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Poésie

Les grands jours du poète (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 28 mars 2018



 

Bouee-sauvetage

Les grands jours du poète

Les disciples de la lumière n’ont jamais inventé que des ténèbres peu opaques.
La rivière roule un petit corps de femme et cela signifie que la fin est proche.
La veuve en habits de noces se trompe de convoi.
Nous arriverons tous en retard à notre tombeau.
Un navire de chair s’enlise sur une petite plage. Le timonier invite les passagers à se taire.
Les flots attendent impatiemment Plus Près de Toi ô mon Dieu!
Le timonier invite les flots à parler. Ils parlent.
La nuit cachette ses bouteilles avec des étoiles et fait fortune dans l’exportation.
De grands comptoirs se construisent pour vendre des rossignols. Mais
ils ne peuvent satisfaire les désirs de la Reine de Sibérie qui veut un rossignol blanc.
Un commodore anglais jure qu’on ne le prendra plus à cueillir la sauge
la nuit entre les pieds des statues de sel.
A ce propos une petite salière Cérébos se dresse avec difficulté sur ses
jambes fines. Elle verse dans mon assiette ce qu’il me reste à vivre.
De quoi saler l’Océan Pacifique.
Vous mettrez sur ma tombe une bouée de sauvetage.
Parce qu’on ne sait jamais.

(Robert Desnos)

 

 

2 Réponses to “Les grands jours du poète (Robert Desnos)”

  1. Vous qui nous proposez des chemins lumineux,
    Voyez : il ne s’agit que de blanches ténèbres,
    De quoi mettre en retard plus d’un convoi funèbre.
    Un navire est piégé par le canal marneux,

    N’ayant pu négocier un passage épineux
    Malgré tous les efforts d’un timonier célèbre.
    Puisqu’aucun rossignol n’est rayé comme un zèbre,
    La reine prend celui qui est fuligineux.

    La nuit met une étoile en guise de cachet
    Sur un litre de vin. Le sel qui se cachait
    Surgit d’une salière aux jambes magnifiques,

    Se répand dans l’assiette et chante un petit air
    Dont l’auteur est, dit-on, ce diable de Robert
    Qui compte l’enseigner aux flots du Pacifique.

    • Prendre un café au comptoir
      ————–

      Le tavernier s’agite avec vigueur,
      Du monde est là, les commandes font rage ;
      Un tel métier requiert un vrai courage,
      Point ne suffit d’être un joyeux blagueur.

      La tavernière a des propos charmeurs,
      On la dirait d’Aphrodite l’image ;
      Je suis séduit par son gentil ramage
      Par sa finesse et par sa bonne humeur.

      Les clients sont des chercheurs de lumière,
      Comme on en voit dans un verre de bière ;
      Ici, l’on boit ce qu’on trouve de mieux

      Grande folie ont leurs têtes chenues,
      Avec un grain de sagesse ténue ;
      Jeunes rêveurs et braves petits vieux.

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