Culture

« Pour affronter le reconfinement, faire le plein de bouquins » : à Strasbourg, la librairie Kléber prise d’assaut

par Alice Ferber

Pic d’affluence, surcharge de commandes… Suite à l’annonce du reconfinement, les Strasbourgeois se sont rués à la librairie Kléber. Choses vues et entendues ce jeudi 29 octobre. 

« Faites attention ! », peste une quinquagénaire bousculée dans la file d’attente. « Je reviendrai vers 18 heures, en espérant qu’il y ait moins de monde », souffle une autre à l’entrée, découragée par la foule. À Strasbourg, les clients se pressent à la librairie Kléber. Pour le personnel, le jeudi 29 octobre ressemblait à une veille de Noël tant les ventes ont été dopées. Plongée dans le temple du livre strasbourgeois. 

Le jeudi 29 octobre, la librairie Kléber de Strasbourg a vendu autant qu’une veille de Noël © Alice Ferber

Remplir les stocks

En jogging et baskets, Martin Breysach quitte la librairie Kléber le sourire aux lèvres. La semaine dernière, il a dévoré l’autobiographie du tennisman français Gilles Simon. À la veille du reconfinement, le joueur professionnel de 18 ans choisit l’ouvrage Out !, dont la préface a été rédigée par son compatriote Benoît Paire. « J’espère découvrir des anecdotes du circuit, confie-t-il. Lire m’aide à penser ma tactique sur le terrain. » 

À 18 ans, le tennisman Martin Breysach entend consolider sa tactique grâce à la lecture pendant le confinement © Alice Ferber

Au troisième étage, Mathis Nouvelle scrute les rayonnages. L’étudiant à Sciences Po Strasbourg sélectionne un manuel de droit de l’environnement et un autre dédié au droit international public. « Grâce au pass culture, je dispose d’un crédit de 500€ offert par le gouvernement, raconte-t-il. Pendant un mois, je vais me renseigner sur ces filières qui me passionnent. » 

Mathis Nouvelle face aux manuels de droit © Alice Ferber

Dernière étape : le passage en caisse. La cinquantaine de clients s’arme de patience. Certains jouent des coudes et se faufilent entre les rayons.

À la librairie Kléber, la file d’attente en caisse ne s’amenuise pas © Alice Ferber

Loin de la foule, Célia arrange la vitrine. « Les demandes de papier cadeau laissent penser que la clientèle fait déjà ses achats de Noël, explique la stagiaire de 20 ans. Je remarque aussi que la majorité repart avec une dizaine de livres, sûrement pour affronter le confinement. »

Célia Roig, stagiaire à la librairie Kléber, jeudi 29 octobre © Alice Ferber

Éviter de commander chez Amazon

À quelques mètres de là, Roland hésite entre deux ouvrages sur le Moyen Âge. « Chéri, prends ton temps pour choisir, on n’est pas sorti de l’auberge ! », s’amuse sa femme, déjà placée dans la file d’attente. Les bras chargés de ses trouvailles, le cardiologue annonce « faire le plein de romans historiques pour les quatre semaines à venir. » Roland préfère « se déplacer pour soutenir les libraires » : 

Pendant le premier confinement, j’ai été pris de court. Seule la plateforme Amazon proposait le bouquin dont je rêvais, alors je me le suis fait livrer. Cette fois, j’anticipe. J’ai à cœur d’aider les commerçants indépendants qui en ont besoin.

Roland, cardiologue à Strasbourg

« Certains se ruent sur le PQ, moi j’ai besoin d’un soutien moral », lance Régis à une libraire. Le maître d’œuvre recherche l’essai Covid-19 et détresse psychologique du Pr Nicolas Franck, découvert le matin sur France Inter. « Je n’attends pas le remède miracle, commente-t-il. Mais si je comprends l’odyssée du confinement, je pourrais peut-être mieux réagir. »

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