Sièges durs

yingzuoJ’aime bien rentrer en Chine par Air China zhongguo guoji hangkongzhongguo guoji hangkong ; « centrale nation, pays frontière, navire espace ». Dès la file d’attente à l’enregistrement, j’ai l’impression d’être arrivé. Et une fois dans la cabine, c’est l’ambiance du train, dans les voitures yingzuo « durs sièges » (le premier caractère contient la clé de la pierreshi), au milieu de gens chargés de bagages, à la recherche de la meilleure solution pour les ranger. En fait, on est mieux assis dans un wagon « sièges durs » (six de front, banquette rembourrée et housse en coton changée à chaque voyage) que dans la cabine de classe touriste. Et le couloir est plus large.

Chargement au départ

Si j’applique les chiffres du Pékin Lhassa   (3753 km en 43h51 pour 363 yuans) au chemin le plus court de Paris à Pékin (8185 km en ligne droite orthodromique), le voyage durerait 95 heures et coûterait 792 yuans plus les repas, 4 jours et 89 euros seulement. Pour huit fois plus, je vais passer 10 heures et demie assis en l’air, plus quelques temps d’attente et deux heures et demie d’autobus jusqu’à Tianjin. Je serai bien fatigué en arrivant et ma chère épouse m’invitera à dormir. Elle n’a pas pu venir en France cette année. Trop de travail dû au plan de lutte contre la hausse des prix (elle est inspecteur des prix).

Fromage blanc

Etiquette de la saladeUne fois l’avion bien installé en l’air, les hôtesses apportent le plateau couvert de petites choses emballées, avec des étiquettes désolantes. Il vaut mieux ne pas tout lire, on ne mangerait plus. Je ne comprends pas pourquoi Air China ne propose pas, comme la compagnie des trains, la boîte blanche rectangulaire avec du riz et un plat de viande et légumes, plus une paire de baguettes et une serviette en papier (et une fourchette en plastique pour les étrangers). Il n’y a même pas de baguettes (Air France en a). Ma voisine sera plus fatiguée que moi. Elle va au Japon, et reprendra un autre avion vers Nagoya où son mari travaille pour Toyota.  Ca fait cinq ans qu’elle fait le trajet, et elle s’est décidée l’année dernière à vivre au Japon et venir en visite en France, pour passer plus de temps avec lui. La nourriture l’indiffère et elle a commandé la même chose que moi, sans savoir ce que c’est. Quand j’ai un voisin pénible, je demande du vin en boisson. Cette fois ce sera du thé. Il y a aussi du jus d’orange.

Nuit à bord

Après le dîner, il est tard, plus tard encore que ne le disent les montres des passagers. Nous allons à la rencontre du soleil.

Ordinateur en video

Ma voisine a sorti son ordinateur. Elle est graphiste. S’il y avait eu plus de place, elle aurait installé sa tablette et se serait mise à dessiner. Les jeunes gens du film sont aussi dans un avion.

Passager studieux

Il reste un passager studieux, qui lit et prend des notes. J’admire les gens qui peuvent ainsi s’absenter de l’endroit où ils sont. Il finira par dormir lui aussi.

Pausage de désert de neige

C’est le matin. Il est déja 9h30 à l’heure de Pékin, 1h30 à l’heure du soleil de Paris. Nous sommes quelque part , entre Novossibirsk en Sibérie et le nord de la Mongolie. Je passerais ma vie à regarder les paysages. Mon voisin de devant s’enthousiasme. Est-ce la neige ou le sable du désert ? A mon avis, c’est bien de la neige.

Neige et montagnes

Chaque fois que j’ai la chance d’avoir à la fois une fenêtre et un temps clair, je regarde le paysage sans hommes. Mais il n’y en a pas. Pas très loin à gauche, en regardant bien on voit une ville, des routes. Toute la Terre est habitée.

Ville sous la neige

J’ai vérifié grâce à l’horloge de l’apparel photo. Cette image a été prise moins d’une minute après la précédente. Le paysage est habité.

Autoroute

En approchant de Pékin, on ne voit plus rien d’autre que les ouvrages des hommes. La grande bande claire est une autoroute en construction, pas un fleuve asséché. Et cette image dit quelque chose parce que je l’ai cuisinée avec un logiciel pour voir à travers la brume de poussière.

Hôtesse en cabine

La descente vers Pékin va commencer. Les hôtesses passent pour vérifier que les ceintures sont bouclées. J’ai l’impression que tout le monde sait faire. Je n’ai pas rencontré un seul « touriste » qui voyageait pour le plaisir de voyager. Ce n’est pas la saison.

Pékin terminal 3

Nous sommes dans la zone internationale des arrivées de l’aéroport de Pékin, terminal 3. C’est certain, nous ne sommes plus en France. Pas de policiers en armes qui font attendre les passagers dans le couloir de sortie de l’avion pour essayer de lire leurs passeports. La longue marche vers la sortie est commencée.

Marcheurs dans l'aéroport

Il y a près de 400 mètres de l’extrémité d’une corne du bâtiment international jusqu’au hall d’accueil dans l’axe. Le toit est haut comme le ciel et l’espace désert. On a vraiment l’impression que l’architecte en a trop fait. Comme celui de Roissy 1 et son labyrinthe circulaire, mais dans l’autre sens.La gare sud de Pékin, construite aussi en 2008, fait la même impression.

Hall du contrôle

Voici le hall central où on contrôle les passeports. Ici je vais faire une démonstration de la différence entre l’accueil de Roissy et celui de Pékin. Si un officiel quelconque d’Aéroport de Paris ou du ministère de l’Intérieur lit ce blog, il pourra voir comment leurs collègues de l’autre bout du monde s’y prennent pour ne pas user les nerfs de leurs agents et ceux des passagers. D’abord, on a l’impression d’être attendus. Il y a 8 comptoirs sur la photo, plus quelques autres au delà, et on voit tout (la même salle dans le vieux terminal 2 est moins haute de plafond mais donne aussi cette impression d’être reçus).

deux comptoirs

Pas d’incertitude pour savoir à quel guichet s’adresser, et il n’y a pas de labyrinthe de barrières pour arriver. A noter que la plupart des « foreigners » sont des Chinois. Quand on a une autre nationalité, on perd (ou on n’a jamais eu) la nationalité chinoise, et il est impossible de l’obtenir. Au temps du socialisme il existait une catégorie des « anciens Chinois » qui donnait quelques privilèges, entre autres le droit d’être reçu dans sa famille et de manger ailleurs que dans les restaurants pour étrangers; mais ça n’a plus de sens.

Guichetière et officier

La contrôleuse n’est pas dans une cage en verre; c’est plus agréable pour tout le monde. Mais surtout il y a derrière elle le comptoir du superviseur (au centre de l’image, avec des cheveux blancs). S’il y a une incertitude ou une difficulté, il envoie quelqu’un. Le jour d’aout 2008 où je m’étais présenté avec un visa « non-entrée » (que l’ambassade de Chine à Paris avait pourtant trouvé valable avant le départ; cas non prévu), je n’ai pas encombré la file d’attente plus de quelques instants. On m’a conduit au comptoir des gens à problème, un peu plus loin à gauche. J’imagine à peine ce qui se serait passé à Roissy.

Controle côté sortie

Le contrôle tel qu’on le voit après être passé. Les bizarres appareils appuyés sur le côté du comptoir du superviseur sont des brouettes électriques de haute technologie pour se déplacer dans l’immensité de l’aéroport. Des vélos auraient été aussi efficaces mais ça n’aurait pas fait sérieux.

Pancartes

La pancarte est en 4 langues. En bas, le japonais et le coréen, ce qui permet de voir qu’il y a des mots écrits en commun, par exemplechukoula sortie. L’avion étant arrivé presque exactement à l’heure, midi 30, il s’est passé 25 minutes depuis qu’il s’est posé, dont 10 minutes de marche. Encore 10 minutes de métro et nous serons dans la salle des bagages.

Autobus vers TianjinAutobus vers Tianjin

Une heure cinq minutes après l’atterrissage, je suis dans l’autobus vers Tianjin. Et j’ai perdu du temps en allant chercher l’arrêt du mauvais côté du quai (500 mètres de quai devant la façade de l’aérogare). Dans le scénario français, nous serions encore à attendre au contrôle des passeports.

Un petit mot d’excuse pour avoir tant tardé à écrire quelque chose. Il fait très beau à Tianjin, soleil et ciel beu. Et très froid. J’ai été prudent pour sortir jusqu’au jour où le vent s’est calmé. J’ai donc fait une grande promenade, et j’ai attrapé froid. Fièvre, gros rhume et idées pas claires. C’est en train de passer (mon rhume, pas le froid; un des sujets des informations provinciales à la télévision ce soir était la mer qui gèle dans le port de Tanggu). Il faut que je me remettre. J’avais apporté du gruyère suisse à Lucas, professeur de français en maîtrise à l’université des langues étrangères. Il m’a recommandé à une de ses étudiantes qui veu écrire un mémoire sur la Seine, histoire, art, tourisme, et comparaison avec la Haihe qui va de Tianjin à la mer.

Timbre 2011

Timbre de 1987Et c’est bientôt le Nouvel An, l’année du Lapin commence dans la nuit du 3 février. Le timbre est paru. Celui à gauche date de 1987, il y a 24 ans.

7 commentaires sur “Sièges durs

  1. J’ai vécus deux ans à pékin, merci de me faire revivre tout ces moments passé dans nos « chers » avions de ligne.
    Par contre, je ne souvient pas avoir attendu aux douanes française. Quand bien même avec ma femme et mes enfant sino-français.

    再见

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  2. Bon retour et prompt rétablissement. Votre oeil avisé et vos images m’ont remis dans le bain. Je serai moi aussi à Pékin lundi matin au T3, de retour en Chine pour enseigner le français à Baoding (Hebei). Il faudra venir visiter cette ancienne capitale provinciale, si ce n’est déjà fait ! Je partage votre avis sur la qualité de l’accueil (pas chaleureux, mais poli et efficace) et ce sentiment d’espace. Surdimensionné ? Peu probable. Les prochaines années le diront…

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  3. bel article, bien écrit et bien documenté.
    Je suis allé une seule fois en Chine, il y a 4 ans, avec un groupe il est vrai (28 personnes): Pékin n’était qu’une escale vers le monastère de Labrang à Xiahe, via Lanz-Hou. A Pékin, je n’ai pas de souvenirs de la parfaite organisation que vous décrivez, mais plutôt d’un joyeux bazar auprès duquel Roissy semble être un modèle d’organisation. Sauf peut être les agents chargés de vérifier les papiers, quand même plus avenants qu’à Roissy: mais entre nous, il leur était impossible de l’être moins. « Et au retour, même motif, même punition ».
    Nous avons voyagé sur Air China et mêmes constatations que vous, à quelques détails près.
    Autre remarque: nous n’avons jamais mangé dans des restaurants réservés aux seuls étrangers, pas une seule fois; même à Pékin. Nous avons été parfaitement libres de nos déplacements, même si il est vrai qu’ils étaient prévus à l’avance par le tour opérator. Mais nous n’avons jamais eu le sentiment d’être surveillés.
    A lire votre billet et certains commentaires, nous n’avons pas ressenti l’accueil et l’espace de la même façon.
    Mais j’ai beaucoup aimé votre façon de raconter. Comme quoi, en surfant sur les blogs du Monde on peut aussi y lire des choses fort intéressantes.
    cordialement

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  4. J’ai bien ri en lisant  » Des vélos auraient été aussi efficaces mais ça n’aurait pas fait sérieux ».
    J’ai chopé la grippe à la fin de mon séminaire…mes quatre jours de visite à Pskov avec Olga se sont donc transformé en quatre jours de grippe à Moscou…mais comme ça va mieux, je tâcherai demain de vous ramener quelque chose d’intéressant pour vous remercier pour le Gruyère (autre chose que du fromage russe par exemple).

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  5. A part la nourriture et l’équipement fatigué parfois, j’apprécie assez Air China. Je trouve le terminal 3 absolument pas pratique. Pudong est beaucoup plus fonctionnel.
    A Pékin, je préfère encore les terminaux 1 et 2 à taille humaine et beaucoup plus chauds même si ils ont un aspect, surtout le 2, moins modernes.
    C’est marrant de faire revivre un vol ainsi. Votre blog es très sympa.

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