Caucase-Turquie

La traversée à pied du Caucase et de la Turquie de la frontière iranienne jusqu’à Istanbul par l’Arménie et la Géorgie : l’itinéraire, des conseils pratiques, étapes, dénivelés, traces GPS.


4 mois, 3200 kilomètres des bords de l’Araxe à la frontière entre l’Arménie et l’Iran jusqu’aux rives du Bosphore avec
– 560 kilomètres pour la traversée de l’Arménie à pied du sud au nord en s’inspirant du Transcaucasian Trail (ou Armenian National Trail),
– 840 kilomètres en Géorgie en trois parties : le sud de la Géorgie, le Grand Caucase de l’Est puis celui de l’Ouest et ensuite une marche jusqu’à la frontière turque,
– 1800 kilomètres pour traverser toute la Turquie à pied de la Géorgie jusqu’à Istanbul par les montagnes du nord et en terminant le long de la mer Noire.
C’est un parcours très sauvage avec des sections assez longues en autonomie, peu de localités pour se ravitailler et beaucoup de montagnes. J’ai cumulé 140 kilomètres de dénivelés positifs sur 3200 kilomètres à pied.


Bien que cernés par de grandes puissances, l’Arménie et la Géorgie ont conservé une identité forte (langue, alphabet, religion…). Cette marche a été l’occasion de découvrir ces peuples et leur culture. Pour la randonnée, cela a été assez facile de construire un tracé ; ces deux pays développent des itinéraires de randonnée et certaines régions sont assez fréquentées (voir les pages consacrées à ces deux pays).
Pour la Turquie, cela a été beaucoup plus difficile à préparer. La traversée de tout le pays à pied a été une aventure peut-être inédite. Les rares marcheurs identifiés l’ont fait essentiellement le long des axes routiers et plutôt par le plateau anatolien. Mon itinéraire passe par les montagnes et hors routes. Au final, j’ai marché 1800 kilomètres à pied pour traverser la Turquie.


Toutes les photos :

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Voir le détail des étapes, ainsi que tous les renseignements sur la logistique (approvisionnement, hébergement, eau…) dans les pages consacrées à chacune des parties de ma marche :
Arménie
Géorgie
Turquie

Pour le récit de la marche, voir la page Récit traversée Caucase & Turquie .


Informations pratiques :

Passages de frontières :

C’est finalement assez simple. Il n’y a pas besoin de visa pour ces trois pays. Une simple carte d’identité est suffisante en Géorgie et Turquie (dans certaines zones frontalières de la Géorgie avec la Russie, il y a des points de contrôle où le passeport est requis et il le faut de toutes façons pour l’Arménie). Pour plus de précisions, voir les conseils aux voyageurs sur le site du ministère des Affaires Étrangères.
Pour les passages de frontières, les choix sont limités ; l’Arménie n’a aucune communication terrestre avec la Turquie à l’Ouest et avec l’Azerbaïdjan à l’Est et seulement trois points de passage au nord avec la Géorgie (un au sud avec l’Iran). Je suis passé par le moins fréquenté, celui de Gogavan – Guguti.
De Géorgie en Turquie, le choix est limité aussi à trois postes frontières : en bord de mer Noire et deux à l’intérieur des terres. Mon chemin passe par celui de Posof – Vale (Türkgözü). Toute la partie centrale du Caucase géorgien est inaccessible suite à la sécession de l’Ossétie du Sud (d’où mon parcours en deux parties : l’Est puis à l’Ouest du Grand Caucase).
Le site Caravanistan donne beaucoup d’informations sur le passage des frontières dans cette région.

Dangers :

Tensions internationales: Voir les conseils aux voyageurs sur le site du ministère des Affaires Étrangères. Entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, les tensions sont permanentes et la situation peut s’aggraver. En Géorgie, on ne peut pas aller dans les deux régions séparatistes (Ossétie du Sud et Abkhazie). Mon parcours en Turquie était très éloigné des zones de peuplement kurde et de la frontière syrienne.

Chiens : Le danger qui m’inquiètait le plus est celui des chiens en Turquie avec les kangals mais aussi en Géorgie et en Arménie où les chiens de bergers ont l’air tout aussi agressifs.

Chien de berger (Turquie européenne 2019)

Première mesure de protection, j’étais vacciné contre la rage.
Ensuite :
1 Meilleure solution, être d’abord repéré par le berger pour t’accompagner pour traverser la zone occupée par le troupeau
2 J’avais toujours des cailloux avec moi. Le seul fait de les menacer avec les tient à distance. Même simuler d’avoir un caillou à la main est efficace.

Ours : il y a des ours dans les trois pays traversés. Certaines estimations donnent 600 ours en Arménie, un petit millier en Géorgie. Ils sont aussi très présents en Turquie dans les forêts au dessus de la Mer Noire (là où j’ai marché). J’ai vu plusieurs fois des traces (Arménie, Turquie), des selles ursines. J’ai rencontré des touristes qui avaient vu un ours en Touchétie. J’ai vu trois ours en Turquie dont un qui m’a chargé avant de faire demi-tour. J’ai évité de dormir isolé dans les endroits exposés comme en forêt.

Autres animaux : il y a aussi des loups dans les trois pays mais peu de chance de voir cet animal qui évite l’homme. Il faut faire attention aux serpents (par exemple les vipères en Arménie et en Géorgie).
Cette région ne fait par contre pas partie de celles particulièrement à risque pour la maladie de lyme ou l’encéphalite à tiques. Dans cette région, les tiques peuvent occasionner des fièvres intertropicales récurrentes.

Le matériel

Depuis 2017 et l’Appalachian Trail, je pars toujours avec le même équipement. Pour voir l’explication de mes principaux choix, voir la page d’introduction de l’Italie 2021.
Pour les personnes intéressées par une recherche d’un matériel véritablement ultra-léger, voir le très bon site Randonner-leger où je puise pas mal d’idées.

Le principal changement cette année est mon sac à dos. Le modèle Osprey Talon 44 que je portais depuis plusieurs années a rendu l’âme. J’ai eu du mal à trouver un remplaçant. Osprey a alourdi son nouveau modèle de 300g. J’ai finalement opté pour le Gregory Focal 48 et après quelques petites randonnées avec, je suis emballé. Il a une capacité légèrement supérieure à mon ancien sac et avec sa housse de pluie, je m’alourdis de 100g environ. Mais, il a deux énormes avantages par rapport à l’Osprey Talon 44 : il est beaucoup plus confortable et la ventilation du dos est meilleure.
Grâce à des bretelles et une ceinture plus larges, plus rembourrées, il est agréable à porter avec un bon report de charge à la ceinture.
Son armature, sa forme un peu arquée et le filet tendu permettent une ventilation du dos plus efficace.
Petits inconvénients par rapport à l’Osprey Talon 44 outre les 100 grammes supplémentaires, il n’y a pas d’ouverture par le bas ou latérale et sa forme un peu arquée fait qu’il ne tient pas bien debout.

J’ai aussi décidé de prendre une gourde filtrante (Katadyn BeFree 0,6l – 60g). Jusqu’à présent, je ne prenais que des pastilles Micropur (les fortes) que j’utilisais d’ailleurs rarement trouvant régulièrement sources, fontaines ou robinets. Ne sachant pas trop à quoi m’attendre lors de cette marche, j’ai préféré jouer la sécurité en rajoutant cette gourde filtrante. Cela renforce ma capacité à filtrer l’eau et également me permet de porter jusqu’à 3 litres.

Avec ces nouveauté et malgré des grammes optimisés à droite et à gauche, mon poids de base (hors eau et nourriture) s’est donc alourdi à 7,7kg.

Conseils pratiques, étapes, traces GPS, récit.