Arbrealettres

Poésie

NUIT D’ÉTÉ (Emile Nelligan)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2021



NUIT D’ÉTÉ

Le violon, d’un chant très profond de tristesse,
Remplit la douce nuit, se mêle aux sons des cors,
Les sylphes vont pleurant comme une âme en détresse,
Et les coeurs des arbres ont des plaintes de morts.
Le souffle du Veillant anime chaque feuille;
Aux amers souvenirs les bois ouvrent leur sein;

Les oiseaux sont rêveurs; et sous l’oeil opalin
De la lune d’été ma Douleur se recueille…
Lentement, au concert que font sous la ramure
Les lutins endiablés comme ce Faust ancien,
Le luth dans tout mon cceur éveille en parnassien
La grande majesté de la nuit qui murmure
Dans les cieux alanguis un ramage lointain
Prolongé jusqu’à l’aube, et mourant au Matin.

(Emile Nelligan)


Illustration

Une Réponse to “NUIT D’ÉTÉ (Emile Nelligan)”

  1. Lutin d’été
    ——–

    Les fruits des vieux jardins ont des goûts de liqueurs,
    Je viens les savourer quand les ombres s’allongent ;
    Par-delà l’horizon le rouge soleil plonge,
    Hypnos dans peu de temps sera notre vainqueur.

    Je suis un vieux lutin, jadis un peu moqueur,
    Mais guère maintenant, car j’ai jeté l’éponge ;
    Mes années révolues me font l’effet d’un songe,
    Vous ne me verrez point m’en faire chroniqueur.

    Je contemple un fruit mûr que la brise balance,
    J’écoute du verger le bienheureux silence ;
    Les oiseaux sont partis, l’astre nocturne luit.

    Ici venait danser la farfadette brune,
    Ensemble nous goûtions la saveur de la nuit ;
    Mais elle a disparu, je n’ai plus que la lune.

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