Arbrealettres

Poésie

LA MÉRIDIENNE DU LION (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2022



 

Lion sieste [1280x768]

LA MÉRIDIENNE DU LION

Le lion dort, seul sous sa voûte.
Il dort de ce puissant sommeil
De la sieste, auquel s’ajoute,
Comme un poids sombre, le soleil.

Les déserts, qui de loin écoutent,
Respirent ; le maître est rentré.
Car les solitudes redoutent
Ce promeneur démesuré.

Son souffle soulève son ventre ;
Son oeil de brume est submergé,
Il dort sur le pavé de l’antre,
Formidablement allongé.

La paix est sur son grand visage,
Et l’oubli même, car il dort.
Il a l’altier sourcil du sage
Et l’ongle tranquille du fort.

Midi sèche l’eau des citernes ;
Rien du sommeil ne le distrait ;
Sa gueule ressemble aux cavernes,
Et sa crinière à la forêt.

ll entrevoit des monts difformes,
Des Ossas et des Pélions,
A travers les songes énormes
Que peuvent faire les lions.

Tout se tait sur la roche plate
Où ses pas tout à l’heure erraient.
S’il remuait sa grosse patte,
Que de mouches s’envoleraient !

(Victor Hugo)

Illustration

 

3 Réponses to “LA MÉRIDIENNE DU LION (Victor Hugo)”

  1. […] Source : LA MÉRIDIENNE DU LION (Victor Hugo) […]

  2. Lion de compagnie
    ———-

    Je n’aime point chasser, je reste à la maison,
    La pluie et le beau temps, je les remarque à peine ;
    Je ne sais si je vois la Garonne ou la Seine,
    J’ignore même aussi le temps des floraisons.

    Quand je peux grignoter ce que je trouve bon,
    La chose me procure une joie souveraine ;
    Je ne m’investis point en entreprises vaines,
    Peu me chaut d’acquérir la gloire ou le renom.

    Je suis une peluche et j’en fais mon métier,
    Je ne suis nullement d’un grand fauve héritier ;
    Nul ne peut voir en moi la moindre frénésie.

    Un morceau de fromage, une tranche de pain,
    Quelques grains de raisin et pas trop de pépins :
    Tel est mon idéal, telle est ma poésie;

    • Lion céleste
      ———-

      Quel animal ! Il est beau comme un ange,
      Mais comme un homme il sent battre son coeur ;
      À Cupidon, qui de lui fut vainqueur,
      Il n’en veut point, cela n’a rien d’étrange.

      Le temps s’avance, et son visage change,
      Mais il vieillit sans perdre sa vigueur ;
      Les ans pour lui n’ont pas trop de rigueur,
      Lui, cependant, avec l’âge, il se range.

      Quant à ses fils, ils sont grands, ces petits,
      Pour les plaisirs ils sont pleins d’appétit ;
      Par ces enfants sa grandeur se prolonge.

      Ils parlent à leur père bien-aimé,
      Ils ont appris les mots qu’il fait rimer ;
      Quelquefois, même, ils l’entendent en songe.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?