les mettre
entre des piles de linge. Leur odeur
agréable et persistante imprégnait le texti-
le et ils agissaient en plus, d'une certaine
manière, comme insecticide. De même,
dans les pays où les fruits du Cognassier
arrivent à maturité, on en fabrique de la
marmelade que l'on peut également faire
réduire et sécher à l'étuve pour fabriquer
la pâte de coings. On a longtemps utilisé
ses graines comme médecine. Elles
contiennent, en effet, jusqu'à 23 % de
mucilage. On les utilisait comme remèdes
contre la toux, ainsi que pour les maladies
d'estomac et des intestins : elles sont
légèrement laxatives. Les potions prépa-
rées à partir des graines du Cognassier
servaient aussi à faire des gargarismes, ou
encore mélangées avec de la glycérine,
d 'adoucissant contre les gerçures.
Le Cognassier est un petit arbre qui
mesure jusqu'à 8 m de hauteur, à cime
large et étendue. C'est une vieille essence
ligneuse fruitière, qui a une importance
marginale pour l'industrie pharmaceu-
tique.

208
Rosacées
Rosaceae Pommier sauvage
Malus sylvestris (L.) MnL

Les Pommiers sont considérés comme les


arbres fruitiers les plus anciens. C'est bien
vrai, au moins en ce qui concerne l'Europe
et la région du Caucase, comme en témoi-
gnent les restes végétaux trouvés dans les
vestiges du Néolithique. On suppose que
là, il ne s'agissait pas encore de l'espèce
cultivée intentionnellement ni des espèces
de Pommiers de l'Asie Centrale, introdui-
tes en Europe déjà à cette époque, mais
bien d' une essence ligneuse forestière
européenne, le Pommier sauvage (M.
sylvestris). C'est seulement plus tard, au
cours du deuxième millénaire avant notre
ère, qu 'apparaissent en Europe de meil-
leures formes de pommes, ce qui témoi-
gne d'une sélection intentionnelle et,
peut-être même, d'une influence des
autres espèces, cette fois-ci introduites
à dessein. Aujourd'hui, il est bien difficile
de déterminer la part des pommiers natu-
rels dans la création des pommiers de
culture. Comme chez beaucoup d'autres
plantes cultivées, nous ne connaissons
plus la forme « originale » et sauvage de
ces plantes, cultivées depuis si longtemps.
Le nombre des variétés de Pommiers
cultivés aujourd 'hui approche le chiffre de
10 000 qui ne s'entretiennent .(quelques
espèces déjà depuis plusieurs centaines
d'années) que de manière végétative, par
bouturage.
Ainsi est-il également malaisé de déci-
der si le Pommier sauvage (M. sylvestris),
trouvé dans les forêts décidues, est encore
la plante d'origine ou s'il s'agit d'un arbre
créé par la longue cohabitation de cette
espèce avec les hommes. Le pommier
rustique a des feuilles presque glabres ou
peu tomenteuses sur la veine: il en va de
même pour les pétioles et les calices des
fleurs . Ses petites branches sont en géné-
ral épineuses. Ses fruits sont grands d'en-
viron 2 cm, exceptionnellement un peu
plus. Ds ont un goût rafraîchissant, mais
amer.
C'est un arbre moyen, haut de 10
à 15 m, à cime irrégulière. TI représente
qu'ancêtre possible des variétés de
culture.

209
,
Rosacées
Pommier baccifère pourpre Rosaceae
Malus x purpurea (BARBIER) REHD.

L'homme cultive des Pommiers depuis


des siècles pour leurs fruits appétissants et
diététiques. C'est seulement beaucoup
plus tard, surtout après l' introduction en
Europe d'un grand nombre de pommiers
sauvages d'Asie (les premiers à la fin du
XIXe siècle, de nombreux autres seule-
ment au cours du x:xe siècle) qui sont très
variables et peuvent être facilement croi-
sés entre eux, que les pommiers d 'orne-
ment et les pommiers à fleurs sont deve-
nus des essences ligneuses très appréciées
également pour leur valeur esthétique
dans les jardins. C'est ainsi qu'a été créé le
Pommier baccifère pourpre, M. x purpu-
rea. TI a été créé vers 1900 comme hybride
à partir du très ancien Pommier bas
d'Europe et · de l'Ouest de l'Asie, plus
précisément par sa variété M . pumila
'Niedzwetzkyana' avec le pommier rouge
carmin vif, M. x atrosanguinea. Ce der-
nier est lui-même déjà un hybride du
Pommier du Japon et du Pommier de
Chine. De ses parents, le Pommier bacci-
fère pourpre a mérité non seulement la
couleur de ses fleurs, mais aussi la teinte
rouge vif de ses petites feuilles et de ses
ramules.
Le Pommier baccifère pourpre est un
arbre assez bas avec des feuilles caduques,
simples et alternes, dentelées sur leur
pourtour. TI a des fleurs simples sur de
longs pétioles pourpres. Ses fruits sont
menus et le calice est, en général, décidu.
Comme le Pommier baccifère pourpre
est, ainsi que la majorité des espèces
hybrides, très changeant, on est arrivé, au
cours des quatre-vingts ans depuis les-
quels il existe déjà, à choisir plusieurs de
ses cultivars qui diffèrent non seulement
par la couleur de leurs fleurs mais aussi
par le temps de leur floraison. Ils fleuris-
sent le plus souvent en avril et en mai,
mais le cultivar 'Aldenhamensis' présente
parfois une préfloraison précoce en sep-
tembre et en octobre.
C'est un arbre bas, à croissance arbusti-
ve. Sa cime sphérique est très largement
ramifiée. Cette essence ligneuse très ex-
pressive par ses couleurs convient à tous
les types de jardins.

210
Rosacées
Rosaceae Pyrus pyraster BURGSD.

Le Poirier évoque aux yeux de tout un


chacun surtout l'image de ses fruits appé-
tissants et sucrés, ou encore de ses poires
séchées. Mais un peu moins nombreux
sont ceux qui imaginent un poirier solitai-
re qui se dresse dans les champs. Cet arbre
pittoresque vit, en général, très long-
temps. L 'histoire des poiriers de culture
est aussi ancienne et compliquée que
l'histoire des autres arbres fruitiers euro-
péens. La botanique systématique avait
très longtemps classé les poiriers euro-
péens sous l'espèce semi-hybride du Poi-
rier commun (P. communis), parce que la
création des poiriers de culture est le fait
d'au moins cinq espèces rustiques. Par-
fois, on prend encore aujourd'hui le poi-
rier de culture redevenu naturalisé pour
l'espèce la plus commune en Europe, P.
pyraster.
P. pyraster est un poirier européen
commun très répandu dans une zone qui
va des Pyrénées jusqu'en Crimée. Il diffè-
re de l'espèce P. communis surtout par la
forme et la grandeur de ses feuilles . Leurs
limbes arrondis mesurent environ de 22
à 30 x 23 à 38 mm, tandis que les limbes
des feuilles de l'espèce P. communis, qui
sont très variables, le plus souvent large-
ment elliptiques, mesurent de 22 à 59
x 38 à 83 mm. La poire, fruit pulpeux de
P. pyraster est menue, petite, presque
ronde, sur son long pétiole, tandis que les
poires du Poirier commun, souvent
confondues avec les précédentes, gardent
bien leur forme de poire sur un pétiole
plus court. Un trait caractéristique, très
utile pour les différencier est la présence
d'aiguillons terminés par une pointe acé-
rée. Ces aiguillons n 'apparaissent que
chez P. pyraster, tandis que le Poirier
commun (espèce redevenue sauvage) en
est dépourvu .
P. pyraster est un arbre à feuillage
caduc, qui atteint parfois 20 m de haut.
Par endroits, il croît dans les peuplements
de taillis où il prend alors les caractéristi-
ques d 'un arbre à croissance arbustive.
Bien que les poiriers de culture aient
leur place dans les jardins depuis des
millénaires, P. pyraster n'a pas encore
trouvé la voie des cultures de parcs et de
jardins. Il reste rustique.

211
Rosacées
Poirier d'ornement Rosaceae
Pyrus salicifolia PALLAS

La cime argentée de ce pomer peut


désorienter l'oeil de nombreux observa-
teurs : s'agit-t-il d'une Aubépine ou d'un
Saule « argenté» ? C'est seulement après
une observation plus approfondie, mais
surtout après l'apparition des fleurs, que
les doutes se dissipent : il s'agit bien d'un
poirier, bien qu'il s'agisse d' un poirier
assez curieux.
Son aire de propagation d'origine se
situe sur une partie du littoral de la mer
Caspienne, dans le Caucase et en Anatolie
et, plus loin, jusqu'au Sud-Est de l'Euro-
pe. Dans les parcs et les jardins botani-
détail des petites feuilles ques, il fait l'objet de cultures depuis
argentées 1780.
Le Poirier d'ornement est une essence
ligneuse typique de l'Est du Caucase, qui
croît surtout dans les régions sèches où le
niveau annuel des pluies se situe aux
environs de 200 mm. Il fait partie des
formations forestières des steppes et des
régions semi-arides, ainsi que des peuple-
ments mêlés avec des Genévriers et des
Chênes ou, encore, avec des végétations
clairement xérophyles comme les Rham-
nus pallasii et les Paliurus spina-christi.
Dans le Caucase, il croît de 300 à 1800 m
d'altitude, en Anatolie, il monte encore et
dépasse 1900 m.
Ses feuilles lancéolées et hachurées, qui
mesurent jusqu'à 9 cm, ont dans leur
jeunesse une teinte feutrée et argentée.
Les inflorescences à petites fleurs sont
denses et feutrées . Il fleurit en mai. Ce
poirier fut utilisé par le fameux horti-
culteur soviétique Mitchourine pour ses
expériences pomologiques et il reste en-
core aujourd'hui l'espèce observée et
utilisée par plusieurs pomologues euro-
péens. Il se multiplie à partir des semis,
aussi bien que par division des touffes ou
par les procédés classiques de bouturage.
C'est un arbre assez bas (5 à 10 m) ,
à houppier porté très bas ; parfois aussi
avec des branches retombantes. C'est une
essence ligneuse d' une valeur horticole
historique. On peut la recommander
comme arbre de contraste, avec ses
feuilles argentées, aussi dans les parcs des
villes. EUe résiste à la sécheresse.

212
Rosacées
Rosaceae Amélanchier du Canada
Amelanchier canadensis (L.) M EDIe.

L 'Amé lanchier du Canada est originaire


des régions du centre et de l'Est de
l'Amérique du Nord . Son aire de propa-
gation naturelle va de Terre-Neuve jus-
qu'au Sud des États-Unis (en Géorgie et
en Louisiane). Son aspect extérieur très
agréable a très tôt éveillé l'intérêt des
horticulteurs américains. TI est cultivé
déjà depuis 1623. En Angleterre, il ne fut
toutefois introduit qu'en 1746. Parmi les
noms populaires qu'on lui a donnés, citons
au moins la dénomination anglaise, june-
berry (globules de juin), qui fait allusion
à la maturité précoce de ses fruits.
Les Amélanchiers du Canada sont des
essences ligneuses à ramure de faible
densité, assez aérées, apparaissant comme
soufflées. Ce trait est encore renforcé
pendant sa floraison par ses fleurs dont les
pétales de périanthes sont longs et étroite-
ment lancéolés. Les fleurs forment des
grappes dressées et semi-retombantes qui
se situent au sommet des branches. L 'A-
mélanchier du Canada fleurit d'avril
à mai, avant le développement de ses
feuilles. Ses feuilles sont entières, cadu-
ques et alternes, de forme ovoïde ou
arrondie, qui restent pendant toute la
période végétative d ' un vert uni pour se
colorer, en automne, de plusieurs cou-
leurs, du jaune clair jusqu'au rouge oran-
gé. Ses fruits sont des baies comestibles de
couleur brun-noir.
En Europe centrale et méridionale,
nous rencontrons plus souvent un autre
amélanchier, A. ovalis. Comme la plupart
des amélanchiers, il préfère les sites enso-
leillés, surtout les versants au sol calcaire.
les frui ts de A . ovalis
Ses pétales de périanthe ont la face
extérieure feutrée, tandis que cellux de
l'Amélanchier du Canada sont glabres.
Les fruits de A . ovalis sont des baies
sucrées, noires et bleuâtres.
Les Amélanchiers se multiplient très
bien à partir de semis, parfois on fait
également porter leurs boutures par des
aubépines et par des sorbiers.
L 'Amélanchier du Canada est un arbre
à croissance arbustive, haut de 10 à 20 m.
A . ovalis est un arbuste à port dressé, haut
de plus de 2 m . Les deux variétés ont une
grande valeur horticole, surtout placés
les fleurs de A. ovalis
devant des conifères plus foncés .

213
Framboisier et Ronce Rosacées
Rosaceae
Rubus idaeus L. et Rubus fruticosus agg.

Les Framboisiers et les Ronces sont soit


des semi-arbrisseaux soit des lianes ram-
pantes à feuillage caduc. Ils sont drageon-
nants, mais leurs drageons individuels ont
une courte durée de vie. En général, ils
sont épineux.
Le Framboisier a des drageons dressés,
ses feuilles vont par trois, rarement par
cinq ; leur endroit est faiblement duve-
teux, tandis que l'envers est blanc et
feutré . Ses fleurs forment des grappes
terminales et feutrées ou encore des
grappes d'aisselle. Elles sont petites, me-
nues et blanches. Leurs pétales de périan-
the sont plus petits que ceux du calice. Ses
fleurs sont hermaphrodites. Ses fruits
forment de petites drupes qui donnent le
fruit final, la framboise. Le Framboisier
est une plante ligneuse à diffusion circum-
polaire, qui croît dans les forêts et sur les
clairières, de la plaine jusqu'en montagne.
Les Ronces ont des drageons doubles :
les premiers sont ligneux, qui ne fleuris-
sent pas, souvent retombant en cercle ou
rampants, qui peuvent être aussi bien
ovales qu'anguleux, glabres ou tomen-
teux. Les autres drageons courts, qui
portent des fleurs, sont en général droits.
Ces derniers partent en premier et ils sont
un peu herbacés. Les feuilles des Ronces
vont par trois ou par cinq et elles sont
formées par des petites feuilles de diffé-
rentes formes et dimensions. L'inflores-
cence, formée de plusieurs fleurs, peut
avoir des couleurs différentes - blanc,
rose ou violet - sur les pétioles soit
dénudés, soit tomenteux, glanduleux ou
aiguillonneux. Les fruits sont des drupes
qui forment le fruit final, la mûre. Les
Ronces excellent à combiner leurs diffé-
rentes caractéristiques et leur classement
systématique est très difficile. En général, .
on les désigne sous le nom collectif de
l'espèce, Rubus fruticosus agg.
Les Framboisiers sont des arbrisseaux
drageonnants, qui atteignent 2 m de
silho uette de R . f ruticosusagg.
haut; les Ronces sont des semi-arbris-
seaux courbés en arcs ou des lianes
rampantes avec des pousses qui peuvent
atteindre une longueur de 2 m ou plus.

silho uette de R . idaclIs

214
Rosacées
Rosaceae Ronce odorante
Rubus odoratus L.

La Ronce odorante représente, avec R.


deliciosus, l'espèce la plus attrayante et la
plus ornementale parmi les ronces. La
distribution actueUe des Ronces dépend
surtout de l'homme et de son comporte-
ment vis-à-vis de la nature, la Ronce
odorante, par exemple, fait l'objet d'une
culture intentionneUe depuis trois cent
cinquante ans déjà. Elle appartient à l'a-
ristocratie parmi les ronces. EUe est origi-
naire d ' Amérique du Nord, de la région
située entre la NouveUe-Écosse et les
États de Michigan, du Tennessee et de
Géorgie. EUe est cultivée depuis 1635 et
depuis 1770 en Angleterre.
La Ronce odorante est un arbrisseau
drageonnant qui a des pousses plus ou
moins dépourvues d 'épines et bien redres-
sées. Leur écorce s'étiole. Ses feuilles
caduques sont pentalobées et articulées,
grandes de 10 à 30 cm, régulièrement
tomenteuses et d'un vert uni. Ses fleurs
s'ouvrent dès la fin juin et en juillet, en
août même en certains endroits. Pourpres,
odorantes, grandes de 3 à 5 cm, elles
forment des inflorescences composées
d'un grand nombre de fleurs. Ses fruits
sont composés, rouges et grands d'environ
2 cm.
La Ronce odorante n'est pas très exi-
geante ni pour l'humidité ni pour la
qualité du sol. EUe se multiplie à partir de
semis ou mieux, par boutures d'été cou-
pées sur ses pousses latérales. Elle se
multiplie aussi très bien par division des
touffes en novembre et décembre. Les
surfaces où eUe est plantée sont très vite
envahies parce qu'elle forme des polycor-
mones assez grands. C'est une bonne
essence ligneuse de couverture avec une
fleur d ' une haute valeur esthétique.
Cet arbrisseau drageonnant peut mesu-
rer de 2 à 3 m de hauteur.

215
Rosacées
Potentille Rosaceae
Potentilla fruticosa L.

Aujourd'hui, il est très difficile de définir


et de différencier les régions où la Poten-
tille représente l'espèce originale et celles
où elle n'est que naturalisée. On la men-
tionne sur l'ensemble de l'hémisphère
boréal: en Amérique du Nord, de l'A-
laska et du Labrador jusqu'au New Jer-
sey, en Californie, en Arizona et dans les
montagnes du Nouveau-Mexique; en
Eurasie, des Pyrénées par les Alpes ita-
liennes jusqu'au Caucase, en Oural et
même dans les Himalayas. A très basse
altitude et dans les massifs montagneux
moins hauts, elle va de l'Irlande jusqu'au
Japon. Étant donné qu'elle est déjà culti-
vée depuis 1700, il est vraisemblable qu'il
est des endroits où elle est arrivée seule-
ment grâce à l'homme.
La Potentille est l'une des rares espèces
ligneuses de potentilles (il y a plus de 300
espèces herbacées). C'est un petit arbris-
seau à ramification très dense qui a des
feuilles pennées, formées de 3 à 7 folioles
elliptiques en long, très variables dans leur
forme, leur nombre, leur couleur et leur
aspect extérieur. Les fleurs, grandes jus-
qu'à 3 cm, s'ouvrent de mai jusqu'en
septembre. Elles peuvent être blanches,
blanches teintées de rose, jaune clair ou
foncé mais aussi rouges. L'habitus de
nombreuses variétés issues de la sélection
pour la culture .varie aussi ; on peut voir
des arbustes largement ramifiés (du type
Ochroleuca), des arbustes rampants (du
type Mandshurica) ou bien dressés (du
type Jackmann). La Potentille est l'une
des essences ligneuses de jardin les moins
exigeantes. Elle fleurit le mieux en plein
soleil dans tous les sols qui permettent
à ses racines profondes de s'assurer suffi-
samment d'eau et de matières nutritives.
Pour cela, elle tolère aussi bien la séche-
resse. Elle se multiplie par des boutures
herbacées au début de l'été.
C'est un arbuste bas, compact et dra-
geonnant, mesurant à peine 1 m de hau-
teur. n est très convenable en bordures et
pour la formation de haies basses, aussi
bien que pour les plantations groupées de
couverture végétale.

216
Rosacées
Rosaceae Corête du Japon
Kerria japonica (L.) De.

Au temps de Ch. Linné, cet arbuste était


considéré comme une espèce de ronce
jaune (du genre Rubus) . Aujourd'hui,
nous le classons dans un genre indépen-
dant qui porte le nom de William Kerr, qui
travailla au début du XIXe siècle dans le
jardin botanique de Kew et qui est à l'ori-
gine de l'introduction de beaucoup d'es-
sences ligneuses en provenance de la
Chine. K. japonica est cultivé déjà depuis
plus de cent cinquapte ans (il fut intro-
duit de Chine en 1834), mais il était
déjà connu bien plus tôt au Japon, ce qui
l'avait fait appeler, en Angleterre, Rose
du Japon. Bien que cet arbuste soit
décidu, il reste ornemental pendant pres-
que toute l'année. Ses branches sont d'un
vert vif, avec des pousses annuelles qui
donnent l'impression de se moquer de
l'hiver. En composition avec d'autres
essences ligneuses à branches colorées
(par exemple le Cornouiller blanc et
différents saules), il est capable de sur-
prendre et d'émailler avec art n'importe
quel jardin.
Les feuilles de Kerria japonica sont
grossièrement dentelées, longuement
pointues et elles donnent l'impression, par
leur texture de vaisseaux, d'être ridées.
Une espèce proche, Rhodotypos scandens
a des feuilles similaires. Les fleurs indivi-
dueUes se forment en général en mai, la
floraison se répète quelquefois encore en
automne. On cultive maintenant, beau-
coup plus souvent que l'espèce originale,
le cultivar Pleniflora. Ses fruits sont des
akènes brun-noir.
Les Corêtes du Japon forment des
rejetons en abondance. On les multiplie
au mieux par bouture des racines. Une
taille fréquente et régulière aide sa crois-
sance et améliore son aspect. TI croît le
mieux en plein soleil sur les sols calcaires.
C'est un arbuste haut de 1 à 2 m,
à rejetons abondants. TI peut être cultivé
isolé, en groupe, en massifs ou pour
former des haies moyennes.

217
Rhodotypos scandens (l'HUNB.) MAKINO
Rosacées
Rosaceae

L'un des synonymes du nom scientifique


de cette essence ligneuse, Rhodotypos
tetrapetala, explique sa différence avec les
autres espèces de la même famille : ses
fleurs sont à 4 pétales, tandis que la
plupart des Rosacées s'organisent autour
du chiffre 5. Un autre de ses synonymes,
Rh. kerrioides, attire l'attention sur la
ressemblance de ses feuilles avec celles
des Corêtes. Enfin, le nom même du
genre, Rhodotypos, parle d ' une ressem-
blance : le mot grec rhodon signifie la rose
et le mot typos le type ou la ressemblance.
Le genre Rhodotypos est monotypi-
que : son espèce unique est originaire du
Japon, de la province de Bitchu d'où il fut
introduit en Europe en 1866. Bien qu'on
le trouve également ailleurs dans l'Est de
l'Asie (surtout en Chine), il est vraisem-
blable qu'il n'est vraiment répandu qu'au
Japon d 'où il fut intentionnellement ex-
porté. C'est un arbuste très décoratif, très
fin , remarquable surtout par la texture de
ses feuilles bien apparente, plutôt que par
ses fleurs individuelles, grandes de
4 à 6 cm. Blanches, elles fleurissent d ' une
manière successive de juin à juillet. Cet
arbuste diffère non seulement des Corê-
tes, mais aussi de la plupart des Rosacées,
d'abord par ses feuilles qui sont opposées,
mais aussi par ses branches qui se rami-
fient de la .même manière. Après la
floraison , on remarque avec intérêt ses
fruits grands comme des petits pois, assez
décoratifs, secs, noirs et lustrés qui persis-
tent sur l'arbuste longtemps pendant l'hi-
ver. R. scandens se multiplie par ses
graines qui arrivent à maturité même en
Europe, ou encore par des boutures d 'été.
C'est un arbuste peu exigeant qui s'a-
dapte quasiment à toutes les conditions,
aussi bien climatiques qu'en ce qui
concerne la qualité du sol ou la lumière. Il
ne gèle que pendant les hivers vraiment
rigoureux mais, dans toutes les circons-
tances, il repousse toujours régulière-
ment.
R. scandens est un arbuste haut de 1,5
à 2,5 m , qui convient pour les plantations
groupées.

218
Rosacées "
Rosaceae Prunellier, Epine noire
Prunus spinosa L.

Les Épines noires sont des essences li-


gneuses communes presque partout en
Europe, des îles britanniques jusqu'à la
Sibérie occidentale, dans le Nord-Ouest
de l'Asie. ils forment des arbustes épineux
abondamment ramifiés. Ses branches re-
tombantes les plus basses forment parfois
des racines au contact de la terre et les
branches dressées sont raides et rigides.
Les brachyblastes latérales se terminent
par une pointe épineuse. Les Épines
noires ont des feuilles décidues, alternes
qui n'apparaissent sur l'arbre qu'après la
floraison. il fleurit fin mars ou début avril,
suivant l'altitude. Les limbes ont une base
cunéiforme et sont ovoïdes en long, entiè-
rement dentelés, glabres ou tomenteux
en dessous. Les fleurs blanches poussent
soit d ' une manière individuelle soit en
grands faisceaux. Elles portent une
vingtaine d'étamines qui sont suivies de
fruits bleu-noir, ronds, les prunelles, qui
sont des globules à noyaux à la pulpe
verdâtre d'un goût amer.
Les fleurs et les feuilles des Prunelliers
servent depuis longtemps dans la médeci-
ne populaire. Elles provoquent des réac-
tions légèrement laxatives et diurétiques.
Les prunelles contiennent des sucres, de la
vitamine C, des matières tannantes. Elles
servent à fabriquer une liqueur alcoolisée.
Bien que le Prunellier représente l'une
des essences ligneuses de taillis les plus
communes d 'Europe, qui n'a pas encore
trouvé le chemin des parcs, sauf par
dissémination naturelle de ses graines, on
a déjà trouvé quelques variétés d'Épines
noires (cultivar Plena) assez rarement
cultivées, ainsi que des Prunelliers à fleurs
roses avec des jeunes feuilles rouges (cv.
Purpurea).
Le Prunellier est un arbuste haut de
1 à 3 m, rarement 5, qui forme des
peuplements homogènes, très expansifs
dans les endroits délaissés par l'exploita-
tion agricole.

219
Merisier, Cerisier commun
Rosacées
Rosaceae
Prunus avium L.

Le Merisier est un arbre robuste, aussi


bien quand il fait partie d'un peuplement
forestier homogène qu'en solitaire. Sa tige
principale est toujours bien développée ce
qui garantit la formation de la cime haute
à croissance rapide. Son aire de distribu-
tion d'origine est très étendue. Elle va
vraisemblablement de la Sibérie occiden-
tale jusqu'au littoral de l'Atlantique et sur
les îles britanniques. Au Nord, elle atteint
0
aujourd'hui jusqu'au 61 degré de latitude
Nord. Mais, comme dans le cas des autres
essences ligneuses fruitières de culture qui
accompagnent l'homme depuis déjà des
millénaires, nous ne pouvons déterminer
avec précision sa véritable aire d'origine.
Même les découvertes archéologiques
confirment la présence de différents Meri-
siers en Europe, déjà au Néolithique. Sa
distribution aux quatre coins du monde
fut assurée par les oiseaux bien avant
l'intervention de l'homme.
Les premières traces des cerisiers de
culture viennent de l'Asie Mineure de la
fin du IVe siècle avant notre ère. Et c'est
peut-être depuis cette époque qu'on culti-
ve deux variétés: juliana, avec des cerises
à pulpe molle et du racina, avec des cerises
à chair ferme. Mais l'ensemble des ceri-
siers de culture descend d 'une espèce
sauvage unique, le Merisier (Prunus
avium).
Bien que les cerisiers, ainsi que les
griottiers, soient des essences ligneuses
très proches, quelques traits les différen-
cient : les fleurs des cerisiers qui fleuris-
sent en avril et en mai forment des
ombelles qui possèdent, à la base, une ou
plusieurs feuilles vertes, tandis que les
ombelles des fleurs de griottiers en sont
dépourvues. Les fetPlles des cerisiers sont
tomenteuses en dessous (dans leur jeu-
nesse), tandis que les feuilles des griottiers
sont glabres, dénudées.
Le Merisier est un arbre à port pyrami-
dal, haut de 20 à 25 m, qui représente une
essence ligneuse fruitière ancienne.

220
Rosacées
Rosaceae Prunier
Prunus domestica L.

L'espèce Prunus domestica se subdivise


parfois en trois sous-espèces : ssp. oeco-
nomica ou la vraie prune, ssp. insititia ou
la reine-claude et la mirabelle et, enfin,
ssp. italica considérée comme un hybride
des deux premiers. Mais, l'hypothèse la
plus vraisemblable suppose que les deux
lignées si étroitement proches sont d'ori-
gine hybride. Leurs parents communs
étaient l'Épine noire ou Prunellier (Pru-
nus spinosa) et le Prunier du Caucase (P.
divaricata). Ce dernier était cultivé sur les
versants du Caucase déjà par ses habitants
d'origine et sa culture y persiste encore de
nos jours. Sur ses versants vivent en-
core aujourd'hui, de manière spontanée,
les hybrides de ces deux espèces
« sauvages ». Ainsi, le Caucase nous ap-
paraît-il comme le seul berceau unique
possible de l'ensemble des pruniers. De là,
ils se sont déplacés d'une part vers l'Asie
centrale et d'autre part vers la Méditerra-
née, où ils sont arrivés aux environs du y e
siècle avant notre ère par la Syrie et par
l'Asie Mineure. De là, ils pénétrèrent au
centre de l'Europe avec les légions romai-
nes. Plus tard, au Moyen Age et à notre
époque, les pruniers de culture arrivent
à se différencier encore plus : ils se
développent par l'amélioration de l'espè-
ce hybridogène du Prunier, P. domestica;
les Pruniers du Caucase se croisaient
à nouveau avec les Prunelliers.
Les Pruniers américains et ceux de l'Est
de l'Asie ont des parents absolument
différents: P. ussuriensis en Asie, P. nigra
et P. americana en Amérique. Les Pru-
niers d'Amérique du Nord ont des fleurs
en grappes par 3 à 5 et leurs fruits ont des
noyaux lisses, tandis que les fleurs des
Pruniers de l'Ancien Monde sont indivi-
duelles ou vont par 2 et leurs fruits ont des
noyaux ridés. Les Pruniers d'Europe ont
été atteints à nouveau, au cours des
années 70 et 80, par une grande épidémie
de Sharka qui a ravagé des centaines de
milliers d'arbres.
Le Prunier est un arbre à cime portée
bas, haut de 5 à 10 m. C'est une essence
ligneuse fruitière historique.

221
Cerisier acide Rosacées
Rosaceae
Prunus cerasus L.

Le Cerisier acide est un arbre à feuilles


caduques, simples et glabres. Ses fleurs
blanches forment des ombelles pe u four-
nies en fleurs et dépourvues de petites
feuilles vertes. TI diffère des Cerisiers par
l'ensemble de son habitus, dominé par des
petites branches terminales, en général
minces et retombantes. L 'habitus d 'origi-
ne de l'espèce sauvage n'est pas connu
mais, selon une hypothèse, il s'agit d' une
ancienne espèce hybridogène qui avait eu
pour parents le Merisier et P. fruticosa.
De même, l'endroit où le Cerisier acide
a vu le jour reste inconnu. Mais il se
naturalise très souvent et revient ainsi
à l'état sauvage. On suppose alors que sa
zone d 'origine se trouve là où on rencon-
tre le plus grand nombre de ces arbres
naturalisés, à savoir la partie sud-euro-
péenne de l'Union Soviétique, le Caucase,
l'Asie Mineure et le Sud-Est de l'Europe.
Une autre hypothèse n'est pas non plus
sans intérêt, qui rattache la création de
son nom cerasus à l'ancienne ville de
Céraconte, sur le Pont-Euxin, en Asie
Mineure : ses environs étaient riches en
Cerisiers et, peut-être, en Cerisiers acides.
Dans l'Antiquité, le mot kerassos dési-
gnait les Carisiers, la culture des Carisiers
étant plus ancienne que celle des Cerisiers
acides. La propagation de ces derniers
par-delà les Alpes fut assurée par les
Romains. Les archéologues en ont trouvé
des traces dans leurs camps sur le Rhin et
sur la Saale. Les premiers Cerisiers et
Cerisiers acides sont arrivés aux États-
Unis après 1625.
Le Cerisier acide est un arbre avec une
cime portée bas, arrondie, avec des
branches molles. TI atteint de 5 à 10 m.
C'est une essence ligneuse fruitière .

222
Rosacées
Rosaceae Cerisier à fleurs
Prunus serrulata LINDL.

Le Cerisier à fleurs, P. serrulata, est une une branche feuillue du cerisier


à fleurs japonais
espèce dont sont issues de très nombreu-
ses variétés. Ce n 'est ni un vrai cerisier, ni
un griottier. II en diffère par les bords du
calice de ses fleurs dressées, tandis que
ceux du cerisier ou du griottier sont
tournés vers l'arrière. Les fleurs de P.
serrulata sont organisées en grappes qui se
développent, en général, en même temps
que les feuilles ou peu de temps avant,
tandis que le Cerisier et le Griottier
fleurissent presque toujours avant le dé-
veloppement des feuilles. Le Cerisier
à fleurs a des feuilles et des rarnules
glabres ou peu duveteux. Les feuilles sont
largement ovales à longues pointes, dou-
blement dentelées sur leur circonférence ;
elles sont minces et luisantes et atteignent
de 6 à 16 cm de long. Les fleurs poussent
par 3 à 5 et elles sont, chez les cerisiers
rustiques de cette espèce, soit blanches
soit roses. Ces c~tivars portent, en géné-
ral, des fleurs de couleurs beaucoup plus
vives. Elles s'ouvrent d 'avril à mai, suivant
les cultivars. Elles sont longues de
3 à 4 cm, non odorantes. Les couleurs des
fruits, qui sont des drupes, vont du rouge
au noir.
Le Cerisier à fleurs est originaire de la
Chine, de la Corée et du Japon où il
forme, de concert avec les Chrysanthèmes
et les Pivoines, les symboles végétaux de
cette partie de l'Orient. Ils comptent
parmi les plantes de culture très anciennes
de ces pays. Mais les arbres de P. serrulata
avec des fleurs simples sont malgré tout
extrêmement rares. Même Lindley
a décrit cette espèce selon un arbre
à fleurs pleines, blanches. P. serrulata, var.
spontanea, ne fuit introduit en Europe
qu'après 1900, un peu plus tard on en
a introduit encore deux autres, tandis que
les cultivars à fleurs pleines sont cultivés
en Europe déjà depuis le XIX c siècle.
Ces Cerisiers sont des arbustes hauts ou
de petits arbres qui peuvent atteindre,
selon les cultivars, 20 m de hauteur. Ils ne
vivent en général que de vingt à vingt-cinq
ans.

223
Rosacées
Abricotier Rosaceae
Prunus armeniaca L.

Mala armeniaca, la pomme d'Arménie,


ancien nom latin des abricots, n'a pas
seulement influencé le nom scientifique
de l'espèce (armeniaca), mais il fait aussi
allusion à une vieille hypothèse selon
laquelle cette essence ligneuse serait ori-
ginaire d'Arménie. Pourtant, les Abrico.:.
tiers étaient déjà bien connus en l'an 2000
avant J. C. en Chine qui doit, d'ailleurs,
être considérée comme leur patrie d'origi-
ne. Leur aire de propagation naturelle va
du Nord de la Chine jusqu'aux massifs
montagneux de Tsian-Shan et d'Ala Tau
de Dzoungour, mais elle n'est pas d'un
seul tenant : la distance entre les peuple-
ments découverts en Asie Centrale et au
Nord de la Chine dépasse 4500 km !
Au début de notre ère, les Abricotiers
sont arrivés de Chine en passant par l'Asie
centrale, l'Iran et l'Asie Mineure, jusqu'à
Rome. Les Romains fondèrent les pre-
miers vergers d'abricotiers dans le Sud de
l'Europe. Ensuite, la culture des Abrico-
tiers, freinée par les Arabes, ne se déve-
loppa dans le centre de l'Europe qu 'au
cours du XVIIe et du XVIIIe siècle et en
1720 seulement en Amérique.
Les variétés de culture des abricotiers
n'ont pas pour origine seulement l'Abri-
cotier commun mais, en Extrême-Orient,
aussi P. manshurica. Dans les massifs
montagneux de Tian-Shan, du Pamir et de
l'Altaï, les anciennes populations, ancê-
tres des Tadjiks, utilisèrent leurs fruits
comme édulcorant: c'était l'unique
source de sucre. La pulpe séchée contient
au moins 85 % de sucres. Elle était source
de vitamine C, ainsi que de carotène et de
provitamine A . Les plus anciennes varié-
tés de ces abricotiers de montagne avaient
des fruits persistants qui se desséchaient
directement sur les arbres.
L'Abricotier a des feuilles caduques,
glabres et pétiolées, avec des limbes
simples, ronds et ovoïdes, elles sont den-
telées sur les bords. Ses fleurs , légèrement
rosées, se développent avant les feuilles.
Les fruits sont presque sphériques. Ce
sont des drupes légèrement feutrées avec
une raie latérale.
L 'abricotier, arbre à cime semi-sphéri-
que, pouvant atteindre 10 m de haut est
une essence ligneuse fruitière historique.

224
Rosacées
Rosaceae Pêcher
Prunus persica (L.) BATSCH.

Trouver aujourd'hui des Pêchers sauva-


ges est chose probablement impossible.
Mais leur berceau d'origine est sûrement
la Chine. Les horticulteurs chinois
connaissent les Pêchers déjà depuis au
moins 4000 ans, ils nommèrent leurs fruits
« sing » . De là, les Pêchers ont probable-
ment pénétré en Perse (Iran) , longtemps
considérée comme leur patrie d'origine.
L 'expédition d'Alexandre le Grand en
apporte les premiers témoignages et, un
siècle avant notre ère, la Rome antique
connaissait déjà les pêches qu'elle nom-
mait ma/a persica, pommes de Perse. Les
pêches, considérées d'abord comme des
fruits de luxe, ont été très vite cultivées.
Grâce aux légions romaines, les Pêchers
ont traversé les Alpes pour atteindre la
Gaule, d'après les témoignages des dé-
couvertes archéologiques qui identifiè-
rent des noyaux dans les fouilles . Selon
la tradition, l'empereur Charlemagne
compte parmi les grands propagateurs des
pêches et les horticulteurs français de
l'époque connaissaient déjà quelques va-
riétés de Pêchers de culture. Au cours des
xeet XIe siècle, les Pêchers ont traversé la
Manche. Au cours du XVIIe siècle, ils ont
réussi à traverseJ: l'Atlantique et d'autres
océans. Le Pêcher a trouvé en Californie
et au Texas un climat de prédilection et,
avec leurs efforts, les horticulteurs améri-
cains sont arrivés à la pointe mondiale de
la production de pêches.
Les jeunes branches du Pêcher sont, en
général, d'un vert vif, la partie plus
exposée au soleil est un peu rougeâtre. Ses
feuilles décidues sont simples avec de
courts pétioles et leurs limbes sont large-
ment lancéolés et fortement dentelés sur
la circonférence. Ses fleurs sessiles se
développent sur les brachyblastes, soit
individuellement soir par deux. Les péta-
les du périanthe sont rouges, chez certai-
nes variétés plutôt blanchâtres ou roses.
Les fruits sont des drupes sphériques,
grandes de 5 à 8 cm, à peau veloutée, avec
un noyau alvéolé et sillonné.
Les Pêchers sont des arbres bas, à cime
palissée, qui peuvent atteindre jusqu'à
8 m de hauteur.

225
Rosacées
Amandier nain Rosaceae
Prunus tenella BATSeH

L 'Amandier nain compte parmi les essen-


ces ligneuses préférées des horticulteurs,
surtout au printemps, pendant les mois de
mars et avril, quand il fleurit. C'est alors
un arbrisseau noué sous les fleurs. A l'ori-
gine, il était très répandu dans les terrains
ouverts des steppes, sur le littoral du
Danube, en Russie centrale et méridiona-
le, d 'où il pénétra jusqu'à la Sibérie et
derrière le massif du Caucase. Bien que
l'Amandier nain soit naturellement ther-
mophile, il croît aussi bien dans les régions
plus froides . TI se multiplie aussi bien de
manière végétative en formant des poly-
cormones assez étendus à partir de ses
noyaux qui germent très bien après la
stratification : ses drageons souterrains
sont capables de percer même des murs
assez épais ou d'élargir une fente ro-
cheuse.
Ses feuilles décidues sont alternes et
simples, ses fleurs sont régulières. TI diffè-
re des autres pruniers à fruits pulpeux
surtout par ses fruits qui se dessèchent,
sont fortement tomenteux et éclatent
à maturité. Une quarantaine de ses espè-
ces vit de la zone méditerranéenne jusqu'à
la Chine centrale : citons l'Amandier
commun (Prunus communis) qui ac-
compagne l'homme, en tant qu'essence
ligneuse de culture, depuis la plus haute
Antiquité. TI est vraisemblablement origi-
naire de l'Est de la Méditerranée (de la
Syrie) et de l'Asie centrale mais, dans de
bonnes conditions, il vit presque partout.
Au cours des millénaires, on est arrivé
à former deux lignées : la variété à fruits
sucrés (var. dulcis) et la variété à fruits
amers (var. amara) . Les amandes amères
contiennent jusqu'à 5,3 % d'un glucoside
d'amygdaline toxique, 20 % d'albumines
et 45 % d'huiles. Les amandes douces,
dépourvues d'amygdaline, sont utilisées
dans l'alimentation.
L'Amandier nain est un arbrisseau dra-
geonnant, haut à peine de 1 m, convena-
ble pour les emplacements secs ; l'Aman-
dier commun est un arbre haut qui peut
atteindre 8 m .

. ..--......--- .. .. . . . ............
drupe de P. communis silhouette de P. communis silhouette de P. lenella

226
Rosacées
Rosaceae Cerisier à grappes
Prunus padus L.

Les Cerisiers à grappes sont des essences


ligneuses très proches des Cerisiers, mais
elles en diffèrent surtout par le fait que
leurs fleurs forment des inflorescences en
grappes, tandis que chez les Cerisiers, les
fleurs poussent sur les brachyblastes tant
individuellement qu'en groupes.
Le Cerisier à grappes est le représentant
le plus typique de l'espèce dans le Vieux
Monde. II croît dans les forêts feuillues et
humides, dans les taillis qui poussent en
galeries de la plaine jusqu'à la montagne.
On le trouve des îles britanniques jusqu'à
l'Extrême-Orient et, au Nord, il dépasse
même le cercle polaire. En culture, il
accompagne l'homme depuis des temps
immémoriaux. C'est une essence ligneuse
très résistante et très peu exigeante, d'une
grande valeur esthétique mais sans grande
utilité économique. Le Cerisier à grappes
a des branches droites et retombantes
rouge-brun et luisantes. Ses feuilles déci-
dues sont alternes et simples. Sur leurs
pétioles, elles ont 2 à 3 veines, leurs limbes
sont mats, ovoïdes et pointus, avec une
circonférence légèrement dentelée. Les
jeunes feuilles dégagent, après broyage,
une odeur qui rappelle celle des amandes
amères. II fleurit en mai. Les grappes de
fleurs peuvent atteindre 15 cm de lon-
gueur. Elles sont retombantes et odoran-
tes. Ses fruits sont des drupes rouge-noir
et amères à noyau ridé. Les calices ne
persistent pas sur les fruits.
Dans le Nouveau Monde, en pleine
nature, vit une espèce de Cerisier à grap-
pes assez proche, Prunus serotina. Son
aire de propagation d 'origine va de la
Nouvelle-Écosse jusqu'à la Floride et,
à l'Ouest, jusqu'au Dakota, au Texas et
à l'Arizona. On le cultive depuis 1629. II
fleurit un mois plus tard que le Cerisier
à grappes d 'Europe. Ses feuilles ovoïdes
et plus prolongées sont d'un vert luisant
et, sur ses fruits noirs et comestibles,
persiste clairement le calice. Ses fruits
sont utilisés dans la préparation des bois-
sons alcoolisées comme le rhum et le
brandy, pour en améliorer le goût.
Le Cerisier à grappes d'Europe est un
arbre qui peut atteindre 15 m de hauteur ;
le Cerisier à grappes américain tardif peut
même atteindre 30 m de hauteur.

227
Laurier-cerise Rosacées
Rosaceae
Prunus laurocerasus L.

Le Laurier-cerise est une essence ligneuse


qui aime les climats chauds. Il est originai-
re du Sud-Est de l'Europe et de l'Asie
Mineure. Ses fruits singulièrement viola-
cés ou même noirs, à partir desquels il se
multiplie très bien sont le trait le plus
typique de l'espèce. C 'est une essence
ligneuse très résistante aux températures
moyennes ainsi qu'aux exhalations, moins
résistante aux brusques changements de
température ; mais si elle gèle, elle re-
pousse vite à partir de ses racines.
Le Laurier-Cerise persistant a causé
aux botanistes beaucoup de difficultés.
Certains le rangent dans le genre Padus,
d 'autres le classent dans un genre indé-
pendant, Laurocerasus. Les feuilles de
cette essence ligneuse ne sont pas, en
effet, sans rappeler les feuilles du Laurier
(du genre Laurus). Elles représentent sa
partie la plus variable. Suivant leurs diffé-
rentes variations, on a décrit et classé
plusieurs variétés et plusieurs espèces. Les
feuilles aux bords dentelés caractérisent la
variété portugaise (P. lusitanica) ; les
feuilles pleines mais très étroites sont
typiques du genre balkanique (P./auroce-
rasus var. shipkaensis), découvert aux
environs de 1889, dans le col de la
montagne Schipka en Bulgarie où il
pousse vers 1600 m d 'altitude. Le Lau-
rier-Cerise fait l'objet d'une culture inten-
tionnelle depuis le XVIe siècle (1576). Il
était surtout destiné à l'utilisation médici-
nale. Ses feuilles séchées servent encore,
de nos jours, à la fabrication de l'Aqua
laurocerasi utilisée en tant que substitut
de l'eau magnésifère.
C 'est soit un arbre assez étendu (multi-
plié par boutures), soit un arbre bas (s' il se
reproduit à partir des graines) allant
jusqu'à 6 m de hauteur. C'est une bonne
essence ligneuse de couverture, utilisable
sous les grands arbres ou près des murs.

228
Calycanthacées
Calycanthaceae Calycanthe odorant, Arbre aux anémones
Calycanthus floridus L.

L 'Arbre aux anémones est une essence


ligneuse odorante assez singulière. Ses
tissus possèdent des cellules qui secrètent
des essences naturelles. On peut s'en
rendre compte très facilement en prenant
les vieilles brachyblastes desséchées entre
les doigts. Après le broyage, elles déga-
gent une odeur agréable qui rappelle très
fortement l'odeur des essences d 'euca-
lyptus.
Les fleurs de l'Arbre aux anémones
sont également très odorantes et elles
méritent aussi notre attention : elles sont
bissexuées et toutes leurs parties se pré-
sentent en spirales. Leurs périanthes, qui
ont la forme et la couleur des calices (ces
couleurs ont peut-être été à l'origine de la
dénomination scientifique de cet arbre :
kalyx, le calice et anthos, la fleur), forment
finalement des réceptacles. Le nombre
d 'étamines varie de 5 à 30. A l'intérieur
des réceptacles se trouvent une vingtaine
d 'akènes qui forment, après que le récep-
tacle est devenu pulpeux, un fruit globu-
leux. Les fleurs de l'Arbre aux anémones
se rapprochent, par leur composition et
par leur apparence, de celles des magno-
lias mais elles en diffèrent du point de vue
biochimique. De ce point de vue, elles
sont proches, au contraire, des Rosacées
et des Viciacées. TI semble qu'elles possè-
dent des ancêtres communs.
L 'Arbre aux anémones est une essence
le réceptacle et les graines
ligneuse originaire de l'Est des États-U rus
où elle était très répandue entre les États
de Virginie et de Floride. Elle est arrivée
en Europe après son introduction en
Angleterre en 1726. L'Arbre aux anémo-
nes se multiplie le plus souvent à partir de
semis. C 'est une essence ligneuse peu
résistante aux basses températures ; pour
sa culture, on recommande donc des
situations protégées avec des sols nutritifs
et perméables.
L'Arbre aux anémones est un arbuste
très étendu, à ramification sinueuse, qui
peut atteindre de 1,5 à 3 m de haut.

229
Groseillier à maquereau Grossulariacées
Grossulariaceae
Ribes uva-crispa L.

Le genre Ribes est bien fourni avec plus de


150 espèces d 'essences ligneuses aussi
bien décidues que persistantes. Ses repré-
sentants vivent surtout dans la zone tem-
pérée de l'hémisphère Nord mais, dans les
Andes, ils descendent même dans l'hémi-
sphère Sud, sur le continent sud-améri-
cain. Dans un genre aussi bien représenté,
il existe nécessairement beaucoup de
plantes de formes bien différentes. Ainsi,
on les divise en plusieurs sous-genres.
L'un des plus originaux est sûrement le
sous-genre Grossularia, qui compte aussi
le Groseillier à maquereau.
Le Groseillier à maquereau est un
arbrisseau bas à ramification étendue, qui
forme des touffes. Les feuilles à 3 , 4 ou
5 lobes se forment sur les brachyblastes
dans les aisselles des aiguillons qui ont
plusieurs segments, de 2 à 5. Ses fleurs
individuelles se développent en faisceaux
dans les aisselles des larges bractées. Il
fleurit en avril. Ses fruits sont les globules
tomenteux bien connus. L 'aire d'origine
du Groseillier à maquereau se trouve au
Caucase et dans le Nord de l'Ukraine,
mais il est bien naturalisé dans la forme
rustique presque partout en Europe, mê-
, me en altitude dans le bassin Méditerra-
néen. Ses variantes de culture sont très
anciennes, on en trouve les traces en
France où on parle du « groseillier » déjà
au xn e siècle dans un recueil de psaumes.
En Europe centrale, on a commencé à le
cultiver au début du XVIe siècle. Les
premiers dessins qui le représentent se
trouvent dans l'Herbier de L. Fuchs qui
date de 1545. Cependant, ce sont les
Anglais qui ont le plus participé à leur
propagation. La culture du groseillier sous
sa forme arbustive dressée sur un seul pied
a vu le jour en Bohême d 'où elle est
repartie comme une curiosité vers l'Alle-
magne et, de là, vers le reste de l'Europe.
Aujourd'hui, on compte facilement 2000
variétés de culture. Ses baies contiennent
environ 12 % de sucres ainsi que de
l'acide citrique.
Les Groseilliers à maquereau sont des
arbrisseaux assez bas, de 0 ,5 à 1,5 f i de
hauteur, ramifiés déjà à partir du sol. Ils
représentent une essence ligneuse fruitiè-
re ancienne.

230
Grossulariacées
Grossulariaceae Ribes lacustre (PERS.) POIR.

Quelques Grossulariacées, parmi lesquel-


les des groseilliers d'origine nord-améri-
caine, qui rappellent les Groseilliers à ma-
quereau, forment un sous-genre indépen-
dant du genre Ribes, les Grossularoides.
Ribes lacustre ressemble aux groseilliers
européens surtout par son caractère épi-
neux. Ses branches ont, outre de grandes
épines, une grande quantité d'aiguillons
soyeux qui peuvent rendre tout contact
désagréable au toucher. Pourtant, ils sont
assez décoratifs, luisants, .d'une couleur
rouge-brun, surtout sur les jeunes plantes.
Ses fleurs, au contraire de celles des
espèces européennes, forment des grap-
pes, longues parfois de 5 à 9 cm, compo-
sées en général de 12 à 20 fleurs indivi-
duelles vert-pourpre. Ses fruits globuleux
sont rouge-pourpre et glanduleux. Sa
véritable patrie se trouve dans les terres
humides et inondées et des marais situés
entre Terre-Neuve et l'Alaska et, vers le
Sud, jusqu'à la Pennsylvanie, au Michi-
gan, au Colorado et à la Caroline du Nord.
Son aire de distribution est donc assez
étendue. On l'avait introduit en culture au
début du XIXe siècle, en 1812. Quelques
espèces très proches comme, par exemple,
le groseillier à branches encore plus épi-
neuses Ribes horridum, ou Ribes montige-
num, le premier groseillier originaire du
Nord-Est de l'Asie et le second du littoral
du Pacifique en Amérique du Nord, sont
parfois considérés par certains botanistes
comme membres de la même espèce très
large.
Les groseilliers se multiplient très bien
à partir de leurs graines ou encore par des
boutures ligneuses (afin de pouvoir les
manipuler, il faut couper les épines aupa-
ravant) , ou encore par une méthode
spéciale qui consiste à couvrir les branches
avec du terreau afin de pouvoir les couper
et les séparer après l'enracinement.
Ribes lacustre est un arbrisseau bas,
largement ramifié, avec une base près du
sol, épineux, qui atteint jusqu'à 1 m de
haut. TI n'a qu'une valeur de collection.
Toutefois, c'est une essence ligneuse utili-
sable en couverture de sols humides.

231
Groseillier des Alpes Grossulariacées
Grossulariaceae
Ribes alpinum L.

Le sous-genre Berisia dans le genre des


Groseilliers (Ribes) englobe des Groseil-
liers dépourvus d'épines qui ont des fleurs
dioïques, développées en grappes dres-
sées. Ce sont surtout les Groseilliers du
Vieux Continent, bien que la plupart soit
originaire de l'Est de l'Asie.
Le Groseillier des Alpes est un arbris-
seau à ramification étendue avec des
rameaux sans épines, de couleur brun-
noir, qui portent des feuilles caduques,
alternes, glabres ou tomenteuses sur leur
face inférieure. Elles sont composées de
3 à 5 lobes. Les grappes des fleurs
unisexuées sont très fournies chez les
fleurs mâles et assez pauvres chez les
fleurs femelles (de 2 à 5) qui sont assez
discrètes. Les pétales des périanthes sont
jaune d 'or. Les fruits globuleux et rouges
ont peu de goût. il commence à fleurir en
avril, parfois plus tard, souvent après le
développement de la plupart de ses
feuilles.
On le cultive depuis déjà la fin du xvr
siècle (1588). Dans les compositions hor-
ticoles des jardins d'aujourd'hui, on pré-
fère ses spécimens mâles, multipliés d'une
manière végétative parce qu 'ils sont beau-
coup plus ornementaux que les spécimens
femelles, surtout pendant la floraison.
Mais l'utilisation principale reste tou-
jours, pour le Groseillier des Alpes, sa
plantation en couverture de parcs et de
versants légèrement ombragés où il
fonne, si la plantation est serrée, un beau
tapis vert. En culture, on trouve aussi ses
cultivars, celui de petite taille 'Pumillum' ,
celui à feuilles laciniées 'Laciniatum' et
celui à feuilles jaunes 'Aureum' . Ces
cultivars se multiplient par des boutures
vertes de printemps en mai et en juin,
tandis que les autres Groseilliers se multi-
plient par des boutures ligneuses en sep-
tembre.
C'est un arbrisseau de 1 m de hauteur,
rarement plus, ramifié dès le sol, qui est
utilisé comme essence ligneuse de couver-
ture et aussi pour la formation de haies
basses.
Attention ! Le Groseillier des Alpes ne
doit pas être confondu avec R. alpestre du
sous-genre Grossularia.

232
Grossulariacées
Grossulariaceae Groseillier doré
Ribes aureum PURSH

Le sous-genre Ribesia regroupe de vrais


Groseilliers: ils ont des fleurs herma-
phrodites qui forment, en général, des
grappes ; leurs rameaux sont dépourvus
d'aiguillons et les pétioles sont segmentés.
Mais ils ne sont pas très attrayants par
leurs fleurs, à deux exceptions près : le
Groseillier sanguin (R. sanguineum) et le
Groseillier doré.
Le Groseillier doré représente
peut-être l'arbuste le plus beau du genre,
surtout grâce à ses fleurs, qui sont tout
à fait frappantes. Elles ont de courts
pétioles et sont fort odorantes. L'odeur de
ces fleurs rappelle énorménent, surtout
pendant les tièdes soirées de printemps, le
parfum épicé des oeillets. Les fleurs sont
tubulaires, longues (le tube peut atteindre
12 mm de longueur) et cylindriques. Les
pétales du périanthe sont jaunes de même
que les bords du calice, tandis que les
bords de la couronne peuvent être plus
foncés, parfois teintés de rouge. Ds fleuris-
sent en avril. Les fruits globuleux chan-
gent de couleur, en arrivant à maturité:
du jaune au noir en passant par le rouge.
Ds ne restent jaunes que chez le cultivar
'Chrysococcum' .
Le Groseillier doré fut découvert en
Amérique du Nord où il est très répandu
dans l'Ouest des États-Unis, entre les
États de Washington, du Montana, du
Nouveau-Mexique et de la Californie. On
le cultive depuis le début du XIXc siècle.
Très prisé par les horticulteurs, il forme
des haies de différentes formes et il
constitue aussi un excellent portebouture
pour des variétés arbustives de Groseil-
liers. D pousse bien dans tous les types de
sols, ayant une grande plasticité écologi-
que. D se multiplie par des boutures
ligneuses (en septembre) ou par division
des touffes.
C'est un arbuste à port dressé, haut de
2 à 2,5 m, qui forme des drageons souter-
rains réguliers pouvant arriver à former
des polycormones. Cette essence ligneuse
trouve une large utilisation aussi bien dans
l'horticulture ornementale que dans les
cultures fruitières.

233
Grossulariacées
Groseillier sanguin Grossulariaceae
Ribes sanguineum PURSH

De même que le Groseillier doré, le


Groseillier sanguin compte parmi les gro-
seilliers à floraison très expressive. Le
périanthe de ses fleurs, leur calice et leur
couronne sont fort bien développés et
bien colorés. Ce groseillier fut découvert
par l'expédition de L. Menzies vers 1793.
Cultivé depuis 1818, il fut introduit en
Angleterre grâce à la Royal Horticultural
Society déjà en 1826. Jusqu'à cette épo-
que, il était spontané sur le littoral ouest
de l'Amérique du Nord, de la Colombie
britannique jusqu'au centre de la Cali-
fornie.
Ses feuilles caduques et alternes sont
feutrées et tomenteuses sur leur face
inférieure, au moins sur les veines. Elles se
forment sur les jeunes pousses annuelles
qui dégagent, peu de temps après la
formation des feuilles, une forte odeur de
résine. Mais les fleurs sont encore plus
impressionnantes que cette odeur fugiti-
ve. Elles sont naturellement rouges, chez
quelques cultivars d'une culture plus tar-
dive rouge sang foncé ou blanche. Les
fleurs forment des grappes pendantes.
Elles fleurissent tôt, dès la mi-avril et en
mai. Les fruits, déjà moins apparents, sont
noir bleuté.
Ce groseillier vit bien dans tous les
jardins, aussi bien au soleil que dans un
site semi-ombragé mais, lors des hivers
rigoureux, il peut facilement geler aux
extrémités des pousses annuelles. TI faut
alors pratiquer une taille assez sévère et il
reprend assez vite. L'espèce originale se
multiplie très bien par semis, les cultivars
de couleurs différentes par des boutures
ligneuses (en septembre) ou par marcot-
tage.
Le Groseillier sanguin est un arbuste
droit, haut de 2 à 4 m, avec un habitus en
forme d'entonnoir. TI convient très bien
aux formations de groupe.

234
Grossulariacées
G rossu/ariaceae Cassissier
Ribes nigrum L.

Le sous-genre Ribesia compte quelques


espèces de «cassissiers noirs», le califor-
nien (R. bracteosum) , l'américain (R.
americanum) et le Cassissier européen.
Le Cassissier est très répandu d'Europe
jusqu'en Asie centrale et dans l'Himalaya,
dans les forêts humides et dans les taillis
aussi bien en plaine qu 'en montagne.
Aujourd'hui, nous n 'arrivons à distinguer
les peuplements d 'origine des peuple-
ments naturalisés qu'avec de grandes dif-
ficultés, parce qu' il s'agit d'une essence
ligneuse de culture très ancienne, exploi-
tée aussi bien pour ses fruits que pour ses
vertus médicinales. La médecine populai-
re utilisait surtout les feuilles des cassis-
siers qui produisaient, en décoction, des
effets diurétiques, antidiarrhéiques, an-
tiinflammatoires et qui faisaient transpi-
rer. Ses fruits sont riches en vitamine C, et
en acides organiques. On les administre
comme sédatif de la toux ou pour faire des
gargarismes chauds. A partir de ses fruits,
on prépare également le Cassis, liqueur
française bien connue.
Les Cassissiers sont dépourvus d 'épi-
nes. Leurs jeunes ramules sont tomen-
teux. Ses feuilles qui dégagent, après
broyage, une odeur peu agréable, ont de
3 à 5 lobes ; alles sont très dentelées et
leur face inférieure est tachetée. Les fleurs
se développent en grappes peu fournies et
pendantes sur de longs pétioles. Les bords
de leur calice se retournent vers l'intérieur
de la fleur. Les pétales de la couronne sont
hachurés et teintés de rouge . TI fleurit à la
fin du mois d 'avril et au début du mois de
mai. Ses fruits sont des globules noirs. li se
multiplie par semis, ses cultivars par
boutures ligneuses.
li y a environ une centaine d 'années, on
a introduit sur le marché en Europe
occidentale des hybrides de Groseilliers et
de Cassissiers. Leurs fruits sont dépourvus
d'aiguillons : foncés, ils se développent
individullement et non pas en grappes. En
ce moment, ces hybrides reviennent à la
mode et ils recommencent à être cultivés
sous la marque commerciale « JOSTA ».
Le Cassissier est un arbuste à port
dressé, dépourvu d 'épines, haut de
1 à 2 m. C 'est une essence ligneuse
fruitière, importante pour la médecine.

235
Grossulariacées
Ribes petraeum wULF Grossulariaceae

Dans les massifs montagneux non seule-


ment en Europe centrale et occidentale,
mais aussi dans les Carpates et en Sibérie
pousse un groupe très large de Groseil-
liers désignés sous le nom de l'espèce, R.
petraeum. C'est une essence ligneuse mal-
gré tout assez rare dans les massifs monta-
gneux européens. C'est un arbuste dé-
pourvu d'aiguillons; ses jeunes rameaux
sont glabres et les branches plus âgées ont
une écorce qui s'étoile. Ses feuilles sont
rondes presque ovoïdes, longues de
5 à 9 cm. Leur pétiole a une longueur
égale à la longueur des limbes. Les feuilles
mêmes sont doublement dentelées ; elles
ont de 3 à 5 lobes et sont duveteuses sur
les bords et sur leur face intérieure. Les
fleurs se développent en grappes peu
fournies, quelques-unes redressées, les
autres pendantes. Les fruits sont des
globules rouges et amers.
R . petraeum pousse dans les forêts
ombragées de montagne, dans les fentes
des rochers et sur les éboulis rocheux
jusqu'à l'étage subalpin. Souvent, on le
considère comme une sorte de groseillier
rouge « renaturalisé » . Les peuplements
de R. petraeum vivant dans les massifs
montagneux européens sont habituelle-
ment classés comme des variétés géogra-
phiques (par exemple, le Groseillier des
Carpates R. petraeum var. carpaticum ou
encore le Groseillier du Caucase, R.
petraeum var. caucasicum) .
R. petraeum fait l'objet de culture dans
les jardins et les parcs botaniques depuis
la fin du vme siècle. Mais, il ne compte
pas parmi les essences ligneuses d'une
grande valeur esthétique ni parmi les
bonnes essences ligneuses de couverture.
Toutefois, il fait partie des collections
modernes qui témoignent du patrimoine
génétique.
R . petraeum est un arbuste aussi bien
à port dressé que grimpant suivant sa
situation, haut au plus de 1,5 m . C'est une
espèce utilisable dans les collections et il
peut compléter les paysages.

236
H ydrangéacées
Hydrangeaceae Hortensia grimpant
Hydrangea anomala D. DON ssp. petiolaris SIEB. et ZUCc.

L'Hortensia grimpant est peut-être l'es-


pèce la plus robuste parmi les Hortensias
mais, malgré cela, il échappa pendant
très longtemps à l'attention des collec-
tionneurs. Il ne fut introduit dans les
jardins d'Amérique du Nord qu'après
1865 et en Angleterre en 1878 seulement.
C'est une essence ligneuse à feuillage
caduc, soit grimpante, soit rampante, ori-
ginaire de la Chine et du Japon . Ses
feuilles longuement pétiolées sont
disposées à contre-plan. Ses fleurs assez
menues sont, comme chez les autres
hortensias, réunies en corymbes. Les
fleurs au centre de l'inflorescence sont
bissexuées, avec de petits sépales. Sur
l'ensemble de la circonférence du corym-
be se fonnent des fleurs plus grandes,
longues de 3 cm environ, mais stériles, en
général à 4 pétales blanchâtres, fermes
comme du papier et qui subsistent
longtemps. Les fruits sont des capsules
avec de petites graines.
Le plus intéressant chez les Hortensias
grimpants sont leurs racines adventives
aériennes très nombreuses qui leur ser-
vent à s'agripper soit sur une surface
rocheuse soit sur l'écorce d'un arbre de
support. L'écorce des tiges et des vieilles
branches de cet hortensia s'étiole et s'en-
roule d'une manière caractéristique.
Il se multiplie aussi bien par semis que
par des boutures herbacées d 'été, ou
encore par marcottage de ses drageons
rampants. Cet Hortensia affectionne les
sols humides, très nutritifs, semi-ombra-
gés comme ensoleillés qui constituent
pour lui le milieu optimal.
Suivant la qualité du sol, ses tiges
peuvent atteindre des longueurs qui va-
rient de 5 à 25 m ; c'est une essence
ligneuse de couverture très appropriée
pour les rochers, les pergolas, les vieux
murs, et pour la couverture de surfaces
plates.

237
Hydrangéacées
Hortensia de Bretsèhneider Hydrangeaceae
Hydrangea heteromalla D . DON

C'est le Dr. Bretschneider qui découvrit,


dans les montagnes environnant la ville de
Pékin, un hortensia à port très haut qu 'on
a d'abord dénommé Hortensia de Pékin,
pour l'appeler par la suite Hortensia de
Bretschneider. On le cultive en Europe
depuis son introduction en 1882.
C'est un arbuste assez étendu dont les
branches et les ramules ont une écorce
rouillée qui s'étiole en feuilles. Ses
feuilles, longues d'environ 10 cm sont
dentelées ; leur face supérieure est glabre,
l'envers étant duveteux ou presque dénu-
dé. Sesinflorescencesformentdescorym-
bes presque aplatis, longs d'environ
15 cm. Au milieu des inflorescences, se
trouvent des fleurs bissexuées et
fécondes ; sur la circonférence se trouvent
de grandes fleurs stériles. L'Hortensia de
Bretschneider fleurit en juin et en juillet
mais les inflorescences y compris les
grandes fleurs stériles qui se dessèchent
sur l'arbuste, persistent longtemps jusqu'à
l'hiver.
Cependant, c'est l'Hortensia commun
(H. macrophylla) qui est le plus prisé dans
les cultures de jardins. Cet arbuste, qui
peut atteindre 4 m de hauteur, est origi-
'. naire du Japon et de la Chine, et Thunberg
le considéra tout d'abord comme une
viorne. C'est une très vieille plante orien-
tale de culture très aimée en Europe et en
Amérique, bien qu'eUe n 'y soit cultivée le
plus souvent qu'en pots. En culture, on
fait surtout pousser ces plantes avec toutes
leurs fle urs stériles souvent abondamment
colorées comme, par exemple le cultivar
'Coerulea' .
Les Hortensias de Bretschneider et les
Hortensias communs poussent très bien
sur les sols moyennement lourds non
calcaires plutôt bien exposés au soleil
qu'aux endroits semi-ombragés.
L 'Hortensia de Bretschneider est un
~...or!.:;::\\:>- arbuste haut de 3 à 4 m, utilisable dans les
grands parcs et dans les grands jardins.

inflorescence de H. macrophylla

238
H ydrangéacées
Hydrangeaceae Hydrangea sargentianaREHD.
Au début du XXe siècle, l'Arboretum et
l'Université de Harvard, aux États-Unis,
organisèrent une grande expédition d'ex-
ploration botanique dans l'Ouest de la
Chine, sous la direction d'E. H . Wilson.
Cette expérience compte parmi les plus
réussies dans l'histoire moderne en matiè-
re de découvertes botaniques. Grâce
à elle, les pays occidentaux se sont enrichis
de nombreuses plantes inconnues jusque-
là. Parmi elles, Hydrangea sargentiana
fut trouvé par Wilson dans la province
occidentale chinoise de Hu-pei. Il l'en-
voya en 1907 à l'Université de Harvard
aux États-Unis où la plante reçut son nom
en hommage au professeur Ch. S. Sargent.
Son aspect très intéressant l'a fait re-
chercher par plusieurs institutions den-
drologiques importantes. Il fleurit ainsi
pour la première fois déjà en 1911 dans le
fameux jardin de Kew en Angleterre et,
encore plus tôt, en 1910, dans le jardin de
Pnihonice, en Bohême.
H . sargentiana est un arbuste dressé,
peu ramifié, avec des tiges dénudées et
avec des ramules tomenteux à rugueux.
Ses feuilles assez grandes, jusqu'à 25 cm,
longuement ovoïdes, sont également très
tomenteuses, surtout sur l'envers. Ses
fleurs s'organisent en inflorescences assez
denses et plates qui ont, au milieu, des
fleurs bissexuées, fertiles et violettes et,
sur la circonférence, d'autres fleurs plus
grandes mais stériles avec des pétales
blancs. Il fleurit en plein été, en juillet et
en août. Ses fruits sont des capsules
à plusieurs poches avec des graines ailées.
C'est un arbre de 2 à 3 m de hauteur qui
a une haute valeur esthétique pendant
toute l'année, ce qui lui donne l'aspect
détaj) de J'écorce fendue
d'un « tableau vivant ». Il est très appro-
sur une vieille branche
prié en complément de l'architecture mo-
derne et pour fleurir des patios.

239
H ydrangéacées
Seringa Hydrangeaceae
Philadelphus coronarius L.

Le Seringa est le représentant le plus


commun du genre Philadelphus, caracté-
ristique de l' hémisphère boréal. Ses espè-
ces vivent aussi bien en Amérique du
Nord qu'en Eurasie (en Europe méridio-
nale, dans le Caucase, dans l' Himalaya et
à l'Est de l'Asie). Son aire de distribution
est semblable à ceUe des deutzias, espèces
très proches. TI en diffère par ses fleurs
à 4 pétales, par un plus grand nombre
d'étamines (de 20 à 40), ainsi que par son
duvet simple sur les feuilles. (Les deutzias
ont des fleurs à 5 pétales, à 10 étamines
avec des toments étoilés).
Le Seringa est originaire de l'Europe
méridionale et de l'Asie Mineure. TI fait
partie des plantes cultivées depuis des
siècles (en Angleterre depuis le XVIe
siècle au moins). C'est le représentant le
plus connu de son genre mais, aujour-
d'hui, il est supplanté dans la faveur du
public par les espèces d'Asie et d'Améri-
que, ainsi que par ses différents cultivars.
L 'établissement Lemoine à Nancy est
le plus célèbre pour la culture de
Philadelphus : on y créa l' hybride le plus
connu, Philadelphus x lemoinei hort., issü
du Seringa (P. coronarius) et du Philadel-
ph us américain (P. microphyl/us) , origi-
naire du Colorado et de l'Arizona.
Le Seringa est un arbuste dressé à crois-
sance rapide (les pousses de 150 cm ne
sont pas exceptionneUes) avec des feuilles
disposées en contre-plan, plus ou moins
glabres, tomenteuses seulement sur les
veines et dentelées par intermittence. Ses
fleurs forment des inflorescences en grap-
pes aux extrémités des petites branches
latérales. Les fleurs, grandes d'environ
3 cm sont très odorantes. Le Seringa
fleurit à la fin du mois de mai et en juin
(ses espèces exotiques fleurissent jus-
qu'au mois d 'août). Les fruits sont des
capsules. Ses variétés de culture portent
souvent des fleurs pleines. C'est une
essence ligneuse qui aime les sols très
calcaires et qui est parfois sujette aux
invasions de pucerons.
Cet arbuste dressé, qui peut atteindre
jusqu'à 4 m de hauteur, représente une
essence ligneuse communément utilisée
dans les jardins.

240
H ydrangéacées
Hydrangeaceae Deutzia à feuilles crénelées
Deutzia scabra THUNB.

Les Deutzias sont des arbustes à croissan-


ce rapide d'une haute valeur esthétique
qui restent un peu à l'ombre de la renom-
mée des Philadelphus dont ils sont voisins.
Ce sont des arbustes dressés, mais en
général moins hauts que les Philadelphus.
Leurs feuilles sont opposées, ovo~des ou
même lancéolées à bords crénelés et
à pétiole court. Au toucher, elles sont
âpres. L'écorce des vieilles branches et
tiges s'étiole par feuilles . Ce trait est
typique, surtout en hiver.
Le Deutzia à feuilles crénelées compte
parmi les espèces plus résistantes et le plus
souvent cultivées. Ses feuilles sont dente-
lées en vrille, d'une longueur pouvant
atteindre 8 cm, vertes, mates et elles
portent des étoiles de poils des deux côtés.
Les inflorescences, qui peuvent mesurer
jusqu'à 10 cm, sont formées de nombreu-
ses petites fleurs blanchâtres teintées de
rose ou de saumon à l'extérieur. Il fleurit
au début de l'été, dès la mi-juin jusqu'à la
mi-juillet, après les Philadelphus. Ses
fleurs sont groupées en panicules. Les
fruits sont des capsules.
D. scabra est l'une des 50 espèces qui
forment ce genre. Découvert en Chine, il
fut introduit en Europe en 1822. A part la
Chine, il est également très répandu au
Japon. Les Deutzias vivent dans des
conditions optimales sur des sols plutôt
humides, pleinement exposés au soleil. Ils
fleurissent mieux quand ils sont régulière-
ment rajeunis. Ils se multiplient très bien
par bouturage.
Ce sont des arbustes à port dressé, hauts
environ de 2,5 m. Cette essence ligneuse
convient à l'ensemble des jardins.

241
Césalpiniacées
Févier Cesalpiniaceae
Gleditsia triacanthos L.

Gleditsia triacanthos est l'une des 12


espèces du genre qui a reçu son nom en
hommage àJ. G. Gleditsch (1714-1786),
directeur du Jardin botanique de la ville
de Berlin. Ce genre est très répandu en
Amérique du Nord et du Sud, ainsi qu'en
Afrique tropicale et à l'Est et au centre de
l'Asie. Il vit alors dans des conditions
géographiques et écologiques différentes.
Le Févier est un arbre robuste dont le trait
caractéristique est la présence d'aiguillons
prolongés brun-noir, souvent segmentés
en trois branches (triacanthos: à trois
épines). Ses feuilles sont une ou deux fois
imparipennées (d'une manière différente
sur les petites branches auxiliaires et sur
les petites branches de prolongement),
avec plus de 20 folioles pointues, longues
jusqu'à 3,5 cm. Ses fleurs à pétiole court
forment des grappes étroites, longues
d 'environ 7 cm. Elles ont une couleur
jaune-vert, assez discrète. Elles fleuris-
sent en juin et en juillet. Les fruits, les
gousses, sont beaucoup plus remarqua-
bles que les fleurs . Ils atteignent entre 30
et 40 cm de long, sont légèrement cour-
bés, plats, brun-noir, avec une pulpe
douceâtre et des graines aplaties d'une
forme qui rappelle les lentilles.
Gleditsia triacanthos était à l'origine
très répandu sur le territoire de l'Améri-
que du Nord , entre la Pennsylvanie, le ·
Nebraska, le Texas et le Missouri. En
culture, il est cultivé depuis 1700, parfois
dans des peuplements homogènes ou dans
des allées. Bien qu 'il tolère très bien le
climat de l'Europe centrale et de la
Grande-Bretagne, ses graines ne sont
fertiles que dans les régions vraiment
chaudes, comme par exemple, le Sud de la
France.
Ce sont des arbres robustes qui peuvent
atteindre jusqu'à 45 m de haute ur. Cette
essence ligneuse très ornementale con-
vient très bien pour des plantations en
groupe dans les grands parcs.

les gousses mûres

242
Césalpiniacées
Cesalpiniaceae Gymnoclade dioïque
Gymnocladus dioicus (L.) K. KOCH

G . dioicus est un arbre remarquable aussi


bien en été qu'en hiver. Pendant sa
période de végétation, on remarque sur-
tout ses feuilles énormes (jusqu'à 35 cm),
doublement pennées, composées de plu-
sieurs paires de petites feuilles pennées;
ses petites feuilles secondaires sont ellipti-
ques, pointues et arrondies à la base. Son
feuillage est, en général, caduc. En hiver,
ses branches, dépourvues habituellement
des petites branches d'ordre supérieur se
dressent nues dans l'espace. Cette qualité
lui a valu son nom scientifique· : du grec
gymnos : nu et klados : branche.
Les fleurs de cet arbre sont dioïques ou
plurisexuées, mâles et femelles. Les inflo-
rescences femelles peuvent atteindre
25 cm de longueur, les inflorescences
mâles étant plus petites et plus compactes.
Les fleurs blanc verdâtre s'ouvrent déjà
en avril. Toutefois, en des endroits plus
froids, certaines années, cet arbre ne
fleurit pas. Ses fruits sont des cosses
allongées, longues de 25 cm et larges de
6 cm . Son bois est dur.
Ce genre (Gymnocladus) n'a que deux
espèces : le GymnocIade dioïque, origi-
naire d'Amérique du Nord (il croît sur le
territoire formé aujourd'hui par les Etats
de New York, la Pennsylvanie, le Minne-
sotta, le Nebraska, l'Oklahoma et le
Tennessee). De plus, il est entré dans les
cultures en Amérique du Nord depuis
1748. Bien que la portée de sa cime incite
même à le planter près des constructions
modernes, il ne compte malheureusement
pas parmi les essences ligneuses souvent
cultivées. Une espèce très proche, le
GymnocIade chinois (G. chinensis) , ne
résiste pas aux basses températures et il
est presque absent des cultures.
Les GymnocIades dioïques sont des
arbres vigoureux, à cime étendue, qui
peuvent atteindre des hauteurs de 30 m.

243
,
Césalpiniacées
Gainier du Canada Cesalpiniaceae
Cercis canadensis L.

Les espèces du genre Cercis sont des


essences ligneuses très anciennes, comme
en témoignent les fossiles . trouvés en
France dans les couches de craies de
l'oligocène et en Union soviétique, en
Amérique du Nord et au Japon, dans le
pliocène.
Les Gainiers sont des arbustes et des
arbres avec des feuilles simples à bords
pleins, aux limbes articulés. Les fleurs
forment des faisceaux par 5 à 8. La
composition des fleurs ressemble à celle
des plantes papilionacées : elles sont ré-
gulières et leur corolle à cinq pétales porte
trois pétales supérieurs, plus petits. Les
fleurs se forment directement sur les
branches, parfois même sur le tronc. Ce
type de floraison est celle qui caractérise
l'Arbre de Judée (c. siliquastrum). Les
fruits sont des gousses oblongues et ailées,
qui peuvent atteindre 8 cm.
Le Gainier du Canada est originaire de
l'Amérique du Nord et son aire de propa-
gation se trouve délimitée entre les États
de New Jersey et la Floride à l'Est et
le Montana et le Nouveau-Mexique
à l'Ouest, si bien que son nom ne révèle
pas ses origines géographiques. n est
cultivé depuis très longtemps (peut-être
depuis 1641) et il compte parmi les plus
beaux arbres de l'Amérique du Nord.
L'autre espèce très proche, l'Arbre de
Judée (c. siliquastrum) est déjà cultivée
depuis beaucoup plus longtemps, depuis
des siècles. Selon la tradition, c'est sur cet
arbre que l'apôtre Judas s'est pendu après
avoir trahi le Christ.
Les Gainiers ne comptent pas, en Euro-
pe centrale et oçcidentale, parmi les es-
sences ligneuses souvent cultivées. De
toutes ces essences, c'est le Gainier du
Canada qui est le plus résistant, les autres
craignent beaucoup le gel et demandent
des sols plus chauds, ainsi qu'une protec-
tion de leurs racines en hiver.
Les Gainiers sont des arbres hauts de 12
à 15 m. Ces essences ligneuses d'une très
haute valeur économique sont très rare-
ment cultivées.

244
Légumineuses
Leguminosae Sophora
Sophora japonica L.

Les Sophoras sont, en général, des arbres


et arbustes à feuillage caduc, bien qu'on
trouve parmi les quelque 50 espèces très
répandues aussi bien en Asie qu'en Amé-
rique du Nord, quelques espèces persis-
tantes. Us comptent habituellement parmi
les essences ligneuses d'une haute valeur
esthétique et assez remarquables. S. japo-
nica est justement le plus prisé à cause de
se floraison tardive. Cet arbre a reçu son
nom de genre d'une manière un peu
erronée; il n'est pas originaire du Japon
où il est cependant cultivé depuis très
longtemps, mais de la Corée et de la
Chine. Il fut introduit d'abord en Améri-
que, en 1747, puis en Angleterre,' en
1753. Les plus vieux spécimens de ces
arbres en Europe étaient entretenus enco-
re au début du XX e siècle, d'une part dans
le jardin de Kew, en Angleterre, et d'autre
par.t à Schonbrunn en Autriche.
Le Sophora a des feuilles imparipen-
nées, composées de 7 à 17 petites feuilles
longues et elliptiques. Ses fleurs menues
et blanchâtres forment de grandes inflo-
rescences terminales. Il fleurit tardive-
ment en été, en août et en septembre. Par
son habitus, il rappelle un peu les acacias
mais sa cime est plus dense.
Après un été chaud, il fleurit tôt, tandis
qu'après un été plus froid, il refuse parfois
de fleurir. Les fleurs apparaissent pour la
première fois sur les arbres lorsqu'ils sont
âgés de trente à quarante ans. Les fruits
sont des gousses à pétiole, qui peuvent
atteindre 8 cm de long.
Les tissus du Sophora contiennent des
produits toxiques.
Cette essence ligneuse excellente pour
les parcs convient aussi comme arbre
d'alignement: jusqu'à présent, elle résiste
à l'atmosphère polluée des villes.
Les Sophoras sont des arbres à port très
étendu qui peuvent mesurer de 12 à 25 m
de hauteur.

245
·
~
Maackia amurenSlS RUPR.
Légumineuses
Leguminosae

Les Maackia restent jusqu'à nos jours


l'espèce extrêmement rare dans les jar-
dins et les parcs européens, bien qu'il ne
s'agisse pas vraiment d'essences ligneuses
très exigeantes du point de vue écologi-
que. Elles poussent dans tous les sols
argilo-sablonneux, comme les alluvions
des bords des rivières. Cependant, elles
croissent assez lentement.
Les Maackiasont originaires de l'Est de
l'Asie. Comme son nom l'indique, la
patrie de la Maackia amurensis se trouve
sur les berges du fleuve Amour, surtout en
Mandchourie. Dans son aire d'origine,
c'est un arbre haut, à feuilles caduques,
imparipennées, longues d'environ 20 cm.
Ses feuilles se composent de plusieurs
petites feuilles à court pétiole, qui sont
plus ou moins opposées et unies. Ses fleurs
blanc verdâtre ne sont pas grandes, mais
elles forment parfois des grappes termina-
les ramifiées en panicules.
Maackia amurensis fleurit le plus sou-
vent en plein été, en juillet. Ses fruits sont
des gousses minces et allongées qui écla-
tent à la maturité. TI se multiplie par
semis; ses graines exigent une prépara-
tion préalable. Il faut les mouiller assez
longtemps dans l'eau tiède. On peut le
multiplier également par des boutures des
racines, coupées en hiver et replantées en
avril .
Les Maackia, qui portent le nom
d' un botaniste russe, Richard Maack
(1825-1886), font en général partie de la
troisième vague d 'introductions en prove-
nance de l'Est de l'Asie.
Ses espèces chinoises, coréennes et
japonaises ne sont arrivées en Europe que
pendant les 20 ou 30 premières années du
XXe siècle, mais Maackia amurensis fait
figure de précurseur. Elle fait partie des
nouveautés de la deuxième moitié du
XIXe siècle, puisqu'elle fut introduite en
Europe en 1864.
Les Maackia sont pour l'instant, en
Europe, de petits arbres qui atteignent
seulement 6 m de hauteur ; les descrip-
tions des espèces chinoises citent des
hauteurs de 5 à 23 m. C'est une valeur de
collection.

246
Légumineuses
Leguminosae Amorpha fruticosa L.

Amorpha fruticosa est un arbuste d'Amé-


rique du Nord, très répandu dans une
région délimitée au nord par les États du
Connecticut et du Minnesota et, au Sud,
par la Louisiane et la Floride. Il fut
introduit en Angleterre en 1724 pour être
aujourd'hui l'arbuste le plus utilisé pour le
reboisement des terres stériles et des
remblais, comme en Hongrie et dans le
sud de la Slovaquie. Il résiste bien aux
émissions nocives, aussi peut-il même être
planté près d 'aciéries ou de cimenteries.
On l'utilise aussi pour former des haies de
séparation au milieu des autoroutes. Il
a un système des racines très ferme qui lui
permet de bien résister même dans les
conditions défavorables. Comme beau-
coup d 'autres légumineuses, il enrichit le
sol en azote. Presque tous les Amorphas
se multiplient très bien tant à partir de
semis que de manière végétative ; presque
toutes les boutures ligneuses repoussent
une fois remises en terre.
Amorpha fruticosa est un arbuste orne-
mental , qui ne porte parfois des feuilles
que sur les parties supérieures. Ses feuilles
caduques sont alternes et imparipennées.
Leur texture est assez aérée, mais l'aspect
extérieur n'est pas, dans l'ensemble, très
séduisant. Par contre, ses fleurs sont très
attrayantes : alles forment des épis denses
qui fleurissent d 'une manière successive.
Les fleurs ont des corolles bleu violacé.
Elles fleurissent en juin. On peut voir, en
pleine floraison, les étamines qui dépas-
sent avec leurs anthères dorées. Les fruits
sont des petites gousses, courbées à la
base, qui renferment peu de graines.
L'Amorpha est une plante ligneuse im-
portante pour l'apiculture. Il offre beau-
coup de pollen, mais peu de miel.
C'est un arbuste aéré, haut de 2 à 4 m ,
convenable pour les plantations de cou-
verture de complément dans les terrains
ayant subi des bouleversements. Atten-
tion, on le suspecte d'être toxique!

247
Légumineuses
Baguenaudier L eguminosae
Colutea arborescens L.

Le Baguenaudier (c. arborescens) est une


essence ligneuse qui, à part une certaine
exigence de chaleur, est une essence très
adaptable et surtout très prolifique. Pour
cela, on l' utilisait surtout à la fin du XIX c
siècle pour le reboisement de positions
aussi exposées que les remblais des voies
des chemins de fer en Angleterre. Ainsi, le
Baguenaudier ne fit que suivre les traces
du Robinier qui s'est propagé en Europe
grâce à ses cultures qui accompagnaient le
tracé des chemins de fer nouvellement
créés. En culture, le Baguenaudier est un
arbuste très ornemental par ses fruits. On
le cultive depuis 1570, mais probablement
depuis plus longtemps dans le bassin
méditerranéen.
Le Baguenaudier est un arbuste dé-
pourvu d'aiguillons, à feuilles caduques,
imparipennées avec leurs petites feuilles
entières. Ses fleurs jaunâtres forment des
inflorescences dans les aisselles. Les fruits
représentent son élément le plus attractif.
Ce sont des gousses renflées, de forme
utriculaire, palmées, comme parchemi-
nées et qui n'éclatent pas. Desséchées,
elles persistent sur l'arbuste très long-
temps pendant l'hiver, tant qu 'elles ne
sont pas brisées et emportées par le vent.
Le Baguenaudier est un arbre vraiment
peu exigeant: excepté l'ombre, il tolère
presque tout, y compris l'atmosphère
enfumée. Pendant les hivers rigoureux, il
gèle mais il repart aussi sans difficulté.
Jusqu'à présent, on est arrivé à créer
quelques espèces de culture qui se multi-
plient par repiquage ou par bouturage sur
l'espèce d'origine qui est par ailleurs un
bon porte-bouture même pour les autres
espèces du genre des Légumineuses.
C'est un arbuste assez aéré, haut de
1 à 4 m. Cette essence ligneuse de couver-
ture convient pour des sols moins fertiles.

248
Légumineuses
Leguminosae Faux-Acacia, Robinier
Robinia pseudoacacia L.

Pendant des années, la ville de Paris


s'enorgueillissait d'un bien curieux té-
moin des temps passés : le Jardin des
Plantes abritait un Robinier (Acacia
blanc, Acacia boule, Faux acacia) qui
datait des premières introductions euro-
péennes de son espèce originaire d 'Amé-
rique du Nord. Planté entre 1630 et 1638,
il vivait encore au début du XX e siècle,
bien que les acacias ne comptent pas
parmi les essences ligneuses à long cycle
de vie .
Aucune autre espèce, parmi les essen-
ces ligneuses d'Amérique du Nord , n'a-
vait eu autant de succès dans l'introduc-
tion hors de ses frontières naturelles.
Originaire du Sud des États-Unis (Virgi-
nie, Caroline et Géorgie), il vit également
en Pennsylvanie, dans l'Indiana et dans
l'Iowa. En Europe, il est même devenu,
après les premières introductions à carac-
tère plutôt ornemental, une essence li-
gneuse d 'exploitation forestière . Aujour-
d'hui, il est représenté presque dans l'en-
semble des États d'Europe (en Norvège, il
pousse jusqu'au 63 e degré de latitude
Nord ; ailleurs, il grimpe entre 600 et
700 m d 'altitude) . En Hongrie, on l'avait
beaucoup utilisé pour le reboisement des
grandes étendues de la puszta et le Robi-
nier est même devenu l'arbre national et
Je symbole du pays. La culture du Robi- inflorescence de R. viscosa
nier a connu son apogée au début du XXe
siècle, et, depuis, l'intérêt manifesté pour
cette essence ligneuse ne cesse de s'ame-
nuiser bien que son importance pour la
stabilisation des terres humides, ainsi q ue
pour l'apiculture, demeure. C'est un arbre
avec des feuilles alternes et imparipen-
nées qui tournent dans la chaleur et sous la
pluie, suivant leurs tiges soit vers le haut,
soit vers le bas. Ses inflorescences sont
très odorantes. L 'écorce du Robinier
contient la toxalbumine robine qui altère
les tissus, paralyse le système nerveux et
agglutine les globules rouges.
Le Robinier est un arbre de 25 m de
haut, à port bien aéré. L'une de ses
variétés, le Robinier rose (Robinia visco-
sa) , originaire de l'Alabama (États-Unis),
est cultivée depuis 1791. go usses de R. p seudoacacia

249
Légumineuses
Glycine de Chine Leguminosae
Wisteria sinensis (SIMS.) SWE ET

Les glycines comptent parmi les plus


belles lianes qu 'on puisse cultiver prati-
quement partout dans la zone tempérée
/
de l' hémisphère Nord. Ce genre, qui
comprend environ 9 espèces, croît surtout
dans l'Est de l'Asie, en Chine et au Japon
où leur culture est très prisée. Au Japon ,
les Glycines font l'objet des mêmes soins
que la culture du bonsaï et l'arrangement
floral . Mais la culture des glycines est
également attachée à l'Amérique du
Nord. D 'une part, c'est la patrie d' une
glycine américaine, W. macrostachya,
mais surtout l'ensemble du genre porte le
nom du professeur d 'anatomie de l'Uni-
versité de Pennsylvannie, Caspar Wistar,
qui y vécut de 1761 à 1818.
Le principal effet esthétique de la Gly-
cine est son système de feuilles qui
couvre, selon les supports, les pergolas, les
façades et les murs. Ses feuilles sont
caduques, alternes, formées par des folio-
les qui peuvent aller jusqu'à 13 et sont
presque glabres à la maturité. Pendant sa
floraison (en avril et en mai, mais d'autres
dé tail de rameaux sarmente ux espèces et des cultivars peuvent fleurir
jusqu'à septembre), la Glycine est une
plante vraiment exceptionnelle. L'espèce
originale de la Glycine de Chine a des
fleurs bleu-violet qui forment des grappes
pendantes, longues de 15 à 40 cm (ce qui
lui a valu le surnom d ' Acacia bleu). De
nos jours, on a déjà sélectionné ou créé
plusieurs variantes des cultivars dont les
fleurs vont de la couleur blanche jusqu'au
rouge violet.
La Glycine de Chine est très répandue
en Chine. Elle est cultivée peut-être
depuis des millénaires dans les jardins de
Shanghaï et dans d'autres centres de la
Chine. L'espèce proche, la Glycine du
Japon (w. floribunda) est aussi abondam-
ment cultivée. Ses feuilles sont également
composées. Elles comptent jusqu'à 19
petites feuilles et ses inflorescences
commencent à fleurir de la base jusqu'au
sommet des grappes.
Les Glycines sont des lianes avec des
pousses qui peuvent atteindre 9 m de long
et plus, avec des drageons grimpants.
E lles forment un élément typique des
jardins d'Asie.

250
Légumineuses
L eguminosae Ajonc
V/ex europaeus L.

V/ex europaeus représente une essence


ligneuse typique de l'Europe occidentale
où il forme des grands peuplements ho-
mogènes qu'on peut difficilement traver-
ser parce qu 'ils sont très épineux. Mais il
compte, comme beaucoup d'autres plan-
tes papilionacées, parmi les essences li-
gneuses très ornementales. Rien que la
texture de l'arbuste est intéressante toute
l'année, c'est pendant les mois d 'avril et
de mai, quand l'ensemble de l'arbuste est
couvert de fleurs jaunes qu'il produit le
meilleur effet. Mais les fleurs individuelles
y apparaissent presque tout au long de
l'année. Les Ajoncs sont cultivés depuis
três longtemps. Ils ont bien pénétré aussi
dans les jardins de l'Europe centrale et de
l'Amérique du Nord où ils se sont même
naturalisés sur le littoral de l'Atlantique et
près de la ville de Vancouver.
Les Ajoncs sont des arbustes drageon-
nants bien ramifiés avec des branches vert
foncé d 'où poussent des brachyblastes
épineuses, écartées et tomenteuses. Les
feuilles de la partie basse vont par trois,
celles du haut sont simples et écailleuses
ou épineuses. Les fleurs poussent soit
individuellement, soit par trois sur les
brachyblastes, dans l'aisselle des feuilles
ou des épines. Elles sont typiquement
papilionacées. Les fruits sont des gousses
tomenteuses qui renferment de 2 à 4
graines.
Cette plante contient un alcaloïde véné-
neux, la cytisine. Elle pousse bien dans les
sols légers et sablonneux avec très peu de
calcium ou encore sur les terres de bruyè-
re, mais toujours en plein soleil. En
dehors de sa zone d 'origine, ses pousses
gèlent toujours entièrement, mais elles
repoussent très bien. Elle se multiplie
à partir des semis, et ses cultivars à partir
de boutures.
C'est un arbuste ramifié et épineux,
haut de 1 à 2 m, convenable pour les zones
chaudes ou pour le littoral océanique. Il
forme des haies basses infranchissables.

251
Cytise Légumineuses
L eguminoseae
Laburnum anagyroides M EDIe.

Le Cytise n'avait vécu à l'origine qu 'au


Sud de l'Europe d 'où il pé né tra d 'une
manière spontanée vers les parties chau-
des de l'Europe centrale . La beauté de
cet arbuste l'avait fait introduire très tôt,
dès la fin du Moyen Age, dans les jardins
du Sud de l'Europe où il était introduit
peut-être depuis 1560, ainsi qu'au Nord
des Alpes et en Angleterre et puis, enfin,
aux États-Unis. On l'appelle parfois « la
pluie d'or » ou encore « l'acacia doré ».
La beauté du Cytise porte en elle un
danger. L'ensemble de la plante est véné-
neux par la présence de cytisine. La
cytisine est un poison qui provoque des
convulsions dans les centres vasomoteurs
et respiratoires. Chez les enfants, l'empoi -
sonnement peut être provoqué par l'ab-
sorption de 2 graines seulement. On dit
que même le lait des vaches qui l'ont
brouté peut devenir vénéneux. L 'empois-
sonnement se manifeste très tôt, dans une
période qui va de 15 à 60 minutes,
accompagnée de violents vomissements,
dans la dernière phase, de diarrhées et de
convulsions musculaires. La mort peut
survenir après une ou quelques heures. Le
pronostic médical est toujours très grave.
Les jeunes branches de Cytise sont
pendantes, ses feuilles vont par trois et
leur face inférieure est tomenteuse ; elles
sont sessiles. Ses fleurs qui s'ouvrent à la
fin du mois d'avril et en mai, forment des
inflorescences en grappes qui peuvent
contenir jusqu'à 30 fleurs. Ces grappes
longues de 10 à 15 cm sont pendantes;
chez certains cultivars, elles peuvent être
encore plus longues. Ses fruits sont des
gousses longues d 'environ 5 cm, d'abord
soyeuses puis noirâtres. Les enfants les
prennent parfois pour des cosses de petits
pois! Les gousses persistent parfois sur les
arbustes longtemps pendant l' hiver. Les
Cytises poussent très bien sur les sols
légers et riches en calcium, ils ne tolèrent
pas une coupe profonde.
Le Cytise est un arbuste haut, presque
un petit arbre, qui mesure jusqu'à 7 m de
hauteur avec des jeunes branches pendan-
tes. C'est un excellent élément de jardin
qui ne doit pas être planté près des
terrains de jeu des enfants.

252
Légumineuses
Leguminosae Genêt à balais
Cytisus scoparius (L.) LrNK

On n'arrivera peut-être plus à déterminer


avec précision la vraie zone d'origine du
Genêt à balais parce que nous nous
trouvons devant une essence ligneuse
cultivée depuis des siècles qui se naturali-
se partout à la perfection. EUe est proba-
blement originaire du Sud ou même de
l'Ouest de l'Europe. Pourtant, ses popula-
tions d'aujourd'hui sont assez sensibles
aux basses températures, surtout aux tem-
pératures qui changent brusquement, ce
qui a provoqué une hécatombe presque
complète lors du changement brusque de
température qui s'est produit entre la fin
de l'année 1978 et le début de l'année
1979. Cet événement tend à confirmer
leur caractère d'essence des zones plutôt
chaudes ou, au moins, non soumises aux
changements de températures.
Le Genêt à balais est un arbuste
à feuillage caduc avec un système des
racines très bien développé qui possède
des bulbes lobés. Ses branches quadran-
gulaires sont en général vertes qui peu-
vent devenir noirâtres en période de
sécheresse. Ses feuilles sont alternes,
à court pétiole, et composées de trois
folioles longues de 1 à 2 cm. Mais les
feuilles supérieures sur les pousses sont
simples. Les fleurs poussent en juin et en
juillet individuellement ou par paire sur
les brachyblastes. Ses fruits sont des gous-
ses dont les deux faces s'enroulent après
l'ouverture. Le Genêt à balais forme des
colonies assez importantes sur les versants
et clairières assez secs. Il affectionne les
sols sableux. Il est absent dans les Alpes. Il
fait partie des peuplements des clairières
forestières . On l'a souvent planté dans les
faisanderies et son système de racines est,
par ailleurs, la cause de sa plantation en
bordure de voies ferrées et autres voies de
communication. Il contient des alcaloïdes
qui peuvent, même en quantités infimes,
provoquer des débuts d'intoxication.
C'est un arbuste haut de 0 ,5 à 1 m , dont
le port rappelle par sa ramification la
forme d'un balai.

253
Anacardiacées
Sumac de Virginie A nacardiaceae
Rhus typhina L.

Le genre Sumac (Rhus) compte e nviron


150 espèces vivant dans les zones subtro-
picales et tempérées de deux hémisphè-
res. Les feuilles des Sumacs sont, en
général, terminales et leurs fruits rouges
ne sont pas habituellement toxiques, bien
qu'on ne puisse pas totalement exclure
certaines allergies, tandis que les repré-
sentants d' un autre sous-groupe ont des
inflorescences d 'aisselle et leurs fruits
blanchâtres contiennent des jus toxiques
et laiteux.
Le Sumac est une essence ligneuse : ses
jeunes branches brunes et tomenteuses
portent des feuilles imparipennées qui
peuvent mesurer jusqu'à 50 cm, compo-
sées de plusieurs folioles (jusqu'à 15). Les
petites feuilles sont dentelées et longue-
ment pointues: elles peuvent mesurer
jusqu'à 12 cm, avec une face inférieure
molJement tomenteuse. Ses floraisons ter-
minales qui forment des touffes bien
fournies ont une forme pyramidale déter-
minée. Le Sumac est une essence ligneuse
dioïque. Ses floraisons mâles sont plus
aérées, jaune-vert; les floraisons femeIJes
plus compactes, rouge foncé, persistent
sur l'arbre plus longtemps. Il fleurit en
juin et en juillet. Il est originaire de
l'Amérique du Nord (d'une zone qui
s'étend du Québec et de l'Ontario, jusqu'à
la Géorgie, l'Indiana et l'Iowa au Sud). Il
est cultivé depuis 1629.
Les arbres femeIJes, surtout, sont très
ornementaux, en particulier en automne,
quand leur feuilJage devient rouge. Les
exemplaires des arbres mâles sont parfois
cultivés sous le nom horticole de Rhus
viridiflora.
Les Sumacs sont des arbustes hauts o u
de petits arbres de 5 à 10 m de hauteur.
Cette essence ligneuse se multiplie d'une
manière végétative par des drageons
souterrains; la texture de sa couronne et
la couleur de ses feuilles forment autant
d'éléments bienvenus dans l'architecture
d' un jardin.

-.._. ... . .....


254
Anacardiacées
Anacardiaceae Arbre à perruque
Cotinus coggygria SCOP.

Les noms populaires anglais comme Smo-


ke-tree, Burning bush ou Wig tree (l'ar-
buste qui brûle, qui fume, l'arbre à perru-
que) caractérisent assez bien l'aspect de
cet arbre. C'est une essence ligneuse très
répandue dès l'Ouest de la Méditerranée
jusqu'à l'Europe centrale; elle atteint
aussi l'Eurasie loin vers l'est jusqu'aux
Himalayas. En Europe centrale, on le
considère comme un reliquat de la flore
interglaciaire. Ses feuilles vert clair (les
feuilles de son cultivar 'Purpurea' sont
rose-pourpre) sont caduques, pleines et
non divisées, larges et ovoïdes, à bords
translucides aves des systèmes de veines
apparentes. Ses fleurs ont de longs pétio-
les et forment des panicules plumeuses et
terminales. Mais très peu de fleurs se •
transforment en fruits, la plupart perdent
leurs feuilles, mais leur long pétiole,
ainsi que ceux des fruits et ceux des petites
branches latérales se couvrent de tricho-
mes argentés prenant ainsi la forme d'une
perruque ou d' un nuage de fumée. Le
cultivar déjà cité captive alors le regard
par ses nuages. Après la formation des
fruits, l'ensemble des inflorescences se
sépare des arbres et sert ainsi d'aile
volante pour la dissémination des graines.
Le bois de l'Arbre à perruque est très
prisé. Ses feuilles contiennent aussi des
matières tannantes.
L'Arbre à perruque croît bien dans tous
les sols, il se multiplie par semis et par
boutures des racines à l'automne. On peut
également le multiplier par des boutures
fraîches de juin, mais il faut d'abord
laisser sécher son « lait » de résine .
C'est un arbuste dressé, à cime ronde,
large jusqu'à 5 m. Cet arbuste est valable
pour la composition des jardins. Atten-
tion , il peut provoquer des allergies.

C. coggygr ia ' Purpurea .

255
Simarubacées
Ailante Simarubaceae
Ailanthus altissima (MILL.) SWINGLE

Beaucoup des grandes v~es polluées


d'aujourd'hui devraient être reconnais-
santes à Pierre Collins qui fut le premier,
en 1751, à introduire en Europe les
graines de l'Ailante en provenance de la
Chine. C'est, en effet, l' une des rares
essences ligneuses capable de se fixer
même dans la cour poussiéreuse d'une
usine ou de pousser très près des chemi-
nées. Et, pourtant, c'est une essence
ligneuse originaire d'une zone où l'atmos-
phère est très pure, mais elle possède des
qualités d'adaptation vraiment exception-
nelles. Son nom dérive de la dénomina-
tion vulgaire du genre Ailanthus molucca-
na qui sonnait comme « ailante », l'arbre
du ciel, repris comme tel en anglais.
La grande capacité d'adaptation de
l'Ailante ne se manifeste pas seulement
par sa grande résistance à la pollution,
mais aussi par sa force reproductrice qui
lui permet une naturalisation très facile .
Ainsi, il s'est naturalisé non seulement en
Europe, mais également en Amérique où
il avait été importé en 1784.
L'Ailante est un arbre majestueux, ses
jeunes branches sont tomenteuses et ses
feuilles caduques, imparipennées, d ' une
longueur qui peut atteindre 1 m. Ces
feuilles ont un grand nombre de folioles
formées de petites feuilles dentelées et
glanduleuses. Le contenu de ses glands
peut provoquer chez les personnes sensi-
bles des allergies dermiques. Les inflores-
cences de ces arbres sont aussi assez
singulières, réunies en panicules longues
jusqu'à 20 cm. Elles sont formé·e s de
fleurs plurisexuées, menues, qui dégagent
une odeur peu agréable.
L ' Ailante fleurit à la fin du mois de
juillet. Ses fruits sont des akènes longs et
ailés.
Les Ailantes sont des arbres hauts de 15
à 20 m et leur cime a une texture assez
lâche.

256
Rutacées
Rutaceae Phellodendron amurense RUPR.

Un simple regard sur l'écorce de liège de


cet arbre nous renseigne, comme son nom
d'ailleurs l'indique, sur la manière dont il
a été utilisé. Les mots grecs phellos (liège)
et dendron (arbre) étaient bien choisis
pour son cas, comme la dénomination de
son espèce amurense. Phe/Lodendron
amurense est vraiment originaire du litto-
tal du fleuve Amour où il pousse surtout
en Mandchourie et dans les régions limi-
trophes du Nord de la Chine. L'Est de
l'Asie est également la patrie des 8 autres
espèces du genre Phe/Lodendron. Mais
c'est surtout P. amurensequi est le plus bel
exploit du point de vue économique. Son
écorce était utilisée pour la fabrication des
bouchons.
Phellodendron est un arbre ornemental
et majestueux non seulement pour sa cime
étendue, mais aussi pour son feuillage . Ses
feuilles sont longues, opposées, caduques
et imparipennées, légèrement transparen-
tes et tachetées en pointes. Ses fleurs
vert-jaune sont insignifiantes et menues,
mais eUes forment des inflorescences ter-
minales assez nombreuses. Du point de
vue fonctionnel , eUes sont unisexuées
(eUes possèdent les étamines et le pistil,
mais eUes fonctionnent , selon le cas,
exclusivement comme étamines ou
comme pistil) et les pheUodendrons sont
dioïques. Leurs fleurs offrent, en juillet,
une bonne récolte de pollen pour les
abeilles. Leurs fruits sont des petites
drupes noires qui persistent longtemps sur
l'arbre. Comme beaucoup d'autres Ruta-
cées, les PheUodendrons contiennent
aussi des substances spéciales, comme des
glucosides (le felemurin et l'amurensin) ,
un alcaloïde (la berbérine) et d'autres. En
culture, il se multiplie presque exclusive-
ment à partir de ses graines, par exception
aussi par division des touffes. Il croît bien
sur les sols humides et plus profonds, mais
exige assez de place.
Il s'agit d'un arbre largement étendu,
qui peut mesurer jusqu'à 15 m de haut.
C'est une essence ligneuse qui convient
pour les arrangements paysagés des
grands espaces et des parcs.

257
Rutacées
Orme de Samarie Rutaceae
Ptelea trifoliata L.

Le destin de l'Orme de Samarie fait


penser au destin d'un exilé rapatrié. Jadis,
dans la période de l'éocène, il vivait en
Europe centrale, en Bohême, mais les
grands changements climatiques et géo-
morphologiques ont causé sa disparition
partielle. Il n 'avait survécu qu'en Améri-
que du Nord . Aujourd'hui, il est très
répandu dans le Sud du Canada et sur le
littoral Est des États-Unis. C'est là qu 'il
fut découvert au début du XVIIIe siècle;
plus tard, il fut importé en Angleterre et,
de là, vers les autres pays e uropéens.
Ptelea trifoliata s'est vite naturalisé en
Europe ; on le plante souvent dans les
parcs et les jardins, bien que ses fleurs ne
soient pas vraiment attrayantes.
Il fleurit en juin. Ses fleurs dioïques
assez menues, ont 4 à 5 pétales blanc-jau-
ne et forment de riches inflorescences en
corymbes. Puis, après la floraison, appa-
raissent, à la place des fleurs femelles
fécondées, des fruits qui sont des akènes
ronds et plats à larges bords membraneux
rappelant les samares des ormes. C 'est
justement cette ressemblance qui est à l'o-
rigine de son nom scientifique: Ptelea qui
désignait, en grec ancien, les ormes.
Ses feuilles caduques, longuement pé-
tiolées, vont par trois (trifoliata) ressem-
blant aux grandes feuilles des trèfles. En
regardant ses feuilles à contre-jour, nous
pouvons voir qu'elles sont transparentes
par endroits. Ce trait sert aussi de caracté-
ristique pour le distinguer, sinon cet arbre
qui n'est pas toxique, pourrait être pris
pour un Cytise (Labumum anagyroides)
qui, lui, est toxique.
L 'Orme de Samarie est un arbre assez
étendu ou encore un petit arbre à cime
sphérique, qui peut atteindre jusqu'à 8 m
de haut.

258
Staphylacées
Staph yleaceae Faux-Pistachier, Staphylier
Staphylea pinnata L.

Les Staphyliers sont des arbustes (ou des


petits arbres) à feuilles caduques et impa-
ripennées . On les considère comme pro-
ches des familles des Célastracées ( Celas-
traceae) et Aquifoliacées (Aquifoliaceae) ,
bien qu 'ils aient par ailleurs une position
phylogénétique assez particulière. Il s'agit
sûrement de plantes assez jeunes ; on ne
connaît leurs fossiles qu 'à la fin du miocè-
ne et du pliocène.
Le genre Staphylea compte entre 12 et
25 espèces qui sont, en général, originai-
res de la zone tempérée de l'hémisphère
Nord. Le Staphylier croît en Europe méri-
dionale et centrale jusqu'à l'Asie Mineure
dans les forêts décidues et sèches et dans
les peuplements arbustifs des versants, de
la plaine jusqu'aux collines. C'est un
arbuste assez robuste, à feuilles longue-
ment pétiolées et imparipennées q ui
comptent de 2 à 3 folioles. Ses fe uilles
longues et pointues, fortement crénelées,
vert clair, deviennent «raides » en au-
tomne. Les fleurs se forment en panicules
pendantes sur les longs pétioles fuselés.
EUes sont bissexuées, régulières et eUes
ont des coroUes blanc jaunâtre. Ses fruits
sont des grandes capsules enflées et mem-
braneuses qui enferment quelques graines
très dures. Leur forme et leur résistance
ont déterminé d'eUes-mêmes leur usage:
l'homme s'en est servi en bijouterie popu-
laire et pour la fabrication des chapelets.
Son bois sert souvent pour la sculpture sur
bois. Pourtant le Staphylier n'est rentré
dans la culture organisée qu'à la fin du
XVIe siècle. Il se multiplie très bien
à partir des graines stratifiées qui pren-
nent mieux dans un sol plutôt humide et
ensoleillé, bien qu'il tolère l'ombre d'un
peuplement homogène .
Le Faux-Pistachier est un arbuste
dressé, haut jusqu'à 5 m, qui convient
pour tous les types de jardins.

259
'"
Erable plane Acéracées
Aceraceae
Acer platanoides L.

L'Érable plane est très répandu dans les


peuplements forestiers surtout dans les
forêts continentales européennes mixtes,
en particulier sur les remblais. L'Érable
plane est un arbre non seulement agréable
à voir mais économiquement très
important; son bois sert pour la fabrica-
tion des meubles et des instruments de
musique, ce qui a très tôt provoqué son
introduction en dehors de son continent
d'origine, d'abord en Angleterre, puis aux
États-Unis.
Ses feuilles caduques et opposées,
à pointe acérée, comportent de 3 à 7 lobes
une branche crénelés. L 'Érable plane rustique a des
de A . platanoidesen hive r
feuilles d'un vert uni sur les deux faces, qui
virent, en automne, à l'orange presque
rougeâtre. Les jeunes pousses et les pétio-
les produisent, après une blessure, un
liquide blanc laiteux. Ses inflorescences
en corymbe sont formées de plusieurs
fleurs et elles se présentent, en général,
dressées. Ses fruits, des doubles samares
ailées ont des ailes opposées d'une maniè-
re presque à l'horizontale.
Dans les forêts de montagne ou dans les
forêts formées sur les éboulis (dans les
peuplements mélangés d'érables, de
tilleuls et de hêtres) vit un autre érable, le
Sycomore ou Érable sycomore (Acer
pseudoplatanus) qui diffère de l'Érable
plane par le caractère de son écorce qui
s'étiole en écailles comme chez les Plata-
nes, par ses feuilles aux articulations
obtuses et, enfin, par ses inflorescences,
plus longues et retombantes. Ses samares
doubles et ailées forment un angle plus vif
que celles de l'Érable plane.
Ces deux principaux érables européens
sont des arbres d 'une grande adaptabilité
écologique qui sont cultivés déjà depuis
des siècles aussi bien en dehors de la forêt
qu 'en dehors de leurs aires d 'origine.
Grâce à leur grande plasticité, on a pu
former, et on continue d 'ailleurs à le faire ,
un grand nombre des cultivars qui diffè-
rent surtout par la couleur de leurs feuil-
les.
Ce sont des arbres vigoureux allant
jusqu'à 30 m de hauteur qui sont un
feuille et akènes
de A . pseudoplaraflus
élément important aussi bien des forêts
silho ue tte de A. plaranoides que des jardins.

260
/
Acéracées
Aceraceae Erable champêtre
A cer campestre L.

Bien que la dénomination latine de cet


Érable champêtre et sa qualification alle-
mande Feldahorn suggèrent qu'il s'agit
d'une essence ligneuse plutôt champêtre,
le nom anglais retient son utilisation dans
les haies Hedge Maple. Cependant, l'É-
rable champêtre est un arbre peu fidèle
à son nom : il croît surtout dans les forêts
décidues mélangées, aussi bien dans les
forêts plus claires où se mêlent les hêtres,
les chênes et les charmes que dans les
forêts feuillues de plaine jusqu'à l'orée
des montagnes. Bien sûr, par endroits, il
pousse aussi dans les sites secondaires
ouverts, sur les pacages et à la lisière des
champs. Son utilisation comme arbre d'a-
lignement pour la formation de haies date
déjà de temps très reculés. TI tolère bien la
taille ; de ce point de vue, on se rappelle la
fameuse haie vive et taillée, formée par les
Érables champêtres, dans le jardin du
château de Schonbrunn. Dans la nature,
l'Érable champêtre vit presque partout en
Europe et son aire de distribution ·s'étend
même à l'Ouest de l'Asie.
TI se caractérise par les bandes de liège
qui se forment sur quelques jeunes
branches, qui ne sont pas sans rappeler
ceux de l'Orme champêtre (Ulmus mi-
nor). Les feuilles de l'Érable champêtre
sont caduques, opposées, articulées en
3 à 5 palmes, lobées avec des lobes obtus
ou arrondis . Ses fleurs forment par 10 à 20
des corymbes. Leurs périanthe et corolle
sont jaune-vert, mais n'atteignent que
3 mm . Ils sont les derniers à fleurir parmi
les érables d'Europe, après l'apparition
des feuilles en mai. Leurs fruits sont des
samares doubles typiques, ailées avec des
ailes opposées presque à l' horizontale. Le
bois de l'Érable champêtre est le plus dur
et le plus résistant de tous les érables. On
l'utilisait, par exemple, pour la fabrication
des instruments de musique à vent.
C'est un arbre à port étendu, qui peut
atteindre 20 m de hauteur mais, le plus
souvent, il croît comme un arbuste haut
à port dressé.

une branche en hiver

261
Acéracées
N e gun do, Érable à feuilles de frêne Aceraceae
Acer negundo L.

Les feuilles du Negundo ne ressemblent


pas du tout à celles des autres érables.
Bien qu'elles soient aussi caduques et
opposées, elles sont imparipennées, vont
par 3 à 7, et leurs petites feuilles ovoïdes
longuement pointues, longues de 5
à 13 cm, sont irrégulièrement crénelées.
De plus, on cultive très souvent des
cultivars avec des feuilles de différentes
couleurs ce qui rend l'identification plus
difficile encore. C'est seulement pendant
la période de formation des fruits qu 'on
peut constater plus facilement qu'il s'agit
vraiment d'un érable. Les petites bran-
fruit ches jeunes sont aussi assez singulières; le
de A . negundo plus souvent, elles sont jaune-vert, lus-
trées ou couvertes d ' une enveloppe
cireuse.
Les inflorescences du Negundo se for-
ment dans les aisselles, les fleurs ont de
longs pétioles, les fleurs mâles formant
des faisceaux et les fleurs femelles des
grappes retombantes. Les fruits sont des
doubles samares, typiques des érables,
avec des ailes pas trop larges qui forment
un angle assez vif.
Le Negundo est originaire de l'Améri-
que du Nord , de la région située entre
l'Ontario, le Texas et la Floride. Ses plus
grands peuplements se situent dans la
vallée du Mississippi. Cet érable, de même
que A . sactharum, servait en Amérique
à produire du sucre. TI fut introduit en
culture en 1688 à Fulham.
Un autre érable encore, l'Érable Niko
(A . nikoense), de l'Est de l'Asie a des
feuilles qui diffèrent de la plupart des
autres érables. Ses feuilles composées
vont par trois comme chez le trèfle et ses
doubles samares sont singulièrement to-
menteuses. L ' Érable Niko est une essence
ligneuse d ' une haute valeur esthétique,
introduite en culture en 1881.
Le Negundo est un arbre qui peut
atteindre 20 m de hauteur, tandis que
l'Érable Niko présente une croissance
plutôt arbustive, à plusieurs troncs hauts
de 7 à 12 m.

si lhouette de A . llegulldo

262
/
Acéracées
Aceraceae Erable de Tartarie
Acer tatarÎcum L.

Les bois clairs des zones chaudes du


Sud-Est de l'Europe et d'Asie Mineure
sont la patrie originale de cet érable qui
fut introduit en Europe occidentale en
1759 où il trouva vite sa place dépassant
les collections des jardins botaniques.
Cette essence ligneuse, qui résiste au froid
d' une manière surprenante, possède une
texture intéressante de la couronne qui
change d'aspect plusieurs fois par an. Ses
feuilles sont peu lobées, presque simples.
C'est seulement à la base des feuilles
qu 'on peut voir l'esquisse de deux lobes.
Elles sont opposées, longues environ de
4 cm, ovoïdes et doublement crénelées,
assez grossièrement. Les fleurs fleurissent
de mai à juin en panicules pétiolées et
retombantes; elles ont des pétales de
corolle blanchâtres. Les inflorescences
éclaircissent la silhouette de l'arbre.
A partir des fleurs fécondées se dévelop-
pent les doubles samares typiques: elles
sont d'abord vertes, puis leurs bords
virent au rouge vif. Ainsi, A. tatarÎcum
change encore d'aspect et de couleur.
Enfin, à l'automne, nous pouvons voir ses
dernières transformations, ses feuilles vi-
rent d'abord au jaune ou rougeâtre avant
de tomber.
D epuis 1860, on cultive dans les parcs
un érable très proche, l'Érable ginnala.
Ses feuilles ont toujours les deux lobes
latéraux bien développés près de la base.
En automne, elles changent de couleur
parmi les premières, déjà vers la mi-sep-
tembre. Cet érable est originaire du Nord
et du centre de la Chine, de la Mandchou-
rie et du Japon .
Acer tatarÎcum est un arbre bas, en
général de croissance arbustive qui forme
plusieurs troncs hauts de 7 à 10 m . Il a une
grande valeur dans la composition des
jardins.

une branche
silhouette de A . rararicum féconde de A . gif/fla/a

263
/

Erable blanc Acéracées


Aceraceae
Acer saccharinum L.

L'Érable blanc mérite vraiment bien son


nom. La face inférieure de ses feuilles, par
ailleurs opposées, très étroitement et pro-
fondément lobées, est d'un blanc argenté.
(Chez les jeunes feuilles, elle est tomen-
teuse). La face supérieure des feuilles est
d'un vert plus foncé. Au moindre coup de
vent, les larges cimes des Érables blancs
(qui peuvent s'étaler jusqu'à 15 m en
largeur) changent, chaque seconde, de
couleur. En automne, ils captivent aussi
l'attention par leurs couleurs. Leurs
feuilles persistent longtemps sur l'arbre,
mais après, elles tombent rapidement,
parfois en une seule nuit, formant ainsi
sous la cime majestueuse un tapis rond de
couleur d 'or argenté.
Les inflorescences formées de plusieurs
fleurs qui poussent à partir des bourgeons
latéraux se composent de fleurs vertes
sans corolle sur des petits pétioles avec les
organes reproducteurs qui dépassent.
Elles fleurissent avant l'apparition des
feuilles, le plus souvent en avril.
L 'Érable blanc est originaire de l'Est de
l'Amérique du Nord (du Québec et du
Minnesota ~ la Floride, au Nebraska et
à l'Oklahoma). I1 est introduit en culture
depuis 1725, surtout dans les parcs et dans
les grands jardins. Dans quelques pays, on
l'a planté aussi comme arbre d 'aligne-
ment, mais sa cime est trop large pour les
allées qui bordent les rues. Il se multiplie
à partir des semis. Ses graines arrivent très
tôt à maturité, deux à trois mois après la
. fin de la floraison, et elles germent aussi-
tôt. Parfois, à cause de leur nom, on le
confond avec l'Érable à sucre canadien
(A. saccharum) , mais les fleurs de ce
dernier sont terminales et elles se forment
sur les courtes branches feuillues.
L'Érable blanc est un arbre majestueux,
souvent à plusieurs troncs à cime très
large, qui peut pousser jusqu'à 40 m de
hauteur.

264
Acéracées "
Aceraceae Erable rouge
Acer rubrum L.

Sans la couleur significative de ses fleurs,


l'Érable rouge pourrait être confondu
avec l'Érable blanc qui est très semblable.
Mais la couleur de ses fleurs rouge vif, qui
se forment très tôt au printemps (en mars
et en avril), fait de lui non seulement l'un
des plus beaux érables, mais une essence
ligneuse d'une haute valeur esthétique
dans la composition des jardins.
Les feuilles de .l'Érable rouge ont de
3 à 5 lobes, mais ils sont moins accusés que
chez l'Érable blanc. Elles sont vert foncé,
luisantes, gris cendré en dessous et tomen-
teuses sur les veines. Leur pétiole est
souvent rouge.
TI est originaire de l'Amérique du Nord,
de la zone qui s'étend entre Terre-Neuve
et la Floride et qui atteint, à l'Ouest, le
Minnesota, l'Iowa, l'Oklahoma et le Te-
xas. En Europe (en Angleterre), il est
cultivé depuis la deuxième moitié du
xvuesiècle. TI a connu très tôt une grande
faveur. Dans sa patrie (et, bien sûr, dans
ses cultures), il est fameux surtout par le
reflet de ses feuilles en automne : on
y trouve des feuilles aussi bien jaunes
qu 'écarlates ou rouge-brun. 41
Au cours de sa culture, on a distingué
quelques exceptions dont on a fait des
cultivars, dont 'Pallidiflora' aux fleurs
jaunes, qui tend ainsi à démentir la
. caractéristique « principale » de l'espèce.
On peut multiplier l'Érable rouge à par-
tir de semis, ses cultivars par des boutures
ou des greffes de bourgeons ou, mieux,
par la méthode dite des bourgeons dor-
mants. U pousse bien sur les sols humides
où il s'accommode même de l'eau souter-
raine.
C'est un arbre vigoureux, haut jusqu'à
40 m, qui n'a, jusqu'à présent, qu ' une
valeur de collection pour les jardins.

265
Hippocastanacées
Marronnier commun, Marronnier d'Inde Hippocastanaceae
Aesculus hippocastanum L.

L 'aire d'origine des Marronniers n'est


qu'une petite zone qui s'étend au Sud-Est
de l'Europe, de la région montagneuse
des Balkans, sur le territoire de l'Epire et
sur le massif montagneux du Pinde, à l'Est
en Thessalie et dans la partie voisine de la
Macédoine. Son aire de distribution d'ori-
gine englobe aussi le Sud de l'Albanie
avec un petit territoire situé en Yougosla-
vie. Une petite partie, séparée de sa zone
d'origine, se trouve encore dans le Nord
de la Bulgarie. Partout ailleurs, le Mar-
ronnier commun représente une essence
ligneuse d'introduction naturalisée. Il fut
cultivé au cours de la deuxième moitié du
XVIe siècle à Istanbul qui constitua, jus-
qu 'à sa chute, une porte d'entrée pour
l'introduction de nombreuses plantes. De
là, on envoya, en 1576-1577, des Mar-
ronniers communs à Vienne pour Clusio,
botaniste connu à l'époque. Peu de temps
après, surtout au XVIIe siècle, le Marron-
nier commun conquit les parcs des cha-
teaux européens, les allées et les restau-
rants de plein air.
C 'est un arbre avec une écorce écailleu-
se sur le tronc, avec des jeunes petites
branches brunes et duveteuses et avec des
bourgeons d' hiver très gluants. Ses
fe uilles articulées s'agencent par 5 à 7 sur
un long pétiole (jusqu'à 27 cm). La gran-
deur moyenne de leurs limbes est de 23
à 35 cm. Les grappes de fleurs sont
dressées, les inflorescences comptent jys-
qu 'à 90 fleurs qui fleurissent de bas en
haut pendant le mois de mai. Les fleurs
régulières sont originales. Les fruits (des
capsules épineuses) renferment de 1 à 3
grandes graines, les marrons.
C'est un arbre vigoureux , haut de 15
à 25 m, avec une texture typique des
branches de la cime.

266
Hippocastanacées
Hippocastanaceae Aesculus parviflora WALTER

Aesculus parviflora représente l'un des


extrêmes de l'échelle très large des formes
qui se trouvent dans le genre Marronniers.
est un Marronnier dont les bourgeons
d'hiver, n'ayant pas de résine, ne sont plus
gluants. La partie rétrécie des pétales de la
corolle est plus longue que le calice. Par sa
croissance, ce marronnier se range parmi
les espèces plutôt arbustives, qui peuvent
former de grands groupes par les polycor-
mones, capables de s'étendre dans des
conditions favorables.
Ses fleurs plutôt rares fleurissent seule-
ment pendant la deuxième moitié du mois
de juillet en panicules dressées qui peu-
vent atteindre 35 cm de long. Les sup-
ports des inflorescences persistent régu-
lièrement sur l'arbre jusqu'à l'année sui-
vante, jusqu'à la période où apparaissent
sur l'arbuste les générations nouvelles
d'inflorescences, pour tenir au moins jus-
qu'au mois de juillet. Ses graines, capsules
lisses en forme de poires, arrivées à matu-
rité ont, en comparaison avec le Marron-
nier commun, des parois beaucoup plus
minces. Ses feuilles sont articulées en
5 à 7 parties qui peuvent avoir des folioles
longues jusqu'à 25 cm. Leurs bords sont
régulièrement crénelés.
SOD. aire de distribution d 'origine est
une zone étendue entre la Caroline du
Sud, l'Alabama et la Floride. Il fut intro-
duit en Europe en 1785 mais, en dehors
de sa patrie, il ne produit que rarement
des graines, bien qu'il résiste aux basses
températures.
Cet arbuste drageonnant, avec des tiges
hautes d'environ 4 m, est une bonne
essence ligneuse de couverture.

les fruits arri va nt à maturité

267
Arbre aux mouchoirs Davidiacées
Davidiaceae
Davidia involucrata BAILL.

La parenté des essences ligneuses classées


dans l'ordre des Cornales est bien ap-
parente. Pour confirmation, il suffit d'un
simple regard jeté à l'Arbre aux
mouchoirs en fleurs pour le comparer
avec le Cornouiller à fleurs ( Cornus flori-
da) en fleurs. Les deux essences ligneuses
ont des inflorescences serrées d 'une cou-
leur insignifiante, tandis que l'attrait opti-
que est provoqué par des bractées de
soutien plus grandes et d 'une couleur plus
expressive. Une particularité de l' Arbre
aux mouchoirs est non seulement l'asymé-
trie des bractées, mais le fait que les
boules des inflorescences se composent
d'une grande quantité de fleurs mâles et
d 'une fleur bissexuée unique. Ses fleurs
mâles ont 1 à 7 étamines. L 'ensemble des
inflorescences pend un peu comme les
guirlandes d'un arbre de Noël, les plus
grandes bractées pouvant atteindre
18 cm. Ses fruits sont des drupes en forme
de poires grandes environ de 3 cm et ils
renferment de 3 à 5 graines. Ses feuilles
caduques et alternes sont grossièrement
crénelées.
Le premier Arbre aux mouchoirs fut
découvert en Chine près de Mu-pin, dans
le Sseu-tch'ouan occidental, en 1869, par
P . David, dont le genre porte le nom . Les
37 premières graines furent expédiées en
Europe en 1897, mais une seule a germé.
L'Arbre aux mouchoirs ~ fleuri en
Europe pour la première fois en 1906,
dans la culture horticole de l'établisse-
ment Vilmorin, aux Barres, en France, qui
a donné aussi le nom à l'une de ses
variantes (D. involucrata var. vilmorinia-
na). En Angleterre, les premières graines
sont arrivées en 1903 et 1904. Ainsi,
aucun des exemplaires qui vivent en
dehors de leur zone d 'origine n'a encore
atteint l'âge de cent ans.
C'est un arbre haut de 15 à 20 m, d'une
grande valeur esthétique, une essence
ligneuse très rarement cultivée.

268
Cornacées
Cornaceae Cornouiller mâle
Cornus mas L .

Avant l'introduction d'autres arbustes


à floraison précoce (Hamamelis mollis et
Viburnum farren), c'était le Cornouiller
qui, depuis des millénaires, détenait le
privilège, avec le Bois-gentil, les Osiers
blancs et les Noisetiers sauvages, d'an-
noncer l'arrivée du printemps. Mais les
Cornouillers étaient les plus remarqua-
bles. U est seul à pouvoir soutenir la
comparaison avec l'Hamamélis. Ses fleurs
à 4 pétales se forment avant l'apparition
des feuilles. EUes ont 4 dents insignifian-
tes sur leur corolle, 4 pétales corollaires
libres et des étamines avec des anthères
jaunes : l'ensemble donne une impression
jaunâtre. Les fleurs sont organisées en
bouquets arrondis. Ses fruits sont des
baies ovales, rouges, longues environ de
15 mm (plus grands chez les cultivars
à grands fruits) . ns ont un goût aigre-
doux, un peu amer et ils contiennent de
8 à 9 % de sucres et de 2 à 3 % d'acides
libres, surtout l'acide malique. On les
utilise pour la fabrication de confitures, de
compotes et de vins de fruit. Dans le
temps, leur bois ferme servait à la fabrica-
tion de roues de moulins et leur écorce qui
contient de 7 à 16 % de matières tannan-
tes servait au tannage des peaux.
Le Cornouiller mâle pousse, le plus
souvent, sur les pentes exposées au soleil,
dans les taillis, surtout dans les zones
chaudes, en compagnie des peuplements
de Rosacées. On le voit souvent sur les
sols calcaires. C'est une essence ligneuse
typique surtout de l'Europe du Sud, limi-
tée au Nord par une ligne qui passe du Sud
de la Belgique par le Luxembourg, le
centre de l'Allemagne, la Galicie, jus-
qu 'aux régions du sud de l'Union soviéti-
que. n croît également en Crimée, dans le
massif du Caucase et en Asie Mineure. On
le cultive aussi au sud de la Suède et,
depuis des siècles, également en Angle-
terre. Mais, l'origine européenne du Cor-
nouiller est parfois mise en doute, étant
donné qu 'il s'agit d ' une essence ligneuse
« fruitière » très ancienne dont on avait
trouvé des restes déjà dans les vestiges des
constructions rondes du néolithique.
Le Cornouiller est un arbuste haut, une branche en hiver
largement ramifié ou encore un petit
arbre de 5 à 8 m de hauteur.

269
Cornacées
Cornouiller à fleurs Cornaceae
Cornus florida L.

Ce Cornouiller a sûrement reçu son nom


scientifique florida, ainsi que son nom
populaire anglais Flowering Dogwood,
à cause de ses fleurs dites « biologiques » .
Ses fleurs singulières sont probablement
aussi à l'origine de sa culture assez préco-
ce, déjà aux environs de 1730. Jusqu 'à
cette époque, il vivait spontanément
à l'Est des États-Unis actuels, sur le
territoire qui englobe des États allant du
Massachusetts jusqu'à la Floride. Les
limites de sa zone d'origine à l'Ouest se
trouvent sur une ligne qui relie l'Ontario
au Texas, voire au Mexique.
Les fleurs de tous les Cornouillers sont
régulières, et elles forment des inflores-
cences terminales en bouquets arrondis.
Les bractées de soutien du Cornouiller
à fleurs sont singulièrement agrandies,
chacune atteignant presque 5 cm. Elles
sont quatre, leur sommet est soit découpé
soit, au contraire, pointu, à couronnes
colorées - roses, rouges ou blanches.
Elles se forment déjà en automne et, tout
au long de l'hiver, elles protègent la
formation des futures inflorescences.
Elles s'ouvrent (fleurissent) au mois de
mai. Le Cornouiller à fleurs est un repré-
sentant typique des cornouillers à grandes
fleurs comme le cornouiller originaire de
l'Est de l'Asie, le C. kousa et l'espèce
nord-américaine, le C. nuttalii. L'ensem-
ble de ces cornouillers est assez exigeant
quant aux sols. Il leur faut des terres
profondes et nutritives. Ils se multiplient,
surtout leurs cultivars colorés et retom-
bants, par greffage au mois de mars. Le
bois du cornouiller américain est brun
clair ou rougeâtre, épais, dur et lourd,
difficile à façonner. On l'utilise pour les
travaux d'usinage.
Ces cornouillers sont soit de hauts
arbustes, soit des arbres bas, de 5 à 8 m.
les fe uilles e n a uto mne
Le cultivar 'Pendula' présente des
branches retombantes.

270
Cornacées
Cornaceae Cornouiller sanguin
Cornus sanguinea L.

Les plantes de la famille des Cornacées


ont des liens phylogénétiques avec les
Hydrangéacé es et les Caprifoliacées. Mais
des différences anatomiques propres au-
torisent leur singularisation en une
branche évolutive indépendante, ce qui
avait amené nombre de botanistes à sub-
diviser le genre Cornus en plusieurs petits
genres distincts. Les critères décisifs de
cette subdivision étaient la formation
d'inflorescences, la forme des fruits et les
différences biochimiques. Ainsi avait-on
séparé le genre Swida, et nous pouvons
rencontrer dans la littérature Swida san-
guinea à la place de Cornus sanguinea et
Swida alba à la place de C. alba. Ces deux
e pèces ont toutes les deux des branches
d' un rose pourpre (ce qui est le plus
visible en hiver et juste avant le prin-
temps). Ils diffèrent surtout par la couleur
de leurs fruits . Le Cornouiller sanguin
a des fruits bleuâtres et le Cornouiller
blanc plutôt blanchâtres. Le premier est
un genre collectif dont les membres se
distinguent surtout par la séparation des
feuilles . C'est une essence ligneuse avec
une large amplitude écologique. Elle croît
aussi bien en plaine, sur les sols humides,
que près des montagnes jusqu'à 900 m.
Ce cornouiller est très répandu dans une •
grande partie de l'Europe, en dehors des
régions septentrionales. Il croît du Portu-
gal jusqu'au centre de la Russie. L 'autre,
le Cornouiller blanc (c. alba) , est origi-
naire de la Mandchourie, de la Sibérie et
de la Corée, et il est cultivé depuis 1741.
Le territoire des États-Unis abrite une
espèces proche, C. stolonifera et son
cultivar ' Flaviramea " avec des branches
remarquablement jaunes en hiver, pério-
de durant laquelle les plantations collecti-
ves de ces cornouillers sont très ornemen- à gauche, la couleur d'hi ver de la
tales. branche de C. alba .. à droite ,
C. slo lonife ra 'Flavi ramea'
Il s'agit d'arbustes, hauts jusqu'à 3 m ,
qui forment dans l'humidité des polycor-
mones assez grands.

une branche
féconde de C. alba

silho ue tte de C. alba

271
Araliacées
Lierre des bois Araliaceae
Hedera helix L.

Le lierre est considéré comme un reliquat


de la période tertiaire ; cette hypothèse
est confirmée par les fossiles qui montrent
que le genre Hedera était beaucoup plus
répandu à cette époque sur l'hémisphère
boréal, comme le prouvent les empreintes
qui datent de l'oligocène, trouvées sur le
territoire de la France. Il appartient à la
famille des Araliacées qui compte surtout
des essences ligneuses et herbacées des
régions tropicales et subtropicales. Le
genre Hedera représente l'une des excep-
tions, parce qu'au moins une quinzaine
d 'espèces de ce genre vivent plutôt dans
les zones tempérées de l'Europe et de
l'Asie. De plus, ils vont très loin au nord,
en Norvège jusqu'au 60 e degré de latitude
Nord. Le Lierre croît dans les forêts
ombragées de feuillus, mais aussi dans les
chênaies qui préfèrent un climat plus
chaud.
Les Lierres contiennent de nombreuses
substances qui ont amené les gens à utili-
ser leurs feuille pour stimuler la circula-
tion du sang et l'activité cardiaque. Elles
agissent en tant qu 'antiparasitaire et sont
des désinfectants très efficaces. Toutefois,
il ne faut pas les utiliser sans prescription
et sans surveillance médicale, parce que
les feuilles fraîches peuvent aussi provo-
quer des irritations de la peau et des
intoxications.
L'Europe est la patrie du Lierre des bois
(Hedera helix) qui est une liane persistan-
te avec une hétérophyllie très significati-
ve. Les feuilles des pousses sans fleurs
sont articulées, de 3 à 5 lobes ; sur les
pousses à fleurs, elles sont simples, unies
et longuement pointues. Le caractère
changeant des feuilles du lierre · est très
utilisé en horticulture, et l'on a réussi
à former plusieurs dizaines de cultivars
avec des feuilles de différentes formes.
Les fleurs sont groupées en inflorescences
• terminales. Elles fleurissent en septem-
bre. Les fruits sont des globules foncés .
Le Lierre est une liane ligneuse qui
, / monte avec des racines adventives : la
longueur des tiges dépend de son
support; elle peut atteindre jusqu'à 30 m .

272
Araliacées
Araliaceae Aralia épineux
Aralia spinosa L.

Les Aralias sont des essences ligneuses


qui présentent des apparences exotiques
dans tous les milieux. La plupart des
espèces sont originaires des tropiques,
surtout de la région indo-malaisienne,
comme beaucoup d'autres plantes de la
famille des Araliacées. Elles représentent
une branche évolutive plus ancienne, en
général ligneuse, des plantes supérieures.
A. spinosa est un «arbuste à port
d'arbrisseau» avec de longues tiges
(troncs et branches) peu ramifiées et
armées d'épines très épaisses qui ne por-
tent, en général, des feuilles caduques,
alternes et organisées en disques, que
dans leurs parties terminales. Ses feuilles
représentent l'élément le plus ornemental
des Aralias : elles peuvent atteindre jus-
qu'à 80 cm de long, sont composées et
pennées de 1 à 3 fois. Leurs pétioles
peuvent mesurer 25 cm de longueur. Un
autre Aralia souvent cultivé, A. elata,
originaire de l'Est de l'Asie, présente des
feuilles composées de petites feuilles ses-
siles, tandis que les petites feuilles qui
composent les feuilles de l'Aralia épineux
sont pétiolées.
Les fleurs menues des Aralias se dres-
sent en ombelles qui forment de grandes
inflorescences en corymbes demi-sphéri-
ques. ils fleurissent en plein été, dès la fin
juillet et en août, et persistent assez
longtemps. Ses fruits sont des drupes
globuleuses, sphériques et noires, enfer-
mant de 2 à 5 noyaux.
L'Aralia épineux est originaire des
États-Unis, sa zone de distribution s'é-
tend entre le Sud de la Pennsylvanie,
l'Indiana et l'Est de l'Iowa; elle atteint
même la Floride et l'Est du Texas. il est
cultivé depuis 1688. A. elata est, selon
l'expérience des horticulteurs européens,
plus résistant aux basses températures de
l'Europe. On a même créé plusieurs
cultivars. Les Aralias tolèrent aussi bien
l'exposition au soleil que les endroits
semi-ombragés. L'ombre profite sur-
tout aux jeunes plantes. .
Les Aralias sont des arbustes drageon-
nants, hauts de 7 à 15 m. Cette essence
ligneuse assez curieuse, se marie bien avec
l'architecture moderne. Sinon, elle n'a
qu'une valeur de collection.

273
Aquifoliacées
Houx commun Aquifoliaceae
Ilex aquifolium L.

Les Houx sont, en général, des arbustes


toujours verts de la zone tempérée et de la
zone tropicale des deux hémisphères.
Jusqu'à présent, on a trouvé dans ce genre
presque cosmopolite environ 400 espèces.
Parmi toutes ces espèces, le Houx
commun est peut-être la plus connue. Le
Houx commun est bien connu non seule-
ment parce qu' il résiste aux basses tempé-
ratures, ce qui permet de le cultiver même
dans les régions où le climat est plus rude,
mais aussi parce qu'il est devenu, dans
l'ensemble des pays nordiques, un symbo-
le traditionnel de Noël. Sa zone d 'origine
s'étend à l'Ouest et à l'Est de l'Europe
(dans les pays de climat océanique, il
pénètre jusqu'à la limite boréale de la
zone tempérée), à l'Afrique du Nord , au
massif du Caucase, au Nord de l'Iran ~t
dans certains endroits en Chine. TI pousse,
en général, dans les forêts et les taillis
feuillus et grimpe assez haut dans les
montagnes. TI est vraisemblablement arri-
vé aux États-Unis avec les premiers co-
lons anglais.
C 'est une essence ligneuse très orne-
mentale, surtout à cause de ses feuilles
toujours vertes et bordées de dents épi-
neuses. La forme et la couleur de ses
feuilles sont très changeantes, la plupart
de ses cultivars dérivant justement de ces
différences. Les fleurs à 4 pétales s'ou-
vrent au mois de mai et elles sont agréa-
blement parfumées. Dès septembre, les
fruits du Houx commun commencent
à prendre une coloration rouge. Ces fruits,
des drupes à calice persistant et
à 4 noyaux, restent sur les petites branches
encore longtemps après le Nouvel An.
Le Houx commun est concurrencé,
dans l'hémisphère Sud, par un autre houx,
Ilex paraguariensis, dont les feuilles ser-
vent à préparer le maté, fameux thé du
Paraguay.
Le Houx commun est un arbre de
5 à 15 m, exceptionnellement de 25 m,
avec une cime pyramidale et .étroite.

feuille du cultivar à fe uilles


bariolées' Argenteo-marginata •

274
Célastracées
Celastraceae Celastrus scandens L.

La plupart des 150 espèces du genre


Celastrus vivent à l'Est de l'Asie et en
Australie. Mais Celastrus scandens est
originaire de l'Amérique du Nord où il
croît du Canada jusqu'au Dakota du Sud
et au Nouveau-Mexique.
Cette essence ligneuse est considérée
comme l'une des plus belles plantes grim-
pantes de l'Amérique du Nord . Mais pour
qu'elle donne sa pleine mesure ornemen-
tale, il faut la cultiver en groupe, afin
d 'être sûr d 'avoir des espèces mâles et
femelles. C. scandens est une liane avec
des feuilles alternes, caduques et dente-
lées. Ses fleurs, petites et jaune-vert se
forment en juin en panicules terminales.
Ensuite, apparaissent sur les spécimens
femelles les fruits jaunes et luisants. Ce
sont des capsules à trois compartiments
qui contiennent les graines avec des arilles
écarlates.
C. scandens est une essence ligneuse
extraordinaire qui pousse d'une manière
prolifique surtout sur les sols humides.
Dans les peuplements formés au bord de
l'eau , il grimpe très haut dans les cimes et
forme d'épaisses broussailles. Quand il
grimpe sur les conifères, il arrive à ies
étouffer. Il se multiplie très bien à partir
de semis, plus rarement par boutures. Son
système des racines est vigoureux et bien
développé, il aide à consolider les sols au
bord de l'eau Dans les jardins, on peut
l'utiliser en tant que couverture de pergo-
las, de murs ou de constructions diverses.
C. scandens est une liane grimpante qui
nécessite des supports, moyennant quoi
ses pousses peuvent atteindre 10 m et
plus.

les graines dans le urs arilles (après


la to m bée des capsules do rées)

275
Célastracées
Fusain d'Europe Celastraceae
Euonymus europaeus L.

Les Fusains d'Europe sont des essences


une petite branche
de E. verrucosus
ligneuses assez discrètes mais, néanmoins,
ils représentent des peuplements très dif-
férents du point de vue écologique. Ils
peuvent vivre aussi bien dans les sous-bois
des forêts feuillues ou mixtes que dans les
plaines humides et dans les peuplements
héliophiles des steppes. ns sont assez
fréquents dans les terrains déboisés, on
peut les trouver à la lisière des chemins et
des champs.
Le Fusain d 'Europe, appelé aussi Bon-
net d'évêque, est un arbuste à branches
retombantes, vertes dans leur jeunesse
puis brunes, quadrangulaires ou même
ailées. Ses feuilles opposées ont des lim-
bes simples ; elles mesurent au maximum
10 cm et sont lancéolées. Ses inflorescen-
ces d'aisselle sont formées, en général, de
3 à 9 fleurs blanc verdâtre et bissexuées.
Ses fruits sont des capsules carrées assez
caractéristiques qui renferment des grai-
nes dans leurs arilles orange.
Le bois des fusains est d'une utilité
générale. n est jaune, épais et dur. On
l'utilise pour la fabrication des outils, des
tuyaux de pipes et pour la sculpture sur
bois d'intérieur. Curieusement, le bois du
fusain détient presque le monopole, sur-
tout en Europe méridionale et centrale,
de la fabrication des cure-dents. On l' utili-
sait dans le temps aussi pour la fabrication
des chevilles de cordonniers et pour les
fusains des peintres.
Le Fusain d'Europe pousse presque
partout en Europe, de la Grande-Breta-
gne jusqu'au centre de la partie européen-
ne de l'Union soviétique, jusqu'au Sud de
la Scandinavie, jusqu'à l'Asie Mineure et
au Sud du littoral de la mer Caspienne. Un
autre Fusain d'Europe, E. verrucosus se
caractérise surtout par l'écorce pleine des
verrues brun noirâtre sur ses jeunes
branches. C 'est une essence ligneuse hé-
liophile qui pousse plutôt à l'Est de
l'Europe d'où elle pénètre jusqu'à l'Italie,
dans les Balkans et, à l'Est, jusqu'à
l'Oural.
Les Fusains d 'Europe sont des arbustes,
hauts de 2 à 3 m, ou de petits arbres qui
une branche fle urie peuvent exceptionnellement atteindre
de E. europaeus
5 m de hauteur.

276
Célastracées
Ce.Lastraceae Euonymus sachalinensis (F.SCHMIDT)MAXIM.

Les Fusains sont des essences ligneuses


assez anciennes. Ainsi ils vivent presque
partout sur la terre, bien qu'on connaisse
un plus grand nombre d'espèces originai-
res de l'Est de l'Asie, surtout de Chine ;
une espèce est originaire d'Australie mais,
par contre, on n'en trouve pas en Améri-
que du Sud ni dans une grande partie du
continent africain. On les divise souvent
en deux sous-genres : Euonymus et Kalo-
nymus qu 'on peut distinguer dès le pre-
mier coup d 'oeil par la longueur de leurs
bourgeons. Les bourgeons des premiers
sont plus petits, ovoïdes et leurs fruits sont
exceptionnellement ailés (voir le Fusain
d'Europe), tandis que les bourgeons des
seconds sont très grands, prolongés, poin-
tus et leurs fruits sont en général ailés.
E. sachalinensis et E. latifolius de l'Eu-
rope du Sud sont des représentants typi-
ques du sous-genre Kalonymus. E. sacha-
linensis fut décrit à partir de l'île Sakhali-
ne, mais il pousse aussi au Japon, sur la
presqu'île de Corée et au Nord de la
Chine. C'est une essence ligneuse vivace,
ses feuilles ovoïdes et opposées, longues
de 8 à 12 cm, ont de grands pétioles lisses.
Ses fleurs vont par 5, comme ses fruits, qui
ne sont qu'apparemment ailées, rouge
foncé. TI pousse bien même en dehors de
sa zone de distribution d'origine. Il s'accli-
mate très vite et régénère bien. Il a été
introduit en Europe en 1892.
E. latifolia croît naturellement au Sud
de l'Europe, en Asie Mineure et, depuis
1730, on le cultive également en dehors
de cette zone. TI ressemble beaucoup
à E. sachalinensis qui n'était à l'origine
considéré que comme une de ses varient es
(E. latifolius var. sachalinensis).
Ces fusains sont des arbustes vigoureux,
hauts de 2 à 4 m, qui conviennent pour la
formation de haies libres.

277
Rhamnacées
Nerprun Rhamnaceae
Rhamnus catharticus L.

Les vrais Nerpruns du genre Rhamnus


(qui compte environ 150 espèces originai-
res pour la plupart de l'Est de l'Asie) ont
des bourgeons protégés par des écailles et
leurs fleurs sont partiellement dioïques,
unisexuées, tétramères. Habituellement,
il fleurit en juin. Ses fruits sont des drupes
noires à quatre noyaux. Ses feuilles cadu-
ques ont de 3 à 4 paires de veines latérales,
elles sont plus ou moins opposées, dentées
sur la circonférence des limbes. Ses petites
branches se terminent parfois par des
épines pointues.
La patrie du Nerprun est l'Europe et les
pays avoisinants, à l'Ouest et au Nord de
l'Asie. Grâce à ses propriétés médicinales,
le Nerprun compte parmi les plantes
cultivées depuis des temps immémoriaux,
les colons l'ont même apporté très tôt sur
le territoire de l'Amérique du Nord où il
s'est naturalisé. En Europe, il pousse sur
les versants rocheux et ensoleillés, dans
les sous-bois et sur les plaines, dans les
forêts claires, mais aussi dans les taillis
bordant les cours d'eau .
La médecine populaire utilise les fleu rs
et surtout les fruits du Nerprun comme un
laxatif léger, moins violent que la Bour-
daine. Ses fruits étaient aussi utilisés
comme matière colorante par les teintu-
riers. Le jus de ses fruits produit, après
qu'on y a ajouté de l'alun, un colorant vert
foncé . Pourtant, quand on mâche ses
fruits mûrs, la salive se teinte de bleu
jusqu'à brun foncé , tandis qu'en mâchant
les drupes de la Bourdaine très voisine, la
salive devient vert-brun.
Le Nerprun n 'est pas trèsomemental ni
par son aspect ni par ses détails. Il est
pIesque absent dans la composition des
jardins, mais c'est une essence ligneuse
assez convenable pour les arrangements
des terrains agricoles.
Le Nerprun est un arbuste haut de
3 à 5 m, à cime irrégulière.

278
Rhamnacées
Rhamnaceae Bourdaine
Frangula alnus MILL.

Beaucoup de botanistes rattachent la


Bourdaine aux autres Rhamnacées, dans
le même genre, Rhamnus. Pourtant, eUe
en diffère par plusieurs traits: ses bour-
geons sont nus et ses fleurs, régulières et
bissexuées, fleurissent à la fin du mois de
mai et en juin. Ses fruits sont des drupes
noires avec trois noyaux à graines uni-
ques. La plupart des bourdaines est d'ori-
gine américaine.
Mais la Bourdaine, appelée parfois
aussi Nerprun des teinturiers, est très
répandue en Europe, à l'Ouest de l'Asie
et en Afrique du· Nord. C'est une essence
ligneuse des sous-bois qui croît aussi bien
dans les peuplements forestiers de
feuillus et de conifères qu 'à la lisière des
bois et des sous-bois bordant des cours
d'eau. EUe pousse aussi bien en plaine
qu'en montagne. Parfois, eUe occupe
spontanément les clairières et devient
ainsi une essence ligneuse parasitaire des
forêts, difficile à éliminer. Ses feuilles sont
alternes, à pleins bords, qui possèdent de
6 à 8 paires de veines latérales.
La Bourdaine est une essence ligneuse
médicinale très ancienne, utilisée jusqu'à
nos jours même par la médecine moderne.
On récolte l'écorce de ses jeunes branches
et on la fait sécher pour obtenir une
substance médicale. EUe contient environ
7 % de dérivés d'anthracène, des flavo-
nes, des matières tannantes, des cires, des
matières minérales. On y trouve des traces
d'au moins 6 matières azotées, etc. Cette
matière est un laxatif très puissant, mais il
ne faut pas l'utiliser fraîche. Avant utilisa-
tion, il faut la stocker au moins une année
ou il faut la faire chauffer au moins une
heure à 100 oC, sinon eUe provoque des
vomissements. Plus rarement, on utilise
les fruits de la bourdaine qui sont 12 fois
plus puissants.
En Amérique du Nord, on obtient les
mêmes effets en utilisant une autre bour-
daine, Frangula purshiana.
La Bourdaine est un arbuste à brancha-
ge irrégulier, haut de 3 a 7 m, très
important comme élément de la forma-
tion du paysage et pour l'industrie ph ar-
maceutique .

279
Vitacées
Vigne Vitaceae
Vitis vinifera L.

Le genre Vitis compte environ 60 espèces


qui vivent sur l'hémisphère boréal, en
majorité dans sa zone tempérée. Ce sont
des essences ligneuses sarmenteuses à sar-
ments ramifiés qui se forment toujours en
face des feuilles alternes, lobées sur de
longs pétioles. Les sarments poussent, en
général, suivant un certain rythme, et ils
manquent régulièrement en face de cha-
que troisième feuille. Ses fleurs régulières
forment des panicules épaisses qui fleuris-
sent pendant les mois de mai et juin. Les
calices des fleurs sont pentalobés, les
pétales de périanthe sont jaune verdâtre
mais, généralement, ils tombent pendant
la floraison. Les fruits sont des baies, le
raisin.
TI est bien difficile de trouver les origi-
nes de cette plante qui accompagne
l'homme dans son histoire depuis telle-
ment longtemps. L'une des hypothèses
place ses origines dans le massif du Cauca-
se, l'autre cherche son berceau dans la
péninsule ibérique, une autre encore en
Turkménie. Les empreintes fossiles dans
les différentes couches géologiques prou-
vent que ces plantes ont vécu dans la
période tertiaire beaucoup plus au nord
qu'aujourd'hui. Vitis vinifera ssp. sylves-
tris est généralement considérée comme
l'ancêtre des vignes d'ornement, tandis
que l'espèce V. vinifera est considérée
comme ayant engendré les vignes de
culture.
Les vignes de culture ont toujours des
fleurs bissexuées; les vignes rustiques,
par contre, unisexuées, forment des plan-
tes mâles et femelles.
Les grappes, ou plutôt les baies, des
espèces rustiques ont toujours 3 graines,
tandis que les baies des espèces cultivées
n'en ont que 2, tout au plus. Au cours des
millénaires, on a réussi à former déjà de
2000 à 5000 cultivars de vignes de culture.
La Vigne est une liane sarmenteuse
avec des sarments et des tiges qui peuvent
atteindre des longueurs de plusieurs dizai-
nes de mètres. Mais en culture, on ne la
cultive, on général, que dans sa .forme
courte.

280
Vitacées
Vitaceae Vitis coignetiae PLANCH .

De même que la gloire de la vigne de


culture est fondée sur ses fruits, la renom-
mée de la vigne d 'ornement, V. coignetiae,
se base sur la grandeur de ses feuilles et
sur leur effet de couverture. Cette vigne
d'ornement compte parmi les vignes les
plus résistantes aux gelées. Elle est d 'un
port majestueux et, en automne, ses
feuilles deviennent écarlates, ce qui lui
avait valu la dénomination horticole de
, Crimson Glory Vine '. Cette vigne, qui
immortalise le nom de madame Coignet
de Lyon, est originaire du Japon et on la
cultive depuis 1875.
Ses feuilles sont peu ou pas lobées,
ovoïdes, longues de 25 cm. Leur face
inférieure est couverte de poils rouille.
Elle fleurit en juin. Ses inflorescences ne
diffèrent pas trop de celles des autres
vignes. Ses fruits, petits, ne sont pas bons
à manger. Les botanistes cherchent depuis
longtemps déjà l'origine des sarments de
la vigne. En se basant sur une note
d'Albert Magne qui date du XIIIe siècle,
nombre de botanistes supposent qu'il
s'agirait d'une inflorescence transfor-
mée ! Cette transformation aurait pu se
produire lors d'un bouleversement clima-
tique vers un climat plus froid et plus
humide où dominaient les forêts . Les
Vignes héliophiles ne survécurent qu'en
grimpant dans les cimes des arbres. Alors,
les inflorescences n'avaient plus aucune
possibilité de remplir leur fonction d 'ori-
gine et, ainsi, leurs rameaux se seraient
transformés en sarments.
Dans les milieux humides, à côté de
V. coignetiae, aussi une espèce nord-amé-
riciane trouve sa place: V. riparia qui
grimpe sur les essences ligneuses au bord
des ruisseaux et des petites rivières.
Cette vigne d'ornement est une liane
grimpante avec des sarments drageon-
nants et tortueux qui peuvent atteindre,
comme ses tiges, plusieurs mètres.

fe uille de V. riparia

281
Vigne vierge vraie Vitacées
Vitaceae
Parthenocissus quinquefolia (L.) PLANeH.

Le classement des lianes du genre Parthe-


nocissus parmi les vignes dépend du point
de vue adopté. La logique les range dans
la famille des Vitacées à cause de plusieurs
points communs, mais la pratique refuse
un tel classement. On l'appelle parfois
vigne sauvage car elle n 'est d 'aucune
utilité.
Pourtant, La Vigne vierge reste un bon
serviteur de l'homme. C 'est une essence
ligneuse excellente pour agrémenter les
haies, les bords de l'eau et les pergolas.
Ses feuilles alternes et caduques, formées
par de petites feuilles sur de longs pétio-
les, peuvent atteindre 10 cm de long et
deviennent rouge foncé en automne. Ses
sarments, avec 5 à 12 ramifications, ne
sont vraisemblablement que de petites
branches transformées. En l'absence de
supports, la Vigne vierge vraie peut être
une bonne essence ligneuse de couverture
du sol, surtout sur les remblais et sur les
haldes. En de tels endroits, elle se natura-
lise souvent. Elle est originaire de l'Amé-
rique du Nord, plus précisément de la
région située entre la Nouvelle-Angleter-
re, la Floride, l'Ohio et l'lllinois. On la
cultive depuis 1622.
Ses fleurs sont régulières, organisées en
inflorescences paniculaires qui se forment
toujours à l'opposé de la feuille . Ses fruits
sont des globules noir bleuté.
En Europe, on utilise depuis 1862 le
Lierre japonais (Parthenocissus tricuspi-
data) comme essence ligneuse de couver-
ture de murs, clôtures et façades de
maisons. Il a des feuilles pleines qui vont
par trois et sont très luisantes. En ·autom-
ne, elles prennent une coloration rouge
bien apparente. Ses sarments ont des
suçoirs (haustorium) fonctionnels qui leur
permettent de s'accrocher à leur support .
Il est originaire du Japon et du centre de
des feu illes de P. tricuspidata
la Chine.
Ce sont des lianes sarmenteuses grim-
pantes, dont la longueur varie en fonction
de celle du support.

silho ue tte de P. tricuspidata


silho uette de P. quinquefolia

282
Oléacées
Oleaceae Lilas commun
Syringa vulgaris L.

Les Lilas sont, en général, des essences


ligneuses à feuilles caduques. La plupart
de ses 30 espèces vivent en Asie; quel-
ques-unes habitent le Sud-Est de l'Euro-
pe. Parmi elles, le Lilas commun est
peut-être l'espèce la plus cultivée dans les
parcs et les jardins : en Angleterre, depuis
plus de trois siècles et en Europe occiden-
tale, depuis 1563 très probablement. De
plus, dans le Sud-Est de l'Europe, il est
sûrement cultivé depuis plus longtemps
encore du Sud-Est de la Hongrie et de la
Roumanie jusqu'en Asie Mineure en pas-
sant par la Bulgarie, la Serbie et la
Macédoine. En Asie Mineure, il est égale-
ment mentionné comme un élément natu-
rel de la flore. L'ancienneté de sa culture
rend encore plus difficile la détermination
de sa vraie zone d'origine. Les espèces de
Lilas commun les plus anciennes ne diffé-
raient que très peu des espèces rustiques:
elles se caractérisaient par l'importance
de leur système de racines qui bourgeon-
naient, formant ainsi de grands ensembles
à partir d'un seul exemplaire ramifié, un
polycormone ou un clone. Les Lilas
communs ont conquis très tôt la faveur des
horticulteurs européens et américains,
grâce surtout à leur parfum très agréable.
C'est en France qu'on les apprécie le plus.
La couleur violette des lilas compte
aujourd'hui parmi les couleurs classiques
de ces fleurs, bien qu'on ait déjà obtenu
par la culture et par des croisements divers
des variétés bleues, rouges et blanches.
Les plus récentes sont les variétés à fleurs
jaunes. Ces cultivars ont été le plus
souvent obtenus par bouturage. Le Lilas
commun, ainsi que ses variétés, ses hybri-
des et ses cultivars, fleurissent dès les 10
premiers jours du mois de mai, suivis par
les autres lilas, surtout les espèces asiati-
ques. Parmi les derniers à fleurir, men-
tionnons le lilas originaire de l'Extrême-
Orient, Syringa amurensis, qui n 'a pas un
parfum très agréable.
Les Lilas sont des arbustes hauts de
4 à 5 m ou des arbres de petite taille.

silho ue lle de S. H i/garis

283
Oléacées
Forsythia Oleaceae
Forsythia suspensa (THuNB.) VAHL

Aujourd'hui, les Forsythias, ongmaires


du Sud de l'Asie sont, en Europe, les
hérauts infaillibles du printemps.
Le Forsythia F. suspensa est le premier
qui ait été décrit scientifiquement ; sa
première description se trouve dans le
livre Flora Japonica, mais l'auteur, Thun-
berg, le confondit toutefois avec Syringa
suspensa. A la suite de cette erreur, il fut
classé parmi les Lilas et considéré comme
faisant partie de la flore japonaise. Origi-
naire de la Chine, il fut longtemps cultivé
a u Japon. En Europe, il ~paraît pour la
première fois aux t!nvirod§ de 1833 (aux
Pays-Bas) ; on le trouve é~ment en
Angleterre dix-sept ans plus tard. A cette
époque, les Anglais découvrirent une
autre espèce chinoise, F. viridissima. De-
puis, les Forsythias comptent parmi les
essences ligneuses cultivées dans les parcs
et les jardins de nombreuses villes, notam-
ment à Berne et à Gottingen. Ils se
multiplient très bien par bouturage ou
marcottage. Les deux villes citées sont
considérées comme le berceau de l'espèce
hybride de deux Forsythias chinoises le
plus souvent cultivée : F. x intermedia.
Le Forsythia est un arbuste à branches
longues, drageonnantes et retombantes
aux extrémités. Il a des feuilles caduques,
alternes, en général trifoliolées ; ses peti-
tes branches se révèlent creuses à la
coupe. Ses fleurs se forment sur les
pousses de l'année précédente, dans l'ais-
selle des brachyblastes, avant l'apparition
des feuilles ; elles sont isolées ou bien
disposées par 2 ou par 3. Elles sont
bisexuées, régulières, avec un petit calice
et unç. couronne en forme de clof be,
profondément divisée. Elles fleurissefit en
mars et en avril. Le fruit est une capsule.
silho ue tte de F. x intermedia Les petites branches de F. x intermedia et
de F. viridissima sont remplies d'une
moelle non compacte et compartimentée.
Les feuilles du premier sont simples ou
trilobées. Le Forsythia ne possède que des
feuilles simples et ses branches sont dres-
sées.
Ce sont des arbustes hauts de 2 à 4 m. Il
s'agit d'essences ligneuses peu exigeantes,
ayant une période de floraison favorable ,
silho uette de F. suspensa
qui ont une grande capacité de couverture
pendant toute la durée du cycle végétatif.

284
Oléacées
Oleaceae Frêne
Fraxinus excelsior L.

Le Frêne commun est une essence ligneu-


se fondamentale des forêts européennes.
Il fait partie des formations qui aiment
l'humidité, comme les mélanges de
peupliers et d'ormes, il forme aussi des
peuplements dans les vallées avec des
peupliers, des aulnes et d'autres espèces
qui vivent près des cours d'eau. Mais il
s'adapte si bien qu'il · est capable de
monter dans les autres peuplements
comme, par exemple, dans les forêts sur
des sols rocheux. Sa croissance vigoureuse
et la qualité de son bois sont, à l'origine de
sa culture en dehors des forêts, souvent
même sur les vestiges d 'anciennes demeu-
res. Ainsi , les peuplements de Frênes
restent-ils les seuls témoins de l'ancienne
présence humaine en certains endroits.
Les Frênes sont des essences ligneuses
vigoureuses qui bourgeonnent assez tard.
Ils ont des petites branches ovales qui
portent des bourgeons d'hiver d'un noir
velouté. Ses feuilles composées, impari-
pennées et caduques sont opposées ; elles
ont de 4 à 7 folioles en petites feuilles
sessiles, fortement dentées sur leur cir-
conférence. Les fleurs sont sans périan-
the, soit bissexuées, soit différenciées en
mâles et femelles. Les fleurs femelles
possèdent parfois un périanthe rabougri.
Ils fleurissent en avril ou en mai, en
général avant la formation des feuilles .
Leurs fruits, les samares ailées, se forment
très tôt après la fécondation, mais elles
persistent sur l'arbre jusqu'à l'automne.
Leurs feuilles contiennent des sucres et
des essences naturelles. On les utilise en
infusion comme préparation laxative et
diurétique; elle est prescrite pour les
maladies rénales et les rhumatismes. Son
écorce était utilisée comme un succédané
de la quinine contre les fièvres. Le bois de
frêne est remarquable surtout pour sa
flexibilité, on l'utilisait pour la fabrication
des carrosseries, des carrosses et des
premières voitures à moteur, mais aussi
pour les skis.
Les Frênes sont des arbres hauts de 30
à 40 m. La cime est large chez les arbres
isolés, étroite et haute dans les peuple- les akè nes
ments groupés. C'est une essence ligneuse
importante pour la formation des pay-
sages. les bour geons en hiver

285
Oléacées
Frêne à fleurs Oleaceae
Fraxinus ornus L.

Le Frêne à fleurs ne doit son nom qu'au


fait que les fleurs des autres frênes ,
notamment du Frêne commun, sont
considérées comme insignifiantes, tandis
que les siennes, bissexuées, possèdent non
seulement un calice à 4 sépales (long
d'environ 1 mm), mais aussi de 2 à 4 pé-
tales corollaires blancs, hachurés, longs
jusqu'à 15 mm. Les grandes inflorescen-
ces, formées à partir de plusieurs fleurs,
décuplent cet effet et le Frêne à fleurs se
présente à la fin du mois de mai comme
enveloppé d'un nuage blanc. Ses inflores-
cences cachent même pendant une courte
période ses feuilles pourtant déjà for-
mées. Elles sont composées, caduques et
imparipennées, opposées (parfois singu-
lièrement longues, jusqu'à 30 cm) et elles
ont moins de folioles que les feuilles du
Frêne commun (de 3 à 4). Ses bourgeons
gris argenté et duveteux présentent, en
hiver, un trait de différenciation caracté-
ristique.
Le Frêne à fleurs est une essence
ligneuse du Sud de l'Europe qui pénètre
jusqu'à l'Asie Mineure; en Europe cen-
trale, il ne vit que sur les endroits les plus
chauds. li est cultivé au moins depuis le
XVIIIe siècle et on dit qu 'il fut introduit
aux États Unis en 1700.
Le jus de sa résine, desséchée à l'air
libre, forme une manne, sorte de médica-
ment utilisé en pédiatrie pour son goût
sucré et ses légères propriétés laxatives.
Cette manne est obtenue à partir de
coupes superficielles de leur tronc.
On ne doit pas confondre cette manne
avec la manne arabique obtenue à partir
du Tamaris (Tamarix manni[era) , ni avec
la manne biblique des Hébreux consom-
mée pendant le voyage en Egypte, obte-
nue peut-être à partir d' un lichen (Sphae-
rothallia esculenta), ni enfin, avec la man-
ne de la population européenne du Moyen
Age, obtenue à partir de la plante herba-
cée aquatique, Glyceria [luitans.
Le Frêne à fleurs est un arbre moyen,
qui peut mesurer jusqu'à 20 m de hau-
les bourgeons en hiver teur, à cime sphérique qu 'on peut utiliser
dans les régions chaudes, pour les compo-
sitions de jardins.

286
Oléacées
Oleaceae Frêne rouge
Fraxinus pennsylvanica MARSH.

Bien que l'Europe n'accueille que deux


espèces de Frênes qui y vivent spontané-
ment, les autres parties de l'hémisphère
Nord sont un peu plus riches. Au Nord du
Mexique, vivent entre 15 et 17 espèces de
frênes assez proches et semblables. Les
plus significatifs sont les frênes dits blancs
et rouges.
Le Frêne rouge (F. pennsylvanica) croît
naturellement sur le territoire qui s'étend
de la Nouvelle-Écosse au Manitoba et au
Sud jusqu'à la Géorgie, l'Alabama et au
Missouri. C'est une espèce assez variable,
ses principaux traits de différenciation
sont ses petites branches duveteuses. Ses
feuilles ont de 7 à 9 petites feuilles
à pétioles courts. Elles sont longues,
lancéolées et dentées en vrille ou pleines.
La face inférieure des feuilles est sans
papilles. Les bourgeons terminaux sont
pointus et les latéraux ronds: tous sont
duveteux et de couleur rouille. Ses fleurs
sont dioïques, bien que nous puissions
parfois trouver, par exception, aussi des
fleurs bissexuées sur le même arbre. Les
ailes des akènes convergent jusqu'au mi-
lieu du fruit.
Le Frêne blanc (F. americana) a des
feuilles et des petites branches glabres.
Ses feuilles sont papilleuses sur l'envers;
le bourgeon terminal est obtus et les
bourgeons latéraux sont trilatéraux et
pointus. L 'aile de l'akène ne converge pas
vers le bas. Le Frêne blanc est originaire
du territoire qui va de la Nouvelle-Écosse
et du Minnesota jusqu'à la Floride et au
Texas. On le cultive depuis 1724 et le
Frêne rouge depuis 1783.
Les deux principaux frênes d'Amérique
sont des espèces assez proches qui regrou-
pent toute une série de taxons à l'intérieur
du genre. On les multiplie exclusivement
à partir des graines, mais on multiplie
leurs cultivars, comme F. pennsylvanica
, Aucubaefolia ' avec des feuilles tachées
et multicolores, par bouturage.
Les Frê nes rouges sont des arbres élan-
cés qui peuvent mesurer 20 m de haut.
Quant aux Frênes blancs, ils peuvent
atteindre jusqu'à 40 m de hauteur.
bourgeons de
F. biltmoreana .
en hiver feuille de F. biltmoreana

287
Jasmin d'hiver Oléacées
Oleaceae
Jasminum nudiflorum LINDL.

Le Jasmin est connu surtout comme une


. source d'essences naturelles agréable-
ment parfumées qui servent aussi bien en
cosmétologie que pour parfumer les thés.
On utilise à cet effet surtout les fleurs des
Jasmins de l'Est et du Sud de l'Asie
(J. sambac, J. grandiflorum, J. odoratissi-
mum et enfin J. officinale d'Iran). Le
genre Jasminum est assez riche en
espèces: environ 200 d'entre eUes vivent
dans les zones tropicales et subtropicales
du Vieux Monde, en Australie et en
Micronésie et dans la zone méditerra-
néenne. Une espèce vit même au Pérou,
en Amérique du Sud.
Les Jasmins qui aiment les climats
chauds ont quand même réussi à pénétrer
dans les jardins européens et américains
situés plus au nord. Le premier fut proba-
blement J. fruticans, introduit vers 1750.
C'est un arbuste toujours vert ou semi-dé-
ci du à feuilles alternes. Plus tard,
peut-être au début du xrxe siècle, il fut
suivi par d'autres espèces. Bien sûr, on ne
peut pas compter dans ce nombre le
Jasmin blanc (J. officinale), originaire du
Proche-Orient, qui est une plante de
culture depuis l'Antiquité. Le Jasmin
d'hiver est intéressant non seulement par
sa relative résistance au froid mais surtout
par son époque de floraison (de décembre
à mai). Ses fleurs sont jaunes. C'est un
arbuste décidu qui drageonne en balai.
Ses branches sont vertes et angulaires, ses
feuilles à 3 folioles sont disposées en
contre-plan. Originaire de la Chine, il est
cultivé peut-être depuis 1844. Étant don-
né sa faible résistance aux froids, on
recommande de couvrir au moins ses
racines pendant l'hiver (la terre en surfa-
ce) et de choisir pour le planter des
endroits bien protégés près des murs au
Sud ou au Sud-Ouest. Toutefois, il
reprend bien même après une forte gelée.
C'est une essence ligneuse à branches
arquées. Sans support, eUe peut devenir
rampante, ses drageons pouvant atteindre
une longueur de 3 m.

288
Oléacées
Oleaceae Troène
Ligustrum vulgare L.

Les Troènes sont des arbustes caducs


aussi bien que semper virens ou semi-ca-
ducs avec des feuilles à bords unis qui ont
un court pétiole. Ses fleurs bissexuées
forment des inflorescences qui rappellent
par leur forme les petites fleurs des lilas.
Les fleurs à 4 pétales sont tubulaires et,
après la période de la floraison (juin,
juillet), elles sont suivies par la formation
de globules noirâtres.
Le Troène est une essence ligneuse qui
aime les climats chauds. TI croît le plus
souvent sur les sols calcaires et les versants
ensoleillés dans les peuplements des chê-
neraies ou sur les plaines en compagnie
des épines-vinettes, pratiquement partout
dans les zones européennes plus chaudes,
mais aussi en Grande-Bretagne et en
Afrique du Nord. La plupart des autres
espèces de troènes (environ 50) est origi-
naire de l'Est et du Sud-Est de l'Asie, ainsi
que d 'Australie.
On avait décelé dans les tissus des
troènes la présence du glucoside
ligustrin ; aux États-Unis, on avait ob-
servé des empoisonnements chez les che-
vaux qui avaient mangé des troènes en
grande quantité. TI n'est donc pas exclu
que leurs globules puissent être dange-
reux, surtout pour les enfants. En revan-
che, ils sont inoffensifs pour les oiseaux
qui sont des agents actifs de dissémination
des Troènes dans le paysage. En culture,
on multiplie le Troène par seIt;lis et par
bouturage. Le Troène est peut-être l'es-
sence ligneuse la plus appropriée pour la
formation de haies, car on peut le tailler et
le former à souhait. C'est peut-être aussi
la raison pour laquelle il fut rapporté par
les premiers pionniers qui exploraient le
Nouveau Monde. Le Troène est aujour-
d'hui considéré comme naturalisé dans
l'Est des États-Unis.
Le Troè ne est un arbuste qui croît
librement, de 2 à 5 m de haut. C'est une
essence ligneuse peu exigeante, qui
convient pour la formation de haies.

289
Eléagnacées
Olivier de Bohême Eleagnaceae
Eleagnus angustifolia L.

L'Olivier de Bohême est une plante de


culture très ancienne, cultivée surtout
dans le massif du Caucase et en Asie
centrale. Bien que ce ne soit pas une
essence ligneuse fruitière de premier plan,
elle jouait dans le passé un rôle très
important: dans le temps où le transport
était assuré par les caravanes, ses fruits
représentaient une nourriture très impor-
tante dans les régions désertiques ou
semi-désertiques d'Asie. Ses fruits
contiennent environ 10 % d'albumines,
des glucoses, des fructoses et des matières
minérales. Ses feuilles contiennent de la
vitamine C. Pour voyager, on emportait
ses fruits séchés (comme les dattes ou les
olives) qui supportaient ainsi le transport
sans se détériorer. Leur pulpe farineuse
servait à la préparation de potages, de
bouillies et de gâteaux (pain d'épice). Ces
mêmes fruits servaient également à la
préparation de médicaments qui réglaient
les difficultés de l'appareil digestif. On les
utilisait aussi pour la distillation des al-
cools. Son bois, le seul dans une zone sans
forêts, servait à la fabrication d'outils et
d'instruments de musique. Ses fleurs sont
toujours utilisées en cosmétologie.
L'Olivier de Bohême est un arbre assez
bas avec des feuilles alternes vert argenté
et avec des petites fleurs qui se fonnent
dans les aisselles des feuilles. Les fleurs
à 4 pétales dégagent une odeur intense
peu agréable pour certains. Ses fruits sont
de fausses drupes. Son aire de distribution
naturelle va du Sud de l'Europe jusqu'à la
Chine et l'Himalaya. TI est aussi cultivé en
Europe occidentale et en Angleterre de-
puis le XVIe siècle. C'est une essence
ligneuse très résistante à la sécheresse et
aux basses températures, ainsi qu'aux
émissions nuisibles. Elle est aussi assez
tolérante à la concentration des sels dans
les sols. L'Olivier de Bohême est fécond
dès sa prime jeunesse (dès l'âge de quatre
à six ans), il vit de soixante à quatre vingts
ans, parfois jusqu'à cent ans.
L'Olivier de Bohême peut être soit un
arbuste à tronc épais, soit un arbre bas de
7 à 10 m de hauteur. C'est une essence
ligneuse fruitière très ancienne qui peut
être utilisée aussi dans la composition des
jardins, à cause de ses feuilles argentées.

290
Eléagnacées
Eleagnaceae Argousier
Hippophaë rhamnoides L.

La valeur de l'Argousier dépasse l'image


populaire de cet arbuste. Dans plusieurs
pays, surtout ceux de la Baltique, on louait
en particulier la capacité extraordinaire
de son système des racines qui solidifie
bien les sols sablonneux du littoral: dans
d 'autres pays, on l'utilisait en premier lieu //
comme élément de valeur dans les compo-
sitions des jardins (en Prusse et en
Pologne) ; ailleurs, bien que plus rare-
ment, on l'apprécie pour le goût et la
valeur pharmaceutique de ses fruits.
L 'Argousier est un arbuste buissonnant
à feuilles caduques, alternes, vert argenté
et hachurées. Ses branches et ses rameaux
sont épineux. L'Argousier est une plante
dioïque. Ses fleurs se forment sur les
pousses de l'année précédente, en grap-
pes courtes. La vrille des inflorescences
femelles peut ensuite se transformer en
épine ou en ramule raccourci. Les inflo-
rescences mâles tombent. Ses fleurs sans
corolles vont par deux. Ses fruits sont des
globules luisants de couleur orange; pour
les obtenir, il faut cultiver des plantes
mâles et femelles à proximité les unes des
autres.
Les fruits contiennent des acides orga-
niques, du glucoside quercitine, de la
vitamine C en grande quantité et de la
provitamine A : 1 kg de fruits frais
contient environ 200 doses quotidiennes
nécessaires à un adulte. C'est en septem-
bre que ses globules contiennent le plus de
vitamine C.
La composition florale des jardins utili-
se non seulement son feuillage argenté et
son allure générale, mais elle se base aussi
sur l' utilisation de ses variétés récentes
à grands fruits abondants.
L'Argousier est très répandu en Europe
et en Asie, il croît dans le massif de l'Altaï,
au Nord et à l'Ouest de la Chine, au
Nord-Ouest de l'Himalaya. Il se multiplie
par semis et par bouturage.
C'est un arbuste à port dressé, ou bien
un petit arbuste qui peut atteindre de
3 à 10 m de hauteur.

291
Buddleia de David Buddléiacées
Buddleiaceae
Buddleia davidii FRANCHET

une branch e en Oeur de Le Buddleia de David ou Arbre aux


B. altemifolia
papillons est peut-être l'espèce la plus
populaire de son genre. L 'affection qu 'on
lui porte se retrouve aussi dans nombre de
noms populaires qu'on lui donne: Lilas
d'été, Lilas de l'Himalaya, et bien d 'autres
encore. L'association avec des Lilas trou-
ve sa justification non seulement par ses
feuilles également opposées, mais surtout
par ses panicules fleuries qui ont en
général aussi la couleur bleue des Lilas.
Les fleurs de l'Arbre aux papillons fleuris-
sent, à la différence des Lilas, en plein été,
à la fin du mois de juillet, encore plus
souvent en août et en septembre. Pour-
tant, les Arbres aux papillons n'ont aucu-
ne parenté proche avec les Lilas, bien qu'il
s'agisse de deux branches d 'évolution
assez proches.
Dans la nature, l'Arbre aux papillons
pousse au centre et à l'Ouest de la Chine,
à près de 3000 m d 'altitude. Le genre
a reçu son nom en hommage au botaniste
anglais, le révérend Adam Buddle d'Es-
sex. Une centaine d'espèces de Buddleia
vit, en général, dans les régions tropicale
et subtropicale de l'Amérique, de l'Asie et
en Afrique du Sud.
En dehors de l'Arbre aux papillons qui
a des fleurs pourpre lilas et des feuilles
alternes, on cultive aussi un autre Bud-
dleia à feuilles alternes (B. alternifolia)
qui supporte également le climat des
latitudes plus septentrionales. Ses fleurs
se forment en bouquets arrondis sur les
ramules de l'année précédente. Il fleurit
comme l'un des buissons les plus beaux,
déjà à la mi-juin.
Les Buddleias se multiplient très bien
par semis, boutures et marcottes. Après
les gelées, ils reprennent très vite à partir
de leurs racines.
C'est un arbuste à port dressé, formant
des rejetons (B. davidù), haut de 2 à 5 m
ou encore un arbuste plus bas, à branches
arquées (B. alternifolia). Ils conviennent
pour les plantations groupées dans les
.- parcs et jardins.

292
Caprifoliacées
Caprifoliaceae Sureau noir
Sambucus nigra L.

Le Sureau noir est une essence ligneuse


entourée d'une grande mythologie. Dans
de nombreux pays, il compte parmi les
plantes médicinales et de culte très an-
ciennes. Le Sureau noir vivait jadis à côté
de presque toutes les habitations et il
faisait l'objet de protections et de soins
qu'on lui prodiguait d'une génération
à l'autre. Il vit depuis si longtemps avec les
hommes qu'il est devenu aujourd ' hui une
plante anthropocentrique, un élément ré-
gulier des peuplements ruraux. On peut
considérer que son milieu d'origine est la
forêt fleurie et la frêneraie humide, amsi
que, d'une manière secondaire, le peuple-
ment des clairières et des lisières. Même
aujourd'hui, le Sureau noir continue
à proliférer, d'une façon intensive, dans le
paysage. On cultive, dans les plantations
spécialisées, ses variantes à grands fruits
utilisés par les conserveries. Le jus de ses
frujts atténue les migraines et les états
névralgiques; on recommande aussi les
infusions contre les refroidissements et les
maladies des voies respiratoires. La mé-
decine populaire utilise même ses feuilles
fraîches en compresses pour les appliquer
sur les plaies ouvertes. Le médicament
obtenu à partir de ses fleurs est un
sudorifique et un diurétique. Chez les
gens plus sell$ibles, les fruits consommés
en grande quantité peuvent provoquer
des semblants d'intoxication. On suppose
qu'ils contiennent également des clones
biochjmjques de composition différente
qui peuvent provoquer une réaction légè-
rement toxique.
Le Sureau noir est une essence ligneuse
auropéenne commune qui fleurit à la
mi-juin. Elle pénètre aussi jusqu'en Afri-
que du Nord et dans l'Ouest de l'Asie. Ses
feuilles caduques et alternes sont compo-
sées et imparipennées, opposées. Ses in-
florescences forment des ombelles plates
caractéristiq ues.
Le Sureau noir est un arbuste à port
dressé ou un petit arbre de 7 à 9 m de
hauteur, avec des branches penchées en
arcs. Dans l'ombre, il grimpe à la manière
des lianes jusqu'à la cime des arbres.

293
Caprifoliacées
Sureau à grappes Caprifoliaceae
Sambucus racemosa L.

Le Sureau à grappes diffère du Sureau


noir non seulement par la couleur de ses
fleurs qui sont rouges, mais surtout par la
cpnstruction de ses inflorescences, qui
forment des panicules en forme de cimes
composées généralement par trois étages,
larges à la base et rétrécissant vers le
sommet. Les ramules des inflorescences
portent des fleurs régulières, vert-jaune et
dioïques qui dégagent une légère odeur de
farine . Ses fruits , qui se forment à partir
des fleurs fécondées , sont des drupes
rouge vif qui renferment de 3 à 6 graines ;
ils arrivent à maturité assez tôt, d'habitu-
de avant la mi-juillet. Dans quelques
régions, les fruits de ce sureau prennent
une couleur rouge vif et on peut les
remarquer de loin. C'est la couleur de la
moeUe qui permet de les différencier,
même dans la période de repos végétatif :
la moeUe du Sureau noir est blanche et
ceUe du Sureau à grappes brun canneUe.
Le Sureau à grappes n'est pas aussi
répandu que le Sureau noir. C'est une
plante des forêts de montagne et des
rochers, un élément assez caractéristique
des peuplements des clairières et des
peuplements mêlés d'osiers et de sureaux
dans les régions subocéaniques de l'Euro-
pe et de l'Ouest de l'Asie. On le cultive
depuis 1596 ; on recense des cultivars
à feuilles finement découpées et à feuilles
variables. Ses graines contiennent la glu-
coside d 'amygdale qui peut provoquer des
empoisonnements chez les personnes sen-
sibles.
Le Sureau à grappes vient de connaître
une vague d 'expansion massive même en
basse altitude, surtout depuis la fin de la
Deuxième Guerre mondiale, car l'intro-
duction en Europe des matières combusti-
bJes fossiles (charbon, pétrole) supprima
le ramassage du bois mort en forêt ; les
gens s'en servaient pour se chauffer,
nettoyant par là-même les forêts.
C'est un arbuste à ramification irrégu-
lière, à branches arquées, haut de 2 à 3 m.

294
Caprifoliacées
Caprifoliaceae Boule-de-neige, Viorne obier
Vibumum opulus L.

La Boule-de-neige croît presque partout


en Europe, en partie aussi en Afrique du
Nord et dans l'Ouest de l'Asie, aussi bien
à la lisière des forêts feuillues de hêtres et
de charmes que dans les peuplements qui
accompagnent les petites rivières et autres
cours d 'eau.
C 'est un arbuste, parfois même un petit
arbre, qui a des feuilles opposées, cadu-
ques et lobées, ressemblant aux feuilles
d'érable. Les lobes des feuilles sont poin-
tus, dentés d ' une manière obtuse; les
feuilles sont glabres sur la face supérieure
et tomenteuse sur l'envers. Les fleurs
forment des inflorescences terminales peu
épaisses; les fleurs en marge sont plus
grandes (1 ,5 à 2 cm), blanches, mais
stériles ; elles donnent ainsi à l'ensemble
de l'inflorescence le caractère de la fleur
biologique (à comparer avec le genre des
(Hydrangea).
Des fleurs bissexuées situées au milieu
des inflorescences forment ensuite des
drupes à graine unique, d 'abord dures,
blanchâtres, avec une face rouge, puis
devenant entièrement rouges et molles.
La Boule-de-neige se multiplie par mar-
cottage ou bouturage.
A la suite de mutations qui ont eu lieu
dans un passé lointain, toutes ses fleurs
sont devenues grandes et stériles ; pour
qu'elles puissent garder leur place dans
l'inflorescence, cette dernière s'est trans-
formée et, à la place de sa forme plate
initiale, a pris la forme idéale d'une boule.
C'est ainsi qu'on a créé un cultivar très
ancien de cette viorne, le ' Roseum ' que
l'on appelle aussi Rose de Gueldre (V.
opulus var. sterile) (les Anglais la nom-
ment Snowball ; en Allemagne, elle est
connue sous le nom de Schneeball). Ses
inflorescences rappellent vraiment des
boules de neige. Ce cultivar se multiplie
dans les jardins de manière végétative.
En Amérique du Nord, vit une espèce
très semblable, Vibumum trilobum.
La Boule-de-neige est un arbuste haut
de 4 m ou un petit arbre buissonnant.

295
Boule-de-neige parfumée Caprifoliacées
Caprifoliaceae
Viburnum farreri STEARN.

Bien que l'explorateur et collectionneur


russe Potanine mentionne déjà l'existence
de V. farreri, aussi bien rustiques que
cultivés dans la province chinoise de
Can-tsu, en parlant de leur odeur, déjà en
1885, on pense que l'année de leur
introduction véritable date seulement de
1910.
Viburnum farreri compte, avec les Ha-
mamélis et le Jasmin d'hiver, parmi les
arbustes qui nous réjouissent par leurs
fleurs même au milieu de l'hiver. Les
fleurs de V. farreri résistent, en effet, aux
gelées jusqu'à - 10° et - 12 oC ;.quelque-
fois, elles commencent à fleurir déjà au
début du mois de novembre. Toutefois,
ses fleurs s'ouvrent en général dans la
période qui précède le printemps, en
février et en mars, (et elles dégagent
pendant les jours plus chauds et plus
humides une odeur surprenante), bien
avant l'apparition des premières feuilles.
Les boutons des fleurs sont roses tandis
que les fleurs deviennent après l'ouvertu-
re plutôt blanchâtres, organisées en inflo-
rescences qui forment des bouquets re-
tombants longs de 3 à 5 cm. Ses feuilles
caduques et opposées sont elliptiques,
longues jusqu'à 7 cm et leur base est
cunéiforme. Sur leur circonférence, on
remfU"que des dents triangulaires.
I:es genres primitifs des viornes comme
V. farreri se multiplient par semis. Les
graines doivent être stratifiées, puis on les
sème seulement à partir de la deuxième
année après la récolte. Les autres Viornes
peuvent être multipliées par marcottage
ou bouturage. V . farreri croît aussi bien
dans les endroits semi-ombragés, sous de
grands arbres, qu'aux les emplacements
ensoleillés où elle est plus parfumée et où
ses inflorescences croissent alors de façon
beaucoup plus compacte.
La Boule-de-neige parfumée est un
arbuste irrégulier, haut de 3 m, avec des
pousses annuelles luisantes.

296
Caprifoliacées
Caprifoliaceae Mancienne, Viorne
Viburnum lantana L.

Viburnum lantana est un arbrisseau avec


boutons d'hiver nus et son feuillage est, en
général, caduc. Ses jeunes pousses et ses
petites branches sont singulièrement
tomenteuses; ses feuilles sont largement
ovoïdes, légèrement cordiformes sur les
bases de leurs limbes, fortement dentées
sur leur circonférence. Les limbes ont la
face supérieure tomenteuse d 'une maniè-
re étoilée, les feuilles plus anciennes
pèlent; on trouve des pellicules en étoiles
également à l'envers des limbes qui appa-
raissent ainsi comme les jeunes feuilles
entièrement feutrées.
Les inflorescences sont terminales, en
forme des voûtes, mesurant jusqu'à 10 cm
de long. Les pétioles des fleurs sont
également feutrés. Elles fleurissent en
avril et en mai. Les fruits qui mûrissent
successivement changent peu à peu de
couleur, allant du vert au noir en passant
par le rouge. V. lantana tolère bien, grâce
à son habitus, les hautes températures.
C'est la raison pour laquelle elle pousse, le
plus souvent, sur les versants ensoleillés
en compagnie d 'autres arbustes. Elle croît
aussi dans les steppes boisées et dans les
hêtraies en Europe et dans l'Ouest de
l'Asie.
V. lantana est non seulement une essen-
ce ligneuse convenable pour les peuple-
ments des versants ensoleillés, mais elle
résiste en partie aussi à l'atmosphère
polluée, comme beaucoup d'autres essen-
ces ligneuses duveteuses. On l'utilise sou-
vent comme -porteur pour la multiplica-
tion végétale d 'autres viornes rares, Vi-
bumum carlesii, ou pour les cultivars.
Viburnum cariesii possède des fleurs
qui comptent parmi les plus odorantes de
toutes les essences ligneuses. Elle fleurit
en mai, en même temps que le Lilas
qu'elle surpasse par son parfum. Elle est
originaire de Corée. Elle fut introduite
aussi au Japon, puis en Europe, pour la
première fois en 1902, dans le jardin
anglais de Kew. Aujourd'hui, elle compte
parmi les Viornes les plus souvent culti-
vées.
V. lantana est un arbrisseau largement
ramifié, haut de 2 à 5 m. V. carlesii est un
arbrisseau compact, haut seulement de
1 à2m.

297
Viburnum rhytidophyllum HEMSL.
Caprifoliacées
Caprifoliaceae

Les Viornes représentent, après les chè-


vrefeuilles (du genre Lonicera), le genre
le plus nombreux de la famille des Capri-
foliacées (Caprifoliaceae). Plus de 120
espèces qui forment ce genre vivent en
Amérique centrale et en Amérique du
Sud, en Europe et en Asie. V . rhytido-
phyllum diffère beaucoup des autres vior-
nes. Elle représente bien la grande variété
du genre Vibl:tmum et sa large échelle des
formes. Ses feuilles vert foncé, longues,
ovoïdes et lancéolées peuvent atteindre
17 cm de longueur et leur face supérieure
est singulièrement ridée. Au revers, elles
sont réticulaires et feutrées, en général,
jaune-gris. Tant qu'elles ne gèlent pas,
eUes persistent sur l'arbrisseau pendant
plusieurs saisons. Aussi, dans le cas de V.
rhytidophyllum, semble-t-il plus appro-
prié de parler d'une essence ligneuse
semper virens plutôt que caduque. Ses
feuilles vert foncé représentent aussi sa
qualité la plus ornementale qui apparaît
en toute saison. C'est aussi l'argument le
plus utilisé pour sa culture, bien que ses
inflorescences en corymbes longs de 10
à 20 cm, formées de fleurs longues d'envi-
ron 6 mm, de couleur blanc-crème, soient
aussi décoratives. Les fleurs se forment
déjà en automne et les boutons hibernent
sur l'arbuste. Ses fruits sont des drupes un
peu aplaties, à graine unique, roses avant
leur maturité, puis noirâtres.
Son aire de distribution d'origine se
trouve au Nord et à l'Ouest de la Chine
d'où eUe fut introduite en Europe par
l'expédition de Wilson en 1900. EUe
fleurit pendant les mois de mai et de juin.
Ses fruits assez décoratifs arrivent à matu-
rité en septembre et octobre. En Tché-
coslovaquie, on a réussi à créer un hybride
attrayant, la Viorne de Prague ( Vibumum
x pragense) à feuilles étroites, qui dépasse
par ses qualités V. rhytidophyllum.
Cet arbrisseau, à port dressé et toujours
vert, peut mesurer jusqu'à 3 m de
hauteur.

298
Caprifoliacées
Caprifoliaceae Symphorine
Symphoricarpus albus (auct. non L.) BLAKE

A l'origine, la Symphorine ne vivait que


dans le Sud de l'Amérique du Nord, entre
la NouveUe-Écosse, l'Alberta, la Virginie
et le Minnesota. Son arrivée en Europe se
situe aux environs de 1879. Dans les
cultures européennes, eUe fut précédée
(depuis 1806 et, en Angleterre, depuis
1817) par sa variété vivant sur le littoral
occidental de l'Amérique du Nord, de
l'Alaska jusqu'à la Californie : la Sym-
phorine à grappes (Symphoricarpus albus
var. laevigatus). L'introduction des Sym-
phorines ne fut pas saluée seulement par
les oiseaux d'Europe (ses fruits blancs et
globuleux sont devenus une composante
régulière de leur nourriture d'automne),
mais surtout par les apiculteurs. Les Sym-
phorines .fleurissent très longtemps, de
juin à septembre. Leurs petites fleurs
rougeâtres forment des grappes termina-
les. Au contraire des Chèvrefeuilles très
proches, eUes sont régulières et ont des
drupes globuleuses à deux noyaux. Leurs
feuilles opposées sont en général ovoïdes,
soit à bords unis, soit sur les parties
avancées des petites branches singulière-
ment lobées.
Les Symphorines sont des arbrisseaux
d'une vitalité exceptionneUe, abondam-
ment drageonnants, qui forment des poly-
cormones étendus et épais. EUes se natu-
ralisent très facilement et deviennent
alors difficiles à éliminer. EUes se multi-
plient le pins facilement par division des
touffes ou par bouturage.
Le genre Symphorine (Symphoricar-
pus) possède, lui aussi, comme d'autres
essences ligneuses de la famille des Capri-
foliacées (Caprifoliaceae), des espèces vi-
vant aussi bien en Amérique du Nord
qu'en Asie. Toutefois, l'Asie n'abrite
qu'une seule espèce, S. sinensisqui n'a été
introduite en Europe qu'au début du XX e
siècle (en 1907, venant de la Chine).

299
Weigela Caprifoliacées
Caprifoliaceae
Weigela florida (BUNGE) De.

Les Weigelas vivent en Amérique du Nord


et dans l'Est de l'Asie. Les espèces nord-
américaines sont parfois séparées et grou-
pées en un genre indépendant, les Diervi/-
la et celles de l'Est de l'Asie, sous le nom
propre du genre, Weigela. Elles ont reçu
leur nom en hommage au professeur de
botanique allemand e. E. von Weigel, de
la ville de Greifswald (1748-1831) et
d'un chirurgien français, Dierville, qui, le
premier, avait introduit en France, en
1700, les arbustes des espèces nord-amé-
ricaines. Les différences entre ces deux
genres sont minimes: la douzaine d'espè-
ces originaires de l'Est de l'Asie (les
Weigela) forme des fleurs tubulaires,
presque régulières, tandis que les Diervi/-
la nord-américaines (environ 3) ont des
fleurs jaunâtres et symétriques. Leurs
fruits sont des capsules.
Weigela florida, originaire du Nord de
la Chine et de la Corée, est l'espèce la plus
souvent cultivée par les horticulteurs. On
la cultive depuis 1845.
Il pousse bien dans toutes les altitudes
bien qu'il puisse geler en certains endroits.
Il se multiplie mieux par bouturage d'été.
Depuis le dé,b ut de ses cultures, on a déjà
créé plusieurs cultivars qui ont des fleurs
tubulaires bien apparentes, surtout par
leur grandeur et par leurs couleurs qui
vont du rosé au rouge. Ses feuilles oppo-
sées sont en général glabres, longues de
5 à 10 cm, tomenteuses sur les veines
seulement. Elles sont les plus décoratives,
surtout sur les jeunes pousses (pousses
annuelles). Il fleurit pendant les mois de
mai et de juin et souvent refleurit à nou-
veau en septembre.
Les Weigelas sont des arbustes étendus,
à cime plus large que leur base, hauts de
2 à 3 m.

300
Caprifoliacées
Caprifoliaceae Chèvrefeuille des buissons
Lonicera xylosteum L.

Lonicera xylosteum est un arbuste à rami-


fication épaisse qui a des feuilles oppo-
sées, unies et tomenteuses de manière
sessile des deux côtés. Il pousse dans les
forêts européennes aussi bien dans les
chêneraies et dans les formations boisées
des steppes que dans les peuplements
boisés des plaines. Ses feuilles se forment
par deux dans les aisselles des feuilles, sur
des pétioles longs d'environ 2 cm. Il fleu-
rit en mai et en juin. Ses fruits sont des
globules rouges et luisants qui rappellent
les groseilles.
Le nom du genre Lonicera (chèvrefeuil-
le) fut proposé en hommage au médecin et
botaniste allemand, Adam Lonitzer, pro-
fesseur à Mayence (1528-)586) et son
qualificatif scientifique, xylosteum, rap-
pelle les q·u alités de son bois qui est assez
dur (xylon : bois et osteon : os).
Ses fruits semblables aux fruits du
Groseillier sont à l'origine d'empoisonne-
ments de nombreux enfants. Les empoi-
sonnements se manifestent par des vomis-
sements, des diarrhées, des douleurs sto-
macales, des troubles de la vision. Le
visage devient rouge, le pouls irrégulier et
la respiration profonde. Cependant, l'em-
poisonnement n'est pas mortel si on le
soigne. Toutefois, l'utilité des plantations
de L. xylosteum, surtout à proximité des
terrains de jeux est à reconsidérer.
Bien qu 'il soit aujourd'hui · assez en
faveur parce qu'il tolère bien une atmos-
phère polluée comme les autres espèces
étrangères de son genre, on ne connaît pas
encore bien ses processus chimiques, si
bien qu 'un danger potentiel n'est pas
exclu.
Dans les forêts feuillues, surtout dans
les hêtraies, pousse aussi L. nigra, très
ornemental, qui produit des fruits violacés
ressemblant aux myrtilles.
L. xylosteum forme des arbustes hauts
de 1,5 à 3 m, convenables aussi bien pour
les formations de haies que pour diffé-
rents arrangements paysagés.

rameau fécond de L. nigra

301
·,
Caprifoliacées
Lonicera periclymenum L. Caprifoliaceae

Le groupe des Chèvrefeuilles des bois est


considéré comme un sous-genre indépen-
dant (Periclymenum). Ce choix se justifie
avant tout par sa composition morpholo-
gique différente: le plus souvent, il s'agit
d'essences ligneuses grimpantes, donc de
lianes ou d'arbustes grimpants. La plupart
d'entre elles possèdent des feuilles dispo-
sées à contre-plan. Elles sont accolées et
unies entre elles en formant une sorte de
cible feuillue. L. periclymenum constitue
une exception: ses feuilles sont claire-
ment pétiolées, ovales et séparées. Les
fleurs se développent de juin à août en
inflorescences en forme de choux très
denses. Leur couronne a deux lèvres,
longues jusqu'à 5 cm est jaune, teintée de
blanc et d'orange. De nombreux cultivars
diffèrent seulement par la couleur ou
simplement par la teinte de leurs fleurs .
Ses fruits globuleux et pulpeux sont d 'un
carmin foncé.
L. periclymenum est originaire d'Euro-
pe occidentale, d'Afrique du Nord, d'Asie
Mineure et du Caucase. Dans certains
pays, il fait déjà partie des cultures depuis
des siècles, parfois, il porte le sobriquet de
« rose de Jéricho », le même que son
espèces très proche, L. caprifoLium. C'est
une essence ligneuse d'ornement qui croît
mieux au soleil que dans les endroits
semi-ombragés ; elle tolère bien les basses
températures, mais elle est assez sensible
à la sécheresse. Quelquefois, elle est
victime d'une maladie des feuilles qui se
tachent. En culture, elle se multiplie le
plus souvent par marcottage, surtout pen-
dant les mois de mai et juin.
De même que C. xyLosteum, il vaut
mieux éviter de les planter près des
terrains de jeux parce que leurs fruits
peuvent être pris pour des groseilles.
L. periclymenum est une liane, qui peut
atteindre 5 m de long, convenable pour
les tonnelles et les formations de haies
soutenues.

302
Scrophulariacées
Scrophulariaceae Paulownia
Paulownia tomentosa (THUNB.) STE UD.

Un Paulownia en fleurs est vraiment une


essence ligneuse royale. Dès le premier
coup d'oeil, nous constatons sa valeur
exceptionnelle. C'est un arbre assez éten-
du avec des feuilles singulièrement gran-
des (pouvant atteindre 50 cm) et large-
ment cordiformes, qui sont caduques et
disposées en contre-plan. Malgré leur
taille, ces feuilles sont fines , légèrement
feutrées, comme les boutons d'ailleurs,
qui sont prêts sur l'arbre déjà depuis
l'année précédente, dans les grandes in-
florescences bien dressées, longues de 20
à 30 cm. En général, ils apparaissent
avant le développement des feuilles, en
avril ou en mai. Cependant, après les
hivers rigoureux, les boutons peuvent
geler et ne pas former de fleurs . Les
Paulownias sont des essences ligneuses
très sensibles aux basses températures.
Environ 8 espèces de paulownias VI-
vent dans l'Est de l'Asie. Paulownia
tomentosa (ou imperialis) est originaire de
Chine, mais il est cultivé déjà depuis des
siècles au Japon. TI avait été introduit en
France en 1884 (une autre source men-
tionne 1894). Aux États-Unis, dans une
zone située entre la Géorgie et New York,
il s'est même naturalisé.
Dans ce livre, le Paulownia reste le seul
représentant des Scrophulariacées (Scro-
phulariaceae), dont les 200 genres
comprennent surtout des plantes herba-
cées. Ce sont des plantes avec des fleurs
bissexuées, très symétriques, organisées
suivant le nombre de 5. Les sépales du
calice et les pétales du périanthe' sont unis
avec les étamines. Les fruits des Pau-
lownias sont des capsules ovoïdes et
pointues ; chaque capsule renferme jus-
qu'à 1200 graines ailées.
C'est un arbre haut d'environ 15
mètres, à cime très étendue et d'apparen-
ce exotique. Cette essence ligneuse est
très sensible aux basses températures.

303
Bignoniacées
Catalpa corp.mun Bignoniaceae
Catalpa bignonioides W ALT .

Les Catalpas sont les fameux arbres d 'ali-


gnement qui ne peuvent trouver, parmi les
essences ligneuses d 'introduction, aucune
concurrence, si ce n'est les Platanes et,
parmi les essences ligneuses d'origine
européenne, peut-être les Tilleuls, les
Marronniers d'Inde et les Érables blancs.
Ce sont des arbres robustes bien dressés,
avec des feuilles très grandes et très
ornementales. La texture des cimes
feuillues et surtout la beauté des arbres en
fleurs produisent une forte impression
esthétique. ils ont un aspect intéressant
même pendant la maturation de leurs
fruits. Les fruits forment des cylindres
étroits, forts de 4 à 8 mm, mais les
capsules, longues de 20 à 40 cm ne sont
pas sans rappeler les longs cigares de
Virginie. L'aspect des arbres qui gardent
leurs fruits même après la tombée des
feuille~ en automne, acquiert ainsi pen-
dant l'année un rythme assez dynamique
dont les phases s'interpénètrent. Les Ca-
talpas gardent leur beauté à chaque sai-
son. Ce genre comprend environ une
dizaine d'espèces qui vivent en Amérique
du Nord et dans l'Est de l'Asie. Le
Catalpa est très répandu dans la région
partagée aujourd'hui entre la Géorgie, la
Floride et le Missouri. Bien qu' il n 'ait été
introduit en culture qu'après 1726, il est
aujourd'hui en train de se naturaliser dans
les environs de la ville de New York.
L'espèce voisine, le Catalpa de Chine (c.
ovata), cultivé au Japon depuis des siècles,
n'est sorti d'Asie que depuis la deuxième
moitié du xrxe siècle. Ces deux espèces
principales de Catalpas se différencient
surtout par la couleur de leurs fleurs : le
Catalpa de Chine a des fleurs jaunes,
tandis que le Catalpa d 'Amérique a des
fleurs blanches, parfois rougeâtres. Le
premier a des feuilles presque glabres,
l'autre assez tomenteuses qui dégagent
après broyage une odeur désagréable.
1. Dans les années 1970, la culture a produit
un hybride C. x hybrida qui présente une
caractéristique intermédiaire entre ces
deux espèces.
Les Catalpas sont des arbres hauts de 15
à 20 mètres, à cime large (c. ovata) ou
R ameau fécond prolongée (c. bignonioides) .
de c. bignonioides

304
Bibliographie sommaire

Bean W. J. : Trees and shrubs hardy in the British Isles, vol. l , Londres, 1950, 7 e édition
Bean W. J .: Treesandshrubshardy in the British Isles, vol. II, Londres, 1951, 7 e édition
Berral J. S.: The Garden, Londres, 1966
Boemer F. : Laubgeholze, Rosen und Nadelgeholze, Nordhausen, 1938
Boukchtynov A .: Lesa (Forêts), in : Priroda mira (La nature du monde) , Moscou , 1981
Dalimore W. etJackson A . B.: A handbook ofConiferae and Ginkgoaceae, Londres, 1966, 4 e édition
Fekete L. et Blattny T .: Die Verbreitung der forstlich wichtigen Biiume und Striiucher, Selmecbânya, 1914
Gromort G. : L 'art des jardins, Paris, 1953
GünterH. : Schone Blütengeholze, Berlin, 1979
Krüssmann G .: Die Nadelgeholze, Berlin, Hambourg, 1955
Krüssmann G.: Die Nadelgeholze, Berlin, Hambourg, 1972
Krüssman G .: Handbuch der Laubgeholze, 1- III, Berlin, Hambourg, 1978
Lippold-Halssiget coll.: Deutsche Giirten, Dresde, 1977
Rehder A .: Manual of the cultivated trees and shrubs, hardy in North America, New York, 1956, 2 e édition
Sargent Ch. S.: Manualofthe trees of North America, Boston, New York, 1933
Schneider C. K. : fllustriertes H andbuch der Laubholzkunde l, Iéna, 1906
Schneider C. K. : Illustriertes H andbuch der Laubholzkunde II, Iéna, 1912
Sene ta W. : Drzewa i krzewy iglaste (Arbres et arbustes à feuilles persistantes), Varsovie, 1981
Silva-Tarouca A. E. et Schneider C. K. : Unsere Freiland-Nadelhoker, Vienne, Leipzig, 1923
Sokolov S. J. et Chichkine B . K.: Derevia i koustarniki SSSR (Arbres et arbustes de l'URSS) I-V, Moscou,
Leningrad, 1949-1960

305
Index des noms français
Abricotier 224 - chevelu 141 - à fleurs 286
- commun 224 - commun 136 - blanc 287
Acacia blanc 249 - des marais 137 - rouge 287
- boule 249 - écarlate 137 Fusain d'Europe 276
- doré 252 - pubescent 136
Ailante 256 - quercitron 140 Gainier du Canada 244
Alisier blanc 206 - rouge d 'Amérique 140 Genêt à balais 253
- de Fontainebleau 205 - rouvre 136 Genévrier commun 104
- des bois 205 Chèvrefeuille 301 - de Chine 105
Amandier commun 226 - des buissons 301 - de Virginie 98, 106
- nain 226 Clématite tangutica 114 - intermédiaire 105
Amélanchier du Canada 213 Cognass.ier 208 Ginkgo 49
Aralia épineux 273 - du Japon 207 Glycine américaine 250
Araucaria 52 Copalme d'Amérique 123 - de Chine 250
Arbre à perruque 255 - d'Orient 123 - du Japon 250
Arbre aux anémones 229 Corête du Japon 217 Groseillier à maquereau 230
- aux mouchoirs 268 Cormier 204 - des Alpes 232
- de Judée 244 Cornouiller à fleurs 268, 270 - des Carpates 236
- du bonheur 52 - mâle 269 - doré 233
Argousier 291 - sanguin 271 - du Caucase 236
Aristoloche 1 19 Coudrier 148 - sanguin 234
AroUe 76 Cydonia 207 Gymnoclade chinois 243
Aubépine 202 Cyprès à pois 103 - dioïque 243
- américaine 203 - chauve 90
Aulne blanc 147 - commun 99 Hamamélis de Chine 121
- commun 147 - de Lawson 101 Hêtre américain 134
- de montagne 147 - de Nootka 100 - commun 134
- vert 146 - Hinoki 102
Cytise 252 - japonais 54
Baguenaudier 248 Hortensia commun 238
Bois d'arc 133 Deutzia à feuilles crénelées 241 - de Bretschneider 238
- gentil 180 Douglas vert 63 - grimpant 237
Bonnet d'évêque 276 Houx commun 274
Bouleau à canots 144 Églantier 188
- blanc 142 Épicéa commun 65 If commun 50
- de l'Himalaya 78 - de Brewer 72
- jaune 145 - d 'Engelmann 69 Jasmin d 'hiver 288
- pubescent 142 - de Sitka 70
Boule-de-neige 295 - d 'Orient 66 Laurier-cerise 228
- parfumée 296 - du Colorado 69 - sauce 112
Bourdaine 279 - glauque 68 Lierre des bois 272
Buddleia à feuilles alternes 292 - noir 67 - japonais 282
- de David 292 - omorika 71 Lilas commun 283
Buis 179 - rougeâtre 67
Buisson ardent 201 Épine ergot de coq 203 Magnolia de BuUbay 1 10
- noire 219 - de Soulange 109
Calycantha odorant 229 - -vinette 115 Mahonia 118
Cassissier 235 Érable à feuilles de frêne 262 Mancienne 297
Catalpa commun 304 - à ucre canadien 264 Marronnier commun 266
Cèdre de Californie 98 - blanc 264 - d 'Inde 266
- de l'Alaska 70 - champêtre 261 Mélèze d 'Europe 73
- de l'Himalaya 78 - de Tartarie 263 - du Japon 74, 54
- de Virginie 106 - Niko 262 Merisier 220
- du Liban 75 - plane 260 Micocoulier 129
Cerisier acide 222 - rouge 265 Millepertuis 157
- à fleurs 223 - sycomore 260 Mûrier blanc 132
- à grappes 227 - noir 132
- commun 220 Faux-Acacia 249 Muscat de Californie 51
Charme blanc 151 - -Cyprès 95
- d' Amérique 150 - -Pistachier 259 Néflier 200
- -houblon européen 151 Févier 242 Negundo 262
Charmille 150 Figuier 131 Nerprun 278
- commun 150 Forsythia 284 Noisetier 148
Châtaignier 135 Framboisier 214 - de Byzance 149
Chêne blanc 138 Frêne 285 - de sorcière 121

307
!

Noyer blanc d'Amérique 155 - baccifère pourpre 210 - de Silésie 164


- commun 152 - bas 210 - fragile 163
- du Caucase 154 - d'Annénie 224 - marsault 164
- gris 153 - de Chine 210 - nordique 164
- noir 153 - de Perse 225 Séquoia à feuilles d 'if 91
- du Japon 210 - géant 92
Olivier de Bohême 290 - sauvage 209 Seringa 240
Oranger des osages 133 Potentille 216 Sophora 245
Orme à larges feuilles 128 Prunellier 219 Sorbier des oiseaux 204
- champêtre 261 Prunier 221 Spirée de Van Houtte 196
- d'Amérique 126 - du Caucase 221 Staphylier 259
- de Samarie 258 Sumac de Virginie 254
- diffus 126 Robinier 249 Sureau à grappes 294
- lisse 127 - rose 249 - noir 293
Roi des forêts de la Côte Pacifique 63 Sycomore 260
Paulownia 303 Ronce 214 Symphorine 299
Pêcher 225 - odorante 215 - à grappes 299
Peuplier baumier 169 Rose à mille feuilles 187
- blanc de Hollande 166 - de Gueldre 295 Tamaris 158
- d'Italie 168 - de Jéricho 302 Thuya de Lobb 96
- noir 168 - du Japon 217 - d 'Occident 95
Philadelphus américain 240 Rosier à petites feuilles 183 - d 'Orient 97
Pin à crochets 82 - blanc 187 - géant 96
- alpestre 82 - de France 187 Tilleul à grandes feuilles 175
- cembro 76 - de Provins 187 - à petites feuilles 175
- de Banks 87 - de Puteaux 187 - argenté 178
- de Jeffrey 84 - jaune 181 - commun 176
- de Macédoine 77 - Reine Bourbon 187 - d 'Amérique 177
- de montagne 82 - rugueux 189 - pleureur 178
- de Sibérie 76 Torreya à noix 51
- de Weymouth 79 Sabine 108 - de Californie 51
- du Lord 79 Sapin argenté 57 - du Japon 51
- en queue de renard 80 - blanc 58 Tremble 167
- jaune de l'Ouest 84 - baumier 59 Troène 289
- maritime 85 - bleu 62 Tsuga de Mertens 62
- nain des montagnes 82 - de Douglas 63 - du Canada 64
- noir 83 - d'Espagne 55 Tulipier chinois 111
- parasol 85 - de Grèce 56 - commun 111
- pignon 85 - de l'Oregon 62
- pleureur 78 - de Veitch 53 Vigne 280
- sylvestre 81 - du Caucase 57 - vierge vraie 282
Platane à feuilles d 'Érable 125 - du Colorado 61 Viorne 297
- d'Occident 124 - géant 60 - de Prague 298
- d' Orient 125 - Nikko 54 - obier 295
Pluie d'or 252 - noble 62
Poirier 207 - pectiné 58 Weigela 300
- commun 211 Saule arborescent 162 Wellingtonia 92
- d'ornement 212 - blanc 163
Pommier 207 - cendré 164

308
Index des noms latins
Enkianthus campanulalUS 174
Abies alba 58, 56 Catalpa bigflOnioides 304 Euonymus europaeus 276
- balsamea 59 Cedrus deodara 78 - latifolius 277
- œ phalonica 56 - fibani75 - - var. sachalinensis 277
- concolor 54, 61 Celastrus scandens 275 - sachalinensis 277
- firma54 Cellis australis 129 - verrucosus 276
- grandis 60 - occidentalis 129 Exochorda giraldii 192
- homolepis 54 Cercis canadensis 244 - grandiflora 192
- nordmanniana 57 - siliquastrum 244 - korolkowii 192
- pindrow78 Cercidiphy llum japonicum 120 - X macracantha 192
- pinsapo 55 - var. sinense 120 - racemosa 192
- procera62 Chaenomeles japonica 207 - serratifolia 192
- veitchii 53 - speciosa 207
A cer campestre 26 1 Chamaecyparis lawsoniana 101 Fagus grandifolia 134
- ginnala 263 - noolkalensis 100 - sylvalica 134
- negundo 262 - oblUSa 102 Ficus carica 131
- nikoense 262 - - var. formosana 102 Forsythia x intermedia 284
- platanoides 260 - - cv. Nana Gracilis 102 - suspensa 284
- pseudoplatanus 260 - pisifera 103 - viridissima 284
- rubrum 265 - - cv. Filifera 103 Fothergilla gardenii 122
- - cv. Pallidiflora 265 - - cv. Plumosa 103 - major 122
- saccharinum 264 C1ematis hendersoni 114 Frangula alnus 279
- saccharum 262, 59 - x jackmanii 114 - purshiana 279
- tataricum 263 - lanuginosa 114 Fraxinus americana 287
Actinidia arguta 156 - langulica 114 - biltmoreana 287
- kolomikta 156 - vitalba 11 3 - excelsior 285
Aesculus hippocastanum 266 Colulea arborescens 248 - omus286
- parviflora 267 Comus alba 271 - pennsylvanica 287
Ailanthus altissima 256 - florida 268, 270 - - cv. Aucubaefolia 287
Alnus crispa 146 - - cv. Pendula 270
- glutinosa 147 - kousa270 Ginkgo biloba 49
- incana 147 - m as 269 Gleditsia triacanthos 242
- viridis 146 - nullalii 270 Gy mnocladus chinensis 243
Amelanchier canadensis 2 13 - sanguinea 27 1 - dioicus 243
- ovalis 213 - seriœa271
Amorpha fruticosa 247 - - cv. Flaviramea 27 1 Halesia carolina 160
Aralia elaca 273 Corylus avellana 148 - retraptera 160
- spinosa 273 - columa 149 Hamamelis x intermedia 121
Araucaria araucana 52 Cotinus coggygria 255 - japonica 121
- excelsa 52 - - cv. Purpurea 255 - mollis 121
- helerophylla 52 Cotoneaster adpressus 198 - virginiana 121
Aristolochia macrophylla 119 - dammeri 198 Hedera helix 272
- horizonlalis 198 Hippophaë rhamnoides 291
Berberis julil1nae 117 - integerrimus 199 Hy drangea anomala 237
- thunbergii 116 Cralaegus crus-galli 203 - - ssp. periolaris 237
- - cv. Atropurpurea 116 - - cv. salicifolia 203 - heteromalla 238
- vulgaris 1 15 - laevigala 202 - macrophylla 238
Belula alleghaniensis 145 - monogyna 202 - - cv. Coerulea 238
- humilis 143 Cryplomeria japonica 93 - sargentiana 239
- maximowicziana 145 - - var. sinensis 93 Hypericum calycinum 157
- nana 143 Cupressus sempervirens 99
- papyrifera 144, 59 - - var. horizonlalis 99 llex aquifolium 274
- pendula 142 - - var. stricta 99 - - cv. Argenteo-marginata 274
- pubesœns 142 Cydonia japonica 207 - paraguariensis 274
- pumila 143 - oblonga 208
- ulilis 78 - - ssp. maliformis 208 Jasminum frulicans 288
Buddleja allemifolia 292 - - ssp. pyriformis 208 - grandiflorum 288
- davidii 292 Cytisus scoparius 253 - nudiflorum 288
Buxus sempervirens 179 - odorarissimum 288
- - cv. Aureovariegata 179 Daphne mezereum 180 - officinale 288
- - cv. Marginata 179 Davidia involucrata 268 - sambac288
Calycanthus floridus 229 - - var. vilmoriniana 268 Juglans cinerea 153
Carpinus betulus 150 Deutzia scabra 241 - nigra 153
- caroliniana 150 Diervilfa 300 - regia 152
Carya ovata 155 Juniperus chinensis 105
Caslanea saliva 135 Eleagnus angustifolia 290 - - cv. Pfitzeriana 105

309
- communis 104 Pinus aristata 80 - menziesii 63
- horizontalis 107 - balfouriana 80 - - var. g/auca 63
- x media 105 - banksiana 87 Pte/ea trifo/iata 258
- - cv. Pfitzeriana 105 - cembra76 Pterocarya fraxinifolia 154
- sabina 108 - griffithii 78 Pterostyrax corymbosa 161
- virginiana 106 - jeffreyi 84 - hispida 161
- /ongaeva 80 Pyracantha eoccinea 201
Kerria japoniea 217 - monophy//a 77 Pyrus communis 2 11
- montico/a 62 - japonica 207
Labumum anagyroides 252 - mugo82 - pyraster 211
Larix decidua 73 - - var. mughus 82 - salicifolia 2 12
- x euro/epis 74 - - var. uncinata 82
- kaempferi 74 - nigra83 Quercus a/ba 138
Laurus nobilis 112 - - ssp. da/matica 83 - cerris 141
Libocedrus decurrens 98 - - ssp. nigra 83 - coccinea 137
Ligustrum vu/gare 289 - - ssp. pa/lasiana 83 - da/echampii 136
Liquidambar orienta/is 123 - - ssp. sa/zmannii 83 - x hispanica 141
- styracif/ua 123 - nobi/is 62 - imbricaria 139
Liriodendron chinense III - peuce 77 - x kewensis 141
- tulipifera 111 - pinaster 85 - pa/ustris 137
Lonicera caprifolium 302 - pinea 85 - petraea 136
- nigra 301 - ponderosa 69,84 - po/yearpa 136
- peric/ymenum 302 - rigida86 - pubescens 136
- xy/osteum 301 - sibirica 76 - robur 136
- strobus79 - rubra 140
Maaekia amurensis 246 - sy/vestris 81 - ve/utina 140
Madura pomifera 133 P/atanus x acerifo/ia 125
Magno lia grandif/ora 110 - aceroides 125 Rhamnus catharticus 278
- kobus 110 - x hybrida 124 - pal/asii 212
- x sou/angeana 109 - hispanica 125 Rhododendron ci/iatum 170
Mahonia aquifolium 118 - occidenta/is 124 - dauricum 170
Ma/us x atrosanguinea 210 - orienta/is 125 - x hybridum 172
- japoniea 207 Popu/us a/ba 166 - japonicum 173
- pumi/a 210 - balsamifera 169 - luteum 173
- - cv. Niedzwetzkyana 2 10 - nigra 168 - maximum 172
- x purpurea 210 - - var. italica 168 - molle 173
- - cv. Aldenhamensis 210 - tremu/a 167 - x praecox 170
- sy/vestris 209 Potentil/a fruticosa 2 16 - smimo wii 171
Mespilus germanica 200 Prunus americana 221 - ungemii 171
Metasequoia g/yptostroboides 89 - armeniaea 224 - viseosum 172
Morus alba 132 - avium 220 Rhodotypos k errioides 2 18
- nigra 132 - - var. duracina 220 - scandens 218
- - var. juliana 220 - tetrapeta/a 218
Ostrya earpinifolia 151 - cerasus 222 Rhus typhina 254
- virginiana 151 - communis 226 - viridif/ora 254
- - var. amara 226 Ribes alpestre 232
Paliurus spina-christi 212 - - var. dulcis 226 - a/pinus 233
Panhenocissus quinquefolia 282 - divarieata 221 - - cv. Aureum 232
- tricuspidata 282 _ . domestiea 22 1 - - cv. Laciniaturn 232
Paulownia imperin/is 303 - - ssp. insititia 221 - - cv. Pumillum 232
- tomentosa 303 - - ssp. ita/iea 221 - americanum 235
Phe/lodendron amurense 257 - - ssp. oeeonomica 221 - aureum 233
Philade/phus coronarius 240 - du/cis 226 - - cv. Chrysococcum 233
- x /emoinei 240 - fruticosa 222 - bracteosum 235
- microphy l/us 240 - /aurocerasus 228 - horridum 231
Physocarpus amurensis 193 - - var. /usitaniea 228 - lacustre 231
- opulifolius 193 - - var. shipkaensis 228 - montigenum 231
Picea abies 65 - manshurica 224 - nigrum 235
- breweriana 72 - nigra 221 - petraeum 236
- g/auca 68 - padus 227 - - var. carpatieum 236
- cv. Conica 68 - persica 225 - - var. caucasicum 236
- mariana 67 - serotina 227 - sanguineum 234
- omorika71 - serru/ata 223 - uva-crispa 230
- orienta/is 66 - spinosa 219 - - var. sativum 230
- pungens 69 - - cv. Plena 219 Robinia pseudoacacia 249
- rubens67 -' - cv. Purpurea 219 - viscosa 249
- sitchensis 70 - tene/la 226 Rosa x alba 187
- smithiana 72 - ussuriensis 221 - arvensis 184
- spinu/osa 72 Pseudotsuga doug/assii 63 - canina 188

310
- centifo/ia 187 - racemosa 294 - heterophy/la 177
- CÙlvidii 191 Scùulopitys verticil/ata 88 - michauxii 177
- foetida 181 Sequoiadendron giganteum 92 - petio/aris 178
- - cv. Austrian Cooper Brier 181 Sequoia sempervirens 91 - p/atyphyllos 175
- - cv. Bicolor 181 Sophora japonica 245 - tomentosa 178
- - cv. Persian Yellow 181 Sorbaria arborea 197 - x vulgaris 176
- gallica 187 - sorbifolia 197 Torreya californica 51
- hemisphaerica 186 Sorbus aria 206 - nucifera 51
- hugonis 186 - aucuparia 204 Tsuga canadensis 64
- microphylla 183 - - cv. Dulcis 204 - heterophyl/a 62
- moyesii 191 - - cv. Moravica 204
- multibracteata 191 - austriaca 206 Vlex europaeus 251
- multiflora 184 - cretica 206 Vlmus amencana 126
- omeiensis 185 - domestica 204 - glabra 128
- - var. pteracantha 185 - x latifolio 205 - /aevis 126
- pendu/ina 190 - torminalis 205 - minor 127
- pimpine/lifolia 182 Spiraea cantoniensis 196 - montana 128
- - cv. Frühlingsduft 182 - douglossU 195 - procera 127
- roxburghii 183 - grandiflora 197 - scabra 128
- rugosa 189 - media 194
- sempervirens 184 - sa/icifolia 195 Vibumum carlesii 297
- sericea 185 - trilobata 196 - farreri 296
- setigera 184 - x vanhouttei 196 - lantana 297
- setipoda 191 Staphylea pinnata 259 - opulus295
- hemisphaerica 186 Swida alba 271 - - cv. Roseum 295
- spinosissima 182 - sanguinea 271 - - var. sterile 295
- xanthina 186 Symphoncarpus albus 299 - x pragense 298
Rubus deliciosus 215 - - var. laevigatus 299 - rhytidophyllum 298
- fruticosus agg. 214 - sinensis 299 - trilobum 295
- idaeus214 Symplocos paniculata 159 Vitis coignetiae 281
- odoratus215 Syringa amurensis 283 - riparia 281
- vulgaris 283 - vinifera 280
Salix alha 163 - - ssp. sylvestris 280
- caprea 164 Tamarix gallica 158
- cinerea 164 - manifera 158 Weige/a floriCÙl 300
- coatanea 164 Taxodium distichum 90 Wisteria floribunCÙl 250
- fragilis 163 Taxus baccata 50 - macrostachya 250
- pentandra 162 Thuja occidentalis 95 - sinensis 250
- reticu/ata 165 - orientalis 97
- x rubens 163 - plicata 96 Zelkova carpinifolio 130
- silesioca 164 Thujopsis do/abrata 94 - cretica 130
- x tinctoria 162 Tilia americana 177
Sambucus nigra 293 - cordata 175

311

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