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Poésie

APRÈS MOI LE SOMMEIL (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2023




    
APRÈS MOI LE SOMMEIL
À Max Ernst.

1
Au déclin de la force
Un feu très sombre déambule

2
J’entrai dans cet état qui joue sa fin

3
Corbeaux menus minuits rapaces
Dentelle à ternir tous les ors

4
Par brassées de murmures la lande et ses fantômes
Répétaient les discours dont je m’étourdissais

5
Lacs de cire et les chênes moisis
À l’odeur de cellier
Carré d’étoiles vertes
Les oiseaux desséchés
Prenaient des poses immortelles

6
Plusieurs douceurs entrevues
Toutes plus mignonnes
Que le cri de la fleur amie
Avaient fondu dans la nuit
Comme clefs dans leur serrure
Comme boissons dans la chaleur

7
De l’autre côté des maisons invisibles
Au-delà du sommeil qui brouille les visages
De longues feuilles continuaient mon amertume
Sous leurs aisselles

8
Chemins ligneux
Chemins paralysés
Incohérents

9
Corbeaux menus et l’enfant noir
Ouvrit ses yeux de neige

10
Je me tournai le brouillard avec moi
Tourna

11
J’eus tout mon poids horizontal

12
Un rien de temps et ce sera le jour entier
La pierre mâche des semblants d’épée
Sur des charnières de verdure l’azur bat
La tête secoue son aurore
Un rien de temps et le soleil prête serment

(Paul Eluard)

Recueil: Paul Eluard par Louis Parrot
Editions: Seghers

Une Réponse to “APRÈS MOI LE SOMMEIL (Paul Eluard)”

  1. Péril nébuleux
    —————-

    Un spectre chante sa tristesse
    Mais n’exhale aucune rancoeur ;
    Les craintes qui hantaient son coeur
    Maintenant s’endorment et cessent.

    D’autres tourments, pourtant, le blessent,
    Dont il ne peut être vainqueur ;
    C’est comme une amère liqueur,
    C’est une angoisse qui l’agresse.

    Alors, dans l’espace il s’étale,
    Il se plonge dans la torpeur ;
    Il tourne en rond, puis il détale.

    Il sait seulement qu’il a peur ;
    En vain, dans sa mémoire il creuse,
    La menace est trop nébuleuse.

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