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Poésie

Quand le livre où s’endort chaque soir ma pensée (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 23 Mai 2019



 

 

David Hockney  url

Quand le livre où s’endort chaque soir ma pensée,
Quand l’air de la maison, les soucis du foyer,
Quand le bourdonnement de la ville insensée
Où toujours on entend quelque chose crier,

Quand tous ces mille soins de misère ou de fête
Qui remplissent nos jours, cercle aride et borné,
Ont tenu trop longtemps, comme un joug sur ma tête,
Le regard de mon âme à la terre tourné ;

Elle s’échappe enfin, va, marche, et dans la plaine
Prend le même sentier qu’elle prendra demain,
Qui l’égare au hasard et toujours la ramène,
Comme un coursier prudent qui connaît le chemin.

Elle court aux forêts où dans l’ombre indécise
Flottent tant de rayons, de murmures, de voix,
Trouve la rêverie au premier arbre assise,
Et toutes deux s’en vont ensemble dans les bois !

(Victor Hugo)

Illustration: David Hockney

 

Une Réponse to “Quand le livre où s’endort chaque soir ma pensée (Victor Hugo)”

  1. Aquila sociabilis
    ———-

    Il aime bavarder, ce chercheur de lumière,
    Un peu moins, maintenant qu’il est devenu vieux ;
    Car c’est avec lenteur qu’il traverse les cieux,
    Mais ce n’est pas demain qu’il sera mis en bière.

    Jamais à nul Abel il n’a jeté la pierre,
    Lui qui ne maudira ni les gens ni les lieux ;
    Tous les petits travers trouvent grâce à ses yeux,
    Même ceux des blaireaux dans leurs sombres tanières.

    Son coeur n’est plus brûlant, ni vif comme l’éclair,
    Mais il ne faiblit point quand il va prendre l’air,
    Lui qui ne sera plus amoureux des nuages.

    Cet aigle paresseux n’écrit pas de romans,
    Sa plume préférant rimer brièvement ;
    Il se souvient de tout, même des jours d’orage.

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