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Poésie

LE BASSIN ROSE (Henri De Régnier)

Posted by arbrealettres sur 18 septembre 2019



 

fontaine rose

LE BASSIN ROSE

Si le jet d’eau s’est tu dans la vasque, si l’or
De la statue en pleurs au centre du bassin
S’écaille sur la hanche et rougit sur le sein,
Si le porphyre rose en l’onde saigne encor;

C’est que tout, alentour, s’engourdit et s’endort
D’avoir été charmant, mystérieux et vain,
Et que l’Écho muet dans l’ombre tend la main
Au Silence à genoux auprès de l’Amour mort.

L’allée est inquiète où l’on ne passe plus;
La terre peu à peu s’éboule du talus;
La porte attend la clef, le portique attend l’hôte,

Et le Temps, qui survit à ce qu’il a été
Et se retrouve toujours tel qu’il s’est quitté,
Fait l’eau trop anxieuse et les roses trop hautes.

(Henri De Régnier)

Illustration

 

Une Réponse to “LE BASSIN ROSE (Henri De Régnier)”

  1. Dieu des péristyles
    ————

    Ils me portent leurs morts pour les ressusciter,
    Car leurs prêtres, vois-tu, me trouvent sympathique ;
    Ils viennent m’adorer sous de vastes portiques,
    Les plus beaux sont ornés de mon portrait sculpté.

    Moi, je n’apprécie point leurs grouillantes cités,
    Car je me sentais mieux dans les temples antiques ;
    J’aimais entendre là des rumeurs prophétiques
    Et les cris des démons, que je sais imiter.

    J’aimais aussi le chant des dryades des arbres,
    Ou le bruit d’un outil qui entame le marbre ;
    J’abritais volontiers les baisers des amants.

    Maintenant je m’ennuie dans mon froid monument,
    Je pense que mon culte en vain se perpétue ;
    Périssent-ils, ces gueux ? car sinon, je les tue.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?