Un jour au mont Atlas (Victor Hugo)
Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2018
Un jour au mont Atlas
Un jour au mont Atlas les collines jalouses
Dirent : – Vois nos prés verts, vois nos fraîches pelouses
Où vient la jeune fille, errante en liberté,
Chanter, rire, et rêver après qu’elle a chanté ;
Nos pieds que l’océan baise en grondant à peine,
Le sauvage océan ! notre tête sereine,
A qui l’été de flamme et la rosée en pleurs
Font tant épanouir de couronnes de fleurs !
Mais toi, géant ! – d’où vient que sur ta tête chauve
Planent incessamment des aigles à l’oeil fauve ?
Qui donc, comme une branche où l’oiseau fait son nid,
Courbe ta large épaule et ton dos de granit ?
Pourquoi dans tes flancs noirs tant d’abîmes pleins d’ombre ?
Quel orage éternel te bat d’un éclair sombre ?
Qui t’a mis tant de neige et de rides au front ?
Et ce front, où jamais printemps ne souriront,
Qui donc le courbe ainsi ? quelle sueur l’inonde ?… –
Atlas leur répondit : – C’est que je porte un monde.
(Victor Hugo)
Cochonfucius said
La justice, des droits des papillons jalouse,
Défend de rebondir sur la moindre pelouse :
Les habitants du « N » à cette liberté
Ont renoncé, ainsi qu’un barde l’a chanté.
Mais Philémon survint, et, sans prendre la peine
De lire l’écriteau, rompit la paix sereine,
Rebondissant ainsi que fait un bateleur
Sur le gazon semé de printanières fleurs.
Au tribunal perché, un juge au crâne chauve
Sommé d’une perruque et d’une toque mauve
Examina comment pourrait être puni
Un tel contrevenant. De son code muni,
Le magistrat en lut des mots d’une voix sombre,
Pendant que l’accusé se recueillait dans l’ombre,
Peu conscient d’avoir fait à ce code un affront.
Or, le juge conclut : « De la loi nous tirons
Que tel, qui d’un rebond profana nos rivages,
Est tenu d’affronter notre piano sauvage. »