Ainsi parlait Jean de Ruysbroeck

Dits et maximes de vie

Traduit du moyen-néerlandais et présenté par Marie et Jean Moncelon. BILINGUE

Les Éditions Arfuyen ont publié de nombreux ouvrages liés à la mystique rhéno-flamande : à côté des grands Rhénans Maître Eckhart (1260-1328), Jean Tauler (1300-1361) et Henri Suso (1296-1366), la figure majeure des Flamands est Jean de Ruysbroeck (1293-1381).

Dans la collection Ainsi parlait a paru dès 2015 un Ainsi parlait Maître Eckhart, bilingue moyen haut-allemand / français. Le volume ici consacré à son contemporain Ruysbroeck rassemble ses dits essentiels en bilingue moyen-néerlandais / français. Rappelons qu’en néerlandais a paru également dans la même collection un Ainsi parlait Etty Hillesum, consacré à celle qui fut aussi une grande lectrice des mystiques rhéno-flamands.

Bien que très audacieux dans sa pensée de l’union à Dieu, Jean de Ruysbroeck, « l’ermite de la Vallée Verte » (Groenendael), aussi surnommé par la postérité « l’Admirable », n’a pas été condamné comme Eckhart, mais au contraire béatifié. Sa chance est sans doute paradoxalement de n’avoir pas suivi d’études théologiques ni pris de grades universitaires, comme Eckhart, et de n’avoir donc pas représenté la même menace que ce dernier, prestigieux maître en Sorbonne.

La personnalité fascinante de Ruysbroeck a bien été dépeinte par Maeterlinck, qui en fut l’un des premiers traducteurs en français : « Au fond de cette obscure forêt brabançonne, son âme, ignorante et simple, reçoit, sans qu’elle le sache, les aveuglants reflets de tous les sommets solitaires et mystérieux de la pensée humaine. Il sait, à son insu, le platonisme de la Grèce ; il sait le soufisme de la Perse, le brahmanisme de l’Inde et le bouddhisme du Tibet. »

Dans son « ignorance merveilleuse », Ruysbroeck a médité l’Écriture et surtout vécu une expérience intérieure commencée jeune qu’il a décrite, dans son premier ouvrage : Le Royaume des Amants. Dès ce livre, il a défini son idéal de vie chrétienne, « la vie commune » (ghemeine leven). L’homme qui s’y adonne doit se placer « au sommet de son esprit », écrit-il, entre « la jouissance mystique et l’action ». Telle fut la vie au sein du monastère de Groenendael dont Ruysbroeck fut le premier prieur en 1349. À sa mort, en 1381, le monastère de Groenendael jouissait grâce à son impulsion d’un immense rayonnement.

    Coll.  Ainsi parlait – 2022 – 176 p. – 14 € – ISBN 978-2-845-900336-4