Arbrealettres

Poésie

LE TEMPS (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 23 juin 2020



Illustration: Gilbert Garcin
    
LE TEMPS

Bête comme un moteur, bête comme un alexandrin,
le temps piétine et bouge et marche tout le temps.
Il ne peut pas rester en place, et son chemin
déroule son tricot de vers à soie bavant.

Le temps n’a pas le temps de perdre ses minutes,
ni de trouver jolies les choses ni les gens.
Il a toujours à faire, et s’il trébuche et bute
il repart tout de suite et rattrape le temps.

Mon échelle à monter aux grand’places d’aurore,
ma douce, ma songeuse, et mon seul passe-temps,
dans le chaud mélangé de notre double corps
nous n’entendons plus les gros sabots du temps.

Il n’est pourtant pas loin, bête comme un ruisseau,
il fait bouger le sang et le tic-tac du coeur,
les onze ou douze pieds de mes vers pas très beaux,
bête comme une rime qu’on saurait par coeur.

(Claude Roy)

 

Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

Une Réponse to “LE TEMPS (Claude Roy)”

  1. Cyclochronie
    ———-

    L’Ouroboros du Temps, qui peut l’apercevoir ?
    Quelle réalité recouvre ce symbole ?
    Un prophète d’antan l’évoque en paraboles,
    Peut-être pour masquer un peu de son savoir.

    Ce langage imagé pourrait te décevoir,
    Tu pourrais réclamer de plus franches paroles ;
    Tu veux savoir comment l’ouroboros s’envole,
    Mais répondre à cela n’est pas en mon pouvoir.

    Ce monstre peut subir des mutations soudaines,
    Gravement progresser ou faire des fredaines,
    Qui sait sur quels chemins il voudra s’avancer ?

    Son regard est songeur, sa démarche est furtive,
    Il est inattentif à notre voix plaintive ;
    De lui, je ne sais pas ce que je dois penser.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?