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Poésie

Menuisier du roi (Maurice Fombeure)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2019



Olivier Stanislas Perrin  atelier-de-menuisier

Menuisier du roi

-Je stipule
dit le roi
que les grelots de ma mule
seront des grelots de bois.

-Je stipule dit la reine
que les grelots de ma mule
seront des grelots de frêne.

-Je stipule
dit le dauphin
que les grelots de ma mule
seront en coeur de sapin.

-Je stipule
dit l’infante
élégante
que les grelots de ma mule
seront faits de palissandre.

-Je stipule dit le fou
que les grelots de ma mule
seront des grelots de houx.

Mais quand on appela le menuisier
Il n’avait que du merisier.

(Maurice Fombeure)

Illustration: Olivier Stanislas Perrin

 

3 Réponses to “Menuisier du roi (Maurice Fombeure)”

  1. Royale élégance
    ———

    C’est un roi convenable, il est toujours bien mis,
    Un bienveillant sourire orne sa noble face ;
    Un dieu lui conféra cette royale grâce,
    Dieu qui jadis l’avait à sa mère promis.

    Pour lui les courtisans sont presque des amis,
    Même, le jardinier lui parle avec audace ;
    Le cuisinier lui dit tout ce qui le tracasse,
    Il ne méprise point ceux qui lui sont soumis.

    Il boit des coups avec la reine d’Angleterre,
    N’ayant aucun dessein de lui faire la guerre ;
    Puis de la Jarretière elle l’a décoré.

    Le sort tient loin de lui ce qui lui est contraire,
    Sauf le trépas, auquel il ne se peut soustraire,
    Il désire un tombeau sobrement arboré.

    • Royal divertissement
      ——————-

      L’amusement du Roi, c’est un plaisir honnête,
      Ce monarque toujours a su se contenir ;
      Il cherche ce qui peut aux dames convenir,
      Les entraînant ainsi dans d’innocentes fêtes.

      Il les emmène voir de ravissantes bêtes,
      Ayant d’étranges noms qu’on ne peut retenir ;
      Avec elles il peut longtemps s’entretenir,
      Il ne déteste point qu’elles lui tiennent tête.

      Il sait dire des vers d’un poète espagnol
      Ou d’aimables récits que fit Marcel Pagnol ;
      Il narre le séjour de Dupanloup dans Rome

      Aux penseurs athéniens on peut bien l’égaler,
      Puis, il nous attendrit quand il se laisse aller,
      Montrant à ses sujets qu’un roi, ce n’est qu’un homme.

  2. Une fleur pour l’infante
    ————–

    Je proviens du jardin d’un humble chevalier,
    Sachez que mon image est sur ses armoiries ;
    Lui, qui voudrait m’offrir à l’infante Marie,
    Rêve de devenir un de ses familiers.

    Il guette cette dame au bas des escaliers,
    Porté par son amour qui jamais ne varie;
    Il n’a pas les moyens d’offrir des pierreries,
    Ses petits revenus ne sont pas réguliers.

    D’autres jours, chevauchant sa monture piaffante,
    Du royal édifice il fait sept fois le tour,
    Même dans la saison des chaleurs étouffantes.

    Sa flamme, cependant, n’est jamais triomphante,
    Telle fut envers lui l’ironie de l’amour ;
    Mieux que moi l’ont chanté jadis les troubadours.

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