Miroir 鏡子 (29)

Miroir du Secret

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Poème Zéro-Un

L’Axe primordial (1)

Silence

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A Toi

L’état

Ce dont je me souviens est un état. J’aurais pu être la lampe d’un chevet, ou une suspension au plafond, ou bien le chat ronronnant sur un coussin. L’état d’un livre, d’un objet posé sur un bureau. Ne me demandez pas d’être autre chose ! Je me souviens du regard de la flamme, du flottement du temps et du cœur qui bat. Je me souviens parfaitement de n’avoir rien été, d’avoir glissé à la faveur d’un rayon oblique du soleil sur la poussière d’une fenêtre, ou bien d’un balancement de branches. La singularité d’un atome vibrant comme une galaxie entière, le toit de chaume, perdu dans une campagne gauloise. Je me souviens d’avoir gémi dans les palabres d’un mur fissuré et d’avoir écouté les cliquetis de la 2 CV de Tatie. Je vois encore mon état neutralisé dans la baie d’un sureau, et l’œil du pompon d’un béret. Il fallut un peu plus de temps pour faire face au lion. Les yeux du lion, on ne peut les oublier. Ce dont je me souviens parfaitement c’est du regard droit et fier de la montagne, des ondulés de coquelicots et des bleuets sauvages dans les blés. Hop ! Le lapin se met à courir et je le suis au milieu des champs. Mais il disparaît si vite que mon état se suspend à la sueur de mon front. Je me souviens de cet étonnement, lors que levant le bras, je voyais le sang couler dans mes veines. Il était rouge comme un poisson dans le bocal. Aujourd’hui encore, il me souvient de l’état du fauteuil dans le salon et celui du tapis rouge dévalant le long couloir. Un jour, le souvenir passa devant un miroir qui refléta une adolescente aux longs cheveux acajou. Le geste qu’elle fit, tout en se coiffant fut surprenant. Il s’agissait d’un geste totalement décalé. Le regard se fit insistant et je me demandais si c’était moi. Mais, l’adolescente du miroir me lança un étrange regard et je devins deux. Était-ce encore un état ?

Ishq*

Du cristallin dont l’azur bleuté,
Trempe au regard de Ta Majesté,
Suspendu à l’iris,
Fit de moi Ta troublée,
Et au vent d’une prunelle,
Scrute la pupille,
S’abreuvant de Ishq*,
Au confluent d’une eau douce,
La cornée d’une source,
Se noyant par Ton océan,
Ô mouvement !
Puis encore mouvement !
Onde sublimée,
Incessante !
D’une oscillation,
En Oscillation,
Ondée de pluie,
Ondée de vent,
Mots subsumés à l’articulation,
A l’Arboré d’une veine,
Jugule la transparence,
Le cœur,
Ô mon cœur !

Sache que je trouve un mot et l’avale, puis une perle et la prends. Je marche dans un royaume qui entraîne le mouvement et, de silence en silence, de temple en temple, de sanctuaire en sanctuaire, Ishq fait de moi ce qu’Il veut. Je t’appelle, Il m’appelle. Ne dites rien ! Je ne volerai pas une seule virgule, ni le moindre souffle, ni n’investirai l’indécente usurpation. Je suis Ta fidèle et goûte au nectar d’une Vision.

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*Ishq : désigne l’Amour Absolu et infini, l’Agape compassionnel.

Mille et une nuits (3)

Savez-vous qui est Anqa ? Connaissez-vous la légende de cet Oiseau majestueux qui épouse votre âme et la révèle ? Il existe une montagne dans un royaume hors de tout champ de toutes les perceptions ordinaires et qui n’est rien autre que la montagne sacrée. Elle chante de son sublime chant. Elle rayonne comme aucune montagne ne peut rayonner. C’est là que se posa Anqa. C’est depuis ce sommet qu’elle me parla. Pour L’écouter et recevoir son message, il nous faut nous asseoir. Point n’est besoin de quantitatif ! Ici règne votre réalité. Ne la vendez pas à vil prix !

Ô Jardin, dis-moi ! Qu’en est-il de ces ornements que Tu visitas et qu’en est-il de ces aspirations qui firent de Toi un oiseau téméraire, et qui es-Tu, Jardin des offrandes, des sacrifices, des chemins bruissant au travers d’un inspir qui me tint fermement sans que je ne pusse me défaire de son sillage ? Je suis venue jusqu’à Toi et j’ai échangé ces confidences qui firent de moi Ta servante et j’entendis Tes réponses, à l’Aube, quand Tu dressas entre le jour et la nuit un voile délicat. Mon âme T’appartient, alors que Tu vêtis la robe du noble mariage. Je Te demandais : Puis-je révéler ce secret ? Mais, Tu m’invitas au Silence. Ceci est entre toi et Moi, me déclaras-Tu. Je revins au monde avec quelques mots trempés de la Réalité éclairante et les lançais comme on lance un filet à la mer. Des pêcheurs accoururent de toutes parts. Ils avaient les mains semblables aux rayons du soleil et l’eau miroitait comme les effets multiples de l’or. Durant un instant, j’en fus éblouie. Ce que le cœur humain, le cœur noble, délivré de l’erreur, peut contenir s’étend comme rien d’autre en ce monde, alors que le vasselage d’Amour est à la fois une étonnante tyrannie consentie, un compagnonnage, une révélation, un récit hors pair, une force dynamisante, propulsant les fidèles d’Amour, au-delà de la mort des corps.