Le saviez-vous ? La palanche en bambou dans la culture vietnamienne


Je suis en vacances en ce moment au Vietnam avec mes parents. L’un des symboles du Vietnam traditionnel est la palanche de bambou, cette longue tige frêle sur laquelle les porteuses de rue ambulantes, transportent des victuailles en tout genre.

Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur ce moyen de transport pour le moins original …

Le bambou est le symbole de la vie vietnamienne. Il y en a partout dans la campagne. Pendant la guerre, les villageois plantaient des haies de bambous autour de leur village, pour se défendre contre les envahisseurs. Cette plante est aussi l’arbre sauveur dans la légende de Saint Giong, l’un des quatre immortels du pays. Dans cette légende connue par tous les vietnamiens depuis leur enfance, le Saint utilise une touffe de bambou, après que les épées furent brisées, pour repousser l’ennemi.

Aujourd’hui les vietnamiens se servent du bambou pour confectionner des produits artisanaux comme leurs chapeaux coniques, pour construire des échafaudages, des cabanes dans les rizières, ou encore pour faire des palanches, appelées en vietnamien « don ganh ».

Tel un balancier dont les deux paniers sont généralement remplis de charge égale, cet outil artisanal de portage est bien souvent aperçu sur les épaules des femmes Vietnamiennes qui l’utilisent dans leur labeur quotidien.

Dans les campagnes, la palanche reste le moyen d’acheminement le plus pratique car les sentiers reliant les champs de riz aux villages sont souvent si étroits qu’aucune voiture n’y passe. Pendant la saison de la récolte, les gerbes de riz fraîchement coupées viennent emplir les paniers pour être vendues à la ville.

On trouve également la palanche au bord du delta du Mékong dans les marais salants pour acheminer le sel.

Dans les villes aussi, il est courant de voir des marchandes ambulantes munis de leurs paniers remplis de fleurs, de légumes ou de fruits, pour faire du commerce. La palanche sert enfin sur les chantiers pour apporter le gravier et les matières premières.

Mais dans tous les cas, elle est portée par des femmes. Elles portent même parfois leurs bébés dans les paniers…

La palanche est fabriquée à partir du bambou mâle qui est très résistant. Elle est taillée dans le pied de la tige de la plante, le tronçon ayant de sept à neuf entre-nœuds, et estlongue de 1,50 mètres. Les marchandes évitent les nombres pairs, croyant qu’ils leur porteront la guigne. Certaines recherchent la palanche à onze entre-noeuds, et un fléau tordu est synonyme de malheur. Les paniers sont egalement en bambous.

Dans la pratique, on pose le milieu de la tige de bambou dans le creux de l’épaule en cherchant à équilibrer les charges des deux côtés de la tige, tel un système de balancier. La souplesse du bambou permet à la palanche de ne pas rompre pour porter des charges très lourdes (jusqu’à trente kilos), mais aussi de ne pas blesser l’épaule. La démarche ainsi que le balancement des hanches diminuent de la moitié le poids transporté.

Il existe différentes types de palanches, selon ce que l’on souhaite porter. Le fléau des jeunes villageoises de Vòng qui vont vendre en ville leur fameux côm (jeune riz pilé), a l’extrémité courbée en forme de point d’interrogation. Les marchandes de galettes de riz ou de vermicelles aux crabes de rizière emploient un fléau plus long, aux bouts légèrement courbés, qui évoquent les ailes déployées d’un albatros.

La tradition de la palanche existe depuis fort longtemps chez les vietnamiens. Dans l’Antiquité, la palanche était un peu l’équivalent des rames du galérien pour les paysans corvéables au service du gouvernement. Pendant la guerre, elle était sur l’épaule des femmes qui gravissaient les montagnes pour aller ravitailler les militaires. Dans l’ancien Vietnam, elle servait aux femmes à faire du petit commerce pour boucler le budget familial après les travaux agricoles.

Les vietnamiens y sont très attachés. Ils disent que la forme de la palanche est le symbole du Vietnam : la tige représente le pays tout en longueur et en « S », tandis que les panières symbolisent les deux deltas(Mékong au sud et Fleuve Rouge au nord), les greniers à riz du pays.

Mais depuis quelques décennies, se déroule une «campagne pour libérer l’épaule». Car la palanche représente aussi le symbole de la condition féminine vietnamienne, une vie de labeur.

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