Arbrealettres

Poésie

On vit, on parle… (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 25 avril 2020



Illustration
    
On vit, on parle…

On vit, on parle, on a le ciel et les nuages
Sur la tête ; on se plaît aux livres des vieux sages ;
On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement
En voiture publique à quelque endroit charmant,
En riant aux éclats de l’auberge et du gîte ;
Le regard d’une femme en passant vous agite ;
On aime, on est aimé, bonheur qui manque aux rois !
On écoute le chant des oiseaux dans les bois
Le matin, on s’éveille, et toute une famille
Vous embrasse, une mère, une soeur, une fille !
On déjeune en lisant son journal. Tout le jour
On mêle à sa pensée espoir, travail, amour ;
La vie arrive avec ses passions troublées ;
On jette sa parole aux sombres assemblées ;
Devant le but qu’on veut et le sort qui vous prend,
On se sent faible et fort, on est petit et grand ;
On est flot dans la foule, âme dans la tempête ;
Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fête ;
On arrive, on recule, on lutte avec effort… —
Puis, le vaste et profond silence de la mort !

(Victor Hugo)

 

Recueil: Les rayons et les ombres
Traduction:
Editions: Bayard Jeunesse

Une Réponse to “On vit, on parle… (Victor Hugo)”

  1. Ambicheval bibliophage
    ————-

    Ce noble ambicheval lit à la fois deux livres,
    Un nez dans une thèse et l’autre en un roman ;
    L’animal les parcourt tous deux rapidement,
    L’effort lui est léger, sauf quand il est bien ivre.

    Ces textes recoupant des temps qu’il a pu vivre
    Apportent la sagesse à son entendement ;
    La galère, jadis, qu’il vécut bravement,
    Et ce petit jardin qui fut vêtu de givre.

    Il lui semble revivre et son passé rejoindre,
    De cent mille détails il retrouve le moindre ;
    Même les illusions, le délire, les rêves.

    Les souvenirs sérieux lui reviennent aussi,
    Qui à son double esprit donnèrent du souci ;
    Il ne fit avec eux la paix, mais une trêve.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?