Mary Stuart reine d'Ecosse
Personnages historiques

Mary Stuart, reine d’Écosse

Si elle est aujourd’hui la figure emblématique, si ce n’est la plus connue, des reines au destin tragique, Mary Stuart demeure une des femmes clés de l’Histoire. Reine d’Écosse à seulement 6 jours, celle qui se vit pressentie pour le trône des plus grandes puissances européennes se verra consumée par les guerres de religion et les complots orchestrés par sa propre famille. Retour sur la destinée de la plus célèbre des souveraines écossaises.

Mary Stuart, un règne précoce

Jacques V et Marie de Guise
Portraits de Jacques V, roi d’Écosse et son épouse Marie de Guise, parents de Mary Stuart. © National Galleries Scotland

Mary Stuart naît le 8 décembre 1542 au château de Linlithgow. Fille du roi d’Écosse Jacques V et de la française Marie de Guise, on lui fait très vite grand place. Malheureusement, son père décède alors qu’elle n’est âgée que de 6 jours, et ses deux frères aînés sont déjà morts relativement jeunes.

Ce deuil, qui marquera profondément la famille, est aussi synonyme de l’attribution du trône écossais à Mary Stuart. Les autres enfants de son père étant des bâtards, ils ne peuvent y prétendre selon la loi catholique, et Mary est donc directement proclamée reine, encore au berceau.

Une régence est mise en place en attendant qu’elle ait l’âge de gouverner, mais le royaume des Scots a déjà de grandes ambitions. C’est sa mère, Marie de Guise, qui va prendre les rênes du pays.

Par ailleurs, même si la couronne écossaise lui est portée alors qu’elle n’a même pas encore un an, il semblerait que Mary Stuart puisse prétendre à un autre trône voisin. En effet, son grand père n’est autre que le frère de Henri VIII Tudor. En vertu de la loi catholique, Mary Stuart apparaît comme seule potentielle héritière du trône d’Angleterre.

Mary Stuart, future reine d’Angleterre ?

Afin de bien comprendre la légitimité de Mary Stuart à la couronne britannique, un petit retour sur la situation en Angleterre s’impose. Jacques IV, le grand-père de Mary, était à l’origine marié à une anglaise, à une époque où le mariage est avant tout une affaire géopolitique. L’Angleterre et l’Écosse, en concurrence depuis le XIIIe siècle, se partagent une île et doivent ainsi cohabiter sans trop guerroyer.

Henri VIII de la dynastie des Tudors met fin à ces politiques de réconciliation lorsqu’il crée l’Église anglicane, pour se séparer des femmes qu’il n’aime plus (Catherine d’Aragon, Anne Boleyn…). En effet, face au refus d’annulation de son mariage par le pape, il profite en 1527 de la Réforme pour fonder sa propre religion. En se rapprochant du protestantisme, il évite aussi les soulèvements religieux au sein de son royaume.

Toujours est-il qu’il donnera notamment naissance à Marie “la Sanglante” (Bloody Mary), avec son épouse légitime Catherine d’Aragon. Il aura par la suite sept autres femmes, mais les enfants de ces unions seront considérés comme des bâtards, leur refusant tout accès au pouvoir.

Seulement voilà, aux yeux des catholiques, aucun des enfants d’Henri VIII, tous anglicans, ne peuvent légitimement prétendre au trône d’Angleterre ; et c’est en remontant l’arbre généalogique que la seule potentielle candidate devient Mary Stuart.

famille Henry Tudor
Famille d’Henri VIII, vers 1545. © Royal Collection Trust

À la recherche d’un allié catholique

À l’heure où l’imprimerie, apparue au siècle d’avant, permet la diffusion des idées protestantes, le peuple est contraint de prier comme son monarque, conférant ainsi un enjeu plus politique aux conflits religieux. Henri VIII décède en 1547, mais les anglais ne renoncent pas à l’Écosse, et le régent d’Édouard VI souhaite s’emparer de Mary Stuart. Elle est en est la clé, et il s’agit de la marier au futur roi d’Angleterre. La régente Marie de Guise le rejette en bloc.

Afin de maintenir les traditions de son pays, Marie de Guise estime que sa fille doit rester sous le joug écossais au moins jusqu’à ses dix ans, refusant ainsi toute alliance avec l’anglicanisme. L’Écosse va donc chercher des alliés catholiques de l’autre côté de la Manche, et c’est naturellement vers ses racines françaises que Marie de Guise va se tourner.

En France, Henri II succède à François Ier, et, par-dessus tout, il déteste les anglais. Son fils François II apparaît donc comme le candidat idéal et ce mariage serait une véritable aubaine pour les deux royaumes : elle est reine d’Écosse et sera bientôt reine de France ; et elle est surtout une catholique affirmée ouvrant la porte qui mène au royaume d’Angleterre.

Mary Stuart, reine consort de France

Mary Stuart à la cour de France

En 1548, Mary Stuart est envoyée au château de Montsoreau, dans le Val de Loire, pendant que sa mère continue d’assurer la régence en Écosse. Mary a droit à une éducation à la cour de France, où les arts et le raffinement sont les maîtres mots, dans la continuité de la Renaissance amenée par François Ier. Dès ses 3 ans, Mary Stuart entend les vers de Ronsard, et se voit initiée à l’équitation, la fauconnerie, la littérature ou encore la broderie. Elle passe beaucoup de temps avec son futur époux, qui devient un ami d’enfance et un tendre confident.

Le contrat de mariage de Mary Stuart et François II, l’un des enfants de Catherine de Médicis, est signé le 12 avril 1558. Henri II décède peu de temps après lors d’un tournoi qui vira au drame, et François II se voit propulsé sur le trône de France à l’âge de 15 ans. Mary Stuart devient alors reine de France et d’Écosse en 1559.

Francois II et Mary Stuart
Mary Stuart et Francois II. © National Galleries Scotland

Mary Stuart, la reine européenne

En Angleterre, Bloody Mary décède en 1558, et c’est Elisabeth Ière, fille d’Henri VIII et d’Anne Boleyn, qui accède au trône. C’est une nouvelle fois une bâtarde aux yeux du peuple anglais, qui n’atteste pas de sa légitimité à la couronne, et revendique celle de Mary Stuart.

L’autre important royaume catholique en Europe, l’Espagne, est du même avis, mais l’annexion de l’Angleterre par la France l’inquiète. Les espagnols, de peur que le royaume au nord ne prenne trop d’importance, préfèrent que la couronne britannique reste anglicane.

À présent célèbre dans toute l’Europe, Mary Stuart voit son bonheur en France de courte durée; sa jeunesse se fane très vite, lorsque son époux ne survit pas à une otite en décembre 1560.

Quand les anglais s’inquiètent

De l’autre côté de la Manche, des rivalités naissent aussi entre les écossais, alors que Mary Stuart est encore en France. En 1557, les Lords se rallient au protestantisme et s’opposent à la régente catholique Marie de Guise. Deux ans plus tard, John Knox devient la figure de la Réforme en Écosse et prend la tête des “Lords de la Congrégation”. L’intégriste obtient le soutien du demi-frère de Mary Stuart, James.

Les Lords demandent le changement religieux, mais Marie de Guise refuse. Sa fille est son espoir et elle compte bien demander de l’aide à la France. Les troupes françaises débarquent en Écosse mais les anglais s’inquiètent de voir d’autres régiments royaux roder près de leurs frontières.

Elisabeth Ière sent le vent tourner au Nord et se souvient des plans de son père pour annexer l’Écosse. Elle décide alors d’apporter son soutien aux Lords de la Congrégation, et va finalement envoyer son armée pour repousser les français, estimant qu’ils n’ont rien à faire sur le sol écossais. Marie de Guise se voit forcée d’abdiquer et meurt un an plus tard, en 1560.

Certes, les français et les anglais n’arrivent pas à enterrer la hache de guerre, mais sur le continent, il y a aussi des affaires à gérer. En effet, les huguenaux s’inspirent de la Réforme et font pression, alors que les français se font renvoyer du sol anglo-écossais. La France est amenée à signer un traité reconnaissant la légitimité d’Elisabeth Ière sur le trône, et anéantit ainsi l’espoir d’y voir siéger Mary Stuart.

Mary Stuart retourne en Écosse

L’époque d’Henri II et de François II est révolue, et c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre après la mort de Marie de Guise. Mary Stuart est forcée de quitter la France pour retourner en Écosse l’année suivante, et prendre la suite de sa mère. Elle n’est pas spécialement bien préparée à ce changement : c’est un environnement très différent de la France et de la cour lettrée dans laquelle elle a grandi. En Écosse, elle retrouve les troupeaux et les châteaux en pierre, gris, froids et sans tenture.

Un pays divisé par la religion

rencontre de Mary Stuart avec les Lords
Rencontre entre Mary Stuart et les Lords de la Congrégation à Carberry Hill. © National Galleries Scotland

En plus de cela, elle se retrouve aux rênes d’un pays tourmenté par les guerres de religion, qui divisent le peuple écossais. Son frère James s’est rallié au protestantisme et devient un véritable chef de l’agitation, conseiller du régent. Ce n’est pas réellement une guerre civile, les écossais ne s’entretuent pas, mais la discorde laisse place à plusieurs épisodes de violence.

Bien qu’elle soit une catholique convaincue, Mary Stuart tente de se montrer conciliante : l’Écosse restera un pays catholique mais respectera la liberté de conscience des protestants. John Knox est à la tête de la régence et c’est un grand sympathisant de la Réforme. Il voit en Mary Stuart une femme légère et avec de belles toilettes, mais certainement pas une femme de pouvoir capable de lui tenir tête.

Lord Darnley, second époux de Mary Stuart

Mary Stuart se remarie avec Henry Stuart, Lord Darnley, en juillet 1565, 5 ans après la mort prématurée de François II. Il est en réalité son cousin, un peu plus jeune qu’elle, anglais et catholique. C’est un prétendant approprié, mais bien que très séduisant, on le décrit comme un débauché. Il se montre même jaloux quand il voit Mary Stuart aux côtés de David Rizzio, le secrétaire italien privé et, selon les rumeurs, très proche de la reine. Ce dernier se fera assassiner, Darnley chaudement suspecté d’avoir fait partie du complot.

Lord Darnley est fort séduisant mais c’est un balourd. Néanmoins, il se trouve dans la descendance directe d’Henry VIII, renforçant les suspicions sur le fait que Mary Stuart n’ait finalement pas encore renoncé au trône d’Angleterre. Ensemble, ils auront un enfant, Jacques qui deviendra héritier.

Pas totalement sorti des complots qui visaient, à la base, à se débarrasser du charmant italien qui entourait sa femme, Darnley se fera finalement assassiner. C’est un attentat à la bombe (meurtre relativement distingué pour l’époque) qui est mis en place par celui qui sera le troisième conjoint de Mary Stuart: James Hepburn, comte de Bothwell. La reine d’Écosse se verra alors accusée d’adultère, et d’avoir participé à l’assassinat de son ancien et défunt époux Darnley.

assassinat David Rizzio
Le meurtre de David Rizzio, Sir William Allan, 1833, huile sur bois. © National Galleries Scotland

Mary Stuart, cible des complots

Mary Stuart est déposée

C’est à partir de ce moment-là que la légende autour de Mary Stuart va commencer à se construire. De son temps, elle sera considérée comme une femme légère, malhonnête et infidèle, qui méritera son destin tragique.

Son second mari de perdu, Mary s’unit au comte de Bothwell, qui est un simple noble écossais. Ce mariage fait déjà jaser car ce n’est pas un prétendant au grand nom européen, d’autant que certains racontent que pour laver son déshonneur, il aurait contraint la reine à ces noces. Cet épisode annonce la fin du périple écossais, quand cette union ne sauve pas la reine d’Écosse des accusations qu’on lui porte. Bothwell est arrêté et, considérée comme complice du meurtre de son second époux, Mary Stuart est emprisonnée au château de Loch Leven.

Enfermée, elle se voit forcée à abdiquer en faveur de son fils Jacques qui n’est âgé que d’un an seulement, en 1567. Elle tente de fuir à cheval en 1568, après 10 mois de détention, mais se fait prendre. Elle a beau être une reine, elle ne peut échapper à la justice. Mais ce procès n’est pas seulement celui d’une femme que l’on accuse d’avoir tué son mari, c’est surtout celui d’une reine catholique dont les protestants veulent se débarrasser. La descente aux enfers va alors commencer pour Mary Stuart, qui enchaînera, jusqu’à sa mort, les mauvaises décisions.

L’enfermement en Angleterre

Château de Carlisle
Gravure de la porte du château de Carlisle (avec le frêne planté par Mary Stuart). © National Galleries Scotland

Complètement désemparée, Mary Stuart pense pouvoir obtenir de l’aide chez sa cousine, de l’autre côté de la frontière. Évidemment, c’est une très mauvaise idée. Elizabeth Ière n’a pas vraiment le choix : Mary peut récupérer son trône si elle retrouve sa liberté, que ce soit en Angleterre ou dans les royaumes voisins. Elle décide donc de garder sa cousine en vie, mais enfermée au château de Carlisle. Pendant 19 ans, Mary Stuart sera réduite à dormir sur un lit où les draps ont été remplacés par du foin. On raconte qu’elle aurait planté le frêne surplombant les jardins, un arbre signe de longévité et de résistance.

À partir de ce moment-là, les complots vont fuser dans tous les sens. Mary Stuart se met en tête un objectif certes clair, mais pas des plus simples : faire assassiner la reine d’Angleterre qui la retient prisonnière. Elle est en résidence surveillée et ses moindres faits et gestes sont rapportés à la couronne anglaise, mais Mary Stuart décide tout de même d’envoyer un nombre incalculable de lettres lors de sa captivité. Persuadée qu’à l’extérieur, il lui reste toujours des alliés catholiques, Mary Stuart se plaint dans ses correspondances de l’affreux traitement que lui inflige Elisabeth Ière. En pensant se rabattre sur les français et les espagnols, qui ne s’entendent pas réellement, l’ancienne reine d’Écosse se tire une balle dans le pied.

La lettre ensanglantée

Les risques s’accumulent et planent au-dessus de Mary Stuart : la reine déchue coûte cher, et on ne va pas la garder en prison éternellement. De plus, avec ses filiations, elle serait encore en mesure de prétendre à des titres.

Dès lors, Elisabeth Ière, du moins son entourage, met en place un complot pour en finir avec Mary Stuart. On accuse la prisonnière de monter un coup pour faire tuer sa cousine et récupérer son trône, avec l’appui de l’Église catholique et des français. Après tout, voilà une belle occasion pour l’Angleterre de s’attaquer à ses trois meilleurs ennemis!

Pour que le piège fonctionne, on compte sur celui qui s’occupe de faire passer les lettres codées de Mary. Son système paraît des plus discrets puisqu’il dissimule les courriers de la captive dans des barils de bière, qui seront ensuite livrés à leur destinataire. Mais cela, c’était sans compter la filiation de cet homme à la cour britannique : lui qui devait être un homme de confiance pour Mary Stuart s’avère finalement être un indicateur pour les ministres d’Elisabeth. Il fera ainsi passer les lettres qui incriminent directement Mary, où l’on annonce que le sang de la reine sera versé.

signature Mary Stuart
Signature de Mary Stuart. © British Library

Une fin tragique pour la reine d’Écosse

Mary Stuart est condamnée à mort

La preuve que Mary Stuart complote contre la couronne anglaise est suffisante pour la monarchie qui, un an plus tôt en 1584, décidait de créer une loi : quiconque est accusé de tentative d’assassinat sur la souveraine sera condamné à mort. Même sans avoir de sang sur les mains, Mary Stuart voit son sort scellé, après sa prétendue participation au complot de 1585. Elle s’affirmera dans sa foi mais se décrédibilisera aux yeux du conseil en déclarant que seul Dieu peut juger une reine.

Y-a-t’il quelqu’un pour sauver Mary Stuart ?

Accusée de tous les côtés et totalement dépossédée, Mary Stuart présente tout de même du sang royal. Elisabeth le sait et va donc aller prendre la température dans le reste de l’Europe, car on ne peut pas exécuter un monarque sans se méfier des conséquences.

La reine se rend tout d’abord en Espagne. Mary Stuart est une catholique, mais ses dernières correspondances introduisent une certaine ambiguïté, et les Espagnols s’en méfient déjà depuis un moment. En effet, elle eut pour projet de marier son fils Jacques à une espagnole catholique, alors que lui-même est devenu protestant. C’est une situation assez embarrassante sur le territoire ibérique, alors on décide de ne pas se prononcer.

Côté français, on est en pleine guerre de religion. Henri III est au pouvoir, le petit frère de François II donc techniquement le beau-frère de Mary Stuart. Il vient juste d’obtenir une paix assez fragile avec les protestants, menés par Henri de Navarre, futur Henri IV. Sauver une reine catholique pour lui attribuer le trône d’Angleterre mettrait en péril cette petite trêve avec les réformés.

C’est enfin vers la terre natale de Mary Stuart que se tourne Elisabeth Ière. À la tête des écossais se trouve Jacques VI, le fils de Mary. Celui-ci a une profonde haine envers sa mère, qu’il n’a plus vue depuis qu’il a un an. Il faut dire que la dernière fois qu’elle lui a parlé, Mary Stuart a promis de le déshériter suite à son ralliement à l’anglicanisme… Il s’adonnera par la suite à persécuter les catholiques et les puritains.

Il n’y a donc plus grand monde pour sauver la reine déchue, et ceux qui étaient autrefois ses alliés lui tournent désormais le dos. La légende épique sur Mary Stuart continue de grandir, et n’ayant jamais délaissé sa foi, elle s’en remet à Dieu.

Mary Stuart, reine martyre

Exécution Mary Stuart
L’Exécution de Mary Stuart, Alfred Elmore, 1875, huile sur papier, Scottish National Gallery of Modern Art.

Puisqu’il n’y a plus d’espoir et qu’on ne lui octroie pas de dernière confession, Mary Stuart veut partir en grande catholique. On voit en elle une figure de martyre, qui ne cède pas à la pression d’Elisabeth. Celle-ci lui propose de ne pas poursuivre sa vengeance si Mary Stuart avoue tout et demande pardon. Le verdict de la condamnée est sans appel: l’exécution aura lieu le 8 février 1587.

À 8 heures du matin, Mary Stuart, alors âgée de 45 ans, traverse le hall du château de Fotheringhay. Toute vêtue de noir, elle porte en dessous une robe rouge à l’image de la Passion du Christ, car quoiqu’il arrive, elle mourra comme une catholique.

La décapitation est à l’époque réservée aux nobles, mais l’exécution de cette ancienne reine tourne à l’horreur. Il faudra trois coups de hache du bourreau, qui était ivre, pour que le cou de Mary Stuart se rompe. Il récupère sa tête ; la bouche de la défunte s’ouvre et ses yeux se mettent à tourbillonner. L’ayant saisi par les cheveux, la tête tombe et le bourreau ne tient bientôt plus qu’une perruque.

Elisabeth a tout de même demandé à ce que sa cousine soit enterrée. Lorsque l’on récupère le corps, celui-ci se met à bouger. L’audience est horrifiée, et croit en une manifestation vindicative et mécontente du divin. En réalité, un petit chien s’était glissé sous les jupons de Mary Stuart et a fait trembler sa dépouille inanimée.

Mary Stuart a enfin disparu, mais Elisabeth Ière ne laisse pas d’héritier derrière elle. Par conséquent, le seul candidat éligible au trône anglais n’est autre que le fils de Mary : Jacques VI d’Écosse, Ier d’Angleterre. Après des années de conflit et de rivalité, où les sacrifices et les complots ont régi la stratégie politique, les deux couronnes sont enfin unifiées.

Mary Stuart vit son bonheur écourté et sa légitimité aux trônes européens fragilisée par la jalousie et la convoitise de ses compères. Elle qui avait tout d’une sainte prit le statut d’une reine martyre, accusée des plus hautes trahisons et complots. Femme de caractère et de foi, elle tint tête à ceux qui se dressèrent devant elle et se vit condamnée à une fin tragique, accablée par l’absence de solidarité de ceux qui ont croisé sa route. Sa propre cousine causera la fin de Mary Stuart, alors que les deux femmes ne se sont jamais vues de leur vivant. En dépit de nombreuses correspondances, Elisabeth n’assistera pas à l’exécution de la plus célèbre reine des Écossais.

Sources

Podcast Culture 2000 – Mary Stuart
Site des Archives Nationales d’Ecosse
Site des Archives Nationales du Royaume-Uni