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Dans le film « Des hommes », Lucas Belvaux s’intéresse à la mémoire de la guerre d’Algérie

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photo  lucas belvaux au festival d’angoulême en août l’an dernier, alors que le film devait sortir rapidement. finalement, ce sera le 2 juin. 3

Lucas Belvaux au festival d’Angoulême en août l’an dernier, alors que le film devait sortir rapidement. Finalement, ce sera le 2 juin. © Ouest-France

Dans Des hommes, Gérard Depardieu, Jean-Pierre Darroussin, Catherine Frot et leurs doubles joués par de jeunes acteurs talentueux, les anciens combattants ne sont jamais vraiment sortis de la guerre d’Algérie. Explications du réalisateur Lucas Belvaux.

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On l’avait quitté il y a quatre ans avec Chez nous, très bonne chronique sociale et politique autour d’une infirmière qui se présente pour un parti d’extrême droite dans le nord de la France.

On le retrouve avec Des hommes. Le réalisateur belge y explore les souvenirs, la culpabilité, les blessures qui restent après la guerre. Ici, celle d’Algérie. Le film, humaniste, navigue entre deux époques. Celle de la guerre, les années 1950-1960, où les personnages sont jeunes. Celle des années 2000, où les traumatismes, jamais soignés, ressortent crûment.

Ce qui n’a pas changé entre Chez nous et Des hommes, c’est la faculté de Lucas Belvaux de ne jamais tomber dans la caricature. Il y a de la nuance, même chez les personnages qui peuvent paraître monstrueux.

« C’est peut-être ce qui m’a attiré dans le livre (du même nom) de Laurent Mauvignier. Ça me rappelait aussi des gens que j’ai connus quand j’étais gamin », explique le cinéaste de 59 ans.

Une guerre sans le nom

Mais, différence majeure avec l’époque de sa jeunesse, on commence à avoir la distance nécessaire pour regarder ces événements avec moins d’émotion.

photo gérard depardieu et jean-pierre darroussin dans « des hommes ».  ©  david koskas / synecdoche – artemis

Gérard Depardieu et Jean-Pierre Darroussin dans « Des hommes ». David Koskas / Synecdoche – Artemis

Lucas Belvaux détaille cette idée en se référant au dernier ouvrage de l’historienne Raphaëlle Branche (Papa, qu’as-tu fait en Algérie ? Enquête sur un silence familial). « Elle regarde l’intime dans l’histoire : que sont devenus ces gens ? Pourquoi n’ont-ils rien dit ? Quel a été l’impact sur les familles françaises ? Cette guerre a profondément changé le pays. Quand les appelés sont revenus, la France avait basculé dans un autre monde. »

« Quand on avait été de l’OAS (qui défendait la présence française en Algérie), militant communiste ou pied noir, on envisageait l’histoire d’une façon plus militante. Aujourd’hui, les enfants et les petits-enfants commencent à regarder ça objectivement. »

Ce qui permet plus facilement de dire que « c’était une guerre absurde, de celles qui ne font que des perdants et des victimes ».

C’était une guerre à laquelle on refusait même le nom. « Ce que résume Bertrand Tavernier avec le titre de son film, La guerre sans nom. » Elle n’a été officiellement reconnue comme telle qu’à la fin des années 1990. « Les appelés n’ont eu le statut d’anciens combattants qu’à partir du milieu des années 1970. Ils ne se sentaient pas vraiment reconnus par la République comme l’avaient été leurs pères et leurs grands-pères qui avaient fait les deux guerres mondiales. »

photo yoann zimmer dans « des hommes » de lucas belvaux.  ©  david koskas / synecdoche – artemis

Yoann Zimmer dans « Des hommes » de Lucas Belvaux. David Koskas / Synecdoche – Artemis

D’où l’impossibilité pour les anciens combattants de faire partie d’un groupe. « Comme le raconte Raphaëlle Branche, en 1914, la Nation se mobilise. Tous les soldats partent et reviennent en même temps, et encore faut-il qu’ils reviennent. En 1940, c’est pareil. En Algérie, c’est par vagues successives. Et ceux qui y vont en 1960 savent qu’on négocie l’indépendance. Alors pourquoi faire la guerre, mourir, tuer ? »

Sans oublier que la paix arrivée, les anciens combattants dérangent. « Ceux-là particulièrement. Les combattants de 1940 avaient été battus, mais on avait remobilisé autour de la Résistance. Avec la guerre d’Algérie, il n’y a pas de récit national. On avait le mauvais rôle. Les appelés étaient des enfants qui avaient connu une occupation étrangère et se sont retrouvés occupants. »

À l’époque, des voix font même des parallèles avec le massacre d’Oradour-sur-Glane. La France ne veut pas entendre ça. Elle n’est pas prête à assumer.

« Dans les accords d’Évian, poursuit Lucas Belvaux, une amnistie est négociée des deux côtés. On met tout sous le tapis. Mais sans coupables, il n’y a pas non plus d’innocents. Ceux qui avaient résisté sont mis dans le même sac que les tortionnaires. »

Depardieu, acteur gigantesque

Tout cela explique la construction du film, avec de nombreux flash-back. « Le film n’est pas uniquement sur la guerre d’Algérie. Il est sur le récit, les traces, les cicatrices. Il fallait une construction suivant le modèle de la mémoire qui n’est pas linéaire. »

Avec comme personnage principal Bernard, devenu Feu-de-bois. Jeune, il est joué par l’excellent Yoann Zimmer. Âgé, c’est Gérard Depardieu. « Une évidence pour le physique, le côté ogre. Truculent, fragile, avec des éclats qu’on ne maîtrise pas. C’est un acteur gigantesque. Même quand il n’a pas de texte, son corps et son visage parlent. »

Ce Bernard, jeune, avait déjà une monstruosité potentielle mais n’était pas cassé. « Quand il quitte son Morvan enclavé de l’époque, il est orgueilleux, arrogant. Avec l’expérience algérienne, c’est la révélation de la beauté du monde mais aussi de l’horreur qu’il peut contenir. C’est ça qui le fracasse. »

À partir du mercredi 2 juin au cinéma.

 
Gilles KERDREUX.    Ouest-France  

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