Sois soumis, mon chagrin (Georges Perec)
Posted by arbrealettres sur 11 juin 2020
Sois soumis, mon chagrin, puis dans ton coin sois sourd.
Tu la voulais la nuit, la voilà, la voici:
Un air tout obscurci a chu sur nos faubourgs,
Ici portant la paix, là-bas donnant souci.
Tandis qu’un vil magma d’humains, oh, trop banals,
Sous l’aiguillon Plaisir, guillotin sans amour,
Va puisant son poison aux puants carnavals,
Mon chagrin, saisis-moi la main; là, pour toujours,
Loin d’ici. Vois s’offrir sur un balcon d’oubli,
Aux habits pourrissants, nos ans qui sont partis;
Surgir du fond marin un guignon souriant;
Apollon moribond s’assoupir sous un arc,
Puis ainsi qu’un drap noir traînant au clair ponant,
Ouïs, Amour, ouïs la Nuit qui sourd du parc.
(Georges Perec)
arbrealettres said
Chapeau Monsieur Perec! ((-:
… sans lettre « E » et inspiré du Poème de Baudelaire:
Recueillement
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,
Loin d’eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;
Le Soleil moribond s’endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l’Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
Charles Baudelaire
Cochonfucius said
Sagesse d’un amphibien
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La salamandre vit dans la flamme tranquille
Qui se forme au-dessus du ruisseau que voici.
Elle passe son temps, recluse, loin des villes ;
Son âme est sans tourment, son coeur est sans souci.
Au bord de la rivière, une aragne d’or file ;
Sa toile de l’insecte aura toujours merci,
Tranquilles voleront les sveltes drosophiles
Et tout autre diptère arrivant par ici,
Loin de tout, traversant la plaine abandonnée,
Apportant avec eux leur chanson bourdonnée ;
Au matin, quand le ciel blanchit à l’Orient,
Un passereau d’azur au bord des flots se perche,
Et, dormant à demi, l’amphibien souriant
Entend la mélodie qui s’élève et se cherche.
arbrealettres said
toujours inspiré! 😉
verslecentre said
Les poètes tout comme les peintres ont des maîtres. J’ai été très surprise à l’exposition Turner de voir qu’il s’était inspiré de nombreux autres peintres pour en faire son œuvre, ce que j’ai appris c’est qu’en regardant bien le tableau, souvent, à gauche, en tout petit, il mettait les initiales de celui qui l’avait inspiré.
Sois sage, ô ma douleur, tiens toi tranquille…
J’ai aussi écrit un texte sur la douleur,qui commençait exactement de la même manière, mais, quand je l’ai écrit je ne me souvenais plus de ce poème, et puis tout le reste a un sens différend.
arbrealettres said
Etonnant et fair-play de la part de Turner je trouve… Beaucoup d’oeuvres d’art naissent par cette Inspiration et … cette douleur aussi malheureusement …
Ch 🙂 Blog de Poésie:https://arbrealettres.wordpress.com Index: http://pagesperso-orange.fr/coolcookie/poesie/index.html
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Cochonfucius said
Circonspection d’un animal
———————–
Un triton fait son nid dans un plasma dormant
(…)
à finir plus tard !
arbrealettres said
Allez au boulot!!! 😉
Cochonfucius said
Circonspection d’un animal
———————–
Un triton fait son nid
dans un plasma dormant
Qui s’accroît plus haut qu’un
canal coulant ici ;
Il vit ainsi, captif,
loin d’un urbain roman,
Sans affliction, sans cri,
sans chagrin, sans souci.
Son voisin fait un fil
inactif, mais charmant ;
Aux animaux s’offrant
sous un jour adouci,
Ni fulminant, ni noir,
ni dur, ni alarmant,
Nul jour par son action
tari, ni raccourci.
Loin, fort loin, franchissant
un sol à l’abandon,
Portant un joli son,
la chanson du bourdon,
Au matin, dans l’azur,
Au mitan du grand parc ;
Un piaf au ton saphir
au bord du flot chanta ;
Du triton de cobalt
l’audition s’aimanta,
Apprivoisant l’amour,
ainsi qu’a dit Saint Marc.
Cochonfucius said
(Paix d’un animal).
Cochonfucius said
… et retouche (vers la fin)
« du triton pur cobalt ».
arbrealettres said
quelle verve poétique! 😉