LA CLOCHE FÊLÉE (Charles Baudelaire)
Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018
LA CLOCHE FÊLÉE
Il est amer et doux, pendant les nuits d’hiver,
D’écouter, près du feu qui palpite et qui fume,
Les souvenirs lointains lentement s’élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.
Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
Jette fidèlement son cri religieux,
Ainsi qu’un vieux soldat qui veille sous la tente
Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits,
Il arrive souvent que sa voix affaiblie
Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie
Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts,
Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts.
(Charles Baudelaire)
Maître Renard said
A reblogué ceci sur Maître Renard.
Cochonfucius said
Piscisromulus et Remuspiscis
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L’eau de cet affluent est bien froide en hiver,
Il n’est pas réchauffé par le volcan qui fume ;
On entend résonner des cris d’oiseaux pervers
Mais on ne peut les voir, ils volent dans la brume.
Le dieu des eaux, pourtant, riposte d’un son clair ;
De ces poissons jumeaux la bonne humeur s’allume.
Allez chanter plus loin, oiseaux de Lucifer !
Ce cours d’eau n’aime point votre sombre amertume.
La rivière, emportant les vivants et les morts,
Porte tous ces fardeaux sans peine et sans effort,
Et son flot est plus froid que l’air froid de décembre.
Pouvez-vous, dieux-poissons, éprouver de l’ennui ?
Cela se pourrait bien, car longues sont vos nuits,
Et dans ce vaste flot, vous n’avez pas de chambre.
arbrealettres said
oh il y avait longtemps!
Merci pour comm poétique 🙂